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SINBAD&KALE • home is where you are.


FORT FORT LOINTAIN

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SINBAD&KALE • home is where you are. EmptyDim 1 Fév - 18:37



Sinbad & Kale
home is where you are

Port-aurore et sa chaleur suffocante, son marché au milles épices et couleurs, ses habitants à l’accent chantant. Le vent chaud qui charriait du sable dans les yeux et dans les vêtements, les femmes au lavoir, qui riaient et chantaient entre elles et pour leurs enfants qui jouaient à moitié nus sous le soleil. L’Ecorchée avait été arrimée au port et après une bonne nuit de sommeil, Kale avait décidé de traîner Sinbad peu de temps avant le lever du soleil jusque dans les quartiers pauvres où ils avaient grandi. Loin de la capitale, loin du reste de l’équipage et des problèmes qui le hantaient. Il n’était peut-être pas très bavard, mais il était bon observateur et il n’avait pas tardé à remarquer la fatigue qui marquait les traits de son Capitaine ainsi que ses yeux vitreux et perdus, à cause des drogues qu’il consommait trop. Lemiraculé n’était pas du genre à faire la morale à tout bout de champs – du moins, il s’arrangeait toujours pour que ce soit subtile – mais il ne pouvait pas laisser son ami dans cet état. Alors il avait tout organisé. Il avait prévenu les membres de l’équipage qui avaient préparé leur départ, puis avait tout fait pour que Sinbad ne puisse pas refuser de laisser ses affaires dans les mains d’un autre avant de l’embarquer sur l’Ecorchée pour l’emmener loin de Fort Fort Lointain. Septmers avait bien tenté de protester, prétextant que l’on avait besoin de lui, mais Kale avait coupé court à tout cela et ne lui avait pas laissé le choix. Le voyage jusqu’à Afshin avait été plutôt rapide, les vents avaient semblé être en leur faveur et ils n’avaient pas eu droit aux éternelles tempêtes et catastrophes qui se dressaient souvent sur leur passage. Un soulagement pour l’homme en jaune qui avait souhaité que tout se passe pour le mieux.
Puis finalement, ils avaient aperçu leur terre natale, les bicoques qui composaient le vieux port de leur village. Kale avait eu du mal de retenir un sourire en voyant les yeux de Sinbad s’éclairer enfin. Il avait eu raison de l’emmener ici. Ils avaient passé une partie de la nuit à boire dans une taverne qui les avait accueillis plus d’une fois auparavant, puis s’étaient écroulés comme des bienheureux pour dormir pendant des heures. Une chose qui n’était pas arrivée au Capitaine de l’Ecorchée depuis un bon moment, de toute évidence. Et puis les cris des oiseaux du port avaient réveillé Kale qui s’était empressé de faire de même avec Sinbad pour le tirer en douce à l’écart. Entre les nouvelles responsabilités et connaissances de son ami, le Second avait l’impression de ne pas l’avoir vraiment vu depuis très longtemps. Quand s’étaient-ils simplement réunis devant un verre pour bavarder tranquillement pour la dernière fois ? Une éternité, aux yeux de Kale qui savait que Sinbad avait bien besoin de cela, en ce moment.

Le soleil se levait à peine, aussi faisait-il encore un peu frais, mais nettement moins qu’à Fort Fort Lointain. Il réalisa que même après plusieurs années à la capitale, il n’était toujours pas habitué aux températures qu’il pouvait y faire. A vrai dire, Kale était quelqu’un de frileux et malgré les nombreux voyages qu’ils avaient pu faire, jusqu’à se rendre dans des contrées glacées, rien ne lui seyait plus qu’une chaleur étouffante. Les deux hommes étaient silencieux. Ils semblaient avancer sans but dans les ruelles de Port-aurore mais leurs pas les menèrent bien vite dans le quartier où ils avaient vu le jour. Des années avaient passé et pourtant, rien ne semblait avoir changé. Un peu plus loin, il aperçut la vieille bicoque dans laquelle ses parents avaient tenté de créer un foyer chaleureux. Kale se souvenait encore de chaque fissure, chaque trou qui laissait entrer des monticules de sable à la moindre bourrasque. Il se souvenait des nuits très froides et de la faim qui leur tenaillait le ventre. Mais il se souvenait également de son père qui faisait toujours de son mieux pour nourrir sa femme et son fils, quitte à se priver pour eux. Il se souvenait de la voix rocailleuse de sa mère, lorsqu’elle chantait en tissant, en cuisinant, en lavant. Des chants d’Afshin que Kale connaissait encore par cœur.
Il esquissa un sourire en coin et réalisa qu’il s’était arrêté de marcher. Sinbad avait fait de même et le regardait calmement, curieux de savoir pourquoi il s’était ainsi immobilisé. Kale haussa les épaules et passa une main dans ses cheveux noirs. « J’ai du mal de croire que tout soit encore debout, » dit-il avec un petit sourire en coin. Il se souvenait encore se lever chaque matin et constater qu’une nouvelle fissure s’était faite au plafond au-dessus de lui. A tel point que c’était devenu un jeu, il les comptait et se demandait quand le toit allait finir par s’effondrer sur eux. Kale secoua la tête et se remit en marche, Sinbad toujours à ses côtés. Cela faisait des années que cette maison n’était plus à ses parents. Son père était mort alors qu’il n’avait que dix ans, pauvre marchand de fruits pris dans une altercation avec des bandits. Sa mère ne s’en était jamais remise et si elle avait fait de son mieux pour élever son fils toute seule, les années avaient fini par l’épuiser. Lemiraculé l’avait enterrée quelques jours avant son départ pour son premier voyage avec Sinbad.

Kale s’ébroua et entraîna son ami dans les ruelles de Port-aurore, jusqu’à ce qu’ils arrivent aux extrémités du village, leur chemin se retrouvant barré par les remparts de pierre qui se dressaient devant eux. Il lança un regard à Sinbad, presque pour le défier, puis se rapprocha du mur pour commencer à l’escalader. Combien de fois avaient-ils fait cela lorsqu’ils étaient gamins ? Ils s’étaient écorché les mains et les pieds à grimper partout où ils pouvaient le faire, même lorsque cela semblait impossible. Oh ils avaient fait de mauvaises chutes aussi, Kale gardait sur la joue un vilain souvenir de l’une d’entre elles. Il était rentré chez lui, le visage couvert de sang et sa mère avait failli s’évanouir. Lemiraculé se hissa jusqu’au sommet et regarda derrière lui pour voir que Sinbad le suivait de près. Alors il s’installa confortablement, les jambes dans le vide et poussa un profond soupir.
Ils avaient cet étrange rituel, quand ils étaient gosses. Se hisser là, ou sur les toits de Port-aurore, pour admirer l’horizon et imaginer ce qui s’y trouvait. Ils se racontaient des histoires, toutes plus folles les unes que les autres, comme s’ils s’étaient trouvés sur les lieux pour les voir. Combien de fois étaient-ils devenus les princes de contrées lointaines, couverts d’or et de lumière ? Sinbad s’installa à côté de lui et Kale regarda droit devant lui. Des dunes de sable à perte de vue et un peu plus à gauche, le soleil qui se levait peu à peu sur une mer de feu. Les rayons orange de l’astre se répandaient peu à peu, chassant l’obscurité et la fraîcheur de la nuit.

Kale ramena sa besace sur ses genoux et l’ouvrit pour en sortir un linge contenant deux pains aux épices et aux fruits secs d’Afshin. Il en attrapa un et le tendit à Sinbad sans lui demander son avis. Puis il saisit le sien et rangea le reste avant de reporter son attention sur l’horizon. « Quand as-tu pris le temps pour la dernière fois de te lever tôt pour regarder le soleil se lever ? » demanda-t-il d’une voix douce avant de prendre une bouchée de son pain qu’il mâcha copieusement. « Juste ça. De quoi te remplir l’estomac et une belle vue, loin de l’agitation et de toutes tes préoccupations, » poursuivit-il avec un petit sourire. Quand s’étaient-ils retrouvés ainsi, rien que tous les deux, pour la dernière fois ? Cette question, Kale ne la poserait pas, mais il savait que Sinbad la comprendrait. Il avait l’impression de ne plus le voir et pour être honnête, son vieil ami lui manquait. Il n’y avait pas que Septmers qui avait besoin de se retrouver, de bavarder calmement dans un endroit familier. « On a beaucoup voyagé et pourtant, j’ai l’impression qu’un lever de soleil ne sera jamais aussi beau qu’ici, » dit-il avant de mordre à nouveau dans son pain.
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⊱ pseudonyme : elf
⊱ tête mise à prix : luke evans.
⊱ crédits : swan, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 01/01/1970
⊱ tes licornes : poucet, cam et gil.
⊱ schillings : 0

⊱ ta race : pauvre mortel fragile.
⊱ allégeance : ni oui, ni non, tant qu'elle vient pas l'emmerder hein.

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SINBAD&KALE • home is where you are. EmptyDim 1 Fév - 20:54



Kale et Sinbad
Cherche la tienne. Désire-la fort, et fais de ta vie ta raison de vivre.

Une obligation, un calvaire ou plutôt une libération. De cette surprise totalement improvisée le corsaire ne sait absolument pas quoi en penser. Une après-midi il est arrivé, déboulant tel un tigre dans sa cabine en affirmant que oui, il l'emmènerait loin de cette galère, qu'ils allaient voir du paysage et pas des moindres, celui où leurs origines résonnent encore dans leurs oreilles. Non, non, et non qu'il avait dit, il ne pouvait pas abandonner le marché noir ainsi, surtout pas en sachant que Potté compte sur lui. Et pourtant l'esprit le plus têtu des deux a su prendre le dessus sur l'autre, le poussant à le suivre même dans la gueule du Diable s'il le faut. Dans toute cette mise en scène, ce doit être la première fois depuis six belles années que Septmers se sent complètement en phase avec un lieu, un univers, lui qui n'a pas remis les pieds sur ce sol sableux, celui de Port-aurore depuis ce qui lui semble être une éternité - et encore même le mot n'est pas assez fort. Les souvenirs assaillent sa tête qui se vide progressivement, les odeurs attaquent ses narines faisant trembler parfois son estomac délaissé pour un peu d'herbe à chat, les couleurs qui écrasent ses rétines devenues fragiles à cause de la fadeur des étales à la capitale. Ah, oui, définitivement il ne sait comment accueillir ce voyage totalement inattendu forcément organisé par celui qui ne le connaît que trop bien, le délaissé entre autres depuis que la reine a disparu de son trône d'or et d'argent, le mis de côté un peu trop à son goût sans qu'il s'en rende réellement compte, l'âme soeur qui finalement s'est fait dévorer par des démons bien trop forts. Kale ce personnage redoutable qui peu importe le temps ambiant ne se laisse pas abattre, surtout pas quand il s'agit de l'enfant qu'il a connu une vingtaine d'années plus tôt, dans les ruelles qu'ils traversent actuellement, ils s'étaient tombé dessus comme une pomme peut abandonner sa pauvre branche trop vieille, un choc si violent qu'ils avaient eu un sacré bleu et ils avaient râlé. Bon sang qu'ils avaient râlé en pestant contre l'autre, à peine savaient-ils marcher qu'ils recherchaient déjà des trésors et ils avaient pris un temps avant de s'accepter à l'un à l'autre, à force de se retrouver sur le même terrain de chasse, de se battre pour des broutilles. Au final, Lemiraculé aura appris beaucoup plus à son cadet que celui-ci ne lui laisse croire et de son côté il espère qu'il en est de même pour lui. L'un était bon en course, l'autre pour dévaler les murs, ils étaient faits pour se comprendre, se compléter même si deux éléments comme eux peuvent parfois s'entrechoquer, faire mal plus que de raison pour rien au monde il ne souhaiterait oublier ce gamin trop pédant aux vêtements crasseux. Même gueux jusqu'au bout de ses sandales, Kale avait déjà compris comment s'imposer face à plus petit et plus grand que lui, et nul doute qu'il avait appris à lire tout seul - même si son compagnon de galère en tant que bourgeois de son état lui donnait parfois des ouvrages qu'il trouvait ennuyeux. Le riche et le pauvre, pour peu cela pourrait être le titre d'un livre à grand succès, cependant tout dévoiler à la face du peuple ne ferait rien de plus que de casser toute cette magie qui les unie, les secrets sont bien là où ils sont dans leurs mains refermées l'une sur l'autre. Plongé dans ses déboires, il peine à comprendre la parole nostalgique qui échappe des lèvres de son frère, en levant les yeux vers la vieille bâtisse il comprend mieux. Ils ne passaient pas un temps considérable dans leurs maisons, bien au contraire plus ils s'en éloignaient et plus ils étaient heureux, Sinbad souhaitant fuir la présence d'un père marchand et son second ? Peut-être sa mère, peut-être cette réalité qui lui faisait beaucoup trop mal. Encore maintenant cette zone d'ombre paraît omniprésente puisque Sinbad recherche toujours les raisons qui ont fait qu'il puisse le suivre sans broncher dans ses belles galères. Ses prunelles redécouvrent avec un grand plaisir les pavés anciens qu'il frôle, il inspire profondément tout cet air beaucoup plus pur et s'amuse à outrance du regard provocateur du combattant du désert lorsqu'il faut se hisser jusqu'à un point en hauteur. Le dépassant lourdement, et ne répondant qu'à son envie de défi insatiable lorsqu'il s'agit de lui, il le suit de très près jusqu'à se retrouver à ses côtés, le soleil les accompagne aussi et ce n'est plus son village qu'il voit, mais un tableau grandeur nature.

Les jambes dans le vide, son coeur d'enfant tambourine douloureusement contre sa peau jusqu'à vouloir s'arracher, retourner se rouler dans la poussière et les rocailles. Mains plates posées sur la surface encore un peu froide de la nuit passée, il laisse sa tête tomber lamentablement en arrière dans un soupir d'aise. Il ne pouvait pas faire mieux pour que ses poumons s'emplissent non pas d'un poison, mais bel et bien d'un élixir qui saura le faire renaître d'une manière ou d'une autre. Lui qui part à la dérive, lui qui à trop vouloir n'arrive plus à gérer les erreurs qui s'accumulent sur ses épaules ne pouvant assumer de telles responsabilités. En plus, comme si ça ne suffisait pas il faut que sa vie sentimentale s'en mêle avec un amant trouvé dans son propre équipage, décidément rien ne va plus et à force de trop gratter dans sa chair, il finira par commettre l'irrévocable en causant sa propre perte. Cependant, il se devra de survivre pour une seule personne qui lui rappelle à quel point tout est magnifique le voile sombre une fois levé, celui qui se trouve à côté de lui, ce miracle de la nature qui arrive à survivre contre vents et marées et qui en plus a prévu une besace contenant des fruits secs, du pain épicé. A la réalité, encore une fois, il ne lui laisse pas le choix allant jusqu'à le poser sur ses genoux et le flibustier l'attrape avant qu'il ne tombe quelques mètres plus bas. « Quand as-tu pris le temps pour la dernière fois de te lever tôt pour regarder le soleil se lever ? » Question piège, son air solennel lui fait tant envie qu'il lui refile de l'urticaire. Il connaît si bien cet homme qu'il est capable de lire dans l'avenir et apercevoir une morale qu'il va lui cracher en pleine figure, elle sera comme toujours justifiée et fera l'effet d'une véritable bombe, cependant il en retiendra qu'encore une fois sa main s'est tendue vers lui et qu'elle continuera de le faire lorsqu'il courbera l'échine face aux imprévus. Se préparant à lui répondre, il se fait couper l'herbe sous le pied et n'en tire qu'un sourire sincère, prouvant à quel point on ne peut changer une personne en une autre, et cela est plutôt rassurant ; Kale reste Kale, même après vingt ans passés ensemble à se soigner mutuellement. « Juste ça. De quoi te remplir l’estomac et une belle vue, loin de l’agitation et de toutes tes préoccupations, » Si tout était si simple, si seulement le capitaine avait au moins une baguette magique pour résoudre ses soucis d'un petit coup de poussière de fée, ils n'en seraient pas là. Rien n'aurait bougé, il n'aurait pas eu besoin de le tirer hors de ses retranchements pour qu'ils puissent se retrouver seuls et c'est en entendant ceci qu'un soupçon de culpabilité vient à lui tirailler l'estomac, un noeud se forme dans sa gorge et il sait pertinemment qu'il lui doit de plus plates excuses. Qui des deux flanche le plus ? A priori le cadet est plus apte à la désolation qu'à l'aîné qui supporte les poids les plus lourds sur son dos commençant à prendre de l'âge. Peu de fois il a eu l'honneur de le voir pleurer, s'effondrer dans ses bras à cause d'une perte, d'un mauvais choix radical qui aura diamétralement modifié son futur. Les larmes se partagent ensemble avec cette eau salée qui ne laisse pas transparaître les douleurs qui ne font que renforcer leur lien. Ce besoin. Cette présence. « On a beaucoup voyagé et pourtant, j’ai l’impression qu’un lever de soleil ne sera jamais aussi beau qu’ici, » La raison l'emporte sur le nuage noir qui guette au-dessus de leurs caboches. Il attrape à son tour le morceau de pain pour en arracher un bout qu'il mâche avec une certaine lenteur, souhaitant profiter le plus possible de ce qui lui est offert ; parce que tout peut se terminer très vite, en une trentaine de secondes une liaison peut être découverte, une épée peut trancher un homme, une femme peut se faire voler son enfant et surtout deux êtres peuvent se déchirer.

Inspirant profondément, sa fringale satisfaite de redécouvrir les goûts de Port-aurore, il laisse son regard divaguer sur l'horizon puis sur le vide qui se laisse désirer. Encore quelques mètres plus loin et ils pourront y voir le lieu où lui a grandit, dans les belles soieries de son paternel mais aussi dans le sang souillé de sa pauvre mère qui a tout donné jusqu'à son propre souffle pour lui donner la vie. A s'en souvenir ses paupières se ferment quelques secondes, ses lippes se mouvent en quelques paroles muettes qu'il adresse à cette présence fantomatique qui a pu lui offrir malgré elle tout ça. Se reprenant derechef pour ne pas laisser la gêne s'installer, un rire de gorge amusé lui échappe. « Je ne saurais le dire, des années en tout cas qui me semblent être une éternité. Et oui, oui, rien ne remplacera cette vue, je crois même que c'est à cause du soleil que j'ai eu cette idée saugrenue de détaler de la terre pour mieux découvrir les mers, avec toi en prime. » Il avait dix-huit ans, Kale en avait vingt, ils étaient encore assez inconscients pour croire qu'ils allaient y arriver sans écorchures. Déjà que durant l'enfant ils se dévoraient des murs à outrance, à l'âge adulte rien ne s'est arrangé cela s'est même empiré à un point tel qu'il prend tout avec une légèreté. Rien n'est trop grave lorsqu'il est dans les parages ou alors peut l'être mais dans une moindre mesure qui n'apparaît qu'une fois dans le mois. Maintenant ils peuvent se battre des heures durant sur le pont sans sourciller. Si Lemiraculé lui avait dit qu'ils en seraient là actuellement, le marmot qui l'aurait lui aurait gloussé à la figure qu'il raconte des bêtises. Tout change quand on rencontre les bonnes personnes, et qui sait, sans la présence de sa moitié il n'aurait peut-être pas eu le courage de se lancer dans des escales diverses et variées, ne lui offrant finalement qu'un démon s'étant accaparé de son squelette. Ses iris se décident enfin à croiser ceux du forban aux vêtements orangés, ses traits sont détendus plus qu'à l'accoutumée et son pauvre palpitant se pince en se rendant compte que tout est loin, si loin déjà. « Tu sais... » Qu'il commence sans être trop sûr de ce qu'il cherche à dire. « Parfois je me demande si je regrette ou non tout ce que nous avons entrepris jusque-là, si tout recommencer ne serait peut-être pas la solution aux ignominies qui pointent sur notre horizon. » Il attrape un fruit sec qu'il croque derechef en jetant un petit coup d'oeil vers ce ciel sans limites. « Te concernant je suis convaincu que tu serais un grand poète d'Afshin, le plus envié pour ses tournures parfaites et ambiguës. Toujours une bouteille d'hydromel entre les mains, tu ne serais pas toi sinon. » Quelle douce illusion de s'imaginer ce que pourraient donner leurs existences dans un royaume totalement parallèle, là où peu importe les choix ils peuvent revenir en arrière. Il se fait du mal quelque part en s'imaginant d'autres choses qui ne sont pas, ou alors se met du baume à la mécanique, il ne sait plus très bien là où il va. « Et moi, hm. » Il grimace, signe d'une réflexion. S'il n'était pas parti, que serait-il maintenant ? Des tas de chemins s'ouvrent à lui, il serait père sans aucun doute, ou bien un homme totalement subjugué par ses rêves qu'il n'arrive pas à réaliser - que de joyeusetés qui poussent Sinbad à torturer un peu plus les traits de son visage. Puis d'un coup ils disparaissent, il hausse les épaules en laissant un rire à gorge dévoilée se faire entendre. « Ta muse je l'espère, ou voleur totalement débridé. » Il n'y voit qu'un flou, une brume si épaisse que même la couper au couteau serait inutile. Toutefois, c'en est presque désopilant de remarquer à quel point il le retrouve toujours, peu importe la version de l'histoire contée, peu importe les dérives qu'elle a pu approcher. L'avoir dans la peau serait le terme exact, cependant pouvant s'avérer aussi dangereux même dans ses hypothèses les plus folles c'est à côté de lui que Kale reste. Son passé a été forgé avec son nom à côté du sien, comme son présent qui ne vaut plus rien sans sa compagnie et son futur même totalement décousu n'a plus de sens sans cette âme soeur. Il est là, peu importe comment, il est là parce qu'il l'a décidé, il est là parce que irrémédiablement leurs âmes continuent de se découvrir jusqu'à n'en former qu'une. Il l'a rendu meilleur, il l'a fait tel qu'il est, a forgé dans sa chair son visage et l'a renforcé avec du sel. La solitude est mortelle affirme clairement un adage, cependant Sinbad Septmers ne le sera jamais puisque dans son sang coule la présence d'un autre, d'un être dont il ne peut se défaire et pour qui il veut bien se donner la peine de se laisser aller un peu plus.
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SINBAD&KALE • home is where you are. EmptyDim 8 Fév - 13:32



Sinbad & Kale
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Lorsque le gamin pauvre qu’était Kale avait croisé un jour le chemin du petit bourgeois qu’était Sinbad, rien n’aurait pu prédire l’amitié solide qui était née entre eux. Au contraire même, les choses étaient plutôt mal parties entre eux, puisque l’aîné avait tout simplement considéré que Septmers empiétait sur son territoire et n’avait rien à faire là. Ce gosse mieux vêtu et visiblement bien mieux nourri que lui l’avait tout simplement agacé, à vouloir faire des choses qui ne correspondaient pas à son rang. Puis ils n’avaient cessé de se voir, Kale avait bien tenté de le semer mais Sinbad semblait être partout où il se rendait. Alors il avait capitulé, toléré la présence de son cadet. Ça, c’était ce que Lemiraculé racontait à ceux qui lui demandaient comment il avait fait la rencontre de son Capitaine. Avec un sourire amusé, il prononçait ces mêmes paroles, tirant toujours un air moqueur à Sinbad qui connaissait mieux la vérité. Le gamin du pauvre marchand de fruits n’avait pas toléré la présence de son cadet, il s’était retrouvé incapable de s’en passer, au fil du temps. Son sourire de sale gosse, sa frimousse couverte de poussière et de sable d’avoir traîné là où il n’aurait pas dû aller, son envie d’apprendre toujours plus de combines pour faire ses bêtises le plus efficacement possible. Petit à petit, les cachettes de Kale étaient devenues leurs châteaux forts, les babioles qu’ils avaient réussi à piquer, leurs trésors de pirates. Les toits de Port-aurore étaient devenus l’endroit où tout était possible. Ils avaient d’abord été rivaux avant de devenir des frères et c’était peut-être ce qui faisait leur force. Ils n’aimaient pas seulement l’autre, ils le respectaient, l’admiraient pour ses forces, acceptaient ses faiblesses.
Ils avaient d’abord été des gamins en quête d’aventures, les premiers à faire les pires conneries possibles. Puis ils étaient devenus des adolescents et Kale n’avait pas quitté Sinbad. Ils avaient grandi ensemble, étaient devenus des jeunes hommes ensemble et rien ne pouvait altérer ce fait. Septmers lui avait ouvert les yeux sur un monde moins sombre, moins triste. Il lui avait fait découvrir des saveurs, des sensations que Kale n’aurait jamais pu connaître s’il ne l’avait pas violemment percuté ce jour-là. Là où il n’aurait rien pu être de plus qu’un pauvre marchand comme l’avait été son père, ou un voleur de bas étage, Sinbad lui avait permis d’accéder à une culture et à un savoir incroyables. Parce que si aujourd’hui, Lemiraculé n’était pas un illettré uniquement capable de compter jusqu’à quinze, c’était grâce à son cadet, qui avait eu la patience de lui apprendre à lire et à compter. Une tâche bien difficile, puisque Kale n’avait alors aucune patience et supportait difficilement qu’un garçon plus jeune que lui devienne son maître dans un domaine. Il avait clamé haut et fort haïr ces leçons à l’époque mais aujourd’hui, en y repensant bien, il ne savait comment exprimer sa gratitude envers Sinbad.

Parce que grâce à lui, il était devenu plus qu’un pauvre petit marchand de fruits, destiné à mourir trop jeune de faim ou massacré par un bandit. Parce que grâce à lui, il avait vu le monde et avait pu se gorger de toutes les connaissances qui lui étaient accessibles. Certaines rencontres pouvaient changer votre destin et c’était exactement ce qu’il s’était produit pour eux. « Je ne saurais le dire, des années en tout cas qui me semblent être une éternité. Et oui, oui, rien ne remplacera cette vue, je crois même que c'est à cause du soleil que j'ai eu cette idée saugrenue de détaler de la terre pour mieux découvrir les mers, avec toi en prime. » dit finalement Septmers après un léger rire. Kale esquissa un sourire tout en contemplant l’horizon et cet astre énorme et orange, qui se dressait de plus en plus. Lorsqu’ils avaient quitté leur terre natale pour voyager, ils se considéraient alors comme des hommes, fiers et sûrs de leurs capacités. Mais ils n’étaient alors que des gosses, Lemiraculé s’en rendait bien compte à présent. Orgueilleux, ils avaient pensé pouvoir tout braver et leur premier voyage s’était soldé par un véritable échec. Kale était rentré seul, le cœur percé et détrempé d’une eau de mer trop salée. Parce qu’il avait perdu Sinbad, parce qu’il l’avait laissé mourir. Les mois s’étaient écoulés et il n’avait fait qu’errer à Port-aurore, s’enivrant de l’écho de leurs rires et des fantômes de leurs silhouettes galopantes sur les toits de la ville.
Puis finalement, Sinbad était revenu, affaibli, marqué par les épreuves, mais vivant. Et l’aîné avait semblé reprendre vie, comme si la réapparition de Septmers avait signifié sa propre résurrection. La plupart des gens aurait compris son erreur et n’aurait pas recommencé, mais eux l’avaient fait. Ils avaient enchaîné les voyages, les blessures, les morts, les tempêtes, les pertes. Beaucoup n’auraient pas supporté toutes ces épreuves et auraient fini par se haïr, éventuellement. Mais pas eux. Jamais. Kale détourna son regard de l’astre orangé en sentant celui de Sinbad posé sur lui. Il plongea ses prunelles foncées dans celles de son Capitaine, l’air d’attendre, tout simplement. « Tu sais... » commença alors le plus jeune et le Second ne tarda pas à pressentir où tout ceci allait les mener. « Parfois je me demande si je regrette ou non tout ce que nous avons entrepris jusque-là, si tout recommencer ne serait peut-être pas la solution aux ignominies qui pointent sur notre horizon. » Cette conversation, Kale l’avait vue venir. Parce que ces questions que Sinbad se posaient, il les avait déjà entendues. Plus encore, il savait qu’elles hantaient son ami presque chaque jour. La culpabilité étouffait Septmers et Lemiraculé craignait vraiment de n’être jamais capable de l’en débarrasser. « Te concernant je suis convaincu que tu serais un grand poète d'Afshin, le plus envié pour ses tournures parfaites et ambiguës. Toujours une bouteille d'hydromel entre les mains, tu ne serais pas toi sinon. » poursuivit-il alors et Kale retint un petit sourire amusé. Alors malgré les années, malgré les épreuves, tout n’avait pas totalement changé. Après plus de vingt ans, ils se retrouvaient encore sur ces remparts à imaginer des vies qu’ils n’auraient jamais pu avoir. Des vies qu’ils n’auraient jamais pu mener. « Et moi, hm. » fit Septmers en semblant se perdre dans ses pensées. Kale se contenta de l’observer calmement, attendant qu’il finisse de parler, de se perdre dans des histoires qui ne seront jamais les leurs. Il finit par rire, avant de lancer à l’horizon : « Ta muse je l'espère, ou voleur totalement débridé. » Alors le Second secoua la tête avec un sourire.

Ses doigts allèrent piocher quelques fruits secs qu’il jeta dans sa bouche pour les mâcher, avant de se tourner de nouveau vers le ciel infini. « Un voleur agile dont personne ne connaîtrait ni le visage, ni l’identité. Une légende qui ferait trembler les plus riches et qui m’inspirerait mes plus beaux poèmes, parce que je saurais qui se cache sous ses vêtements aussi noirs que la nuit, »  susurra-t-il en se penchant vers Sinbad avec un sourire en coin. Il se redressa et posa ses mains à plat sur la pierre déjà chaude, ses jambes se balançant dans le vide, comme lorsqu’ils étaient gamins et venaient se percher là. « Sin, tu es un idiot, »  dit-il presque tendrement. « Je serais devenu alcoolique et j’aurais fini par mourir d’ennui. Quant à toi, tu n’aurais pas su tenir en place et tu aurais fini par filer, pour mourir à ton tour parce que je n’aurais pas été là pour te tirer des griffes d’une harpie ou que sais-je encore, »  poursuivit Kale sans se tourner vers Sinbad pour autant. « Ou nous aurions fini par nous entretuer, dans le seul but de pimenter un peu notre existence. »  Son sourire disparut et il consentit enfin à se tourner vers son Capitaine, pour plonger son regard dans le sien. Son visage semblait s’être fermé quelque peu, mais il fixait Sinbad avec une assurance et une détermination sans failles.
« Nous n’aurions pu mener une existence autre que celle-ci et tu le sais. Cesse de te torturer, Sinbad, »  dit-il doucement, même si cela n’empêcherait pas son ami de continuer à se poser trop de questions, à s’imaginer des scenarios différents. « Nous étions des gosses, inexpérimentés et avides d’aventures. Nous nous sommes peut-être trop entêtés alors que tout semblait se dresser contre nous pour nous en empêcher, mais que peut-on y faire à présent ? Tu sais, je ne regrette rien, »  avoua-t-il finalement avec un petit sourire. Un soupir franchit la barrière de ses lèvres et il poursuivit : « Nous avons perdu des amis, des frères. Nous avons fait des choses terribles parfois, mais je ne peux pas regretter ce qui nous a mené où nous sommes aujourd’hui. Ce qui a fait de nous qui nous sommes maintenant. »  Il leva la main et alla la glisser derrière la tête de Sinbad, enfouissant ses doigts dans ses longs cheveux noirs avant d’effectuer une légère pression, pour qu’il s’approche de lui. Là, il appuya son front contre celui de son cadet. « Et si cette question te taraude encore, je ne regretterai jamais d’avoir croisé ta route, Sinbad Septmers, »  murmura-t-il dans un souffle. L’obscurité avait été entièrement chassée par les rayons du soleil qui se dressait désormais fièrement par-delà les eaux calmes qui bordaient Port-aurore. L’astre fier les dominait totalement, les réchauffant d’une manière presque réconfortante, comme une étreinte tendre. « Je t’ai déjà promis que je te suivrai où que tu ailles, mais ce n’est pas tout. Ces fardeaux qui alourdissent tes épaules, ces doutes qui étreignent ton cœur, je ferai toujours tout ce qui est en mon pouvoir pour les chasser, »  poursuivit-il dans ce même souffle un peu rauque. Il n’y avait qu’à Sinbad, qu’il pouvait dire de telles choses. Il n’y avait que lui, qui méritait qu’il s’investisse autant. Parce que Septmers n’était lui-même que lorsqu’un large sourire fendait son visage. Lorsqu’il pouvait voir cette même lueur qui brillait dans son regard quand ils étaient gosses et rêvaient de toutes ces vies qu’ils pourraient mener.
Kale détacha son front et libéra les cheveux noirs de son ami pour se reculer un peu, sans pour autant le quitter du regard. « Je t’aime, Sin, ne l’oublie jamais, »  dit-il avec un petit sourire en coin. Il n’avait pas hésité à le dire, les battements de son cœur ne s’étaient pas accélérés. Parce qu’il ne s’agissait pas de la confession d’un homme pour son amant, Lemiraculé n’avait jamais eu peur de dire ce qu’il pensait vraiment à Sinbad. C’était plus que l’amour d’un frère ou d’un ami. Plus qu’un amour passionnel ou charnel, c’était bien plus que tout cela. C’était l’amour éternel, indéfectible d’une âme pour une autre. Ils ne partageaient peut-être pas le même sang, ne passaient pas leurs nuits comme le Capitaine et Hansel pouvaient le faire. Mais le lien qui unissait leur âme ne pouvait être brisé et existait peut-être depuis leur naissance. Comme deux âmes sœurs, c’était de cet amour-là, dont il était question. Kale n’avait pas honte de le dire, parce qu’il ne pouvait pas lutter contre cela et parce qu’il avait bien compris, des années plus tôt, qu’il n’était rien sans Sinbad Septmers. Et surtout parce qu’en cet instant, son cadet avait bien besoin qu’on lui rappelle qu’il pouvait compter sur quelqu’un d’autre que lui-même, pour régler et partager ce qui tourmentait son âme.
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FORT FORT LOINTAIN



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⊱ pseudonyme : elf
⊱ tête mise à prix : luke evans.
⊱ crédits : swan, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 01/01/1970
⊱ tes licornes : poucet, cam et gil.
⊱ schillings : 0

⊱ ta race : pauvre mortel fragile.
⊱ allégeance : ni oui, ni non, tant qu'elle vient pas l'emmerder hein.

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SINBAD&KALE • home is where you are. EmptyDim 8 Fév - 22:09



Kale et Sinbad
Cherche la tienne. Désire-la fort, et fais de ta vie ta raison de vivre.

Revenir aux origines du mal, revenir là où tout a commencé. Qu'on se le dise, il n'y a pas que les bibelots qui ravivent des souvenirs chez quelqu'un, il en va aussi des odeurs, des couleurs, de ce tout dont on ne se débarrasse pas et qui colle à la peau. Bien que les années aient fait leur travail, il n'empêche qu'en son coeur tout semble repartir des années auparavant lorsqu'ils n'avaient que leurs rêves pour les porter vers d'autres cieux. Et bon sang qu'ils étaient bien ensemble à braver le sable qui se mettait sur leur route, qu'ils étaient glorieux quand ils trouvaient un pauvre bijou tombé de la poche d'une bourgeoise, qu'ils hurlaient de joie en pensant avoir trouvé les vestiges d'une ancienne cité. Ils étaient bêtes, c'est indéniable, mais au moins ils étaient heureux et à la réalité il n'est toujours pas sûr que maintenant ils soient pourvus d'une quelconque intelligence. Au moins ils n'étaient pas blessés, ils se voyaient même si le père de Septmers ne voulait pas, il ne supportait pas l'idée qu'un pauvre gosse pouilleux puisse le côtoyer et surtout lui apprendre les rudiments du langage, de l'écriture, de la lecture. Têtu comme un âne, il n'en avait que faire et au contraire s'en amusait plus que de raison, jusqu'à s'acoquiner de ce jeune garçon de deux ans plus âgé que lui, qui n'avait pas grand-chose si ce n'est des haillons pour se vêtir, toutefois il appréciait les plaisirs simples de la vie, lui offrant cet apprentissage peu de temps après leur rencontre. Ils avaient juré sous un ciel étoilé qu'ils allaient découvrir le monde, le changer avec un peu de chance et aller bien plus loin que les toits plats de Port-aurore, ils avaient croisé les doigts, ils avaient ri et s'étaient échangé une accolade secrète sous l'astre lunaire. Tout a été forgé sur une ultime promesse, sur quelque chose qui en temps normal doit être brisé sinon l'ennuie pointe le bout de son nez. Or ce n'est pas pour eux. Jamais ô grand jamais il est possible de croiser cette lassitude dans leurs prunelles complémentaires, ils sont deux âmes qui se sont bien trouvées, deux êtres qui ne peuvent se détacher l'un de l'autre complètement sinon tout ne serait que désolation. Après tout, aurait-il seulement eu le courage de partir sans sa présence ? Serait-il seulement vivant sans son éternel second pour l'épauler dans les moments les plus durs ? Il en doute, et surtout le partage, les images croisées lors de ses sept voyages n'auraient pas le même impact. Il peut se remémorer les moments vides où tout était sujet à broyer du noir, quand ils n'arrivaient plus à voir la lumière au bout du tunnel, et pourtant ils trouvaient toujours un moyen de rebondir avec à peu près tout et n'importe quoi. Ils pouvaient croiser une bête étonnante, tomber sur des paysages époustouflants qui étaient tant déserts que montagnes, et l'un offrait à l'autre ce bien-être dans le coeur, ils partageaient plus que de raison pour se soutenir et encore maintenant il peut apercevoir cette main invisible qui serre la sienne dans l'ombre. Kale n'est finalement pas qu'une illusion spectrale qui se cache pour le sortir de la panade, c'est bien plus, il fait partie intégrante de tout ce qu'il est et peu importe si les mots ne sont pas assez puissants à coucher sur papier, il y a des évidences qui ne sont parfois pas utiles à dire. Ils le savent, c'est tout, il le sait à son tour et ça lui suffit - ou presque. Ils se cantonnent à s'enfoncer dans les chimères parce que c'est ce qu'ils ont toujours faits pour se protéger de cette terrible réalité, qui à la fois peut être si douce pourtant jamais suffisante pour contenter leurs esprits libres. Et c'est cette liberté-là qu'ils cherchent par le biais de l'imaginaire, en zieutant des éventualités qui ne verront jamais le jour puisqu'ils sont là, les jambes pendues dans les airs à se nourrir de fruits secs et d'un pain épicé, lequel repasse très vite entre les dents du mercenaire qui ne souhaite rien de plus pour avoir le coeur en joie. Il le connaît bien, trop bien même et sait qu'avant la légende, il y avait un mouflet hyperactif ne le lâchant pas pour un sou. Qu'il avait été embêtant, et fort heureusement pour lui il avait eu la bonne idée d'être plus que coriace envers son compatriote pauvre, à ne pas en douter il l'avait détesté les premiers jours jusqu'à se dire que pourquoi pas, un bourgeois pourrait lui servir d'une manière ou d'une autre. De son côté, il avait réussi à le rendre plus humain qu'il ne l'était déjà, gonflant son torse d'un air nouveau, celui d'une flamme bleutée qui ne peut s'éteindre - sauf par celui qui l'a allumé.

Inspirant profondément, il croit durant quelques secondes n'avoir clairement rien engagé si ce n'est une discussion plus que candide autour d'un futur qui ne peut se construire, autour d'un passé déjà écrit qui n'a pu être modifié et ce peu importe ce que Sinbad en dira. Au moins il est toujours amusant de partir dans des élucubrations stupides, ça anime les rires et fait trembler la pomme d'Adam lorsque celle-ci n'est pas assez stimulée. Pianotant délicatement des doigts sur la surface à peine chaude, les rayons lui font un bien fou si bien qu'il en frémit au moment pile où sa moitié daigne lui répondre avec un calme olympien. « Un voleur agile dont personne ne connaîtrait ni le visage, ni l’identité. Une légende qui ferait trembler les plus riches et qui m’inspirerait mes plus beaux poèmes, parce que je saurais qui se cache sous ses vêtements aussi noirs que la nuit, » Il se moque de lui, il peut le sentir quelque part entre ses cordes vocales et le ricanement sournois qui fait bouger son estomac plein de mets du village. Haussant un sourcil sur deux il ne se donne pas la peine de croiser son regard, il sait que la chute risque d'être rude - pas insupportable non plus, mais rude tout de même - et qu'il se dira qu'il aurait mieux fait de se taire au moins aujourd'hui. Ah, toutefois ce n'est pas si laid à entrevoir ! Lemiraculé reste fidèle à sa bonne parole, il embobine et charme qui il veut comme le font ces hommes visibles dans les bas-fonds, à jouer de la flûte face à des serpents venimeux, sauf que lui se joue des hommes, des femmes, des ogres, des fées, peu importe la race il suffit seulement de succomber à sa langue sifflante qui choisit toujours à la perfection les mots à dire tant pour apaiser que pour gangrener un organe déjà atteint. « Sin, tu es un idiot, » Il ne lui apprend rien, chassez le naturel et il reviendra au galop, on ne peut changer la nature profonde d'une âme déjà marquée au fer rouge. Retenant un sourire maladroit en signe de malaise moqueur c'est suite à cette parole qu'il tourne la tête vers lui détaillant comme à son habitude les traits du fils du soleil. « Je serais devenu alcoolique et j’aurais fini par mourir d’ennui. Quant à toi, tu n’aurais pas su tenir en place et tu aurais fini par filer, pour mourir à ton tour parce que je n’aurais pas été là pour te tirer des griffes d’une harpie ou que sais-je encore, » Le score est vraiment serré, il continue de lui prouver par des formules abracadabrantesques qu'il ne faut plus se torturer - et pour le faire, il le fait plutôt bien. Pour peu il pourrait jurer qu'il se comporte tel un père qui sermonne avec désespoir son fils. « Ou nous aurions fini par nous entretuer, dans le seul but de pimenter un peu notre existence. » Et c'est enfin quand ses yeux se plongent dans les siens qu'il peut réellement voir qu'il ne rigole plus tant que cela, que le sérieux est de mise et qu'encore une fois en ayant abordé des plans douteux Sinbad n'a pas pu s'empêcher de tirer un peu trop fort sur la corde. Besoin d'être rassuré sans douter, puisqu'encore maintenant il ne sait toujours pas pourquoi il continue de le sauver in extremis. Le doute est toujours omniprésent chez le flibustier qui à chaque peur le concernant se trouve plus que ridicule, au moins cela prouve qu'il est bien trop important, qu'il vaut mieux qu'une paire de brigands et qu'il a su frapper là où personne n'a pu. Déglutissant quelque peu, il redoute le retour d'étincelles qu'il pourrait se prendre dans les iris et devenir aveugle - et même là encore, il est convaincu que son compagnon le guidera. En est-ce malsain à ce point ? Pas tellement, plutôt trop parfait pour être réel. Une loyauté pareille se trouve chez les bêtes, et encore même elles se dévorent entre elles pour mettre en pratique la loi du plus fort. Décidément, il a beau pouvoir retracer la moindre courbure de son corps et ses cicatrices sur une feuille, il continue toujours de découvrir des facettes étonnantes de ce délaissé de la société. Il s'avère même tant hypnotisé par les deux billes charbons qu'il reprend le fil de la conversation au moment où il lui donne un ordre. Nom d'un chien, il a du culot de demander ça à son supérieur, non en fait il ne se s'embête pas à poser la question, il lui dit d'arrêter de se faire du mal. Très bien, autant mêler l'utile à l'agréable. « Nous étions des gosses, inexpérimentés et avides d’aventures. Nous nous sommes peut-être trop entêtés alors que tout semblait se dresser contre nous pour nous en empêcher, mais que peut-on y faire à présent ? Tu sais, je ne regrette rien, » Et Dieu seul sait combien de fois il a pu le lui dire, il ne s'en lasse jamais et cela le réconforte plus que de raison, c'est comme un enfant qui a besoin de sa ration journalière de sucreries, lui il se nourrit de phrases, d'une voix apaisante qui sait comment empêcher son for intérieur d'éclater en mille morceaux. « Nous avons perdu des amis, des frères. Nous avons fait des choses terribles parfois, mais je ne peux pas regretter ce qui nous a mené où nous sommes aujourd’hui. Ce qui a fait de nous qui nous sommes maintenant. » Il a toujours réponse à tout, s'il n'avait que dix ans, il aurait finit par s'énerver face à cette incarnation de sagesse qu'il est. C'en est désolant, ça ne fait que l'enfoncer dans sa risibilité. Attrapant un autre fruit sec qu'il avale sans plus de politesses, il reste à l'affut de la suite, ne souhaitant louper aucune miette de la philosophie de son frère qui passe une main dans ses cheveux. Et le front à front, ce fameux front à front qui est autant une signature qu'une vilaine habitude, encore mieux qu'un coup dans le dos, beaucoup plus révélateur qu'un clin d'oeil complice, comme si quelque part ils souhaitaient ne faire qu'un être de chair et de sang, cependant ne pouvant le faire ils restent des moitiés de quelque chose, se complétant à leur manière. Ses paupières se ferment par automatisme, il a presque cessé de respirer et sent à peine coupable de l'avoir embarqué dans ses galères. « Et si cette question te taraude encore, je ne regretterai jamais d’avoir croisé ta route, Sinbad Septmers, » Sin est transformé en Sinbad Septmers, ce qui est loin du surnom, ce qui veut dire qu'il est loin de mentir, surtout quand il utilise son nom de famille. Son coeur se pince, se fait lacérer par des aiguilles qui ne cherchent pas à lui faire du mal mais le font tout de même parce qu'il s'estime bien trop chanceux. Sans lui, il aurait peut-être pu combler une femme, avoir des enfants, ne pas forcément s'épanouir dans son métier d'hypothétique vendeur de fruits, cependant il aurait pu. Dégageant derechef les pensées aberrantes de son crâne il voudrait lui coller son poing dans la figure pour faire naître tant d'émotions en lui, contradictoires et à la fois spontanées. C'est bon d'être un idiot finalement. « Je t’ai déjà promis que je te suivrai où que tu ailles, mais ce n’est pas tout. Ces fardeaux qui alourdissent tes épaules, ces doutes qui étreignent ton cœur, je ferai toujours tout ce qui est en mon pouvoir pour les chasser, » Le lien est brisé, s'éclate avec délicatesse dans le vent qui passe sur leurs corps bronzés il daigne revoir la lumière du jour qui se lève et affiche un rictus tendre, sincère accompagné de ses iris verts qui pétillent de leurs absurdités.

Que dire après une telle révélation ? Rien, il a peur de tout gâcher et de mettre à mal les belles paroles qui sont sorties de la bouche de son aîné. Manquerait plus que ça, qu'il brise la belle mécanique d'écriture qu'il a lancée. Il n'a pas besoin d'encre, encore moins d'une plume et fait à sa manière son pas dans l'histoire de Fort Fort Lointain, il est dans ce mythe et est même le héros principal même s'il paraît n'être que secondaire. Sinbad Septmers n'est pas la légende, et sur l'instant il est dépité de ne pas pouvoir lui offrir plus qu'il ne le fait déjà. « Je t’aime, Sin, ne l’oublie jamais, » Il ne compte pas le faire de sitôt et l'amour c'est pire qu'un poison, ça pourrit le sang comme ça lui permet de briller sous n'importe quel astre. Il n'est pas si doué avec ça le forban, bien loin de là il correspondrait plutôt au pauvre jeunot gauche qui ne sait comment courtiser une donzelle et une fois pris sur le fait il est comme pris à la gorge, quelque chose ou quelqu'un l'empêche de laisser sortir les mots qui font battre sa carcasse tout entière. Il n'y a aucun ennemi si ce n'est lui-même et il faut qu'il se batte pour permettre à leur relation de perdurer dans le temps. Passant le bout de sa langue sur ses lippes asséchées il retient un gloussement malicieux et vient à déposer un baiser sur sa tempe, non pas signe d'une protection, juste pour lui rendre ce qu'il dit avec des gestes. Parce que là où il n'est pas très fort, il se rattrape où il peut avec ce qu'il peut. Puis, laissant un temps de silence il murmure contre sa peau. « Tu sais que je suis très mauvais en amour, c'est dangereux de m'offrir ton coeur ainsi, je pourrais par mégarde n'en faire qu'une bouchée. » Tirant une grimace pour donner une dimension mélodramatique à sa parole, il peut comprendre par ce sous-entendu tout ce qu'il veut, tant bien qu'il répond à la positive parce qu'il vient de lui dire et que forcément il l'aime plus que n'importe qui en ce bas-monde, même une maîtresse, même un amant ne pourrait détériorer ce fil invisible en métal qui continuera de les faire se croiser si un jour ils viendront à se séparer - ce qui à priori est totalement improbable, néanmoins sait-on jamais. Il se recule à son tour, attrape un autre fruit pour s'en délecter puis en s'aidant de ses mains arrive à se mettre debout en équilibre sur ce mur qui surplombe Port-aurore. Glissant ses mains dans ses poches et par extension le dernier bout de pain qu'il lui reste, c'est avec justesse qu'il s'empêche de tomber lamentablement par-dessus bord, manquant une mort visiblement certaine. Si ce n'est pas l'océan qui l'avalera, alors ce sera le vide. « En plus d'être un vieillard, tu es complètement sénile Kale, et même avant d'être rattrapé par le temps tu étais déjà particulier. » Kale était Kale, c'était bien suffisant. « Ma plus grande passion après l'étendue qui nous nargue, un jour je t'offrirais une bague pour sceller notre alliance ! » Qu'il ajoute sur le ton d'une raillerie aussi enfantine que digne d'une farce. Laissant sa tête tomber en arrière pour se concentrer sur le ciel qui revêt ses plus beaux atours, il ressort ses mains de sa redingote pour les glisser dans son dos et les joindre. A trop aller en arrière, il finira par se ramasser la figure sur les pavés sauf que le funambule ne voit pas le mal là où il est, c'est de son fil tendu qu'il doit se méfier ou au contraire en faire son meilleur allié. « Mais avant, je veux vérifier si tu es digne de m'accorder ta main, non pas que je doute de tes compétences, loin de là. Seulement Port-aurore a changé en même temps que nous et qui sait si tes réflexes sont les mêmes ? » Se battre ? Serait-ce raisonnable surtout sur une telle surface ? Oh, à ne pas en douter ils en seraient capables plus que n'importe qui, or le combat prendrait un temps considérable, ils commenceraient en ce beau matin et finiraient seulement tardivement le soir - une lutte titanesque qui ne laisse ni gagnants, ni perdants. Il pense à autre chose, ne peut s'empêcher de se marrer plus que de raison et retrouve ce qu'il a perdu en route durant ces sept années de calvaires, il redevient en osmose avec cet environnement qui lui a tant manqué. Lui faisant dos il scrute avec attention les bosses qui lui font face, des toits, toujours des toits, rouges, jaunes, oranges comme une ode au désert de Maldune et qui en plus sont assez proches pour éviter qu'ils se blessent. Très bien, la course peut commencer. Mine satisfaite collée au visage, il ne laisse pas le temps à son second de réagir que le voilà à fendre le vent qui lui claque sur la figure, il saute, retrouve des sensations qui appartenaient à jadis et tape contre d'autres textures qui foulent ses bottes qui feront bientôt un tour chez le cordonnier. Où est-ce qu'il va ? Il n'en sait rien, il le suit c'est tout ce qu'il sait, de très près même et à l'âge de dix ans il était incapable de surpasser son maître qui se moquait diamétralement de lui lorsqu'il atteignait la ligne d'arrivée avec sa dégaine suffisante. Pas cette fois. Le défi prend place, il continue sa ruée vers l'inconnu et sent ses poumons brûler sous la violence de l'effort, de ce cap ou pas cap qui ne vaut pas grand-chose. Il ne fait plus qu'un avec l'élément, se retrouve dans ce geste anodin puis au bout de quelques secondes durement écoulées il s'arrête progressivement sur une maison qui est loin de lui être inconnue. Passant la tête sur le rebord, à peine quelques mètres plus bas se présente devant lui un balcon qui ne laisse plus place au doute. Soupirant à cause de la galipette à entreprendre pour se retrouver sain et sauf sur la surface en pierre, il escalade dans l'autre sens, s'accroche à des pierres ébréchées et encore une fois les pieds dans les airs, il relâche la pression pour se retrouve à peu près debout sur la structure. Toussant à cause de la poussière qui émane de sa chute, il fronce les sourcils pour se concentrer sur le reste de porte qu'il reste, laissant au capitaine l'exclusivité de tâter le terrain de loin. Il ne s'est pas trompé, bien sûr que non il ne s'est pas trompé. Passant un pas presque fébrile dans la pièce, il saurait reconnaître cette pièce plus que n'importe qui puisque fut un temps il dormait ici. Son lit trône contre le mur crasseux ayant probablement accueilli depuis des tas d'années des vagabonds en quête d'une bonne nuit. Tout est fade, néanmoins des meubles sont restés, même sa vieille bibliothèque qui a gardé ses vieux livres, certains rongés par des bestioles avides d'un tel festin. Il s'enfonce un peu plus et ne fait qu'agrandir son sourire sur sa mine déjà plus rayonnante. Son ancien bureau est délabré, sa chaise quant à elle tient la route même s'il ne veut pas tenter le diable en posant son séant dessus. Un bruit sourd le sort de son émerveillement, Kale est revenu parmi les vivants. « Quand je disais que mes ouvrages prenaient la poussière, à l'époque je ne le pensais pas de manière si littérale... » Abordant un rire vrombissant, il se rapproche de l'étagère ni trop grande ni trop petite, il attrape un livre et sans pouvoir rien faire les pages se détachent de la couverture en cuir. Ses traits se déforment pour ne laisser qu'une petite expression de douleur et c'est accroupis qu'il essaie de rattraper les dégâts, certaines s'effritant sous ses doigts. Ne pouvant s'empêcher de passer une oeillade sur quelques lignes, un il était une fois, un début, une fin, des lettres qui s'effacent parce que c'est ce que fait le temps et ne laisse derrière lui que des cendres. Sont-ils bons à finir sur la terre ? Non, il n'y croit pas. Ils sont forgés dans le sel et finiront là où ils ont été taillés, dans une mer écarlate. Ils sont ses fils, ils sont les envoyés des abysses qui profitent de leur mortalité, ils sont la moitié d'un, ils sont l'un, ils sont l'autre.
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