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old friends ▬ camil & beowulf


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old friends ▬ camil & beowulf EmptySam 31 Jan - 16:52



Camil & Beowulf
I have let myself believe that nothing would hurt deeper than the truth

Le fracas des sabots fait écho dans les bois. La bête est calme, lancée dans un galop puissant mais serein. Beowulf ne veut pas aller trop vite, il tente de repérer un endroit en particulier. Les bois bordant la capitale lui semblent immense. Sur son visage repose la frustration d'avoir beau chercher et de ne rien trouver. Est-ce que les deux bougres ont trouvé utile de déménager ? Il l'ignore, imagine un tas de choses qui lui alourdissent l'esprit et le cœur. Il ralentit la cadence de sa monture, finit par la stopper au milieu d'une petite clairière. Il a beau tendre l'oreille, il ne perçoit que les bruits habituels d'un tel endroit ; le chant des oiseaux, les rongeurs se faufilant entre les branches et les quelques plus gros animaux fuyant sa présence de potentiel chasseur. Il lui semble qu'aucune autre humain ne se trouve dans les parages. Il soupire longuement avant de flatter l'encolure du cheval qui a profité de cette petite pause pour arracher quelques brins d'herbe. Eh bien, ce n'est pas lui qui va l'aider se dit-il en jetant un œil aux alentours, comme si, finalement, Camil allait soudain apparaître, mettant un terme à cette immense partie de cache-cache. Mais rien ne vient.

L'homme a mis pied à terre, pensant qu'une petite pause l'aiderait dans sa réflexion. Assis sur une pierre, il réfléchit à une stratégie de localisation de la grotte. Ses souvenirs lui jouent des tours, il a du mal à resituer l'endroit. C'est qu'il n'a jamais dû s'y rendre par ce chemin. Non, il y est arrivé inconscient, par un coup du destin. Une idée lui traverse alors l'esprit ; il faut qu'il retrouve la rivière qui la conduit jusqu'à eux. Avec un peu de chance, il arriverait à discerner quelque chose en suivant son lit et pourrait enfin retrouver Camil. Cette perspective gonfle son cœur de joie et, d'un coup, il se relève, surprenant sa monture. Celle-ci a redressé vivement l'encolure et, après un petit écart, s'est mise à l'observer le souffle court. Le guerrier s'en excuse avant de calmer l'animal par quelques paroles douces et une main rassurante le long de son chanfrein. Après cela, il remet pied à l'étrier, bien déterminé à dénicher où se cachent l'homme-loup et son protégé. Il s'agit presque d'une véritable chasse.

Le vent lui fouette le visage, balaye la capuche de son visage, glace sa peau et se glisse parmi sa crinière brune. Ce que le guerrier aime tant quand il est à cheval, c'est qu'il peut s'oublier complètement au profit de la bête qui se meut sous lui. Elle compte sur lui pour le conduire à bonne destination, sans aucune encombre et lui, prend ce rôle à cœur. Le son familier du clapotis de l'eau éveille en son regard la flamme particulière de celui qui s'apprête à accueillir la victoire. Certes, elle n'est que maigre mais à l'instant, il en faut peu au seigneur déchu que pour s'estimer heureux. Un sourire se dessine alors au bout de ses lèvres tandis qu'il aperçoit l'objet de sa quête. S'arrêtant à nouveau, Beowulf laisse sa monture boire tranquillement un peu d'eau tandis qu'il jette un œil aux alentours. Est-ce que c'est ici qu'il s'est battu avec son frère ? Il ne saurait dire. Pour être honnête, il n'avait pas fait attention à ce genre de détails. Un instant, il se dit qu'il est peut-être déjà en contre bas de la caverne et cette idée réussit à balayer une partie de la grande motivation dont Beowulf était possesseur jusqu'à présent. Cependant, il refuse de se laisser vaincre et, après un court moment de battement, reprend sa marche, son cheval à sa suite.

Habitué à parcourir les froides contrées de Yasen, Beowulf ne craint pas le froid. Sa monture non plus, elle aussi est originaire de ces terres, l'épaisse couche de fourrure recouvrant sa peau en témoignant. Ses sabots larges sont sûrs et sa carrure donne un aperçu de la puissance dont la bête peut faire preuve. L'animal suit docilement son maître, jetant parfois un coup d’œil aux environs. Ils n'ont encore croisé personne, l'hiver régnant sur les bois n'y étant très certainement pas étranger. Sur le dos du cheval, Beowulf a rangé quelques sacoches portant en leur sein plusieurs vêtements. C'est un présent, bien maigre à ses yeux par rapport au cadeau qui lui a fait l'homme à qui il rend visite. Sa reconnaissance sera éternelle, il le sait. Personne d'autres dans ce monde ne lui est venu en aide de la manière dont Camil l'a fait.

Peu à peu, Beowulf a la vague impression qu'il connaît l'endroit dans lequel il erre. Ses pupilles cherchent les repères qu'il tente désespéramment de retrouver. Le paysage a changé au fil des saisons, cela fait plusieurs mois qu'il est parti. Trois, quatre ? Il n'est pas sûr, peut-être un peu plus. Il n'a pas vraiment conscience d'être resté autant de temps en solitaire au fond des bois après avoir été chassé de ses propres terres. Il se demande quelle sera la réaction du jeune homme. Sans doute serait-il heureux de le voir, du moins Beowulf l'espère. Après tout, il lui avait promis de revenir le voir et cette nouvelle avait eu l'air de réjouir le chasseur. L'homme eut aussi une pensée pour l'autre gars partageant cette existence au fond des bois ; l'homme-loup. Il avait été aussi abasourdi que son cadet en apprenant la nouvelle. Il n'avait d'ailleurs pas très bien compris l'histoire, préférant laisser le duo arranger leurs problèmes. Pour sûr que, s'il avait pris l'initiative de s'en mêler, Lainn lui aurait clairement fait comprendre d'aller voir ailleurs. Beowulf avait fait le bon choix en restant à l'écart de leurs histoires. Après tout, il n'avait finalement rien à voir avec cela ; il était arrivé par un mystérieux hasard, par le biais de cette rivière qu'il suit désormais. Il avait été aux yeux du plus jeune un défi du destin, quelqu'un à sauver tandis qu'il était resté aux yeux du loup un intrus à tenir à l’œil. Et Beowulf le comprenait. Il aurait réagit de la même façon devant un type arrivé de nulle part, dans un état pareil au sien.

L'équidé est bien étonné de voir son compagnon se précipiter entre deux arbres, visiblement très heureux d'une mystérieuse trouvaille. Celle-ci n'est rien d'autre qu'un piège. Etant donné qu'il est vide, la réaction du guerrier peut paraître très étrange. C'est que, en vérité, ce n'est pas vraiment l'objet qui rend heureux l'homme mais plutôt le lien qui lui a attribué ; la caverne qu'il cherche avec tant de ferveur ne doit plus être très loin ou tout du mois, Camil finirait bien par passer par ici, pour relever les pièges. Il se souvient que le jeune homme le faisait toujours à une heure plus ou moins similaire et, jetant un coup d’œil vers le ciel, le guerrier estime qu'il n'en est pas très loin. Du moins, il l'espère.  Déharnachant sa monture pour qu'elle soit plus à l'aise et l'attachant à un arbre, Beowulf prend l'initiative de se lancer dans l'élaboration d'un feu, se trouvant dans une petite clairière. Pas qu'il ait froid mais au moins, cela l'occuperait le temps d'attendre et il escompte que la fumée attire l'attention du chasseur.
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old friends ▬ camil & beowulf EmptyDim 1 Fév - 15:34



Beowulf et Camil
Qu’est-ce que ceci ? Un garde qui ne prend pas garde ?

« Un cerf ? Z'êtes sérieux ? Un cerf ? » L'air ahuri, le sauvage perdu dans la capitale zieute avec attention son interlocuteur qui le plus calme du monde hoche la tête. Encore un contrat à prendre de chasse pour ne pas changer, surtout en ces temps difficiles et quand il n'est plus possible de faire confiance à personne. A la réalité, Camil est plutôt étonné qu'on demande encore son aide à gauche et à droite, surtout parce que le mot d'ordre est de se débrouiller seul face à cette anarchie grandissante. Au moins, en retour, il aura quelques pièces ce n'est pas une chose sur laquelle il crachera. Poussant un soupir, il ajuste son carquois dans son dos convenablement avant de sortir de la taverne encore plus miteuse qu'elle ne l'était déjà à l'origine. Le froid agresse sa peau, il frémit tout en rejoignant progressivement la sortie de cette folie qui dépasse clairement l'entendement. Il ne sait qu'en penser, il ne sait même plus dans quel endroit se mettre alors que tout son entourage vient à perdre le peu qu'il lui reste de raison. Même son compagnon de galère semble dans une optique de faire souffrir la pauvre milice qui peu à peu perd les bras, et pour quoi ? Un trône qui est encore occupé par un prince dandy aux cheveux dorés. Ils sont d'un ridicule plus que risible, et celui qui devrait ne pas s'occuper des problèmes des citadins se trouve plongé dedans malgré lui. L'alcool coule à flots, autant que les plantes illicites qui font rire les plus jeunes qui clairement cherchent à combler quelque chose. Retenant un rire sec à cette idée, il se sent beaucoup mieux dans la cime des arbres, et c'est à l'entente des sifflements de quelques oiseaux qu'il se met à sourire de façon presque naïve. Il est chez lui à partir du moment où le bois craquèle sous ses bottes crasseuses, il est dans son antre quand son air n'est plus pollué par l'odeur du pain qui chauffe dans le four, quand il n'entend plus l'époux qui maltraite sa femme, quand il a droit à cette paix dans son pauvre coeur meurtri. Pinçant sa lèvre inférieure, il jette machinalement un coup d'oeil vers le soleil qui laisse à présager que son heure de faire le tour de ses pièges ne va pas tarder. Si ça se trouve, avec de la chance, il aura attrapé le fameux cerf que son client souhaite et il n'aura donc pas à passer une après-midi à suivre des traces qui ne mèneront nulle part. Pressant le pas pour terminer sa besogne le plus rapidement possible, c'est avec un naturel déconcertant qu'il trouve simplement son chemin, l'un se trouve derrière une pierre, l'autre est bon pour les lapins, un même peut être utile pour attraper un oiseau ayant l'estomac vide, les plus gros quant à eux se situent à des endroits plus stratégiques - en temps normal ils attrapent des gros bestiaux, quand il n'a pas de chance par contre il peut entendre hurler un pauvre voyageur s'étant fait avoir. La chance il l'a ou ne l'a pas. Continuant de torturer quelque peu son morceau de chair rosé jusqu'à souffrir, il ralentit progressivement sa marche en croisant la route d'une rivière qui inlassablement lui rappelle de bons souvenirs. Ses dents se montrent un peu, il stoppe sa recherche de façon si nette qu'il paraît irréel et il écoute les clapotis des pierres qui chantent sous cette entité à peine profonde. Il se souvient de l'être qu'il avait trouvé ici, il n'était qu'un cadavre tabassé si bien qu'Oeilvif ne croyait que très peu en un possible rétablissement. Il avait survécu, et surtout il lui avait parlé de sa voix rauque et caverneuse, il avait trouvé en cette tête brune et rêche un proche qu'il ne soupçonnait pas. Il l'avait soigné, il l'avait apprécié et surtout il avait amèrement regretté son départ précipité. Beowulf qu'il s'appelait, le grand guerrier voulant récupérer ses terres. Qu'en est-il maintenant ? Peut-être est-il tout simplement trépassé ? Il a du mal à le croire, si les éléments n'ont pas voulu de lui, alors ce n'est certainement pas un mortel qui pourra lui faire pousser son ultime souffle. Il se surprend à espérer, à sentir son palpitant se réchauffer d'une chaleur ancienne qui est toujours salvatrice.

Secouant sa tignasse longue pour échapper à l'emprise d'images vieillottes, il repasse à travers les troncs comme pour se perdre, même s'il sait pertinemment que cela n'arrivera jamais. Cependant au bout de cinq belles minutes, ses sourcils se froncent et une mine perplexe s'empare de son masque jovial. Loin, il peut apercevoir la fumée d'un feu et s'il en juge par les mètres qui le séparent de ce lieu, ce n'est pas très loin d'un des pièges qu'il a pu poser. Bon sang manquait plus que quelqu'un s'approche trop et casse sa mécanique. Inspirant profondément, il ne se laisse plus le choix et se met à courir entre les feuillages, essayant de faire le moins de bruit possible. Attrapant son arc qu'il tend une fois proche du lieu tant désiré, il attrape délicatement une flèche taillée le matin même et il ne voit qu'un être de dos qui fait raviver son feu, plus loin sa monture se délecte de quelques brins d'herbe de cette clairière entourée de sapins. Il n'arrive pas à discerner qui il est, peut-être comme toujours un passant qui a perdu sa route ou encore un habitué des expéditions douteuses, il ne saurait le dire. Inspirant profondément il attend quelconque geste violent ou une preuve qu'il est hostile pour lui décocher le carreau en plein dans la nuque. Rien n'y est, il est étrangement calme, apaisé, tout autant que l'animal qui n'a pas remarqué Camil caché dans la pénombre. Doit-il réagir ? Doit-il le laisser tranquille et attendre qu'il parte pour être enfin rassuré ? Il ne s'en donne pas le droit, il ne faudrait pas qu'à ce moment une proie se jette dans la gueule du loup et qu'il comprenne qu'il y a des âmes qui tentent de survivre par ici. Il n'aime pas cette idée, bien que peu fermé aux autres la noirceur se trouve à peu près partout, et la confiance - surtout depuis que la bombe a éclaté au bal - est une denrée rare. Rageant contre la force des choses, il se décide à s'avancer vers la masse de muscles qui lui fait dos, à peine menaçant il reste sur ses gardes en se préparant à viser en cas de besoin. « Vous feriez mieux d'vite retrouver vot' chemin, la forêt regorge de pilleurs depuis quelqu'temps. » Un instant son attention dérive sur le bel équidé qui pourrait être une victime facile d'esprits tordus ou d'un simple vol tout bonnement. Un petit sourire étire ses lippes, il tente de le faire disparaître derechef et la bête ne semble pas trop paniquée de sa présence, peut-être est-ce sa dégaine qui la pousse à ne pas hennir face à cette figure qui pourtant pourrait se débarrasser de son maître en deux temps trois mouvements. « L'canasson pourrait leur servir, m'enfin vous m'avez pas l'air bien chétif. » La manière dont ses épaules sont taillées, la façon dont il respire, cette tignasse longue et noire comme l'ébène, cette barbe qu'il peut voir dépasser quelque peu qui dévore un bout de son visage. C'est impossible. Il fabule. Il délire. Ses traits deviennent de plus en plus tendus, il n'est pas sûr de ce qu'il aperçoit actuellement. Serait-ce un mauvais tour d'une sorcière qui lui en veut ? Il n'a jamais attiré les foudres d'une ensorceleuse, alors peut-être ? Il arrête derechef la déferlante d'idioties qui lui traversent l'esprit. Il doit vérifier. Le souffle quelque peu cassé, animal il se glisse accroupi dans le dos de l'étranger puis se penche juste assez sur le côté pour mettre enfin un prénom sur cette trogne. Et il ne s'est pas trompé. Sous la surprise, il écarquille ses deux iris verts avant de lâcher un rire de gorge sincère. Tout son être éclate d'une excitation exacerbée, il voudrait lui sauter dessus, lui faire sa fête tel le bâtard qui retrouve son fidèle égal. Il n'en est rien, il se contente de prendre sur lui néanmoins le pétillement dans son regard le trahit plus que tout. Pour peu, il se trouverait ridicule, cependant pour un marmot élevé dans la pure tradition des barbares, il n'a plus rien à laisser en chemin - pas même son honneur, et c'est tout juste s'il connaît la définition de cet horrible mot. « Surtout si vous vous appelez Beowulf. »
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old friends ▬ camil & beowulf EmptyMer 4 Fév - 10:53



Camil & Beowulf
I have let myself believe that nothing would hurt deeper than the truth

Le feu crépite depuis un moment déjà, l'homme le ravive calmement. C'est plus pour s'occuper qu'autre chose, il en a bien conscience. Son regard se perd parmi les flammes dansantes. Il soupire doucement en se rendant compte à quel point ses pensées peuvent être noires. Il n'imagine que trop mal la façon dont les prochains jours, les prochaines semaines se dérouleront. Il lui semble qu'il n'a pas d'avenir. Il est réellement mort le jour de la trahison de son cadet. C'est peut-être seulement maintenant qu'il s'en rend compte. Alric l'a effacé de la surface de la planète avec une facilité déconcertante. Beowulf reste profondément persuadé que son frère a ensorcelé les siens. Mais à quoi bon ressasser cela ? A part se torturer, l'homme ne fait pas grand-chose d'autres. Ses pupilles se relèvent vers la bête broutant tranquillement. Elle est incroyablement passive, elle, se contenant de quelques brins d'herbe pour être heureuse. L'animal relève la tête, observant son maître avant de retourner à sa principale occupation.

En réfléchissant à la question, l'ancien seigneur se dit qu'il n'y aurait peut-être pas que Camil qui puisse être attiré par son feu. Les temps par ici sont durs et n'importe qui peut soudainement devenir le pire des bandits. Cependant, même s'il est seul, il sait qu'il peut se défendre et sa large carrure joue en sa faveur. Quand il perçoit le bruit de quelqu'un en approche, il ne bouge pas. Il pose juste lentement sa dextre à proximité de sa hache, certain de pouvoir s'en servir si l'on venait à l'attaquer. Il reste néanmoins calme. Il n'y a rien d'autres à faire. Si ce n'est qu'un curieux venu l'approcher, il n'y a pas de raison de s'inquiéter. Si c'est un bandit arc bandé ou dague en main prêt à l'anéantir, il ne peut plus envisager grand-chose. Si la mort le guette, il est maintenant trop tard pour l'éloigner. Et cela n'a pas l'air de le déranger plus que cela. Si Beowulf vit encore aujourd'hui c'est qu'il n'accepte pas l'idée de se donner la mort ; il mourra par la main d'un autre, en combat et nulle part ailleurs.

Entendre sa voix et aucune autre le rassure. Pourtant, l'homme ne bouge pas, préfère attendre les réactions de celui qu'il a cherché tout ce temps. Il sait que le jeune homme ne tue pas sans raison, il ne craint plus rien. Il écoute attentivement le moindre mot du nouvel arrivant, jette un œil à sa monture quand il lui en parle. C'est vrai que c'est un beau cheval, il s'en rend bien compte. La sorcière blanche a dû le voler dans ses propres écuries. Cette idée le réconforte ; il a emmené un peu de ses terres perdues avec lui. N'importe qui d'un peu connaisseur pourrait reconnaître l'origine de cette bête ; son épaisse toison, ses muscles développés, ses membres porteurs, son large chanfrein et ses sabots robustes ne peuvent qu'appartenir à la froide Yasen.

Son regard suit l'ombre qui s'avance peu à peu vers lui. La silhouette s'approche avec prudence, est presque à sa hauteur. Et la tête qui apparaît soudain à sa gauche fait sourire l'homme. Camil a grandi dans les bois et a hérité des réflexes et mimiques d'un animal sauvage. Ce qui en fait un adversaire redoutable. Mais Beowulf n'a pas de mouron à se faire ; il connaît ce gamin des bois, le compte dans ses amis. S'il est toujours armé, l'autre n'a plus rien d'hostile. Son rire, ses pupilles illuminées par la joie, tout laisse à croire qu'il est heureux de voir réapparaître le fantôme qu'est Beowulf. Il se souvient de lui, bien sûr, cela ne fait pas si longtemps qu'il est parti. Plusieurs mois, cinq tout au plus. Et puis, leur rencontre a quelque chose d'inoubliable. Le seigneur déchu s'était réveillé dans le nid du plus jeune, alors qu'il pensait dur comme fer être mort. Après ce qu'il avait vécu, il n'y avait que la Faucheuse qui pouvait l'accueillir, il en était persuadé. Et pourtant, il en avait été autrement. Ce que le monde conviendrait à appeler ce sauvage avait sauvé sa vie brisée.

L'homme rit doucement à la réplique de son vis-à-vis. « Vous êtes un curieux pilleur. Si vous ne chassez que les Beowulf, vous devez souvent revenir bredouille. » Il a un sourire sincère au bout des lèvres. L'homme se relève de tout son haut, surplombant la silhouette de son nouveau compagnon. Le revoir a quelque chose de profondément mélancolique. Il se souvient aussi de l'enthousiasme qui gonflait son cœur, la dernière fois qu'ils se sont quittés. Il était persuadé pouvoir revenir dans ses terres, expliquer que tout cela n'était qu'un malencontreux malentendu et qu'ils allaient pouvoir reprendre leur petite vie tranquille avec à leur tête le seigneur Beowulf Guerrierné. Il aurait simplement puni son frère, l'aurait banni ou quelque chose de ces eaux-là. Il ne l'aurait pas tué. Ce sont la rage et la tristesse qui l'ont emmené jusque là. S'il le regrette ? Il ne sait pas réellement. Parfois oui, parfois non. Cela dépend du moment auquel il y pense. A l'instant, il tente de chasser toutes ces noires pensées afin de pouvoir se concentrer sur le présent. « J'ai cru que je ne te dénicherai jamais. Pas moyen de retomber sur votre caverne. » Beowulf jette un œil aux alentours, comme si l'endroit allait soudain apparaître. Il se retourne, écoutant un instant le clapotis familier de la rivière. C'est elle qui l'a mené jusqu'à Camil. Décidément. « J'espère que tu ne comptais pas te nourrir de la proie de ce piège parce que... à part moi, il n'a pas ramené grand-chose. » Il hausse légèrement les épaules. En vérité, il est un peu mal à l'aise. Parce qu'il sait qu'à un moment donné, le jeune homme va lui demander ce qu'il s'est passé, là-bas, chez lui. Lui demander ce qu'il fait par ici, pourquoi il n'est pas près des siens. Ce genre de questions qui vont le tuer un peu plus. Il n'en veut pas vraiment, lui, il désire vivre malgré tout. « J'suis content de te revoir Camil. » Son regard s'est arrêté dans celui de son ami, intensément. C'est qu'il n'y a pas parole plus sincère que celle de Beowulf à l'instant. Dans le tumulte de ces derniers mois, il n'a trouvé aucun allié, personne à qui se raccrocher. Voir un visage familier et heureux de le retrouver réchauffe son cœur glacé par les plus sombres sentiments qui soient.
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old friends ▬ camil & beowulf EmptyMer 11 Fév - 22:10



Beowulf et Camil
Qu’est-ce que ceci ? Un garde qui ne prend pas garde ?

Un animal blessé, un être en perdition, voilà ce qu'il avait trouvé en tombant sur cette carcasse à moitié noyée dans la rivière située non loin de l'endroit où Camil se situe. Il n'avait vu qu'un cadavre tabassé à outrance, qu'un torse se levant à peine et dans toute sa bonne volonté il avait voulu l'aider, dans le pire des cas avait-il pensé, il le dépouillerait et l'entrerait dans une tombe sans nom. Finalement il avait réussi à se réveiller, avec une certaine peine certes néanmoins ses yeux s'étaient ouverts dans la caverne où le duo habite encore, il avait essayé de se lever puis était retombé telle une masse qu'on malmène puis s'était tu, attendant probablement que le sauvageon lui assène le coup fatal. Dans tout cela il n'avait eu qu'un sourire de joie, rassuré et étonné de s'être malgré lui attaché à ce pauvre homme oublié dans la forêt enchantée. Après quelques heures il avait réagi de la manière la plus classique qui puisse exister : en lui posant des tas de questions. Il essayait d'y aller doucement, calmant son excitation pour ne pas le fatiguer encore plus toutefois il était complexe pour Oeilvif de rester de marbre face à ce personnage répondant au nom de Beowulf. Il avait tout su, au bout d'un temps considérable à cause de la fameuse confiance qui ne se donne pas, cependant il lui avait tout raconté d'une traite ou presque, lui rappelant son territoire à Yasen, lui expliquant que son propre frère lui avait tout volé pour des besoins personnels. Il était parti le grand guerrier en quête de son petit royaume bafoué, et à la réalité le traqueur ne voulait pas penser au pire. Il croyait en quelque chose il y a encore quelques semaines, quoi il n'en savait foutrement rien, en revanche il espérait recroiser sa route un jour. Le coeur serré, un sourire plus que bêta sur la face il reste accroupi tel un jeune chiot qui apprend à marcher à quatre pattes, appuyé sur ses poings ainsi que ses pieds il pince sa lèvre inférieure pour contenir les hurlements bestiaux qui trainent dans son crâne. S'il avait été un loup il aurait crié en plein jour, s'il avait été un oiseau risible il aurait sifflé mais n'étant qu'un homme il se contente de faire ce qu'il connaît le mieux : se taire en attendant le déluge. Inspirant profondément il suit attentivement son ami du regard, celui-ci a d'ailleurs été touché par le temps ou par quelque chose d'autre, il ne saurait dire quoi, toutefois une lumière a changé dans son regard. Du bonheur, il en voit, cependant il discerne aussi une mélancolie aussi grande que les montagnes qui surplombent la contrée. On ne lui a pas chipé tout ce qu'il avait, on lui a arraché des mains tout ce à quoi il tenait. Fronçant les sourcils en essayant de comprendre ce qui a bien pu lui arriver et surtout qu'est-ce qu'il fait ici, il laisse transparaître une mine perplexe plus que voulue. Il l'écoute avec attention, comme si Guerrierné lui crachait une vérité universelle en pleine face, il avale ses paroles et se délecte de cette voix rauque qu'il n'a pas entendue depuis ce qui lui semble être une décennie, un long moment d'accalmie qui n'a jamais convenu au fils des arbres. Malgré lui, le seigneur déchu s'était fait une place dans cette famille ridiculement petite se composant d'un canidé imposteur et d'un gamin arraché à ses origines pour suivre une aventure abracadabrantesque. Ils auraient pu former quelque chose de grandiose si au moins il n'était pas si têtu de retourner chez lui. Quelque part, il doit l'envier. Il ne s'est pas très souvent penché sur le sujet, toutefois tout paraît plutôt logique. Quelqu'un l'attendait là-bas sur les terres froides, alors que Camil qui croit encore en son existence ? S'il ne s'est plus donné la peine de retourner à Roncefol, il doute que ses géniteurs soient encore vivants et que surtout on l'attende dans un coin de la chaumière. Personne ne le cherche, personne n'en veut et il fait partie de ces oubliés qui ne marqueront pas une génération, il est dans l'ombre pour aider ceux qui arriveront à faire changer des avis, créer des révolutions, la place au soleil n'est pas pour lui. Alors, Beowulf, pourquoi est-il retourné dans les ténèbres ?

Un sourire enfin, ses dents se dévoilent sous ce ciel gris pendant que le feu jase derrière eux. Baissant ses prunelles pour zieuter avec attention un brin d'herbe au sol il pianote délicatement sur le sol se demandant si ce qu'il souhaite faire est la bonne ou la mauvaise solution. Et Camil ne reste pas bien longtemps dans sa propre réflexion puisque sans crier gare il se jette sur la montagne de muscles avec une telle violence qu'il en vient à le faire tomber lamentablement au sol. Semblable à un petit frère qui retrouve son aîné il ne peut retenir une hilarité conséquente qui fait trembler sa gorge alors que ses bras s'enroulent autour de sa nuque pour le serrer contre lui. Il ne se demande même plus pourquoi il agit d'une telle manière, il le fait c'est tout et bon sang qu'est-ce que ça peut lui faire du bien de renouer un quelconque contact avec ce vieux bougre qu'il n'osait imaginer ne serait-ce qu'un instant décédé. Pour peu, il en pleurerait. Sauf que ce n'est pas dans ses habitudes de se laisser totalement aller face à un proche, aussi important soit-il. Se reprenant au bout de quelques secondes à se marrer il se redresse, assis sur le squelette du combattant aux cheveux sombres et en profite pour éclater une petite frappe amicale sur son torse les prunelles pétillantes, malicieuses. « Et moi donc ! T'sais que durant un instant j'ai pensé qu't'étais plus d'ce monde, mais non, j'y croyais pas, Beowulf Guerrierné il peut pas disparaître du royaume comme ça, pas sans avoir fait une guerre gigantesque avant. » Oh ça, pour sûr qu'il laisserait une trace magistrale derrière lui ! Le corps sans vie d'un monstre, d'un dragon cracheur de feu qui aura fait des tas de victimes innocentes - parce que lui, il se bat pour ça, la défense des plus faibles du moins c'est ce que l'archer a toujours compris. Dégageant de son bassin pour se retrouver en tailleurs sur le sol un peu boueux, il passe par la suite ses coudes sur ses genoux croisés en penchant sa tête sur le côté un sourire radieux étirant ses lèvres. « Te v'là de retour, si j'tais riche j'ferais un immense banquet en ton honneur. » Sauf qu'il ne l'est pas et qu'il peut seulement lui donner en retour des gestes tendres, au moins c'est un début vers une autre richesse qui est celle des pauvres ; eux au moins peuvent se contenter d'un rien pour que leur journée devienne un véritable rayon de soleil. Jetant un coup d'oeil vers les bois par habitude et même par scepticisme après un vague temps totalement accaparé par les bruits de branchages qui craquent il repose toute son attention sur le disparu pas si perdu que cela. Néanmoins quelque chose a dégagé de son visage, son masque d'inconscience a explosé en vol. Parfait et en même temps si imparfait, des zones d'ombre brûlent ses lèvres, lui faisant comprendre que tout ceci n'est pas totalement anodin, que même la tenue du voyageur n'est pas adéquate étant donné que ses appartenances sont plus incroyables que des haillons ! Il devrait ressembler à un seigneur digne de ce nom, et pourtant il passe partout, digne d'un groupe de pillards sans foi ni lois. Il a toujours cette tristesse qui lui dégouline sur les pores de la peau, il le voit, il ne peut pas se tromper. « T'es d'retour... » Qu'il souffle pour lui-même avant de se reprendre. « Et j'crois pas qu'ce soit normal, tu d'vais pas r'prendre c'qui est à toi ? Et ta femme ? Tes enfants ? Ils sont où ? » Ce n'est peut-être pas la bonne manière d'aborder le sujet, c'est comme la première fois où ils se sont parlé, c'est un flux d'informations qui arrache la langue du curieux. C'est un vilain défaut, c'est la morale qu'on trouve à la fin des histoires que les mères racontent à leurs progénitures pour qu'elles évitent de se mettre dans la panade. Cependant en grandissant les règles s'estompent jusqu'à être transgressée, et depuis qu'il est retourné à l'état barbare il ne connaît plus les règles de bienséance. Parmi les feuillages il n'est plus question de se cacher derrière des faux-semblants.
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old friends ▬ camil & beowulf EmptySam 21 Fév - 23:18



Camil & Beowulf
I have let myself believe that nothing would hurt deeper than the truth

De toute les réactions qu'aurait pu avoir Camil au retour de son compagnon de quelques mois, celle-ci est sans doute celle qui comble le plus le cœur du guerrier. Il ne s'y attendait pas, il est vrai, observant le jeune homme innocemment accroupi sur le sol. Il aime bien ce gars : son air sauvage, sa réalité différente de la sienne et de nombreuses personnes vivant dans ce monde. Parfois, après avoir affronté son frère, il s'est dit qu'il ferait mieux de les rejoindre et de ne plus jamais sortir de ces bois. Mais il craint trop de troubler l'équilibre de ce curieux duo avec qui il avait évolué plusieurs semaines. Dans tous les cas ; il se devait de revenir les voir, ne fusse que pour leur montrer qu'il était en vie. Et il ne le regrette pas. La fête à laquelle il a maintenant droit est l'un des moments les plus réconfortants qu'il a vécu depuis sa chute. Heurtant le sol, il se prit à rire lui aussi, accompagnant l'homme des bois dans son hilarité. En rendant son étreinte avec force à son ami, les paupières de Beowulf se closent. Il profite de cet instant simple mais pourtant très fort en émotions. Camil aurait pu être son cadet, son âge n'étant pas tellement éloigné de celui d'Alric. Il fut un temps où les deux frères étaient complices, où les liens les unissant pouvaient braver tous les obstacles de la vie. L'ancien seigneur ignore absolument ce qui a brisé ce qui les reliat autrefois. La jalousie ? Guerrierné ne voyait que cela. Pourtant il aurait tout donné à son cadet, jusqu'à sa propre vie. Ces pensées estompent les sons joyeux s'échappant de sa gorge, laissant place au discours de son compagnon. Ses mots ont le don d'illuminer ses traits d'un léger sourire. C'est vrai que depuis toujours, on lui prête volontiers l'avenir d'un héros. Quelques uns de ses exploits font encore parler de lui aujourd'hui. Mais Beowulf sait aussi que, parmi ses terres, la rumeur de sa disparition court et dévale sur les plaines de ses contrées à la vitesse du vent. Même Camil semble y avoir cru. Il soupire presque imperceptiblement avant que le jeune homme ne l'informe qu'il est dans l'incapacité de lui offrir un banquet digne de ce nom. Cela le fait rire doucement. « Ne t'inquiète pas, ce n'est pas pour cela que je suis venu. » Non, absolument pas. C'est bien pour voir sa trogne de gamin des bois et nulle autre chose qu'il s'est amusé à se paumer dans les bois. Il lui donne une tape amicale, confirmant ses propos tacites ; c'est juste pour toi que je suis venu.

L'homme se redresse lui aussi. Il s'est assis, les coudes posés sur les genoux, les mains jointes, observant le sol et les environs. Il a remarqué que Camil le faisait toujours, sans même s'en rendre compte lui semble-t-il. Il y a des réflexes qu'on attrape sans y prendre garde. Le silence qui s'installe entre les deux hommes ne dérange nullement le guerrier ; au contraire, en toute vérité, il aurait préféré que Camil ne prononce pas ces mots. Il savait pourtant que le sujet ne tarderait pas à être mis sur la table ; après tout, Beowulf était parti en assurant à son sauveur qu'il ne pourrait pas revenir avant un moment, car là-bas, dans les contrées froides de Yasen, il avait de grands devoirs et des obligations qui l'attendaient. Le seigneur déchu détourne le regard de son ami, le laisse se perdre à nouveau au milieu des branchages avant d'échouer sur le sol. L'homme soupire longuement avant d'écarter doucement les mains, comme s'il ne savait pas. « Apparemment pas avec moi. » Un rire sort de sa gorge, sec, amer. De ceux qui sont là pour souligner l'horreur d'une situation, qui résulte juste d'un réflexe nerveux insensé. Ses pupilles sombres se décollent du tapis forestier, à la recherche de la silhouette du garçon des bois. A lui, il peut tout lui expliquer, il lui fait confiance. « Les choses ne se passent pas toujours comme on le souhaite. » C'est un murmure parce que cette vérité fait partie des choses terriblement difficiles à avouer de vive voix. Les iris de l'homme tombent à nouveau, préférant se cacher du regard de son compagnon. C'est qu'il sent ses cristallins s'humidifier un peu trop à son goût. Il sait qu'il ne s'en remettra jamais mais préfère l'ignorer, se persuadant que s'il ferme assez fort les yeux, les images qui le hantent finiront par s'estomper. Mais elles sont là ; gravées au creux de ses paupières, encore dégoulinantes de sang. Le seigneur déchu soupire encore une fois avant de reprendre la parole, d'un ton grave, d'une voix basse. Devant ses pupilles, les événements qu'il conte se déroulent à nouveau et il se perd dans la contemplation de ses souvenirs.  « Quand je suis retourné sur mes terres... Ils m'ont tous chassé, persuadé que je n'étais qu'un imposteur. J'ignore quel sort leur a été jeté, je ne sais pas ce qui s'est passé... » Ses mots meurent au fond de sa gorge, il se sent à nouveau perdu comme il l'a été en faisant face à cette terrible découverte.  « Alors j'ai défié Alric, mon frère. » A cet instant, les pupilles du guerrier se déposent sur ses mains. Il les voit encore pleines de sang, pleine de son sang.  « J'ai tué mon frère Camil, je l'ai tué. » C'est une confession, à mi-chemin entre le regret et la fierté. Tant de sentiments le tiraillent, Beowulf ne sait plus où il en est. Le regard perdu dans le vide, il continue.  « Et ma femme ? Ensorcelée, inconsolable. Et mes enfants ? Incapables de me reconnaître. J'ai été absent pendant trop de temps. » A ces mots, ses mâchoires se crispent. C'est que Beowulf s'en veut. Aurait-il dû se remettre plus vite afin de pouvoir retourner parmi les siens ? Est-ce de sa faute s'il n'a su récupérer assez vite ? Il sait que c'est insensé, qu'il ne peut penser une chose pareille. A vrai dire, à cette heure-ci, le guerrier devrait déjà être mort. Sa survie est seulement due à la dévotion du jeune homme ici présent avec lui. Sans ce gars, il se serait décomposé peu à peu au fond de l'eau, disparaissant à tout jamais. Mais même en étant vivant, Beowulf a cette désagréable impression de n'être rien ; ses gens le pensent mort, sa famille ne le connaît plus, il n'a plus rien. Il n'est désormais plus qu'une ombre du passé n'ayant plus d'importance pour personne. Du moins, c'est ce dont il a fini par se persuader. Du coin de l’œil, il observe le rôdeur, se souvenant qu'à ses yeux à lui, il restera un être important. Soupirant, l'homme se redresse un peu, conscient que son discours n'a rien de réjouissant.  « Rien de bien héroïque, désolé si je te déçois. » A ces mots, il écarte les bras, sous la fatalité de la vie avec un petit sourire triste. En vérité, il espère qu'au moins ce type là, il ne l'ait pas déçu. C'est tout ce qu'il lui reste.
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old friends ▬ camil & beowulf EmptyMar 10 Mar - 20:08



Beowulf et Camil
Qu’est-ce que ceci ? Un garde qui ne prend pas garde ?

Ce qu'il y a d'horrible dans une amitié, c'est cette horrible sensation de perdre le fil quand quelque chose de complexe arrive à la personne aimée. De ne rien pouvoir faire, cette impuissance que donne forcément la vie au moment de la naissance ; parce qu'on ne peut pas tout gérer, on ne peut pas tout savoir à l'avance, et quand bien même Camil reste d'un curieux enfantin, il n'empêche que son coeur lui se veut plus que perplexe, serré dans sa cage thoracique il lui murmure à l'oreille que Beowulf ne va pas lui dire quelque chose de bon, ni de forcément beau. Il redoute le résultat de son retour sur sa terre natale, s'il ne semble pas avoir changé extérieurement, intérieurement il se demande s'il n'y a pas eu des changements radicaux, comme celui d'un palpitant fourbu qui sait ce qu'il y a, qui ne se fait plus d'illusions et n'arrive plus à rêver dans sa totalité. Est-ce effrayant ? Plutôt, parce que même si facile n'est pas maître mot dans une existence exprimée comme étant sauvage, celle plus classique paraît aussi monstrueuse puisque les pertes sont conséquentes. Sourcils froncés autant que sa mine qui perd peu à peu de ses couleurs d'origine, il s'accroche à quelques brins d'herbe pour ne pas perdre totalement ce qu'il lui raconte, et tout s'enchaîne avec une lenteur qu'il ne soupçonnait pas. Puisque le présent est réputé pour être trop rapide, la manière dont son ami conte les évènements lui fait l'effet d'une démangeaison dans tout le corps. Il en frémit. Injustice, c'est tout ce qu'il en retire au départ, ses proches ne sont pas là avec lui et pour peu Camil en viendrait à tourner la tête pour les retrouver, même s'il n'a jamais eu la chance de les voir. Peine perdue puisqu'il se fait couper l'occasion sous le pied en entendant la suite du macabre destin du guerrier à l'allure d'un titan. Petit à petit, ses prunelles s'écarquillent face à la violence des termes murmurés. Une trahison, un frère tombé en même temps que lui le jour où le garçon l'a trouvé dans cette pauvre rivière, rivière qui aurait pu le tuer s'il n'avait pas eu la bonne idée de le ramener dans cette caverne singulière. Pinçant sa lèvre inférieure pour s'accrocher à la réalité, il ne peut empêcher son imaginaire de faire la suite à sa place puisqu'il imagine presque à la perfection le combat qui a eu lieu entre les deux êtres, colosses. Baissant le regard de honte, il peut sentir le malaise faire trembler la voix de son interlocuteur qui préfère mettre un terme à la conversation en s'excusant. Il n'est pas d'accord, on peut demander le pardon pour avoir marché sur le pied d'un enfant, on peut le faire quand on bouscule quelqu'un, il arrive même parfois que durant une dispute on cesse les hostilités en hurlant ceci. Cependant, cette demande n'a rien à voir avec tout ce qu'il vient de lui expliquer. Décidément, le changement n'a pas que du bon et là où Beowulf était fier de lui parler de son morceau de terre, il en revient totalement esseulé, laissé pour compte, sans ses progénitures pour le prendre dans ses bras. Il doit être difficile pour un homme de tout perdre du jour au lendemain, tout en ayant pu nourrir cet espoir qu'il aurait son retour de pièce, sa fameuse vengeance qui aurait pu crasser son esprit tout entier. Restant noble jusqu'au moindre membre, il y a seulement répondu en ayant fait couler le sang de celui qui fut son frère jusqu'au moment où celui-ci eut la glorieuse révélation d'essayer de s'en débarrasser. Tout cela pour un village. Se déchirer pour le pouvoir. C'en est triste à un point tel qu'Oeilvif aurait probablement préféré naître ours plutôt que mortel qui pense beaucoup trop. Les animaux peuvent s'estimer heureux, puisque outre procréer et diriger, ils n'ont rien à torturer, rien à comploter. Amusant, c'est en copiant le bestiau que l'homme a pu se forger. Alors ils n'en sortiront définitivement jamais de ce cercle vicieux, peu importe qui ils sont, ils finiront tous dans le même enfer brûlant, puant la décomposition.

Secouant sa longue tignasse qu'il devrait mieux soigner, le rôdeur arbore un sourire plus que maladroit sur son visage aussi sale que poupon, haussant les épaules plus par gêne que par réponse il rattrape le regard de Beowulf, ne souhaitant plus le laisser partir, pour rien au monde. « J'comprends pas pourquoi tu t'excuses. T'as fait c'qui te paraissait l'plus légitime. » Juste tout en étant radical, appeler la faucheuse à vous étriper quelqu'un c'est prendre une mesure plus qu'haineuse. Néanmoins, qu'est-ce qui lui y connaît à la justice exactement ? Qu'est-ce qu'il y sait ? Il y a des jugements en ville qui se font, qui décident si vous allez être pendu ou non, en revanche du reste, de la propre politique de ses comparses il n'en a pas la moindre idée. Faire du mal est assez suffisant pour faire disparaître quelqu'un de la surface du royaume, alors il faut croire que c'est ainsi que les choses marchent. Manger ou se faire manger, telle est la doctrine de la forêt, il en va de même pour l'existence de manière générale qui ne laisse pas sa place aux plus faibles. Guerrierné fut des forts, puisque comme son nom l'indique, il est bien plus qu'un champion, il a pointé le bout de son nez sur cette terre en ayant une épée argentée entre les mains. Fait pour la guerre, pour la bataille, il ne peut renoncer à tout ce qu'il est en un claquement de doigts, surtout quand tout lui a été arraché sans même qu'il ait pu le prévoir. Si tout était avoué dans un grand livre, cela se saurait et il n'aurait jamais eu l'audace de revenir en sachant pertinemment que plus personne ne voudrait de lui là-bas. « J'suis pas aussi intelligent qu'un autre, j'sais même pas lire alors tu vois, mon avis t'en fais c'que tu veux. » Passant une main libre dans sa nuque pour la masser, il dégage vite le silence qu'il a imposé pour avouer. « Mais, famille ou pas, t'faire subir ça c'est pas digne, c'est pas noble... C'est rien. Alors si faire couler son sang ça a pu t'libérer, j'vais pas te juger. J'en ai pas l'droit. » Il n'est pas un grand héros pour se permettre de le pointer du doigt, ni même un personnage influent de son petit endroit de paradis. Il n'est rien de plus si ce n'est un bout de souvenir, un passage dans son passé qu'il n'a pas oublié pour son plus grand bonheur. Et puis, quitte à avoir le rang d'ami tatoué sur son front, autant le faire de la bonne manière, il n'ira pas agir comme a pu le faire le traitre qu'il a refroidi en deux temps trois mouvements. Peu importe ses décisions, il sera là. « Donc, si t'as b'soin d'un endroit où dormir, même de quelqu'un pour partager une pinte avec toi, j'suis là. » Restant le séant posé sur le sol, il en vient à glisser une main sur son avant-bras pour appuyer la phrase qu'il vient de dire, gardant même des traits assez doux malgré la rudesse de ce qu'il a pu parcourir. Parce que quand tout est sujet à pleurer, il faut savoir se faire rayon de soleil, même si ça ne marche pas toujours et peu importe si Camil n'est pas le meilleur en la matière ; il ne pourra pas dire qu'il n'a pas essayé. « Remarque, j'aurais bien voulu t'voir en seigneur adulé par son petit peuple, ce s'ra pour une autre lune ! Sauf si tu souhaites passer l'reste de ton existence à errer jusqu'à créer ta propre légende, qu'on racontera aux gosses pour leur faire peur. » Qu'il ajoute sur le ton de la plaisanterie pour adoucir la lourdeur de l'aveu qui vient de lui tomber sur le coin de la face. Il n'y a rien de plus judicieux que l'humour, or il est bien connu que chez l'archer il ne glousse pas forcément au bon moment. C'est pour cela qu'un rire de gorge vient faire vrombir ses cordes vocales, se bloquant en même temps certainement par bêtise puisqu'il ne lui reste plus que ceci. Son ignorance il aimerait lui la donner pour quelques heures, jusqu'à la fin s'il lui demande, qu'il arrête de souffrir et qu'il partage son fardeau sans aucun remords. Puisqu'il en va de son but, celui d'arrêter l'infection avant qu'elle ne gangrène l'essence de ce qu'il est. Il se refuse à le perdre, pas une seconde fois.
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