Les suicidaires

the end is near

La Griffe Marine était probablement évacuée, mais cela valait le coup d'aller y jeter un oeil. Il valait mieux être sûr plutôt que d'abandonner des habitants. Ils se mirent en chemin mais furent arrêtés rapidement, stoppés dans leur élan par une voix apeurée qui s'entendait dans toute la ville. « A tous les citoyens restés à la capitale, nous décrétons l'alerte rouge aux alentours de la Fabrique du Bonheur ! » Kitty regardait ses collègues, attendant un quelconque mouvement : elle les suivrait, quoiqu'il advienne. De toute façon, elle ne saurait même pas retrouver son chemin désormais donc, à quoi bon ? « Je répète : nous décrétons l'alerte rouge à la Fabrique du Bonheur. » La jeune femme sursauta, ne s'attendant pas à ce deuxième appel. Tous semblaient soudainement comprendre ce message et ils se dirigèrent vers la fameuse fabrique, suivis par Kitty. Elle s'était embarquée dans le jeu d'un nain sadique qui n'avait certainement rien d'autre à faire de ses journées que de poser des bombes par-ci par-là : mais elle ne comptait pas le laisser gagner. C'était étrange, la façon dont elle avait placé sa confiance en de parfaits inconnus. L'un d'eux pourrait tout aussi bien être l'instigateur de ce merdier, elle n'en savait rien. Mais ce n'était pas le moment. Pas là, pas quand des centaines de vies étaient en jeu - les leurs en priorité - et qu'ils avaient une chance de tout arrêter.

Leurs pas les menèrent bientôt devant la Fabrique du Bonheur et Kitty resta un instant interdite devant la taille de ce bâtiment. Cacher une bombe là-dedans, c'était comme cacher une aiguille dans une botte de foin ! Combien étaient-ils, au juste ?
Comme pour répondre à sa question, des groupes se mirent à débarquer de part et d'autres, dévoilant des visages qu'elle ne connaissait pas. Elle reconnaissait tout de même Clémence et... Gretel. Bien sûr, qu'elle serait là, à suivre les traces de son bien-aimé, à montrer qu'elle a quelque chose dans le ventre. Le nez de Kitty se fronça et ses yeux devinrent noirs lorsque, surgissant de nul part, Potté apparut.
Potté. Evidemment. Potté était attiré par les problèmes - ou peut-être était-ce l'inverse ? Kitty resta en retrait ; l'heure n'était pas à la sentimentalité dégueulasse envers un homme qui l'était tout autant.

Cependant, Kitty ne savait pas quoi faire. Elle ne connaissait pas le bâtiment et s'y aventurer aveuglément assurerait sa mort certaine. Désemparée, elle se tourna vers celle qu'elle avait aidé auparavant, celle en qui elle avait déjà placé sa confiance sans même le savoir. Iseut. « Par où doit-on commencer ? On y va en binôme ou on fonce dedans en espérant tomber sur la bombe sans qu'elle ne nous saute à la gueule ? ». Elle n'avait pas peur, non. Ce n'était simplement pas une bonne journée pour mourir.

Alors elle attendait les ordres. Parce que, par Merlin, elle n'allait pas s'aventurer là-dedans, tête la première, et sacrifier ses moustaches !

Je n'ai jamais été aussi contente d'entendre une annonce officielle de la cité. Enfin, officielle... Une annonce d'un homme terrifié sans doute parce qu'il ne veut pas exploser et préférerait se sauver plutôt que d'avertir la population de l'endroit exact où se trouve la bombe. Toujours est-il que je ne suis pas mécontente d'avoir enfin une excuse valable pour me tirer aussi vite que possible du port : l'odeur de poisson et les gens paniqués ça va bien cinq minutes. Je me dirige donc sans attendre vers la Fabrique du bonheur, sans un regard en arrière vers mes deux compagnons de fortune. Ils sont grands, et pas sourds, ils n'ont pas besoin de moi pour savoir quoi faire ensuite.

C'est assez paradoxal, finalement, comme situation : j'étais au port où de toute évidence la bombe ne se trouvait pas et donc en parfaite sécurité, et pourtant, je m'empresse de le quitter pour aller vers l'endroit le moins sûr de Fort Fort Lointain. D'aucun dirait que pour quelqu'un comme moi, qui n'avait rien demander à personne et surtout pas de se retrouver impliquée dans une quête à la bombe, cette annonce aurait été l'occasion idéale pour filer. Mais cette occasion n'est rien comparée à ce qui m'attend à la Fabrique : la récompense prétendument promise par la famille royale pour les volontaires était déjà une motivation suffisante pour s'investir dans toute cette histoire, mais ce n'est plus ça que je vise. Toute personne un minimum versée dans la contrebande, et que Merlin me foudroie si j'ose nier l'être, sait que ce que renferme la Fabrique est sûrement le plus gros butin de la cité, bien plus précieux que n'importe lequel des bijoux que j'ai volé au château. Des potions de Marraine, déjà commercialisées ou non, à la portée de tous, sans garde pour empêcher quoi que ce soit, je serais une idiote finie si je n'en profitais pas. Et qui sait, peut-être tomberai-je sur un ou deux Charnel...

Première partie du port, je ne suis cependant pas la première arrivée à la Fabrique. Une bande de gens toujours plus grandissante se masse devant, une jeune femme essayant manifestement de mettre les gens en garde contre les dangers de la magie qui se trouve à l'intérieur. Je roule les yeux au ciel : si les gens ne sont pas assez intelligents pour se méfier des potions, qu'ils restent chez eux. Laissant mon regard traîner sur la petite troupe, je repère quelques tête que je connais bien : le grand blond musclé, Cúchulainn, avec qui j'entretiens une relation purement sexuelle, mais surtout, surtout, j'aperçois Iseut. Iseut, la parfaite. Iseut la rebelle aussi belle que douée au combat. Iseut, la femme parfaite que je déteste. Ça n'a rien de logique, évidemment, je ne lui ai jamais parlé, ni même jamais approchée d'aussi près. Malgré mon envie d'aller lui jouer un sale tour, et les idées ne me manquent pas, je me force à m'éloigner discrètement, et à faire le tour de la Fabrique, pour me faufiler par l'issue de secours : si je dois voler la moitié du stock de potions, autant le faire sans être vue ni dérangée...

Tibiscuit était accroupi sur le toit d'une boutique vide, l'oeil rivé sur les mercenaires qui entouraient l'enfant. Les doigts crispés sur sa dague, il se retenait de ne pas leur sauter dessus pour les étriper et les éloigner du pauvre gosse, mais le calme de Selivan, en face, le fit rester à sa place. Il était inutile d'agir de manière inconsidérée, cette fois. La vie d'un enfant était en jeu. Mais en bas, monta un cliquetis de fer et d'armes et il jeta un regard à Selivan. En une seconde, il oublia sa bonne résolution, songeant aux deux jeunes femmes en bas, qui pouvaient être en danger. Il connaissait Gretel, mais l'autre ? Il s'assura que les autres spadassins n'avait bronché, et se laissa glisser le long des ardoises, mais au même instant, une voix résonna dans tout Romeo Drive. Tibiscuit tenta de planter ses talons dans les ardoises pour amortir l'arrêt, se retenant douloureusement au tot pour ne pas glisser plus bas. Il retint son souffle alors que la voix annonçait la fin des recherches.

-La Fabrique du Bonheur ? Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ! Il se frappa le front, poursuivant sa descente et maladroitement, sauta du toit en manquant de s'affaisser sur Gretel. Allez-y, je récupère le gosse et je vous rejoins !
Il n'attendit même pas leur avis pour s'éloigner et retourna discrètement à l'angle, donnant sur la rue où se trouvait les mercenaires. Ceux-ci n'avait pas attendu la fin de l'annonce : la moitié d'entre eux avait disparu, sans doute partie piller quelques boutiques vides, et seuls trois pauvres types restaient avec le gamin, se demandant quoi faire.

-Vous cherchez de quoi appâter un pauvre type comme moi, leur lança le pâtissier d'une voix goguenarde, en apparaissant ? Je suis tout seul contre trois, vous n'avez plus qu'à laisser ce gosse et vous occuper de moi...en plus je suis armé ! Dans un sourire, il montra sa dague et la sortit pour les appâter. Il espérait une chose : que Selivan soit encore là-haut pour sauter sur les types avant qu'ils ne l'embrochent comme une madeleine. L'un d'eux avait en effet bondi en avant et empoignait le pâtissier qui s'arrangea pour le mettre KO en quelques minutes. A peine revenu  à lui, il souffla en apercevant les deux autres allongés à terre, inconscients. Morts ? Il s'en fichait. Le gosse avait filé. Il fallait maintenant rejoindre les autres à la Fabrique du Bonheur. Il couru dans les rues abandonnées, failli voler un cheval errant, mais arriva enfin dans la rue, et aperçu le visage connu de Clémence, et d'autres venus prêter main forte. Nulle trace de Gretel, ou de Selivan, mais il reconnu heureusement quelques visages connus… Mais pas le temps pour les bavardages.Il fallait entrer dans cette bicoque et trouver la bombe avant qu'elle ne fasse tout péter. Un très court moment, il songea au Muffin Man basé non loin...si la boutique partait en miettes, il ne se pardonnerait jamais de ne pas avoir tout oeuvré pour tenter de sauver tout ça. Cette boutique, c'était sa renaissance, c'était toute l'oeuvre de son papatissier, et c'était aussi son présent et son futur. Qu'importe Marraine, Charmant ou Tracassin : si sa boutique tenait encore debout, il avait encore une bonne raison de ne pas se noyer dans un verre de lait.
Il aperçu Potté, Iseut, Cuchulainn, Olga….les Lames de Cendres étaient là, mais contrairement à l'ère « post-Snowel », les divisions semblaient enfin avoir disparu pour un temps. Il fallait se serrer les coudes et accepter les aides les plus improbables, à commencer par celle de chevaliers-flics. Instinctivement, il s'éloigna de celui qui avait rejoint le groupe et se planta devant la bâtisse.

-Bon. On va pas rester là à se regarder en œil de meringue, on se bouge le flan et on y va, lança-t-il en s'avançant vers la porte ! Magie ou non, on ne va pas s'effrayer pour ça ! Qui aime le cookie me suive !
Evidemment, il était inutile de réfléchir ou de songer à d'éventuels pièges posés par le nain infernal et le pâtissier poussa la porte pour entrer dans la fabrique. Il ne s'assura pas de savoir qui appréciait ou non le cookie, l'horloge tournait...Et trop vite.

Dans le hall flottait une odeur âcre de potions tournées, mélange d'amertume acide et d'effluves de sucre ou de pain d'épice. Potion magique qui pouvait le duper sur ses sens ou réelle potion au pain d'épice ? Il se crut un instant revenu chez lui, observant les petits gâteaux dans son four, gonflant sous la chaleur, dorés et croquants. Cette vision et ces effluves pouvaient suffire à lui faire rebrousser chemin, retourner au Muffin Man et abandonner la troupe. Qu'y avait-il de plus important que sa boutique ? Les autres pouvaient bien se débrouiller sans lui, après tout...Potté ne lui avait pas demandé son avis, alors une fois de plus, on n'y verrait pas de différence !
Planté dans le hall, ces odeurs tournant autour de lui, il ne pu faire un seul geste et ce ne fut que lorsqu'il entendit les autres qu'il sortit de sa torpeur, réalisant où il se trouvait réellement. Merde ! Il s'était fait avoir comme un bleu par les potions de Marraine. Foutue Fée !

-Faites gaffe, Clémence a raison, la magie est mauvaise ici. Il sorti un mouchoir de sa poche et le plaqua sur son nez. De mon côté, je préfère ne pas sentir ce pain d'épice infernal !

Les suicidaires

the end is near

L’annonce retentit et Wolfran hurle intérieurement de rage. La Fabrique du Bonheur…S’ils n’étaient pas assez rapides, et que la bombe explosait bel et bien, les conséquences seront bien plus graves. Les potions qui pourraient être balayées par l’explosion, rien que seules, pourraient créer un beau chaos, mais alors mélangées et atteinte par une force extérieure…Bon sang, Wolfran préférait ne pas imaginer. Les conséquences seraient catastrophiques, bien pires que le Bal pourtant déjà haut en terme de conséquences. C’est cette pensée qui fit courir Wolfran, sans même attendre que les autres ne prennent une décision. Il ne retiendrait contre personne de vouloir abandonner là et de s’éloigner le plus possible de la Fabrique afin de sauver sa peau. C’était une réaction logique, humaine…Normale. Mais depuis quand Wolfran était-il considéré comme normal ?

Arrivant à la Fabrique, Wolfran émit un son douloureux. L’odeur qui émanait de cet endroit lui agressait le museau, ses sens étant bien plus aiguisés sous cette forme. Mais il ne pouvait pas reprendre forme humaine maintenant, de toute façon, il serait tout aussi utile en loup qu’en être humain à ce niveau-là. Il éternua et fit en sorte de bloquer l’odeur au maximum, n’y arrivant que modérément. Pourtant il devrait composer avec s’il espérait faire quelque chose afin d’aider la ville. Cette ville qui l’avait accueillie, qui lui avait tant offert : un travail, un toit, des amis, Kaa…Il secoua la tête ; il ne pouvait se laisser distraire par les pensées envers son ami maintenant, il y avait plus urgent. Il se promit, cependant, d’aller directement le voir une fois que tout ceci serait terminé. Non, il ne doutait pas de leur survie. Il refusait de croire qu’un seul d’eux puisse y laisser sa vie, il ne pouvait pas imaginer une autre possibilité que la survie de tous.

D’autres arrivèrent rapidement, et finalement, Clémence, qui devait l’avoir reconnu, et un autre homme qu’il ne connaissait pas, prirent la parole. Wolfran pouvait aider Clémence. Il ne pouvait plus user de sa magie, mais les connaissances, les instincts, eux, étaient toujours là, dans sa mémoire. Seulement, pour cela, il devrait trahir qu’il n’était pas un loup ordinaire. Il s’en fichait bien, vue la situation, garder un secret pareil était futile. Si ça lui apportait des soucis avec les chevaliers-flics ? Il leur prouverait qu’il n’est pas une bête parlante, aussi simplement que cela. Alors il s’avança vers elle et s’assit à ses côtés, face aux autres.

"Je peux aider avec la magie. Ca fait des années que je ne m’en suis pas servi, mais je sais la reconnaître…Je peux aider."

Sa voix était claire et sûre. Il n’avait pas peur. Il avait cette poussée d’adrénaline qui le prenait, qui montait, doucement mais sûrement, le poussant toujours plus loin.

Tic, tac

les suicidaires

Plus les années passaient et plus il était clair dans l'esprit de Cúchulainn que les dires de ses aïeux n'étaient que vérité. Il ne pleut que sur le mouillé, et n'explosent que les condamnés. Bordel, il savait en s'engageant dans les Lames de Cendres que ses chances de survie étaient bien niquées, mais de là à le faire exploser, c'est dégueulasse. En plus, même s'il était le seul à s'en sortir, la viande il aime ça, mais bouilli c'est vraiment dégueu.
Penser à la maison close qu'ils étaient forcés – et quel calvaire ! – de visiter était bien le cadet de ses soucis désormais. Il fit le tour de la bâtisse, gueulant d'autant plus fort à tous et toutes de ranger popol et les marguerites dans les tissus et de se casser bien vite. Il agrippa Iseut d'une main, Kitty de l'autre, pas certain qu'elles aient entendu l'annonce depuis le fond du bâtiment, avec la musique et les batifolages. Il ne fallut pas longtemps pour arriver à la Fabrique, et fort heureusement ils n'étaient pas les seuls – voilà qu'ils retrouvaient même le loup qu'ils avaient aperçu en ville, qu'il avait bien entendu reconnu. Adressant un signe de tête à ses frères d'armes, bien content de avoir les Lames présentes à l'appel, il ne put s'empêcher d'observer les autres en silence pendant que certains prenaient la parole. Il reconnut notamment Suzy, sur qui il ne s'attarda pas, bien content s'il n'avait pas à l'approcher en un tel instant. Elle était charmante les jambes ouvertes, mais si ses parents avaient voulu l'appeler Charité, elle serait citée dans les bouquins en définitions d'ironie.
Les dires de Clémence le firent salement grimacer. La magie, il en avait eu assez comme ça. Machinalement, voire nerveusement, il faisait tourner sa bague à Charnel, le regard rivé sur la Fabrique du Bonheur. Bordel qu'il n'aimait pas ça; ça puait à des lieues à la ronde en plus d'être dangereux. Un éclair de génie le poussa à plonger sa main libre dans sa poche, y piochant quelques herbes ramassées à la va-vite un jour. Pas de la première fraîcheur, mais suffisantes – il en avala quelques feuilles, non sans réprimer un gémissement de dégoût, avant d'aller s'accroupir devant Wolfran qui finissait de parler pour lui en fourrer quelques unes dans le gosier. Mâche. Ça te fera passer les odeurs magiques. Si Cúchulainn n'était plus vraiment loup, sa malédiction gardait suffisamment d'emprise sur lui pour lui laisser quelques attributs sauvages. Il passait certains jours à ne voir qu'en noir et blanc, mais son flair en était décuplé en permanence – et la magie avait, outre l'odeur propre à chaque potion, un parfum fort désagréable pour un animal, qui lui faisait penser que se vomir dans le nez serait plus agréable. Au fil des ans, il avait – Dieux merci – apprit quelques choses pour remédier à ces problèmes, et il gardait toujours quelques feuilles dans sa poche. Question pratique. Pour les simples humains en revanche, il ne valait mieux pas tenter, ça peut filer une chiasse du Diable.
Se relevant brusquement, Cúchulainn se lança à la suite de Tibiscuit pour entrer dans la Fabrique du Bonheur. Ses plantes n'enlevaient pas toutes les odeurs, mais une bonne partie atténuée lui permettait d'y voir plus clair – sans oublier que la poudre, puisque la bombe en contenait probablement, avait une odeur bien particulière que Wolfran et lui pourraient repérer s'ils s'en approchaient assez. Il jeta un regard à Kitty qui attendait devant l'entrée. Comme personne n'a de plan, foncer dans le tas me paraît être une bonne option. Y a au moins quatre étages là-dedans, sans compter d'éventuels sous-sols, on a pas le temps de parler tactique. Il fit un pas de plus, tournant dans le grand hall, s'assurant de repérer toutes les portes qu'il pouvait voir d'ici. Dîtes, j'ai une question. Il marqua une pause, se laissant le temps s'arrêter de tourner pour tous les fixer un à un. C'est pas exactement le moment, mais cette Fabrique, c'était bien à Marraine, non ? Et cette royale enflure de nain nous a bien montré Marraine, quand personne ne sait où elle est ? Posant une main peu assurée – c'était une première – sur sa hache, Cúchulainn déglutit avec un peu de difficulté. Quelqu'un a pensé à l'éventualité que Marraine puisse être attachée à la bombe ? Vous savez, histoire de s'assurer la place sur le trône.
Parce que c'est pas pour foutre la merde, mais si il peut planter une bombe dans un des endroits les plus surveillés sans que personne le remarque, je vois pas à part la dondon qui nous servait de Reine qui pourrait le dégager. Il posa finalement son regard sur Potté, qui restait son chef. Il n'était en rien pour Marraine, mais il fallait admettre ce qui était, elle leur serait bien utile en ce cas précis. 'Savez, avant d'essayer de la planter une nouvelle fois.

Tic, tac

les suicidaires

« Je répète : nous décrétons l'alerte rouge à la Fabrique du Bonheur. » C’était un vrai merdier. Mais au moins, quelqu’un avait trouvé les explosifs et tout le monde savait où se rendre. Ce n’était plus une recherche à l’aveuglette, c’était une quête pour la survie. Ils avaient réellement une chance d’éviter cette calomnie. A moins que ce ne soit qu’un autre piège, une autre tromperie de ce sale nain. Mais l’heure n’était pas à faire des déductions et élucider la vérité du faux, il fallait agir. Potté et sa troupe se rendirent immédiatement à la chaumière qui surplombait les grandes usines de la fabrique du bonheur, le mercenaire connaissait bien le chemin, alors qu’il avait jadis suivi une larme l’y menant. Pas besoin de faire pleurer un âne cette fois, ses bottes l’y emmenaient avec certitude. Une fois devant l’usine, quelques personnes ne tardèrent pas à arriver. Potté se précipita vers Gretel, ses mains emboitant les hanches de la pâtissière, enserrant son emprise. Il pressa un baiser sur son front, glissa une main dans sa crinière. « Tu devrais rester dehors, ça pourrait devenir très vite dangereux à l’intérieur. » Il écoutait à peine ce qui se tramait autour de lui, lançait vaguement des regards ci et là, remarquant les quelques lames de cendre présentes, les fidèles, les braves guerriers. D’un signe de tête il salua ses compagnons, avant de reporter toute son attention sur Gretel, qu’il aurait préféré ne pas voir ici, finalement. Qu’il était doux, le temps où Marraine était sur le trône, comparé à maintenant. « Bon. On va pas rester là à se regarder en œil de meringue, on se bouge le flan et on y va. » Le pain d’épice avait parlé, et Potté ne pouvait qu’approuver ses dires. Il n’y avait pas d’autres options que de foncer dans la gueule du dragon, quitte à s’y brûler les écailles. « Quelqu'un a pensé à l'éventualité que Marraine puisse être attachée à la bombe ? Vous savez, histoire de s'assurer la place sur le trône. Parce que c'est pas pour foutre la merde, mais si il peut planter une bombe dans un des endroits les plus surveillés sans que personne le remarque, je vois pas à part la dondon qui nous servait de Reine qui pourrait le dégager. » Cúchulainn marquait assurément un point, et ce n’était pas Potté qui allait le contredire. Les deux échangèrent un bref regard,  le voleur comprenant que s’il y avait une suite, c’était à lui de la prendre. « On devrait peut-être se séparer en groupes, dans l’éventualité où tes suppositions se trouvent vraies. Les friands de magie devraient s’occuper des explosifs, les autres, nous devrions chercher activement si la maudite fée n’est pas là endormie quelque part. » Alors seulement il remarqua la présence de Kitty. Cette envoutante Kitty dont les rétines le transperçaient. Potté se dégagea de Gretel pour se racler la gorge. Il y a peu, il avait rencontré la femme-chat pour la deuxième fois de sa palpitante vie, et voilà que le mercenaire d’ordinaire confiant ne savait plus comment agir en sa présence. « Vos odorats aiguisés seront bien utiles, messieurs, si jamais une odeur se distingue plus particulièrement d’une autre ? » lança-t-il à l’adresse  des loups. Sans un mot de plus, il suivit Tibiscuit à l’intérieur, tapant d’une main son épaule de sucre, avant de dégainer son arme et de se mettre en quête d’une quelconque forme de vie, si cela était encore possible.

Alerte à la bombe

Too tired for waiting

Les mercenaires n'étaient qu'une petite dizaine, quinze tout au plus, mais je sentais déjà l'adrénaline enserrer ma poitrine alors que j'étais encore tapie avec Clémence. Mes mouvements n'étaient plus aussi assurés qu'autrefois, même si je n'avais jamais raté ma cible, j'avais plus de chance aujourd'hui de me faire toucher par inadvertance. Mon bras ne s'était pas totalement remis, mais cela suffisait pour ne jamais rater mon but. Sauf que cette fois-ci, mon angle était brisé, je n'avais aucune ouverture et j'étais même trop proche pour sortir Aerien sans me faire repérer. L'idée de foncer dans le tas avec une simple dague ne me plaisait pas beaucoup, mais on ne me demandait pas mon avis après tout. C'était un fait.
J'entendais le bruissement du trépignement de Tibiscuit au-dessus, puis quelques dalles s'écrasèrent non loin de moi. Je levais les yeux pour voir un Tibiscuit qui tentait de s'agripper tant bien que mal. Je pensais que nous étions fini, quand une voix résonna dans toute la ville. Glas sinistre ? Annonce salvatrice ? Je n'avais qu'une poignée de secondes pour me rendre compte de ce que ce flot de paroles voulait vraiment dire. La bombe était dans la Fabrique de Marraine. Au moins, tout le monde était en sécurité, mais l'usine à paillettes de la vieille mouche, je ne l'avais même pas envisagée pour poser une bombe. Trop peu de dommages. Il fallait vraiment que Tracassin en veuille fermement à la fée. Tibiscuit sembla penser la même chose, et ses paroles - qui retentissaient davantage comme une sommation - firent écho à mes doutes. "-La Fabrique du Bonheur ? Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ! Allez-y, je récupère le gosse et je vous rejoins !" Il en était capable, je commençais à connaître ses capacités. De plus, Potté l'avait nommé comme mon chef pour cette mission, et même si je n'étais pas très attachée à la hiérarchie, je ne me serai pas opposée à sa demande. Potté. La Fabrique. Il devait déjà y être.

Je pris mes jambes à mon cou, et après un regard en arrière pour m'assurer que Selivan et Clémence me suivaient, j'accélérais un peu. Juste pour le vent dans mes cheveux, la peur qui monte. Juste pour ressentir tout ce que j'avais oublié. Nous étions dans les premiers à arriver sur place. Petit à petit, des groupuscules nous avaient rejoint, et chacun allait de son mot pour s'assigner une tâche. Clémence proposa son aide en ce qui concernait la magie, de même pour un jeune homme que je reconnaissais comme l'apothicaire de Ragtown. Beaucoup de paroles me passèrent bien au-dessus de la tête. Même si la mission était importante, mes yeux ne cherchaient ni bombe ni mercenaires. A vrai dire, ils n'en cherchaient qu'un seul. Potté arriva finalement avec un dernier groupuscule, et je m'étais rendue compte au moment où ses mains ont enserrées ma taille que j'avais cessé de respirer. Il déposa un baiser sur mon front. Un geste si simple, si...normal. Mais pas pour nous, n'est-ce pas ? Je fermais les yeux pendant cette seconde qui s'éternisa dans la brûlure de mon ventre. Nous avions déjà survécut à tant de choses, et pourtant je m'étonnais chaque fois qu'il était en chair et en os devant moi. Un simple baiser me semblait si rare. La normalité n'était pas notre quotidien.

« Tu devrais rester dehors, ça pourrait devenir très vite dangereux à l’intérieur. » Pas de chance, Pelageroux, je ne suis pas venue ici pour cueillir des fleurs. Ce qui se tramait à l'intérieur était exactement la motivation qu'il m'avait fallu pour courir jusqu'ici. Je lui lançai malgré moi un regard mécontent. Il n'écoutait pas vraiment ce qu'il se passait autour de nous. Moi non plus, pour être honnête. Son attention était entièrement sur moi, et si je n'avais pas mes yeux rivés sur les siens, j'aurai sûrement rougi. Mais j'étais obnubilée par l'image que me renvoyaient ses pupilles plantées dans les miennes. Je me voyais. Je voyais une Gretel affublée d'un joli tablier, spectatrice de son existence, un sourire aux lèvres. Voilà comment il me voyait. Voilà comment je ne me supportais plus.

Les paroles d'un homme massif attirèrent l'attention de Potté qui se tourna pour lui répondre. « On devrait peut-être se séparer en groupes, dans l’éventualité où tes suppositions se trouvent vraies. Les friands de magie devraient s’occuper des explosifs, les autres, nous devrions chercher activement si la maudite fée n’est pas là endormie quelque part. » Quelques mots à l'adresse de quelques autres des compagnons, et il dégainait déjà son arme pour s'enfoncer dans la fabrique. Mon sang ne fit qu'un tour. Je savais que la dernière fois qu'il m'avait repoussée, je n'étais plus rien qu'une loque, même plus humaine, et presque raccourcie d'un bras. Et si nous étions destinés à toujours nous retrouver, il y aurait bien une fois ou ce ne sera pas le cas.  Pas cette fois.
Un dernier regard pour les autres compagnons de notre misère, et mes jambes commencèrent à courir vers la fabrique sans que je m'en rende réellement compte. Arrivée à hauteur de Potté, mon arc prêt à tiré, je lui glissais juste assez fort pour qu'il puisse entendre "Désolée, mais je viens avec toi cette fois. Et je ne te demande pas ton autorisation." Tu voulais raviver la flamme ? Elle était désormais brûlante.

Je n'attendais pas réellement de réponse - d'ailleurs je savais bien que j'essuierai sa colère bien assez tôt - et ralentie un peu ma course pour me trouver derrière lui. Nous sommes vite arrivés dans le hall principal qui semblait abandonné depuis un petit moment déjà. La double porte de la première salle se trouvait juste devant nous. La logique aurait été de s'y précipiter, de la fouiller de fond en comble. Mais j'avais cette sensation, ce pressentiment. Nous ne cherchions pas la bombe, d'après Potté, nous cherchions Marraine. Et si j'étais le nain, je la dissimulerai encore mieux que la bombe elle-même. Faire sauter la fabrique aurait eu de minimes conséquences sur le royaume, et quand bien même nous étions tous susceptibles de perdre nos vies, notre existence n'était pas ce qui importai au nain. Mais nous laisser le choix de sauver la fée ou non, voilà qui était plus divertissant pour lui, et plus déterminant pour nous. "C'est trop facile. Elle ne peut pas se trouver directement sous nos yeux, à moins qu'elle ne soit dissimulée par un sortilège ou je ne sais quoi. Je pense qu'elle est susceptible d'être cachée plus loin. C'est une course contre la montre. Sauver Marraine, désamorcer la bombe... C'est un jeu. Ils doivent être aux extrémités l'un de l'autre. Je commencerai pas les étages."

Je reportais mon attention sur Potté, non sans hésiter quelques peu à le regarder droit dans les yeux. Je savais bien qu'il ne le demandait pas, mais je venais de donner mon avis. Cependant, je n'étais ni dans l'humeur ni dans l'envie de lui donner des ordres. Je m'en remettais à son bon jugement, et il était hors de question que je le contredise devant n'importe lequel de ses hommes. C'était lui qui nous guidait. Et je ne savais pas ce qu'il avait dans la tête, mais je considérais l'avoir assez mis en colère pour la journée.

Les suicidaires

Have a boom day deary

La Fabrique du Bonheur. Nom d'un pet d'ogre, pourquoi n'y avait-elle pas pensé plus tôt ?! Il lui était bien venu à l'esprit, ainsi qu'elle en avait fait part à Kitty, que le nain décérébré ait installé son dernier joujou à la Griffe Marine, à cause de tout ce que cette dernière renfermait comme objets précieux. En revanche, l'usine de Marraine lui était complètement sortie de l'esprit. Certainement parce qu'elle représentait tout ce que la bergère détestait, ou tout simplement, parce que dans la panique, elle ne pouvait pas avoir le cerveau partout.

Quoi qu'il en soit, il fallait s'y rendre au plus vite. Elle sentit les doigts de Forgéteinte se refermer sur les siens et bien que d'ordinaire, se faire traiter comme une enfant qu'on aiderait à faire traverser le passage piétons aurait voulu à l'homme-loup une bonne semonce, cette fois-ci, il ne lui vint même pas à l'idée de protester. Tous quatre se mirent à courir en direction de la Fabrique, croisant sur leur passage les derniers fuyards de la Capitale - lesquels avaient le bon-sens de se carapater dans l'autre sens, eux. Soudain, Iseut se figea. Elle lâcha la main de Cùchulainn et devant son regard interrogateur, se contenta de lâcher un : " Je vous rattrape. " sans appel. Ils n'avaient pas le temps et pourtant, il fallait bien le prendre pour ça. Tristan la fixait de son regard paniqué. Paniqué d'être encore là. Paniqué que celle qui était encore sa femme le soit aussi. Elle le rejoignit en deux enjambées et fut surprise de sentir les mains du ramoneur se refermer sur ses épaules. Il n'avait plus osé la toucher depuis qu'elle avait plié bagages de chez eux. "Viens avec moi. Nous sommes les derniers. Viens. Ne va pas là-bas." la supplia-t-il d'une traite, enserrant un peu plus ses bras. Au fond, elle aurait dû savoir qu'ils se croiseraient. Tristan n'était peut-être pas une Lame mais il était loin d'être un pleutre. Il avait dû décider de rester jusqu'à ce que le dernier petit vieux soit à l'abri des bois. En revanche, c'était à croire qu'il ne la connaissait toujours pas. " Non. " Il soupira, ses mains remontèrent jusqu'à ses joues. "Si tu y vas ..." Il s'interrompit. "Ne te fais pas tuer." termina-t-il finalement, résigné, avant de l'embrasser, passionnément. Comme si c'était la dernière fois. Et ça l'était sans doute, vu ce qui attendait la bijoutière. Ils restèrent quelques secondes front contre front, incapables de se dire adieu ou à bientôt ou quoi que ce soit d'autre. Puis, Iseut se dégagea de son étreinte et s'empressa de rattraper ses camarades.

Est-ce que ça en vaut la peine ? lui avait glissé Tristan à l'oreille, au dernier moment, à bout d'arguments, juste avant qu'elle ne disparaisse. Oui n'avait-elle pas répondu mais avait-elle pensé, plus fort et avec plus d'ardeur que n'importe quoi d'autre dans son existence. Alors que son regard croisait celui de Potté, Tibiscuit, Kitty et tous les téméraires-kamikazes dont elle faisait partie, elle réalisa qu'elle ne s'était pas engagée par hasard. Qu'elle l'avait choisi. Et chacun savait comme il était important pour la rebelle d'avoir le choix, de décider par elle-même, même si son mari ne l'avait jamais compris.

Elle débarqua aux côtés de Kitty. La jeune femme voulait savoir ce qu'ils étaient censés faire et la blonde ne sut que lui répondre. Elle observa l'intérieur de la gigantesque bâtisse. Par où commencer, oui, en voilà une question qu'elle était bonne. Puis, les répliques fusèrent de toutes part. Tibiscuit réclamait de l'action, Lainn se perdait en réflexions - pertinentes, cela dit, ça changeait un brin -, sans compter ceux qui s'inquiétaient de la teneur magique de la bombe, de l'endroit où elle pouvait bien se trouver et la Fée avec. Ou de l'autre côté ? Iseut commençait sérieusement à s'impatienter. Si elle fut reconnaissante au Chat de jouer son rôle de leader avec plus d'efficacité que les quinze autres clampins réunis, elle ne put se retenir alors que Gretel relançait les tergiversations.


" Gretel, sans vouloir te manquer de respect, on se carre complètement de ce qui paraît facile ou non. " lâcha-t-elle d'un ton trahissant sa colère contenue. La joaillère faisait des progrès niveau tact, néanmoins, ce n'était pas encore la panacée. " On a ni indice ni plan et encore moins le temps de déterminer qui est quoi ou où. Vous avez entendu Potté ? Alors oui, on fonce et le premier qui trouve crie très fort. "


Sur ces mots, elle attrapa Kitty par l'avant-bras et l'entraina avec elle. Car elle était la plus près et qu'étrangement, sa présence inconnue la rassurait. Maintenant, il fallait se bouger le séant et vite. Qu'ils continuent leurs réflexions si ça l'amusait, seulement, ce serait sans elle. Elles allèrent jusqu'aux cuves. Ici, l'odeur était encore plus forte et la bergère fut prise d'une quinte de hoquets irrépressible, tout en continuant d'avancer tout de même. " Tu sens quelque chose de particulier ? " interrogea-t-elle sa compagne entre deux suffocations. Au vu du regard qui lui avaient jeté Potté et du Charnel qu'elle portait, Kitty devait être un animal de nature. En parlant de nature, à chaque quinte, il lui semblait entendre un bling-bling caractéristique résonnant dans les os de sa nuque. Normalement, ces bruits ne se manifestaient que lorsqu'elle chutait ou se cognait. Etait-il possible que les puissantes effluves magiques interfèrent avec l'action du Charnel ? Elle plissa plusieurs fois les paupières afin de conserver l'esprit clair et tous ses sens en alerte. Cependant, alors qu'elle éloignait sa main de ses lèvres après un énième hoquet, ses prunelles captèrent la couleur de son bras. Il était pâle. Blanc, même. On aurait dit de la ...  Porcelaine ? " Par toutes les catins de Viviane ... " Elle baissa le nez et remarqua qu'elle pataugeait depuis dans une flaque colorée sans s'en rendre compte. Elle s'en écarta d'un bond avant que la raideur de ses muscles ne mue en tétanie totale. Putain de magie ! Elle avait plutôt intérêt à faire attention à l'endroit où elle mettait les pieds, sinon, elle finirai en statuette géante !

L'entrée que j'ai empruntée est probablement la meilleure sur laquelle j'aurais pu tomber : loin de l'entrée principale où la bande de volontaires se trouve massée - ou non, ils sont peut-être déjà rentrés mais c'est loin d'être mon problème, je ne suis pas là pour ça - et surtout, menant directement là où je voulais me rendre. La Fabrique du Bonheur quand elle n'est pas une énorme bombe à retardement se trouve être l'endroit regorgeant le plus de richesses de tout Fort Fort Lointain, possiblement même de tout le royaume, et je ne passerai pas à côté d'un tel trésor. L'éventualité d'une mort certaine par explosion aurait pu m'en dissuader, mais soyons lucide cinq minutes, si cette bombe explose, avec tous les produits magiques qui se trouvent ici, personne de Dragée dans son beau château aux paysans qu'on a trouvé sur le port tout à l'heure ne sera en sécurité. Alors, quitte à risquer sa peau de toute façon, autant faire en sorte que ce soit pour quelque chose.

En réalité, ce qui m'inquiète le plus, ce n'est pas l'explosion, mais bien les volontaires qui rôdent dans la Fabrique. Si certains comme Cúchulainn ou les autres rebelles n'ont probablement rien à faire de quelqu'un qui vole les potions de leur  ennemie, je ne suis pas sûre qu'un chevalier-flic, une capitaine de la garde royale ou même une des autres personnes qui me sont inconnues me laisseraient faire en toute impunité... Autant ne pas prendre de risques inutiles et s'en aller au plus vite.

Après un long couloir, je débouche sur une salle remplie de divers flacons aux liquides de toutes les couleurs. Certains sont étiquetés avec des noms que je connais bien, comme les filtres d'amours ou la potion invisibili, et d'autres portes des noms qui me sont inconnus et je suis presque certaine qu'ils n'ont pas encore été commercialisées. Je sens un sourire s'étendre sur mon visage. Je connais deux ou trois personnes qui seraient prêtes à payer très, très cher pour mettre la main sur des produits exclusifs. Sans m'attarder, je cherche quelque chose pour emporter les flacons et trouve une poche assez grande pour apporter pas mal de choses. Je passe entre les diverses étagères, saisissant les flacons sans vérifier ce qu'ils contiennent. Je remarque tout de même que si la plupart ont des noms, certains ne portent que des idéogrammes, souvent un signe de danger, qui me fait frissonner. Je ne veux pas être là si ça doit péter, il est temps de filer.

Alors que je m'apprête à quitter la salle, je sens un liquide couler sur ma main. J'ai dû toucher un peu de potion qui coulait d'un des flacons. Machinalement, je porte ma main à la bouche tout en marchant. Alors que le liquide touche mes lèvres, je m'arrête net. Non, je n'ai pas fait ça ? Si, si j'ai fait ça. Mais quelle idiote, c'est pas possible ! Le coeur battant, immobile, j'attends de voir les effets de la potion, priant pour ne pas être tombée sur un des flacons avec l'idéogramme du danger...

ACTION : Je bois un peu de potion par inadvertance.
SI BON : La potion est une nouvelle utilisation de la poussière de fée version liquide, me permettant de voler.
SI MAUVAIS : La potion est une potion en développement, que l'on pourrait aisément nommer Potion Flagada, étant donné qu'elle rend les jambes aussi molle que du caoutchouc, me faisant tomber et m'empêchant de continuer.

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'⊱ LE DESTIN' :

N’écoutant que ton courage, tu suis le groupe de volontaires jusqu’à l’intérieur. Tibiscuit a un de ces courages, mais il est aveugle du danger et des conséquences que la magie peut engendrer. Évidemment, la fabrique doit être remplie de pièges et de trucs magiques. Impossible de pouvoir fournir tout le monde, ce qui est dommage. Toutefois, tu ne te décourages pas et tu suis la masse. Naturellement, tu ne peux sentir les odeurs, tu y es même habituée. En regardant Wolfran aller, tu te dis que tu es peut-être rassurée que quelqu’un d’autre ait un peu d’expérience avec la magie, mais tu sens que tout le monde est stressé. La plupart de ces potions sont sûrement en développement, tu t’approches alors de l’apothicaire tout en chuchotant. « Tu ne sens pas que quelque chose cloche ? » demandes-tu. C’est trop facile d’entrer dans la fabrique et chercher. Ces potions sont dangereuses pour la plupart, déjà que Marraine a des goûts assez particuliers... Et puis, détruire les capacités des personnes était sa principale spécialité, donc tu sais parfaitement que la bombe est... vraiment dangereuse, quoi. Ce n’est pas un hasard si tout le monde se retrouve ici, ça aurait été trop facile de le faire dans un des endroits de la ville. Autant faire une catastrophe magique. « Faites attention avec les flacons, certains sont sûrement non-finis ou ils ont quelque chose de fort dedans. Ça pourrait nous coûter plus cher que la bombe, si les effets sont irréversibles. » Surtout si c’est un truc expérimental et que... on n’a pas encore trouvé de test capable de réagir à l’inversement du sort. Ce serait le pied, sérieusement. La poussière de fée peut limiter certains dégâts des sorts, mais ça dépend desquels évidemment. Tu te diriges alors vers la jeune dame en difficulté qui semble être terrorisée à la vue de son bras. Comme prévu, la magie agit différemment pour les différentes personnes ici. Naturellement, ceux qui utilisent le charnel c’est encore pire ! Mais ce n’est pas l’important, il faut sauver le plus de vie possible. Et surtout, rester en vie soi-même serait déjà un véritable exploit. « Est-ce que ça va ? Votre... votre bras... Je... attendez ! » Tu sais qu’il y a une potion qui peut aider à soulager les douleurs chroniques ou autre qui peuvent empêcher les effets secondaires. Tu voles donc vers l’une des étagères et tu attrapes deux potions de protection. « Ces deux potions limitent les dégâts des effets secondaires de la magie, si c'est pas assez fort, on prendra de la poussière de fée... Si jamais j'ai fait une boulette... » Le hic ? Les deux potions ont l’air complètement identiques, mais elles n’ont pas le même effet. Tu reviens donc auprès des troupes et tu regardes les deux flacons, un peu en panique, sans que ça se voit, toutefois et tu leur tends... « Qui veut s'essayer en premier ? »

ACTION : Tu donnes les deux potions à boire aux autres, ignorant si c'est la bonne potion... ou si ça sert complètement à rien.
SI BON : Ceux qui voudront bien boire la potion ressentiront peu d'effets de la magie sur eux.
SI MAUVAIS : Tu donneras de la poussière de fée à tout ceux qui utilisent le charnel, histoire de protéger le plus de monde possible...

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'⊱ LE DESTIN' :

Les suicidaires

the end is near

Kitty n'avait rien manqué du spectacle que Potté leur avait offert. Un petit geste romantique, de bravoure, de lâcheté. Si elle savait, cette Gretel... Cependant, elle ne s'attarda pas plus longtemps sur ce chat. Après tout, ils étaient sur le point de mourir, tous, ici, s'ils ne trouvaient pas la bombe, n'est-ce pas ? Elle aurait tout le temps du monde pour se venger de Potté plus tard. Kitty regardait le désordre ambiant et attendait un quelconque ordre - elle ne pouvait décidément pas entamer cette mission, ne connaissant rien à cette fabrique. Les suppositions fusaient et Potté - évidemment - se démarqua rapidement en lançant les premiers ordres. Se séparer, oui. Cela paraissait logique. Gretel prit la parole et Kitty en profita pour l'examiner. Non, vraiment, elle n'avait rien d'ordinaire ! Et elle faisait quoi, déjà ? Des bonbons ?
Elle se retint de rire lorsqu'Iseut la remit à sa place. Kitty ne voulait pas se faire remarquer et, docilement, elle suivit Iseut lorsqu'elle la prit par le bras. Cela lui paraissait logique, de continuer ça avec elle.

Dans la course, Kitty observa rapidement les alentours. Ce n'était pas elle qui guidait le pas, elle n'avait qu'à suivre ceux de sa coéquipière. Son oeil aiguisé lui fit remarquer plusieurs portes, mais aucune ne lui parut suspecte. Encore une fois, ce n'était certainement pas le but. La féline pensait tout de même que ce connard aurait voulu faire quelque chose de spectaculaire mais, jusque là, tout lui paraissait plutôt normal. Arrivée aux cuves, Kitty eut la même réaction qu'Iseut et protégea son odorat d'une main. Les cuves. « Tu sens quelque chose de particulier ? » Il était difficile de discerner les odeurs, tellement l'endroit empestait. « Je suppose que je sentirais du souffre, si la bombe était dissimulée par ici. Mais avec toutes ces odeurs, elle peut être devant nos yeux qu'on ne la sentirait pas. »

Elle continua son inspection olfactive, s'aventurant entre les cuves, lorsqu'elle fut interrompue par Iseut. « Par toutes les catins de Viviane ... » Jetant un regard en arrière, elle s'aperçut que la jeune femme était devenue... blanche. Pas de peur, non ; un blanc de porcelaine. Elle n'avait pas le temps de poser les questions, ainsi se décida-t-elle à la rejoindre en deux enjambées. « Ça va ? » Un regard au sol lui apprit qu'Iseut avait mis les pieds dans une flaque assez douteuse. Sa coéquipière reprit rapidement ses couleurs et Kitty continua son observation. « Je ne pense pas qu'elle soit ici. Ce n'est même pas sûr que la bombe explose, avec toute cette... humidité et cette magie. Ce serait prendre un trop grand risque que de la déposer dans les cuves. Le sol aurait certainement été nettoyé, sécurisé et... on a vu que ce n'était pas le cas. »
Malgré sa curiosité naissante, elle n'avait pas le temps de lui demander sa vraie nature, comme elle n'avait pas le temps de comprendre comment Iseut avait découvert la sienne.

Tic, tac, tic, tac. Ce n'était plus qu'une question de minutes, elle en était certaine. Elle aperçut une porte sur le côté et se décida à l'ouvrir.

ACTION : Kitty ouvre la porte
SI BON : elle débarque dans un long couloir, plein de portes et de... possibilités
SI MAUVAIS : une salle de stockage, complètement vide.

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'⊱ LE DESTIN' :

Derrick mène l'enquête

show must go on

Au moment où Tibi avait pénétré dans la fabrique, il avait entendu la fin de la phrase de Potté, et attendit que celui-ci le rejoigne avant de répondre. L'odeur de pain d'épice semblait s'atténuer au travers de son mouchoir, mais il ne pourrait éternellement rester ainsi. Il fallait trouver une meilleure solution que celle d'étouffer.

-Si la grosse dondon est effectivement attachée à la bombe, dit-il sous son chiffon, on l'emmène loin d'ici et on la fait sauter en même temps, fit-il d'un air narquois. Discrètement, quoi, tranquillou. Ni vu ni connu. Il enleva un moment son mouchoir et afficha un large sourire. Rendant au chat une bonne tape dans le dos, le pâtissier se dirigea vers l'une des salles ouest. En s'éloignant, il aperçut Gretel qui les avait finalement rejoint à l'intérieur. Ah les femmes ! Comment Potté avait-il pu imaginer un seul instant que Gretel allait rester sagement dehors, à jouer avec son arc… ? C'en était presque touchant de naïveté, mais il ne perdit pas de temps à s'extasier devant le couple et se résolu à embarquer avec lui quelques bras forts. Le chat et l'archère iraient ensemble, les deux canidés de leur côté…
Iseut ? Déjà partie avec la brune qui ne lui avait pas décoché un seul regard. Et entre agir seul et les deux boules de poils amateurs de sucre, le pâtissier fit son choix. Clémence revenait en effet d'un recoin de la Fabrique, tenant deux petits flacons. Sa soudaine réapparition le stoppa dans son élan, et il pivota vers elle.
-Ces deux potions limitent les dégâts des effets secondaires de la magie, si c'est pas assez fort, on prendra de la poussière de fée... Si jamais j'ai fait une boulette... 
-Ca peut pas être pire que mourir étouffé par un chiffon, marmonna Tibi.
-Qui veut essayer en premier ?
-Donne-moi ça, il faut souffrir pour la communauté, lança-t-il d'une voix théâtrale !

Il pris l'un des deux flacons, fit sauter le bouchon, et sans attendre la moindre remarque, bu quelques gouttes du petit tube. Le goût était un mélange de salé, de raisins secs – infâmes – d'orange et de lard séché.
-Exécrable, par le pet d'un ogre ! J'espère que celui qui a fait ça a mis la clef sous la porte, conclut-il en rendant le flacon à la fée. Bon...voyons voir ! Il ôta son chiffon, huma l'air quelques secondes et se retourna vers la petite troupe, satisfait.Ça fonctionne ! Prenez-en, on ne sait jamais ce que la grognasse nous réserve.

Il pointa du doigt un petit escalier montant aux étages supérieur.
-Je pars par là. Potté a raison, vaut mieux se séparer. Suivez le guide !

Le pâtissier grimpa les premiers degrés, oubliant un moment les dangers potentiels que pouvait réserver la Fabrique aux intrus. A dire vrai, il y avait songé, mais son inconscience ordinaire lui faisait songer à l'inutilité de la peur. La peur, selon lui, créait le danger. Rester paisible, mais méfiant, restait une option parfaite.
L'odeur flottait toujours dans l'atmosphère, mais il ne ressentait plus la sensation qui l'avait prise en entrant dans la Fabrique. Les potions de Clémence fonctionnait – dieux merci ! - mais il ne fallait pas pour autant baisser la garde. Il n'avait jamais imaginé cet endroit construit ainsi : des portes, des escaliers, de la moquette démodée, des étagères pleines de flacons et des tableaux étranges sur les murs, illustrant des phases de la transformation. L'un d'eux représentait celle du Charnel, et des frissons parcoururent le dos du cookie lorsqu'il vit les détails du processus. Comment quelqu'un comme l'Âne pouvait-il rester insensible à ce que leur faisait subir la grosse fée ?! D'un geste agacé, il sortit sa dague, et donna un violent coup dans le tableau, lacérant de part en part l'illustration.

-Et voilà pour toi, grosse dinde !

Mais l'idée ne devait pas être si lumineuse, et le geste du pâtissier déclancha des événements inattendus…

Action : Tibi détruit un tableau illustrant les phases de transformation en mode torture, sous Charnel.
Si bon : on découvre, sous le tableau, un plan de pièces secrètes
Si mauvais : une trappe s'ouvre vers des souterrains inconnus

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'⊱ LE DESTIN' :

Tic, tac

les suicidaires

La fabrique du bonheur. Un ramassis de conneries. C’était une affreuse usine où Marraine se plaisait à tester ses concoctions sur de pauvres cobayes ignorants. Il ne serait pas étonné de trouver des monstres enchainés dans les sous-sols, des erreurs à cacher, ignominies portant des traces de magie. S’il tendait l’oreille, il pouvait presque entendre des échos, des râles d’agonie de ceux qui avaient souffert ou péri dans cet endroit de malheur. Les effluves de potions picoraient les narines du voleur qui grimaçait à chaque nouvelle enjambée. Chacun était parti de son côté, séparés en groupes pour mieux chercher. Un instant, le chat crut entendre un juron résonner, une voix qui ressemblait vaguement à celle d’Iseut. Il n’y prêta pas réellement attention, il savait que chacun pouvait se débrouiller. Tibiscuit aussi, avec l’entêtement qui lui est propre, saura toujours se tirer d’affaire. Le mercenaire était accompagné d’Olga et Gretel, celle-ci lui ayant soufflé plus tôt ; « Désolée, mais je viens avec toi cette fois. Et je ne te demande pas ton autorisation. » Impertinente, mais c’était exactement ce à quoi il ne pouvait résister, le tombeur, et après tout, il n’aurait pas la prétention de lui donner des ordres. D’un autre côté, ce n’était pas plus mal de l’avoir sous les yeux et la savoir avec lui, plutôt qu’ailleurs où il ne pourrait forcément jouer les héros. Ainsi, le voleur et ses dames s’étaient embarqués dans les étages, sur les passerelles qui surplombaient l’immense salle des cuves. Des couloirs de portes sans fin. Potté ouvrait une à une chaque porte à sa portée, l’oeil et l’odorat aux aguets, la moustache tressaillante. Aucune trace de poudre, de mèche, de bombes faites à la Merlin. Ni aucune trace de la maudite fée. Mais dans une pièce, cependant, une lueur, et une odeur plus oppressante. « Y’a quelque chose d’anormal par ici. » Il hausse le ton, sans pour autant hurler mais juste assez pour prévenir l’ogresse et la pâtissière de se rapprocher. Le voleur s’avance à pas feutrés, souples et dégaine lentement son épée. Les paupières plissées, les narines dilatées, ses rétines félines fixent cette lueur étrange qui l’anime entre les tonneaux de potions. Plus près, tout semble à croire qu’un amas visqueux et lumineux fuit d’une petite cuve rouillée.

ACTION : Potté pique le truc chelou de la pointe de son épée.
SI BON : une volée d’oiseaux bleus apparait et les force à sortir de la pièce pour les guider vers une autre.
SI MAUVAIS : la cuve explose et ils se prennent le contenu de plein fouet (une lumière rose bonbon qui leur sort des yeux, les rendant aveugles pour un tour) (si mauvais, Potté utilise sa potion de protection).

Le membre 'Potté Pelageroux' a effectué l'action suivante : ⊱ LA ROULETTE MAGIQUE

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Tic, tac

les suicidaires

Le temps était compté et il semblait que personne ne sache où donner de la tête. Se séparer était le meilleur des choix possibles, mais ils restaient tout au plus un semblant d'organisation. Un joyeux bordel. La vitrine d'une boucherie nanesque – nanique ? – en devenir. Désolant.
Prenant la suite de Tibiscuit, Cúchulainn esquissait un bref sourire. Ah, faire exploser la Reine-Fée serait une excellente chose, une fois la nain dégagé de ce précieux trône qu'il prétendait sien. Le loup s'éloigna un instant, juste un, pour ouvrir une petite porte légèrement cachée derrière une étagère, quand un cri dont il reconnaissait l'intonation exaspérée le sortit de sa quête bombique – bombesque ? que d'interrogations dans cette vie. Il soupira, lourdement. Ça n'était vraiment – vraiment – pas le moment qu'une connerie arrive à qui que ce soit, mais il aurait du se douter qu'une de leurs camarades se foutrait dans la merde. Mortecouille, il avait bien mieux à faire que d'aller voir ce qu'il se passait, mais personne d'autre – et il ne pouvait pas bien les blâmer, s'il avait pu faire semblant de ne rien entendre il l'aurait joyeusement fait – ne semblait décidé à aller aider la damoiselle en détresse.
Cúchulainn se contenta alors de rebrousser chemin jusqu'à la sortie de la Fabrique, et la contourna comme il avait aperçu Suzy le faire plus tôt, le pas pressé au cas où quelque chose de grave serait vraiment arrivé. Il poussa la lourde porte de secours laissée entrouverte et se glissa à pas de loups – ha, ha, trop drôle l'image, bravo, vraiment. – à l'intérieur. L'odeur, malgré les quelques herbes ingérées, lui parvenait comme un parfum sucré et vanillé qui lui aurait presque fait oublier la bombe. S'avançant encore de quelques pas, il ne put pas ignorer le corps gisant de Suzy qui s'égosillait pour qu'il la ramasse de là et l'aide. Autant dire que s'il n'avait pas moyen de la taktaker le reste du temps – vous savez, quand ils n'ont pas de risque de crever comme des gardes-champêtres –, il se passerait bien de l'aider et repartirait comme il était venu.
Cúchulainn garda ses railleries tant que ses plaintes dans sa barbe et se saisit de la plus flagada de l'équipe, avant de repartir vers l'entrée de la Fabrique et de retrouver ses compagnons. Une volée d'oiseaux bleus le surprit un instant, avant qu'il(s) ne s'avance(nt) vers une des portes découvertes par Kitty. Par désir de rester en vie, il évita scrupuleusement le regard d'Iseut qui devait en dire long, et donna quelques coups de talon dans le bois de l'une desdites portes. L'obscurité de la pièce était prenante, et même suspect vu le contraste avec le reste de la Fabrique, pleine de fenêtres et très éclairée.
D'un élan de folie, il appuya du mieux qu'il put sur ce qui semblait être un interrupteur, peu sûr du résultat vu le tas de conneries qu'il s'était attendu à trouver dans ce bâtiment.

ACTION: Cúchulainn active l'interrupteur à l'entrée d'une grande salle obscure.
SI BON: La lumière s'allume dans la salle, dévoilant un grand atelier plein de tables jonchées de plans et de recettes de potions, ainsi qu'une cuve dans le fond.
SI MAUVAIS: L'interrupteur qu'il prenait pour une aide est en fait comme un lendemain de cuite : décevant. Un mur s'abaisse dans le fond du couloir, répandant un liquide visqueux et très glissant sur le sol – et vu la quantité, personne n'y échappe.

Le membre 'Cúchulainn Forgéteinte' a effectué l'action suivante : ⊱ LA ROULETTE MAGIQUE

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Alerte à la bombe

Too tired for waiting

Ça sentait la magie, le manque de temps, les secondes qui défilaient et la peur. Oui, la peur. Même si nous étions une poignée de courageux prêts à tout pour parvenir à déjouer les plans du nain fêlé, je doutais fortement que la moitié des personnes présentes à la Fabrique étaient ici autrement que par obligation consensuelle. Nous étions quelques rêveurs, armes à la main, qui croyaient encore que le monde pouvait changer si nous y mettions du notre, et si nous prenions le pas sur ceux qui bridaient notre liberté. Dans cette fabriques aux effluves détestées de poudre de perlinpinpin, j'étais certaine du monde dans lequel je voulais évoluer. Mais chaque porte qui s'ouvrait devant moi semblait non pas me rapprocher de ce but idyllique, mais me ramener chaque fois plus fort dans cette réalité inaltérable. Potté n'avait rien dit quant au fait que je l'accompagne, et même si j'étais contente de ne pas l'avoir mis en colère, ce pacifisme ne me disait rien de bon. Je ne pouvais pas lire en lui, mais je devinais aisément ce qu'il pensait : s'il arrivait quelque chose de mauvais, il préférait m'avoir sous la main. Je le savais parce que c'était exactement pour cette même raison que je lui ai désobéi. Et son silence me donnait raison : tout cela était bien plus dangereux qu'il n'y paraissait.

Quelques pas précipités nous arrivèrent du rez-de-chaussé, ainsi que des cris. Je n'osais pas imaginé ce qu'il se passait là en bas. Nous étions les seuls à l'étage, dans une partie encore complètement inexplorée de la fabrique, et par conséquent extrêmement dangereuse. Olga était très silencieuse, beaucoup trop même pour quelqu'un qui la connaissait. Je regardais encore une fois autour de moi, je reluquais chaque porte, guettant un je ne sais quoi qui d'instinct qui m'aurait attiré plus vers une que vers les autres. Sur les passerelles qui surplombaient la salle des cuves, je voyais des groupuscules aller tant bien que mal contre certaines formes de magie qui tentaient de les ralentir. La magie. Je n'avais jamais pu sentir cette chose surnaturelle, anormale. Je détestais ses effets, je haïssais jusqu'à son existence. Et pourtant je n'en avais pas le droit. Je regardais Potté froncer les sourcils, son Charnel se balançant à son cou. Foutue magie. Je n'ai pourtant pas le droit de te renier.

« Y’a quelque chose d’anormal par ici. » Son attention se reporta sur une cuve qui nous faisait face. Tout mais pas ça... Je voyais Potté sortir son épée et la diriger vers le liquide bizarre dans le gros chaudron de cuivre. Je n'avais pas le droit de l'en empêcher, mais je redoutais ce qu'il allait se produire. Son épée avançait de plus en plus du liquide, et je retenais ma respiration. Lorsque la pointe de sa lame toucha le contenu de la cuve, une volée d'oiseaux bleus fondirent sur nous et nous obligèrent à rebrousser chemin. Je ne voyais rien que des plumes et un bleu immonde, électrique, je n'entendais plus rien que l'agitation des ailes qui battaient l'air. Lorsque le brouhaha s'est dissipé, je ne reconnaissais pas l'endroit où nous nous trouvions. Je regardais autour de moi avec angoisse, et les battements de mon coeur reprirent leur chant originel quand je croisais le regard de Potté. Olga aussi était avec nous. Merci Merlin, nous n'étions pas séparés. J'avançais dans la pièce sombre, et mon épaule frôla un chandelier qui prit feu immédiatement à mon contact. Tous les chandeliers de la pièce l'imitèrent, et ainsi illuminée, nous savions où nous nous trouvions. Des rayons pleins de livres poussiéreux s'élevaient tout autour de nous. J'ignorais que la Fabrique possédait une telle bibliothèque...

Au centre de la pièce, une table éclairée d'une bougie semblait comme nous appeler à elle. Je m'avançais pour y trouver un plan de la fabrique, orné de deux grosses croix rouges tracées à l'encre d'une main féroce. La croix du centre était entourée, contrairement à la seconde, et je reconnaissais sur la carte l'endroit coché : la bibliothèque. Il y avait quelque chose ici, et c'était soit Marraine, soit la bombe. Un autre gribouillis ornait le rectangle correspondant à la bibliothèque. Je distinguais le dessin d'une clé, avec la lettre "S" tracée à sa droite. Je regardais autour de moi. "Une clé. Il faut trouver une clé. Mais la lettre S..." Je n'avais jamais été très forte pour les énigmes, mais c'était en regardant une nouvelle fois Potté que je comprenais celle-ci. "Shrek, il faut trouver le livre qui parle de Shrek. Ou je me trompe complètement, ou la clé se trouve à l'intérieur."

Je parcourais les rayons de livres pour très rapidement tomber sur la lettre "S". Je m'engageais sur l'immense échelle, et après quelques minutes de recherche, je tombais sur un livre à la couverture de cuir un peu grossière, où le nom de notre roi était tracé en lettres d'or. "Je l'ai ! Potté, attrape !" Je lançai le livre un peu plus bas et descendait de l'échelle. Il ne manquerait plus que le livre soit un coup du nain et que je me brise la nuque en tombant de cette hauteur...
Arrivée en bas, je posais le livre sur la table, à côté de la carte. "Aller, soit gentil, plus de coups tordus..."

ACTION : Gretel ouvre le livre
SI BON : Le livre contient effectivement la clé. N'y a plus qu'à savoir ce qu'elle ouvre !
SI MAUVAIS : Des espèces de lianes en papier s'échappent du livre et enserrent le poignet de Gretel, faisant tomber la clé quelque part, pendant que différents livres de la bibliothèque prennent vie pour leur tenir gentiment compagnie... UN PEU D'ACTION QUE DIABLE !

Le membre 'Gretel Denougatine' a effectué l'action suivante : ⊱ LA ROULETTE MAGIQUE

'⊱ LE DESTIN' :

Les suicidaires

the end is near

Il ne s’attendait pas à ce que Cúchulainn ne lui donne quoi que ce soit, mais visiblement, le voir en souffrance face aux odeurs magiques ne devait pas lui plaire parce que la seconde d’après il se retrouvait avec des feuilles qu’il ne reconnaissait pas (encore) dans la bouche et on lui ordonnait de mâcher. Son premier instinct fut de grogner à l’intrusion que ce geste représentait, mais il le ravala bien vite et mâcha comme on lui indiquait et il ne pouvait nier qu’au moins, son museau était bien moins agressé par toutes les odeurs ambiantes. Bon sang, ce qu’il détestait la magie des fées pour ça…Tout artificiel, rien de naturel ou presque ; Beurk. Bon, il devait bien avouer que Clémence sortait du lot. Mais de manière générale, Wolfran n’aimait pas la magie des fées. Il tourna la tête vers Potté et hocha la tête, laissant comprendre qu’il aiderait autant qu’il le pourrait.

Il était prêt à se lancer à l’aventure, ou vers une mission suicide, plutôt, et il entend alors une femme parler. Il ne sait pas qui elle est, mais elle marque un point et il se rassoit au sol un instant. Ce qu’elle dit fait sens, après tout. Le nain leur offrait un choix à faire. Récupérer la régente, et par-là même permettre de virer le nain du trône, ou bien désamorcer la bombe et laisser le nain au pouvoir jusqu’à ce qu’on puisse l’en dégager. Ce qui n’était pas un choix simple. Enfin, pour lui, il l’était. Il fallait sauver la ville coûte que coûte. Il n’aimait pas Tracassin, c’était un fait, mais au moins, la ville et ses habitants seraient saufs d’une bombe meurtrière. Clémence se tourna alors vers lui et lui posa une question. L’une des rares personnes à connaître son secret, qui n’en sera plus un d’ici à la fin de cette histoire, il en avait la certitude, mais passons. Il renifle, plus pour s’assurer de ne rien rater et pour sûr, hormis l’odeur des potions qui, bien qu’amoindries, reste horripilante, il ne sent rien de spécifique. Mais il sait ce qu’elle veut dire.

"Moi non plus je n’aime pas cela. Même si la fabrique a été évacuée…Je ne sais pas, Marraine aime les choses en ordre et cet endroit, eh bien on ne peut pas dire que ça soit franchement en état. Cane veut probablement rien dire, vu les derniers évènements mais…" mais ça lui trottait en tête.

Il fut cependant coupé dans ses réflexions par celle de Tibiscuit. Là, il ne se retint même pas et grogna ostensiblement, menaçant, envers le pâtissier. Wolfran avait bien compris qu’ils n’aimaient pas Marraine, mais de là à la…tuer ?! Enfin bon sang, on parlait tout de même d’un être vivant, pas d’une statue sur la place centrale de Fort Fort Lointain ! Jamais il ne serait complice d’une telle chose. Sans compter que sans Marraine, il n’est pas dit qu’ils arriveraient à virer Tracassin du trône. Il rangea ses grognements pour le moment, mais le prochain qui ferait état d’envie de meurtre, il allait comprendre ce que c’est de se faire mordre par un loup. Le sorcier ne plaisantait pas avec ces choses-là.

Ils avancèrent sans trop savoir par où commencer et le loup faisait en sorte d’éviter les flaques de toutes les couleurs qui étaient un peu partout, se sentant d’une inutilité croissante. Ils ouvraient porte après porte et il reniflait, tentant de repérer quelque chose qui change du reste de la fabrique, mais rien. Puis tout se passa très vite. Cúchulainn ouvrit une porte, appuya sur un interrupteur et très vite, le sol se retrouva visqueux, glissant, si bien que malgré ses quatre pattes, le loup finit au sol, se roulant pour essayer de retrouver un semblant d’équilibre. Il ne savait pas ce qu’était ce truc, mais ça ne sentait pas plus la magie que le reste de la Fabrique, donc il supposait que ça ne devait pas être (trop) dangereux…Maintenant ça restait handicapant. Il finit par réussir à se remettre debout, s’aidant d’un mur comme appui. Il avait sale mine : sa fourrure était en grande partie recouverte de ce liquide visqueux et il se sentait lourd d’un coup. Il n’aimait pas cette sensation. Il finit par se concentrer deux minutes sur ce qu’il se passait et c’est là qu’il le sentit. Une odeur, particulière, mais faible, venant du trou dans le mur laissé à la suite de l’interrupteur. Doucement, précautionneusement, Wolfran fit marche vers le trou et y passa le museau. Yep, ça venait de là-haut.

"Dites, y a une drôle d’odeur par-là, magique je peux l’assurer…Je ne sais pas ce que c’est mais c’est différent que dans le reste de la fabrique." Il attendit que d’autres le rejoignent "Quelqu’un sait ce qu’il y a là-haut ?"