Lancelot, Olga, Potté, Marie

'boom boom boom', goes the dwarf.

Lancelot n'était pas sur place quand l'annonce de l'abdication de Charmant lui parvint. Il était en ville, en train de faire une ronde, quand on entendit les premiers mumures de "Le roi a abdiqué" et "un nain est au pouvoir". Le chevalier ne comprenait pas grand chose. Puis d'autres murmures, à propos d'une bombe. Ceux-là, il les a suivit avec avidité  avant d'arriver là où les premiers cris, les premières fuites ont émergés. Une bombe avait été cachée dans la ville, une location inconnue, et toute la ville était en émoi. Bon sang! Combien de temps avait-il avant que la bombe n'explose? Et quelle était la puissance de cette dernière. La bombe du bal avait déjà fait beaucoup de dégât, même si le fait qu'elle soit contenue dans la bâtisse a probablement ameunui la gravité de l'explosion la dernière fois. Aujourd'hui? Il n'en savait rien, mais ils devraient tout faire pour empêcher cela, ou mourir en essayant.

Lancelot pense à tous ceux qui comptent pour lui dans cette ville; Jeiran, Mathilde, Ali, Blanche-Neige...pour ne citer qu'eux. Il n'a qu'une envie: aller les voir un par un et leur ordonner de monter sur le premier cheval qu'ils voient et de quitter la ville, d'aller aussi loin qu'ils le peuvent sans se retourner...mais il ne peut pas faire ça, il doit suivre ses ordres. Il doit penser au général avant de penser à l'individu. Alors il appelle des hommes, tous ceux qui sont prêts en moins de trois minutes, et ils sortent de la garnison moins de trois minutes plus tard, arpentant à pas rapides les rues en conseillant aux habitants d'évacuer la ville le plus vite possible, qu'ils ne prennent que de quoi boire, manger et une bourse s'ils veulent. Mais ces hommes, ces chevaliers-flic, n'ont pas de chef à proprement parler, alors s'ils font de leur mieux, ils ont tout de même limpression de courir en cercle comme des poulets sans tête. Lancelot n'aime pas cela; mais qui est-il pour essayer de leur donner des ordres? Il ne serait pas bon qu'il y est des conflits dans les rangs maintenant.

Ils avançaient dans les rues ensembles, se séparant pour aller voir plusieurs perslnnes en même temps mais se regroupant toujours. Et c'est là qu'il l'a vue: Marie Lopaline; capitaine de la garde royale. Si elle était là, autant lui apporter leur aide, d'autant plus qu'elle en saura probablement plus qu'eux sur la situation exacte...avec les quelques chevaliers-flic qui le suivaient, Lancelot s'approcha d'elle.

"Capitaine Lopaline, nous attendons vos ordres."

Pas besoin d'en dire plus; tous les effectifs étaient bons à prendre en cette heure grave. Il savait qu'elle ne l'appréciait pas des masses, pour une raison qui lui reste obscure, mais ça ne devrait pas jouer en cet instant.

Lancelot, Olga, Potté, Marie

'boom boom boom', goes the dwarf.

L'avantage d'être au service de Dragée était d'être toujours au courant à la première minute de ce qui arrivait au château. L'abdication de ce Roi à qui elle avait juré allégeance, Marie l'avait vue, l'avait vécue comme les derniers ennuis arrivés à la Royauté. Elle avait suivi du regard la couronne être passée de main en main, finissant sur la tête de Tracassin. Elle avait entendu son discours, et le voilà qui résonnait en boucle dans son esprit. Elle pouvait admettre, avec quelques verres dans le nez, que toutes les Royautés n'étaient pas bonnes et que certains n'y trouvaient pas leur compte, mais Marraine avait ses qualités. Marie avait servi Lilian et Harold, s'était apprêté à servir Shrek et Fiona, elle avait obéi aux moindres ordres de Marraine et fait de même pour le court règne de Charmant. Mais un tel Roi la faisait questionner ses choix d'antan, et elle redoutait le jour où elle devrait admettre ses fautes. La vérité n'est manifestement pas toujours détenue par le plus fortuné.
L'annonce de la bombe faite, elle et les autres Capitaines présents à la 'cérémonie' s'étaient enfui en vitesse, faisant aussitôt appel à de braves crieurs pour que tous les volontaires viennent aider aux quatre coins de la ville. Certains endroits comme le Château et Rollywood n'avaient aucune raison d'être touchés, mais il faudrait surveiller le reste. Elle ne prit que quelques hommes avec elle, se dirigeant vers les alentours de la Capitale. La majorité des bénévoles allaient aller en ville, c'est évident, mais toute la surface de Fort Fort Lointain devait être couverte. Les fermes, la forêt.. il y avait même une maison là-bas, tout en bois avec un parc à chevaux désert qu'elle voulait ne serait-ce qu'apercevoir une dernière fois. Il en allait de sa survie mentale.
Marie atteignit sans plus tarder la frontière de la ville, et se laissa quelques minutes pour attendre une aide éventuelle. Plus il y avait de bras à la tâche, plus ils auraient de chance d'y arriver. Elle n'hésitait même pas à aborder les passants qui fuyaient à toute vitesse, quémandant de l'aide çà et là sans grande chance, avant l'arrivée de quelques chevaliers flic. Capitaine Lopaline, nous attendons vos ordres. Plus l'aide arrivait et plus elle aurait eu envie de grimacer tant elle n'aimait pas les visages qui se présentaient, mais elle les aurait volontiers embrassés pour les remercier de leur présence – et la vue de Potté qui l'avait déjà charmée ne l'aidait en rien à refréner cette pensée. Elle adressa un vague signe de tête à Olga qui arrivait à son tour, n'appréciant que peu la jeune femme mais n'osant pas faire la fine bouche. Dulac, réunissez vos camarades et nous partons. La priorité est de trouver d'éventuels gens encore dans la forêt, ou dans les endroits sensibles. Je pense aux vieux bâtiments, surtout. Elle attendit encore un peu, dans une dernière vague d'espoir, sans que personne ne se montre. Soupirant, elle fit un signe à ses camarades qu'il ne servait à rien d'attendre plus. Il fallait commencer les fouilles, entrer dans chaque bâtiment et soulever chaque arbre si besoin.
A peine partis, les premiers chevaliers-flic qu'elle devait reconnaître volontaires se précipitaient dans les maisons et les quelques boutiques, sortaient ceux qui y étaient encore. La nouvelle n'était pas répandue depuis longtemps, et même si les ragots allaient vite en ville, tous n'avaient pas la chance d'être munis d'iMiroirs pour suivre les actualités. La plupart se dirigeaient déjà vers le chemin pavé le plus proche pour fuir, alors qu'un homme se proposait à poursuivre les fouilles avec eux. La journée allait être longue.

Lancelot, Olga, Potté, Marie

la course contre la montre

Ce cliquetis incessant, ces tambours qui retentissent des aiguilles frappant contre l’horloge du château. C’est le son de la défaite, le son d’une guerre qui approche. Chaque minute qui passe flétri un peu plus la pierre qui se fait poussière. Potté se tient debout mais son esprit se raccroche pour ne pas tomber dans le gouffre qui l’attend. Chaque pore de sa peau laisse échapper sa peur, son amertume. Il est envahi d’une adrénaline qu’il ne connaissait pas jusqu’alors. Ce n’est pas cette guerre qu’il voulait, et ce n’est sûrement pas cet homme qu’il se voyait servir. Le nouveau détenteur de la couronne aura tant fait de regretter d’avoir posé un pied dans la salle du trône. « Si c’est une guerre qu’il veut, c’est une guerre qu’il aura, un déluge, une apocalypse qui l’engloutira avant même qu’il ait vu le matin. Mais avant toute chose, nous devons prouver notre valeur, et surtout, nous devons sauver ce qui est menacé. » Le voleur pose à plat ses mains rêches contre le bois de la table, caressant les bordures d’une carte légèrement brûlée. Dans la taverne de la Sirène, il ne reste que peu de personnes, que peu d’héros. Mais ils sont là, et c’est tout ce qui compte à ses yeux. Des gens humbles, prêts à tout pour défendre ce en quoi ils croient. Ses rétines se dilatent quand il se penche un peu plus vers Gretel, admirant sa beauté qui l'anime un peu plus chaque jour. Désormais, ils ne se cacheront plus. « Il faut nous séparer et rejoindre les patrouilles. Je laisse Iseut et Tibiscuit en charge, Olga et moi partirons dans les alentours, nous établirons nos recherches avec la garde de chevaliers-flic. » À mesure que les Lames discutent autour de la table, établissant leurs plans et parlant des démarches à suivre, les flammes des bougies s’amenuisent. Lorsque la cire forme une épaisse couche blanchâtre dans son socle, Potté accroche son fourreau à sa ceinture et sort de la taverne, accompagné de sa main droite. Les silhouettes du voleur et de l’ogresse fuient de la capitale, laissant traîner quelques nuages de poussière derrière leurs pas, et arrivent à la frontière de la ville quand ils atteignent la compagnie. Une troupe de chevaliers-flic, dont Dulac, bien menés par la capitaine Lopaline. Potté prend quelques minutes silencieuses pour fixer Lance, cet homme qu’il évite comme la peste d’ordinaire, mais avec qui ce jour, il serrerait bien la main en guise de bonne franchise. Après tout, malgré leurs désaccords en bien des points, rien ne leur importe plus que le bien de ce Royaume. « Dulac, Lopaline. Nos caramades sont partis apporter leur aide sur d’autres terrains, mais vous avez à vos côtés deux des meilleurs d’entre eux. » Il s’avance doucement vers la capitaine pour lui prendre sa main blanche comme neige, et y déposer un baiser des plus respectueux, avant de se reculer d’un clin d’oeil appuyé. « Dulac, réunissez vos camarades et nous partons. La priorité est de trouver d'éventuels gens encore dans la forêt, ou dans les endroits sensibles. Je pense aux vieux bâtiments, surtout. » La troupe s’en allait pour s’engouffrer dans la forêt, lançant des oeillades et des groupes un peu partout, afin d’évacuer la zone avant toute chose. Le voleur se mit à hauteur de la capitaine, marchant à ses côtés, mais ne perdant pas de vue l’horizon, le regard vague, les pensées fuyantes. Il savait Gretel forte, mais ne pouvait s’empêcher d’être inquiet pour sa première mission en tant que Lame. « Comme tu l’as si bien soulevé, je pense qu’il est important de vérifier les vieux bâtiments. Si c’est la Tour d’Argent la cible, que devrions nous faire de tous les prisonniers, Capitaine ? »

Lancelot, Olga, Potté, Marie

'boom boom boom', goes the dwarf.

Quasiment en même temps que les chevaliers-flics, Lancelot vit arriver Potté et Olga, deux des rebelles les plus recherchés, mais qui aujourd'hui étaient là pour leur prêter main forte. Il ne crachait pas dessus, loin de là, bien que l'attitude du matou ait tendance à lui hérisser le poil. Une attitude très loin de l'éducation qu'il avait reçu, surtout pour ce qui était de la façon de saluer une dame, une haute gradée qui plus est, mais passons. Il expliqua que d'autres étaient partis prêter main forte dans d'autres secteurs de la ville et le chevalier ne pouvait espérer mieux. Ils n'étaient peut-être pas très nombreux, mais ils avaient la volonté d'aider le peuple, alors il leur faisait confiance pour faire du bon travail. De toute façon, dans une instance comme celle-ci, tout le monde se retrouvait dans le même panier; personne n'était épargné et il n'existait que deux catégories de personnes: l'instinct de survie prend la pas sur tout le reste, celui qui vous dit de fuir ou de vous battre. Alors il y a les fuyards, qui voulaient surtout sauver leur peau, et qui pouvait vraiment leur en vouloir? Et il y avait ceux qui se battaient jusqu'au bout, comme Potté, comme lui et tous ceux encore dans la ville à evacuer les gens et à chercher la bombe. Ceux-là, on les appelait des héros à la fin, alors qu'ils ne faisaient que répondre à un instinct.

Lance hocha la tête à Marie, faisant signe aux autres de se disperser pour aller évacuer les maisons et autres bâtiments avoisinant. Potté évoqua la Tour d'Argent, et Lancelot devait bien admettre que...il ne l'avait pas envisagé. Honte à lui il ne pensait pas que la vieille prison et maison de la garnison pouvait être la - potentiellement - la cible principale. Cependant, il n'y était pas totalement démuni; il restait le gros de l'effectif des chevaliers-flics. Olga fit ensuite part des différentes habitations plus loin dans la forêt, et son argument se tenait largement et elle n'attendait qu'une validation avant de filer, ca se voyait dans sa posture. Quant à lui, eh bien il avait aussi son avis sur la question.

"Il reste encore des effectifs à la Tour, dont le chevalier Grégoire, le plus ancien et le plus respecté d'entre nous. Il peut organiser l'évacuation des prisonniers et la recherche du bâtiment pour trouver la bombe si effectivement elle était là."

Il préfèra garder pour lui le fait que, vu l'effectif dispersé dans la ville pour aider à l'évacuation de cette dernière, il y aurait probablement des prisonniers qui réussiront à s'échapper. Ils n'étaient pas suffisamment nombreux à la tour pour tout faire sans avoir des pertes de prisonniers...mais s'ils arrivaient à évacuer tout le monde, un prisonniers ou deux échappés ne représenteraient rien en comparaison.

"Je peux y aller pour leur donner les directives puis revenir vous aider."

Tout comme Olga, il attendit la décision du capitaine, prêt à filer vers la Tour d'Argent si le besoin se faisait ressentir.

Lancelot, Olga, Potté, Marie

'boom boom boom', goes the dwarf.

L'arrivée des deux rebelles étaient on ne peut plus remarquée au sein du petit groupe. Et Potté semblait vouloir qu'il le soit. Marie laissa le chat faire ce qu'il veut, ne lui apportant son attention qu'une fois sa bouche ouverte. Le temps de la réflexion, elle se le laissait, juste pour que chacun ait son mot à dire. Il était rare de se trouver en charge d'une mission comme la leur, et tous les avis n'étaient ainsi pas négligeables. Hochant la tête aux paroles d'Olga surtout, Marie s'arrêta dans son itinéraire pour se tourner vers elle. Il n'y a aucune raison d'attendre, si des gens sont encore chez eux, il faut y aller. Partez déjà si vous pensez suffire, sinon nous venons avec vous. Puis, gracieusement, elle se tourna vers Potté et Lancelot.
Quant à la Tour d'Argent, j'empalerai personnellement sur une pique la tête de celui qui ordonnera la libération de tous les prisonniers. Sauver les gens était sans aucun doute la priorité dans un tel climat de panique, tout autant que sécuriser la ville, mais Marie avait des idées bien arrêtées sur chaque chose. Elle n'était, une fois l'uniforme enfilé, pas des plus réfléchies, mais le moment était exceptionnel. Elle n'avait pour aujourd'hui aucun supérieur à qui obéir, et vu les promesses d'attentat de Tracassin, ils retrouveraient certainement des corps sans vie dans les décombres de ladite attaque; la logique de Marie allait ainsi : quitte à sacrifier des vies, sacrifions les bonnes. Et en ça, elle séparait les citoyens en deux catégories. Ceux qui avaient une vie qui valait le coup d'être sauvée, et les autres. Les prisonniers de la Tour d'Argent tombaient sans aucun doute sous la seconde catégorie, et il était hors de question pour la Capitaine de gaspiller un temps si précieux à sauver des bandits. Elle admettait que ceux comme Potté et Olga pouvaient en de tels jours avoir des poussées de bonté qui les faisaient vaciller d'un côté ou de l'autre de la division sociale qu'elle s'imposait, mais de tels personnage qui en venaient à en être enfermés là-bas n'avaient aucun espoir, c'était évident. Cependant, même la vermine peut s'avérer utile, (son regard glissa grossièrement vers Potté) il faudrait donc faire passer un message à la Tour. Que ceux qui veulent nous aider soient recensés avant d'être libérés. Ceux qui s'enfuient seront abattus, et nous reparlerons plus tard d'une remise de peine pour ceux qui auront fait preuve de bonne foi. Repartant de plus belle le long du chemin, Marie ajouta à ses camarades : Nous ne serons pas trop de trois ou quatre pour faire cela. Mais il faut déjà se décider sur qui fait quoi. Si nous restons ensemble du début à la fin, je suis d'accord avec Olga pour aller sauver ces gens avant de se rendre à la prison. En y réfléchissant un peu, la Capitaine aurait voulu se défaire un peu de ce contrôle qu'elle avait. Ses doutes de plus en plus fréquents lui revenaient progressivement – et si ils faisaient mal, et s'ils ne faisaient pas ce qu'ils devraient faire, elle n'aurait pas voulu qu'on l'en tienne responsable. Plutôt partager la gloire qu'assumer seule la défaite. Le contrôle d'actions aussi importantes avait une certaine fierté qui l'accompagnait, c'était certain, mais à balancer avec le poids que peut avoir un simple choix sur la vie d'autres gens. Sa voix était ainsi plus posée qu'à l'accoutumée, plus douce bien qu'assurée. Si on lui disait non aujourd'hui, elle cesserait probablement d'agir comme une gamine et écouterait sagement. Probablement.

Lancelot, Olga, Potté, Marie

la course contre la montre

Le mercenaire observe pensivement la terre sèche qui se soulève en bourrasque poudreuse sous ses bottes, luttant pour ne pas s’arracher la peau dans une vaine détresse. Il n’y avait pas de temps à perdre et pourtant ils allaient irrémédiablement en perdre, car des vies étaient en jeu, et qu’il leur fallait faire le tour des environs pour mettre en sureté toute forme de vie présente. Le voleur songeait parfois, que plus il aspirait à protéger ce Royaume, plus celui-ci sombrait dans la décadence. Il attend alors, impatient d’une réponse de la Capitaine, mais c’est Olga qui le tire de ses pensées. « Il y a plusieurs habitations dans les bois, s'y rendre ne ferait pas de mal. Ils se penseront peut-être en sécurité loin de la ville et seront tentés de s'enfermer à l'intérieur. » elle ne tarde pas à ajouter qu’elle connait ces bois comme sa poche et qu’ils auront vite fait d’aller à la Tour ensuite. Il appuie ses paroles d’un signe de tête, le regard assuré et approbateur. Il a une toute confiance en son bras droit, et après tout, il valait mieux qu’ils ne se séparent pas. Certains chevaliers-flic étant déjà partis arpenter les maisons sous les ordres de Dulac, ce qu’il leur resterait serait minime, mais bien nécessaire. Potté n’était pas sans savoir les ravages qu’avait connu Olga par le passé, étant celui même qui lui avait permis de se cacher, et en aucun cas il ne souhaitait que cela se reproduise. « Il reste encore des effectifs à la Tour, dont le chevalier Grégoire, le plus ancien et le plus respecté d'entre nous. Il peut organiser l'évacuation des prisonniers et la recherche du bâtiment pour trouver la bombe si effectivement elle était là. Je peux y aller pour leur donner les directives puis revenir vous aider. » Dulac avait parlé. Mais le mercenaire continue sa marche silencieuse, ne faisant des gestes que pour enfouir son menton dans sa paume et gratter sa barbe. C’est quand Marie donne l’autorisation à Olga qu’il s’arrête lui aussi, attrapant l’avant bras de l’ogresse sans forte pression, mais juste assez pour qu’elle soit forcée de le regarder dans les yeux et y lire ce qu’il pense. Il la savait impatiente et impétueuse. Afin d’être plus clair, il relâche la pression et laisse un murmure s’échapper de ses lèvres, adressé à elle seulement. « Pas toute seule, attends. » Les minutes s’écoulaient pourtant, mais il était prêt à accepter n’importe laquelle de ses remontrances, du moment qu’elle restait à ses côtés. Il écoute les paroles de Marie, méritante de sa réputation, et concède sans broncher à son avis. Les prisonniers pourraient profiter de la panique pour s’enfuir, et le sage haut placé de la brigade encore à la Tour ne suffirait pas à les tenir. Il leur fallait se trouver face au danger, face à Marie, par exemple. « Cependant, même la vermine peut s'avérer utile, il faudrait donc faire passer un message à la Tour. Que ceux qui veulent nous aider soient recensés avant d'être libérés. Ceux qui s'enfuient seront abattus, et nous reparlerons plus tard d'une remise de peine pour ceux qui auront fait preuve de bonne foi. » Le mercenaire ignore passablement le sous entendu appuyé envers lui -c’est bien parce qu’elle est jolie, et porte son attention sur un des chevaliers encore avec eux. Une fois les instructions toutes ouïes, il désigne du menton l’homme en armure. « Envoyez un messager à la Tour, qu’il prévienne de notre arrivée et de la suite des évènements. Dulac devrait rester. Je ne prétends pas donner d’ordre, mais je pense fermement que nous ne devrions pas nous séparer tous les quatre, nous serons plus efficaces ensemble. » Le voleur libère l’ogresse et lève légèrement son bras pour désigner la forêt, toute ouverte à leur arrivée. « Olga, si tu veux bien. »

Marie, Lancelot, Potté, Olga

tic tac ... BOUM

Il est surprenant de réaliser à quel point le temps peut se montrer versatile, surtout en de pareilles occasions. Ce dernier leur était compté, et pourtant ... Bien que les minutes semblaient défiler à une vitesse folle, chaque seconde passée à attendre qu'une décision soit prise paraissait éternelle. La réflexion était nécessaire, Olga le savait, mais elle ne pouvait s'empêcher de s'impatienter doucement. La moindre seconde pouvait à la fois sauver des vies, ou bien en perdre. « Il n'y a aucune raison d'attendre, si des gens sont encore chez eux, il faut y aller. Partez déjà si vous pensez suffire, sinon nous venons avec vous. » Fixant la capitaine dans les yeux, l'ogresse se vit amorcer un mouvement de départ devant son approbation. Mouvement stoppé tout aussi sec par Potté qui la retint par le bras. La brune ne put retenir un regard noir envers le félin. Comment cela, pas toute seule ? Elle pouvait parfaitement partir devant et prendre de l'avance, elle irait même plus vite qu'en traînant les autres derrière elle. Chaque instant perdu pouvait voir des vies s'éteindre, elle ne le savait que trop bien. Et lui aussi d'ailleurs. Il semblait pourtant prêt à subir le courroux de l'ogresse. Qu'il s'y prépare donc, il n'allait pas être déçu !
Son agacement était tel qu'elle prêta à peine attention au discours de Marie sur les prisonniers de la Tour. Tout ce qu'elle attendait, c'était de partir. Par Merlin, elle aurait déjà eu le temps d'arriver à la première maison déjà, en courant, ça aurait été vite fait. Mais non, Potté semblait déterminé à ce qu'ils restent tous ensemble. Bien, mais qu'ils se dépêchent dans ce cas ! A peine eu-t-il terminé à son tour qu'il lâcha son bras avant de l'inciter à ouvrir la voix. Pour peu que la situation aurait été différente, elle se serait entêtée à jouer les rabat-joie et lui aurait demandé s'il était bien sûr de son coup, s'il ne voulait pas perdre plus de temps encore, ou s'il ne préférait pas attendre d'autres renforts, histoire de faire ça bien. Mais elle allait devoir garder son sarcasme pour plus tard. Filant sans demander son reste ou sans même se soucier de savoir s'ils la suivaient bien ou non, Olga pénétra dans les bois, se faufilant à travers les bosquets, le pas silencieux sans qu'elle y fasse attention. A force de parcourir la forêt, on apprend à marcher sans faire de bruit, et ça en devient automatique, tel un réflexe de survie, comme respirer, on le fait sans même y penser.
En temps ordinaires, Olga appréciait évoluer entre les arbres ; profiter du soleil qui filtre à travers les branches et les feuilles, écouter la mélodie des oiseaux qui résonne de toutes parts, analyser les traces des créatures qui y errent également, éviter les pièges de son frère. Bref. Se retrouver avec soi-même le temps d'une journée. Mais le contexte de ce jour ne s'y prêtait pas, bien loin de là. Le soleil lui paraissait sinistre et terne, aucun chant ne s'élevait dans les airs, comme si les animaux sentaient que quelque chose de grave allait se produire, toute la forêt semblait tendue et sur le qui-vive. La marche vive et rapide, les bruits de pas derrière elle lui signalaient que les autres la suivaient bel et bien. Le regard fixe droit devant elle, Olga força le pas. Il fallait bien un quart d'heure pour atteindre les habitations les plus éloignées, en marchant un peu vite. Mais ce temps, ils ne l'avaient pas, raison pour laquelle elle aurait probablement dû partir quand elle le pouvait, et non gaspiller des minutes aussi précieuses. Il était peu probable que des explosifs se trouvent là-bas, après tout, il n'y avait pas grand monde qui vivait dans la forêt. Mais qui sait ? Tracassin était imprévisible, et il pouvait parfaitement avoir piégé de nombreux endroits. Mieux vaut prévenir que guérir.
Accélérant de nouveau la cadence, la brune était à deux doigts de se mettre à courir, mais elle préférait ne pas tenter le diable et garder ses forces, on ne sait jamais ce qui peut se passer, pourtant ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Un coup d'œil en arrière histoire de s'assurer que ça suivait toujours, un regard vers l'avant afin d'apercevoir - enfin - la première maison, et la voilà qui avale les derniers mètres en un léger sprint. Tout était fermé et silencieux. Sans se faire prier, l'ogresse frappa à la porte, rapidement rejointe par le reste du petit groupe. Et sans réellement attendre une réponse, elle ouvrit la porte et pénétra à l'intérieur pour tomber nez-à-nez avec la pointe d'une épée. Un soupir las s'échappa de sa bouche. « C'est moi Gus' ! Baisse ça tu veux ? Avant d'éventrer quelqu'un par inadvertance ... » Dubitatif, l'adolescent laissa le bout de son arme redescendre jusqu'au sol, complètement béat devant la vision qui s'offrait à lui. Fallait avouer que voir débarquer deux rebelles aux visages connus accompagnés de chevaliers-flic, c'était pas courant. « Olga ? Tu ... Tu t'es faite arrêtée ? » Roulant les yeux au ciel, l'ogresse vit apparaît le reste de la famille, soit la mère et une petite fille de douze ans à peine. Gustave était le fils aîné, en charge de tout ce beau monde depuis la disparition du père. Olga les connaissait assez bien, pour les avoir aidés à plusieurs reprises. Elle jeta un regard sur ses compagnons de fortune avant de reporter son attention sur le trio. « Écoute c'est pas le moment-là. Vous avez vu les nouvelles ? Ils hochèrent lentement la tête. Bien, alors il faut évacuer tout de suite, pas le temps d'emporter quoi que ce soit, dehors, c'est compris ? » Là-dessus, elle poussa l'adolescent vers la sortie, incitant sa mère et sa sœur à faire de même. Inspectant l'intérieur de la maison par réflexe, elle lança à l'intention des autres. « Bon, si on avance vite ça devrait pas prendre trop de temps, y a plus que deux maisons : l'une est tout proche, et la dernière est légèrement plus loin. » Et cette dernière était la sienne.

Lancelot, Olga, Potté, Marie

la course contre la montre

Les paroles de Lopaline lui firent l’effet d’une claque. Bon sang, se rendait-elle compte de ce qu’elle disait ? Elle parlait d’êtres humains, par Merlin ! D’accord, ils étaient des criminels, mais même les criminels ne méritent pas de perdre la vie suite à l’attentat d’un fou furieux comme Tracassin. Il se retint à la dernière seconde de lui lancer un regard qui en disait long sur ce qu’il pensait de sa façon de faire et elle reprit la parole. Lancelot se força à rester neutre, alors qu’il bouillait d’indignation à l’intérieur. Comment osait-elle ? Oh, probablement parce qu’elle avait un grand pouvoir sur ce qu’il se passait à la Tour de par son statut de Capitaine de la garde royale…Il n’empêchait. Arthur serait là, il lui dirait sa façon de penser ! Lance se calma à la suite de cette pensée. Arthur n’était pas là, il ne serait plus jamais dans sa vie, alors il devait obéir à ceux qui étaient là pour lui donner des ordres. Il hocha simplement la tête, sans un mot, laissant comprendre à Lopaline qu’il avait compris ses ordres.

A dire vrai, il allait même pour les transmettre lui-même, ces ordres, pour s’éloigner d’elle un moment et revenir ensuite plus en état de lui être utile que comme ça. Seulement, sa dernière phrase lui fit bien comprendre qu’il devrait rester, Potté en rajoutant une couche. Il l’aurait attaqué avec al dernière invention de Jeiran s’il avait pu, pour le coup. Lancelot hocha de nouveau la tête et alla avec un de ses hommes, lui donnant les instructions et prenant le temps d’une grande inspiration salvatrice avant de retourner vers les autres et de les suivre dans la forêt, observant leurs alentours pour des habitants de la ville ou de la forêt perdu et cherchant le meilleur moyen pour quitter cette dernière. Arrivant à la première maison, le chevalier faillit sortir son épée quand Olga se retrouva nez à nez avec une, mais vu la réaction lasse de la brune, il retira sa main de la garde de son épée. L’échange, au final, se déroula tranquillement.

Plus le temps passait, plus Lance se demandait ce qu’il faisait là. Il serait mieux dans la ville pour aller aider à évacuer les endroits plus peuplés. Trois personnes confirmées, pour évacuer trois c’est largement suffisant, à son avis. Mais comme il ne donnait pas les ordres, il se tut et suivit, ne cessant de jeter des regards autour de lui, prêt à n’importe quel danger.

"Par où doit-on aller ?"

Il connaissait la forêt, mais pas de là à savoir aller jusqu’aux maisons dans cette dernière sans indication. Il était de bonne volonté mais il ne faisait pas de miracles.

Lancelot, Olga, Potté, Marie

'boom boom boom', goes the dwarf.

Plus le temps passait et moins Marie se préoccupait de ce que pouvaient penser ses camarades. Dans un tel contexte, ils auraient très bien pu aller contre elle, même si elle savait que ce jeu pouvait être très dangereux pour un chevalier-flic et des délinquants. La main posée sur le fourreau de son épée en permanence, elle était prête à réagir au moindre mouvement qui irait contre elle, même si elle se doutait que Potté, malgré sa nature... peu enviable, défendrait corps et âme toute chose vivante présentant deux seins et un joli sourire.
Son sourire de glace fixa longuement Lancelot qui s'en aller transmettre les ordres, prévenant de leur arrivée prochaine à la Tour d'Argent – avec un peu de chance, se disait-elle, il y aurait bientôt une bonne dizaine de délinquants en moins pour mettre le bazar en ville – avant de revenir. Puis elle suivit Olga, Potté et Lancelot à travers les bois, dont elle ne connaissait que les chemins joliment tracés. Ses tours de garde l'avaient souvent emmenée ici, c'est vrai, mais elle n'avait jamais eu de raison de quitter les sentiers. Généralement, un simple tour à la taverne suffisait, ainsi qu'un coup d’œil lointain jeté à la maison de Niki. Alors elle essayait de se repérer comme elle pouvait, en regardant les chemins qui semblaient bien lointains, en évitant les branches et les racines du mieux qu'elle pouvait, bien que moins gracieusement que Potté. À bien y penser, si elle réussissait un jour à le contraindre à faire des travaux d'intérêt, elle le forcerait à être ballerine à l'Opérat.
La première maison se dessina doucement entre les arbres, et Olga accéléra le pas pour se précipiter à l'intérieur. Marie suivit le pas, derrière Potté et Lancelot, mais ne s'avançant pas plus que la porte d'entrée. Le temps était pressé, mais Olga semblait gérer bien la situation, et vu leur réaction à l'entrée de la petite troupe, il ne servait à rien de brusquer ces gens. Elle leur lança seulement un regard et un signe de tête, déclarant calmement. Dirigez-vous à la sortie de la ville aussi rapidement que possible. Nous enverrons des crieurs dans la région quand la ville sera sécurisée. Elle se recula de quelques pas pour laisser tout le monde sortir, jetant un coup d’œil aux alentours pour tenter d'apercevoir une maison, quelqu'un, quoi que ce soit. Malheureusement, il n'y avait de visible que des arbres et des buissons, qui la firent lever les yeux au ciel... pour apercevoir une fumée, probablement venant d'une cheminée, s'étaler dans le ciel. Par là, un feu de cheminée doit être allumé !
Avant qu'Olga ne puisse leur indiquer quoi que ce soit, Marie commença à se diriger vers l'endroit d'où semblait venir la fumée. Ça n'était pas bien loin, à une centaine de mètres à peine, mais la forêt de Fort Fort Lointain était réputée pour la densité de sa végétation, qui rendait compliquée l'orientation et la visibilité aux étrangers. Et pour la première fois depuis des années, elle se rappelait qu'elle en était une, elle aussi, d'étrangère. La forêt enneigée de Yasen lui paraissait bien plus claire et moins déstabilisante, même si elle n'y était pas retournée depuis une éternité. Olga, vous feriez probablement mieux de passer devant, vous qui semblez bien connaître ces bois, vous serez probablement mieux accueillie que nous.

Lancelot, Olga, Potté, Marie

la course contre la montre

La mèche était peut-être déjà allumée et rien ne pouvait leur garantir que tout le monde était en sécurité. Quoiqu’il puisse arriver, quels gens ils allaient isoler, Potté avait la certitude que l’explosion était inévitable. Les terres bordants étaient bien trop imposantes, trop vastes, en les comparant au temps qu’il leur était compté. Finalement, il y avait peut-être une chance sur cent, qu’ils trouvent les explosifs. Pendant ce temps, il y avait sûrement déjà un pauvre gars qui attendait le signal pour allumer la fine cordelette. Merde, et lui aussi, il se sentait comme ce gars. Quelque part, l’erreur qu’il avait commise avait été de faire battre une aile, un coup de vent, qui se transformait désormais en bourrasque. Le voleur avance à grands pas, accélérant de temps à autres pour finalement garder la même allure qu’Olga. Il l’imite, lance des coups d’oeil inquiets ci et là et respire même à son rythme. Leurs souffles se mêlent à ceux des deux autres, l’anxiété de chacun se ressent. Ils arrivent finalement à la première maison concernée, et entrent sans même frapper. « Olga ? Tu… tu t’es faite arrêtée ? » Le gamin la fixe d’un air béat, avant de porter son attention sur chaque membre de la compagnie. La famille se dévoile timidement, et ne tarde pas à suivre aveuglément les ordres d’Olga, sans poser aucune question, et se précipite vers la sortie. Le voleur profite de ces quelques minutes pour fouiller rapidement chaque pièce de la chaumière, se fiant à son odorat. Mais aucune trace dans ses narines de produits magiques inhalés. La troupe se retrouve de nouveau dehors, rassemblant ses esprits et prenant garde à ce que les civils prennent la bonne direction. Olga annonce la couleur et ses dires se trouvent justifiés plus vite que prévu. « Par là, un feu de cheminée doit être allumé ! » Marie s’empresse de suivre son instinct et Olga prend la relève, sachant pertinemment par quels sentiers ils pourront arriver au plus vite, et au plus simple. Potté les suit à la trace, prenant une allure plus accentuée, quand enfin ils distinguent la maison entre les arbres. De nouveau l’ogresse s’invite à l’intérieur et prend possession des lieux pour apaiser les hôtes. « Evacuation, danger, pas de bagages, dehors, maintenant. » Potté ponctue les dires d’Olga par des mots brefs tandis qu’il cogne -accompagné de Lance et Marie, chaque porte de la maisonnée pour vérifier que toutes les pièces sont bien vides. « Ceci n’est pas un exercice, sortez tout de suite. Más rápido ! » Les moustaches du voleur tressaillent, de la sueur goutte de son front, son coeur accélère la cadence. Combien de temps encore. Les habitants s’exécutent sans trop broncher, n’ouvrant la bouche que pour se la faire refermer par Olga, et finalement, prennent un chemin sûr pour s’éloigner. Potté lance un regard vers l’ogresse et comprend que son imbécile de frère doit être un de ceux qu’il faut prévenir, et faire évacuer. La troupe se remet en marche, pas plus confiante et arpente la terre, feuillages et buissons. Potté a comme la sensation que les bois se rétrécissent et oppressent ses poumons, à mesure que les secondes passent. Il observe le ciel, les nuages pressés de partir, puis jette des coups d’oeil vers Marie et Dulac. Quand après quelques minutes de marche, ils arrivent enfin à la maison, ils constatent qu’ils ne sont pas les premiers. Deux chevaliers-flics sont déjà là et tentent difficilement de faire sortir les hôtes de chez eux, sans succès. Une petite brune a le doigt levé, le regard menaçant, quant un flic lui prend l’avant bras. Elle se débat et hurle assez pour faire venir son compagnon. Potté pousse un soupir et se frappe le front. « On a vraiment pas le temps pour ça… » Mais il n’a pas à attendre longtemps avant que les autres réagissent.