AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
FORT FORT LOINTAIN A FERME SES PORTES.
Le deal à ne pas rater :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : où l’acheter ?
Voir le deal

sinbad ☾ soigner son entrée avec du mercurochrome


FORT FORT LOINTAIN

Invité
Invité

Anonymous




sinbad ☾ soigner son entrée avec du mercurochrome  EmptySam 20 Sep - 20:54




Sinbad et Hansel


   
   
   

hello darkness what’s your name today ?

Sa première pensée était qu'il tremblait tellement qu'il ne savait même pas s'il allait réussir à passer la vieille planche qui menait à l’Écorchée.
La deuxième qu'il allait mourir.
Ce n'était donc peut-être pas trop important de passer ce maudit pont, tout compte fait. Pourtant c'est ce qu'il fit. En tremblant toujours autant. Tous ses muscles s'étaient crispés pendant la course poursuite, et son souffle incontrôlé menaçait de défaillir à chaque instant. Mais le pire n'était pas encore arrivé. Le pire, était qu'il le savait pertinemment. Sur le bateau des matelots l’accueillirent, peu étonnés qu'il revienne seul après une fin d'après-midi mouvementée. Après tout, c'était ce qu'on faisait sur ce rafiot : on partait, on revenait, avec des ennuis ou non. Puis quand tout le monde était bien à bord, on disait adieu à la terre pour s'en aller parcourir l'univers. Sauf que cette fois-ci, il n'y avait pas tout le monde ici.
Cette fois-ci, quelqu'un -quelque chose, d'après Hansel, mais bon- manquait à l'appel. Personnifié en un homme imbu de lui-même, Potté croupissait dans un cachot. C'est du moins ce qu'espérait le matelot. Après tout, c'était à cause de lui qu'il tremblait autant. A cause de cette chose qu'il avait faite, en toute connaissance de cause. Sur un coup de tête. Comme ça. Parce qu'il le fallait. Parce qu'il ne pouvait pas s'en empêcher, comme si une petite voix lui avait répété jusqu'à ce qu'il mette son plan à exécution.
Denougatine avait trahi. Il avait menti à un menteur, l'avait livré aux officiers pour sauver sa peau et se venger. De cela il en était purement conscient. Mieux, il ne s'en voulait pas.
Bon, presque pas. Il en voulait simplement aux paroles qui allaient fuser dans peu de temps. Car c'était un fait : Il était en chemin. Et il ne manquerait pas de le tuer quand il aura eu mot de toute l'histoire. Cette perspective le fit rester sur ses deux pieds, bien encré sur les planches du bâtiment, comme un condamné.
"Te voilà ! Vous arrivez en décaler dis donc c'est pas très synchronisé tout ça !"
Le soupir du crucifié. C'était tellement décaler que le dernier membre de la mission ne reviendrait pas -Jamais peut-être, s'il existait un dieu, quel-qu’il soit, sur ce caillou.  Le mousse en doutait, pourtant. Le chaton et son égo sur-développé se sortaient à chaque fois des situations les plus alambiquées, et s'il y avait vraiment une divinité susceptible de l'aider, alors elle l'aurait déjà pousser par dessus bord afin de ne pas subir le courroux terrifiant qui allait s'abattre sur lui. Car c'était bien ce qui se préparait. Même l'équipage sentait la tempête approchée. Ses amis n'étaient pas idiots, après tout -pas tous, du moins- ils savaient reconnaître une mine penaude quand ils en voyaient une, et c'était tout ce qu'avait Hansel à ce moment précis, si on omettait son regard buté, de ceux qui ne baisserait pas la garde tant même si les trompettes du jugement dernier jouaient leur chanson macabre.
Aussi têtu que quelqu'un qu'il connaissait. "Le capitaine est revenu ?" demanda-t-il après quelques minutes, dans un silence presque complet. En effet, ça bavardait sec dans les rangs. Le petit qu'on emmène sur le terrain était enfin revenu. On voulait savoir ce qui s'était passé. Ce qu'ils avaient tous les trois fait dans cette ville peuplée de voleurs moins bons qu'eux. De cela il n'y avait presque rien à dire. Hansel avait simplement suivi ses aînés, puis comme d'habitude tout avait fini par déraper et ils avaient fini avec des chevaliers-flics à leur trousse. Rien de bien nouveau, en somme. Simplement qu'ils s'étaient séparés à un instant pour les semer, et que le jeunot en avait profité pour que ses rêves se concrétisent, et ainsi avait laissé discrètement et largement leurs poursuivants coincer Potté. "Pour sûr qu'il est revenu !" On lui répondit avec un sourire forcé dans la voix. Si Sinbad ne l'avait pas encore vu arriver, alors il devrait aller le chercher sous peine de l'inquiéter. Depuis combien de temps était-il de retour, d'ailleurs ? Combien Hansel avait-il encore de minutes à vivre ?
Cela, il n'en savait rien. Il avait juste compris que ces secondes qui s’égrenaient si rapidement dans son sablier cassé, il allait les passé à se faire assaillir de questions en tout genre par les pirates qui l'entouraient de toute part, comme s'ils avaient eu ordre de l'étouffer un peu plus. Sa respiration, Hansel l'avait un peu reprise, mais il soupçonnait qu'il crèverait le souffle court.
Il en était convaincu. Parce qu'il avait encore l'impression de courir à travers les rues en coupes-gorges, les ruelles mal fréquentées de Fort fort lointain. Il courait encore en pensée. Et c'était épuisant. Se venger était épuisant. Surtout quand on ne savait pas de quoi. Surtout quand on en avait bien aucune foutue idée.
Avec la sorcière, ça avait été différent. D'abord parce qu'il s'agissait de survie. Et aussi parce qu'il avait été un enfant, à ce moment-là. Il avait eu des excuses, il en avait toujours, d'ailleurs, quand il y repensait. Elle allait le bouffer, elle l'avait enfermé dans une cage pour l'engraisser, il s'était fait abandonné. Mais ici ? Maintenant ? Quoi ? Potté ne prévoyait pas de le faire cuir à la broche, du peu qu'il savait.
Et pourtant.
Pourtant il se sentait prêt à affronter les foudres les plus effroyables de son capitaine pour que ce matou reste enfermé.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN



sinbad ☾ soigner son entrée avec du mercurochrome  Tumblr_nu0srp6YEl1rjl6wko2_250

⊱ pseudonyme : elf
⊱ tête mise à prix : luke evans.
⊱ crédits : swan, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 01/01/1970
⊱ tes licornes : poucet, cam et gil.
⊱ schillings : 0

⊱ ta race : pauvre mortel fragile.
⊱ allégeance : ni oui, ni non, tant qu'elle vient pas l'emmerder hein.

sinbad ☾ soigner son entrée avec du mercurochrome  Tumblr_nu0srp6YEl1rjl6wko6_250



sinbad ☾ soigner son entrée avec du mercurochrome  EmptyDim 21 Sep - 0:08



Hansel et Sinbad
La liberté coûte cher et son prix ne se mesure pas qu’en chiffre.

Son coeur frappe, son coeur hurle, son coeur s'emballe. Ce n'est pas qu'à cause de la course improvisée qu'il vient de se prendre en pleine figure. C'est bien plus. Si son coeur il se fissure en frappant contre sa cage thoracique, c'est à cause d'autre chose. Comme d'un sale mélange entre de la rage, de l'incompréhension et surtout de la panique. L'équipage n'a rien demandé quand il est revenu comme un dégénéré sur la surface en bois de son rafiot, il s'est derechef enfermé dans sa cabine sans un mot. Kale n'a pas osé rentrer, restant en dehors, ne cherchant même pas à comprendre pourquoi son capitaine s'est invité comme une furie dans sa propre tanière. Ses mains sont crispées, son sang ne fait qu'un tour dans tout son corps qui se met à trembler de manière incontrôlée. L'énervement. C'est une émotion chez Sinbad qui se voit peu de fois, mais qui, quand elle débarque ne fait pas un massacre à moitié, bien au contraire. Les éléments se retracent dans son crâne comme d'une mauvaise blague. Le casse qu'ils devaient faire à trois. La seconde mise en test de son matelot qui la première fois avait à ses côtés empêché un troll de détruire complètement un magasin, là, il avait confiance, simplement. Le but était simple, Sinbad devait attirer l'attention, Potté devait quant à lui voler la marchandise et Hansel surveiller les alentours. Oui, ça se passait bien, dans le meilleur des mondes. Jusqu'à ce qu'un sifflement fende l'air pour venir s'écraser à côté du félin charmé. Tout s'est enchaîné rapidement, à un point tel où le capitaine a l'impression que rien ne s'est passé réellement. Et pourtant, une fuite s'est engagée, son mercenaire s'est fait attraper et le dégoût s'est fait sentir dans son estomac. Le voilà donc qu'il se retrouve ici, à zieuter d'un air vide la décoration de son intérieur. Les bavardages de ses hommes ne sont plus qu'un ignoble bourdonnement, le réel n'est plus, place à l'irréel complètement exacerbé d'un homme qui se permet de saturer, totalement victime d'un sentiment qu'il ne peut dompter. C'est d'abord à la table qu'il s'attaque, jetant l'encre, les papiers au sol, la chaise se bouscule dans un fracas que n'importe qui en dehors de ce lieu peut entendre consciemment ou non, la table, tout y passe, d'un coup de pied à un coup de poing, d'une colère qui lui fait vrombir la gorge. Un de ses proches a été attrapé, c'est tout ce qu'il en retient. A cause d'une autre personne qu'il porte dans son coeur. Ce doit être ceci qu'il digère mal, c'est la faute de celui qu'il a jeté sous son aile, ce type qu'il a entraîné, à qui il s'est confié à plusieurs reprises. Ce gamin en qui il avait naïvement confiance. Jamais, oh grand jamais il ne se serait douté que la rivalité entre les deux êtres que sont Potté et Hansel, allait dépasser le bon entendement, que la limite entre travail et personnel n'allait pas être cassée. Le contraire s'est déroulé sous ses prunelles impuissantes. Qu'est-ce qu'il va advenir de son voleur ? Il ne saurait le dire, trop de doutes, trop de questions qui fusent, de reproches. Sa cabine ne ressemble plus à rien, si ce n'est un amas d'objets qui se superposent, se trouvent une place à gauche à droite, c'est un bordel ambulant qui ne mérite pas de nom. Dans le silence il crispe ses poings, dans la même ambiance il fronce ses sourcils, ses traits se déforment. Si ça va mieux ? Pas vraiment. Au moins ses poings ne s’abattront pas sur son cadet, ce qui en soit, est un début prometteur. Parmi tout ce fouillis, il peut entendre les paroles venant de l'extérieur. Hansel est arrivé. Hansel est là. Hansel ne va peut-être pas ressortir entier de cette remise en question. Le plus amusant doit être le reste de son équipage qui lui pose des questions, sans se douter qu'il est fautif d'un crime gravissime. Une trahison qui à l'échelle de Sinbad peut prendre des proportions bien plus grandes qu'à l'accoutumée. Ses bottes viennent à résonner dans la pièce, il se rapproche de la porte fermée, ses doigts se glissent sur la poignée. Encore quelques secondes pour espérer se calmer ? Peine perdue, c'est sans être prévenu qu'il a été jeté dans la gueule du loup, c'est sans être prévenu que Hansel va avoir droit à de la haine. Le vent frais de l'extérieur frôle son visage chaud.
Et l'échappatoire se referme violemment.
Sa populace se retourne, ne pipe plus mot tout bonnement parce qu'ils savent qu'une telle réaction n'est pas bonne à voir, à savoir, à connaître. Ils ont déjà eu la malchance de zieuter un Sinbad en pleine crise, ce n'est jamais bien beau, alors ils se reculent, le rond qui était formé autour du mousse se dissipe, lui prouvant à quel point maintenant, il se trouve seul face à son erreur. Sa respiration a du mal à reprendre un rythme régulier, l'image d'Hansel se fait de plus en plus nette. Il n'est pas totalement devant lui, sans pour autant être trop loin, il ne veut pas dépasser ce fameux non retour qui pourrait lui coûter une sale amertume. « Pourquoi ? » Droit dans les yeux, une bataille qui se veut presque perdue d'avance sauf si le jeune homme a de quoi lui offrir une défense en béton. C'est un jeu de sourd qui s'amène entre eux, un fossé qui se creuse, un trou béant qui commence à voir le jour dans l'estime qu'il avait pour lui. Ses pensées vont vers l'un, vers l'autre, d'un coup pour Potté, en se demandant comment il va pouvoir le sortir de ce pétrin, de l'autre vers le matelot qui a fait pire que lui asséner un coup de dague dans le dos. Ils vont le rendre fou, si ce n'est pas déjà fait. Toute sa douleur, toute sa fureur remonte. C'est dans ces instants que Sinbad il se dit qu'il est bien fait pour l'univers marin. Calme en apparence, très douce, elle peut se révéler redoutable quand elle ne veut plus faire d'efforts, ou quand elle ne supporte plus que l'on lui vole absolument tout ce qui lui appartient. Le capitaine, il lui laisse même pas le temps d'en placer une qu'il enchérit déjà. « POURQUOI HANSEL ?! Si tu as des explications à me fournir, c'est maintenant. Et j'espère, JE PRIE POUR TOI, qu'elles tiennent la route. » Son second se mêle un peu à cette histoire qui ne le concerne pas. Peut-être qu'il a peur qu'il parte en vrille, que tout d'un coup il ne se dirige plus et commette l'irréparable. La main de Kale sur son épaule qu'il rejette d'un coup brutal, c'est en un regard qu'il le dissuade de recommencer. « TOUT DE SUITE. » Sa voix n'est même plus posée, s'étant étalée en un hurlement qui pourrait réveiller ceux qui dorment autour du port. Peu lui importe. Il n'a d'yeux que pour celui qui voulait s'accaparer toute l'attention, celui qui passait un temps fou à se crêper le chignon avec Potté, celui qui avait su toucher le marin par sa sincérité, son acharnement à bien vouloir réussir. Maintenant c'est place au doute, à la rancoeur, ce haut-le-coeur qui lui brûle l'estomac. Il arrive pas à y croire que ça peut être lui, pas lui, pas Hansel. Et pourtant, les apparences sont bien souvent trompeuses, tout comme les raisons qui lui échappent. Il pige pas, il pige plus, il est tout bonnement perdu. Celui qui avait, ce rang lui va plutôt bien au visage. Celui qui avait.
Mais celui qui dorénavant n'a plus.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Invité
Invité

Anonymous




sinbad ☾ soigner son entrée avec du mercurochrome  EmptyDim 21 Sep - 17:43




Sinbad et Hansel


 
 
 

hello darkness what’s your name today ?

Peut-être n'était-il pas tout à fait prêt, après tout. Comme tout l'équipage, d'ailleurs, aux vues de leurs yeux effarés quand le capitaine fit son entrée. En effet, il était là. Accompagné de sa rage, et de son regard qui pouvait clouer sur place le plus audacieux des habitants de Fort fort lointain. Hansel, bien entendu, n'en était pas. Il y avait cru, à un instant. Etre  prêt, réellement, pouvoir lui tenir tête, ou même s'expliquer. Il avait prévu peut-être un mensonge ou deux. Mais maintenant, il savait pertinemment que même la plus astucieuses des tromperies ne fonctionnerait pas contre ça. A l'intérieur, il se sentait comme le plus idiot des idiots. A l'extérieur, il manquait de défaillir. Heureusement, presque, que tous les hommes de Sinbad l'entouraient encore, ils l'empêchaient ainsi de se faire brûler par les prunelles inquisitrices de son aîné. Mais plus pour très longtemps, car ils comprirent plus vite que lui qu'il était grand temps de s'en retourner à des occupations plus habituelles, même si l'envie de regarder le duel qui se préparait sous leurs nez était trop forte pour qu'ils se déconcentrent totalement de la scène. Ainsi, ils lui firent place, alors que la porte de la cabine du capitaine se refermait violemment derrière lui. Lui. Non, ce n'était pas lui. Pas cette tempête qu'on avait oublié de cadenasser à double-tour. Sinbad ne lui ferait rien. Il était son protégé après tout. Il lui réservait beaucoup, et ne lui en avait donné pas moins. Septmers était juste. Septmers se contrôlait toujours, car il fallait énormément de self-control afin de régir d'autres personnes.
Mais il fonça tout de même sur Hansel. Et à ce moment-là, le jeunot pensa que rien n'était plus compréhensible que cela.
Son regard dans celui de son capitaine, alors que ce dernier gardait ses distances, il pensa aussi à Potté, qui croupissait à l'heure qu'il était dans un cachot. Cela lui donna le courage de ne pas baisser les yeux. Il avait fait ce qu'il fallait.
Sûrement. "Pourquoi ?"
Le silence. Même les mouettes n'osaient pas répondre à cette question qui ne méritait aucune réponse. Aucune réponse censée, s'entend. Car Hansel aurait pu lui dire ses envies et ses amertumes. Lui dire les blessures et les brûlures qu'on lui avait appliquées par la suite. Dans son cœur, à la limite de l'inhumain. Les balafres qu'il s'était lui-même faites. Parce que les hommes se créaient leur propre enfer sur terre. Mais tout ceci était impensable. C'était les nons-dits, que Sinbad n'entendrait jamais. C'était ce qu'il regrettait. L'amertume qu'il nourrissait chaque jour, parce qu'on ne pouvait pas être parfait. Qui de l'homme ou de l'enfant Hansel copiait dans ces gestes vicieux ? Il en avait sa petite idée.
Peut-être aurait-il dû répondre tout de même. Car pris dans ce tourbillon d'incompréhension, le capitaine s'énerva. Pour de bon. Et la sentence promettait de n'en être que plus terrible. Même Kale savait que tout le monde allait regretter.
Pourtant tout le monde continuait. Parce qu'il n'y avait que cela à faire.
"POURQUOI HANSEL ?! Si tu as des explications à me fournir, c'est maintenant. Et j'espère, JE PRIE POUR TOI, qu'elles tiennent la route." Ce n’était pas facile de dire ces choses-là. Ce n’était pas facile de les faire, déjà. J’ai fait ce que je voulais faire depuis des semaines. C’était tout ce qu’il avait à lui répondre. Quelques mots soufflés avant de se faire achever. Des syllabes qui ne lui allaient pas au teint. Parce qu’Hansel n’était pas né ainsi. En fait, il partait du principe même que personne n’était né  pour être quelque chose. On devenait ce qu’on voulait. Nos actes se répercutaient sur notre vie.
Et notre mort aussi.
Il ne dit toujours rien. Il sentait simplement l’équipage retenir son souffle, Kale tendu comme un arc et Sinbad au bord de l’implosion. " TOUT DE SUITE." Son hurlement se répercuta sur les planches qui semblèrent en trembler, et sur le bastingage, ainsi que l’océan tout entier. Hansel, il n’avait jamais vu son capitaine comme ça. Pas dans cet état-là, et Kale lui avait raconté un jour qu’il ne s’énervait pratiquement jamais. Lorcan l’avait mis en garde en rigolant. Ne mets pas en colère le capitaine. De toute façon, tu ne pourras pas, il faut du niveau pour le faire sortir de ces gonds, ce gars-là. Se pouvait-il qu’il échoppe d’une médaille ? Ou d’un poing dans la figure ? D’une dague plantée dans le cœur ? Alors que son souffle se coupait irrémédiablement, comme si respirer était la plus insultante des choses à faire en cet instant, Hansel opta pour la deuxième ou la troisième solution. Et aussi improbable que cela puisse paraître, il en avait même arrêté de trembler, contrairement à Sinbad, qui semblait bouillonner de rage –Non. Qui bouillonnait de rage. Ses cheveux étaient décoiffés, sa mine hargneuse et sa respiration saccadée. Qu’avait-il pu bien faire jusqu’au retour de son protégé, qui n’en était sûrement plus à ses yeux, il fallait se l’avouer ? Peut-être avait-il tué un matelot ou deux pour se défouler. Et Hansel était le prochain. Le seul qui le méritait.
Il en était conscient maintenant. Mais il était advenu à un point de non-retour qui faisait qu’il se complaisait dans son propre mensonge. Pour sûr, qu’il y croyait, à cette ignominie qu’il avait commise, mais qui n’en était, si on pensait comme lui, pas une. Bien sûr qu’il s’en voulait. Mais un sentiment prenait le pas sur l’autre. Comme la colère avait pris le pas sur le contrôle constant de Sinbad.
C’était le naufrage.
Les écorchés vifs.
"Je n’en ai aucune. " murmura-t-il alors qu’il continuait à regarder son maître. Les souvenirs des matins d’entraînements, des rires et des confidences lui revinrent rapidement en mémoire. Il eut l’impression d’être un imposteur.
Retour au point de départ.
"Potté est bien où il est. " Il hocha légèrement la tête, et sous les regards ébahis de ses compères,  retrouva ses jambes qui menaçaient de fléchir quelques instants plus tôt pour se diriger vers un seau d’eau posé là, sur le pont, ainsi qu’une serpillière. C’était des choses qu’il connaissait. Contrairement à tout ce qui se profilait sous ses yeux, et dans son cœur serré et honteux.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN



sinbad ☾ soigner son entrée avec du mercurochrome  Tumblr_nu0srp6YEl1rjl6wko2_250

⊱ pseudonyme : elf
⊱ tête mise à prix : luke evans.
⊱ crédits : swan, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 01/01/1970
⊱ tes licornes : poucet, cam et gil.
⊱ schillings : 0

⊱ ta race : pauvre mortel fragile.
⊱ allégeance : ni oui, ni non, tant qu'elle vient pas l'emmerder hein.

sinbad ☾ soigner son entrée avec du mercurochrome  Tumblr_nu0srp6YEl1rjl6wko6_250



sinbad ☾ soigner son entrée avec du mercurochrome  EmptyDim 21 Sep - 19:55



Hansel et Sinbad
La liberté coûte cher et son prix ne se mesure pas qu’en chiffre.

Alors quoi ? C'est comme ça que les histoires doivent se terminer ? De la pire des manières ? En y pensant plus sérieusement, en se penchant sur le sujet jusqu'à en écrire un ouvrage, c'est à peu près ainsi que le plus grand des penseurs des terres de Fort Fort Lointain pourrait affirmer la chose. C'est dans la plus grande douleur que se terminent les relations humaines, tout bonnement parce qu'elles ne connaissent aucune autre porte de sortie. La perfection ce n'est pas pour eux, un être mortel et si imparfait ne peut s'adonner à des relations qui durent dans le temps, à un manque de disputes, bien au contraire, il les fait brûler. Parce que l'homme, lui, il peut ressentir, il a des émotions qui se mélangent pour ne donner qu'un joyeux foutoir dont personne ne voudrait voir le résultat. L'homme il a le choix. Il peut ou ne peut pas s'énerver, il a le droit de réagir face à une chose qui le répugne tout comme de se taire devant une menace. L'humain peut comme ne peut pas. L'humain il connaît pas les fins heureuses. La seule ici à croire qu'un jour tout marchera sur des roulettes, c'est belle et bien la reine à la baguette magique dévastatrice. Eux ils se contente de zieuter d'un oeil crétin les êtres qui se changent au fil du temps. Eux ils continuent de tout fracasser sur leur chemin. L'homme est là pour ça, pour casser, pour détruire, arracher, rebâtir. Sinbad n'échappe pourtant pas à la règle, malgré les compliments qu'on lui fourre dans les tympans, même si l'on chante ses louanges sur un air de luth, même si beaucoup de choses finalement. Sinbad il est comme un autre, à l'instar de Kale il peut saturer, toute la pression mise sur ses épaules peut s’effondrer, château de cartes sous le vent, petit tas de sable dévasté par les vagues, il agit parce que son coeur le lui dit. C'est toujours à cause de celui-ci que les ennuis débarquent naturellement. S'ils étaient des machines, ils n'auraient pas besoin de cette pulsion de mettre les choses à plat, s'ils étaient des animaux basiques, ils se contenteraient de se battre, de copuler à la saison des amours et de donner naissance à des bambins pour mieux passer l'arme à gauche après. Souvent, le capitaine il regrette d'avoir autant en lui, de dégouliner d'émotions jusqu'à ce que les expressions de son visage se lisent bêtement. Il se sent, il se sent... Comment ? Le sang lui monte tellement à la tête qu'il n'arrive plus à réfléchir calmement. C'est ça de découvrir la face sombre d'un homme qui a eu droit à sa dose de limite largement dépassée. Depuis combien de temps ne s'est-il plus autant énervé ? Oh probablement des années, quand il était plus fragile que maintenant, quand il comptait les jours, répétait les noms de ses compagnons jusqu'à ce que le sommeil le rattrape. Hansel avait éclaté les scores, Hansel avait tout bonnement défoncé d'un seul coup de marteau le mur de confiance qui s'était imposé entre les deux. Sinbad il lui avait tout donné ces dernières semaines, ses confidences, un peu de ses doutes, il en savait bien trop sur Septmers, plus que le reste de ses hommes n'en savait déjà. C'est ça qui le crevait, qui le saignait jusqu'à ce qu'il en tremble de tout son être, celui de se dire que tout ceci n'avait servi à rien, que l'image qu'il avait forgé de Denougatine n'était qu'un mirage. Qu'il lui avait menti. Et le mensonge, y'avait rien de pire sur ce navire qui prônait la vérité avant tout. La règle avait implosé, le rideau était tombé.
Et ça fait mal, bon dieu ce que ça lui fait mal.
Dans son esprit la gorge de son mousse a été tranchée de fois, son joli minois frappé à plusieurs reprises, son âme jetée contre un mur, se cassant en mille morceaux. Fatalement, c'est son imagination qui fait tout le boulot, laissant à l'extérieur une pierre volcanique. L'eau a laissé place au feu. C'est un fait indéniable, la mer calme et reposée n'est plus qu'un lointain souvenir, il faudrait revenir au matin pour y avoir droit. Là, c'est un volcan grondant, beuglant son mécontentement face à une population qu'il n'arrive plus à comprendre, qui profite de lui pour lui arracher des pierres venant de sa naissance. Sinbad reste Sinbad. Sinbad dévoile juste une facette que personne ne voudrait voir, même le pire des truands. « Je n’en ai aucune. » Coup de grâce. Le débutant n'aura pas eu besoin de son arbalète, ni du sabre qui pend à sa ceinture pour lui avoir ouvert la peau en un mouvement sec. Ses prunelles s'écarquillent, il n'arrive pas à y croire. C'est pas Hansel Denougatine qu'il a devant lui. Cette soirée doit être propice aux changements, aux masques qui s'éclatent sur le parquet vieillot, la fin de la manipulation et le début des règlements de comptes. « Potté est bien où il est. » La nature de la relation entre ces deux personnages n'était pas bien rose, pourtant, il ne se serait jamais douté que son protégé se laisserait tenter par un tel affront. Même par respect pour son supérieur. C'est à croire qu'il n'avait d'yeux que pour ceci, qu'au moment où Sinbad lui avait annoncé la mission, il avait déjà en tête de faire enfermer son compatriote à doubles tours, sans possibilités de sortie. Vicieux, mauvais, inconscient, borné, détestable ? Ce ne sont pas des traits que le corsaire veut attribuer au gamin, certainement pas, ça le tuerait d'avouer que même chez lui réside une part de pourriture impossible à faire partir. Même le plus pur des coeurs a ses faiblesses. Même le plus pur des coeurs peut se laisser tenter par les ténèbres. Lui qui était tombé à corps perdu dans des méandres abyssaux, il ne voulait pas que la même chose arrive à son matelot. Et pourtant, il s'était planté en beauté. Inspirant longuement histoire de trier les informations qui picotent contre les parois de son crâne, il vient à déglutir, à passer une main dans sa tignasse rebelle, sa main droite se pose sur sa nuque dans un silence propice à la plus grande nervosité. « Donc, si je comprends bien, tu as fait jeter mon meilleur élément dans les cachots pour rien ? Est-ce ça ? » Les iris vertes du dirigeant fixent un point invisible sur le bateau, on pourrait croire qu'il tue son équipage un par un, toutefois c'est la scène de course qui lui revient à l'esprit. Un peu au ralenti, cherchant à décortiquer une quelconque information logique dans toute cette aventure. Il n'y en a pas, il n'y en a jamais eu. Si Hansel a tiré sa flèche, c'est tout bonnement pour le faire tomber au trou. Si Hansel a agi ainsi c'est par jalousie. Si Hansel a agit ainsi c'est pour se débarrasser de lui. D'un seul coup, sa voix cassée reprend le dessus. « TU TE MOQUES DE MOI ?! Sais-tu Hansel que tous ces hommes comptent sur moi ? Que je me suis engagé à toujours les faire revenir entier de mes escapades ? LE SAIS-TU ? LE PENSES-TU SEULEMENT ?! » Il peut sentir les regards perdus de Kale et de Lorcan sur son corps, il peut les voir, les croiser quand il se met hors du conflit. Il n'a pas le temps pour culpabiliser, il ne peut pas se le permettre, surtout pas face à une erreur aussi grave. « N'est-ce qu'un jeu pour toi ? Un amusement que de faire souffrir autrui ? AS-TU AU MOINS LA JUGEOTE DE TE DEMANDER CE QUE PEUVENT RESSENTIR LES AUTRES FACE A CECI ? N'es-tu donc qu'un égoïste ? » Un pas à gauche, un pas à droite, s'il s'écoutait il ferait les cent pas, trouerait à priori le pont à force de faire frotter ses bottes contre la surface lisse. « BON SANG HANSEL ! » Avec vitesse il se rapproche de son interlocuteur, passe une main sur sa ceinture pour attraper sa lame qui lui refile des frissons à peine sortie de son fourreau. Ce qu'il lui a donné, ce qu'il lui a offert, tout ce dont il a été témoin. Il se souvient des matinées passées à se marrer face à une gourderie de Lorcan, à analyser attentivement ses gestes quand il se battait avec son second. Tout ceci s'écroule. C'est un bout de papier qui brûle à petit feu, son estomac se tord dans tous les sens, le déforme de partout, s'il en avait le courage, peut-être pleurerait-il à cause de tout ce qui le tiraille dans bien des sens. C'en est trop. C'en est beaucoup. C'en est assez. L'arme se lève dans les airs, son ami vêtu d'orange fait un geste en hurlant. « SINBAD ! » Le fer fait cling, fait clang, glisse jusqu'au bout du bateau, il l'a lancé, geste significatif rien que pour lui. Ses sourcils sont froncés, ils sont proches, trop proches. Tout le petit monde continue de jeter un oeil discret à la scène qui se déroule sous leurs yeux. Tenter d'agir serait de la pure folie, prendre de la défense du cadet le serait encore plus et personne ne veut se mesurer à la légende des Septmers qui est tombé sur bien plus coriace que lui. Lui. C'est qu'il en oublie presque qui il est, ce qu'il fait, pourquoi il est ici. Acide, amer, ça gratte, ça pique, à l'intérieur ce n'est plus qu'une immonde vase pestilentielle. « Tout ce que je t'ai enseigné, tout ce que j'ai bien voulu t'apprendre, tout ce que tu as acquiescé sans broncher. Des foutaises ? Des fourberies ? DES MENSONGES ?! » Un coup est plus haut que l'autre, un coup tombe aussi bas qu'il peut remonter à la vitesse d'un cheval au galop. « QUI ES-TU HANSEL DENOUGATINE EXACTEMENT ?! Et ne va pas me rétorquer que tu ne sais pas. Il faut que je sache si tout ce que nous avons partagé n'a été qu'une rigolade pour toi. » Le souffle d'Hansel s'écrase sur son visage, il est paniqué, en même temps beaucoup trop calme. Il se doute qu'à l'intérieur son coeur veut vouloir se faire la malle. Celui de Sinbad reste bien en place, il se lamente à sa place et lui remémore à quel point tout peut basculer en une seconde. Tout ce qu'ils ont forgé ensemble, tout ce qui avait eu le mérite de brouiller un peu leur lien. Tout. Tout avait été éparpillé, des pages que Septmers ne retrouverait probablement jamais. C'est bien connu, c'est même plus à refaire. Les contes, ça s'termine mal, avec des fins qui ne se murmurent plus. Voilà la petite histoire, voilà la leur.
Celle de deux imposteurs qui se déchirent.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Invité
Invité

Anonymous




sinbad ☾ soigner son entrée avec du mercurochrome  EmptyLun 22 Sep - 19:52




Sinbad et Hansel


 
 
 

hello darkness what’s your name today ?

C’était le conte qui finissait mal. Les pages qu’on glissait discrètement entre celles racontant les plus grandes histoires, dans un grimoire des plus anciens. Le drame de l’entre-deux. Celui qui faisait mourir l’un des protagonistes principal, parce qu’il fallait bien que quelqu’un s’y colle, pour que la tragédie paraisse plausible. Pour que les gens retiennent leurs larmes difficilement, les prunelles grandes ouvertes. Si cette scène avait été un acte au théâtre, elle aurait été très réussie. C’est ce qu’Hansel put se dire, un peu plus tard, lorsque les rideaux furent baissés à nouveau, en apercevant les mines apeurées de ses compères. Le protégé de Sinbad. Un voyage à lui tout seul.
" Donc, si je comprends bien, tu as fait jeter mon meilleur élément dans les cachots pour rien ? Est-ce ça ?" Il n’aurait pas du lui répondre. Remettre les explications sur le tapis, alors qu’il n’y en avait aucune. Hansel aurait du terminer sur ces mots, se remettre à travailler alors que son capitaine remuait terre et mer afin de trouver une énième solution pour délivrer son cher petit Potté –après tout, c’était ce qu’il faisait à longueur de journée. Mais ce n’était pas si simple. Pas si facile de s’attaquer aux proches de Sinbad, sous son nez qui plus est. Pourtant c’est ce que son matelot avait fait, de plein grès, en sachant pertinemment que l’addition allait être salée. Il s’était engouffré dans la brèche libre d’accès et avait fait ce qu’il aurait du faire depuis longtemps. Et pour lui, cela n’avait pas été compliqué. Peut-être parce que son capitaine lui faisait confiance, et que d’une certaine manière, Potté n’aurait jamais pensé qu’il puisse faire une chose pareille. Peut-être était-ce aussi pour ce qu’il avait dit plus tôt, avec son cœur et cette candeur qui le caractérisait. Et parce qu’il était Hansel, aussi. Surtout.
Et que tout ce qu’ils avaient fait pour lui aurait pu l’en dissuader.
Il les avait quand même trahis.
Il ne savait même pas s’il pouvait considérer ça comme la plus grande bêtise de toute sa vie.
A la place, il écouta d’une oreille ce que son capitaine avait à lui dire – à lui hurler, plutôt, car de telles paroles ne pouvaient se prononcer avec calme.
Oui, il avait fait jeter dans les cachots son satané meilleur élément. Non, il ne se moquait pas de lui. Oui, il savait pertinemment que tous ces gens comptaient pour lui,  sans trop savoir s’il en faisait encore partie. Et il ignorait s’il était un égoïste ou simplement un fou sans cervelle.
Il aurait aimé pouvoir lui répondre tout cela. Pour que tout s’arrête. Une bonne fois pour toutes, et qu’il puisse enfin empoigner cette maudite serpillère afin de laver jusqu’à en user le pont, toutes ces erreurs difficilement réparables qu’il avait commises –Au moins essayer. Mais Sinbad ne lui en laissa pas le temps, ni l’occasion. Il le sentait imploser, à quelques pas de lui, et quand ses bottes claquèrent pour se rapprocher de lui, c’était fini. Hansel ne pourrait laver ses méfaits que dans le sang.
Il le comprit bien assez tard, là, accolé au bastingage comme un petit animal prêt à être écrasé. Le capitaine l’avait dépouillé de sa lame, et de toute la confiance qu’il avait mise en lui –en eux. Et il allait le tuer sur place.
Il le tuait sur place.
Son arme qu’il tenait bien haut alla valdinguer beaucoup plus loin, pour terminé sa course sur le parquet abîmé. Mais Sinbad continuait son art de mort avec ses prunelles déchaînées et ses mots durs. Immobile, Hansel le regardait à l’œuvre. Il s’observait aussi, comme si son esprit s’était détaché de son corps pour voleter au dessus de la scène. Il songea un instant qu’il n’aurait pas pu supporter ça s’il n’avait pas décroché à un moment ou un autre.
C’était ainsi qu’il se protégeait contre les affres de la vie. Contre les gens qu’il aimait mais qui ne l’aimait plus. Contre les moments qu’il avait aimé, puis détester. Contre la colère de son monde.
L’équipage se tut lui-aussi. Les respirations se firent haletantes durant un instant. Tout le monde retint son souffle, même le capitaine, qui s’était approché trop près du gouffre, et Hansel, tout au fond. Kale avait hurlé. Les deux martyrs n’en avaient pas prêté un seul instant attention. C’était entre eux seuls.
C’était leurs moments qu’ils mettaient en jeu. La mise ultime, qu’Hansel avait balancé sur le tapis, comme ça, par pure folie. Tout ou rien, qu’il s’était dit.
Il ne savait pas des deux ce qu’il avait échoppé cette fois-ci.  
" Tout ce que je t'ai enseigné, tout ce que j'ai bien voulu t'apprendre, tout ce que tu as acquiescé sans broncher. Des foutaises ? Des fourberies ? DES MENSONGES ?! " Ce fut comme un peu plus de sel sur la blessure. Hansel ne trouva rien d’autre à faire que de continuer à regarder son aîné, même s’il avait échappé à la mort, même si ses jambes voulaient partir elles-mêmes en courant, et hurler en même temps. Là, prisonnier de ce regard accusateur, un flou de tristesse se mit à barrer sa vue, acide qu’on applique sur des prunelles grandes ouvertes, et qu’on souhaite, de toutes les forces vaines qu’on a encore.
Les mensonges. La bête noire de la relation qui s’était lentement installée entre le maître et l’élève. Une promesse silencieuse s’était faite, au fil du temps. Celle d’omettre les mensonges, parce que malgré cette envie de destruction que posséderait toujours l’humain, les hommes en général recherchaient des relations saines. C’était tout ce qu’avait désiré Hansel. Tout recommencer. Une vie de tromperies s’achevait, une autre commençait, tandis qu’il avait sauté sur le pont de l’Ecorchée.
Mais il avait fini par mentir à tout le monde. A Sinbad comme à lui-même.
Il avait réduit en cendres tout ce qu’il avait aussi vite que son capitaine avait détruit sa cabine. C’est si facile, d’être un héros.
Un héros. C’était ce que son assaillant lui avait secrètement dit, un soir. Ou presque. Pourtant ce n’était pas ce qu’il était. Non, lui, il était même le dernier des postulants. Celui qu’on oublie au bout de la liste. Et c’était compréhensible. Les héros, ils n’agissaient pas par jalousie. Les héros, ils n’attendaient pas tout cela de leur vie. Eux, le destin leur tombait dessus, et c’était tant mieux s’ils réussissaient par la suite. Mais pas Hansel. Et pas Sinbad. Au moins avaient-ils encore un point commun pour les lier, comme celui d’être déçu par Denougatine.
Le matelot avait ressenti cette déception dans la voix du marin. Car c’était ce qu’il était : affreusement amer. Le capitaine avait sûrement du mentir pour sauver sa peau, mais l’avait-on déjà fait passer pour le trahi en s’en sortant indemne ? En repensant à tout cela, détournant enfin le regard, Hansel ne fut même pas étonné d’entendre dans son propre ton les désillusions.
"Ce n’en était pas. Ce n’en a jamais été. Ne faites pas l’erreur de croire ça, la journée a déjà eu son lot de fautes pour en rajouter. "  murmura-t-il. Il ignorait comment son cerveau en miettes pouvait encore avoir le courage de prononcer tous ces mots inconscients et d’une véracité qui étonnait les menteurs, Hansel le premier. Peut-être était-ce les larmes, qui lui donnaient du cran. Après tout, le matelot n’était pas le plus normalement constitué.
Les larmes qui dégringolaient des yeux butés.
Il baissait finalement sa garde, le nez et le cœur à terre. La proximité de cette tornade dévastatrice lui donnait le tournis, de ceux qui rendent dément avant de rendre nauséeux.  
Non. Il n’en avait pas encore terminé. Là, les yeux embrumés, il continua d’une si petite voix que son tourmenteur seul l’entendit.
"Et…Je suis l’un de vos hommes. Vous avez- Vous avez dit que vous vous êtes engagé à tous nous faire revenir en entier. "
Comme si un nous tenait encore dans l’histoire,
sans se fracasser la figure sur leurs phalanges ensanglantées.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN



sinbad ☾ soigner son entrée avec du mercurochrome  Tumblr_nu0srp6YEl1rjl6wko2_250

⊱ pseudonyme : elf
⊱ tête mise à prix : luke evans.
⊱ crédits : swan, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 01/01/1970
⊱ tes licornes : poucet, cam et gil.
⊱ schillings : 0

⊱ ta race : pauvre mortel fragile.
⊱ allégeance : ni oui, ni non, tant qu'elle vient pas l'emmerder hein.

sinbad ☾ soigner son entrée avec du mercurochrome  Tumblr_nu0srp6YEl1rjl6wko6_250



sinbad ☾ soigner son entrée avec du mercurochrome  EmptyMer 24 Sep - 20:53



Hansel et Sinbad
La liberté coûte cher et son prix ne se mesure pas qu’en chiffre.

Le conflit prend place sous bien des formes, et se résolve aussi de bien des manières. Dans la plupart des cas, on gueule sur un gosse quand il a terminé la dernière part de tarte aux pommes, on vient à crier sur un adulte qui a brisé un vase de Saay sans se rendre compte de sa valeur. Puis, quand ça prend plus d'ampleur, ça tape sur le sentimental, ça brise le coeur et ça pousse généralement aux larmes. Un couple qui se sépare, deux amants qui ne peuvent plus se voir ou encore la trahison perçue par des yeux qui au départ ne devaient rien savoir. Le conflit il est partout. Dans une tâche sur un pantalon, accroché à un bibelot comme dans l'âme des hommes. Ils ne peuvent pas vivre sans. Comme si, quelque part ils cherchaient inlassablement à se détruire entre eux parce qu'ils ne peuvent s'en empêcher, construits de cette manière, ils ne s'arrêtent pas au simple comme les fées ou encore les ogres. Eux ils ont plus comme moins, peuvent se montrer aussi féroces que des loups affamés et doux à l'instar de pauvres agneaux. Le conflit c'est en eux, ça fait crisper leurs organes, ça leur file de l'adrénaline à foison et surtout ça leur donne une bonne raison de continuer de respirer un jour de plus. L'homme il marche de cette manière, c'est dans la couleur qu'il se complaît, parce que sans elle, tout serait trop parfait et cette fameuse perfection, il a beau essayer de se la coltiner, ça va jamais ensemble, ça colle pas, ça fait pas qu'un, ça fait deux. Alors cet être imparfait il fait comme il peut, fonçant dans les embrouilles comme on peut se jeter dans un lac, sans réfléchir ou au contraire, en ayant pris bien conscience de ses actes. Une race fascinante comme désespérante, Sinbad est de ceux qui prennent un malin plaisir à faire trembler leurs gorges quand quelque chose ne va pas. Il ne sait pas se taire, il ne peut tout bonnement pas. Si encore il n'avait pas cette rage de vaincre, cette grande bouche, il aurait pu sauver sa peau, se faire tout petit et lui dire qu'il y a forcément plus grave sur cette terre. Néanmoins, en ce moment précisément, il n'y a rien de pire pour le capitaine qui ne comprend plus rien à son mousse. Lui qui pensait l'avoir cerné, le connaître, lui qui croyait beaucoup de choses et fatalement, il n'avait jamais eu aussi tort depuis qu'il savait marcher. C'est peut-être ça le pire, cette déception qui lui tiraille l'estomac, lui arrache les tripes et pourrait le pousser à vomir. Ce n'est même pas l'énervement non, mais plutôt cette horreur de lassitude, cette flamme ardente s'étant éteinte d'un claquement de doigts malhabile. D'un rien, de peu qu'on pourra dire concernant le monsieur Septmers qui fronce les sourcils trop vite. Cependant, ce n'est pas un peu, ce n'est pas un rien. C'est un beaucoup, c'est un tout qui fait saigner ses muscles mordus par divers insectes répondant au nom d'émotions. « Ce n’en était pas. Ce n’en a jamais été. Ne faites pas l’erreur de croire ça, la journée a déjà eu son lot de fautes pour en rajouter. » Hansel ose, ce qui est étonnant en sachant que dès le départ il ne rajoutait pas un mot, se taisait et faisait son boulot. Petit Hansel Denougatine n'est plus la même personne qu'au départ, Kale doit lui avoir offert cette assurance dont il manquait et Sinbad, cette dose incongrue d'onirisme qu'il lui fallait. Les deux trentenaires ont donné quelque chose au jeune garçon, ce truc, ce machin, ce chouette qui fait de chaque personne ce qu'elle est. Ce qu'il en a fait ? Un gâchis tout juste perceptible à l'oeil nu, seulement visible par ceux qui se donnent la peine de voir à travers une armure faite d'épiderme. Sinbad il fronce un peu plus les sourcils, les mouvements de son horloge interne se font de plus en plus paisibles. Ses traits s'adoucissent, cette douleur lancinante qu'il ignorait au départ revient à une rapidité qu'il n'aurait jamais pu soupçonner. Et ça lui tire un peu partout. Dans les bras, dans la tête, dans le torse, dans les jambes, on l'écartèle à la façon des plus fourbes. Celle des phrases, celle des mots et des mines peu réjouissantes, il ne faut pas les sous-estimer, même si une lame peut se montrer mordante, une ombre sans rien est capable de dévoiler bien des ignominies qui ne se murmurent plus.
Sinbad lâche prise.
Il laisse tomber. Il ne sait pas si c'est la position de son marin qui le crève ou sa manière de baisser la tête qui le ravage. Il ne hoquette pas, c'est dans le plus grand silence qu'Hansel laisse libre cours au témoignage externe d'une extermination interne. Ses jointures sont de plus en plus rosées, il jette un bref coup d'oeil à l'arme débarrassée il y a tout juste quelques minutes plus tôt. Ce sabre c'était un des siens, ce sabre c'était pas n'importe quoi, ce sabre devait être le compagnon du cadet, son ami, comme son ennemi, ce sabre c'était un témoignage d'une alliance. Oui, cette arme c'est un peu le cadavre de Denougatine jeté à la mer, écrasé contre le bois et écrabouillé contre les rochers. Un frisson lui traverse l'échine à cette idée, secouant vaguement ses boucles brunes, son interlocuteur lui assène le coup fatal. « Et…Je suis l’un de vos hommes. Vous avez- Vous avez dit que vous vous êtes engagé à tous nous faire revenir en entier.. » Nous. Ce terme est lointain. Nous. Qu'est-ce que ça veut encore dire ? Nous. C'est bon pour les gens qui sont liés dans l'éternité. Nous. Ce n'est que quatre lettres. Nous. Ce n'est plus eux. Dans d'autres circonstances, Sinbad aurait pu faire un effort, ne pas laisser sa rancoeur le dominer. Pourtant, ça touche plus qu'un débutant dans le monde joyeux des vagues, ça s'attaque aussi à un chat pompeux et à trois fils qui auraient pu être coupés. Il avait eu peur. Oui, c'était ça, l'effroi que les pertes se fassent, durant sa longue course il n'y avait pas pensé, pourtant, ça paraît logique. La peur y'a rien de pire. La peur, ça vous dirige un homme et ça peut le détruire jusqu'à le balancer dans une fosse. Il avait eu peur. Pour lui, pour Potté, pour Hansel surtout, celui qui à la réalité, n'avait fait pour ce coup qu'une deuxième mise en bouche sur le terrain. L'inconscience. Trait qu'il connaît que trop bien, l'ayant laissé au placard il n'est pas rare que celui-ci vienne frapper pour revenir, sauf qu'il ne peut plus le laisser fracasser ses habitudes. Celle à Hansel, elle est toujours présente, dans ses yeux, dans le bout de ses doigts, jusqu'au moindre cheveu qui pousse sur son crâne. Il fait juste pas gaffe. Il se rend juste pas compte. Il pourrait l'traiter de gosse, ce n'est malgré tout parce qu'il est, âgé de vingt-huit ans, les responsabilités il devrait mieux les mettre dans ses calculs, les écouter. Sans quoi il risquerait de perdre plus que des larmes invisibles. Les prunelles de Sinbad s'attardent sur Hansel, jusqu'à fixer un point invisible sur l'horizon. Vide. « Un de mes hommes ? » Il a bien entendu, même trop bien. C'est quoi être un des hommes de Sinbad ? C'est répondre à des règles, c'est ne pas grogner face à des ordres, c'est accepter l'autre même s'il pousse à la jalousie, c'est rentrer dans une famille qui se serre les coudes. « Un de mes hommes, dis-tu ? » Seconde répétition, il force sur la gravité des faits. Un soupir lui échappe, sa main droite se glisse dans sa tignasse carbone sauvage pour se poser sur sa nuque, qu'il serre avec une certaine force, se faisant violence. « Je crois n'avoir jamais autant douté de tes paroles depuis que tu es ici. » L'abus d'excitation néfaste retombe d'un coup. C'est comme s'il était sous l'emprise d'herbe à chat, ses veines ne hurlent plus à l'arrêt du sang qui coule trop vite, ses prunelles ne témoignent même plus d'aucun sentiment. Vide. Vide. Le néant. Le chaos. Sa tête tombe un peu en arrière sur ses doigts pour fixer le ciel. Les étoiles. Il aurait pu les décrocher pour son équipage, leur offrir ce qu'il ne pourra jamais leur donner, une sensation d'infinité dans cet univers si éphémère. Peut-être aurait-il attrapé un bout de lune pour Hansel pour qu'il puisse prendre en conscience que bien qu'ils soient tous à la même taille, qu'ils ne sont rien comparé à l’immensité stellaire, ils peuvent toujours faire quelque chose, graver au couteau leurs noms dans la lumière. Les ténèbres rattrapent toujours. « Je ne sais plus qui tu es. » Il se perd, il inspire, il expire. « Je ne sais même plus si tu es quelqu'un de bien, Hansel. » Être bien, c'est surfait, être bien c'est la façon de voir appartenant à toute personne. De son côté, Sinbad demande peu à quelqu'un pour l’apercevoir comme étant bien. Néanmoins, et pour ce soir, il est allé trop loin, il a frappé là où ça fait mal, à l'endroit précis où le marin n'a pas encore bien cicatrisé. Ses pas résonnent sur le bateau, le reste du groupe le suit du regard, s'éloignant puis revenant, cherchant un sens à une question qui n'en a pas. « Pour tout t'avouer, je commence même à remettre en doute ta place ici. » D'un souffle cassant, des pleurs émanent de ses os, ne se voient pas par ses prunelles qui étrangement ne veulent pas lui faire ce plaisir. Du mal, il lui en a fait. Du mal, il en a. Du mal, il en aura toujours. « J'ai toujours promis à tout homme posant ses pieds sur l’Écorchée que je serais là pour lui, que je l'épaulerais, que je ferais mon possible pour le sortir de tas de guêpiers. » Dos à son matelot, ses bras retombent le long de son corps pour se retrouver derrière son dos, mains jointes. Il croise le regard de Kale qui comprend tout, pas besoin de paroles plus hautes qu'une autre, ils savent. Sinbad il veut pas le faire souffrir à son tour. C'est ce qu'il va faire, sans s'en rendre compte, parce qu'avant toute bienséance, il laisse causer ce qu'il y a de plus important pour lui, sa franchise, sa sincérité qui a très certainement participé à la construction de sa légende. Ne rien cacher. Tout dire.  « Mais, tu te retrouves seul à bord sur ta propre galère, ton vaisseau fantôme, ta traîtrise que tu t'es imposé. » C'est que ça brûle dans sa gorge, la salive a du mal à passer, c'est pire que des aiguilles qui lui trifouillent une blessure infectée. Sinbad se retourne, s'approche de la planche de bois reliant les deux univers. La terre à la mer. La mer à la terre. Du navire à Fort Fort Lointain. Du monde enchanteur au monde réel. Posant un pied sur la planche, il s'arrête dans son élan. « Tu me déçois. » Pas même un regard pour agrémenter le tout. Le grincement du bois qui crie sous son poids brise cette gêne constante, il sait pas où il va, il s'en tape pas mal. Peut-être aller dormir à la belle étoile ou encore se mettre un verre dans le nez dans une taverne voisine. Il arrive pas à réfléchir, son esprit s'occupant grâce à un autre prénom, un surnom changeant et à des traits encore trop clairs pour lui. Hansel le faux. Hansel l'impulsif. Hansel le paria.
Hansel le croque-coeur.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Invité
Invité

Anonymous




sinbad ☾ soigner son entrée avec du mercurochrome  EmptyVen 26 Sep - 22:18




Sinbad et Hansel






hello darkness what’s your name today ?

Il avait été l’un de ses hommes. Durant l’espace de quelques semaines, il s’était réellement senti chez lui, comme avant avec Gretel, avec ses parents, et sa mémoire d’enfant. Mais cette époque était révolue. Tristement oubliée. Rayée de la liste, plusieurs fois, jusqu’à écorcher le bois, fissurer la beauté pour laisser place à une destruction qui s’était vite envolée quand le néant avait pointé le bout de son nez.
C’était le vide. Le vide dans son cœur. Et dans celui de son capitaine. Les plaies béantes, et le sang qui avait fait un tour pour ne plus jamais revenir.
Le vide sur le pont, aussi. Car petit à petit, les matelots avaient laissé place à un rien significatif.  Ils étaient là sans l’être. Simples spectateurs d’une représentation théâtrale  douteuse, où les personnages mourraient sur scène, et ne revenaient pas pour saluer le public. Pour Hansel, ils n’existaient plus. Même ses amis ne faisaient pas parti de la fin. Car c’était bien comme cela que ça s’appelait. L’achèvement des prémices d’une histoire. Esquisse brouillonne de ce que toute cette chanson aurait pu devenir, avec le temps, les sourires, et la confiance. Quelle confiance ? Une belle mascarade, plutôt, où les protagonistes s’étaient mentis à eux-mêmes, puis ouvertement. Hansel ne deviendrait jamais un marin. Sinbad n’en ferait jamais quelqu’un de bien. Le capitaine s’était trompé sur son compte. Son matelot aussi. Il aurait du rester à la confiserie, bien sagement aux côtés de Gretel, au lieu de faire le pitre et de se lier à de pareilles personnes, qu’il n’avait jamais pensé pouvoir autant aimer ou détester. C’était la malédiction d’être un humain. On s’attachait les pieds et les mains. On s’ouvrait le cœur, souvent les veines. On faisait des gâteaux au chocolat, qui étaient réussis, ou parfois pas, puis on crevait. Humblement ou héroïquement. C’était selon.
C’était selon, mais c’était écrit. Hansel venait de le comprendre. Il y avait des choses qu’il ne fallait pas essayer de changer. Des chansons qu’on évitait de chanter. Des lois non rédigées, mais bien plus importantes que toutes les autres. Il aurait du le savoir, avant de se lancer à corps perdu. Mais il s’était fait avoir, du début à la fin, et avait essayé de se repêcher en trompant un ennemi. Maintenant, il se noyait. Sous ses larmes, sous les paroles de Sinbad.
Pendant ces semaines d’errance-renaissance, il avait presque oublié le principe de s’en tenir à ce qu’on connaissait, en évitant à tout instant le changement, ou quoi que ce soit qui s’en approche, de près ou de loin. Sur l’Ecorchée, il avait pu s’exprimer, ailleurs que dans la confection de vulgaires pâtisseries. Il avait rencontré. Des gens, plus ou moins biens, des lieux, plus ou moins inoubliables. Puis il avait tout foiré. Dilapidé.
C’était pour cela qu’il pleurait.
Du moins jusqu’à ce que son capitaine lui donne le coup de grâce. Celui qui fit trembler le pont entier. Celui qui achève. Purement et simplement. Décomposé en quelques mots qui le firent tellement baisser les yeux qu’il les ferma.  
" Je ne sais plus qui tu es. " Il l’avait su. Hansel se le remémora. Sur ces mêmes planches de fortune, cette même voix lui avait dite qu’il était réellement quelqu’un de bien. Le gamin l’avait cru. Comme il croyait à cela. Après tout, comment quelqu’un, même Sinbad, aurait pu le connaître alors que lui-même ignorait qui il menaçait de devenir ? Un gars comme Potté, sûrement. Seuls les menteurs reconnaissaient leurs pairs. Le capitaine, lui, disait ce qu’il voyait, et surtout ce qu’il pensait. Le pire.
Le pire était là. Bien en chair. Menaçant derrière les yeux de deux compagnons déchirés.  
Hansel en avait aperçu l’esquisse, à l’arrivée de Sinbad. Il advint à son apogée au départ de ce dernier. Parce que c’était ainsi. Parce que l’aîné désertait, même si son cadet n’en comprenait rien. C’était un fait. Il s’en allait. Hansel le sentait dans sa voix comme dans ses  traits. "Tu me déçois."
La fin.
Le début de la fin.
Chacun le prenait comme il le voulait. Mais pour Hansel, cela était équivalent. Ou non. Il ne savait plus. Il ne prit pas la peine d’y réfléchir, de toute manière. A quoi bon ? Même les phrases-dagues dissimulées dans les manches du capitaine n’étaient même plus aptes à refaire marcher sa cervelle. Maudite cervelle qui avait imaginé ce plan désastreux.
Le plan de destruction de nouvelle vie.  Très réussi, dans tous ses aspects.
Tu me déçois.
La contre-attaque. Le propre plan de Sinbad. On faisait comme on pouvait. On faisait comme on ressentait. Même si ça n’aurait jamais dû passer la porte des lèvres, parce qu’on ne pouvait pas tout dire. Pas toujours.
C’était un adieu.
Sinbad qui mettait les voiles, l’homme de la mer s’en allant sur terre, dans un élément qui le mettait aussi mal à l’aise que la situation dans laquelle Hansel l’avait plongé.
Et ce dernier qui continuait à se faire submerger, par nombreuses choses qu’il refusait de nommer.
Ce dernier qui ne partait pas. Encré au navire. Parce qu’il n’était plus un homme de Sinbad, il restait un homme de l’Ecorchée.
"Hansel…" entendit-il murmurer après un long moment où le silence reprit ses droits sur ses sujets, les observant d’un œil impérieux et narquois. Ce fut Kale qui le brisa en deux, de ses mains de fer. Il y avait ces gens qui restaient là, quoi que vous fassiez pour l’en dissuader, et vous en dissuader vous-même. Puis il y avait les autres, trop secoués pour dire quoi que ce soit. Et Sinbad. Sinbad l’échoué. Sinbad le condamné. Celui qui avait échappé à la mort de nombreuses fois, et qui s’était laissé amadoué par un enfant ignorant quel mal il pouvait faire, tant il en avait déjà reçu lui-même, en des temps si reculés qu’il n’y pensait plus qu’en rêve. "Qu’as-tu fais, Hansel ? Bon sang…Relève-toi, ça va aller…"
Des membres exangues qu’on soulèvent comme le vent des brindilles dans un champ. Des regards qui essayent de se croiser. Des froncements de sourcils. De l’incompréhension. De la détresse. Et du néant. Toujours.
Des phrases qu’on se refuse à murmurer, parce que c’en est trop. Définitivement.
Le temps des cœurs qui se serrent.  
Ça n’ira pas du tout.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Contenu sponsorisé





sinbad ☾ soigner son entrée avec du mercurochrome  Empty

Revenir en haut Aller en bas

sinbad ☾ soigner son entrée avec du mercurochrome

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Sujets similaires

-
» I would rather walk with a friend in the dark, than alone in the light. (Sinbad)
» run for your life ▬ sinbad & lorcan
» sinbad ☾ and i'd sing a song, that'd be just ours but i sang 'em all to another heart
» SINBAD&KALE • home is where you are.
» sinbad ☾ at this point in my life, all i know, is that this world spins from the same unseen forces that twist our hearts




Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
⊱ il était une fin :: Les RPs :: Chapitre 1-