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we're all a little mad down there ¤ Sinbad


FORT FORT LOINTAIN

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we're all a little mad down there ¤ Sinbad EmptyMar 27 Jan - 0:35



Sinbad & Mathilde
Une boulette, deux boulettes, trois boulettes...

Un craquement derrière elle la fit sursauter. Elle fit volte-face, scrutant les planches de sa maisonnette, inquiète, anxieuse, perdue. Arrachée malgré elle au flot à la fois réconfortant et déconcertant de ses pensées alors qu’elle observait son mur des souvenirs, Mathilde était à nouveau jetée dans le vrai monde, avec ses menaces, ses dangers, ses bruits de bois qui craque. Ses yeux bruns parcoururent la pièce, planche après planche, cherchant le lutin malicieux qui avait décidé de lui faire une farce ou le loup maléfique qui voulait faire d’elle son quatre heures. Mais après une inspection détaillée, force lui était de constater qu’il n’y avait personne. Le front encore plissé par l’inquiétude, elle hésita un instant, puis se tourna à nouveau vers son mur. Assise en tailleur en face de sa fresque, elle s’absorba bientôt de nouveau dans sa contemplation.  Des feuilles de papiers gisaient épars à côté d’elle, mais la plupart étaient clouée au mur, ordonnées en suivant une logique dont elle seule avait le secret. Des dessins, des croquis, des dates, des phrases, des visages, des ombres, tout ce qu’elle savait ou croyait savoir de son passé était sur ce foutu mur. Un mur apparemment déjà assez plein, mais qui n’avait pourtant aucun sens et qui comportait encore tellement de lacunes. Mathilde laissa échapper un long soupir résigné. Rien. Une fois par jour, elle s’asseyait devant ce mur et fixait tous les éléments dont elle disposait, espérant déclencher quelque chose, une vision, un souvenir, n’importe quoi. Ca ne marchait jamais, mais comme elle n’avait guère d’autre ressource et n’avait aucune envie de s’en remettre au bon vouloir du hasard, elle essayait quand même. Tous les jours, inlassablement, à l’abri des regards. Elle aurait l’air bien maline tiens, si on la voyait comme ça. Déjà qu’elle avait du mal à maintenir l’illusion d’avoir plus de deux ans de souvenirs derrière elle… Mathilde se releva, épousseta sa robe et releva les yeux, avant d’effleurer l’un des feuillets du bout des doigts. Camelot. Le duché dans lequel elle avait été trouvée, inconsciente, par les brigands qui l’avaient prise sous leur aile. Est-ce qu’elle venait de là ? Est-ce qu’elle avait voyagé de plus loin ? Elle ferma les yeux très fort, plongeant jusqu’au fond de ses souvenirs, de sa conscience. Puis les rouvrit, impuissante. Rien à faire. Rien ne semblait pouvoir déclencher ces maudites visions, qui frappaient toujours quand elle ne s’y attendait pas et sans qu’elle ne puisse dire s’il s’agissait d’un souvenir ou d’un rêve. La jeune femme jeta un dernier regard à son mur, puis tourna brusquement les talons et sortit de sa bicoque. Elle avait besoin de prendre l’air. Se morfondre face à ce maudit mur ne servirait à rien. Dans la précipitation, elle avait oublié de prendre un panier pour récoltait ce qu’elle trouverait en chemin. Tant pis, elle ne ramasserait rien. Elle se contenterait de marcher, jusqu’au bout de la forêt, jusqu’au bout du monde s’il le fallait. Tout pour noyer cette frustration qui lui serrait le cœur sans qu’elle ne puisse rien y faire d’autre que marcher.

Il suffisait qu’elle sorte de sa maison de bois pour atteindre l’orée de la forêt, dans laquelle elle s’enfonça sans hésitation. Elle n’avait pas envie de voir la ville, pas envie de voir du monde, pas envie d’en faire partie, du monde. Rapidement, elle s’enfonça dans les bois, évitant sans y penser les ronces et les racines, l’odeur de l’humus et de la terre l’enveloppant tout entière, apaisant bientôt un peu son esprit. La forêt était son refuge, une antre ou seuls s’aventuraient de temps en temps un voyageur isolé et le garde-forestier. Elle n’aurait su dire pourquoi elle se sentait si bien dans ces bois. Peut-être avait-elle exercé en rapport avec la nature par le passé ? Garde-forestière même, peut-être ? L’idée lui plaisait tant et si bien qu’elle lui arracha un sourire. Garde-forestière, ça lui irait bien ça. Ce serait peut-être ça qu’elle devrait faire à la place de fleuriste. Oui mais si elle devenait garde-forestière, elle n’aurait plus le temps de travailler pour l’Ecorchée et pour Sinbad. Et non seulement ce poste lui offrait un revenu qui lui permettait de vivre, mais il lui donnait aussi l’occasion de voir l’équipage, des gens qu’elle connaissait et qui, sans le savoir, avaient été un repère pour elle dès qu’elle avait rejoint les brigands. Sinbad, surtout. Sinbad, qui avait accepté de la prendre sous son aile alors qu’elle n’était encore qu’un oisillon qui boitait et dont les chances de voler un jour étaient particulièrement minimes.

Borom-borom.

Mathilde tressaillit, s’immobilisa. Parfaitement immobile, elle tendit l’oreille, écouta les bruits de la forêt. Ca recommençait. Parfois, lorsqu’elle sortait dans les bois, Mathilde avait l’impression de basculer dans un autre monde. Un monde familier et étranger à la fois, une autre dimension, une autre réalité. Une réalité qui l’absorbait, l’engloutissait, et l’accueillait en son sein comme une mère sans lui laisser la possibilité d’en sortir sans se battre. Elle croyait, elle n’était pas sûre, mais elle croyait sentir la forêt résonner en elle, le cri et l’écho, une symbiose parfaite qui parfois la terrifiait. Parce que la forêt lui semblait si vivante, qu’elle aurait pu l’avaler tout entière, pauvre gamine perdue, sans nom et sans mémoire.

Borom-borom. As-tu peur, petite fille ?

Lentement, Mathilde se retourna. L’érable. C’était lui qui s’adressait à elle. A pas lents, elle s’approcha de lui.

« Comment le sais-tu ? » demanda-t-elle une fois face au tronc imposant de l’arbre.
Borom-borom. Les arbres savent tout, petite fille. Pas les arbres enchantés, qui sont de vraies pustules, mais nous, vrais et vénérables.
« En tout cas ce n’est pas la modestie qui vous étouffe. » sourit-elle.
Toi aussi, tu es une pustule ! gronda l’arbre, visiblement vexé.
« Et susceptible avec ça… Allez, pardonne-moi érable, on ne m’a pas encore appris comment parler aux arbres. » s’excusa-t-elle.

Ce n’était pas la première fois que Mathilde conversait avec un arbre, mais ce devait être la première fois qu’elle le faisait aussi sereinement. La première fois qu’elle en avait entendu la voix, elle était partie en courant, persuadée d’être finalement devenue folle. La deuxième fois elle s’était bouché les oreilles, la troisième fois elle avait consentit à écouter mais pas à répondre. Et aujourd’hui, elle conversait tranquillement avec un érable en espérant que personne ne la voit. La vie vous réservait parfois de drôles de surprises.

Borom. La forêt est calme en ce moment. Les brigands sont partis, et l’hiver est arrivé. Tout s’endort. Remarqua l’arbre de sa voix que Mathilde percevait comme des borborygmes de baryton. A la mention de l’hiver, elle frissonna, remarqua enfin qu’elle avait complètement oublié de prendre un manteau dans sa précipitation et que sa robe était loin d’être assez chaude. Elle croisa les bras pour se réchauffer, sa respiration formant de la vapeur dans l’air. Peut-être devrait-elle faire demi-tour, au lieu de rester plantée là à discuter avec une plante verte géante. En même temps, retourner à son mur et son ennui ne l’enchantait guère. Et qui aurait-elle pu aller voir ? Mulan, cette femme qui s’était présentée à elle quelques jours auparavant en assurant la connaître ? Elle ne savait pas où la trouver. Sinbad ? Elle ignorait si l’Ecorchée était au port ou même s’il était occupé. Et après ? Elle n’avait pas grand monde à Fort Fort Lointain, pour ainsi dire personne. Les clients du marché noir devenaient rarement des amis. Et la peur de faire ou dire une bêtise, malgré deux années passées, n’était jamais bien loin dans son esprit. Autant rester dans la forêt. Au moins, elle avait quelqu’un à qui parlait. Même s’il s’agissait d’un arbre grognon et de mauvaise foi.

Tu as froid. Ton écorce n’est pas assez épaisse pour supporter ces températures. remarqua fort justement l’érable, au grand amusement de Mathilde.
« Quel sens de l’observation. Et ce n’est pas de l’écorce, c’est de la peau. Mais tu as raison, je vais aller me chercher de quoi me couvrir et je reviens. »
Borom-borom. Je ne bougerai pas.
« Comme si tu le pouvais ! » rit Mathilde en donnant une tape amicale sur le tronc de l’arbre, avant de se retourner… et de s’immobiliser net. Elle n’était pas toute seule. A quelques pas à peine une haute silhouette se découpait entre les arbres et l’observait, perplexe. Mathilde se sentit pâlir et brusquement retomber sur terre. Flûte flûte flûte. Si elle s’y attendait à celle-là. Sinbad. Devant elle. Qui venait de la surprendre en train de discuter avec un arbre. Merveilleux Mathilde, bien joué, de mieux en mieux. Foudroyée sur place, elle se retrouva muette, bien incapable de la moindre réaction. Non. Non non non non.

« Sinbad… Ce n’est pas ce que… » tu crois ? Réveille-toi Mathilde, il vient de te voir taper la discut’ avec un fichu érable. Si elle avait pu, elle se serait enfoncé la tête dans le sol et n’en aurait plus bougé. Au lieu de ça, elle eut une réaction encore plus stupide. Mais ça, elle ne s’en rendit compte qu’après avoir commencé à courir. A détaler comme un lapin, refusant de donner la moindre explication, de s’inventer la moindre excuse. Aussitôt, elle se maudit et se traita de tous les noms. BRAVO Têteàtrous, vraiment, on atteint des sommets là ! Si CA ce n’était pas encore plus loucher que discuter avec un végétal ! Mais il était trop tard pour réfléchir. Alors elle continua de courir, en espérant qu’il ne la rattrape pas trop vite, et en se demandant bien comment elle allait pouvoir se sortir de cette situation-là. Ce tombait toujours sur elle, ce genre de poisse. Elle devait vraiment avoir mené une mauvaise vie avant sa perte de mémoire, pour avoir un karma aussi négatif maintenant. Si elle pouvait remonter le temps, elle se donnerait des gifles, tiens.
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⊱ pseudonyme : elf
⊱ tête mise à prix : luke evans.
⊱ crédits : swan, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 01/01/1970
⊱ tes licornes : poucet, cam et gil.
⊱ schillings : 0

⊱ ta race : pauvre mortel fragile.
⊱ allégeance : ni oui, ni non, tant qu'elle vient pas l'emmerder hein.

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we're all a little mad down there ¤ Sinbad EmptySam 31 Jan - 13:26



Mathilde et Sinbad
Parfois on le fait, c'est tout. On fuit quelque chose - une obsession, une douleur, quelqu'un - et la seule solution est de s'annuler complètement.

On a tous quelque chose à cacher, on a tous un secret inavouable qui jamais ne dépassera la barrière de nos lèvres tout bonnement parce qu'il est ce qu'il est, impossible à faire sortir des tréfonds de nos âmes. On a tous ce petit truc qui fait que ça cloche en nous, cette tâche noire indélébile qui ne souhaite partir, et si à notre plus grand désespoir le monstre sort le bout de son nez, on fait tout et n'importe quoi pour le cacher. A l'instar de l'enfant qui a fait une bêtise ou fait encore un geste disgracieux, quand on se fait avoir les battements du palpitant se mettent à augmenter d'un coup, le rouge monte aux joues et dans le pire des cas l'on préfère la fuite plutôt que d'affronter nos véritables problèmes. Ils sont là, ils restent, toutefois n'est-ce pas spécifique à la nature humaine de filer en douce lorsqu'une avalanche de soucis s'étale sur nous ? On sait pertinemment que les ogres n'ont rien à perdre, que les fées ont tellement d'estime d'elles-même qu'elles font tout pour se prouver qu'elles valent mieux que la race précédente et vice-versa. Finalement, que sont-ils si ce n'est des traîtres, qui en plus de mentir à autrui se voilent si bien la face qu'ils s'illusionnent à outrance ? Parfois ils ont le courage d'assumer leurs bêtises, de révéler au monde leurs horreurs dans certains cas. Néanmoins on ne change pas une chaise en une table, il faut un long travail pour le faire à la rigueur et c'est en entendant la voix de la donzelle qu'il surnomme gamine que Sinbad se questionne. Il n'est pas sûr de comprendre à qui elle parle, tout bonnement parce qu'aucune entité en chair, en os et en peau ne lui répond. Elle est là, plantée devant un gigantesque arbre dont il ne connaît pas vraiment le nom, il la zieute en fronçant les sourcils plus que surpris de la voir dans un tel état de transe. Serait-ce la faute de l'herbe à chat ? De l'onium ? Non dans ses plus loin souvenirs, le capitaine ne voit pas en ces deux produits un moyen d'avoir de telles hallucinations, l'agrinthe serait plus susceptible de le faire, cependant elle ne serait pas debout elle serait au sol à végéter dans sa bave. Secouant quelque peu sa tignasse, son estomac se serre un peu plus en essayant de comprendre, comme si quelque part sa confiance avait été bafouée il passe une main fébrile sur un tronc face à lui, la tête juste penchée pour apercevoir Mathilde sa revendeuse fétiche. Que voulait-il faire ici déjà ? La voir sans aucun doute, la rejoindre dans sa petite chaumière pour des retrouvailles dignes de ce nom surtout en ces temps difficiles où le flibustier a bien besoin de vider sa tête trop pleine. Disons que la voir agir comme elle le fait ne fait que l'enfoncer un peu plus dans des ténèbres qui dépassent l'entendement. Il ne discerne pas ce qu'elle baragouine et ce n'est pas faute de tendre l'oreille quitte à se faire attraper. Foutre de nom d'un chien, elle est sérieuse dans ses paroles en plus ! Elle semble vraiment croire qu'il est possible de converser avec un érable comme elle l'a si bien précisé quelques secondes plus tôt. Sa mine de plus en plus perplexe laisse à présager qu'il ne tardera certainement pas à brûler sa couverture pour qu'elle puisse enfin faire cesser ce pétillement curieux qui scintille dans ses yeux verts. En revanche, il faut croire qu'il ne s'y prend pas assez rapidement que la cadette se retourne, dévastée qu'il ait pu la voir ainsi, elle ne laisse pas un temps pour qu'un silence de gêne s'installe, le coupant directement sa voix tremblante provoque un pincement en son coeur. « Sinbad… Ce n’est pas ce que… » Tu crois ? Tu vois ? Tu imagines ? Ah, diantre elle ne veut pas terminer sa phrase et préfère prendre ses jambes à son cou plutôt que d'affronter son supérieur qui la regarde s'éloigner encore plus déstabilisé que jamais. Elle ne lui accorde plus aucun intérêt c'est ça ? Celle qu'il peut considérer comme sa fille n'est donc qu'une fourbe ? Il n'arrive pas à y croire. Mathilde elle a une lumière en elle qui ne peut périr aussi simplement, elle cogne un peu des genoux par effroi parfois néanmoins son côté brave dépasse tout ce que ses hommes ne pourront jamais faire. Dans un royaume où la loi du plus fort règne, elle s'élève en princesse tant par sa bêtise que par sa justesse. Le pirate reste quelques secondes planté dans le sol, jetant un regard presque accusateur à l'arbre à qui elle vient de parler il se lance à sa poursuite sans plus de politesses.

Ses jambes s'élancent dans le bois, bien qu'elle le tienne à une certaine distance il rattrape assez vite le coche en inspirant profondément pour se donner un peu plus de vitesse. En plus en hiver, qu'est-ce qu'elle ne lui fait pas faire et surtout qu'est-ce qui lui prend de courser une peine perdue ! Il pourrait l'abandonner, la laisser dans un coin et se foutre royalement de sa belle bouille, cependant en est-il capable ? C'est là, le problème, là où l'attachement se fait sentir il n'y a plus aucune possibilité de rendre le mouflet là où il a été adopté. On le garde contre soi, contre son corps, son coeur et on lui donne absolument tout ce que l'on peut. Dans le cas de la fleuriste sous couverture, elle est en plus un élément sacrément doué qui aide dans l'amas de schillings pour le marché noir. Alors quoi ? Qu'est-ce qu'il laisserait en chemin ? Une femme d'affaires pas si mauvaise doublée d'une jeunette qu'il ne veut pas oublier, pas le moins du monde. Sourcils froncés, ses poumons lui font assez rapidement savoir qu'ils lui en veulent avec ce temps déjà bien douteux, faut en plus qu'il fasse chauffer son corps. Grimaçant il approche un peu plus à chaque foulée jusqu'à l'attraper par le poignet avec une brutalité qu'il ne se soupçonnait plus, il en va jusqu'à la plaquer contre un arbre et attraper son autre poignet. Elle est faite tel un rat dans son piège. Ce n'est pas la meilleure manière d'agir, sauf envers les fuyards et ça s'est toujours montré pratique, la violence de l'action les pousse souvent à l'aveu. Reprenant sa respiration saccadée, il se plante dans son regard égaré. Il ne veut pas voir cela chez elle, pas envers lui, surtout pas. Puis elle cherche à l'éviter, non, non, non, NON. « Hé, Mathilde regarde-moi... Gamine, j'te parle. » Le surnom n'est pas flatteur, il ne serait même guère étonnant qu'il la ramène dix ans ou vingt ans plus tôt lorsqu'elle savait tout juste marcher avec son sourire totalement ahuri. Néanmoins chez Septmers ça a une tout autre signification, ne cherchant pas par ce biais à l'infantiliser, il la considère plutôt comme ce qu'il n'aura probablement pas. Auquel cas bien sûr il faudrait qu'il stoppe toute activité illégale ainsi que le voyage, ce à quoi en somme il ne pourrait renoncer. Une petite fille qu'il aurait aimée sans compter, une amie avec qui discuter, une figure qu'il peut protéger. Cherchant la porte menant directement à son esprit farouche, il pince sa lèvre inférieure dans un ultime tic de supplication. Qu'elle ne parte pas, qu'elle ne parte plus, c'est déjà le coup de grâce qu'elle lui a planté dans le coeur sans avoir eu besoin de le foutre au sol avant. « Tu - c'était quoi ça ? » Bravo, en matière d'entrer dans le vif du sujet il n'a pas pu faire mieux - après tout c'est bien ça qui lui a permis de passer au rang de dirigeant de son équipage, tout bonnement parce que tourner autour du pot ça ne sauve pas des vies et ça ne nourrit certainement pas des familles. Secouant quelque peu sa tignasse longue, il zieute un instant quelques brins d'herbe morts pour ranger le bordel ambiant qu'elle a instauré dans son crâne. Génial, parfait, un autre secret qui se déballe seulement à moitié devant lui. Trop de choses à assimiler, c'est toujours trop pour un seul homme. Déglutissant pour empêcher à sa gorge de s'assécher, il se redresse presque sauvagement en entendant un morceau de bois se briser. En ces temps anarchiques il faut être sur ses gardes plus que n'importe qui, les pillards traînent de plus en plus, les coupes-gorges ne se font pas prier et ne parlons pas des avides du corps des femmes qui ne reculent devant rien pour avoir du bon temps. Tout son métabolisme s'est stoppé durant un temps, l'attention dérivant à gauche puis à droite, ce n'est qu'une fois rassuré qu'il se repenche sur sa pauvre victime qui même en gigotant ne pourrait se défaire de sa force - sauf si bien sûr, elle use de la technique lâche du coup de genou. « J'ai peur de ne pas comprendre. » Pourvu que ça la pousse à se livrer, pourvu qu'ils arrêtent de jouer, pourvu qu'il ne soit pas déçu de cette vision singulière. Pourvu qu'elle fasse comme d'habitude, qu'elle se jette dans ses bras sans aucune crainte, qu'elle puisse pleurer sur son épaule, qu'elle puisse lui sourire peu importe la période. Qu'elle puisse bêtement briller, comme elle sait si bien le faire.
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we're all a little mad down there ¤ Sinbad EmptyMer 4 Fév - 2:29



Sinbad & Mathilde
Une boulette, deux boulettes, trois boulettes...

Cours, cours, cours. Cours sans te retourner. Avec un peu de chance tu te réveilleras en trébuchant sur une branche pour réaliser que tu es au chaud dans ton lit que ça n’est qu’un cauchemar. Enfin, c’est ce dont Mathilde essayait de se persuader alors qu’elle détalait à travers bois, Sinbad sur ses talons. Elle ne le voyait pas, mais elle entendait distinctement ses pas dans les feuilles mortes juste derrière elle, sans compter ces fourbes d’arbres qui observaient la scène avec un amusement qu’ils ne cherchaient même pas à dissimuler. Saletés de végétaux. Elle ne savait toujours pas pourquoi elle était capable de les entendre, mais elle s’en passerait volontiers de temps en temps. Précipitamment, elle bondit par-dessus une racine et tourna à la volée après un chêne, ses jambes passées complètement en mode automatique alors qu’elle ne pensait qu’à une chose : disparaître. Que Sinbad l’ait surprise en pleine conversation avec un érable était une chose : devoir se justifier en était une autre. Et se justifier face à Sinbad Septmers, pour la jeune femme, était l’un des pires scénarios qu’elle aurait pu imaginer. Dès qu’elle l’avait aperçu, là entre les arbres, lui et son air interloqué, lui et son regard chargé d’incompréhension et d’appréhension, son esprit s’était complètement refermé. Comme un de ces black-out auxquels elle était sujette de temps en temps, quand tout allait trop vite, quand sa tête pesait trop lourd sur ses épaules, quand elle fermait toutes les écoutilles et s’enfermait dans le placard au fond de sa tête pour qu’on la laisse tranquille. Lorsqu’elle avait vu Sinbad entre ces arbres, elle s’était refugiée dans le placard la tête la première. Et elle avait refermé la porte à double-tour. Et elle s’était enfuie. Tout plutôt que d’affronter ce regard. Elle la connaissait bien, cette lueur dans les yeux de celui qui croit se retrouver face au fou, à la folle, à un dérèglement de l’esprit qui le dépasse – ce n’était pas la première fois qu’elle se comportait anormalement en public, mais c’était la première fois que ça lui arrivait devant quelqu’un dont l’opinion comptait à ses yeux. Depuis un an et demi qu’elle était à Fort Fort Lointain, ses vrais amis se comptaient sur les doigts d’une main, alors qu’ils étaient nombreux, si nombreux ceux qui gravitaient autour d’elle comme d’inquiétants satellites, parce qu’ils l’avaient connue, parce qu’elle avait changé, parce qu’elle n’avait pas toute sa tête. Que Sinbad rejoigne cette clique de satellites lui était insupportable. Alors elle courait, en priant de toutes ses forces un dieu en lequel elle en croyait pas, pour que Sinbad abandonne et oublie. Par miracle. Mais les dieux n’étaient, encore une fois pas de son côté ce jour-là. Soudain, alors qu’elle allait se retourner pour voir s’il était toujours sur ses talons, elle sentit une poigne de fer lui enserrer le bras et la dévier de sa course pour la jeter contre un tronc, lui arrachant un cri de surprise autant que de douleur. Les poumons en feu, elle sentit sa voix mourir dans sa gorge alors que son autre poignet subissait le même sort que le premier malgré ses tentatives pour se débattre, persuadée de se faire attaquer par un monstre encore sorti de sa tête. Sauf que le monstre, cette fois, avait revêtu un visage familier.

« Hé, Mathilde regarde-moi... Gamine, j'te parle. » La voix sèche et autoritaire de Sinbad la cloua sur place, et les yeux verts perçants rencontrèrent les yeux bruns perdus. Elle arrêta aussitôt de se débattre, minuscule en comparaison, la souris prise au piège face à un tigre. Elle avait belle allure, la gamine. Elle avait froid, elle était épuisée, ses jambes la portaient à peine, l’oxygène ne voulait plus rentrer dans ses poumons malmenés, et ces yeux, ces yeux qui la foudroyaient, parce qu’elle avait perdu la partie. Et face à ces yeux, Mathilde se dit que ça y était, cette fois, elle avait tout perdu. Encore. Mais cette fois, il n’y aurait sûrement pas de nouvelle amnésie pour l’empêcher de penser à tout ce qu’elle était forcée d’abandonner. Sinbad. L’Ecorchée. Le marché noir. Comment est-ce qu’elle allait se débrouiller, si tout ça s’effondrait ? Mathilde se taisait, le souffle court, pendue aux lèvres de Sinbad, dans l’attente de la sentence.

« Tu - c'était quoi ça ? » Hein ? Mathilde aurait volontiers étranglé un éclat de rire, si elle avait eu assez de souffle pour ça. C’était quoi ça ? Si seulement elle le savait elle-même, elle n’aurait certainement pas eu besoin de courir comme une dératée pour éviter des explications qu’elle ne pouvait même pas donner. Au lieu de ça, elle sentit ses muscles se relâcher. Au moins, il lui adressait encore la parole. Mais qu’est-ce qu’elle pouvait bien lui dire ? Une vague de lassitude tomba sur ses épaules comme une chape de plomb alors qu’elle baissait les yeux, incapable de soutenir plus longtemps la pression contenue dans ceux de son supérieur. Une espèce de ras-le-bol qui lui envahissait le cœur, le ras-le-bol de celle dont on attend des réponses à des questions qu’elle ne comprend même pas, comme une enfant de six ans face à des problèmes d’arithmétique d’un étudiant de seize ans. Lasse, frustrée, abattue et en colère. Elle releva la tête quand Sinbad tourna brièvement la sienne, comme à l’affût. Elle fronça légèrement les sourcils, se demandant ce qui avait pu attirer son attention. Un oiseau ? Mais elle était bien placée pour savoir que cette forêt pouvait regorger d’autres secrets… Des secrets qui échappaient peut-être à Sinbad, tout aventurier soit-il. Lorsqu’enfin le regard du marin se posa à nouveau sur elle, elle le soutint. Sans bravade, sans colère. Mais l’incompréhension, terrible et dangereuse, qu’elle lisant en lui lui porta un nouveau coup au cœur.

« J'ai peur de ne pas comprendre. » marmonna-t-il, comme s’il cherchait une réponse sur son visage plus que dans les paroles qu’elle aurait pu prononcer. Pauvre Sinbad. Bien sûr qu’il ne comprenait pas. Bien sûr qu’il ne pouvait pas comprendre. Elle-même n’y comprenait rien, mais au moins elle comprenait le chaos qu’il y avait dans sa tête, cette colère sourde et inexplicable qui marchait côte à côte avec ses craintes et sa confusion, comme si deux personnes cohabitaient dans son corps. Comment aurait-il pu savoir ? Comment aurait-il pu comprendre ? Pauvre Sinbad qui avait déjà un tel poids sur les épaules, sans même qu’il n’en parle, sans même qu’elle ne l’interroge, ce poids qui lui faisait courber les épaules sans même qu’il ne s’en aperçoive probablement, les épaules d’un homme qui a traversé son lot d’épreuves et reçu sa part d’égratignures, certaines encore visibles à même sa peau. Comment aurait-elle pu en rajouter encore une couche ? Le visage de Mathilde s’adoucit. Elle sentait l’ombre de cette autre elle s’éloigner, et avec elle, la tempête.

« Sinbad, lâche-moi. Tu me fais mal. Tu sais bien que je ne vais plus m’enfuir, maintenant. » A quoi bon ? Elle avait agi sur un coup de tête, il l’avait rattrapée. Elle avait peut-être des problèmes, mais elle était encore capable de raison et de sagesse de temps en temps. Elle admettait la défaite. Patiemment, elle attendit que Sinbad consente à la lâcher, sans un mot. Une fois libérée de son emprise, elle frotta ses poignets endoloris, les yeux baissés sur le sol. L’orage s’était calmé. Peut-être n’était-ce pas plus mal finalement que Sinbad l’ait rattrapée et malmenée de la sorte. Elle se connaissait assez pour savoir que sans cette intervention, elle serait sûrement rentrée s’enfermer chez elle pendant trois jours, moitié à désespérer sur son lit, moitié à souhaiter perdre la raison tout à fait pour au moins ne plus avoir à s’en soucier. Mais Sinbad avait au moins, dans sa malchance, cette qualité de pouvoir sans le savoir la maintenir à flots. Il était la seule personne dans tout le royaume que jamais, au grand jamais, elle ne voudrait décevoir. La seule personne devant laquelle, quelles que soient les circonstances, elle faisait tout ce qui était en son pouvoir pour paraître… normale. D’aucuns auraient pu voir ça comme une triste comédie. Aux yeux de Mathilde, le marin était comme une boussole grâce à laquelle elle ne perdait pas le nord. Tant pis si elle passait pour une gamine des rues un peu trop dépendante. Au moins elle passait pour une gamine des rues dépendante et saine d’esprit. Un phare qu’elle pouvait suivre à travers la tempête, la lumière lointaine qui lui permettait de garder le cap. Pas mal comme comparaison pour un marin. Nerveusement, Mathilde leva la main pour repousser sa tignasse brune et regarda autour d’eux, l’air aux aguets.

« Il vaut mieux partir d’ici, la forêt n’est pas très sûre à cette heure-ci. » Croisant le regard de Sinbad, elle comprit que ce n’était pas la réponse qu’il attendait. « Sinbad, je vais tout t’expliquer, mais il faut partir d’ici. » soupira-t-elle. « Les arbres enchantés s’agitent depuis que Marraine a été obligée de fuir, ils ont peur de finir par brûler eux aussi. On sera plus à l’abri chez moi. Suis-moi ! » dit-elle en effleurant sa manche pour l’entraîner à sa suite. Oui, la panique était partie. Mais quelque chose clochait toujours. Quelque part dans un coin de sa tête, elle sentait encore la présence de ce qu’elle soupçonnait être l’ancienne Mathilde. Celle qui avait perdu tous ses souvenirs, celle qui, d’une manière ou d’une autre, était reliée à ces bois comme si elle en avait toujours fait partie. Celle qui, maintenant, lui chuchotait à l’oreille ‘attention, prudence’. Mathilde leva la tête vers la cime des arbres en marchant, écoutant leur bruissement alors que Sinbad cheminait à côté d’elle. Que n’étaient-ils pas en mer, qu’au moins il se sente dans son élément ?

« Sinbad, je sais que ce que tu as vu a pu te paraître… surprenant. Je suis désolée que tu aies eu à voir ça. » reprit Mathilde d’une voix involontairement voilée. « C’est que… tu sais bien que je ne me souviens de rien avant ma rencontre avec la bande d’Ernest il y a deux ans, pas vrai ? » Bien sûr qu’il savait, Ernest ne lui aurait jamais refilé une revendeuse sans lui dire tout ce qu’il savait à son sujet, c’est-à-dire pas grand-chose. « Je crois… à chaque fois que je vais dans la forêt, j’ai comme une impression de déjà-vu. Un peu comme si j’étais chez moi… si on peut estimer qu’une forêt peut être comme une maison. Un peu comme la mer, je suppose. » C’est ça, comme la mer. Si Sinbad perdait la mémoire, aurait-il lui aussi cette sensation étrange au creux du ventre, en revoyant la mer ? « Et pour une raison que j’ignore, je… j’entends les arbres. Et pas seulement les arbres enchantés. »

Voilà, c’était lâché. La folle était de retour. Sentant l’inquiétude l’envahir à niveau, elle leva la tête vers Sinbad pour sonder son expression. « Sinbad, je ne sais pas ce que j’étais avant de rejoindre la bande, mais j’étais forcément connectée à une forêt d’une façon ou d’une autre, et c’est ce que j’essaye de découvrir en y retournant. Tu comprends ? Peut-être que tu as raison, peut-être que c’est juste mon imagination, mais que la forêt déclenche quelque chose dans ma mémoire, ça c’est un fait. Et tu ne peux pas me reprocher d’essayer. Tu n’as pas le droit. »

C'était peut-être dur, c'était peut-être égoïste. Mais au point où elle en était, c'était une question de survie.
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FORT FORT LOINTAIN



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⊱ pseudonyme : elf
⊱ tête mise à prix : luke evans.
⊱ crédits : swan, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 01/01/1970
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⊱ schillings : 0

⊱ ta race : pauvre mortel fragile.
⊱ allégeance : ni oui, ni non, tant qu'elle vient pas l'emmerder hein.

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we're all a little mad down there ¤ Sinbad EmptySam 14 Fév - 17:38



Mathilde et Sinbad
Parfois on le fait, c'est tout. On fuit quelque chose - une obsession, une douleur, quelqu'un - et la seule solution est de s'annuler complètement.

Mentir va souvent de pair avec protéger, mentir en général c'est soit pour se cacher, soit pour empêcher à l'autre d'avoir le coeur saignant. Malgré tout et si les deux manières de voir les choses sont différentes, il y a ce petit truc en commun qui les caractérise si bien, en général on parlera de douleur. A des degrés hauts ou bas, tout dépendra de la taille de la vérité qui vient d'exploser à la figure. On ment pour des intérêts personnels ou plus globales et là, de ce que Sinbad arrive en conclure c'est qu'elle fait ceci pour le bien de tout ce qu'ils ont pu construire jusque-là. Après tout, qui aurait pu savoir qu'il allait un jour engager une tête en l'air comme Mathilde ? Comme son nom l'indique elle oublie souvent tout en étant d'une efficacité à ne plus prouver. Il aurait pu être désespéré par ce personnage plutôt atypique, se doutant qu'elle perdrait de la marchandise parmi les fleurs qui décorent sa jolie petite boutique dans la capitale. Et pourtant, c'est tout le contraire qui s'est déroulé. Elle n'a jamais rien laissé en chemin, ne s'acoquine pas du penchant pour l'oubli facile et surtout fait de son mieux pour combler les attentes de son capitaine qui la paie bien plus pour se mettre autant en danger. Elle pourrait se faire agresser par des clients qui veulent leur dose mais ne peuvent payer, elle pourrait se faire frapper pour qu'on lui vole ce qu'elle a dans les poches pour en tirer des bénéfices exclusivement égoïstes, de fait, il faut croire qu'elle sait se battre la petite et qu'elle doit être redoutable pour n'avoir jamais eu ne serait-ce qu'un pauvre bleu sur le corps - quoique, elle en a cependant ils sont les résultats de chutes malhabiles de sa part en ratant un pavé ou encore la marche d'un escalier, parfois même en fonçant droit dans une flaque bien glissante. Alors l'inquiétude, même si toujours présente à sa façon a fini par s'estomper pour ne laisser qu'une grande fierté qui s'affirme et devient plus forte au fil du temps, un roc que même l'eau ne pourrait altérer. C'est peut-être la goutte de joie qui manquait à son existence, la petite part excentrique qui n'a de cesse de l'étonner autant que de l'amuser, parce que quand ils sont ensemble tout devient plus léger, il sait qu'il peut lui parler sans aucune gêne et qu'elle ne le jugera pas - et si elle joue la comédie, c'est que décidément elle s'est trompée de carrière et ferait mieux de se refaire une popularité parmi les célébrités actuelles. Pourtant, en ces temps plutôt sombres et si elle pourrait perdre de sa candeur, Mathilde n'a jamais laissé quelconque évènement la mettre plus bas que terre. Elle suit aveuglément son supérieur et se retrouve chargée de bien plus de travail, ce qui en soi n'est pas pour lui déplaire mais ce qui commence à alourdir la peine dans le coeur du trentenaire. Elle pourrait lui en vouloir de la faire tomber dans des extrêmes, de devoir s'improviser négociatrice quand personne n'en a le courage. Ah oui, elle déborde d'une imagination qu'il pourrait lui envier et si au départ elle n'était qu'un boulon ridiculement petit dans cette usine grandiose, elle se retrouve maintenant rouage de la mécanique qui permet à la machine de fonctionner sans problèmes. Et actuellement, inconsciemment il se demande si suite à cette découverte elle ne va pas chercher à fuir ses responsabilités. La preuve en est qu'ils se relâchent, et l'esprit du marin est si embrouillé qu'il n'a pas compris qu'il lui faisait mal. Geste significatif ? C'est terminé ? Vraiment ? Bon sang, il conclut beaucoup trop vite tel un enfant qui prend trop à coeur ce qu'on lui dit. Secouant sa tignasse pour se redonner un peu de tenue il recule d'un pas pour lui laisser de l'air, les sourcils froncés. « Sinbad, je vais tout t’expliquer, mais il faut partir d’ici. » Même paniquée, la gamine elle perd clairement pas le nord et comme ultime argument, elle lui sort quelque chose de totalement invraisemblable. « Les arbres enchantés s’agitent depuis que Marraine a été obligée de fuir, ils ont peur de finir par brûler eux aussi. On sera plus à l’abri chez moi. Suis-moi ! » Alors soit, si des troncs disent que rien ne va, alors il faut les croire. Supposant à peine, il ne souhaite pas s'attarder plus longtemps sur le pourquoi du comment et préfère en silence la suivre tout en détaillant ses faits et gestes, au cas où il lui viendrait l'idée saugrenue de repartir en courant contre le vent.

Ses pieds foulent la terre dans un large silence, il jette ses yeux à gauche, à droite, il reste à l'affut du moindre bruit qui pourrait être louche et surtout du n'importe quel voleur qui pourrait venir gâcher cette entrevue qui, il en est convaincu, lui réserve bien des surprises. Il ne peut plus qu'attendre, parce que de toute façon poser des questions équivaudrait à lui mettre une pression en plus sur le dos et ce n'est pas que le flibustier souhaite, il préfère donc rester dans un mur de silence qui ne sera brisé que quand sa fille par adoption souhaitera le faire. Prendre son mal en patience, cette phrase n'aura jamais eu autant de sens pour lui qu'en ce moment précisément et il presse un peu le pas pour qu'ils arrivent le plus vite possible à sa petite chaumière qu'il a déjà eu la chance de visiter quelques semaines plus tôt. Pinçant sa lèvre inférieure pour éviter de trop se torturer l'esprit, ce n'est seulement que quelques mètres après qu'elle se décide à jouer de sa voix voluptueuse. « Sinbad, je sais que ce que tu as vu a pu te paraître… surprenant. Je suis désolée que tu aies eu à voir ça. » Et encore, s'il ne la connaissait pas si bien il aurait peut-être appelé la garde pour qu'elle se fasse emmener se faire soigner - ou peut-être pas finalement, il aurait outre-passé ce petit incident en continuant sa route comme si de rien n'était, après tout chacun son problème et si un être prend plaisir à discuter avec des plantes, ça le concerne. Dès lors il laisse divaguer ses pensées qui se mélangent pour ne donner qu'un miasme répugnant, les mains dans les poches de sa redingote il frémit à cause du vent qui traverse sa peau et lui rappelle à quel point Afshin lui manque pour son soleil constant. Zieutant attentivement quelques brins d'herbe tout en continuant sa route, le sujet Ernest revient assez rapidement sur le tapis et pour ne pas mentir, il prend un léger instant avant de se souvenir de ce personnage plus que singulier. Une bande de malfrats pas si mauvais que cela, ils avaient voulu donner une chance à la pauvre fillette perdue et en avaient fait quelque chose pour plaire à Sinbad, ils avaient réussi et encore maintenant il se demande si Ernest n'était pas heureux de se débarrasser d'elle. Haussant un sourcil sur deux, il s'empêche d'avoir des images dans son crâne qui l'éloigneront du récit, c'est elle l'héroïne aujourd'hui et surtout il doit comprendre. Causant de la mer, elle use d'un exemple plus que percutant étant donné que même si son supérieur ne parle pas aux vagues il se sent irrémédiablement attiré vers cet environnement tant dangereux que poétique. Il cerne mieux, sans pour autant être soulagé. « Et pour une raison que j’ignore, je… j’entends les arbres. Et pas seulement les arbres enchantés. » Son visage se ferme peu à peu, plongé dans une réflexion plus qu'intense il sent son regard esseulé se poser sur le sien quelques secondes plus tard et enfin quelques reproches pointent le bout de leurs nez. Entre autres, elle précise gentiment qu'il n'a clairement pas le droit d'avoir un impact sur sa vie, qu'il ne peut pas la diriger comme il souhaite et surtout qu'il n'est clairement pas un membre de sa famille pour pouvoir lui empêcher de vouloir retrouver ses racines. Plus les mots tournent dans son esprit, plus ses traits se durcissent, non pas d'une rage, plutôt d'une petite déception qui se fait sentir de loin.

Comment peut-elle penser ça de lui ? Il croyait dur comme fer qu'elle n'aurait pas d'aprioris aussi stupides sur lui qu'elle pourrait lui faire confiance, il a dû mal agir pour qu'elle puisse autant redouter ses foudres pour un sujet qui l'intéresse autant qu'il l'indiffère. Il titille sa curiosité parce qu'il la touche, néanmoins en temps normal il n'aurait pas posé un oeil sur un quelconque être ayant cette sensation en lui. Qui est-il pour juger après tout ? En tant que chercheur de la mort, il ne peut se permettre de critiquer autrui sans avoir un flot de culpabilité après, ou du moins assez pour que ça le torture quelques heures. Du reste, tant que personne ne souhaite casser ses principes alors il ne sortira pas les crocs, il restera docile au possible tout en ayant sa parole à affirmer - puisque tout garder pour soi-même n'est clairement pas bon pour la santé. Il laisse un silence planer dans les airs pour organiser la manière dont il peut dire les choses, il ouvre sa bouche sans rien sortir les premières secondes puis dépité pousse un soupir pour casser la glace qui s'est installée. Sans pour autant s'arrêter de marcher pour retrouver l'habitation de sa cadette, il évite son regard et entame enfin une suite à cette explication abracadabrantesque mais pas si dénuée de sens finalement. « Je suis plutôt surpris que tu penses ceci de moi, Mathilde. » Et quand le prénom est utilisé à la place du surnom, ça ne veut pas forcément dire que les quelques heures plus tard seront placées sous le signe de la rigolade, tout au contraire, ça met doucement en avant le terme sérieux de tout ce que cette découverte a engendré. Mordant l'intérieur de sa joue pour inviter le calme à reprendre place dans son corps, c'est son pauvre coeur qui se fait sentir à travers son torse et c'est bien plus lui que son égo qui se veut touché par les termes utilisés par sa revendeuse et fleuriste. « Même si surpris n'est peut-être pas le mot qui convient. » Ça sonne comme un reproche ou bien une confession sur l'oreiller inexistant. « Que je sache, hors du trafic je ne t'ai jamais empêché de faire ce que tu souhaites, alors pourquoi devrais-je le faire maintenant ? Je ne te demande pas de cesser tout ceci, seulement de m'aider à saisir le sens, qui sait je pourrais peut-être avec de la chance être utile dans ce tout que tu n'arrives pas à comprendre. Mais, il est vrai que si tu estimes que je suis un obstacle à ta recherche, je ferais mieux de me désister. » Même si son envie la plus profonde serait de lui filer un coup de main, d'être son second dans ce voyage vers l'inconnu qu'elle veut réaliser. Continuant de zieuter avec attention la terre qu'il laboure avec ses bottes crasseuses, il relève délicatement sa tête vers la jeune femme, un pétillement peiné brillant dans ses prunelles claires. Est-ce vraiment le moment de tirer les hostilités ? Qui blessera l'autre en premier ? Non, ça ne marche pas comme ça entre eux, les explications valent bien mieux que du sang qui coule et s'ils doivent s'en donner, alors ils le feront. Il ne peut pas tirer un trait sur elle comme ça, on ne se débarrasse pas d'une présence aussi importante en un claquement de doigts et même s'il était sorcier, il ne pourrait se résoudre à la rendre invisible à ses yeux. Elle est là, Mathilde, c'est tout ce qui compte pour lui et dans toute sa bonne humeur elle a su mettre du baume sur la mécanique sentimentale du prince du désert. Reprenant un petit rictus tendre pour ne pas lui faire peur ni la déboussoler encore plus qu'elle ne l'est, c'est en voyant le paysage évoluer qu'il se rend compte qu'ils approchent de sa demeure, tout d'abord concentré sur la jeunette il commence à souffler. « C'est à toi de - » Puis s'arrête brutalement en ayant été interloqué par cette vision qui lui tiraille les muscles. Passant machinalement une main sur le manche de son sabre, l'autre est de toute manière prête à dégainer une dague pour faire saigner une jugulaire. Quelques mètres plus loin l'habitation de Têteàtrous trône royalement dans une sorte de petite clairière entourée d'arbres, néanmoins le détail qui le pousse à être sur ses gardes, c'est la porte ouverte, défoncée et à moitié branlante qui bouge encore un peu par le biais de la bise glaciale. « Merde. » Qu'il crache en pressant la cadence pour se retrouver face au lieu du crime. Fallait que ça arrive, fallait que ça vienne jusque dans la forêt enchantée, il aurait été trop idéal de croire que certaines âmes perdues ne passent pas par ici pour piquer tout ce qui leur passe sous la main et Dieu seul sait à quel point il est horrible d'être victime d'un vol, il se pourrait même pire que des objets importants pour elle aient fini dans leurs poches. Il n'en a pas la moindre idée, toutefois et depuis que le néant s'est installé à Fort Fort Lointain plus personne ne souhaite suivre les règles, s'ils pouvaient s'entre-tuer ils le feraient. Passant la tête dans l'ouverture de la maisonnée il fouille absolument tout de son regard d'aigle prêt à faire claquer sa lame sur la chair si besoin est, toutefois rien, pas un bruit, pas un son et surtout pas mal de meubles sont ouverts, sans dessus dessous. « Ils ont déjà filé les enflures. » Et clairement, Septmers se dit que la journée ne pouvait pas être pire. Puisqu'en plus de découvrir que des morceaux manquent dans la tête de sa gosse, il va devoir ramasser ceux qui se sont effondrés à cause de cette surprise macabre. Glissant une main sur son front par pure désolation il ne peut qu'admirer l'étendue des dégâts en fronçant tristement les sourcils, priant pour rien de trop précieux n'ait été victime de l'envie vicelarde de ceux qui sont passés par ici. Fort heureusement, elle n'était pas présente au moment des faits et il n'ose imaginer ce qui aurait pu se passer si elle s'était retrouvée coincée avec un groupe de décérébrés, elle ne serait peut-être plus là. Continuant de torturer l'intérieur de sa bouche, il mord le bout de sa langue en se rendant compte que la capitale et même ses horizons les plus lointains n'est plus sûre. Il lui faut une armure, il lui faut une lance, il faut qu'elle rejoigne le port et qu'enfin elle se défasse de cette solitude.
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we're all a little mad down there ¤ Sinbad EmptyDim 22 Fév - 18:50



Sinbad & Mathilde
Une boulette, deux boulettes, trois boulettes...

Ah, cruelle. Mathilde pouvait presque entendre le reproche muet de Sinbad alors même qu’elle regardait ailleurs, laissant le temps à son pauvre capitaine d’enregistrer toutes les informations incohérentes qu’il venait d’entendre, des histoires trop absurdes, elle le savait, pour ‘importe qui doté d’un tant soit peu de sens commun. Elle ne s’étonnait ni de son silence, ni de l’incompréhension dans son regard, même si elle les avait mille fois redoutés en repoussant le moment où elle lui parlerait de ce qu’elle entendait. Dans un monde idéal, il l’aurait crue toute de suite, il aurait compris, et il aurait posé sa main sur son épaule pour le lui signifier et passer à autre chose. Dans un monde idéal, il ne l’aurait pas regardée avec cet air-là, avec l’air d’un homme qui se retrouve face à une monstruosité qu’il aurait préféré éviter. Pire qu’une monstruosité : un inconvénient. Un caillou dans une chaussure qu’on préférerait enlever, mais comme il faut marcher vite, on fait avec. Mais Mathilde avait beau être tête-en-l’air, elle était aussi réaliste. Elle s’était tue pour une raison, et la réaction de Sinbad lui confirmait qu’elle avait bien fait. Oui, elle avait été dure ; non, elle ne lui avait pas fait confiance. Pas pour ça. Elle avait peut-être eu tort, peut-être qu’il aurait réellement proposé de l’aider, peut-être qu’il lui aurait spontanément manifesté son soutien comme il savait si bien le faire d’habitude. Mais c’était trop grave, trop incompréhensible, et trop sensible pour elle, pour se permettre une déception. Elle avait délibérément banni Sinbad de ce monde-là sans même lui donner une chance, et même si ça lui faisait mal, elle savait bien qu’en un sens, c’était une question de survie. Elle s’en voulait, oui. Mais elle ne regrettait pas. La gentille, la maladroite Mathilde n’en pouvait plus d’être la folle du village, et par réflexe, sortait même les griffes face à ses trop rares alliés. Partant du principe qu’on ne la croirait pas, qu’on ne chercherait pas à comprendre, qu’elle resterait la fleuriste un peu dérangée qui parle toute seule et a oublié vingt ans de sa vie sans aucune raison apparente, elle ne cherchait plus à tendre la main ni le bâton pour se faire battre. Regrettable, seulement, que Sinbad ait aussi à en faire les frais.

Elle l’entendait, ce silence bien trop bruyant de Sinbad. Elle pouvait presque entendre ses pensées s’entrechoquer dans son crâne, et des débris de déception s’échapper dans son soupir. Mathilde ne disait rien, cheminant à ses côtés, prête à subir ce qu’il lui réservait. Encore du silence ? Des reproches ? Des questions peut-être ? Elle pouvait juste deviner que ça n’allait pas être agréable, et s’y préparait. Elle détestait cette situation, elle détestait ne plus être elle-même, elle détestait ne pas pouvoir être la Mathilde à laquelle Sinbad s’était habitué, elle détestait devoir lui imposer tout ça parce qu’il s’était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Tout le monde avait ses casseroles, et elle aurait préféré garder les siennes pour elle-même. Il avait bien assez de soucis pour avoir aussi à s’inquiéter pour la tête folle qui l’accompagnait, et si elle avait pu, elle aurait aimé ne pas avoir à s’accrocher à lui comme une moule à son rocher. Mais c’était plus fort qu’elle. Après tout, même si elle ne faisait pas partie de l’équipage, Sinbad était aussi son capitaine à elle.

« Je suis plutôt surpris que tu penses ceci de moi, Mathilde. Même si surpris n'est peut-être pas le mot qui convient. » finit-il par lâcher. Le regard de la jeune femme s’obscurcit, comme si ces prunelles déjà sombres pouvaient l’être encore plus. Oh elle l’entend le reproche, oh ça fait mal, évidemment, mais il est trop tard pour faire marche arrière. Mathilde serra les dents, prête à encaisser le choc. Et quel choc. Bien sûr que non, il ne l’avait jamais empêchée de faire quoi que ce soit, bien sûr que non qu’il n’avait jamais rien fait qui aurait justifié qu’elle se méfie de lui, bien sûr que oui elle aurait pu lui raconter ne serait-ce que pour qu’il comprenne, parce que c’était bien le minimum. Sa dernière phrase avait claqué comme un coup de fouet, si bien qu’elle planta son regard dans le sien au moment où il relevait enfin la tête. Me regarde pas comme ça, voulait-elle supplier en silence. Elle en avait assez, assez de se sentir prisonnière, de cette amnésie, de ces hallucinations, réelles ou non, de cette maisonnette qui était à peine la sienne, de ce qu’on pensait d’elle. Loin, très loin dans son esprit, un écho résonnait, un écho d’un temps oublié où encore on avait voulu lui mettre des fers, et dont se débarrasser lui avait coûté cher. Il fallait qu’elle comprenne ce qui lui était arrivé. Même si ça signifiait égratigner Sinbad au passage. Elle ne voulait pas l’embarquer dans cette errance qu’elle savait trop vide et qu’il ne méritait pas. Tant pis si elle passait pour un monstre de méchanceté.

Elle crut qu’il allait à nouveau l’interroger lorsqu’il s’interrompit et porta la main à son épée, les yeux rivés sur quelque chose qu’elle ne voyait pas encore. Mathilde suivit son regard, aperçut sa maison, et prit quelques secondes de plus pour repérer sa porte qui avait volé en éclats.

« Merde. » avait soufflé Sinbad avant de la précéder dans la cabane. Mathilde n’aurait pas dit mieux. Mais la gorge nouée, elle était incapable de dire le moindre mot. Un nouveau poids venait de s’abattre sur ses épaules, et c’est la mâchoire contractée qu’elle le suivit à l’intérieur après qu’il se soit assuré qu’ils étaient bien seuls. « Ils ont déjà filé les enflures. »

Ca, Mathilde pouvait bien le voir. Elle n’était même pas restée sur ses gardes, elle avait bien senti que les malfrats, n’ayant pas trouvé grand-chose d’intéressant, s’étaient contentés de tout mettre sans dessus dessous avant de partir se rabattre peut-être sur une autre maison. Ne restaient que le silence et le désordre alors que ses meubles éventrés exhibaient leur peu de contenu répandu sur le sol ou sur la table, victimes silencieuses de la malfaisance d’un groupe de cambrioleurs. Silencieusement, elle s’avança au milieu de la pièce principale, la seule pièce de la maison vraiment si on excluait la salle d’eau sommaire, pour contempler les dégâts d’un air absent. A quoi ça avait servi, tout ça ? Elle ne possédait rien, du moins pas grand-chose, même les marchandises de l’Ecorchée elle les stockait ailleurs, sachant que sa cabane était loin d’être assez sûre. C’était au moins ça de sauvé. Il n’y avait pas grand-chose d’autre à sauvegarder dans une maison vide, de toute façon. Remarquant le désarroi de Sinbad qui n’avait pas l’air de savoir comment réagir, elle hésita un instant, puis posa une main sur son bras.

« Ne fais pas cette tête, Sinbad. A part quelques économies, il n’y a pas grand-chose à dérober là-dedans. » finit-elle par dire en balayant la pièce du regard, avant d’aller vers le mur de droite pour fouiller dans son coffre en bois – ouvert évidemment – et constater effectivement que ses économies étaient partie. Elle soupira, referma le coffre et resta agenouillée quelques instants, songeuse. Elle n’arrivait même pas à s’inquiéter de son sort. Il y avait le marché le lendemain, elle savait où trouver des pousses pour tenir quelques jours, et au pire, elle savait comment attraper deux-trois choses sur les étals des boutiques. Oh non, les jours à suivre ne l’inquiétaient pas. Elle était juste abasourdie – et lasse. Se relevant, elle alla vers son fameux mur des souvenirs, qui avait été complètement saccagé. Son cœur se fit lourd dans sa poitrine. Un an et demi d’efforts réduits en poussière. Elle se pencha pour ramasser quelques feuillets, des notes, des dessins, des impressions sans aucun sens sauf mis bout à bout dans sa tête à elle. Sans conviction, elle les tendit à Sinbad. « Tiens, regarde. C’est tout ce qui avait de l’importance, et ils n’ont même pas pensé à l’emmener. Si tu veux m’aider… » Ou bien était-il trop tard ? « … tu veux bien m’aider à ramasser ces papiers ? Je me débrouillerai pour les remettre dans l’ordre, mais il me les faudrait tous. » Sa frise gisait au sol, papiers éparpillés un peu partout, elle se demandait même si certains ne s’étaient pas envolés par la fenêtre ou la porte défoncée. Du bout des doigts, elle effleura le mur où seuls subsistaient quelques punaises et débris de papiers arrachés. Des souvenirs arrachés au fragile socle qui les soutenait encore, parce que sa tête à elle n’était apparemment plus assez stable pour eux.

Tranquillement, Mathilde alla allumer un feu dans la cheminée, les bûches ayant échappé à la fureur des cambrioleurs. Grattant une allumette contre le bois, elle la jeta dans les bûchettes et regarda les flammes s’élever lentement, crépitantes et rouges. Alors que la chaleur se répandait doucement dans la pièce, elle se releva et attrapa un sac de toile qu’elle posa sur la table pour commencer à ranger deux-trois affaires dedans. Pas question de rester chez elle cette nuit, avec une porte qui battait aux quatre vents et des voleurs qui traînaient dans le coin. Elle irait ailleurs, chez quelqu’un, même si elle ignorait qui, Mulan peut-être si elle arrivait à trouver son adresse, ou elle passerait la nuit dans une taverne les yeux ouverts, à attendre le petit matin pour revenir et essayer d’arranger tout ça. Alors qu’elle fourrait ses maigres possessions pêle-mêle là-dedans, elle s’adressa à nouveau à Sinbad, le cœur un peu plus lourd que d’habitude.

« Je suis désolée pour tout à l’heure Sinbad. Ce n’est pas ce que je voulais dire. Tu n’as évidemment rien à te reprocher, c’est… c’est moi qui ai un problème, ça paraît évident. » se força-t-elle à rire. « Tu n’as jamais été un obstacle à rien. Je voulais juste t’éviter de t’impliquer dans mes problèmes. Tu as autre chose à faire en ce moment entre l’équipage et le marché, je ne voulais pas te mettre encore plus de pression sur les épaules. » Elle s’arrêta quelques secondes, le temps de relever les yeux vers Sinbad, guettant sa réaction. Puis, tant qu’à faire, elle décida d’aller jusqu’au bout de son aveu. « C’est vrai, je pensais aussi que tu ne me croirais pas, ou que tu me prendrais pour une folle. Reconnais quand même que ta réaction n’a pas été des plus encourageantes quand je t’ai dit que j’entendais les arbres. » se permit-elle de le provoquer avec un sourire sur un demi-fond de vérité. Ca lui faisait presque mal, de sourire. Elle avait peur d’avoir tout gâché, d’avoir brisé la confiance qui les unissait si bien, tant avec son dialogue avec un érable que par sa réaction. Et ça, ça lui ferait vraiment très mal. Sans conviction, elle refera son sac, et chercha le regard de Sinbad, incertaine, hésitante, et résignée. « Dis-moi ce que tu ferais à ma place. Si tu avais tout oublié et que, lentement, tu commençais à te rappeler – ou à croire que tu te rappelles – de choses que tu pensais impossibles, que tu commençais à réaliser que tu peux faire des choses que les autres ne peuvent pas… » Une explication impossible à un problème impossible. Et contrairement à cet hurluberlu d’Aurorefauve et ses folles inventions, Mathilde n’aimait pas ce qui n’était pas clair. « Qu’est-ce que tu ferais, toi, si pour retrouver ce qui te manque le plus, tu devais risquer de lâcher tout le reste ? »

La question de Mathilde n’était ni rhétorique, ni ironique. Au contraire, elle était chargée d’une angoisse sourde qui cherchait une réponse et de quoi s’apaiser. Pour combler un vide qui la rongeait depuis deux ans, et auquel elle n’arrivait même plus à trouver un sens.
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we're all a little mad down there ¤ Sinbad EmptyJeu 12 Mar - 9:55



Mathilde et Sinbad
Parfois on le fait, c'est tout. On fuit quelque chose - une obsession, une douleur, quelqu'un - et la seule solution est de s'annuler complètement.

Un carnage, des souvenirs arrachés et éparpillés, sans pour autant être semblable à une boucherie pure et dure, il n'empêche que Sinbad ne peut arrêter le pincement dans son coeur. Comme si quelque part, c'était à lui qu'on enlevait tout, comme si c'était une part de son être qu'on venait de lui retirer de son pauvre coeur tiraillé par les années. Fourbu, fatigué, là est l'ironie du sort puisque le voleur en vient à haïr ses congénères qui sont passés sur cette maison particulièrement, sur cette ridicule chaumière qui n'avait rien à leur offrir et pourtant cette bande d'idiots a cru bon de laisser le passage d'un ouragan derrière eux. C'est étrange, c'est tout drôle, ça donne presque pour peu des papillons dans son estomac maigre. Non pas de ceux qui vous font sourire loin de là, plutôt de ceux qui inquiètent, qui font un mal de chien. Parce que quand c'est un proche qui est touché par cette désolation précisément, la dimension en devient plus troublante, étrange et il se remémore presque ses larcins avec une certaine empathie. Malgré tout, est-ce qu'une Duchesse pouvait avoir une quelconque attache à son collier serti de diamants alors qu'elle en a des copies conformes dans sa boîte à bijoux ? Qui saurait le dire précisément, certainement pas l'écumeur qui dans toute sa splendeur ne peut décemment pas poser un questionnaire à ses victimes lorsqu'il décide de commettre un crime passable non pas d'un emprisonnement, mais d'une main coupée qui après avoir été arrachée de son bras continuerait de gigoter un peu à cause des nerfs à vif. Que ferait-il sans ses instruments ? Peu de choses, et sans pouvoir tenir ne serait-ce que la barre de son navire, il finirait probablement fou, à gigoter dans bien des sens jusqu'à tomber du pont, coulant par la suite. D'un ridicule déconcertant, pourtant tellement logique pour celui qui viendrait à se faire enlever ce qui lui tient le plus à coeur, qu'on lui arrache la langue, qu'on lui crève les yeux, tant qu'il peut fouiller des poches il en sera un homme heureux. Or, actuellement, il se sent plutôt honteux de faire partie de ce petit cercle particulier de pillards qui n'ont pas de lois. A la rigueur, il en va de cette seule différence, chez Septmers il reste un minimum de principes qui se démarquent des autres, et vouloir défier les siens, c'est comme vouloir se débarrasser des piliers qui forment l'être qu'il est. L'un sans l'autre il ne pourrait exister, Sinbad ne serait pas Sinbad et vice-versa. Inspirant profondément, il perd l'espace d'une seconde la notion du temps et se sent flotter en ayant ce regret de ne pas avoir pu agir, il aurait traîné ces infâmes devant sa propre justice, celle qui se veut - ou presque - impardonnable. Toucher à Mathilde c'est le tabasser entièrement, toucher à Mathilde c'est vouloir lui faire du mal et même s'il n'en est pas totalement conscient ; tout ce qui peut la concerner le concerne aussi. C'est juste comme ça, c'est sa gamine, c'est sa gosse, c'est celle qu'il aurait voulu avoir, bercer sans aucun doute lorsqu'elle était à peine plus haute que trois pommes, celle qu'il veut garder dans ses bras pour l'empêcher d'être dégoûtée de la bêtise des hommes. Pourtant déjà femme, il ne peut plus rien y faire, laisser sa marque n'aurait aucune utilité et dans son éducation il n'a été qu'un faible chaînon, lui apprenant seulement les rudiments du métier de revendeuse, il n'est que trop fier de la voir exceller dans son domaine digne de la plus grande manipulation. Une femme c'est tout de suite plus plaisant qu'un homme, une femme en un sourire ça vous fait chavirer, une femme ça vous passionne tout comme l'océan qui divague et s'écroule contre des rochers piquants. « Ne fais pas cette tête, Sinbad. A part quelques économies, il n’y a pas grand-chose à dérober là-dedans. » C'est ce qu'elle dit, qu'elle affirme avec sa mine si particulière qui lui rappelle les rayons du soleil brûlant d'Afshin. Ne jamais baisser les bras, si elle était une grande Dame venant d'une maison réputée, elle aurait sûrement ceci comme philosophie, ce crédo qui la pousserait à surpasser ses émotions pour continuer à montrer ses dents, peu importe si la pluie tombe sur Fort Fort Lointain. Elle ne sait pas mentir, elle n'est pas non plus dévastée, seulement dépitée d'avoir à ranger ce qui devait appartenir au passé ou ce qui devait être caché. Tout est mis à nu, toute une vie, ou du moins une bonne partie étalée au sol. Fronçant les sourcils, Sinbad avance de quelques pas en zieutant avec attention les alentours pour voir s'il n'y a pas eu plus de casse. C'est bien assez suffisant, ils n'avaient pas besoin d'en faire plus si ce n'est mettre le feu à tout ce bois sec. Facile, oh que oui, c'est facile de tout détruire en un craquement, en une étincelle, en un battement de cils.

« Tiens, regarde. C’est tout ce qui avait de l’importance, et ils n’ont même pas pensé à l’emmener. Si tu veux m’aider… » Qu'elle rajoute, non pas suppliante, juste sur le ton un peu hésitant puisqu'un tournant vient d'être franchi. Loin d'être dramatique il se veut pourtant assez maussade, et là où la trahison ne se fera jamais, il réside tout de même une part de doute qui lui retourne véritablement les tripes. N'ayant cure de la suite des choses, c'est tout juste si la suite de sa phrase passe par ses oreilles, il se baisse pour attraper à son tour les esquisses qui ne signifient pas grand-chose pour lui, même si parfois il laisse ses prunelles vagabonder sur les mots qui ressortent, sur la mine qui écrase le parchemin jauni par la poussière. Si même elle ne sait plus ce qu'elle est, alors que sait-il exactement sur cette Mathilde ? Sur cette douce demoiselle qui fait office d'un baume sur son palpitant malade d'existence, dégénéré des sept mers, attardé des grands chemins. Que savent-ils mutuellement ? Juste qu'ils s'aiment, juste que cette confiance ne peut être altérée, qu'il veut être présent, être utile pour elle parce que finalement, peut-être que si son équipage lui donne l'illusion d'un quelconque besoin, chez la donzelle il souhaiterait faire office d'une épaule sur laquelle elle peut se reposer, qu'elle ait besoin de lui. Est-ce égoïste ? Probablement, après tout Septmers n'est pas réputé pour sa niaiserie à offrir aux autres, semblable à un poison il veut se rendre indispensable pour ceux qu'il porte un peu trop en lui. Une gamine peut-être plus si enfantine que cela finalement. Alors qu'elle se redresse pour attraper quelques affaires, le marin quant à lui continue la besogne en amassant la paperasse qui lui arrive sous ses doigts légèrement bronzés, dans un silence digne d'un cimetière il préfère taire sa rage qui fait trembler sa pomme d'Adam. C'est inutile, s'énerver ne rimerait plus à rien, après tout ils sont loin et personne n'a vu leurs visages, si ce n'est les arbres qui ont poussé un peu plus loin. L'idée saugrenue lui vient sur l'instant de demander à sa cadette de communiquer avec eux, puisqu'à priori elle saurait le faire. Ce n'est pas digne, ce serait accueilli telle une moquerie et n'ayant pas assez d'éléments pour cerner l'étrangeté de la situation, il n'aurait même pas l'audace de le faire. Qu'on se le dise, le courage n'est pas donné aux plus grands guerriers, encore moins aux petites gens. « Je suis désolée pour tout à l’heure Sinbad. Ce n’est pas ce que je voulais dire. Tu n’as évidemment rien à te reprocher, c’est… c’est moi qui ai un problème, ça paraît évident. » L'ombre d'un sourire s'accroche sur ses lèvres fines pendant qu'il se lève à son tour, passant le tas sur la table à peine plus loin, il laisse retomber ses mains sur la surface en bois craquante tout en écoutant avec attention les flammes qui signent une éventuelle renaissance. Elle fait ses affaires avec un calme à vous en décontenancer le plus haineux des mortels. Sa manière de se protéger de la malchance qui lui est tombée sur le coin de la figure, sa façon à elle de s'éloigner de la scène pour y voir différentes choses, prendre du recul là où personne n'y arriverait, pleurerait, paniquerait à outrance en hurlant à l'aide dans les bois alors qu'il n'y a plus personne pour lui faire de mal. Néanmoins, Mathilde ne peut rester ici, ce n'est pas sûr avec une porte aussi défoncée telle qu'elle l'est maintenant. L'écoutant avec attention - puisque rien ne lui oblige - il hausse peu à peu les sourcils alors que le sujet de la découverte revient sur le tapis. Enfin ils peuvent en discuter calmement, même s'ils n'ont aucune pinte à partager et encore moins de plat à avaler au même moment. « Qu’est-ce que tu ferais, toi, si pour retrouver ce qui te manque le plus, tu devais risquer de lâcher tout le reste ? » Et c'est à lui qu'elle pose la question.

C'est à lui qu'elle demande ce qu'il ferait, c'est à lui, précisément lui, c'est des conseils de Sinbad Septmers qu'elle veut, non pas ceux d'un autre, c'est de sa parole dont elle a besoin et pas celle d'un quelconque père d'église. Pinçant sa lèvre inférieure tout en baissant ses iris vers le sol, il se sent pris au dépourvu, tel un rat qui se ferait courser par un chat. Il n'est qu'un homme, maudit de surcroît qui n'a pas fait que des choix glorieux dans son existence. Alors essayer de la diriger elle ? Qu'est-ce qu'il en ferait ? Il la pousserait vers des retranchements extrêmes ou encore Dieu seul sait quoi d'autre. Prenant le rôle d'un quelconque père très à coeur, il reprend sans se faire trop attendre le fil de la conversation. Parce qu'il ne peut douter devant celle qui souhaite l'entendre, il n'a pas ce droit, pas aujourd'hui, pas maintenant, ni quand Mathilde lui posera des questions capitales ou encore philosophiques auxquelles il pourrait donner son avis - bien qu'inutile, dit-on que toute parole est bonne à prendre puisqu'elle vous nourrit. « J'éviterais d'hésiter. » Qu'il commence à dire lentement, tout en se baissant pour attraper une chaise mise à mal par les brigands pour la poser bien droite, prenant appui sur le dossier quelques secondes, il ne s'arrête pas pour autant d'avoir les traits adoucis. Parce que tout laisser tomber par égoïsme, il sait ce que c'est, il en connaît les conséquences. « C'est ce que j'ai fait en tout cas, en quittant Port-aurore à l'aube d'un peu de sagesse, j'ai succombé à l'appel du large, au chant des sirènes et à mon propre égoïsme. » Et il est bien connu que dans la vie, il faut savoir l'être plutôt que de trop se préoccuper des autres. Croisant ses bras sur son torse en tournant son visage vers la cheminée qui avale la fumée qui pollue le ciel, il se remémore avec une attention particulière le jour où il a tourné le dos à ses origines pour réaliser un rêve qui est devenu cauchemar. Une chimère qui a prit l'allure d'un monstre qu'il se surprend à apprécier. Un rire sec s'attarde sur le coin de ses lippes, il est tout sauf sincère, presque dégoûté tout en étant décidé. « J'aurais pu épouser celle que j'aimais, j'aurais pu fonder une famille avec elle, avoir des descendants, une tripotée j'en suis convaincu. Nous aurions pu être heureux, à vivre grâce à sa fortune et aux rentes de... Qui sait ce que je ferais maintenant ? » Marchand tout comme Taher, menteur tout comme son père. « Pourtant, je ne serais pas complet, je ne me sentirais pas à l'aise dans cette perfection, dans ce destin classique donné à tout être qui vient au monde sur cette terre. » Il aurait pourtant tout eux, sauf son propre bonheur personnel. Continuant de s'attarder sur l'orange de cet élément dangereux, il aurait été fils de la terre, non pas de la mer. Il aurait été dévoré par le sable, par les dunes et serait rongé par les regrets. Alors quoi ? Il en va de la nature basique de ce qu'ils sont, ils ne peuvent se détourner de ce qui les obsède, en l'occurrence chez Sinbad les vagues devinrent une évidence avec l'arrivée de son ami d'enfance, avec leurs idioties partagées, avec leur entêtement désopilant. Pianotant ses doigts sur son bras, il ne s'est même pas rendu compte du silence qu'il a laissé se suspendre, presque gêné d'une telle attente il glousse de manière franche avant de retomber sur les traits harmonieux de son interlocutrice. « Il est bon de ne penser qu'à soi parfois Mathilde, à trop t'occuper des autres, tu finiras par t'oublier et je ne peux que trop comprendre cette envie de rechercher ce qui te rendrait plus heureuse. » Parce que c'est tout ce qu'il lui souhaite, c'est tout ce qu'il veut pour sa fillette. « Tu n'en ressortiras peut-être pas entière, probablement différente, néanmoins il n'y a rien de pire que la torture des remords. Il vaut mieux faire des sacrifices plutôt que de passer le reste de son temps à se dire "et si ? " » Parce que rien qu'avec ces deux mots, tout un monde pourrait être refait, parce que la vie n'aurait plus de sens si ses choix n'étaient pas totalement définitifs. S'il n'a jamais été fier de ce qui est ressorti de ses longs voyages, il est ce qu'il est ; un être qui se veut horrible dans son imperfection tout comme plaisant, alors il passe, trépasse, parce que de toute façon ils ne sont ici que pour quelques années encore. Moins pour Septmers qui commence durement à vieillir, plus pour Têteàtrous qui n'a pas encore assez vécu, elle le fera à courir après une impulsion, cependant est-ce qu'il y a autre chose de plus beau ? Rien n'est sûr, peut-être qu'elle ne l'aura jamais, en revanche elle ne pourra pas se dire qu'elle n'a pas au moins essayé. « Je suis là pour te soutenir, peu importe tes choix, je suis là pour que tu puisses te complaire dans le présent. Si ce n'est pas suffisant, alors je ne serais qu'une pensée qui te rappellera à quel point tu dois poursuivre ce que toi tu veux, non pas ce que la bienséance t'ordonne. » Une boule se forme dans sa gorge, presque douloureuse, machinalement son esprit lui hurle qu'elle n'a pas le droit de partir, alors que son devoir est de la pousser à essayer de voler toute seule. Il ne sera pas toujours là, même s'il veut l'être, il ne sera pas toujours son mentor, même s'il aurait voulu le contraire. Peu à peu il se rapproche, passe une main sur la joue diaphane de Mathilde puis la glisse sur une de ses mèches de cheveux pour la faire passer derrière son oreille, il ne la bouge plus, coincée derrière son lobe il ajoute. « Et je peux te conseiller un endroit pour la nuit si tu le souhaites, plus présentable qu'une auberge où les désespérés viennent se saouler jusqu'à plus soif. » Au moins il aura pu servir à quelque chose dans ce brouhaha incompréhensible, lui proposer une chambre, un toit, un endroit où se poser pour quelques heures durant, où elle pourra lâcher prise. N'est-ce pas le rôle d'un père pourtant de s'occuper de sa descendance avec le plus de bonté possible ? Probablement, et même si sa connaissance en la matière se veut d'un vide sidérant, il veut bien apprendre, avoir cette place qu'il n'aura jamais et se donner cette impression que oui, un jour, il fut une manière de se construire dans l'existence de celle qu'il considère comme sa gosse. Qu'elle parte si ça lui chante, qu'elle file si son destin le veut, il lui accordera toujours son inquiétude ainsi qu'un morceau de son âme pour qu'elle puisse relever la sienne lorsqu'elle ne pourra plus, lorsqu'elle fatiguera. Parce que son rayon de soleil ne peut s'éteindre, pas sans qu'il ait au moins tenté de le sauver.
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