AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
FORT FORT LOINTAIN A FERME SES PORTES.
Le Deal du moment : -45%
WHIRLPOOL OWFC3C26X – Lave-vaisselle pose libre ...
Voir le deal
339 €

I would rather walk with a friend in the dark, than alone in the light. (Sinbad)


FORT FORT LOINTAIN

Invité
Invité

Anonymous




I would rather walk with a friend in the dark, than alone in the light. (Sinbad) EmptyVen 3 Oct - 1:39





Sinbad & Kale
lighting lantern


De la chance. Une fois de plus, il était comme un miracle animé, foulant la terre promise de ses bottes cirées. Devant cette porte en métal dont les courbes formaient des roses délicatement sculptées, le second ne se sentait absolument pas en veine. Au contraire, une terrible impression se promenait le long de son échine. Une impuissance qui le laissait pantois. Pourtant, ce n'était pas le seuil de la porte à franchir qui le paralysait, lui, le mercenaire redoutable, l'homme de confiance. C'était la chimère qui l'attendait derrière. Un monstre de la pénombre qu'il redoutait depuis l'enfance. Il ne tenait pas à l'affronter, aujourd'hui. Lâche, peut-être. Cinq jours auparavant, il l'avait déjà aperçu. Elle s'était glissée dans sa peau. Dans son coeur. Elle avait anéantis son âme, le temps d'un battement de cil. Cette catin imprévisible qu'était la Mort. Il l'avait prise dans ses bras et l'avait chassée. Pourtant, l'idée avait affecté son esprit. Et si. Et si Sinbad avait perdu son combat contre le monstre de trop. Impossible, n'est-ce pas ? On venait de lui annoncer son réveil. On venait de le soulager du poids de l'inquiétude. Lui, le second, veillant sur leur navire comme sur sa propre vie. Pendant son minuscule voyage de quelques jours - si on le compare aux aventures de lui et de son frère des sables, c'était bel et bien ridicule - il n'avait cessé de se remémorer l'attaque. Comment aurait-il pu mieux gérer la situation ? Comment aurait-il pu éviter de devoir appuyer de toutes ses forces sur la blessure de son ami pour qu'il ne rejoigne pas la poussière de leur contrée natale ? La culpabilité ne le rongeait seulement que lorsque Sinbad était impliqué. Les pillards, personne n'aurait pu prévoir leur attaque. Pourtant, voir son capitaine tomber, c'était une vision cauchemardesque, pour Kale. Pour cela, il se sentait éternellement redevable envers le jeune mousse, Hansel. Le corps presque sans vie de la tête dure, il l'avait transporté d'urgence dans sa cabine, les mains couvertes d'un sang qu'il ne souhaitait pas voir versé. Machinalement, il avait nettoyé la plaie avec une bouteille de rhum qui traînait dans les environs et avait arraché le tissu de sa belle tunique doré pour qu'une compresse couvre la blessure. Ce n'était pas assez, mais il avait probablement sauvé son capitaine de l'ombre de la Mort, le temps d'arriver sur la terre ferme. Il se souvenait encore de la main rassurante qu'il avait apposé sur le front d'un capitaine absent. Une main tâchée. Souillée du liquide de vie de celui qu'il avait juré de protéger. Kale avait gardé son sang-froid, mais l'après-coup fût terrible. Les cinq jours de voyage, par exemple.

Il n'osait même pas entrer chez lui. Il devait reprendre ses esprits, avant de franchir le pas. La porte, elle lui appartenait. Il n'y avait bien que le second pour faire sculpter des roses en métal au sein d'une porte, chose qui introduit les étrangers à la personne hantant les lieux. Il se disait que cela assurait son côté raffiné et sensible. Sa marque de fabrique. Pourtant, lorsqu'il posa trois doigts sur la rose centrale, il n'était pas cet homme charismatique que tous connaissent. Il n'était qu'un enfant. Un enfant pauvre d'Afshin caché dans une jarre. Il avait tellement peur de sortir de son vase en terre-cuite et de ne pas tomber sur son meilleur ami à la tête dure. De ne trouver qu'une ombre. Il savait que la fierté de Sinbad devait être écorchée, comme beaucoup de choses chez ce dernier. Mais il avait l'habitude de panser les plaies. Il l'avait toujours fait, qu'importait leurs provenances. Le grincement fût annonciateur de son arrivée dans son nid douillet. Les rideaux étaient tous tirés sans exception. Il n'y avait que quelques rayons de soleil qui réussissaient à se frayer un chemin entre le textile rouge couvrant les fenêtres. Deux pièces formaient son chez-lui lorsqu'il n'était pas sur les océans, sa première demeure. Une odeur lourde de renfermée mais pas une odeur putride d'un corps décomposé, c'était déjà rassurant. Les mains liées entre elles dans son dos, il avançait avec un pas léger, les bottes s'enfonçant sur les tapis typiquement exotique de sa patrie natale. La porte coulissante, venue tout droit d'un voyage dans les terres paisibles de Saay, était le dernier obstacle avec les retrouvailles redoutées. Pourquoi donc ? Parce qu'il avait en horreur l'idée que Sinbad avait dansé avec la mort. Qu'il se voyait encore sa tunique dorée tâchée de rouge vif. Il posa les doigts sur le voile blanc de la porte.
▬ Capitaine ?
D'une voix préoccupée, respectant pour une fois la hiérarchie, même en privé, il coulissa délicatement la porte pour aussitôt entendre un soupire. Un mélange d'agacement et de douleur qu'il connaissait parfaitement. Sa tête se pencha légèrement devant un spectacle qu'il ne s'attendait pas à voir. Le capitaine, face contre le sol, à côté de son lit.
▬ Sin... bad ?
Dans une premier temps, une poussée d'adrénaline lui prit les talons qui le hissèrent d'un seul coup vers le pied du lit. Mais c'était avant d'entendre un juron de son ami, peinant tout simplement à se relever. Il le voyait tenter de pousser sur ses avant-bras, comme un banal exercice de musculation.
▬ Par la barbe de Merlin, qu'as-tu donc à l'esprit ?
Le genou se posa à terre naturellement et les paluches du second agrippèrent l'un des deux biceps de son capitaine.
▬ Je ne pense pas que le moment soit propice à un quelconque effort physique de ta part, mon ami.
Avant de l'aider à se redresser convenablement, il ne s'empêcha pas à s'attarder sur les bandages couvrant son torse, sa peau peuplée de cicatrices et de tâches de rousseurs. Les soins semblaient avoir été suivis à la lettre. Tout en le tirant vers le haut dans un soupire d'effort, pour qu'il puisse au moins poser les fesses sur le lit moelleux, il observa les compresses usagées couvertes de sang jonchant le sol, mais plus encore, l'apparence terrible de son ami. Les joues creusées, comme si la Mort pouvait l'emporter d'une minute à l'autre.
▬ Que s'est-il donc passé pour que tu te retrouves entrain d'enlacer mon parquet ? Une envie d'aventure ? 
Véritable maman poule, Kale colla rapidement sa main sur le front de son ami. Le sourire aux lèvres, l'air blagueur mais ce n'était qu'un jeu d'acteur. Vu l'état général du capitaine, il redoutait une infection, sans se douter une seconde que c'était simplement dû à une légère déshydratation et à une malnutrition.
Silence. Kale debout et droit comme un soldat, les bras croisés. Yeux plantés sur son camarade.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN



I would rather walk with a friend in the dark, than alone in the light. (Sinbad) Tumblr_nu0srp6YEl1rjl6wko2_250

⊱ pseudonyme : elf
⊱ tête mise à prix : luke evans.
⊱ crédits : swan, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 01/01/1970
⊱ tes licornes : poucet, cam et gil.
⊱ schillings : 0

⊱ ta race : pauvre mortel fragile.
⊱ allégeance : ni oui, ni non, tant qu'elle vient pas l'emmerder hein.

I would rather walk with a friend in the dark, than alone in the light. (Sinbad) Tumblr_nu0srp6YEl1rjl6wko6_250



I would rather walk with a friend in the dark, than alone in the light. (Sinbad) EmptyVen 3 Oct - 11:11



Kale et Sinbad
On n’oublie pas le visage de la personne qui a représenté votre dernier espoir.

La terre ne lui va pas. La terre n'est pas faite pour Sinbad. La terre est en trop sur ce royaume. Rester trop longtemps les pieds sur un sol changeant ça ne lui plaît pas, tout autant qu'être allongé sans rien faire pendant des jours durant. Il n'avait pas compté les jours, cependant il savait qu'il avait été pendant cinq jours dans un état plus que pitoyable, les yeux clos, à rêver peut-être d'autres aventures, néanmoins lui ne se souvient que du vide. Maintenant c'est six jours. Six jours qu'il est bien calé tête dans un coussin à fixer le plafond. C'en est presque amusant comme l'ennui peut être une manière de pousser à la réflexion consciemment ou non. Alors Sinbad il s'est tout remémoré jusque-là, les passages les plus simples de son existence comme les plus complexes. Passant d'un coup à un autre, d'une souffrance plus vivable à une bien plus insupportable. Y'a des tas de prénoms qui sont passés dans son esprit, Shéhérazade, Potté, Hansel qui est resté à son chevet se rendant aussi malade que lui. Puis d'autres qui ne sont plus, dont les lettres des noms ne sont que des morceaux flous dans une âme plus que fatiguée des regrets qui s'amusent à la torturer. Kale est apparu comme une évidence, lui qui a répondu bien plus qu'à son simple rôle de second. Un ami, un frère, un tout que pour rien au monde le capitaine n’échangerait. Depuis son réveil ne l'a pas vu, son cadet lui avait bien dit qu'il était en voyage, pourtant, il pouvait pas s'empêcher de sentir comme une inquiétude lui taper directement dans l'estomac. La peur de le perdre. L'effroi d'un jour ne plus le voir revenir de la mer. La culpabilité de le laisser partir sans lui. Ce doit être ça le pire, cette sensation répugnante de ne rien pouvoir faire à cause d'un évènement minime, en l'occurrence un combat à l'issue plus que funeste. Kale ce doit être un peu le pire, Kale ce doit être certainement le mieux aussi. La force des années a fait que pas à un moment il ne quitte ses songes les plus doux, toujours quelque part, dans l'ombre comme dans la lumière, une main tendue dans les airs, et un sourire pour rassurer un coeur en peine. Kale c'est l'indispensable. Kale, c'est aussi l'increvable par nature. L'unique survivant, l'élu par un bon Dieu qui a voulu qu'il soit attaché au plus jeune des deux pour ne jamais le quitter. Malédiction ou encore bénédiction, Sinbad il a jamais pu mettre de mot correct dessus, c'est trop difficile, voire même impossible de faire un choix définitif. Si encore il se considérait comme l'incarnation même d'une légende, peut-être lui dirait-il dans le blanc des yeux qu'il n'a que trop de chance d'être à ses côtés. Cependant, Sinbad il est loin de se considérer comme son rang le veut bien. Il n'est qu'un homme parmi tant d'autres, un fantôme errant sans but sur des parcelles de Fort Fort Lointain qui l'empêchent de goûter à la liberté. Sinbad c'est pas une légende. Sinbad c'est rien de plus qu'un imposteur qui n'a jamais souhaité en être un. Des hommes bien plus valeureux que lui méritent ce statut à l'instar de Kale, d'Hansel, même de Potté, ces trois personnages qui forment à eux seuls une entité authentique. Pinçant sa lèvre inférieure, le mercenaire secoue sa tête d'un côté à un autre, assis sur le rebord du lit, ce n'est pas son corps qui veut le suivre mais bien son entêtement reconnu qui veut le faire se lever d'ici. Sortir. Sentir le soleil sur sa peau, une brise de vent, ne plus se considérer comme un poids mort, tel est son but. Serrant un peu les poings, c'est dans un léger soupir qu'enfin il trouve la force de se lever. Sur l'instant, un seul fait lui vient naturellement, la terre est basse, ou bien lui est beaucoup trop haut. Inspiration longue, posée pour permettre à ses poumons de récupérer tout l'oxygène dont il a besoin, ses guibolles chancellent, sa tête tourne et le revoilà lamentablement écroulé au bord du meuble bon pour se reposer. Il peste, il se hait, se déteste. C'est pas faute de vouloir revenir à la case départ pourtant, en poussant un peu sur le tapis par le biais de ses avant-bras. Rien. Le reste a lâché, faisant de lui un minable jouet bien amoché par une gamine à l'oeil mauvais. Pinçant sa lèvre inférieure, c'est que sa blessure le lance en plus, le fait grimacer, jusqu'à ce qu'il passe une mimine maladroite sur l'endroit du délit. Croire qu'elle serait cicatrisée en si peu de temps était une belle utopie, au moins il avait un espoir avant de s'écrouler, c'était déjà ça. « Sin... bad ? » Bien, super, en plus de s'auto-lasser, quelqu'un le voit aussi vulnérable qu'un chiot laissé sur un trottoir, ce qui quelque part n'est pas totalement faux. Sur le coup, il se rend même pas compte de la personne qui est entrée dans la pièce, il se pose pas la question, tout paraît irréel, même le cas Septmers. « Par la barbe de Merlin, qu'as-tu donc à l'esprit ? » C'est à ce moment précis que ses méninges font le lien. La voix. Les pompes fièrement cirées, ce tissu jaune qui le qualifie tellement. Quand on pense au loup dit-on, il arrive toujours queue entre les jambes. Pour cette fois-ci on lui aura pas totalement menti. Il croise ses traits, se fait aider par celui que jamais ô grand jamais il ne voudrait voir comme ceci. Comment se sent-il ? Mieux.
Mieux d'un seul coup, parce que Kale est dans les parages.
« Je ne pense pas que le moment soit propice à un quelconque effort physique de ta part, mon ami. » Cette escapade, est-ce qu'elle aura été celle de trop ? Signant la fin du contrat de l'amoureux des océans avec dame la mer qui dans sa plus grande sagesse, se moque de lui ? Il ne veut pas y croire, bien que cette idée fasse fatalement partie de lui qu'il le veuille ou non. Le doute, toujours le doute, pour un oui ou pour non, il se sentirait presque comme son second à toujours cogiter sur des questions qui ne veulent pratiquement rien dire. Naturellement il devrait répondre que non, il continuera bien son marchandage sur son navire avec tout son équipage. Pourtant, en son for intérieur, il ne rétorque qu'un silence à ce point d'interrogation au-dessus de sa tête qui se dandine fièrement de gauche à droite. Pinçant à nouveau avec force sa lèvre inférieure par automatisme qu'il ne pourra jamais changer, il se retrouve forcément reposé sur le lit de Kale, à son rebord, si bien que ses mains se glissent sur le bord du matelas, le tenant comme s'il était son dernier souffle. « Que s'est-il donc passé pour que tu te retrouves entrain d'enlacer mon parquet ? Une envie d'aventure ?  » Toujours une boutade par excellence pour faire rire - ou pas dans ce cas présent. Il n'en retire qu'un maigre sourire, tête baissée vers ses bottes impeccables. Il reprend juste ses esprits, se déglingue intérieurement, s'insulte pour avoir été aussi inutile ces six jours. Parce que à Sinbad, ça lui plaît pas. Toujours à vouloir se rendre utile, détestant faire des frayeurs à ses proches et surtout crachant contre ceux qui ne veulent pas se relever d'un obstacle vicieux. Là pourtant, c'est pas lui qui veut pas, c'est juste sa carcasse qui lui dit d'arrêter. Mais, ce qui lui importe, ce qui saute à sa gueule, c'est que son second il est bel et bien vivant, n'a pas été touché par la malchance si significative du duo. Redressant son visage pour pouvoir détailler ses traits, il a pas changé d'un pouce. Kale il change jamais, reste fidèle à ce qu'il est parce que de toute manière, personne lui a jamais demandé d'être un autre. Cassant, brisant, trop sincère et surtout intouchable en ce qui concerne les arts de la guerre, il ressemble un peu à un ours débarquant de sa tanière pour flanquer une leçon à des marmots trop indiscrets. Une bête imposante certes, mais pas moins délicat, doté d'un sens éthique et artistique bluffant. Il pourrait faire un recueil de poèmes, se faire aduler par des jouvencelles par la puissance de sa plume. Faut croire qu'à Kale ça lui va pas, qu'il fera ça qu'à partir du moment où son supérieur aura un pied dans la tombe. Le Sinbad, il en a lu des textes à son frère par procuration, des tas, sans que bien sûr il le sache forcément, il préfère la discrétion et l'avis personnel plutôt qu'une mine déconfite qui ne veut pas que l'on touche à ses affaires. Kale, il a plus de secrets pour lui. « Surtout l'envie de retourner à tes côtés écumer les mers, à vrai dire. » Planté comme un pique, son ami a beau être chez lui, il a toujours eu ce respect hiérarchique que le marin n'a jamais compris. Ils se tutoient, se disent leurs prénoms, se sont vus grandir. Et pourtant, y'a toujours le capitaine qui revient en cause, le fameux capitaine qui ne peut pas se permettre d'abandonner ses hommes - ce qu'il a fait envers et contre tout. Les doigts de sa main droite passent sur le bandage assez serré pour empêcher tout écoulement de sang, il tente tant bien que mal de remettre un peu d'ordre dans son crâne. « Sache que même si je ne peux me jeter à ton cou mon ami, ma joie reste plus que présente. » Sourire collé sur son masque d'indifférence, il aimerait faire plus, dépasser les limites. Sauf que bien évidemment, il les a déjà dépassé. « Qui plus est, Hansel m'a rapporté que tu as été là pour me prodiguer les premiers soins ? Vraiment Kale, à ce stade, tu n'es plus mon second, mais bel et bien mon sauveur attitré, une part de ton miracle a fait son effet j'imagine. » Lemiraculé et Septmers. Lemiraculé et Lecorché. Voilà qui aurait plus mouche que Sept quelque chose, voilà qui aurait été beaucoup plus révélateur entre autres du fossé qui les sépare pour mieux les réunir. A l'antipode l'un de l'autre, quand l'un pense blanc, l'autre c'est noir, quand l'un veut du vin, l'autre hurle à l'hydromel, leurs morales quant à elles peuvent aussi diverger, causer parfois des étincelles. Toutefois, c'est ce qui fait la beauté de ce qu'ils sont, car pour rien au monde ils n'échangeraient leurs places respectives. Rire en coin de lèvres, ses épaules se soulèvent légèrement. Bon sang, c'en est presque comme dans un rêve, il pourrait être euphorique, après tout, il aurait pu ne plus jamais le revoir, si ce n'est dans un quelconque paradis idéalisé - et encore, ils seraient plus propices à finir en enfer ces deux-là. « Mes dettes envers toi s'allongent, je vais prendre une éternité à te rendre dignement ce que tu m'as offert. » La vie. L'existence. Le souffle. La respiration. Kale n'a pas agi comme un simple ami, mais bel et bien comme un héros qui n'a pas laissé la tétanie le paralyser face à ce débordement sanguin sur le pont. En plus, l'éternité comme il a rajouté, ils l'ont pas. Ils ne sont pas des créatures fantastiques qui peuvent se permettre de se vanter d'une possibilité plus longue de marcher. Loin de là. L'éternité c'est pour les autres, pas pour ces deux êtres. Eux c'est le présent qui compte, le passé qui revient au galop et le futur vraisemblablement trop optimiste. Pourtant ils marchent comme ça, ils pensent plus trop et se contentent de ce qu'ils ont. Un peu de bonne humeur, une dose d'un coeur qui tambourine avec déraison contre un torse pâle et surtout une confiance qui jamais ne s'étiolera. Et la bonne étoile de Sinbad elle a un nom, oh elle brille pas de mille feux, elle fait pas juste office d'une loupiote dans le ciel, bien au contraire elle s'est arrangée pour venir sur terre le guidant dans l'obscurité, là où bien du peuple serait déjà perdu. C'est Kale, rien que Kale, ça a toujours été Kale et ce ne sera jamais autrement.
Au final, il s'y est attaché à cette bestiole.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Invité
Invité

Anonymous




I would rather walk with a friend in the dark, than alone in the light. (Sinbad) EmptyVen 3 Oct - 20:33





Sinbad & Kale
lighting lantern


De le voir ainsi, son coeur était serré à chaque seconde qui passait. Qui mieux que Kale pouvait deviner les pensées du cadet ? Des débâcles face à son inéluctable impuissance, ses envies de s'échapper de l'endroit fermé, de sortir voir la vie, de retourner là où il était lui-même, l'océan. C'était tout ce que désirait le second pour son capitaine. Que la chair lui pardonne son inattention, que son corps accepte de se redresser après une défaite non méritée. Selon l’aîné, qu'importe ses erreurs passés, son ami n'était jamais réellement en faute. Il le pensait sincèrement maudis, par moment. Lorsqu'il posait ses yeux attendris - ceux d'un grand frère qui ne souhaite que voir un sourire sur son protégé - sur lui, l'ombre du capitaine, assis au bord du lit, il ne souhaitait qu'une seule chose, pour la première fois, échanger leur place. Bien évidemment, Kale ne supporterait pas non plus l’alitement, la douleur, la torture psychologique d'être sur la terre alors que l'esprit vogue déjà sur l'océan, en quête d'aventures. C'est un sacrifice qu'il ferait volontiers. Endurer les tourments de son frère. Pourtant, c'était lui qu'on surnommait Lemiraculé. Diable, qu'il détestait sa chance, par moment. Même si au final, c'était grâce à elle qu'il pouvait aider Sinbad à se relever, à cet instant. Pas un quelconque second. Lui, Kale. Son ombre. Son ami de toujours. Son bras droit.
▬ Surtout l'envie de retourner à tes côtés écumer les mers, à vrai dire.
Les lèvres se muèrent en un rictus discret et les paupières se fermèrent doucement, sous une pression cristalline d'humilité. Tête légèrement baissée, nez pointé vers ses bottes cirées qu'il appréciait tant - il les entretenait avec une vigueur étrange - et les bras croisés dans son dos, le second se contentait d'un vague silence, mêlé à une humble expiration d'air. Il était décidé à mourir pour cette homme. Il voulait passer le reste de sa vie comme second, sans jamais n'exiger plus de la vie. Ne l'avait-il pas déjà pillée, cette rivière calme qui le faisait respirer chaque jours ? Être aux côtés de la légende lui suffisait. Même si pour Kale, Sinbad n'était pas un héros légendaire. Il avait vu, il connaissait les pires côtés de son ami et en partageait les pires défauts. Pour lui, c'était un homme. Un homme qu'il respectait du plus profond de son cœur. De savoir ce sentiment réciproque, c'était tout ce qu'il lui fallait pour continuer à soulever sa propre carcasse tous les matins. Il se détourna quelques secondes de son ami, pivotant sur ses talons, pour se hisser jusqu'à une petite table, à côté de laquelle reposait une grande jarre, qui pourrait sans aucun doute attirer la curiosité des débutants. C'était un objet d'une grande valeur sentimentale, puisque directement importée de son village natal. De chez eux. Il souleva le couvercle en terre-cuite, qu'il posa sur le bois d'à côté, et se saisit d'un verre, typiquement oriental lui aussi.
▬ Sache que même si je ne peux me jeter à ton cou mon ami, ma joie reste plus que présente.
Vaqué à ses occupations, offrant son dos doré à son ami, il ne pouvait distinguer le pâle sourire de ce dernier mais sentait une indifférence dans sa voix. Un manque d'émotions qu'il s'expliquait sans difficulté. Sinbad était comme cette jarre, remplie d'eau. Les aventures, les pertes, les sentiments difficiles, avaient remplis son âme, son corps. Et au final, le vase déborda. Il plongea rapidement le verre dans la réserve d'eau fraîche, qu'il faisait en sorte de renouveler, même en son absence.
▬ Je serai à mon tour empli d'une joie certaine lorsque tu sera à nouveau à mes côtés sur notre navire, mon frère.
dit-il, portant le récipient avec prudence vers le capitaine, toujours aussi au bord de son lit, les épaules baissées, le dos plié. Il tendit le verre de ses deux mains, faisant tomber quelques gouttes au sol, l'air sérieux. Il ne plaisantait pas avec les soins et encore moins la santé de son ami d'enfance.
▬ Tu dois boire, Capitaine. Ce n'est pas une mort digne d'un marin, que de succomber à une déshydratation. Nous le savons que trop bien, toi et moi.
 De sa sagesse et de son savoir, l'homme aux draperies jaunes savait reconnaître les signes des maux les plus terribles. Et son ami souffrait distinctement d'un manque d'eau sévère. C'était plutôt courant, en mer, les pénuries d'eau, suite à des désagréments lors d'un voyage. Et lors de leurs aventures, c'était bien la plus horrible des maladies. Elle tua bon nombre de leurs amis, sur les îles abandonnées, suite aux multiples naufrages que les deux malchanceux subirent. Un marin se devait de mourir sur son navire, pour son navire et son capitaine. Il les revoyait, les hommes suppliant la mort de les prendre, perdant le peu de raison qu'ils leur restaient sous un soleil de plomb. Kale avait abrégé bien trop de souffrances pour toute une vie. Sinbad aussi. Le second le savait, si un jour, la catin vêtue de noir devait faucher son ami, ou même sa propre vie, c'était à bord de l’Écorchée. Cette pensée le força à écraser ses dents les unes contre les autres. La vie avait pratiquement quittée le corps du capitaine, sur son navire. Pourtant, Kale ne s'en retrouvait que plus dévasté. Finalement, il n'y avait aucune mort correcte lorsque cela concernait un être cher. Il redécouvrait cette vérité après les sept années passées à prier un dieu inexistant.
▬ Qui plus est, Hansel m'a rapporté que tu as été là pour me prodiguer les premiers soins ? Vraiment Kale, à ce stade, tu n'es plus mon second, mais bel et bien mon sauveur attitré, une part de ton miracle a fait son effet j'imagine.
 Après la coupe en terre cuite distribuée, il se redressa, un sourire bête mais doux qu'il ne pouvait pas dissimuler. Il se souvient encore, six jours auparavant à présent, du sang sur ses mains, de ses yeux écarquillés fixés sur la plaie béante dans le ventre de son frère.
▬ Allons, n'aurais-tu pas fait la même chose pour moi ? Et j'ai juré à notre Shéhérazade de prendre soin de toi, lorsque nous sommes partis. Je ne tiens pas à subir son courroux.
 Après une légère boutade, il abaissa son visage pour être face à son presque jumeau. Les yeux plongés dans ceux de son vis-à-vis, l'échine courbée, les genoux légèrement pliés. Kale glissa une main ferme sur la nuque de son ami. Les griffes agrippèrent avec vigueur la peau tâchée du capitaine comme une promesse de ne jamais l'abandonner. Les fronts se touchaient presque.
▬ Si, ne serait-ce qu'une seconde, je pouvais arracher cette chance, ce miracle qui me caractérise tant et te le donner pour que tu sois à jamais bénis par la vie, je le ferais, mon ami.  Je sais plus que quiconque combien tu as souffert de cette malchance qui ne semble pas décider à te quitter. Pour le moment, je me contenterai de couvrir tes arrières avec élégance.
 Et son front percuta délicatement celui de son capitaine. C'était ainsi qu'ils s'étaient rencontrés, avec une collision crânienne. Tout était question de choc entre eux. Les idées, les personnalités, les sentiments. La sincérité de Kale pouvait parfois être gênante mais il ne pouvait pas retenir les mots qui s'accumulaient dans son esprit. Il devait faire savoir à son ami toutes ses pensées. C'était ainsi depuis toujours.
Il lâcha l'épiderme de Sinbad pour se redresser et aller se servir un verre de vin, bien mérité, après des jours en mer.
▬ Mes dettes envers toi s'allongent, je vais prendre une éternité à te rendre dignement ce que tu m'as offert.
Sa caboche se secoua légèrement à gauche puis à droite, amusé par les paroles de son ami. Il porta le verre d'alcool devant lui, son bras tendu dans le vide en se rapprochant à nouveau du lit.
▬ J'ai bien peur de n'être qu'un mortel qui n'a pas l'éternité devant lui. Si tu souhaites me rembourser, essayes donc d'éviter les lames ennemis, cela fera l'affaire.
 Pique amicale accompagnée d'une pointe de vérité car bien qu'innocent dans les faits actuels, Sinbad avait le chic pour se mettre dans des situations impossibles. Il leva légèrement son verre, un à la tienne soufflé par la gestuelle. Peut-être n'était-ce pas le moment pour trinquer, Sinbad n'ayant le droit qu'à un ridicule verre d'eau. Mais c'était presque nécessaire pour Kale. Quelque chose pour calmer son intérieur brûlant d'une peur qui ne le quittait pas. Combien de fois lui avait-il suggéré de rester en vie après un simple échange de quelques minutes ? Il voulait se rassurer derrière les barricades de belles phrases et de paroles raffinées. Son voile tombait, petit à petit. C'est son regard qui trahissait son sourire rassurant. Oh Sinbad, tu ne peux pas le laisser seul dans ce monde.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN



I would rather walk with a friend in the dark, than alone in the light. (Sinbad) Tumblr_nu0srp6YEl1rjl6wko2_250

⊱ pseudonyme : elf
⊱ tête mise à prix : luke evans.
⊱ crédits : swan, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 01/01/1970
⊱ tes licornes : poucet, cam et gil.
⊱ schillings : 0

⊱ ta race : pauvre mortel fragile.
⊱ allégeance : ni oui, ni non, tant qu'elle vient pas l'emmerder hein.

I would rather walk with a friend in the dark, than alone in the light. (Sinbad) Tumblr_nu0srp6YEl1rjl6wko6_250



I would rather walk with a friend in the dark, than alone in the light. (Sinbad) EmptyVen 3 Oct - 23:16



Kale et Sinbad
On n’oublie pas le visage de la personne qui a représenté votre dernier espoir.

Dans une classique relation humaine, on ne se contente pas que des gestes, on préfère les paroles, passant d'un je t'aime à un je te déteste de manière si puissante qu'on arrive plus à en suivre les évènements. On veut tout. On ne se contente pas du peu parce qu'il a chez lui, ce mortel, une capacité à ne pas faire les choses à moitié. Et pourtant, c'est de ça qu'ils ont besoin ces deux êtres. Des attentions qui à priori ne veulent rien dire, mais qui envers et contre tout signifient beaucoup. Un sourire, une oeillade complice, des doigts qui tapotent distraitement sur une surface en bois, Kale il lui a jamais rien demandé en retour, n'a jamais hurlé au ciel que Sinbad se montrait ingrat à son égard. Contrairement à bien d'autres, ils n'ont plus rien à se prouver, ils savent et c'est tout ce qui importe, se font confiance mutuellement et n'ont pas besoin d'une quelconque déclaration enflammée pour pouvoir affirmer que l'un donnerait bien son existence pour sauver celle de l'autre. Mourir est une chose, mourir seul en est un autre. Pour tout dire, même si ses pensées se sont enfouies dans un ciel sans nuages au moment où son corps s'est effondré sur le pont, c'est bel et bien au moment du réveil que cette émotion ignoble est venue s'emparer de lui. Elle le bouffe. Elle le tue. Elle va le pousser à sa perte. Elle souhaite qu'il agonise dans d'ignobles souffrances. Elle ne veut pas son bonheur. La culpabilité, le regret, celle qui prend au cou, pousse parfois à vomir et surtout fait des méninges un miasme dégoûtant, dégoulinant d'une matière vaseuse noire. Ce n'est pas tant le fait d'avoir à disparaître qui lui fait peur, ce doit être plutôt celle de partir seul. Sans personne. La solitude ce doit être le pire, sa bête noire à lui qu'il ne contrôle pas. Quand bien même il se donne une dégaine de solitaire au grand coeur, du reste il pourrait ne pas en dormir la nuit, ses pensées s'évadent généralement pour tomber sur le croissant de lune, le poussant à finalement bien partir dans un autre univers. Seul. Ce mot lui refile des frissons, lui donne le mal de l'océan. En s'y penchant plus sérieusement, il est vrai que Sinbad se serait arrêté au premier voyage si Kale n'avait pas été à ses côtés, il aurait tout stoppé vu que de toute manière, il se serait retrouvé comme unique survivant de sa propre décadence. Sans lui il ne serait pas ici. Sans lui il n'existerait pas. Sans lui, Sinbad ne serait pas Sinbad, il a participé même sans s'en rendre compte, à la construction de l'homme qu'il veut bien être. Son second il doit avoir cette capacité de création qui dépasse tout entendement, non pas comme un Dieu, juste comme un type qui parmi tant d'autres se butte à rester derrière un autre pour son bien, avant de se préoccuper de son unique personne, il va voir chez les autres, en particulier chez son capitaine. Alors oui, le bon Kale Lemiraculé se donne des airs d'imperturbable, pourquoi pas froid quelquefois, il n'empêche qu'à l'intérieur, le mercenaire lui il peut voir qu'un coeur frappe avec douceur une surface plate. Il l'a déjà vu, l'a déjà entendu battre jusqu'à implosion complète. Il n'a plus de secrets pour lui. Suivant avec attention les gestes du marin en tenue criarde, c'est sans surprise qu'il le voit remplir un verre - gravé avec justesse - avec de l'eau. « Je serai à mon tour empli d'une joie certaine lorsque tu sera à nouveau à mes côtés sur notre navire, mon frère. » C'est qu'il pourrait presque haïr son corps de ne pas être en mesure de suivre ce qu'il souhaite faire. La blessure aurait été moindre qu'il se serait sans aucun doute jeté sur Kale en hurlant à quel point il est bon de le revoir. Sauf qu'il est faible actuellement, sauf qu'il vaut pas plus qu'un rat crevé et que bien évidemment, il fait presque peine à voir. Toutefois, c'est pas sa première faiblesse, ni la dernière, la pire a dû être sur leurs anciens bateaux, alors que petit à petit, les voyages s’additionnaient pour en donner sept au total. C'était les carnets que le chef remplissait sans en comprendre les pulsions qui l'animaient, c'était les tas de feuilles griffonnées et qui au jour d'aujourd'hui sont dans son armoire soigneusement placée dans sa cabine. C'est rien comparé au reste, c'est qu'une petite mise en bouche, ce n'est qu'un moitié du calvaire qu'il se coltine chaque jour. La boisson il l'attrape sans se faire prier d'une main à peine tremblante, et bien évidemment, encore une parole digne d'un vieux sage vient à lui frôler les tympans. « Tu dois boire, Capitaine. Ce n'est pas une mort digne d'un marin, que de succomber à une déshydratation. Nous le savons que trop bien, toi et moi. » Oui maman, bien maman, tout à fait maman, je suivrais tes ordres maman. Un rire à nouveau aussi sec que le désert d'Afshin lui échappe des lèvres, celles-ci d'ailleurs se posent bien vite sur le rebord du récipient pour avaler une gorgée lui faisant l'effet d'une douche glaciale le long de sa gorge. Mourir. Celle qui serait parfaite aux yeux du marin serait tout bonnement entre les vagues, transpercé par une planche pour abréger ses souffrances, ses poumons se remplissant progressivement du liquide cristallin et salé. Partir un jour. Ne jamais revenir. Est-ce donc impossible à éviter ? L'homme est réputé pour sa grande fragilité, et il faut croire que les deux dirigeants du navire ne font pas exception à cette grande règle. « Allons, n'aurais-tu pas fait la même chose pour moi ? Et j'ai juré à notre Shéhérazade de prendre soin de toi, lorsque nous sommes partis. Je ne tiens pas à subir son courroux. » La princesse dit-il, la princesse, ou plutôt devrait-il avouer la souveraine des terres arides. Les retrouvailles avec la donzelle ayant datée d'il y a peu de temps avant ce méfait, il se souvient à la perfection des paroles dites, des gestes faits, du sang coulé pour lui, seulement lui, il avait été une bombe à retardement qui fatalement avait éclaté à la figure de la belle demoiselle aux yeux clairs. Sentant son coeur se pincer en se remémorant des images qui ne devraient même plus s'exposer ainsi, il voudrait lui répondre qu'elle serait probablement la première à se débarrasser de lui si c'était possible. Pourtant, elle l'a pas fait. C'était pas faute de lui avoir glissé une dague sous la gorge à peu près similaire à un Kandjar. Si sur le coup il croit que des tas de démons vont recommencer à lui grignoter les organes, le geste de Kale l'apaise en quelques secondes. C'est d'une banalité déconcertante à première vue. Une main posée sur une nuque, des visages qui se rapprochent, des chaleurs qui se partagent et surtout une voix pour agrémenter le tout. « Si, ne serait-ce qu'une seconde, je pouvais arracher cette chance, ce miracle qui me caractérise tant et te le donner pour que tu sois à jamais bénis par la vie, je le ferais, mon ami.  Je sais plus que quiconque combien tu as souffert de cette malchance qui ne semble pas décider à te quitter. Pour le moment, je me contenterai de couvrir tes arrières avec élégance. » Il n'en a jamais douté. Un autre mouvement, front contre front, moment solennel qui leur appartient et que personne ne pourra leur voler. Sinbad se surprend à fermer ses paupières durant cet instant, jusqu'à ce que son interlocuteur se retire. Pouf, ça se casse, ça s'envole dans les airs.
Et puis ça ne fait plus qu'un avec l'éternité illusoire.
Forcément, Kale ne serait pas Kale sans son verre de vin, directement rapporté de leur contrée natale sans aucun doute. Il n'en sourit qu'un peu plus. Il est si agréable de voir que les habitudes, aussi minimes soient-elles ne changent jamais. D'un détail à un autre. Chez Sinbad c'est cette sale manie de se dévorer la lèvre inférieure, de forcément ne serait-ce qu'une fois dans la journée frôler l'épaule d'un de ses compagnons, ce tic de toujours passer ses cheveux derrière ses oreilles quand il joue du luth. Comme quoi faire juste un peu attention peut suffire à remarquer le vrai du faux, le sincère au menteur. Il saurait reconnaître son ami entre des tas, déjà par des détails qui crèvent les yeux. Pour commencer, ses vêtements sont sa marque de fabrique, on l'a déjà d'ailleurs souvent confondu avec un noble entremetteur ou encore mieux, un maître d'armes ayant entraîné les meilleurs de ce monde. Pourtant, il n'en est rien. Kale il a le sang des pouilleux dans les veines, celui de l'appel de la rue à foison. Deuxièmement le masque de protection qu'il se pose sur la figure crève les yeux, ou du moins, ceux de Sinbad. La force des années a fait qu'il se rende compte des choses avant même qu'il n'ait eu le temps d'ouvrir sa bouche. Ce second visage. Un Kale qui se donne l'apparence d'un loup redoutable, même si au fond il ne vaut pas mieux qu'un agneau égaré. Et pour terminer, tout bêtement cette façon qu'il a de se tenir lui donnant une dégaine de roi. Pas étonnant que bien des aventuriers venaient parler à son aîné en lui donnant le titre de capitaine. Kale a tout ce que Sinbad n'a pas, et Sinbad a ce que Kale ne pourra jamais avoir. Il pourrait être envieux, lui cracher à la figure de le faire passer pour un bon à rien. Faut croire que non, qu'il préfère en rire avec simplicité, parce que de toute manière, maintenant, il n'a plus rien à perdre si ce n'est son compagnon de toujours. Il ne pourrait jamais s'y résoudre. Jamais. « J'ai bien peur de n'être qu'un mortel qui n'a pas l'éternité devant lui. Si tu souhaites me rembourser, essayes donc d'éviter les lames ennemis, cela fera l'affaire. » Cependant, c'est celui qui parle qui tiendra sur la longueur, et ceci le mercenaire n'en doute pas. Parler de passer l'arme à gauche doit être un des sujets les plus moches qu'ils peuvent aborder, des larmes discrètes peuvent vite perler, une engueulade se faire sentir à des kilomètres à la ronde. C'est juste ça qu'on aborde pas, qu'on évite le plus possible sous peine d'un pessimisme qui pourrait refiler des sueurs froides à une personne telle qu'Hansel, bourrée d'un optimisme désolant. Ils partagent tout, sauf le décès. Ils se disent tout, sauf adieu. Les deux ustensiles tendu dans les airs, c'est avec plaisir qu'à nouveau le liquide coule le long de son corps, lui faisant échapper un soupir de satisfaction. « Je ne peux rien te promettre, en revanche je peux t'affirmer que je ferais de mon mieux pour ne plus me faire transpercer ainsi, et ... à la vérité aussi facilement. » Sinbad la légende des sept mers enterré pour cause d'un poignard bien placé dans son ventre fragile. Un sale titre pour des journaux qui ne feraient pas d'éloges pour un pirate comme lui. Posant son attention sur le fond de verre qui reste, il semble comme obnubilé par le rayon de soleil qui se répercute à l'intérieur, ça brille, c'est beau, ça lui manque réellement l'écume. Ses prunelles s'étalent alors sur le reste de la décoration qu'il prend un malin plaisir à redécouvrir à chaque fois. C'est un beau bouiboui, un sorte de bazar bien rangé qui a clairement son charme, mélangeant des tas de cultures, rassemblant des tas de souvenirs y compris des bijoux volés à gauche à droite qui symbolisent leurs mésaventures. Mais, si y'a bien un bagage qu'ils ne pourront jamais poser dans leurs appartements, c'est bien leurs cicatrices. Oh pas à des endroits similaires - pas forcément du moins - certes, malgré tout elles seront toujours là pour leur hurler à la figure que des tas d'hommes ne sont plus à cause d'eux. A cause de lui. Les fêlures de Kale viennent de là, viennent de lui, d'une idée saugrenue qu'était celle de gouverner les éléments. « Ce n'était pas mon heure, mon âme l'a compris. Je pense qu'elle devait savoir que je n'imaginais pas le reste de mon existence sans toi, alors elle a dû juger que mon passage dans l'autre monde ne serait que trop inutile. » Ses jambes remontent un peu, il recule même du rebord pour bien se positionner sur le lit, dorénavant en tailleurs sa main tapote délicatement la couverture à côté de lui, signe à Kale qu'il n'a pas besoin de rester aussi formel. « Qu'est-ce que je ne ferais pas pour toi, hm ? Je reviens d'entre les morts pour ton bon plaisir. » Et pour le sien surtout. Un gloussement vient à donner une touche moins lourde à sa parole, c'est tout juste s'il ne pouvait pas le faire à gorge dévoilée tête en arrière, sauf que sa plaie l'en empêche, le faisant grimacer à quelques reprises. Tout ceci prendra du temps. Toute morsure, piqûre, disparaîtra un jour ou l'autre, sauf qu'il faut du temps, toujours du temps, encore du temps. « Je ne sais pas réellement comment prendre cet évènement, peut-être une mise en garde ? Un hurlement désespéré me répétant que je dois arrêter tout ce que nous avons entrepris ? » A ce moment précis, il se rend compte qu'il lui fait part de plus que ce qu'il souhaitait. Arrêter, stopper, dire qu'il est l'heure de fermer l'usine et qu'il est temps pour lui de prendre sa retraite. Vraiment ? En serait-il capable ? Il ne saurait trop le dire, il se sent penaud, fatigué par l'enchaînement des pièges qui veulent le faire tomber en chute libre. Coude gauche posé sur le même genou, sa main libre accueille sans gêne son visage qui prend une mine encore plus harassée qu'à la base. Le pire c'est qu'il lui laisse même pas le temps de réagir qu'il surenchérit. « L'accident de trop dit-on. Je devrais une fois pour toute songer à la possibilité que notre vieil océan ne veut plus de moi. » Murmure audible pour celui est assez proche, il se reprend assez vite en riant. « Ah ! C'est ridicule. C'est que j'en perds la raison, rester une minute de plus à la capitale va finir par m'enlever toute once de bon sens. » Ou au contraire lui refiler cette lucidité qu'il n'avait jamais eu. Le voilà qu'il se perd à nouveau dans tes ténèbres qui l'attirent dans un lieu où aucune bougie ne peut briller. Perte d'espoir ou encore lassitude, frayeur de voir ses proches partir en premier. Il ne devrait pas y penser. Pourtant il y pense. Malgré tout, il en veut pas, voudrait se cogner la tête contre le mur jusqu'à ce que tout ceci lui échappe radicalement. Il peut pas, il a jamais pu. Il marche comme ça Sinbad, à la souffrance qu'on ne peut soigner que par la souffrance raconte un ancien adage. C'est bizarre parce qu'il se sent comme le marmot qu'il était au moment de leur première rencontre, un peu cradot, trop sûr de lui et surtout bourré d'adrénaline le poussant à courir des heures durant à travers les ruelles étroites du village dans lequel il était né. Fragile, enclin à une inquiétude qu’étonnamment il n'a jamais su gérer. C'est que deux gosses ridiculement petits face à un royaume bougrement géant. Main dans la main, yeux dans les yeux, jusqu'à ce que le tourment ne soit plus qu'un affreux souvenir. C'est que deux gosses qui se prennent pour des grands.
C'est que deux gosses qui cachent la réalité.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Contenu sponsorisé





I would rather walk with a friend in the dark, than alone in the light. (Sinbad) Empty

Revenir en haut Aller en bas

I would rather walk with a friend in the dark, than alone in the light. (Sinbad)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Sujets similaires

-
» Despereaux - Stories are light. Light is precious in a world so dark.
» Mowgli ⊱ I need your help with a...Friend
» Your ship may sink before it even hits the water - Sinbad
» run for your life ▬ sinbad & lorcan
» Sinbad ¤ castle on a cloud




Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
⊱ il était une fin :: Les RPs :: Chapitre 1-