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FORT FORT LOINTAIN A FERME SES PORTES.
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Sinbad ¤ castle on a cloud


FORT FORT LOINTAIN



Sinbad ¤ castle on a cloud 8pk6

⊱ pseudonyme : Zabolac.
⊱ tête mise à prix : Santiago Cabrera
⊱ crédits : LAURA et Tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 01/01/1970
⊱ tes licornes : David Leféroce.
⊱ schillings : 0

⊱ ta race : Humain, même s'il a toujours rêvé d'être un nuage.
⊱ allégeance : Qui ça ?

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Sinbad ¤ castle on a cloud EmptyDim 11 Jan - 22:14



sinbad & jeiran
crying at all is not allowed, not in my castle on a cloud

-Vous plaisantez là, maître ?
-Je suis vraiment désolé Natalia. Mais je crois que ça ne va vraiment pas marcher, vous et moi à l’atelier.
-J’ai fait quelque chose de mal ?
-Non Natalia, ce n’est pas vous. C’est de ma faute.

Jeiran détourna le regard pour ne pas avoir à faire face aux grands yeux remplis d’incompréhension de Natalia, tout en se maudissant pour cette scène qui ressemblait à une mauvaise rupture. Il s’en voulait déjà, alors même qu’elle n’avait pas encore percuté, que les vases ne volaient pas encore, qu’il ne voyait pas encore ses larmes de dépit et colère, de déception aussi. Larmes qu’elle retenait d’ailleurs, encore stupéfaite par l’annonce, encore en train d’assimiler que Jeiran venait de la virer. D’accord, ils ne s’accordaient pas vraiment, mais ils s’entendaient plutôt bien, non ? Et puis l’atelier, le bazar, les chamailleries, tout ça, elle s’y était faite, petit à petit, elle s’était faite à lui aussi, à son caractère lunaire, à ses changements d’avis, à ses folies. Et voilà que tout s’effondrait d’un seul coup. Sur un caprice. Encore un autre. Celui de trop. Elle avait bien remarqué qu’il n’était plus tout à fait le même depuis quelques jours, mais ça, elle ne s’y était pas attendu. Comment aurait-elle pu ? Comment aurait-elle pu deviner quel bordel Jeiran se trimballait dans la tête actuellement, et qu’en conséquence, il préférait éloigner tout élément plus ou moins perturbateur… incluant sa relation compliquée avec Natalia ? Rien, elle n’aurait rien pu deviner de tout ça. C’était bien pour ça que maintenant, elle le regardait avec des yeux qui exprimaient toute la déception, tout le ressentiment du monde. Sans un mot, elle fit volte-face, attrapa son manteau, repassa devant lui, s’arrêta pour dire quelque chose, mais se contenta finalement de le fusiller du regard. Jeiran sentit ses yeux verts le transpercer de part en part, et il leva la main pour l’arrêter, s’excuser, quelque chose. Il n’en eut pas le temps. La jeune femme lui glissa entre les doigts, et elle s’enfuit. Les doigts de Jeiran se refermèrent sur du vide. Son poing se ferma, se crispa, avant de retomber inerte le long de son corps. Et m… L’inventeur réprima un soupir, se passa la main dans les cheveux comme pour se donner contenance devant un public invisible, sa conscience peut-être ? Fais pas genre Aurorefauve, ta conscience, ça fait longtemps que tu t’en es fait une serpillère, tu ne t’en es jamais bien soucié de tes assistants que tu virais à tour de bras ? Cette fois, il soupira. Il s’en voulait. Mais il savait que cette culpabilité passerait aussi vite qu’elle était venue. C’était comme ça avec lui. Comme une plume soufflée par le vent.

Les épaules courbées, il éteignit les bougies qui illuminaient encore la boutique et monta les escaliers qui menaient jusqu’à la partie habitation dans laquelle il vivait. Un petit appartement sans prétention, blindé de souvenirs qu’il avait ramenés d’Afshin et de ses nombreux voyages à droite à gauche, à Saay notamment. Une vraie caverne d’Ali Baba, si le vrai ne créchait pas en bas de chez lui dans la maison d’en face. Il referma la porte derrière lui, jeta sa veste sur un porte-manteau, se rendit dans son salon en bordel pour allumer un feu dans la cheminée, écartant au passage les plans de machines et autres bizarreries étalés un peu partout. S’emparant de quelques bûches, il alluma le feu, et une fois les flammes bien parties, se laissa tomber dans un fauteuil. Un coude sur le fauteuil, la tempe appuyée contre le dos de sa main, ses yeux se perdirent rapidement dans la danse des flammes et ses pensées s’envolèrent, vers Natalia, vers la Sirène Amputée, vers Sinbad. Les sourcils de Jeiran se froncèrent imperceptiblement. Ce n’était pas souvent qu’on le voyait soucieux, ce sacré inventeur. Mais là, il fallait bien avouer qu’entre Natalia et Sinbad, il avait de quoi faire. Surtout avec Sinbad. Leur rencontre, quelques jours plus tôt, à la Sirène Amputée, était gravée dans sa mémoire comme au fer rouge. Il ne savait plus s’il devait remercier Hansel ou le maudire pour avoir rendu possible cette rencontre à l’improviste. Certes, Jeiran avait cru défaillir de bonheur en constatant que Sinbad était toujours en vie, et qu’il lui avait parlé, qu’il avait partagé un peu sa vie avec lui, mais l’enthousiasme était rapidement retombé dès le lendemain. Il ne le reverrait sans doute jamais, surtout s’il repartait en mer, et quel droit avait-il de lui demander de rester ou de le revoir, lui, le simple artisan qui incidemment était un ami de son matelot ? De quel droit pouvait-il lui demander de faire partie de sa vie ? De quel droit pouvait-il bousiller la sienne en lu avouant toute la vérité, cette vérité qui lui pourrissait le cœur depuis trente ans, depuis qu’il avait eu l’âge de comprendre que quelque chose clochait dans cette famille de fous ? Laissant échapper un énième soupir, il se passa une main sur le visage. Il se sentait fatigué. Comme un voyageur qui a trop marché avec ses bagages sur le dos. Lentement, mais sûrement, il sentit son esprit divaguer, s’éloigner, et le sommeil le gagner petit à petit…

Ce fut un brouhaha dans la rue d’à côté qui le tira de sa somnolence. Sursautant, il se redressa sur son fauteuil, persuadé d’avoir aussi entendu quelque chose du côté de ses fenêtres. Prudent, il se leva, attrapant un lourd livre qui se trouvait là histoire de se défendre si envahisseur il y avait, et se dirigea à pas de loups vers ses volets. Prudemment, il les poussa, puis constatant qu’il n’y avait personne, se pencha par précaution à la fenêtre, regarda à droite, à gauche… Et failli laisser échapper une exclamation de surprise. S’il y avait bien une chose à laquelle il s’attendait encore moins que trouver Sinbad à la taverne après vingt ans d’absence, c’était bien de le voir suspendu à ses fenêtres, les pieds dans le vide !

-Sinbad ? lâcha-t-il sous le coup de l’étonnement, avant de se reprendre. Mais enfin capitaine, qu’est-ce que vous fabriquez là ?

Sans attendre, il jeta le livre qu’il avait pris comme arme d’autodéfense sur le sol et passa une jambe dans le vide, s’asseyant sur sa fenêtre pour se pencher vers Sinbad et lui tendre la main. Pas le temps de réfléchir, il n’était pas question qu’il tombe et aille s’écraser en bas, il n’avait pas attendu vingt ans pour voir son frère finir en crêpe en bas de chez lui !

-Dites, je ne savais pas que je vous avais fait si forte impression pour que vous veniez vous balader sous mes fenêtres, capitaine ! Un petit mot sur ma porte aurait été tout aussi efficace et bien moins dangereux ! Un bruit à quelques mètres d’eux l’interrompit. Il entendit des cris dans la rue adjacente, des ‘rattrapez-le, ce Septmers ne peut pas être loin !’, et comprit. Son sourire s’effaça de son visage. La situation était donc moins cocasse qu’il ne l’avait pensé. A vue d’oreille, ils étaient au moins cinq, et Jeiran n’était pas sûr d’avoir envie de voir débarquer une bande de malfrats chez lui pour y cueillir son frère, quoi qu’il ait pu faire. Tendant le bras plus encore, une lueur alarmée dans les yeux, il souffla :

-Attrapez ma main, je vais vous tirer de là ! Vite !

Les pas et les cris se rapprochaient. Il fallait faire vite. Si Sinbad ne se dépêchait pas, ils seraient pris sur le fait tous les deux. Et si Jeiran savait fabriquer de fort belles épées, pour les manier, c’était une autre paire de manches. Et il n’avait aucune envie de s’y essayer ce soir. Et encore moins de se ridiculiser devant cet aîné qui, lui au moins, devait savoir se battre. Ah, Jeiran, qu’allait-il encore faire dans cette galère ?
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FORT FORT LOINTAIN



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⊱ pseudonyme : elf
⊱ tête mise à prix : luke evans.
⊱ crédits : swan, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 01/01/1970
⊱ tes licornes : poucet, cam et gil.
⊱ schillings : 0

⊱ ta race : pauvre mortel fragile.
⊱ allégeance : ni oui, ni non, tant qu'elle vient pas l'emmerder hein.

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Sinbad ¤ castle on a cloud EmptyLun 12 Jan - 0:04



Jeiran et Sinbad
Le rêve semble réel quand on y est, ce n’est que quand on se réveille qu’on se rend compte qu’il avait quelque chose d’étrange...

On ne se sent jamais plus proche de la vie que quand on frôle la mort. Fait indéniable que même Septmers ne pourrait pas dénigrer, en ce moment et pour ne point changer des bonnes habitudes, il cavale dans les rues de la capitale en ayant attiré malgré lui les foudres de brigands ayant voulu l'entuber de façon si royale qu'il ne put répondre que par la sortie de son sabre bien planqué dans son fourreau. Son coeur frappe à tout rompre contre son torse, l'adrénaline lui monte à la tête, même son souffle lui joue des tours, ses poumons sifflent une mélodie qui est tant agréable que désagréable, elle lui rappelle à quel point il ne peut définitivement pas se permettre une existence trop tranquille parmi la populace qui n'a de cesse de glousser des nouveaux racontars. Il préfère ceux de l'océan, il préfère les murmures des vagues ainsi que ses caresses, là où personne ne pourra le comprendre il réussit au moins à trouver un équilibre qui lui convient plus de raison. Ne prenant garde aux injures qui fusent à son égard, un sourire bêta prend place sur son masque déformé par l'effort qu'il fait, sautant de gauche à droite, de droite à gauche, essayant de trouver un moyen de se cacher des sales têtes qui veulent la sienne sur une pique. Ils croyaient pouvoir s'occuper du flibustier sans commettre une gourde qui est celle de mal le connaître. Il a plus d'un tour dans son sac, s'improvisant tant magicien qu'arnaqueur, sa marchandise est donnée à prix d'or non pas quelques babioles qui ne veulent rien dire. Le sang n'a pas coulé en cette belle soirée, ce qui en soi est plutôt rassurant, il ne souhaite pas trancher des jugulaires sous prétexte qu'une joyeuse bande d'idiots s'est crue plus futée que lui. Laissons les simples d'esprit là où ils sont, dans les bas-fonds à attendre mains tendues vers le ciel de l'herbe à chat ou quelconque psychotrope pouvant les faire rêver un peu plus longtemps. Ce que c'est dommage en sachant que la réalité n'est pas si hideuse qu'elle laisse transparaître, oh certes il y a les guerres, les maladies, la famine et les injustices ! Néanmoins en retour il y aussi la beauté des sentiments, les gestes tendres, les retrouvailles incongrues et les petits bonheurs qui s'accumulent pour n'en former qu'un. On souffre certes, toutefois un jour ou un autre, l'autre côté de la pièce brille au soleil, apportant un apaisement à celui qui a tant attendu cette sensation. Si elle n'est pas encore arrivée pour le marin, il aime à se dire qu'il n'a plus rien à perdre, que si ça n'arrivera pas dans les heures qui suivent, ce sera pour les prochaines et la suite coule bien sûr de source. A quoi bon s'arrêter d'exister pour des chimères qui ne font qu'enfoncer un esprit vers le fond ? S'il succombe parfois à l'appel de la substance fumante pour calmer ses nerfs, il n'empêche que reposer ses pieds sur la terre ferme ne lui laisse pas une grande amertume. S'il ne supporte plus les spectres qui taraudent son crâne déjà trop plein, il apprécie ce qu'il peut zieuter, rencontrer, découvrir pour son plus grand enthousiasme. On ne change pas un aventurier, aussi petit soit-il, et peu importe que les gloussements enfantins soient loin, il ne peut pas s'échapper de ce qu'il est. Ne pouvant retenir un rire sec, la cadence se fait plus rapide d'un seul coup et victoire, il semblerait qu'il ait trouvé une échappatoire - de plus les autres se perdent parmi les pavés humides, beuglent mais n'analysent pas finement la situation. Son escalade jusqu'à un toit se fait assez rapidement, pas bien haut mais cependant assez pour qu'ils ne lèvent pas le nez vers le ciel, il s'improvise une petite balade dans les airs, de plus en plus proche des étoiles à chaque fois. Sauf qu'au bout d'un instant, la mégarde et la nuit n'aidant pas, il glisse avec une gaucherie digne d'un débutant, se rattrapant de justesse au rebord d'une fenêtre pour ne point se briser les os, ses doigts se crispent sur la pierre. Bon sang manquerait plus qu'il perde son souffle à cause de ça. Grimaçant tout en ne pouvant s'empêcher de se marrer à nouveau, il pose son attention un peu partout pour trouver un moyen de se rattraper. Dommage, la vitre est belle et bien fermée, ne lui laissant même pas le bénéfice du doute de pouvoir s'inviter dans une habitation qui n'est pas la sienne. Paupières closes, il n'abandonne pas la tâche si facilement, en revanche en son for intérieur un adieu mélodramatique prend le dessus jusqu'à ce qu'une voix le sorte de sa torpeur et de son délire. « Sinbad ? » Pardon ? Est-il donc déjà trépassé ? Ce doit être cela, il fabule, peu importe ses jambes qui pendent dans le vide en attendant un miracle, qui pourrait connaître son prénom outre les gueux qui cherchent sa présence en vain ? Fronçant les sourcils, interloqué, ses iris verts se remettent à briller sous les rayons de l'astre lunaire, un visage, une moustache, une dégaine. Il le connaît. « Mais enfin capitaine, qu’est-ce que vous fabriquez là ? » Comme quoi, ne pas prier ça apporte son lot de surprises aussi. Abordant une mine plus que ravis de croiser l'inventeur, il n'ose même pas ajouter un mot de plus qu'un autre, tout bonnement parce que la situation peu cocasse laisse à présager que oui, Septmers s'est encore fourré dans de beaux draps. A la réalité, il écoute seulement à moitié son autre parole, se concentrant plus particulièrement sur les beuglements de phacochères qui viennent des murs. Un peu d'aide ne serait pas de refus, à moins qu'il le haïsse pour une raison ou une autre. Pourtant, entre deux natifs de Port-aurore la complicité ne devrait même pas être remise en doute. Le même sable, le même soleil.

« Attrapez ma main, je vais vous tirer de là ! Vite ! » Aurorefauve ne fait pas si bien dire. Sans attendre plus longtemps, il lie ses doigts aux siens et de toute sa force qu'il peut ainsi que de la sienne, il réussit à grimper dans l'appartement sans aucun encombre, allant jusqu'à s'effondrer sur le sol une fois dedans. Allongé sur le dos, les bras écartés à l'instar d'une étoile de mer le plafond lui paraît soudainement passionnant. Il n'a rien de plus qu'un autre, si ce n'est qu'il appartient à celui qui était un illustre inconnu quelques semaines plus tôt. Une rencontre devenue plaisante à la suite d'une discussion dans une taverne, vite écourtée à cause de son trafic. Pourront-ils revenir là où ils en étaient ? Non pas que son cas soit plutôt intéressant, mais en tant que fils du désert, Sinbad en est convaincu ils ont bien plus à se confesser. Inspirant profondément pour reprendre sa lucidité par les cornes, pour peu il serait capable de voir des petits points blancs devant lui. Vite, toujours plus vite, tout se déroule selon une horloge ayant des aiguilles cabossées. En deux temps trois mouvements il se retrouve dans son antre, son amour selon Hansel, là où la magie opère diamétralement. « M'est d'avis que le vouvoiement n'est pas de mise mon ami. Et à ce propos, je t'en dois une, et une bonne. » Ami, frère, il pourrait lui donner des tas de rangs, cependant et même si celui de connaissance ou camarade paraîtrait de mise, il préfère largement donner une plus grande importance à cet ami balancé de but en blanc. Soupirant à nouveau, ses muscles tiraillent, quelques anciennes blessures se réveillent et c'est avec amusement qu'il se redresse quelque peu par le biais de ses avant-bras regardant de haut en bas son interlocuteur à l'esprit créatif. « Je ne pensais pas te revoir dans de telles circonstances, mais, pourquoi pas après tout ? » Il faut savoir accepter les cadeaux du destin. Un énième rire lui échappe, après quelques secondes d'un repos bien mérité il se remet sur ses deux bottes en prenant à peine appui sur le mur voisin pour ne pas retomber tête la première sur le sol. Les sourcils haussés, un sourire de plus en plus grand étire ses lèvres et le plus naturellement du monde sa main droite vient se caler sur le cou de Jeiran, frôlant à peine sa mâchoire du pouce il baisse la tête quelques secondes, secouant sa tignasse du Diable pour définitivement reprendre le fil de cet évènement. « Merci. Je te suis redevable ô inventeur. » Qu'il prend sur le ton de l'amusement, bien que très sérieux il devra faire quelque chose pour lui en retour. Lui sauver la peau par exemple serait un très bon échange. Se remettant droit comme il faut, ce n'est pas pour autant qu'il laisse tomber sa peau légèrement piquante à cause de sa barbe sombre se remettant à pousser. Par curiosité, il se met à jeter une oeillade derrière puis devant lui, découvrant enfin le personnage légendaire qui a eu la révélation de faire un cheval volant, fait de métal et d'un ensorcèlement dépassant tout pouvoir à Fort Fort Lointain. Bien plus calmé qu'auparavant, ses sourcils se froncent à la vue d'objets venant de leur contrée natale. Ce serait idiot de se dire qu'un attaché à ses origines puisse totalement se défaire ce qui lui tient à coeur. Serait-ce un kandjar décoratif qu'il voit plus loin ? Et là quelques décorations et couleurs chaudes qui lui refilent des frissons, des cartes s'étalent sur un bureau, des parchemins anciens, un bazar incroyable très peu rangé mais qui étonnamment lui rappelle sa cabine avec ses secrets. Qu'est-ce qu'il cache exactement ce Jeiran ? A la lumière légère des bougies il retrouve des souvenirs d'antan quand il courait dans les rues, se fichait pas mal des remontrances de son père qui voulait faire de lui un homme respectable, des odeurs dans les marchés, des trésors trouvés dans des pots en terre cuite. « C'est une véritable caverne aux richesses que voilà, si je me concentre exclusivement sur tout ça, je suis convaincu que je peux revenir à Port-aurore ou un village qui lui ressemble. » Passant d'un sujet à un autre, les crétins sanguinaires sont déjà oubliés - même s'il peut encore les entendre geindre Septmers dans l'ombre, dorénavant un autre sujet l'intéresse, un tout autre être qui ne convient pas à ce moule si ennuyeux qu'est celui de la société bourgeoise. Il est des autres, il est de ceux qui crèvent à coup de passion, il est comme lui. La passion ça consume avait-il dit. Ils brillent de la même flamme, encore plus qu'il ne voudrait le croire. Elle est bleue, elle est rouge, elle danse sous les mouvements de deux palpitants qui battent au même rythme et surtout, elle est le fruit d'une imposture.
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Sinbad ¤ castle on a cloud EmptyDim 25 Jan - 1:47



sinbad & jeiran
crying at all is not allowed, not in my castle on a cloud

Le destin, Jeiran n’était plus sûr d’y croire ou non. Il n’avait jamais basé sa vie sur des certitudes, la seule chose dont il était sûr étant qu’il ne savait rien. La seule forme de sagesse qu’il ait jamais eu ancrée en lui, certainement, cet homme qui avait encore l’âme et les yeux d’un enfant qui n’avait jamais grandi, un petit bout de son âme encore coincée quelque part, là-bas, dans un bordel insignifiant de Port-Aurore, entourée de trop de mères et d’aucun père, sous un soleil assommant et les pieds nus dans le sable. Il avait beaucoup avoir parcouru un chemin incalculable, il restait toujours une part de lui qui, semblait-il, ne devrait jamais pouvoir changer. Cette capacité d’émerveillement qu’il avait toujours, malgré trente-et-un ans passés et une certaine expérience de la vie. Cette capacité à toujours, toujours douter de tout, malgré tout ce qu’il a pu apprendre au cours de sa vie. A douter de lui, des autres, et de ces foutues notions de destin qu’on essaye si bien d’inculquer dans l’esprit des gens pour expliquer l’inexplicable mystère de la vie et de ces coïncidences. Et bien ce soir, alors que Sinbad suspendu à sa fenêtre attrapait sa main, Jeiran doutait tout d’un coup. Quelles étaient les chances pour que non seulement il retrouve Sinbad une première fois, mais en plus une deuxième ? Quelles étaient les chances pour que le capitaine de l’Ecorchée choisisse précisément sa fenêtre à lui pour fuir une bande de voyous qui cherchaient à lui faire la peau ? Jeiran était un peu mathématicien, et il savait qu’elles infimes. Ridiculement infimes. Aussi ridicules que le secret inavouable qui les liait. En attrapant la main de Sinbad, Jeiran crut qu’une décharge électrique lui avait parcouru le bras. Il serra fermement la main de son frère dans la sienne, ne pas lâcher, surtout ne pas lâcher, il passa même son autre bras par la fenêtre pour attraper l’infortuné marin par la manche et le hisser de toutes ses forces, lui qui n’avait jamais été un grand athlète. Un instant, il craignit que tous deux n’aillent retomber en arrière, mais par un quelconque miracle Sinbad parvint à passer par-dessus le rebord et à aller s’écrouler sur le sol ; quant à Jeiran, il s’empressa de repasser du bon côté de la fenêtre et de fermer ses volets, alors qu’il entendait les voix se rapprocher. Sans perdre un instant, il jeta un coup d’œil par une fissure dans le volet, cherchant à apercevoir la rue en contrebas. Il aperçut un groupe indistinct d’hommes visiblement armés, qui crièrent encore, appelant Sinbad. L’un d’eux s’exclama qu’il n’avait pas pu s’envoler, un autre qu’il avait sûrement tourner dans la rue d’à-côté. Sans quitter la scène des yeux, Jeiran indiqua d’un bref mouvement de la main à Sinbad de ne pas faire de bruit, de ne pas dire un mot. Le cœur battant, l’inventeur attendit. Puis ils partirent. Ils disparurent dans la rue d’Ali, et leurs voix ne furent bientôt plus qu’un murmure lointain avant de disparaître tout à fait. Jeiran respira. Ouf.

« Ils sont partis. » souffla-t-il en se retournant pour que ses yeux tombent sur Sinbad, étalé en étoile sur son parquet. L’inventeur se laissa aller à sourire. « Quelle prestance vous avez, capitaine. Vos matelots seraient bien fiers de vous. »
« M'est d'avis que le vouvoiement n'est pas de mise mon ami. Et à ce propos, je t'en dois une, et une bonne. » répondit Sinbad, non moins souriant, il paraissait même follement amusé par cette petite aventure inattendue.

Ami. Jeiran baissa imperceptiblement la tête, cherchant à dissimuler son léger embarras. Tutoyer Sinbad, l’appeler ami. Les dieux le gâtaient trop en ce moment. C’était bien plus que ce qu’il avait espéré de toute sa vie, à quoi devait-il encore s’attendre ? Etait-ce pour contre-balancer la douloureuse décision de se séparer de Natalia ? Ou devait-il s’attendre à ce que le karma ne lui revienne bientôt en pleine face pour ré-équilibrer les choses ?

« Oublie, capitaine, c’est tout naturel. Hansel m’en aurait voulu de le laisser retourner à terre faute de capitaine sur l’Ecorchée. » répondit-il, usant encore et toujours de l’humour et du sourire pour se sortir d’une situation embarrassante.
« Je ne pensais pas te revoir dans de telles circonstances, mais, pourquoi pas après tout ? »

Oui, pourquoi pas ? C’était encore la meilleure réponse qu’il pouvait trouver à cette absurde situation. Jeiran en était encore à se demander ce qui allait lui tomber sur le coin du nez lorsque Sinbad se releva. Jeiran eut un mouvement pour l’aider, puis se ravisa, constatant que le capitaine s’en sortait très bien, et il ne voulait pas éveiller quelque soupçon que ce soit en ayant l’air trop inquiet. Après tout, ils n’étaient censés s’être rencontrés qu’une ou deux fois. S’il savait. Pauvre Sinbad, si tu savais. Brièvement perdu dans ses pensées, Jeiran ne remarqua que tardivement que Sinbad s’était approché de lui, et il dut faire un monstrueux effort sur lui-même pour ne pas sursauter lorsque la main du marin vint se poser sur son cou.

« Merci. Je te suis redevable ô inventeur. »

La gorge de Jeiran se noua tant et si bien qu’il fut incapable de prononcer le moindre mot et se contenta de hocher la tête, un sourire forcé aux lèvres. Il n’avait pas envie de sourire. Il avait envie de s’écrouler au sol, de tout raconter, de se taire, de hurler, de maudire son père, de maudire le monde dans lequel il était né et avait dicté qu’il n’aurait pas de frère. Au lieu de tout ça, il ravala son secret, ainsi que les larmes qu’il sentait dangereusement monter. Dieu merci, Sinbad se détourna bien assez vite pour observer le décor. La cage thoracique de Jeiran lui faisait atrocement mal. Il ne savait plus bien si c’était son cœur à force de s’arrêter et de se remettre à battre, ou ses poumons à force d’avoir le souffle coupé, mais il commençait à se dire que Sinbad était décidément néfaste pour sa santé. Ressaisis-toi Aurorefauve, bon sang, on dirait une jouvencelle devant son premier amour. Même si, en un sens, il l’était, son premier amour. Son premier amour déçu, aussi. Piétiné sur l’autel de la bienséance et de l’égoïsme d’un homme qu’il haïssait un peu plus à chaque minute passée en compagnie de ce frère qu’il n’aurait jamais.

« C'est une véritable caverne aux richesses que voilà. » La voix de Sinbad l’avait interrompu dans ses pensées et aussitôt ramené sur terre. Il n’avait pas remarqué que le marin s’était lancé dans une exploration en règle de son salon, et l’inventeur n’aurait su dire s’il éprouvait une certaine fierté à partager ça avec lui, ou s’il était embarrassé. « Si je me concentre exclusivement sur tout ça, je suis convaincu que je peux revenir à Port-aurore ou un village qui lui ressemble. »
« J’ai toujours été incapable de me débarrasser de mes vieilles babioles. » expliqua Jeiran, souriant en se souvenant de comment Ali s’était déjà moqué de lui et de sa manie de tout collectionner. « Je ne jette jamais rien. Sans parler d’utilité, c’est toujours agréable de se replonger dans les bons vieux souvenirs. Et comme ça, j’ai toujours un peu d’Afhsin avec moi. » ajouta-t-il en effleurant des doigts une étole qui décorait un fauteuil, et qui venait justement de Port-Aurore, un ancien châle de sa chère mère aux couleurs orangées qui rappelaient si fort leur contrée natale. Un objet sans valeur parmis d’autres, qui tous ensemble avaient pour Jeiran plus d’importance que tout son atelier. Les inventions, il pouvait en pondre vingt à la minute. Les souvenirs, ça ne se fabriquait pas comme ça. Se rappelant soudain ses devoirs d’hôte improvisé, il retira du deuxième fauteuil face à la cheminée la pile de vieilles cartes et de vieux ouvrages qui trônait dessus pour la déplacer sur la petite table juste à côté. Après toutes ces émotions, qu’au moins Sinbad ait un coin confortable où reprendre ses esprits. « Puisque tu es là, tu vas bien partager un thé à la menthe avec moi ? Recette garantie cent pour cent de Port-Aurore, c’est mon vieil ami Ali Baba qui fait venir les feuilles directement de là-bas. »

S’absentant quelques instants dans la cuisine attenante, Jeiran fit bouillir l’eau sur une plaque chauffante améliorée par ses soins, trois fois plus rapide que la norme, et y ajouter rapidement les feuilles de thé et quelques épices légères pour achever de parfumer le tout. Une odeur aussi embaumante qu’agréable envahit bientôt l’appartement, et l’illusion de se trouver à nouveau à Afshin était plus forte que jamais. Jeiran retourna au salon avec le plateau sur les bras, qu’il posa sur la table basse entre face de leurs fauteuils, près du feu, et servit une tasse fumante à Sinbad.

« Tiens, un peu plus de nostalgie. Après toutes ces émotions, le réconfort de chez nous ne peut pas nous faire de mal. Assieds-toi je t’en prie. » Jeiran s’en servit une tasse à son tour pendant que Sinbad s’installait. Au loin, quelque part, on entendait toujours les exclamations frustrées de ses poursuivants, qui paraissaient bien loin, hors du monde. Mais puisqu’ils étaient encore là-dehors, mieux valait rester un peu dans leur bulle. Du moins, c’était l’explication rationnelle qu’il était prêt à donner à Sinbad si jamais celui-ci voulait partir tout de suite. Encore que, il n’était même pas sûr qu’il ait l’audace de le retenir. Le feu crépitait dans la cheminée, dansait devant eux comme pour fêter ces nouvelles retrouvailles inattendues. Conforté par l’atmosphère feutrée de l’endroit, Jeiran prit son courage à deux mains et proposa : « Puisque tu es là et que tes amis sont encore dehors, que dirais-tu de rester un peu ici ? Je n’ai pas grand-chose à t’offrir sinon à boire, à manger, et un peu de conversation ; mais je ne serais guère rassuré de te savoir dehors avec ces types aux trousses. Et puis, cela fait si longtemps que… que je n’ai pas eu l’occasion de discuter avec un compatriote. La soirée de l’autre fois est passée bien trop vite. »

Moitié vérité, moitié mensonge. Comme d’habitude. Dommage, il était bien parti pourtant.
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Sinbad ¤ castle on a cloud EmptyDim 25 Jan - 17:24



Jeiran et Sinbad
Le rêve semble réel quand on y est, ce n’est que quand on se réveille qu’on se rend compte qu’il avait quelque chose d’étrange...

Ah les babioles. On peut s'en débarrasser très simplement, en général il suffit seulement d'y mettre le feu pour qu'elles s'évaporent dans un ciel azur, en un claquement de doigts, en un mouvement maladroit aussi. Une babiole, à priori ça ne sert strictement à rien, c'est là pour faire office de décoration, remplir le vide qui se doit d'être autre chose que le néant. Et pourtant, elles font office de souvenirs qui se mélangent. Rien qu'à voir le parquet, Sinbad a un sourire presque bêta à se dire que des tas d'autres ont passé leurs mains dessus, que peut-être un vieillard a poussé un dernier souffle apaisé en ce lieu, qu'une femme s'est occupée de son mouflet pendant qu'il courait après le chat, qu'un homme buvait en attendant le retour de son amour perdu. Des tas d'évènements ont eu lieu, le plus important étant que maintenant c'est Aurorefauve qui a décidé d'habiter ici. Comment, pourquoi, il ne saurait le dire, il lui fallait un toit et c'est tout ce qui compte. Non, à la réalité, ce qui le rend curieux c'est tout ce qu'il peut trouver autour de lui. Des soieries pas vraiment précieuses mais qui rappellent étonnement celles que des donzelles faisaient tomber de leurs fenêtres, ou encore des armes anciennes qui prennent la poussière tout en ayant cette présence rassurante. Il frémit de tout son être, pince sa lèvre inférieure, son coeur s'en serre et une nostalgie l'envahie, si grande qu'elle déborde dans ses prunelles qui pétillent d'une émotion joyeuse. Il se souvient de Port-aurore comme si c'était hier, ne pouvant se détacher de ce paysage aussi simpliste qu'il était complexe, les courses dans les rues, les mines surprises des passants remarquant qu'il manquait leur bourse dans leur poche, les soirées passées sur le toit à regarder les étoiles tout en se les pelant à outrance, le claquement de ses dents et celles de Kale, les oeillades complices ainsi que les instants calmes qui lui permettaient de réfléchir à son existence. La mer, il l'admirait déjà de haut, ce village ne portant pas un tel nom pour rien, il avait la sensation que lorsqu'il voyait cette étendue d'eau elle prenait les rayons du soleil pour prendre cette teinte si particulière, dorée et bleutée à la fois. Oh bien sûr, les habitants n'étaient pas bien riches et ceux qui l'étaient se faisaient dépouiller par le jeune pillard qu'il était, au moins ils avaient cette bonté dans le coeur, même les prostitués souriaient peu importe le temps et la chaleur ambiante, on se serrait la main tout en se donnant parfois des coups de couteau dans le dos. Soupirant, il regretterait presque ce passé révolu qui était une sacrée dose d'inconscience - celle qu'il a encore d'ailleurs, le capitaine a beau se dire qu'elle a filé de son corps au moment des sept voyages, elle persiste à rester en lui tout comme l'enfant qui frappe dans ses iris, souhaitant sortir de ce squelette d'adulte qui lui fait bien trop de mal. « Je ne jette jamais rien. Sans parler d’utilité, c’est toujours agréable de se replonger dans les bons vieux souvenirs. Et comme ça, j’ai toujours un peu d’Afshin avec moi. » Oh, il le comprend, plus que quiconque sur ce royaume. Lui aussi a la fâcheuse tendance de collectionner tout ce qui lui passe sous la main, pouvant tant passer par des ossements que par des bijoux chapardés à gauche à droite, son seul souvenir de sa contrée d'origine, ou plutôt de sa bourgade, c'est le collier qu'il porte autour du cou et dont il ne se sépare pratiquement jamais. Lorsque celui-ci est perdu il passe un temps considérable à vouloir remettre les doigts dessus, sans trop savoir pourquoi il a cette bêtise de se dire qu'il lui porte chance. La pierre de lune n'a de cesse de briller, tout comme son entêtement, sa capacité à s'illusionner juste assez pour qu'il ne s'y perde pas. Il rejette pas la réalité loin de là, disons qu'il s'en éloigne pour ne pas la laisser le détruire totalement. Jeiran bouge à gauche à droite, dégage d'un fauteuil une pile assez conséquente de paperasses dont il n'a cure pour l'instant, trop obnubilé par cette décoration semblable à un fouillis. Il apprécie particulièrement quand tout échappe ainsi, quand rien n'est rangé, selon lui ça donne encore plus envie de découvrir ce qui se cache derrière chaque statuette en métal. « Puisque tu es là, tu vas bien partager un thé à la menthe avec moi ? Recette garantie cent pour cent de Port-Aurore, c’est mon vieil ami Ali Baba qui fait venir les feuilles directement de là-bas. » Les mains jointes derrière son dos, il hoche avec plaisir sa tête en signification que bien évidemment ce serait un honneur de partager un thé avec lui. Ne répondant qu'à son courage de faire bouillir l'eau, l'inventeur disparaît aussi rapidement qu'il le peut dans la cuisine non pas très loin. Et Sinbad reste planté dans cet immense salon qui n'a de cesse de l'étonner dans le bon sens. Un sourire étire ses lèvres, parfois il se rapetisse en se demandant ce qui a bien pu passer dans la tête à Aurorefauve pour faire ceci ou cela. Des rouages traînent à gauche, à droite, des horloges ne donnent plus le temps - ce qui aurait le mérite de rendre plutôt nerveux le flibustier à l'accoutumée, que seraient les hommes sans cette notion des heures ? Des minutes ? Des secondes ? Il est vrai que tout jeune, on nous apprend à comprendre à quel moment il faut se coucher, quand il faut se lever et vice-versa. Cependant, est-ce que quelqu'un s'est déjà donné la peine de nous apprendre la valeur d'un instant ? Il semblerait que les plus simples d'esprit arrivent à comprendre cette science qui échappe à quiconque, surtout à ceux qui se laissent avoir par la passion. Une douce odeur lui titille les narines, le thé à la menthe grimpe jusque-là et il a tout juste le temps de s'enfoncer dans son rêve éveillé qu'il se fait sortir par son hôte totalement improvisé. Il est plaisant, plus que charmant même et il est bon de se dire que les habitudes ne changent définitivement pas. Cette chaleur d'Afshin, cette mine réjouie venant de là-bas, pas besoin d'aller trop loin pour voyager, Jeiran se suffit à lui tout seul.

C'est donc avec grand plaisir qu'il se retrouve assis, la tasse entre les mains à se chauffer les doigts grâce au liquide délicat qui ne fait que lui ouvrir gentiment l'appétit. Il n'attend pas bien longtemps avant de poser ses lèvres sur le rebord pour prendre une gorgée mûrement méritée après une telle course aussi pitoyable soit-elle. Il n'entend même plus les brigands stupides qui n'ont pas su se faire pousser des ailes histoire de rattraper le forban trop malin pour eux. Satisfait plus que de raison, il s'estime plutôt chanceux d'être tombé comme par hasard sur l'appartement de son ami rencontré quelques semaines plus tôt, dans ce bar alors qu'il s'enfilait à la chaîne des pintes, probablement stressé pour des raisons qui lui échappent encore. Un personnage amusant et doté d'une intelligence hors du commun, il ne peut être concentré plus de quelques secondes, s'attardant sur tout ce qui lui tombe sur les iris. Des inventions qui ne sont pas terminées, il croit reconnaître une tête de chat en cuivre, plus loin encore c'est un sabre totalement désossé qui lui fait presque mal au coeur. Grimaçant en s'imaginant ce qu'il va bien pouvoir lui faire, il en profite pour se mettre en tailleurs - sale habitude qu'il a gardée de son enfance -, dorénavant totalement à l'aise il pourrait presque affirmer être chez lui. Loin de sa cabine certes, mais proche à la fois. Pinçant sa lèvre inférieure à l'entente de sa proposition, pour peu il prendrait une mine réfléchie histoire de le tourner en bourrique. Ce n'est pas le moment de jouer avec ses nerfs, surtout qu'il lui a sauvé la peau et que clairement, il pourrait le dénoncer à ses agresseurs potentiels. « Tu me prends par les sentiments Jeiran, en plus de me proposer un thé tu souhaites me protéger ? Si ma présence ne te dérange pas, avec grand plaisir. » La protection vient de n'importe quand, chez n'importe qui, il faut seulement sentir ce lien indéfectible qui connecte un être à un autre. Peut-être par le biais des étoiles qu'il ne peut plus admirer pour l'instant, qui sait ? Une seule rencontre a marqué au fer rouge ces deux hommes, l'un sachant trop, l'autre pas assez, totalement noyé sous une montagne de mensonges dont il ne connaît pas les origines. Inspirant profondément, sa respiration totalement calmée il a la sensation d'avoir complètement oublié comment il a pu en arriver là, ici, sur cette place qui lui est réservée en compagnie de l'armurier poupon. On aura beau dire ce que l'on veut, il y a des comportements qui ne trompent pas et il pourrait facilement caser Jeiran dans les indestructibles rêveurs, qui avant de se prendre la tête sur la réalité, préfèrent s'attarder sur les chimères qui hantent leurs pensées. C'est un fichu rêveur, un idéaliste comme on en fait plus et ça, Sinbad, il le sait, ça se ressent, ça se refile par des gestes qui ne trompent pas. C'est beau d'être ainsi, il l'envierait presque. Fronçant les sourcils à la vue des dessins qui jonchent la petite table juste à côté de lui, il se concentre d'autant plus en remarquant des cartes. Elles ne sont pas très simples, au contraire, elles sont gribouillées de traits qui se rejoignent, très incertains, il jurerait même apercevoir certains qui ont été très mal effacés. Posant la tasse sur le peu de place qu'il reste sur le meuble en bois, il souffle l'air de rien. « Tu t'intéresses à la cartographie ? » Perplexe à outrance, il ne lui laisse pas le temps de lui dire oui ou non que le voilà avec les parchemins qui s'étalent sur ses genoux croisés. Hypnotisé par les marques colorées qui dessinent parfois des îles, c'est un chemin plutôt net qui valdingue un peu partout, lui rappelant avec une certaine amertume ses escales. Ce n'est pas pareil. Ce n'est pas possible. Il y a des maladresses, ce doit être autre chose, après tout Jeiran en tant que curieux digne de ce nom, il a bien dû utiliser les bateaux à un moment ou à un autre pas vrai ? Déglutissant quelque peu, ses traits restent détendus pour sa plus grande stupéfaction. « C'est impressionnant... Plutôt gauche je te l'accorde, néanmoins assez clair lorsque la terre de départ est trouvée. » Lui jetant un rapide coup d'oeil il se replonge sans aucune gêne dans cette découverte qui ne le laisse pas de glace. Un peu plus à gauche et il aurait trouvé l'île au cyclope, encore au sud il aurait croisé les serpents géants, au bout même se trouve celle des cannibales qui ont voulu le dévorer. C'est précis et imprécis à la fois, ça veut tout dire sans rien vouloir dire en même temps. Tout se mélange dans son esprit, il ne comprend pas. Il préfère jouer la carte de l'innocence plutôt que de vouloir y trouver une quelconque concordance avec lui. Jeiran ne le connaît pas, lui non plus, qu'est-ce qu'ils pourraient avoir comme petit truc en commun pour qu'il fasse une telle chose ? Non, ça le dépasse déjà, il suffit. Passant un doigt sur la surface malléable, il s'arrête au nord-ouest de la feuille, de son autre main il attrape un crayon ayant déjà bien vécu sur la table pour tracer un rond net, il ajoute presque fier de laisser sa trace. « Ici, précisément ici, n'y va jamais. Ce morceau de terre est disons particulier, mon dernier voyage s'est déroulé là et ne m'a laissé que de mauvais souvenirs. Un seigneur avide d'esclaves y fait régner sa terreur, fort heureusement pour moi j'ai pu échanger ma liberté et celle de mon second pour quelques défenses en ivoire, pauvres éléphants... » Soupirant il pourrait presque être plus dépité pour les bêtes que pour lui-même. Il avait dû apprendre à user d'un arc, de flèches en argent pour se débarrasser des bestioles gigantesques qui mangeaient tranquillement des fruits accrochés à des arbres. Septmers a arraché beaucoup de vie durant son apprentissage de l'existence, tant d'hommes que d'animaux, à y repenser il en fronce un peu plus les sourcils. « Hm... Est-ce ici que tu as voyagé mon ami ? Parce que aussi surprenant que cela puisse être, nos haltes sont plutôt proches l'une de l'autre. » Et cette fois-ci toute son attention se pose sur Jeiran, attendant vivement une réponse qui pourrait éclairer les zones d'ombre qui s'étalent sur ce tapis de lumière. Est-ce qu'il est effrayé à l'idée de concevoir le pourquoi du comment ? Certainement un peu. Il ne doit pas se monter l'esprit de fausses idées qui font souffrir son crâne déjà bien trop plein à son goût. Du même sable, du même océan aussi jusqu'au sel dans les veines qui ouvre de vieilles plaies dissimulées sous un voile.
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FORT FORT LOINTAIN



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⊱ pseudonyme : Zabolac.
⊱ tête mise à prix : Santiago Cabrera
⊱ crédits : LAURA et Tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 01/01/1970
⊱ tes licornes : David Leféroce.
⊱ schillings : 0

⊱ ta race : Humain, même s'il a toujours rêvé d'être un nuage.
⊱ allégeance : Qui ça ?

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Sinbad ¤ castle on a cloud EmptySam 31 Jan - 0:08



sinbad & jeiran
crying at all is not allowed, not in my castle on a cloud

Lentement, Jeiran commençait à se sentir à l’aise. Passés les premiers instants de frayeur à s’inquiéter qu’un signe ne le trahisse, quelque chose dans son salon, dans son attitude, il commençait à se détende alors que Sinbad inspectait l’endroit, l’air aussi content et curieux qu’un enfant qui vient de découvrir une cachette secrète dans sa propre maison. Pour une fois, l’inventeur se sentait le plus vieux des deux. Un sourire se dessina sous sa moustache alors qu’il ramenait le plateau de thé sur la petite table encombrée devant la cheminée. S’il s’extasiait de la sorte dans son modeste salon, il faudrait qu’il l’emmène chez Ali Baba, il serait soufflé… Et aussitôt, Jeiran ressentit un pincement au cœur. Allons bon, voilà qu’il se mettait à planifier, maintenant. Comme s’il allait revoir Sinbad après cette soirée imprévue. Il avait beau l’appeler ami, il se doutait bien que c’était plus par gratitude qu’autre chose, du moins il s’interdisait de penser le contraire, pour se préserver peut-être ? Que valait-il mieux, se retrouver relégué au rang de plus proche ami de la femme qu’on aime pendant qu’elle s’épanouit avec un autre, ou devenir l’ami de son frère qui s’ignore quand on crevait d’envie de tout lui avouer ? L’un comme l’autre aveu, deux formes d’amour différentes, aussi meurtrières l’une que l’autre, ne ferait que tout détruire. Alors Jeiran se taisait, moitié priant qu’on achève bientôt son calvaire, moitié priant pour qu’il se renouvelle à l’infini. Drôle de philosophie masochiste dans laquelle il ne se reconnaissait pas, mais il semblait bien que la présence de Sinbad provoque chez lui des réflexes qu’il ne se connaissait pas, ou qu’il avait oublié depuis quinze ans que son frère avait pris la mer. Sa tasse de thé à la main, il se laissa tomber dans le fauteuil en face du marin, laissant échapper un soupir.

« Tu me prends par les sentiments Jeiran, en plus de me proposer un thé tu souhaites me protéger ? Si ma présence ne te dérange pas, avec grand plaisir. »

Jeiran se contenta de hausser les épaules avec un sourire, levant sa tasse de thé comme on lève un verre pour porter un toast. Après tout, puisqu’il était là, il pouvait bien laisser ses craintes de côté et laisser parler un peu le môme de onze ans encore en lui, celui qui aurait voulu passer plus de temps avec son frère, celui aussi qui venait d’Afshin et ne refusait jamais son hospitalité, celui qui aimait la compagnie des autres, leur proximité, leur chaleur. Les gens mauvais se nourrissaient du chaos, les gens prudents se nourrissaient de l’ordre, et Jeiran se nourrissait d’un peu de bonté et des hasards de la vie. Y compris ceux qui malmenaient son pauvre cœur. Toute médaille avait son revers, après tout.

Soudain, Jeiran vit Sinbad se pencher sur la table où il avait déposé tout son bazar quelques instants plus tôt. L’inventeur pencha légèrement la tête de côté, se demandant bien ce qui avait pu attirer l’attention de Sinbad au point de lui faire froncer les sourcils de la sorte. Il eut bien vite la réponse. Bien trop vite.

« Tu t'intéresses à la cartographie ? » demanda-t-il innocemment. Jeiran ne tilta pas tout de suite. A vrai dire, il dut même jeter un coup d’œil aux papiers qui traînaient là pour comprendre de quoi il parlait. Et son cœur s’arrêta tout net de battre, et son sang fit un dernier tour, et il bénissait son teint mat qui empêchait sûrement de trop voir que toute couleur venait de déserter son visage. Les cartes. Celles qu’il avait dessinées, à l’âge de quinze ou seize ans, quand Sinbad avait quitté Port-Aurore pour aller parcourir le monde. Celles qu’il avait gribouillées à l’aide d’un vieil atlas sûrement plus d’actualité et à partir des récits qui revenaient jusqu’à eux, les aventures de Sinbad le marin, la légende qui se construisait. Les tentatives maladroites d’un petit frère abandonné de ne pas complètement perdre le fil. Il les avait gardées malgré les années, et maintenant, il ne souhaitait qu’une chose : que la foudre frappe la maison et les fasse brûler. « C'est impressionnant... Plutôt gauche je te l'accorde, néanmoins assez clair lorsque la terre de départ est trouvée. » Jeiran se força à sourire, crispé. Bie sûr que ses dessins étaient gauches, il savait à peine tenir un crayon à l’époque, il n’avait pas encore reçu la formation de maître Nouroz, et si sa mère lui avait appris à lire et écrire, le reste des arts laissait un peu à désirer. Alors dessiner une carte en cachette pour suivre les progrès de son frère en suivant uniquement les ragots qu’il entendait… il s’étonnait lui-même d’avoir réussi, à vrai dire. « Ici, précisément ici, n'y va jamais. Ce morceau de terre est disons particulier, mon dernier voyage s'est déroulé là et ne m'a laissé que de mauvais souvenirs. Un seigneur avide d'esclaves y fait régner sa terreur, fort heureusement pour moi j'ai pu échanger ma liberté et celle de mon second pour quelques défenses en ivoire, pauvres éléphants... » poursuivit Sinbad, visiblement sans se rendre compte du trouble dans lequel Jeiran se retrouvait tout d’un coup à se débattre. Immobile, incapable de décider comment réagir, il se contentait de hocher la tête pour acquiescer, pour l’encourager à continuer son récit peut-être, pour l’encourager à se taire aussi. Jeiran ne savait plus quoi faire. Il était complètement pris au dépourvu. Où était passée l’impression de confort et de sécurité qui était là à peine quelques secondes auparavant ? Où était passé le sentiment de parfaite sérénité qui régnait d’habitude dans ce paisible salon ? Décidément, SInbad avait le chic pour semer le chaos partout où il passait. D’abord cette soirée à la taverne avec Hansel, maintenant ici. Il était beaucoup plus néfaste pour ses nerfs qu’il ne l’aurait cru. Jeiran déglutit avec difficulté, cherchant une échappatoire, mais Sinbad semblait bien décidé à l’achever. « Hm... Est-ce ici que tu as voyagé mon ami ? Parce que aussi surprenant que cela puisse être, nos haltes sont plutôt proches l'une de l'autre. »

Pris au piège. Jeiran ouvrit la bouche, mais aucun son ne put sortir de sa gorge. Il simula une toux pour gagner quelques secondes, pour donner le change, pour se donner quelques instants de répit, mais il savait qu’il ne s’en tirerait pas si facilement. Il fut soudain très – trop - conscient des secondes qui l’horloge faisait résonner, tic, tac, tic, tac, autant de secondes de silence qui trahissaient un plus son secret. Un secret inavouable, empoisonné, mortel. S’il n’achevait pas Sinbad sur le coup, c’était lui, Jeiran, qui y resterait. Parce qu’il ne supporterait pas la réaction de Sinbad, il le savait. Dieu, ou plutôt le Diable, lui offrait là une occasion en or d’enfin lâcher le poids qu’il portait à bout de bras depuis tant d’années. Mais Jeiran savait que ce n’était pas si simple. Il savait que s’il craquait, il le perdrait à tout jamais. Et il n’était pas encore prêt à courir le risque. Ou l’était-il ? Enfin, l’inventeur réussit à répondre :

« Non, c’est… mon frère. » Le mot était lâché. Et aussitôt, il ajouta : « Mon frère Selim. Mon grand frère. » Il avait la gorge sèche, la voix étranglée. Et paradoxalement, il se noyait, et espérait que la fin viendrait rapidement. Baissant les yeux pour ne pas croiser le regard de Sinbad, il poursuivit, dissimulant la vérité dans le mensonge, un odieux mensonge, un mensonge qui disait tout, un mensonge si criant de vérité qu’il en avait presque mal. « Je ne l’ai que peu connu, il est parti vivre assez loin de nous quand j’étais tout petit mais… c’était un garçon courageux, avec des rêves d’aventure plein la tête. Il a fini par prendre la mer, je n’étais encore qu’un gamin et je… » Accroche-toi Jeiran, accroche-toi à ce que tu peux. Bon sang, il n’en revenait. Il était en train de tout lui dire, tout. A quelques détails près. A un nom près. C’était de la torture, et Sinbad était son bourreau involontaire et inconscient. Et il fallait bien l’avouer, il se faisait sûrement du mal à lui-même, tout seul, comme un grand. Lui qui prônait la simplicité en toute circonstance, il se compliquait bien la vie avec ces semi-mensonges. Mais le mensonge passait toujours tellement mieux quand il était enrobé dans un écrin de vérité. Machinalement, Jeiran triturait une chaîne à son cou. « … j’ai dessiné ses cartes pour suivre son parcours. Quelle coïncidence que vous soyez passés par les mêmes coins. Peut-être vous êtes vous suivis l’un l’autre sans le savoir. »

Jeiran eut un rire, comme un rire nerveux. Dieu qu’il se sentait mal. Il fallait qu’il limite les dégâts. Alors, au moment même où il était encore déchiré entre la vérité et le mensonge, il atteignit un point de rupture, et prit sa décision. Et il annonça : « Malheureusement, il est mort. En mer. Il y a quelques années de ça. » Voilà, il avait tranché. Mensonge ce serait. Pas d’aveu, pas de tragédie familiale pour ce soir, seulement une sortie tout droit de son imagination, sans possibilité de revenir en arrière. Pas ce soir en tout cas. Pas cette fois. Jeiran releva enfin les yeux vers Sinbad, lui dédia un sourire dans lequel on pouvait encore deviner la véritable bataille intérieure à laquelle il venait de se livrer, et que Jeiran espérait qu’il mettrait sur le compte du souvenir de la mort de ce Selim. Quelle triste farce. Le cœur de l’inventeur battait à tout rompre dans sa poitrine, et il sentait qu’il avait les mains moites. Il était passé bien près de la catastrophe, et peut-être n’en était-il pas si loin encore. Inquiet, il releva les yeux vers Sinbad, cherchant à le sonder, à savoir s’il avait vu à travers l’odieux bobard ou s’il l’avait avalé tout rond. Jeiran n’aimait pas mentir, ne le faisait pas souvent. Il était bon pour dissimuler ce qu’il éprouvait, mais inventer des histoires, ce n’était pas son fort. Il inventait des objets, des machines plus extraordinaires les unes que les autres, mais le mensonge… Il porta sa tasse de thé à ses lèvres pour se donner une contenance, son cœur tambourinant encore dans sa poitrine. Il voulait, et ne voulait pas connaître la réaction de Sinbad. Le danger était trop proche. Il pouvait sentir le souffle glacial de la déception, et du destin, souffler dans son cou découvert. Il frissonna, mais tenta de ne pas le montrer.

« Excuse-moi, ce n’est pas le genre de récit qui donne envie de rire. » dit-il enfin, avant de sourire à nouveau, d’un sourire faux, tellement faux qu’il en avait honte, et d’ajouter pour détourner la conversation : « Parlons d’autre chose, si tu le veux bien. Tu es passé par ces terres ? Tu as bien plus voyagé que moi, qui ne suis passé que par Mar-à-Calèche, le palais, et le désert avant de partir pour Saay. Quel est ton plus beau souvenir de voyage ? »

Pitoyable. Il était pitoyable. Rarement avait-il eu aussi honte.
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⊱ pseudonyme : elf
⊱ tête mise à prix : luke evans.
⊱ crédits : swan, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 01/01/1970
⊱ tes licornes : poucet, cam et gil.
⊱ schillings : 0

⊱ ta race : pauvre mortel fragile.
⊱ allégeance : ni oui, ni non, tant qu'elle vient pas l'emmerder hein.

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Sinbad ¤ castle on a cloud EmptyDim 1 Fév - 19:49



Jeiran et Sinbad
Le rêve semble réel quand on y est, ce n’est que quand on se réveille qu’on se rend compte qu’il avait quelque chose d’étrange...

La malédiction des sept mers le suivra donc jusqu'à la terre, elle ne cessera jamais de lui rappeler ce qu'il a pu faire durant ces sept années, parce que le chiffre sept perdure et sept équipages, et sept morceaux de coeur avalés par les océans. Sept. Sept. Sept destinations. Sept désolations. Sept bêtises qu'il pourrait regretter amèrement. Il est vrai que souvent la souffrance pousse l'être à se reculer, à déguerpir le plus vite possible et surtout à culpabiliser des choix qu'il a pu faire, cependant ces aventures douteuses ont permis de le forger et nul doute qu'il ne serait pas le même s'il n'avait pas simplement vécu ses espoirs les plus enfouis dans son crâne d'enfant. S'il rend de toute façon encore hommage à ses hommes perdus dans la gueule des monstres marins, il n'empêche que des joies il lui arrive d'en garder. Comme celle d'une bouteille de rhum terminée adossé à un arbre avec son second, les tempêtes incroyables qui lui refilaient des frissons jusqu'au plus profond de sa carcasse, ce tout gigantesque qui lui rappelle à quel point faire battre son coeur n'est pas chose aisée. Oh certes, les sentiments y sont, ils resteront de toute manière et ne pourront clairement pas se faire remplacer par des entités fausses et vicelardes, cependant un être humain ne pourra pas lui donner ça. Tout ça. Tout ce que le fait d'être né lui a refilé peu de temps après qu'il ait su marcher. Devrait-il dans ce cas se séparer de ses proches ? Leur affirmer que de toute façon il n'est que néfaste et continuer ses escales en solitaire ? Ce n'est pas faute d'y avoir pensé, mettre en pratique les songes est une autre histoire sur laquelle il n'aime pas s'étaler des heures durant. Ce serait une option qu'il ne doit pour autant pas mettre de côté, qui sait le jour où ils regarderont leur supérieur avec de la haine ? Plus d'admiration, plus de confiance aveugle, rien si ce n'est une rage éteinte qui se fait ronger par une amertume grandissante. Ce jour-là il prendra ses bagages, dira adieu à ses chimères et se lancera dans une quête interminable, qui prendra sa fin à l'instant précis où son dernier souffle passera la barrière de ses lèvres. Seule la mort peut avoir tous les droits, seule elle peut se vanter de casser une âme encore trop malléable, et elle le fait si bien qu'il en résulte des coquilles totalement vides. Certains pourtant résistent à l'invasion des peines macabres, chez Jeiran il peut voir ça. Lui ne peut être bidouillé de manière à ce qu'il ne voit que du noir dans son horizon, il peine à y croire tout simplement parce que dans son regard des tas d'enfants jouent, font la ronde, dansent, chantent, parfois pleurent parce qu'ils se sont ramassés dans la terre, toutefois ils sont coriaces et lui offrent des idées abracadabrantesques. Durant une seconde, le pirate se surprend à l'envier plus que n'importe qui sur ce royaume pour cette candeur qui lui appartient, juste assez pour rappeler celle d'un mouflet qui va voir son géniteur tout fier en tenant une grenouille entre les pattes. A l'imaginer ainsi, il ne peut qu'avoir un ridicule rictus dans le coin de ses lippes. Il aurait aimé le connaître des années plus tôt, ils auraient pu s'entendre et de ça il en est convaincu. La légèreté prend fin lorsqu'il retrace du regard les destinations se chevauchent parfois, surtout quand son interlocuteur trouve une raison à ce gribouillage. « Mon frère Selim. Mon grand frère. » Oh, son air grave et décousu ne laisse rien présager de bon. Il a touché la corde sensible sans vraiment le vouloir, une part de lui s'en veut alors que l'autre est d'autant plus curieuse et heureuse d'en apprendre sur l'inventeur légendaire. Il est toujours amusant de savoir comment des évènements ont pu vous forger, même les plus glauques peuvent s'avérer utiles, et les plaies forgent les âmes les plus avisées dit-on, même si à ce sujet Sinbad n'arrive pas à être totalement sûr, surtout le concernant. Il faut bien croire en quelque chose, sans quoi rien ne vaut le coup et vice-versa, alors il veut bien s'attarder sur la condition de sa race qui ne fait que dépérir et le surprendre au fil du temps. Mains posées à plats sur les parchemins, il penche sa tête d'un côté en l'écoutant attentivement - parce qu'un récit n'est pas intéressant lorsque l'auditoire n'est pas totalement obnubilé par le narrateur. Celui-ci, en plus de faire passer n'importe quelle émotion par le biais de ses billes de vision, a un timbre plutôt doux qui emporte le corsaire loin de ce rivage à l'herbe verte. Le sable. Il arrive à visualiser deux garçons qui gloussent en se moquant des vêtements d'un bourgeois qui cherche de quoi remplir son panier, Jeiran le plus jeune est curieux, se glisse sous les étales, tire sur la soierie précieuse pour faire peur au passant pédant qui ne sait pas d'où vient cet effroi. Et le plus grand, ce Selim qui le rattrape pour l'empêcher de se faire avoir, les deux qui filent aussi vite que le vent en se marrant le plus du monde. Ce qui fait le bonheur d'un si jeune petit mortel ? Rien, il lui en faut peu, le sourire d'un autre, la présence d'un aîné en l'occurrence qui saura le rassurer peu importe la situation. Oui, il les voit très bien. Les frères à Afshin sont partout et se trouvent, même s'ils ne sont pas de sang ils peuvent incarner et combler des trous béants - Sinbad ne connaît que trop bien ce sujet.

Cependant, plus il avance, plus il sent une fausse note se pointer dans ses oreilles, quelque chose qui cloche, démange sous la peau à un tel point qu'il faut gratter pour trouver l'affreux insecte qui dévore les muscles. Une certaine mélancolie s'empare d'Aurorefauve, sa voix se fait de plus en plus basse le long de son récit, il brode de façon douce la chute macabre qui fait perdre toute flamme dans les prunelles de celui qui l'écoute. « Malheureusement, il est mort. En mer. Il y a quelques années de ça. » Bien sûr, et si ça se trouve il était peut-être sur son rafiot ? Il a du mal à se croire, il se serait souvenu d'un Selim, après tout, les prénoms de ceux qui ont posé le pied sur le vieux parquet grinçant de ses navires sont toujours restés intacts dans son esprit torturé. Le hasard, donc a su relier ces deux êtres alors que jamais ô grand jamais ils n'auraient pu se tomber dessus en temps normal. Une gêne s'empare de lui, un malaise qui le pousse à grimacer en baissant diamétralement ses iris vers la paperasse qui craquèle à peine sous ses gestes d'un seul coup plus gauches. Bon sang, on dirait qu'il touche une relique maintenant qu'il ne devrait même pas oser frôler. Recommençant à torturer son lambeau de chair rougi par le froid qui passe parfois entre eux, c'est avec la plus grande inconscience qu'il entrevoit le décès de ce Selim Aurorefauve, un homme qu'il aurait peut-être apprécié, un être avec qui il aurait pu discuter. Pour peu, il en aurait les larmes aux yeux. Comment fait-il à supporter ça ? A exister avec cela sur la conscience ? Pour ne pas rendre sa perte vaine se dit-il, ce doit être à peu près cela, un honneur qui résonnera grâce à ses machines, ses créations que peut-être il façonne pour ce marin disparu. « Excuse-moi, ce n’est pas le genre de récit qui donne envie de rire. » Non bien sûr que non, si la faucheuse était sujet à se fendre la poire cela se saurait et bien que des comiques se débrouillent assez bien en ce domaine, ce n'est pas le cas de Septmers qui attrape d'une main libre la tasse de thé pour reprendre une gorge comme pour se laver de toute maladresse. Il a le chic pour tomber sur des conversations qui tournent mal, comme si ça ne suffisait pas qu'il se blesse, il faut en plus qu'il ouvre les cicatrices des autres. Poussant un soupir et pestant contre sa personne il garde malgré tout les cartes entre ses jambes, sûrement de peur d'attiser les foudres de son ami qui pourrait clairement lui en vouloir d'agir ainsi. Inspirant profondément et encore retourné par cette nouvelle qui lui arrache un frisson dans toute sa colonne vertébrale, il récupère tout juste sa dernière parole en vol. Secouant un peu sa tignasse négativement, il retient un vague rire de gorge presque dépité. « Tu n'as pas à - non vraiment, tu n'as pas à t'excuser, pas pour ça. Je devrais même plutôt moi te demander ton pardon, ce n'est pas toujours disons, aisé de parler de ça. » C'est quand les termes nous manquent que l'on peut clairement dire que nous sommes de grands idiots. Relâchant sa lèvre pour pianoter sur la surface lisse de la tasse encore pleine il essaie tant bien que mal de ramasser ses souvenirs perdus en route, quelque part entre sa course et son escalade jusqu'à chez lui. Foutre, maintenant qu'on lui demande de taper causette il n'est plus capable de la moindre fantaisie. « Je n'ai pas eu la chance de le croiser durant mes voyages, néanmoins si tu es d'accord, j'aimerais brûler un encens de Port-aurore pour lui, après tout il a fait la même erreur que moi ; se lancer sans réfléchir dans un périple trop dangereux. » Accompagné de quelques mots, d'une prière minuscule offerte à un Dieu en lequel il n'arrive plus à croire. Où est-il passé d'ailleurs celui-là s'il existe réellement ? Hein ? Qu'est-ce qu'il fait si ce n'est attendre que sa création se détruise, les pieds en éventail devant un soleil couchant ? La vision est de rêve, la réalité l'est beaucoup moins. Et il le fera, accord ou non parce que des compatriotes ne sont pas à jeter dans des ordures. Surtout qu'à regarder plus en profondeur Jeiran, il se rend compte que ce Selim n'aurait pas pu être une mauvaise personne, ils sont fait, ou plutôt il avait été fabriqué de la même matière que son cadet, un soupçon d'inconscience mêlé à une lumière si forte qu'elle en va jusqu'à éblouir n'importe qui. Reprenant le fil de ce qui pourrait être à priori joyeux, il attaque le thé à la menthe pour la troisième fois se délectant le plus possible de ce liquide harmonieux. Après coup il hausse les épaules en fixant un point invisible dans l'objet qu'il tient, cherchant probablement son avenir dans les résidus des feuilles. « Ils n'étaient pas magnifiques, encore moins plaisants, je n'en ai retiré que des morales qui encore maintenant me narguent ouvertement. » Dit-il en affichant un sourire plus franc cette fois-ci. « Je me console en croyant que l'homme se construit tel un martyr, que dans la pire expérience il arrive à renaître. C'est sans aucun doute stupide... Non, en fait, ça l'est complètement. » Une grimace agrémente son affirmation, il reglisse la tasse sur la petite table avant de passer sa main libre sur sa nuque, la massant par simple habitude, quelques secondes après il se stoppe et laisse tomber avec lassitude l'arrière de sa tête sur le dossier du fauteuil ancien. « Il faut bien croire en quelque chose, sans quoi le reste n'a plus aucune importance... En quoi crois-tu ? » La sentence tombe, il fronce les sourcils à la vue de fissures sur le plafond puis enfin après un long instant de silence, il se plonge dans les prunelles sombres d'Aurorefauve. En quoi crois-tu ? La science peut-être ? Les faits irrévocables qui ne peuvent laisser le doute s’immiscer ? Ou bien l'illusion fantasque ? Et à cet instant, Sinbad n'est même plus sûr de savoir ce en quoi il croit.
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FORT FORT LOINTAIN



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⊱ pseudonyme : Zabolac.
⊱ tête mise à prix : Santiago Cabrera
⊱ crédits : LAURA et Tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 01/01/1970
⊱ tes licornes : David Leféroce.
⊱ schillings : 0

⊱ ta race : Humain, même s'il a toujours rêvé d'être un nuage.
⊱ allégeance : Qui ça ?

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Sinbad ¤ castle on a cloud EmptyLun 16 Fév - 2:09



sinbad & jeiran
crying at all is not allowed, not in my castle on a cloud

Il faisait noir dehors. Jeiran pouvait bien le voir malgré les volets fermés, parce que la noirceur de la nuit n’était jamais très loin de son cœur lorsque ses vieux démons venaient l’agiter. Oh il savait bien que ça ne durerait pas, ça ne durait jamais, la lumière du jour finissait toujours par revenir, pas vrai ? Et puis, il savait aussi que ce n’était pas ce qu’on attendait de lui. Lui, ce n’était pas une âme tourmentée, pas vrai ? Lui, c’était l’inventeur génial, l’esprit fantasque, l’imagination folle et l’innocence des enfants. Aux autres les tourments et les fantômes, la souffrance et la mélancolie. Jeiran aurait voulu en rire si cela n’avait pas été aussi ironique et triste. On lui avait interdit la souffrance. Parce qu’il souriait, parce qu’il était cet être chaleureux et solaire qui répandait la bonne humeur partout où il allait, on lui refusait le droit d’abandonner son rôle et de, pour une fois, profiter de la chaleur de quelqu’un d’autre. Bien sûr qu’Aurorefauve cédait aux ténèbres lui aussi, parfois. Mais seul. Parce qu’il ne connaissait pas, bien sûr, les douleurs de tout le monde, parce qu’il était dans sa bulle, dans son monde merveilleux inaccessible. Parfois, Jeiran aurait voulu expliquer aux gens. Il aurait voulu expliquer qu’il était perméable, son monde, tellement perméable. Les ombres y entraient et l’y hantaient sans qu’il ne puisse s’attendre au moindre renfort, coincé à l’intérieur de cette armure qu’il s’était construite seul et que les autres s’étaient chargés de renforcer avec toute la bonne volonté du monde. Jeiran le bienheureux ; en réalité un clown bien triste, parfois. Qui souriait alors qu’il saignait à l’intérieur. Comme maintenant face à Sinbad. Quelle situation désastreuse, quand il y pensait. Qu’est-ce qui lui avait passé par la tête quand il avait inventé l’histoire de Selim au lieu de lui dire la vérité, directement ? A peine les derniers mots de ce mensonge plus gros que lui avaient-ils franchi ses lèvres qu’il s’en était voulu et aurait tout fait pour revenir en arrière, en vain évidemment. Quel imbécile, se dit-il en laissant aller sa tête contre le dossier du fauteuil. Et Sinbad ? songea-t-il en le regardant, hésitant. Avait-il déjà deviné que Selim n’existait pas, que Selim existait trop, que c’était lui, le Selim en question ? Les yeux du marin brillaient, de cette intensité qu’il n’avait encore jamais retrouvé qu’en ses compatriotes, sous le soleil accablant d’Afshin, dans les yeux de ceux qui luttent chaque jour pour survivre, quelques heures de plus, qu’importe la faim, la soif, et la chaleur. De ceux qui vivent chaque instant comme si le suivant, c’était la mort. Cette intensité indéchiffrable qui les plaçait en dehors du reste du monde, parce qu’ils ont cette flamme muette et douloureuse et magnifique qui brûle au creux du cœur. Jeiran ne voulait pas, ne pouvait pas permettre à son secret de faire vaciller cette flamme qu’il devinait déjà trop malmenée. Alors il priait, priait de toutes ses forces pour que Sinbad n’ait pas compris, pour qu’il ait tout compris, Jeiran ne savait plus, pris entre deux feux contradictoires, entre lui, adulte et résigné, et lui enfant et plein d’espoir et de chagrin.

Il vit et entendit Sinbad soupirer, visiblement mal à l’aise. L’espace d’un instant, Jeiran crut au pire – ou au meilleur, il était complètement perdu. Et Sinbad reprit enfin la parole.

« Tu n'as pas à - non vraiment, tu n'as pas à t'excuser, pas pour ça. Je devrais même plutôt moi te demander ton pardon, ce n'est pas toujours disons, aisé de parler de ça. » Jeiran resta un instant interdit, pas sûr de comprendre. Sinbad s’excusait ? Puis il réalisa ce qu’il venait de se passer, et dut faire un effort pour retenir un rire nerveux, qui se traduisit par un sourire à demi-couvert. Seigneur. Elle était bonne celle-là. Il avait complètement gobé le poisson. Jeiran ne savait même pas s’il devait en soupirer de soulagement ou en pleurer de honte. « Je n'ai pas eu la chance de le croiser durant mes voyages, néanmoins si tu es d'accord, j'aimerais brûler un encens de Port-aurore pour lui, après tout il a fait la même erreur que moi ; se lancer sans réfléchir dans un périple trop dangereux. »

Le cœur de Jeiran se tordit d’agonie dans sa poitrine. Idiot, tu ne vas quand même pas le laisser brûler un encense en son propre honneur ? Ben si. Il ne pouvait pas faire autrement, si ? L’inventeur se passa une main sur le visage, un geste qui pouvait heureusement passer pour de la pudeur ou de la fatigue – vu l’heure c’aurait été normal – plutôt que pour ce que c’était vraiment : une honte dévorante. Il pouvait presque entendre sa mère lui reprocher d’avoir loupé la seule occasion probablement qui lui serait jamais donnée de parler enfin à son frère. Il hocha la tête, un sourire un peu forcé aux lèvres. Oui, brûle-le ton encens. Ca ne fera de mal qu’à lui, après tout. Puis Jeiran changea de sujet, l’interrogeant sur ses voyages.

« Ils n'étaient pas magnifiques, encore moins plaisants, je n'en ai retiré que des morales qui encore maintenant me narguent ouvertement. » Jouant avec un cordon de sa chemise, Jeiran releva les yeux vers Sinbad, attentif à son récit. Il avait déjà cru comprendre lors de leur entrevue à la taverne que ses voyages n’avaient jamais été de tout repos, et qu’ils lui avaient laissé des cicatrices bien plus profondes que celles qu’on pouvait voir sur la peau d’un homme. Et sans se l’avouer, il brûlait d’en savoir. Comme pour rattraper le temps perdu, même s’il savait, douloureusement, que rien ni personne ne pourrait jamais lui rendre ces trente années perdues. « Je me console en croyant que l'homme se construit tel un martyr, que dans la pire expérience il arrive à renaître. C'est sans aucun doute stupide... Non, en fait, ça l'est complètement. » soupira Sinbad, et l’espace d’un instant, Jeiran crut pouvoir distinguer ce poids sur ses épaules, les sept voyages, les catastrophes, les morts, les tragédies qu’il ne pouvait que deviner par bribes d’aveux épars. Où était-il, quand Sinbad recevait ces multiples assauts du destin ? Où était-il, quand Sinbad frôlait la mort, la folie probablement, quand le malheur dansait autour de lui et le piétinait en riant ? Dans le désert, probablement. Ou chez le Sultan, à profiter de la vie de palais. Ou à Saay, ou autre part encore, à s’émerveiller du monde en essayant de l’oublier, ce frère dont on l’avait privé, alors qu’il aurait dû lui courir après sans l’once d’une hésitation. Que se serait-il passé s’il l’avait fait ? Sinbad serait-il resté ? Ou l’aurait-il emmené avec lui ? Ou est-ce que cela n’aurait rien changé ? Il n’avait aucun moyen de le savoir… et vu son courage à l’idée de tout lui avouer, il doutait de le découvrir un jour. « Il faut bien croire en quelque chose, sans quoi le reste n'a plus aucune importance... En quoi crois-tu ? »

Jeiran haussa imperceptiblement un sourcil, pris au dépourvu. Ca c’était une question à laquelle il ne s’était pas attendu, et encore moins préparé. Mais au moins, elle avait le mérite de détourner la conversation. Posant sa tasse sur la table à côté de lui, il ramena ses jambes sous lui pour s’asseoir en tailleur, ainsi qu’il le faisait toujours lorsqu’il sentait qu’une conversation allait durer et qu’il voulait se sentir à l’aise. Un vrai moine dans son temple.

« Ca n’a rien de stupide. » commença-t-il en esquissant un sourire tout en se reversant du thé. « Je ne sais pas si l’Homme en est capable mais… certains m’en ont tout l’air. » ajouta-t-il avec un bref regard amusé vers lui. Bien sûr que Sinbad s’était reconstruit à chaque fois. Il n’en avait probablement pas conscience, ou peut-être qu’il n’avait pas envie d’en avoir conscience, mais s’il était encore debout, c’était bien que quelque part là-dedans, il y avait une étincelle de vie qui brillait encore, qui se débattait pour faire tenir la machine. Jeiran s’y connaissait assez en mécanique pour savoir que sans source d’énergie, tout s’effondrait. Y compris chez les êtres humains, qu’on l’accusait si souvent de ne pas comprendre. Et lui, en quoi croyait-il ? Lui le rêveur, lui l’insaisissable, lui l’inconstant qui voyageait d’idée en idée, au gré de son imagination et de ses caprices ? Songeur, Jeiran joua un instant avec la flamme de la bougie qui brûlait à côté de la théière. Puis il releva les yeux vers Sinbad qui le dévisageait, attendant une réponse, comme si la réponse de Jeiran avait soudainement une importance presque vitale pour lui. « Je crois… qu’on ne peut croire en rien. » finit-il par lâcher après un long moment de réflexion. Il capta l’éclat d’incompréhension qui passa dans le regard de Sinbad. Déclaration bien pessimiste pour quelqu’un d’aussi optimiste que l’inventeur. Il esquissa un sourire, indulgent face à la confusion de son cher frère. « Regarde tout ça, Sinbad Septmers. » dit-il en désignant d’un geste vague le décor qui les entourait, ses incongruités, ses richesses, ses souvenirs. « Il y a là tout ce que j’ai. Mes souvenirs d’Afshin, mes outils, mes inventions, dont certaines ont fait ma fierté et mon succès, les lettres maladroites de ma mère, un ou deux souvenirs de femmes que j’ai pu aimer… Toute ma vie. Pourtant, il suffirait de quoi… d’un incendie ? Pour que tout parte en fumée, comme ça, pfiout. » poursuivit l’ingénieur en accompagnant sa déclaration d’un mouvement léger du poignet. C’est vrai. Au fond, qu’y avait-il dans cette maison bourrée de babioles plus ou moins précieuses et de trouvailles plus ou moins géniales ? Des années de souvenirs, de travail acharné, une vie construite peu à peu, bloc après bloc, qui pouvait s’effondrer d’un seul coup par un caprice du destin. Jeiran regarda à nouveau Sinbad. « Même la science… elle fait des progrès tous les jours. Nos certitudes de demain ne seront pas les mêmes que celles d’aujourd’hui. Un jour mes trouvailles paraîtront ridiculement rétrogrades à de futurs ingénieurs ! »

Un rire sincère accompagna ces paroles. Oh oui, Jeiran savait bien qu’il n’était qu’éphémère sur cette Terre et qu’un jour, plus personne ne se souviendrait de lui. Il n’était pas assez vaniteux pour penser différemment. Juste un grand enfant qui s’amusait encore avec ses jouets en espérant vaguement qu’ils seraient utiles à quelqu’un au passage. « Je ne te connais pas bien, mon ami, mais je crois deviner que tu es quelqu’un d’intelligent, et plein de doutes. C’est pour ça que tu t’en sortiras toujours. Il n’y a que le sceptique qui soit capable de survivre à un monde qui s’écroule, et si j’en crois tes yeux, tu en as vu s’écrouler plusieurs. »

Jeiran attrapa sur la table un petit automate en forme de rossignol qu’il avait bricolé quelques heures plus tôt, en remonta la clé, et l’écouta pépier mélodieusement pendant quelques secondes. « Je passe mon temps à essayer, échouer, ré-essayer, jusqu’à ce qu’un prototype fonctionne enfin… c’est la même chose pour toi, non ? Tu tombes, tu te relèves, tu changes, tu grandis. Tu vois, ce n’était pas si stupide ce que tu me disais tout à l’heure. » conclut enfin l’inventeur dans un sourire. Jeiran savait qu'il ne savait rien. C'était bien la seule leçon de valable que son père lui avait apprise, et qu'il n'avait fait qu'approfondir au fil des années. Une marque de sagesse, diraient certains. Pour Jeiran, une expérience de la vie.
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⊱ pseudonyme : elf
⊱ tête mise à prix : luke evans.
⊱ crédits : swan, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 01/01/1970
⊱ tes licornes : poucet, cam et gil.
⊱ schillings : 0

⊱ ta race : pauvre mortel fragile.
⊱ allégeance : ni oui, ni non, tant qu'elle vient pas l'emmerder hein.

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Sinbad ¤ castle on a cloud EmptyMar 17 Fév - 14:46



Jeiran et Sinbad
Le rêve semble réel quand on y est, ce n’est que quand on se réveille qu’on se rend compte qu’il avait quelque chose d’étrange...

Les croyances. Fondements même de l'homme, sans elles, il n'irait pas bien loin et à la réalité elles ne vont pas que vers cette race, tout être existant à Fort Fort Lointain doit bien croire en quelque chose pour se donner la peine de continuer à vivre. Il y a chez chacun ce petit moteur délicat qui palpite dans le coeur, et ce pauvre organe ne peut que supporter les élans engagés par le verbe croire. Croire en quoi ? En la vie ? En la mort ? En un paradis ou bien un enfer ? Elles sont si diverses qu'il est impossible de les définir, il est même parfois possible de glisser tous ses espoirs dans une seule et unique personne. Dès lors, la croyance n'est plus tellement mystique mais belle et bien réaliste, c'est dans cette dimension-là que tout prend un sens et il vaut mieux s'y accrocher plutôt qu'à un rêve. Réfléchissant avec une certaine force sur le sujet, Sinbad a d'un seul coup du mal à trouver les fameux points cardinaux qui mènent tous au même endroit, à lui qui n'est jamais totalement seul, toutefois la mort pourrait changer la donne et se débarrasser des marionnettes qui tiennent tant au capitaine. Inspirant profondément, c'est sur un point invisible de la chemise de son interlocuteur qu'il s'attarde sans trop savoir pourquoi. Il n'est plus totalement là et repasse sans se lasser les évènements ayant construit sa personnalité - ou du moins un bout de son âme. A chaque fois il y a cette chose, cet élément qui le relie aux autres, si doux et destructeur à la fois, c'est la mer qui l'emporte vers des horizons lointains, qui jette son dévolu sur sa pauvre victime et veut lui faire croire qu'un jour il aura son retour de pièce. Foutaises. Il s'éloigne de plus en plus de ce but, ou plutôt rêve à l'atteindre sans jamais pouvoir le faire, à l'instar d'un escalier infini qui promet monts et merveilles une fois arrivé en haut, ce n'est pas ça l'existence. C'est un mensonge, c'est des chimères qui se baladent en narguant le pauvre idéaliste qui dans toute sa candeur n'arrive pas à ouvrir ses paupières collées. Il préfèrera même se crever les yeux, quelle triste fatalité que celle de ne pas vouloir la douleur là où elle s'impose. Et si elle est omniprésente, alors il faut savoir la passer sur le dos d'un autre pour ne pas avoir à supporter tout seul une telle épreuve. En s'y penchant un peu plus, ce sont des tas de noms, de visages qui ressortent et ne font que l'embrouiller un peu plus. En quoi est-ce qu'il croit ? A la science ? A la magie ? A l'océan ? Probablement un peu de tous, et faire un choix définitif s'avère plus compliqué que prévu. Pinçant sa lèvre inférieure pour sortir de sa profonde léthargie, la douleur empêche le songe, c'est bien connu. « Ca n’a rien de stupide. » Tiens, est-il donc possible qu'un souvenir d'enfant puisse devenir une conversation légitime entre adultes ? Il faut croire que oui, et quelque part Jeiran dispose malgré lui un baume réparateur sur les cicatrices indélébiles du corsaire qui ne peut empêcher un rictus satisfait de naître dans le coin de ses lèvres. Pianotant sur ses genoux par pure habitude, si avant il avait sa curiosité, dorénavant il a bien plus et s'est accaparé le respect de son aîné ainsi que toute son envie d'en apprendre de lui. Là est l'ironie du sort, puisqu'il faut croire que l'âge ne définit certainement pas les connaissances et Dieu seul sait combien de fois Kale pestait contre son ami parce qu'il lui avait appris à lire, parce qu'il était le plus grand et même si c'est toujours le cas, les expériences elles, ne sont pas similaires à tout. Un mouflet gâté à outrance ne connaîtra pas le manque, ne saura pas faire de discernement alors qu'un autre beaucoup plus pouilleux pourra sans vergogne être marqué au fer rouge du destin jusqu'à ce qu'il en meure, des chemins s'offriront à lui, du bon, du mauvais, tout est une question de point de vue. « Je ne sais pas si l’Homme en est capable mais… certains m’en ont tout l’air. » Une oeillade malicieuse lui est offerte en signe de visée et à priori, Septmers pourrait en faire de même avec son nouveau maître en la matière. Buvant ses mots à outrance, ils font tous écho à quelque chose, il ne saurait dire quoi toutefois son pauvre coeur se serre et sa nostalgie prend le dessus, ce qui fut ne sera plus et vice-versa, toutefois il ne peut faire autrement que de se remémorer les joies, les pleurs, les rires et les disputes qui ont taillé sa figure dans le sel. « Je crois… qu’on ne peut croire en rien. » Assez beau tout en étant assez horrible, il fait tomber ceci comme d'une demande de mort à un pillard qui n'avait pas mérité un tel traitement. C'est dur et c'est plaisant à la fois, ça met en pleine figure ce qui n'arrivait pas à se définir fut un temps. Sourcils froncés, il penche à peine sa tête du côté droit et le dévisage à sa façon cherchant à déceler peut-être une faille chez l'inventeur qui a fait bien plus que lui sauvé les miches, il lui offre une leçon de vie qui peut être toujours bonne à prendre. Apprendre de sa propre personne est une chose, se faire aux témoignages d'un inconnu c'en est une autre et le prince du désert ne se lassera probablement jamais d'écouter en silence les mésaventures d'une gueule cassée.

Celle de Jeiran paraît si lisse que l'on pourrait croire que cet hurluberlu est incapable de tirer des conclusions de ses mauvaises passes. Et pourtant, comme toujours les apparences sont trompeuses et réservent bien plus que des surprises. C'est avec un plaisir loin d'être dissimulé qu'il avale tout ce qu'il peut lui conter avec ses propres termes, avec son cheval enchanté disparu il y a un temps plus que considérable. « Regarde tout ça, Sinbad Septmers. » Dès lors, le sens se fait de manière beaucoup plus nette, il n'a pas besoin de continuer plus loin qu'il arrive à percevoir le fin fond de sa pensée macabre. Oui, tout est éphémère, tout peut filer en un coup de vent y compris ce qu'ils sont et pour imager l'exemple qu'il vient de tirer, c'est en citant le feu qu'il met une véritable claque au flibustier qui ne souhaite rater aucune miette de ce qu'il lui propose. Si ce n'est pas par le crépitement des étincelles, alors quoi d'autre est à prendre en compte ? Les vagues, la terre qui tremble ou encore les vents qui se rebellent contre les tortures que toute la populace lui a infligé. Il y a une part de vengeance dans absolument tout, la manière de se défendre elle, par contre est totalement différente d'un monstre à un autre. Les serpents ont le venin, certaines fleurs sont carnivores et les éléments grandissent jusqu'à tout engloutir. En ce qui concerne les bêtes de chair, de sang, qui peuvent construire comme tout démolir c'est spécifique d'un esprit à un autre. Tout change. Certains prendront les armes, d'autres le bouclier ou encore la force des mots. Le poète préférera bien sûr déblatérer sa haine à travers le magnifique plutôt que de se contenter de la tuerie d'une guerre et vice-versa. Le combattant voudra que le liquide vital coule à outrance jusqu'à ce qu'il ait la paix, et le génie lui ? Il voudra toujours retaper le monde à sa guise, l'améliorer ou vouloir le dominer, souhaitant la gratitude d'autrui et de se débarrasser enfin des démons qui triturent son pauvre crâne. Quant à l'écumeur, celui-ci se passe presque de commentaire puisque totalement changeant, il est à l'instar du reptile pouvant changer de peau et de principes, le mensonge est si facile qu'il en devient une philosophie de vie. Il y donc dans cette pièce deux extrêmes qui peuvent cohabiter tout en étant capables de se faire du mal à outrance. Il y a la raison et la déraison, la bêtise et la sagesse, la lucidité et la sagesse, et par les sandales de Merlin, en faire une liste serait beaucoup trop long. Ils se mêlent, se tissent jusqu'à former cette imperfection et dans l'inconscience de l'un, il arrive à en tirer quelque chose. Toujours. C'est ainsi qu'il marche. Le sceptique, il le surnomme comme ça, alors est-ce son titre qu'on gravera sur sa tombe ? Sinbad Septmers, le sceptique ? Ce n'est pas bien déplaisant, c'est même amusant et il se surprend à en chercher un pour Aurorefauve qui arrive à lui redonner une chaleur naissante dans le ventre, elle fait du bien, elle met à terre les douleurs qui prennent une avance considérable sur tout ce qu'il peut être. Jeiran Aurorefauve l'idéaliste, le génie, le borné, le têtu, le rêveur, le rieur ou encore le malchanceux. Puisque la perte d'un frère a su lui faire construire une carte entière, puisque tout ce qu'il aimait s'est envolé dans le couloir d'une cheminée. Ils ne sont pas si différents. Ils se ressemblent un peu trop, ce qui a le mérite de le fasciner plus que de raison. Ils se relèvent, ils tombent puis se relèvent et ce depuis qu'ils ont vu le jour sous le soleil de plomb de Port-aurore.

Frémissant à la fin de son long monologue, il étire un large sourire sur son visage tabassé par les méfaits des années alors qu'une boule de poils très peu discrète vient se nicher sur l'accoudoir, puis, avec une grâce digne d'un éléphant vient s'écrouler sur les jambes croisées de Sinbad. Surpris sur l'instant, il ne l'a même pas entendu venir et perçoit dans tout cet amas velu un morceau de bois ou de rouilles, il ne saurait pas trop dire, néanmoins réalisé d'une main experte celui-ci fait office d'une patte pour la pauvre bête qui aurait perdu à priori de quoi se mouvoir correctement. Celle-ci ronronne contre le trafiquant qui aborde un rire léger en signe de réponse. Ne souhaitant pas pour autant dériver du sujet principal de cette entrevue, ses doigts passent tout de même avec lenteur sur le dos du chat boiteux. « C'est ce qu'il faut faire, après tout nous n'avons pas neuf vies comme eux. » Dit-il en baissant ses prunelles vertes vers l'intrus qui s'est glissé dans la crevasse entre ses membres, totalement à l'aise par extension il baille sans aucune bienséance - au moins les animaux n'ont pas à répondre à des règles de vie, il l'envie sur l'instant jusqu'à aborder le regard de son ami. « Et pourtant il n'y a pas que le présent qui peut s'effriter, le passé aussi est manipulable à souhait si tant bien est que nous le voulons. Notre pauvreté peut devenir une richesse inestimable et il est possible de tout renier, jusqu'à notre identité rien que pour... » Il cherche quelques secondes, il ne trouve pas ce qu'il veut et hausse les épaules. « Pour quoi, d'ailleurs ? Pour plaire ? Pour s'attirer de la sympathie ? » Un boulanger peut se faire passer pour un bon prince s'il a la tenue adéquate ainsi que la manière de causer, tout peut devenir n'importe quoi, tout peut se refaire, se retaper à outrance si le courage est mêlé à cette envie. C'est fort. C'est puissant, et ça peut aussi exploser en pleine figure de celui qui voulait seulement se faire aimer par les autres. Ceci explique donc pourquoi les origines ne peuvent être reniées et Sinbad n'est que trop jouasse de se retrouver avec l'incarnation de la sincérité devant lui. Continuant son petit travail sur le bestiau de compagnie qui bouge à peine il reprend la parole. « Je dois bien avouer qu'il est loin d'être désagréable de tomber sur quelqu'un comme toi, et qu'aillent au Diable ceux qui ne voient pas cette humanité qui te sied si bien. » Parce que le navigateur lui n'est pas quelqu'un doté de cette part si précieuse qui qualifie à la perfection Jeiran. Non, il ne l'a pas, il ne l'a plus depuis longtemps et à la réalité, elle s'est faite remplacer par des principes qui deviennent des règles, des lois auxquelles il ne veut pas déroger. Ils est de ceux qui entourloupent, de ceux qui font claquer leur langue serpentine pour s'attirer les bonnes grâces, de ceux qui ne s'écoutent qu'eux-mêmes tout en offrant la corde à ceux qui se laissent avoir. Il est mauvais, ou presque du moins et s'enfonce dans cette obscure voie qui le mènera dans un trou creusé rien que pour lui. Le plus déplorable, c'est qu'il le sait et que les changements ne se feront pas, au moment de sa création il a été décidé qu'il agirait tel un vandale et même la gentillesse de son père n'a rien pu y faire, attiré par l'extérieur, par les escales et pas le commerce c'est une déception grandiose qu'il lui a offerte avant de partir pour cet autre royaume, là où les âmes dansent. Sinbad n'est pas fait pour rendre fier quelqu'un, Sinbad n'a pas été façonné pour rendre heureux. « Tu dois la protéger, tout comme la passion qui t'habite, la garder contre toi et ne laisser personne te l'acheter. Peut-être sont-ce les paroles d'un père que je vais te dire, néanmoins... Ne deviens pas fourbe, ne te laisse pas blesser par les chutes qui parfois s'accumulent, tu ne crois en rien et tu as bien raison. Au moins tu t'épargnes des lunes à te torturer, tu restes fidèle à toi-même ce qui est à mon sens le plus important. » Un petit silence, ses côtes se sont ouvertes pour laisser place à ce coeur battant, dévoilant enfin ce qui brûlait sa gorge, c'est une mise à nu. « Je te respecte énormément pour ça. Tu incarnes une bonne partie de ce que j'aurais aimé être à l'époque. » Un soupçon de mélancolie lui tape derechef en plein dans le mille, pour ne pas tomber dans ce cercle vicieux il zieute attentivement les gestes du chat entre ses pattes qui gigote, se plaint même lorsqu'il arrête ses caresses millimétrées. Fronçant les sourcils un peu plus, une fois tout dit il peut enfin bifurquer sur autre chose. Sur une prothèse précisément. « Que lui est-il arrivé ? Une bagarre inégale ? » Que l'inventeur a pu estomper en lui permettant un nouveau souffle, faisant grandir le bourgeon jusqu'à ce qu'il devienne une fleur. C'est ça la force de l'autre, capable de transformer à outrance ce qu'il souhaite. Il leur offre une seconde chance là où personne ne voulait d'eux.
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⊱ pseudonyme : Zabolac.
⊱ tête mise à prix : Santiago Cabrera
⊱ crédits : LAURA et Tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 01/01/1970
⊱ tes licornes : David Leféroce.
⊱ schillings : 0

⊱ ta race : Humain, même s'il a toujours rêvé d'être un nuage.
⊱ allégeance : Qui ça ?

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Sinbad ¤ castle on a cloud EmptyJeu 26 Fév - 21:08



sinbad & jeiran
crying at all is not allowed, not in my castle on a cloud

Les aiguilles de l’horloge cliquaient, égrenant les secondes qui s’écoulaient paisiblement au-dessus de la cheminée. Jeiran affalé dans son fauteuil sentait son corps se détendre dans la chaleur et le confort de l’endroit – si Sinbad n’avait pas été là, il se serait sûrement endormi sans même penser à se traîner jusqu’à son lit. Il était tard. Il ne savait pas quelle heure il était exactement, mais à force de voyages de ci et là, il avait fini par apprendre à écouter son corps et reconnaître certains signes qui ne trompaient pas. Après tout, Jeiran était un ingénieur, et un corps était un outil comme un autre. Il fallait y faire attention pour éviter qu’il ne se casse, et il lui était toujours utile d’une manière ou d’une autre. L’inventeur retint un bâillement pendant que son cher frère assimilait ses paroles, qu’il avait d’ailleurs déjà oubliées lui-même. Les longues conversations philosophiques n’étaient pas son fort. Sans être idiot, il était plus doué de ses dix doigts que pour manier des concepts abstraits sur lesquels il n’avait de toute façon jamais rien lu. Il avait une imagination débordante, mais ce n’était pas un théoricien. Contrairement à Sinbad, visiblement, qui avait l’air d’aimer se torturer l’esprit avec ces questions existentielles qui ne faisaient que passer dans l’esprit de Jeiran, qui était soit trop inculte, soit assez sage pour ne pas s’y attarder trop longtemps. Là d’où il venait, on ne réfléchissait que peu, on agissait d’abord. Parce que trop réfléchir, parfois, pouvait signer sa perte. Les pauvres d’Afshin étaient des gens pratiques, pas des contemplateurs.

Son attention finit par être détournée vers un cliquetis bien familier, et il n’eut même pas besoin de tourner la tête pour savoir que le petit Kraken venait se joindre à la conversation. Un pauvre chaton qui n’avait pas plus de deux et qu’il avait trouvé un jour près de chez lui, une patte quasiment arrachée, et qu’il avait amené chez le vétérinaire pour le sauver. Il avait perdu sa patte dans la procédure, mais avait gagné une prothèse, une maison, et un maître un peu gaga qui lui passait à peu près tout, de la destruction des rideaux au squattage d’oreiller en plein milieu de la nuit. Jeiran n’avait ni femme ni enfants ; mais ce chaton qui lui demandait toute son attention lui suffisait largement. Après un court instant d’hésitation, la boule de poils décida de délaisser son maître pour bondir maladroitement (malgré la précision de la prothèse, elle restait plus difficile à manier qu’une vraie patte) sur les genoux de Sinbad, spectacle qui tira un sourire à Jeiran.

« C'est ce qu'il faut faire, après tout nous n'avons pas neuf vies comme eux. » reprit Sinbad en jouant avec Kraken qui s’était déjà installé pour dormir. Jeiran esquissa un sourire. « Parfois, je me pose la question. » se contenta-t-il de répondre en étendant ses jambes devant lui pour les croiser avant de croiser ses mains sur son ventre, les yeux tournés vers le feu qui dansait joyeusement dans la cheminée. « Et pourtant il n'y a pas que le présent qui peut s'effriter, le passé aussi est manipulable à souhait si tant bien est que nous le voulons. Notre pauvreté peut devenir une richesse inestimable et il est possible de tout renier, jusqu'à notre identité rien que pour... Pour quoi, d'ailleurs ? Pour plaire ? Pour s'attirer de la sympathie ? »

Jeiran haussa à son tour les épaules. Il n’avait pas de réponse à cette question-là. Il ne cherchait pas particulièrement à dissimuler son passé ou à passer pour ce qu’il n’était pas, mais c’était vrai qu’il avait fait mentir le destin plus d’une fois. De gamin des rues il était devenu l’un des hommes les plus recherchés de la bonne société dans les différents royaumes qu’il avait visités ; un destin quelque peu inhabituel pour le fils d’une prostituée dans une petite ville portuaire d’Afshin. Il se souvenait encore du rire d’Iseut lorsqu’il lui avait raconté l’histoire, puis de son étonnement quand elle avait réalisé qu’il ne plaisantait pas. Un instant mémorable qu’il n’oubliait jamais de lui rappeler quand il avait envie de la titiller – ce qui lui valait une taloche à chaque fois, dont il le faisait rarement, mais parfois ça valait le coup d’œil.

« Je dois bien avouer qu'il est loin d'être désagréable de tomber sur quelqu'un comme toi, et qu'aillent au Diable ceux qui ne voient pas cette humanité qui te sied si bien. » Jeiran ne peut retenir un rire, terriblement amusé par cette réplique inopinée, et il ne put dissimuler son sourire au discours qui suivit. Pauvre, pauvre Sinbad qui se torturait l’esprit pour rien. Plus il semblait apprendre à le connaître, plus se découvrait un frère tourmenté, qui parlait de lui-même en prétendant parler de quelqu’un d’autre. Les yeux sombres de Jeiran observaient Sinbad qui se débattait dans sa multitude de pensées, et il commençait à mieux saisir les ressemblances qui les rapprochaient et les différences qui les séparaient. Les deux frères avaient autant de bazar dans la tête l’un que l’autre – à la différence près que Sinbad combattait encore les fantômes qui lui hantaient la tête, alors que Jeiran avait pris le parti de les laisser vivre leur vie et de s’en accommoder. Insouciance, indifférence, imprudence ; Ali lui avait donné quelques synonymes mais il s’était toujours contenté de hausser les épaules en souriant. En même temps, s’il devait s’inquiéter chaque fois que son cerveau devenait trop encombré, il n’était même pas sûr d’être dans un meilleur état que Sinbad. « Je te respecte énormément pour ça. Tu incarnes une bonne partie de ce que j'aurais aimé être à l'époque. »

Jeiran ressentit un petit pincement au cœur, touché du compliment. Ca ne suffisait pas à effacer trente ans d’absence, mais c’était un début, n’est-ce pas ? Il eut une brève pensée pour l’homme qu’il aurait dans une autre vie pu appeler père, songeant que s’il entendait Sinbad il s’en serait retourné dans sa tombe. N’empêche que Sinbad qui lui confiait l’admirer de la sorte, c’était bien plus que ce qu’il aurait jamais pu espérer même dans ses rêves de gosse sans famille.

« Que lui est-il arrivé ? Une bagarre inégale ? » demanda le corsaire en chatouillant la tête de Kraken qui ronronnait d’aise sur son nouvel escl… ami. Jeiran tourna à nouveau la tête vers eux, eut un sourire face à ce spectacle attendrissant qu’il n’aurait jamais osé imaginer en temps normal, son frère dans son salon, avec son chat sur les genoux, comme s’il était chez lui, comme s’ils se connaissaient depuis des années et se retrouvaient après quelques semaines d’absence seulement. Cette soirée n’avait plus rien de logique, mais Jeiran ne s’en souciait plus. Il ne se souciait même plus du souvenir obsédant de Taher, des recommandations de sa mère, il ne se souciait même plus de se trahir par un mot de travers. Tant pis pour Selim, et advienne que pourra.

« Une rencontre infortunée avec un renard, il me semble. Je les ai entendus se battre sous ma fenêtre, et la bestiole a fui en m’entendant ouvrir la porte. Heureusement, avec l’aide du vétérinaire, il a pu être rafistolé. » Semblant comprendre qu’on parlait de lui, Kraken leva le museau et miaula avec paresse, avant de s’étirer en plantant ses minuscules griffes dans le tissu du pantalon de Sinbad. Sans-gêne, va, songea Jeiran avec amusement. Drôle comme le chat semblait avoir instinctivement détecté les liens qui unissaient son maître et son inventé, l’identifiant en un clin d’œil comme un membre de la famille. Heureusement que les chats ne parlaient pas (du moins, pas celui-ci), sinon son secret serait bien mis à mal. « En voilà un qui aura bien du mal à prétendre être ce qu’il n’est pas… Enfin, il n’a pas l’air malheureux là où il est, ce gredin. » remarqua-t-il alors que Kraken avait arrêté de ronronner, tout à fait endormi maintenant. « Tu vois, il a bien failli y rester, et pourtant il est toujours debout… un peu abîmé c’est vrai, mais il s’en accommode. Plutôt bien même. C’est pareil pour nous. Même si ça nécessite parfois d’accepter une main tendue… » ajouta-t-il avec un sourire, persuadé que Sinbad le savait déjà. Jeiran se pinça l’arête du nez, dans une tentative un peu vaine de se tenir réveillé, mais lorsqu’il tourna à nouveau la tête, il constata qu’un mine rai de lumière rosée filtrait à travers les rideaux. Diable, déjà le matin ? Le temps passe vite, quand on s’amuse. Et déjà, Jeiran sentait poindre la fin de cette nuit inespérée – celle qu’il lui fallait peut-être, pour enfin tourner la page sur trente-et-un ans d’absence et envisager un avenir moins sombre que celui auquel il avait été habitué. En même temps, il était un peu triste à l’idée de voir ce moment privilégié toucher à sa fin, comme un rêve confortable qui s’estompe avec l’arrivée du jour. Forçant ses muscles à se réveiller, Jeiran se redressa et se leva de son fauteuil, s’étira comme le chat quelques instants plus tôt et alla vers la fenêtre, jetant un coup d’œil à travers les rideaux pour voir la rue commencer à s’éveiller. Il devait être près de six heures du matin. Quant aux bandits, ils n’étaient plus qu’un lointain souvenir. Jeiran attendit quelques secondes, hésitant, avant de se retourner vers Sinbad.

« C’est le matin… il va falloir que j’aille rendre visite à quelqu’un avant d’ouvrir la boutique, mais… » Il prit son courage à deux mains et lança, d’un air qu’il espérait naturel : « Si tu veux rester encore un peu pour te reposer, tu es ici chez toi. »

Ici chez toi. Une formule tellement simple et courante, mais qui avait tellement de sens pour Jeiran, et si peu sûrement pour Sinbad.
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⊱ crédits : swan, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 01/01/1970
⊱ tes licornes : poucet, cam et gil.
⊱ schillings : 0

⊱ ta race : pauvre mortel fragile.
⊱ allégeance : ni oui, ni non, tant qu'elle vient pas l'emmerder hein.

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Sinbad ¤ castle on a cloud EmptyVen 27 Fév - 1:12



Jeiran et Sinbad
Le rêve semble réel quand on y est, ce n’est que quand on se réveille qu’on se rend compte qu’il avait quelque chose d’étrange...

Neuf vies. Neuf existences. Neuf possibilités de tout recommencer. Quelque part, en voyant ce chaton Sinbad se demande s'il est chanceux ou non de n'en avoir qu'une, de n'avoir qu'une chance de pouvoir se rattraper, qu'un espoir pour construire son présent et bâtir le futur qui lui tend les bras. Une seule main tendue dans les airs, non pas neuf mais une seule. Ah, en y pensant son coeur se serre quelque part puisque c'est se rendre compte que tout éphémère, qu'il n'y a pas grand-chose quand on ferme les yeux définitivement si ce n'est le noir complet et quelque part, même si la mort fait peur, elle doit être aussi douce que brûlante. Il n'en sait rien, pour peu de l'avoir frôlé évidemment qu'il en fut effrayé et malgré sa dégaine plutôt calme il n'en reste pas moins un fuyard qui se défait de son destin pour respirer quelques années en plus. C'est amusant, égoïste à la fois tout en étant profondément détestable puisque ça signifie s'attirer les foudres d'une entité beaucoup plus grande - si au moins elle veut bien exister. Pinçant sa lèvre inférieure, ses doigts ne se séparent pas du chat ridiculement petit qui baille, ronronne et se fait une place bien au chaud sur ses jambes croisées. Il se sent étonnamment bien, accepté dans sa totalité et loin d'être jugé, il se doute qu'en la compagnie de Jeiran il peut faire bien mieux que se confier, il peut être tout ce qu'il veut même si dans l'immédiat il ne ressent aucun besoin de lui mentir. Apaisé il n'a aucune envie de dévisser sa carcasse du fauteuil dans lequel il pourrait probablement s'endormir, or son coeur continue de battre à une vitesse assez lourde pour qu'il sente son sang ne faire qu'un tour dans tout son corps. Il y revient des années en arrière, tel l'enfant qu'il était à admirer les étoiles sur un toit avec son ami de toujours, ils rêvaient de devenir des rois, des grands, des renommés dont le prénom ne s'oubliera jamais, même dont on parlera dans les livres. Il faut croire qu'ils y sont arrivés à leur manière tout en ayant semé derrière eux une trainée de poudre qui prend feu, si elle met un temps considérable à éclater, viendra un jour où la mutinerie lui tombera probablement en pleine trogne. Parce que si on ne voit qu'en lui un miraculé, une légende des sept mers, pensent-ils seulement aux écorchés des escales douteuses qu'il a pu faire ? Bien évidemment que non, pour se rassurer on se contente des bons côtés sans même vouloir la zone d'ombre qui pourrait tout briser. En fronçant un peu plus les sourcils, il se rend compte que s'ils ne s'étaient pas ratés, il aurait probablement pu à l'époque lui proposer de venir sur sa galère, à la place de deux ils auraient été trois et qui sait, peut-être que le malheur n'aurait pas eu effet sur toute âme errante posant le pied sur cet ancien parquet. Il aurait tout amélioré jusqu'à leur vision du monde. Ou peut-être serait-il mort, à l'instar de son aîné qui aurait périt entre les flots. Mieux vaut tard que jamais a dit un jour l'autre, alors oui, c'est peut-être trop tard pour lui demander de faire office de rayon lumineux sur sa galère trop noire, cependant il voit là une manière de rattraper le temps, de revoir par le biais d'un livre imagé les passages de son passé qui sont en manque de certains morceaux. Un frère du sable, sous le soleil rouge des dunes, un frère qui comme son second vêtu d'orange le sort malgré lui de sa grande torpeur. Reprenant le fil de la conversation et intéressé par les dires de son interlocuteur systématiquement, quand il daigne répondre à sa question il ne peut s'empêcher d'avoir une oeillade compatissante pour le pauvre animal. « Une rencontre infortunée avec un renard, il me semble. Je les ai entendus se battre sous ma fenêtre, et la bestiole a fui en m’entendant ouvrir la porte. Heureusement, avec l’aide du vétérinaire, il a pu être rafistolé. » Quel veinard d'être tombé sur un si bon maître, nul doute qu'il doit s'en occuper comme son propre môme, peut-être avec plus de délicatesse étant donné son handicap qui est à prendre en compte. Ce qu'il y a de bien avec ces bêtes là c'est qu'elles sont bien plus sincères que n'importe quelles autres personnes sur ce royaume, quand bien même les félins sont réputés pour être des vicieux ils ont tout de même cette capacité à ressentir la peine chez quelqu'un, à vouloir panser les cicatrices ouvertes d'un coup de langue, d'un miaulement inquiet ou d'un coup de patte en pleine joue selon le cas. Sur l'instant il voudrait presque le glisser dans sa poche pour l'emmener dans ses aventures plus si folles qu'auparavant. « En voilà un qui aura bien du mal à prétendre être ce qu’il n’est pas… Enfin, il n’a pas l’air malheureux là où il est, ce gredin. » C'est sûr, si bien même qu'il s'endort sur ses vêtements abîmés. Qu'il doit être agréable d'être un chaton, aucun besoin de discuter, on se lève, on mange, on dort et ainsi va la vie, personne à trucider. Que du bonheur. Soupirant presque envieux de la boule de poils qui ne se soucie certainement pas du lendemain, Aurorefauve ne lâche néanmoins pas la bride de sa morale puisqu'elle revient lui mettre un coup là où rien ne peut s'oublier. « Tu vois, il a bien failli y rester, et pourtant il est toujours debout… un peu abîmé c’est vrai, mais il s’en accommode. Plutôt bien même. C’est pareil pour nous. Même si ça nécessite parfois d’accepter une main tendue… » Et il est convaincu que l'inventeur lui aurait fait une prothèse digne de ce nom s'il avait perdu en chemin sa main ou sa jambe, même si l'archétype du pirate classique aurait fait son petit effet. Quel beau point final, quelle belle conclusion à ce qui aurait pu se finir en véritable massacre sur les pavés de Fort Fort Lointain.

Une fois levé son ami se dirige vers la fenêtre par laquelle il est entré et sa surprise est plutôt grande en remarquant que l'astre chaud pointe le bout de son nez. Papillonnant des cils quelques secondes, il est presque aberrant de voir à quel point il est possible de se faire entourlouper par une présence. Il suffit d'avoir les mots, les paroles qui vous subjuguent et tel un charmeur de serpent Jeiran a su lui faire oublier jusqu'à ce grand sablier dans lequel ils finiront par étouffer. « C’est le matin… il va falloir que j’aille rendre visite à quelqu’un avant d’ouvrir la boutique, mais… » Ce qui est parfaitement normal, il ne voudrait pas le déranger dans son commerce déjà que l'argent varie selon les jours. Hochant seulement la tête il passe une dernière caresse sur la tête du bestiau avant de se relever délicatement tout en le prenant entre ses bras. Certes éveillé, il n'a pas l'air décidé à bouger de son nid totalement improvisé. Faisant craquer les os de son dos histoire de réveiller tout son être endolori tant par le thé que par la position choisie, il arbore un sourire plus que sincère dès l'instant où son compatriote lui certifie un fait. « Si tu veux rester encore un peu pour te reposer, tu es ici chez toi. » Chez toi, ça résonne dans sa tête à l'instar d'une mélodie dont on ne peut se débarrasser si aisément. Chez lui, en sa compagnie tout est plus parfait d'un seul coup. Hochant la tête comme réponse sur l'instant il libère le chat en le faisant se poser sur le fauteuil sur lequel il était assis il y a quelques secondes. Réajustant sa redingote écarlate ayant perdue de sa splendeur il glisse machinalement ses mains dans le fond de ses poches tout en s'approchant de son hôte, profitant de ce spectacle loin d'être unique. Les habitudes rappellent à quel point le royaume n'est pas prêt de changer. « Je ne veux pas abuser de ta bonté et de ton excellent thé, qui je dois le dire me donne une raison de plus de venir toquer à ta vitre lorsque je serais pourchassé par des brigands. » Une touche légère pour faire oublier la lourdeur des souvenirs qui ont été abordés. Une carte regroupant un peu trop de similitudes. Inspirant profondément il se retourne vers les objets de cette curiosité qu'il a développé. Il a envie de les reprendre en mains, de les examiner jusqu'au moindre bout de parchemin possible. Il n'a pas le droit. Par respect pour ce qu'il lui a raconté il ne peut se permettre de plonger véritablement dans son existence sans qu'il lui ait donné la permission. Retenant une vague grimace de frustration il fait quelques pas puis s'arrête dans sa lancée vers la porte qui le mènera à la sortie. C'est toujours bien de prendre la porte principale, c'est généralement celle-là qui se veut très vite oubliée par des hypothétiques gardes et puis aucun danger ne rôde, autant être un homme civilisé - ou presque. « Encore merci, je te revaudrais ça. Je ne sais guère comment, mais je jure sous cette aurore que je te rendrais mon sauvetage. » Dos à lui, il lui adresse une dernière oeillade complice avant de s'engouffrer dans un mince couloir qui le mène directement à sa libération ou plutôt sa cage dorée. Il est chez lui, et même en dévalant les escaliers qui grincent sous ses pieds, Sinbad a l'étrange impression de ne pas tout savoir, d'avoir raté le coche quelque part et même si sa sincérité n'est pas à remettre en doute, l'intrigue qu'est Aurorefauve reste complète. Il y a des puzzles à terminer, des ténèbres à éclairer, n'étant pas assez proche pour pourvoir à ce rôle d'explorateur, quelque part il espère pouvoir être un jour débarrassé de ce noeud léger qui se développe dans son être tout entier. Chez lui, il l'est, et bien plus qu'il n'arrive à le voir.

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