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rouge ☾ ceux qui n'ont besoin de personne ont besoin autour d'eux de gens au courant qu'ils sont de ceux qui n'ont besoin de personne


FORT FORT LOINTAIN

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rouge ☾ ceux qui n'ont besoin de personne ont besoin autour d'eux de gens au courant qu'ils sont de ceux qui n'ont besoin de personne  EmptySam 20 Sep - 22:47




Rouge et Hansel


   
   
   

la solitude, c'est pas pareil qu'avoir personne autour de soi, rétorqua mémé

La nuit s'abbatait lentement sur Fort fort lointain, comme si elle avait douté de l'utilité de cette période qui permettait à l'obscurité de dresser ses barrières sombres pour emprisonner les vivants, et faire réfléchir ceux qui ne le voulait en aucun cas. C'était ce qu'Hansel était en train de faire, en se rendant il ne savait où avec quelques autres membres de l'équipage de l’Écorchée. Sa nouvelle famille. De vieux loups de mer, de bons bougres malgré tout, qui avaient quand même de la piraterie dans l'âme, de la curiosité dans le cœur et du sel dans les veines. Il s'y était fait. Tout aussi bien que les réveils tôt le matin, les déjeuners portés par la houle, l'étendue bleutée à perte de vue, toujours, encore plus présente quand on ne voulait pas l'avoir sous son nez. Aussi étrangement que cela puisse paraître. Il s'y était si bien fait d'ailleurs qu'il commençait à apprécier cette vie où tout primait sur le confort, et sur cette étiquette qu'on lui avait refilé à la naissance. L'orphelin, le prisonnier, le chasseur de sorcières, le pâtissier. Tant de titres envolés. Déchirés. Mis en pièces et en morceaux. Il se sentait si vivant, là, en compagnie de ces gens qu'ils apprenaient à connaître.  
Ils n'étaient pas tous des amoureux de l'aventure. Ils étaient avant tout des marins, qui voguait sous les couleurs du capitaine Sinbad. A leur arrivée au port, la plupart s'en était retourné auprès de leur famille qui les attendait de pied ferme, leur paye en poche. D'autres allaient dilapider cette dernière en boisson le soir même, et c'était avec ce groupe-là qu'Hansel était allé en ville. Non pas qu'il désirait s'amuser en dépensant son argent en alcool et plaisante compagnie, il trouvait simplement que cette perspective était bien plus réjouissante que celle de retourner à la confiserie. Après tout, c'était plus facile de rester dans le groupe que d'affronter les yeux tueurs de sa sœur, qui l'avait laissé partir il ne savait plus comment. En pleurant ? En hurlant ? Les deux à la fois, peut-être ?  Il se rappelait des mots durs. Des blessures cachés sous ces syllabes de l'enfer. Il ne serait pas aller la voir ce soir, même pour tout l'or du monde. Et il acceptait sans rien dire son statut de lâche. Il y avait un sourire dans sa voix ainsi que dans son visage enfantin, endurci par l'air marin, et en aucun cas il ne voulait le sentir lui filer entre les doigts. C'était trop beau, après ces années d'absence-présence. C'était la renaissance. Ressuscité.
"Où est-ce qu'on va ?" crut-il bon de demandé alors que le chemin était déjà bien avancé, perdu dans les ténèbres de la ville peu éclairée par ici. Il le connaissait, ce quartier. Il y avait traîné un peu, durant ses soirées perdues, quand il n'était encore sûr de rien -pas comme aujourd'hui.- Mais en somme, il ne savait que très peu de choses de ce côté-ci de Fort fort lointain. Simplement que ce n'était pas le plus joyeux des endroits, et qu'on avait plus de chance de rencontrer l'amour au coin d'une rue qu'un homme non armé. Tant mieux. Ça ne le changerait pas des quelques semaines passées sur le navire. Et puis maintenant, il ne dénotait pas dans cet univers mal famé. La chemise déchirée, l'épée à la ceinture, les bottes mal cirées et l'esprit vivifié, le charmant confiseur s'était évanoui pour laissé place à un Hansel enfant, mais qui se rapprochait plus de ce qu'il cherchait à devenir que précédemment. "Au paradis !" lui répondit un matelot plein d'entrain, le cœur visiblement si léger qu'il menaçait de décoller d'une seconde à l'autre. Les autres rigolèrent avec lui, et se mirent à charrier Hansel, parce qu'il était le nouveau, le petit jeunot, et que c'était dans l'ordre des choses. Une main lui accrocha l'épaule, et il releva les yeux vers Lorcan qui se mit à lui sourire. Dans l'obscurité, il avait tout l'air d'être un lion joueur, tant ses yeux pétillaient. Hansel l'aimait bien, dans sa façon de se mouvoir dans la vie comme de parler -et d'en parler. Il avait assez les pieds sur terre et le cœur dans les étoiles pour faire un bon ami, et puis il était un vrai marin, il connaissait le métier. Surtout, il l'avait aidé, tant de fois que le mousse ne les comptait plus, il savait simplement qu'il allait lui être redevable à vie. -Ce qui était beaucoup, ou pas, cela dépendait du point de  vue et de la manière dont on la vivait. "Naan ! Juste dans une taverne d'ici ! Tu vas voir, c'est sympa !" Ils rirent encore, et le plus jeune haussa les sourcils. Déjà la taverne se matérialisait sous ses yeux, et il ne mit pas longtemps pour voir de quel genre d'endroit il était question. A l'intérieur, il pouvait entendre des hurlements de rire -ou il ne savait quoi- et de la musique en veux-tu, en voilà. Cela le fit légèrement sourire -intérieurement, du moins c'est ce qu'il crut jusqu'à ce que Lorcan rajouta avec un petit rire. "Fais attention à ton argent, et à tout ce qu'on pourrait te faucher ! Comme ton honneur par exemple !" A ces mots la plupart des gars entrèrent tout aussi bruyamment qu'ils avaient fait le voyage jusqu'ici, et il ne resta plus qu'Hansel, Lorcan, et un autre matelot à l'entrée, comme retenu par un fil invisible. Fil qui se cassa quand le plus jeune balaya l'endroit du regard, et quand ce dernier s'accrocha à une frimousse reconnaissable entre non pas mille, mais des millions de personnes. Qu'est ce que pouvait bien faire Rouge ici ? Il sentit ses yeux s'agrandir d'eux-mêmes, et il poussa finalement ses deux compères à entrer. "Merci du conseil ! Heu... Je reviens dans cinq minutes, allez-y, j'arrive !" Il s'élança rapidement sur son amie, qui se trouvait à quelques pas de lui. La curiosité et l'envie l'avaient emporté sur la bienséance -si ce concept pouvait exister ici- et la simplicité. Le petit chaperon rouge. Sa plus grande amie. Sa seule véritable amie d'avant, peut-être. Celle qui savait. Généralement tout. Et qui finissait par découvrir ce qu'elle ne savait pas, si ce n'était pas le cas. Tout ce qui lui fallait ce soir-là.
Ou peut-être pas.
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rouge ☾ ceux qui n'ont besoin de personne ont besoin autour d'eux de gens au courant qu'ils sont de ceux qui n'ont besoin de personne  EmptyVen 26 Sep - 22:55




Hansel & Rouge

il est facile de se tenir avec la foule. Il faut du courage pour rester seul.

L'exutoire. Dans les rues et ruelles, dans les caves et petits espaces restreints, dans les endroits indécents et peu saints, on trouve toujours ce lieu de débauche qui fait pâlir nos veines et noircir notre foie. Une taverne. Rien de plus dégoûtant. De plus répugnant et de plus malodorant qu'une taverne. Si, peut-être la demeure d'un ogre, mais personne n'oserait en faire la remarque devant l'une de ces grosses bêtes. Personne et surtout pas Rouge. Le Petit Chaperon Rouge avait mieux à faire de son temps libre, pour tout dire. Arpenter les dalles de Fort Fort Lointain pour ses livraisons ne l'amusent guère et il faut avouer que l'ambiance des pubs l'attirent pour une raison qu'elle ne saurait expliquer. C'est déraisonnable, dirait sa Mère-Grand. C'est indigne d'une jeune fille, dirait-elle Mère-Grand. Ce ne sont que des nids de brigands que la douce boisson ne fait rendre que plus mauvais, lui crierait-elle sa Mère-Grand. Rouge le sait que ce n'est pas un endroit pour une princesse. Mais ça tombait bien, car elle n'en était pas une. On peut-être héroïne sans être royale et elle en été satisfaite, car le sang bleu avait tendance à lui donner des nausées des plus désagréables. La pédanterie, la prédatrice ultime de la vertu. Rouge a le sang d'une bâtarde, mais elle peut au moins se vanter d'être plus honnête et plus juste que la plupart des personnalités de la cour de Marraine la Bonne Fée. Elle ne voyait d'ailleurs aucun des lèches-bottes de la fée dans un lieu tel que celui-ci où elle se trouvait. Chaque fin de semaine, Rouge s'octroyait le droit de profiter de quelques heures à la taverne la plus proche de sa dernière livraison. Commander une pinte d'hydromel, picorer les fruits secs que le tavernier lui avait offert avec sympathie, ignorer les conversations gutturales qui s'échappent de tous côtés, tapoter nerveusement le bord de la table. Tout un panel d'activités à faire au cœur de la fosse sceptique qu'était ce taudis. Rien que le nom ; « la sirène amputée » ne donnerait même pas envie à un chevalier de s'aventurer là pour jouer au héros et jouer des mécaniques. Son chaperon de travail cachant à moitié son visage. Elle n'a, de toute façon, pas besoin de le montrer pour qu'on la reconnaisse. Sa tenue et son histoire lui donnait plus ou moins d'importance à Fort Fort Lointain, surtout grâce à sa grand-mère qui avait fait fortune en prenant les rennes d'une crèmerie.
Mais ici, dans les lieux sordides, dans les bars miteux et les pubs caverneux, personne ne lui faisait de remarque. Quelques sifflements, quelques compliments en langage de charretier, mais rien de plus. Pas de mesquines moqueries sur elle et son chaperon, pas de sous-entendu sur son histoire avec le grand méchant loup. Rien. Juste Rouge, la livreuse au regard d'acier, ce regard qu'on évite de froisser en oubliant de payer. Ici elle n'était personne en particulier, elle n'était juste pas comme eux. Ces gens à la langue grossière, aux manières douteuses et aux regards mauvais. Mais elle se sentait mieux ici que nulle part ailleurs dans Fort Fort Lointain. Il lui fallait la médiocrité et la saleté des coins odieux pour se sentir elle. On pourrait lui dire que c'est malsain, que ce n'est vraiment pas bien d'être là. Qu'elle devrait dormir bien comme il faut pour éviter de se faire dévorer à nouveau au détour d'une rue un peu trop sombre. Mais Rouge s'en moque. Elle n'est plus petite fille, elle est femme. Elle a fait de gros efforts pour le devenir, pour se forcer à l'être plus vite que toutes les autres. La Fierté. La nuit est humide, seule compagne de la blonde qui termine son verre avec un entrain inexistant. Une fatigue inavouable sans aucun doute, mais sa Mère-Grand ne doit croire qu'elle est forte. Assez forte pour se défendre seule. Se débrouiller seule. Livrer seule. Vivre sans personne, pas comme autrefois. Non, Rouge elle peut plus se le permettre ça.
Et une bande de marins aux voix graves arrive avec si peu de discrétion que même un ogre dans une crèche aurait été plus difficile à repérer. Ils amènent avec eux l'odeur de la mer, de l'océan, le grand bleu celui dont a peur et qui nous fascine, celui qui arrive à arracher des bras de leurs épouses, sœurs, enfants, un homme à la bravoure infaillible et à la raison aveuglée. Ils amènent avec eux l'aventure et son côté exotique, ses richesses et ses péripéties. Ils amènent avec eux la convivialité, celle qu'on espère tous trouver quelque part, celle qui donne l'impression qu'on a sa place.
Ils amènent avec eux Hansel. Ce petit bout de marin qui s'est envolé un matin dans l'espoir de devenir un vrai pirate. Un véritable aventurier qui part où il veut et là où il le souhaite. Qu'il soit quelqu'un d'autre que simplement Hansel Denougatine. C'est dommage, Rouge elle aimait beaucoup Hansel Denougatine. Il était plus présent, il était là. Rouge elle l'observe du coin de l’œil, sa nouvelle pinte sur la table et les cadavres de trois autres à la dérive sur son océan de bois noir « Tiens, Denougatine. Un revenant. On oublie vite la terre ferme quand on côtoie le large à ce que je vois. » une pointe d'amertume. Le ton plus cassant qu'elle ne l'aurait souhaité. Et son regard d'acier, glacier, posé sur ce grand gamin qu'était le jeune homme face à elle. Imprudent, égoïste et tête de mule. Il aurait pu donner des nouvelles. Elle sait que les femmes sont interdites sur le bateau, mais les pigeons voyageurs existent par la barbe de merlin. Rouge laisse couler son regard sur son ami. Son très cher ami. Son véritable ami. Son ami qu'elle essaye malgré lui de protéger de tout sans réellement lui demander son avis. Lui tenir la main pour traverser ou même lui tirer l'oreille lorsqu'il fait une bêtise. C'est pas son rôle, elle le sait, il le sait. Mais c'est plus fort qu'elle parce que c'est Hansel et qu'elle ne pourrait pas risquer de le perdre.
Non, pas Hansel.
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rouge ☾ ceux qui n'ont besoin de personne ont besoin autour d'eux de gens au courant qu'ils sont de ceux qui n'ont besoin de personne  EmptyDim 28 Sep - 17:15




Rouge et Hansel


   
   
   

la solitude, c'est pas pareil qu'avoir personne autour de soi, rétorqua mémé

Rouge ici. On lui aurait dit qu'il ne l'aurait pas cru. Mais elle était bien là, assise sur l'un des chaises de fortune du bar miteux, en sirotant sa boisson avec pour seul compagnon son chaperon couleur vermeille. Lorsqu'il se posta devant sa table, il remarqua bien vite qu'elle n'avait pas changé, contrairement à lui. Elle se tenait toujours de la même manière, avait cet air de princesse des glaces qui lui allait à souhait, et se montrait si discrète que sans son habit rouge, personne autour d'elle ne l'aurait remarqué, même pas Hansel qui avait pourtant l’œil, surtout quand il s'agissait de la petite livreuse. Lui, en revanche, était métamorphosé, et devait lui apparaître comme nouveau, puisque même à ses propres yeux, les changements étaient frappants. Pourtant, tous savaient que des points communs, ces deux gosses en avaient. Avant. Les même déboires dans les bois, la même naïveté, le travail de livraison à remplir chaque jour, et les tournées qu'ils faisaient ainsi ensembles, lui avec son grand sourire, et elle avec cet esquisse de joie dans les yeux, flamme qu'il arrivait à faire grandir. Jadis. Avec une bonne dose d'humour et cette candeur qui le caractérisait si bien. Plus maintenant. Il eut pendant un instant l'une de ces bouffée de nostalgie qui prend au tripe pour vous faire passer de sales minutes à vous remémorez des souvenirs tremblants comme des perles de larmes sous des paupières fermées. Reprends toi, Denougatine, bon sang. C'était sans compter sa meilleure amie, qui elle non plus n'avait pas apprécié ce semi-abandon qu'il avait infligé à tous ses proches. "Tiens, Denougatine. Un revenant. On oublie vite la terre ferme quand on côtoie le large à ce que je vois. Acide comme du citron. Il cacha un sourire amer, et s'assit en face d'elle sans en demander la permission. Un peu plus loin, les autres matelots riaient et buvaient, l'un avait sorti une guitare, l'autre fêtait ses retrouvailles avec sa serveuse préférée. Il y avait du bonheur dans leurs yeux. Il était différent de celui qui se pressait dans la gorge du jeune mousse, mais tous deux vous foutait la peur de votre vie. Parce que coutoyé le passé avait cet effet-là sur les hommes de l'océan, qui revenait sur la terre ferme avec regrets mais envie. Enfin, la terre ferme. "Ferme-là, Rouge." dit-il, les yeux légèrement plissés, le cœur battant. Ils n'étaient pas inconnus aux piques lancées pour des pacotilles, petit jeu qu'on aimait bien entamé juste pour dire qu'on appréciait quelqu'un. Ici, elle avait été pourtant plus froide qu'à l'ordinaire. Plus sévère. Bah. Il était un revenant pour elle, mais pour lui, son enveloppe de fantôme s'était mué en quelque chose de tout nouveau et de tout neuf. Il avait bien fallu pour cela que certains y payent le prix. Il espérait simplement que son amie ne soit pas déçu du résultat. Et pourtant c'est ce qu'il crut pendant un instant, quand elle releva les yeux vers lui. Elle avait l'air de penser "alors c'est ça, le nouvel Hansel ? C'est ce pourquoi j'ai sacrifié nos matinées de livraisons ponctuées par des rires aux éclats, nos secrets, nos rêves murmurés à l'oreille, comme des enfants qui espéreraient un peu trop grand ?" Peut-être avait-elle juste l'air. C'est en tout cas ce qu'il espérait de tout son cœur.
Il voulait qu'elle aime le nouvel Hansel.
"Tu vois bien que je n'ai pas tout à fait oublié. Tu t'es inquiétée pour rien, le capitaine ne pratique pas de lavage de cerveau sur les petits nouveaux, tout ce qu'on t'avait dit était faux." continua-t-il tandis que son sourire timide s'élargissait. Il était bien plus facile de dire les choses à Rouge qu'à Gretel. Il était plus facile d'être ici que là-bas, à la confiserie. C'est pourquoi il était venu. Et qu'il était heureux de se trouver en face de cette blonde cassante et cassée. Au même instant, ses amis éclatèrent de rire à l'unisson à quelques tables plus loin, et en inclinant légèrement la tête il put voir Lorcan qui se noyait littéralement dans sa choppe de bière. Il pouffa de rire. "C'est après qu'ils deviennent un peu..." Il leva les yeux au plafond, puis haussa les épaules. Après tout, il n'était pas là pour lui présenter ses excuses. Rouge avait su bien avant Gretel que son ami désirait partir. Ils en avaient parlé, même, et quoiqu'elle avait pu en penser, le chaperon avait accepté tout cela. Il se mit tout de même à observer ses réactions. Avait-il oublié quelque chose ? Bonsoir, peut-être ? Ils n'étaient plus à cela près. Désolé ? Fallait-il vraiment le prononcer ? Certes, il n'avait pas donné de nouvelles, ce qu'il aurait pu essayé de faire malgré tout. Le temps lui avait manqué. Ses supérieurs l'avaient fait durement travaillé, et la vie en mer est plus soutenue et changeante que celle qu'il menait sur terre. C'est pour dire, L’écorchée avait même essuyé un ouragan. La plus grande frayeur de toute la vie du pauvre petit confiseur. Il avait cru qu'ils allaient le contourner. Pendant un court instant, il avait pu espérer qu'ils survivent tous, à quelques jambes près. Mais non. Sinbad avait pris la barre et ils l'avaient traversé. Tout ce qu'il y a de plus banal. Et le pire était qu'ils y avaient tous survécus. Le sourire aux lèvres qui plus est. Si sa sœur avait été présente sur le pont, elle aurait tiré les oreilles de cette légende pirate et aurait ramené à coup de pieds au derrière ce pauvre Hansel au port. Mais elle n'était pas là. Et si cette expérience avait été la plus effrayante de toute sa carrière, elle avait eu le mérite, aussi, d'être la plus excitante. Mais tout aurait été plus facile si les pieds-sur-terre pouvaient comprendre ceci. Bien entendu, c'était loin d'être le cas. Et le matelot le comprenait très bien. Il savait la peur et les remords, les cœurs qui se serrent pour se recroquevillés dans une cage thoracique douloureuse. C'est ainsi qu'il reprit plus doucement après avoir commander une bière à une serveuse brune qui passait. "C'est bon te revoir, petite blonde." Il posa ses coudes sur la table de bois, et lui sourit timidement. Oui, ça l'était en effet. Et il ne le niait même pas.
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rouge ☾ ceux qui n'ont besoin de personne ont besoin autour d'eux de gens au courant qu'ils sont de ceux qui n'ont besoin de personne  EmptyMar 30 Sep - 16:37




Hansel & Rouge

il est facile de se tenir avec la foule. Il faut du courage pour rester seul.

L'étincelle dans le regard. L'étincelle n'était plus cette même étincelle qu'elle connaissait. L'étincelle  Denougatine n'était plus. Une nouvelle prenant toute la place dans son regard. Regard sombre plus clair désormais. Si Rouge était de bonne foi elle admettrait ce changement pourtant frappant chez son ami le marin. Mais elle avait bien trop de mal à mettre des mots sur ses pensées pour lui faire savoir à lui, lui qui semblait attendre quelque chose pourtant. Autre chose qu'un regard basique, qu'une phrase acide ou qu'un haussement d'épaules qui, pourtant, définissaient la livreuse. Quittant l'enfance, elle n'était qu'une adulte prématurée, qu'une petite fille portant des talons hauts pour se montrer à la hauteur, se peinturlurant les lèvres de maquillage qui, jadis, n'était que vulgarité artificielle. Des deux enfants ayant manqué de se faire dévorer elle était celle qui avait grandit le plus vite. Mais Hansel a toujours eu une longueur d'avance quant aux sentiments, aux ressentis, à l'humanité. La naïveté. Faiblesse à ses yeux qu'elle avait renié depuis quinze ans. Devenant l’architecte d'une forteresse d'indolence, mais en devenant son unique prisonnière. « Ferme-là, Rouge. » La jeune femme ne pipa mot à sa provocation. Elle avait l'habitude des taquineries d'Hansel, son insolence à peine crédible et ses sourires espiègles. Ce qu'elle n'aurait pu autoriser chez les autres, elle l'acceptait de la part d'Hansel. Même si ce laxisme lui donnait parfois l'envie de lui tirer l'oreille pour ne pas oublier qu'elle n'était pas l'une de ces pirates qu'il côtoyait et qu'il fallait tout de même qu'il maîtrise ses paroles. « Cette aventure ne t'auras pas rendu plus poli, Hansel. Quel dommage. » Rouge retira son chaperon qu'elle déposa sur ses genoux. Le mousse devait sans doute se demander ce qu'elle fichait ici, à arpenter un bar lugubre entourée d'un ramassis de poivrots plus tristes que dégoûtants. Mais dans l'fond, cela ne le regardait absolument pas et elle ne lui devait rien. A lui, monsieur je me sauve un matin en quête de devenir un fier matelot. La première fois qu'il lui fit part de son idée de mettre les voiles de Fort Fort Lointain, elle se souvint ne pas avoir réagit sur le coup. D'avoir haussé les épaules et d'avoir continué sa route pour livrer la galette tant attendu par l'un de ses clients. Elle se souvint du soir précédent son envolée matinale, où elle réalisa qu'Hansel allait quitter ces lieux pour l'océan. Ce fichu océan qui aurait mieux fait de le noyer plutôt que de le conforter dans l'idée qu'il pourrait devenir un véritable héros un jour. Elle ne l'avait pas encouragé à partir, mais elle ne l'avait pas retenu. Mais elle aurait aimé être un moyen de pression assez fort pour qu'il reste et continue ses livraisons avec elle. Mais ce n'était et ce n'est toujours pas le cas. Devenir un héros. Savait-il seulement que les héros n'existent pas, qu'il n'existe que des situations problématiques avec de stupides coïncidences. Oui, les héros ne sont que des coïncidences. Son capitaine n'est pas plus héroïque que lui et elle ne comprendrait jamais son admiration envers un homme tel que Sinbad. « Tu vois bien que je n'ai pas tout à fait oublié. Tu t'es inquiétée pour rien, le capitaine ne pratique pas de lavage de cerveau sur les petits nouveaux, tout ce qu'on t'avait dit était faux. » La blonde lui donna un léger coup de pied sous la table. Se moquer de son inquiétude ne lui plaisait pas, surtout de la part d'Hansel. Elle pinça sa lèvre inférieure avant de cacher ses ourlets de chair pourpres derrière son godet d'hydromel. « Boucle-là, le mousse. De toute manière Septmers n'aurait pas eu grand chose à laver avec toi. S'il est un homme intelligent -elle hésita à rajouter « ce dont je doute fortement »- il ne s'amuserait pas à s'épuiser inutilement avec toi. » Un vague sourire commercial et les éclats de rire  du groupe de marins qui l'accompagnait plus tôt attirèrent son attention. Ils sont heureux. Ou du moins ils semblent heureux, à moins que la boisson abrutissante les rendait plus euphoriques qu'au naturel. Rieurs, bruyants, joueurs, amusants. Les lèvres du Petit Chaperon Rouge s'étirèrent en un sourire en les observant vivre. Oui, vivre. « C'est après qu'ils deviennent un peu... » Elle acquiesça d'un simple signe de tête avant de replonger son museau dans son verre pratiquement vide. Voire complètement vide. Il allait bientôt rejoindre ses trois confrères échoués sur un coin de la table. « C'est bon te revoir, petite blonde. » Elle termina son verre d'un air distrait, se faisant violence pour ne pas pouffer de rire face à tous ces bons sentiments venant de Denougatine. Mais maintenant elle s'en souvenait qu'il ne lui fallait pas trois ans avant d'admettre à quelqu'un qu'il lui manquait. Hansel a toujours une longueur d'avance sur elle. Car il est plus honnête. « C'est bon de te revoir également, Hansel. » Dit-elle timidement avant de rebondir sur un sarcasme qui lui permettait de garder contenance « Il est vrai que cela m'aurait attristé d'apprendre ton décès prématuré par la faute du scorbut. » Une esquisse de sourire en coin et son regard revint se perdre sur le rassemblement de matelots toujours aussi heureux de fêter leur retour sur la terre ferme. « Alors c'est avec eux que tu passes tout ton temps désormais ? » La blonde tenta tant bien que mal de ne pas dire ces mots de façon hautaine. Elle ne dénigrait pas ces hommes, au contraire. Ils la rassuraient. Ils la rassuraient par rapport à Hansel. Il n'était pas seul sur ce bateau loin de tout.
Rien à faire, même en le voulant de toute son âme, ce n'est encore qu'un gamin à ses yeux. Certes, son enveloppe physique est plus imposante qu'autrefois, il devait avoir gagné du muscle à force de travailler sans relâche sur l'écorchée. Mais cela reste Hansel Denougatine. Et là-bas, sur l'eau trouble, elle ne lui est d'aucune aide. Mais ces marins sont sans doute de braves hommes, bien qu'elle ne leur fasse aucunement confiance, cela reste de simples hommes. Du moment que lui, peut compter sur eux lorsqu'il en a besoin c'est le principal. Son avis de livreuse ne compte pas. « Tu ne dois pas t'ennuyer avec eux, ils sont plus bruyants que des trolls et plus jovials et que des fées. » son sourire disparu lorsque la serveuse revint à s- leur table pour déposer la bière d'Hansel devant lui. Rouge ne sait pas si elle doit aborder elle-même le sujet de sa vie sur le bateau de Sinbad. Elle sait pertinemment qu'il le fera de lui-même ; les yeux pétillants, les sourire idiot aux lèvres et la voix forte, si excité qu'elle ne pourra même plus l'arrêter de parler. Le bateau, les marins, l'aventure, les échanges, les bagarres, le travail, l'entraînement et surtout son cher capitaine. Elle en aura pour toute la soirée. Et Dieu seul sait qu'elle n'aime pas cet homme. Aucune confiance en lui, il semble constamment cacher quelque chose et son sourire moqueur et sa moustache ne l'aident pas à paraître plus honnête. « Avant que tu ne commences à faire l'éloge de ta nouvelle vie sur ce rafiot et que tu te mettes à sourire bêtement en parlant de Septmers, offre-moi un verre. C'est la moindre des choses il me semble, l'aurais-tu oublier mon cher matelot ? » Elle le voyait déjà en train de protester sur ses paroles qui dans le fond ne sont pas si fausses que ça. Elle enviait un peu ce capitaine de l'écorchée. Parce qu'il arrivait à faire quelque chose que Rouge ne parvenait plus à faire depuis longtemps maintenant ; le faire sourire bêtement.
Oui, elle l'enviait un peu sans jamais l'avouer aux autres, ni à elle-même.
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rouge ☾ ceux qui n'ont besoin de personne ont besoin autour d'eux de gens au courant qu'ils sont de ceux qui n'ont besoin de personne  EmptyDim 5 Oct - 13:25




Rouge et Hansel


 
 
 

la solitude, c'est pas pareil qu'avoir personne autour de soi, rétorqua mémé


En effet, il ne le niait pas. Il ne niait ni le fait que c’était bon de revoir sa meilleure amie, aussi énervante soit-elle, comme il ne niait pas le fait qu’il jouait au lâche en n’osant pas s’aventurer jusque vers sa sœur pour des retrouvailles qui s’annonçaient déjà assez difficiles. Certes, il était un idiot. Mais un idiot qui le savait entièrement. Même si Rouge ne manquerait pas une occasion pour le lui faire remarquer. Quand on aimait, on ne comptait pas. C’est ainsi qu’Hansel laissa couler un instant, le flot de paroles caustique de ce petit chaperon rouge qui n’avait plus de vin dans son verre et qui s’occupait donc autrement qu’en buvant, c’est-à-dire en se moquant de manière légère quoique sarcastique de son jeune ami revenu au port, éreinté, sale, un peu perdu. Mais vivant. Et souriant de surcroit. Même la moquerie de Rouge ne serait arrivé à mettre un terme à cette jovialité qui le prenait aux tripes, bien plus forte qu’à l’accoutumée, ce qui était un exploit en soit, puisque c’était connu : le sourire de l’ancien confiseur de se ternissait presque jamais. Sauf quand il devait combattre les mots blessants de sa sœur qu’il ne voulait pas voir, ou contré les attaques d’un Kale rompu au maniement des armes, ou ne pas éclater de rire quand il fallait être sérieux alors que Lorcan commettait encore l’une de ses innombrables bourdes spectaculaires.  
Oui, il n’était pas plus poli qu’à l’ordinaire. En fait, il avait même pris du jargon de ses compagnons, qui n’était pas des plus délicats, et s’il gardait toujours cette once de douceur qui le caractérisait, il n’en était pas moins devenu un vrai marin sur ce point. De plus, Septmers ne lui avait pas lavé le cerveau, non pas parce qu’il ne désirait pas s’épuiser, juste parce qu’il n’avait jamais eu l’habitude de le faire, et en effet, Hansel ne se tairait pas. Du moins pas maintenant que la conversation était lancée –il était avec Rouge, de toute manière, ils avaient pris l’habitude de parler jusqu’au bout de la nuit et bien plus encore, ce qui les rendaient un peu plus enfant qu’ils ne l’étaient déjà, du moins dans le cas d’Hansel-. Et il était heureux que cette joie fût réciproque, bien qu’il le sache au fond de lui, puisqu’il la connaissait, cette princesse des glaces, trop froide pour l’être véritablement. Même s’il n’avait pas entendu parler du scorbut –ou de loin- il continua à sourire à sa boutade, jusqu’à ce qu’elle commence à singer des choses sérieuses, tout en lui demandant un verre, parce qu’on ne se refaisait pas. " Avant que tu ne commences à faire l'éloge de ta nouvelle vie sur ce rafiot et que tu te mettes à sourire bêtement en parlant de Septmers, offre-moi un verre. C'est la moindre des choses il me semble, l'aurais-tu oublier mon cher matelot ? " Ces paroles eurent le mérite de faire hausser les sourcils du mousse, qui ouvrit la bouche pour former un « o » significatif. Afin de ne pas s’exclama à tord et à travers, il attrapa rapidement sa choppe de bière pour en boire une gorgée. Mais lorsqu’il la reposa sur la planche en bois, il ne put s’empêcher de le faire tout de même. "Mais pas du tout ! Je ne souris pas bêtement !" Quelle idée. Il avait ici tout l’air d’être un petit animal excédé, mais tant pis. Et puis ce n’était pas ce qu’il avait prévu pour la soirée, lui parler de ses aventures, du nouveau Hansel, de l’équipage de l’Ecorchée qui malgré les moqueries l’aimait sûrement, et de ce Septmers qui avait réussi à le sortir de sa léthargie. Non, vraiment, il n’était pas ici pour cela. Qui plus est, il n’aurait jamais dû croiser Rouge, ni s’asseoir à ses côtés, ni lui parler et penser à tout ceci de manière si naïve. Pourtant c’était ce qu’il s’apprêtait à faire. Et avec le sourire qui plus est.
Parce qu’au fond, il était ici exactement pour cela.
Il apostropha donc la serveuse qui lui avait apporté son verre afin d’en commander un pour son amie, et c’est ainsi que leurs retrouvailles se firent. A l’alcool, aux souvenirs et aux rires qui perlaient sous les légères taquineries. Et c’était si bon de ressentir tout cela à nouveau qu’Hansel en était content d’être rentré au port. Oubliés les problèmes avec sa sœur, oubliée la peur au ventre, qui serrait les entrailles et tordait le cœur. Il était même heureux de pouvoir montrer sur ses mains les cales et autres blessures qu’il avait échoppées en nettoyant le pont, puis en apprenant à se battre. En vivant. "Je n’ai rien oublié je te le promets ! " reprit-il donc après que le verre de la demoiselle ait été apporté. Il s’exprimait plus fort qu’à l’accoutumée, son assurance était revenue, ainsi que sa joie de vivre, et toujours sa candeur le faisait parler, cette petite flamme qui se reflétait dans ses yeux, devenant petit à petit feu ardent. "Et… Oui, je passe tout mon temps avec eux, ils ne sont pas ennuyants, ils sont mêmes tous le contraire, comme Sinbad d’ailleurs, et puis le navire, Rouge, tu verrais le navire ! L’Ecorchée. Il est magnifique, certes il a quelques cicatrices, dû à ses nombreux voyages, mais c’est fascinant ! " Un enfant. Un enfant avec un corps d’adulte. Mais un cœur remis à flot. Il reprit son souffle après cette longue tirade, et reposa ses mains sur la table, elles qui se trouvaient il a quelques secondes dans les airs afin de montrer à Rouge comme tout était impressionnant dans sa nouvelle existence. Une nouveauté qui ne lui faisait pas peur, mais qui avait terrifiée ses proches. Aujourd’hui comme hier, il ne comprenait pas pourquoi. En revanche, il savait pourquoi il en était là. Et c’était en partie grâce à son amie.
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rouge ☾ ceux qui n'ont besoin de personne ont besoin autour d'eux de gens au courant qu'ils sont de ceux qui n'ont besoin de personne  EmptyDim 19 Oct - 19:00




Hansel & Rouge

il est facile de se tenir avec la foule. Il faut du courage pour rester seul.

Hansel n'était pas plus imprévisible que d'ordinaire. Son sourire, au dents bien trop blanches pour êtres celles d'un pirate, ses yeux plus scintillants que les étoiles et plus humides que ceux d'un gamin en couche culotte, ses grands gestes expressifs pour montrer à quel point sa vie n'était plus qu'aventures et amusement. Même le travail qu'on lui refilait sur le pont semblait l’enthousiasmer comme jamais. Ou alors l'euphorie de la vie en haute mer réussissait à contrer l'ennui qu'un manche à balais pouvait procurer. Dans tous les cas, du moment qu'il ne finissait pas embrocher par une lame inconnue, dévoré par une créature des bas fonds, ou encore mort d'une étrange maladie exotique, le petit chaperon rouge se fichait de ce qu'il pouvait bien faire sur cette bicoque flottante. Car à partir du moment qu'il prend enfin assez soin de lui pour éviter de mourir à cause d'une raison -qui pourrait être bien ridicule, connaissant Hansel- quelconque, il pouvait continuer de s'amuser au parfait petit moussaillon sans que Rouge ne s'oblige encore à lui tirer les oreilles. Elle n'aimait pas faire la morale. Surtout à Denougatine qui, théoriquement, était devenu un homme mature depuis longtemps. En théorie, bien sûr. Pourtant elle ne le trouvait que lus enfantin depuis qu'il avait rejoins la flotte de ce Sinbad. Sinbad Septmers. Rien qu'à son nom elle en soupirait d'agacement. Il aurait pu rentrer dans la flotte royale, toucher un bon salaire et hériter d'un capitaine un peu moins barbare que cet homme au passé qui lui échappait. Enfin, « barbare » était un bien grand mot. Il n'était pas bien impressionnant malgré tout et il était bien loin de l'idée que l'on se fait d'un pirate sanguinaire, sans foi ni loi. Remarque, du moment qu'il ne les mène pas à l’abattoir, il reste un capitaine convenable. Ahem. « Et… Oui, je passe tout mon temps avec eux, ils ne sont pas ennuyants, ils sont mêmes tous le contraire, comme Sinbad d’ailleurs, et puis le navire, Rouge, tu verrais le navire ! L’Ecorchée. Il est magnifique, certes il a quelques cicatrices, dû à ses nombreux voyages, mais c’est fascinant ! » La blonde opina vaguement, même s'il semblait oubliait qu'elle avait déjà eu l'occasion d'admirer la carcasse de ce navire. « Il est en piteux état vote bâtiment, c'est à peine croyable qu'il puisse encore flotter convenablement sans couler lorsque la marée monte. » Rouge tenait cet air pédant de sa grand-mère, cet air qui ne lui allait pas. Cet air qui disait « tu peux bien m'offrir la lune, poussière qui fait parler les poètes, mais je ne suis pas poète alors ça ne reste que poussière à mes yeux. ». Cet air qu'on ne pouvait impressionner. Ou difficilement. Mais elle était de mauvaise foi, le navire de Sinbad était beau. Malgré ses cicatrices, malgré sa crasse, malgré son bois abîmé et son passé tumultueux. Ses écorchures lui allaient comme un gant, lui offraient une histoire. Quelque chose de charmant. Quelque chose de fascinant comme le disait si bien son cher ami. « J'espère au moins que Septmers t'exploite un minimum, il serait dommage d'avoir une bouche à nourrir en plus qui ne gagne pas son pain. » C'était sans doute le fait de parler de ce flibustier qui la rendait plus aigre qu'une sauce asiatique. Pure mauvaise foi. Rouge ne sera sans doute jamais honnête, pas même avec elle. Triste indolence sentimentale, même avec son meilleur ami. « Mais tu es travailleur, je sais que tu feras de ton mieux pour ne pas être un poids pour les autres. Tu restes quelqu'un qui n'a pas peur de se salir les mains, Hansel. C'est une qualité que j'admire. » Elle qui n'aimait pas ce qui était salissant, trop coquette pour plonger ses frêles mains à même la boue pour vivre de son labeur. La livraison est un bon compromis, un travail difficile, mais qui ne demande pas de se transformer en souillon. Au contraire, la présentation étant une chose que sa grand-mère lui ordonne de mettre en valeur. Question de business.
La taverne, ou plutôt cet espèce de cloître malfamé, n'était plus qu'un vaste brouhaha de rires gras et de chansons joyeuses. Une ambiance que Rouge appréciait tout particulièrement. Parce que c'était une ambiance lumineuse dans la noirceur de la nuit. Comme une lanterne au fond d'un tunnel où l'obscurité mène son règne avec tyrannie. Rouge, qui avait bien entamé son verre offert par Hansel, le posa sèchement sur la table pour signaler qu'il était tant de discuter sérieusement. Quand le mousse vint lui parler, c'est généralement pour vider son sac. C'était ainsi depuis des années entre eux. Les rires, les blagues, les piques, mais les secrets et les choses douloureuses également. « Tu comptes aller retrouver ta sœur ? » Un regard pesant sur les épaules du matelot. Un regard qui signifie « arrête de déconner mon gars », le regard qu'aucun homme ne veut recevoir et surtout pas de la part d'une femme. On pouvait l'accepter d'un aîné, de quelqu'un d'expérimenté. Pas de la part d'une jolie blondasse aux airs hautains à peine plus vieille qu'une jeune fille. Mais Hansel devait faire avec, car personne ne lui faisait la morale comme Rouge s'obligeait à le faire. Ses ongles tapotent la table de bois dans un bruit aussi agaçant que le grincement d'un violon -non-accordé- que quelqu'un avait embarqué ici en pensant que c'était une bonne idée. Mauvaise idée, en réalité. « Il va falloir que tu ailles la voir. Elle a le droit d'avoir de tes nouvelles, sans doute même plus que moi. Tu ne peux pas te cacher pour toujours sur l’Écorchée en attendant que ça passe. Ça ne passera pas. Ce n'est pas une tempête, mais ça finira en véritable typhon. » Elle n'aimait pas le regarder durement, elle n'aimait pas ne pas lui sourire, elle n'aimait pas agir comme une femme hargneuse et blessante. Elle n'aimait pas ne pas être elle depuis tant d'années. Elle aimerait être elle, au moins avec Hansel. Au moins avec son meilleur ami. « Et tu sais très bien ce qu'un typhon provoque comme dégâts, je n'ai pas besoin de t'éclairer sur ça. » Une gorgée d'hydromel, la brûlure de l'alcool, les yeux qui s'échappent pour observer les matelots se fendre la poire pour un rien. Quel ignoble sentiment d'envie. Comme le sifflement d'un serpent qui reste tapi au fond de l'esprit, qui attend le moment pour planter les crocs et cracher son venin. Elle en deviendrait presque mauvaise. C'était pas bon ça. Devenir mauvaise.
Comme si la froideur des crocs du grand méchant loup se répandait. Comme s'il y avait une part de loup qui grandissait en elle, parasite sentimental. Quel triste péché.
« Tu ne peux pas fuir éternellement. » Elle le voyait déjà en train de faire la moue. De froncer les sourcils, soupirant. La trouvant lourde et bien trop sérieuse, mais s'avouant que c'était elle qui avait raison après-tout. C'était comme ça depuis toujours entre eux. L'impétueux et la statue. Celui qui fait les bêtises, celle qui le raisonne. Celui qui tombe, celle qui le console. Le petit chaperon rouge manque de candeur.
Et c'est une autre gorgée qui vint brûler ses pensées.
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rouge ☾ ceux qui n'ont besoin de personne ont besoin autour d'eux de gens au courant qu'ils sont de ceux qui n'ont besoin de personne  EmptyMer 29 Oct - 23:37




Rouge et Hansel


 
 
 

la solitude, c'est pas pareil qu'avoir personne autour de soi, rétorqua mémé


Elle n’avait pas changé. Toujours dans ses yeux se trouvait cet air supérieur, dans cette beauté factice elle semblait au premier abord se complaire sans penser une seule seconde à se réchauffer le cœur, et puis il y avait ces gestes-ci, ces regards qui la trahissaient. Le petit chaperon Rouge s’enfermait dans une prison de glace dont il avait jeté la clé. Hansel aurait aimé pouvoir la retrouver, en faire un double, pouvoir la sauver de cette glaçante réalité. Mais depuis qu’il la connaissait, malgré ses tentatives, il n’avait jamais vu personne, lui y compris, y arriver. Il n’avait eu donc comme dernier recourt que de s’armer de courage pour se jeter contre la surface gelée. La  carapace qui retenait ce petit être en son cœur, si fragile et dangereux qu’il s’était fait du mal à lui-même. Aujourd’hui, le matelot aurait pu se vanter d’avoir réussi à détruire cette enveloppe. Mais le froid réapparaissait toujours. L’hiver revenait. Comme seule et unique arme contre ce démon avide, Hansel n’avait plus que son propre retour. Cela suffisait à faire fondre le masque reconstruit lors du départ, parce que Rouge avait été seule, et qu’il lui fallait donc se protéger de la même manière. Pourtant, des particules restaient. Des cristaux bien visible aux yeux de son ami, mais qui se devaient de rester bien à leur place, puisqu’il le savait que s’ils se mettaient à devenir flocons, eux-aussi se décomposeraient au profit des larmes. Alors oui, peut-être pouvait-il supporter plus facilement ses railleries que ses pleurs. C’était ainsi qu’ils fonctionnaient, tous les deux. Depuis qu’ils s’étaient rencontrés. Ainsi, lors de ces retrouvailles improvisées, il la laissa s’exprimer d’une manière qui en aurait énervé plus d’un. Et même s’il ne croyait pas une seule seconde que ses paroles étaient portées contre lui, et visaient à le blesser, il se prit à songer à ce qu’elle lui envoyait gratuitement – ou presque. Il ne trouvait pas l’Ecorchée piteux, ni quoique ce soit dans le genre. Mais peut-être avait-il un faible pour ce qui avait vécu, et portait sur lui les marques périlleuses de ce passé qu’Hansel qui malgré toutes ses péripéties ne semblait pas avoir connu. Parce que sur le navire de Septmers, rien n’était comme ailleurs. Sur terre, il y avait les sorcières, les Rouge qui souriaient parfois mais pas trop, et une confiserie avec une sœur dedans, qui refusait catégoriquement de voir plus loin que ça. Qui n’acceptait même pas ce qui se passait sur les flots. L’aventure. Il se sentait comme un enfant a qui on aurait bandé les yeux durant des années, lui cachant une partie du monde invisible aux yeux de ceux qui ne prenaient pas la peine d’y penser. Un petit garçon qui avait eu le temps d’imaginer. De rêver. Puis qui finalement, un jour, aurait compris que le bandeau qui  le retenait au monde qu’il connaissait, il pouvait parfaitement le retirer, malgré les interdictions silencieuses des grands. Et s’il n’en avait peut-être pas tous les droits, tant pis. Il pouvait les prendre. Et prendre le risque. Et la mer. Pour découvrir cet univers qu’il avait colorié, bien à l’abri dans ses songes.
Il aimait l’Ecorchée. Et peut-être même être non-exploité par son capitaine, à mi-temps du moins. "Mais tu es travailleur, je sais que tu feras de ton mieux pour ne pas être un poids pour les autres. Tu restes quelqu'un qui n'a pas peur de se salir les mains, Hansel. C'est une qualité que j'admire." Il inclina légèrement la tête, ne sachant pas trop s’il devait répondre quelque chose à cette affirmation. Son amie avait cette dangereuse particularité de sabrer les gens pour ensuite les applaudir. C’était des choses auxquelles ont se faisait avec le temps. On s’habituait aux personnes qu’on aimait. Elles n’en demeuraient que plus étranges, et c’était là les petits plaisirs qu’on pouvait ressentir en se disant que malgré les années, les autres restaient mystères. De ces mystères épanouissants et entraînants. Ceux qui faisaient sourire, un peu du moins. Beaucoup quand on était Hansel. Et il était prêt à continuer de sourire, là, ici, toute la soirée, jusqu’à effleurer du bout des doigts la crampe. C’était d’ailleurs ce qu’il s’apprêtait à faire, adouci et pourtant éveillé par les paroles de Rouge. Il aurait sûrement dû repartir sur sa lancée. Renchérir. Lui parler de tout ce qu’il avait vu, et de tout ce qui lui restait à voir sur l’étendue bleutée. Et puis peut-être même lui présenter les membres de l’équipage, après avoir vidé sa choppe. Pendant qu’il en avait encore l’occasion. Le temps, surtout. Pourtant il ne fit rien de tout cela. Il se laissa simplement embourber par des soucis qu’il avait pris grand soin d’oublier un tant soit peu, et fut rapidement cloué au sol par une seule phrase, qui lui fit l’effet d’une enclume sur le cœur.
Toute la bonne volonté du monde pour continuer à sourire bêtement ne réussit pas à faire se redresser le croissant de lune qui ornait son visage de petit garçon qui s’était échappé, puis qu’on avait rattrapé. Il n’avait pas couru assez vite, le petit garçon.
Le petit garçon, son palpitant avait été trop lourd pour qu’il puisse décoller à temps.
"Tu comptes aller retrouver ta sœur ?"
Il aurait préféré une autre question. N’importe laquelle. De celles qu’on posaient aux savants, bien sûrement, et pour qui il aurait dû étudier durant de longues années avant d’en donner la réponse, se coupant du monde extérieur, reclus au dernier étage de la plus haute tour d’un château hanté par des esprits machiavéliques. Ca n’aurait pas pu être aussi pire que ça. C’était impossible. Impossible à égaler. Impossible d’y répondre.
Impossible de ne pas y perdre ne serait-ce que la vie.  
La musique et les rires se firent derechef plus lointains. Les mots de Rouge, qui continuait à fuser, aussi. Il n’écoutait plus. Il réfléchissait. Ses yeux se baissèrent d’eux-mêmes, sur sa choppe de bière étrangement vide. Est-ce qu’il comptait aller voir Gretel ? Le voulait-il seulement ? Retrouver sa sœur, c’était retrouver tout ce qu’il s’était décidé à quitter brusquement. Mais c’était aussi revoir de ses propres yeux son sang, son double, la deuxième partie de lui. C’était périr, mais peut-être revivre. Il y avait une petite chance. Au final, il l’ignorait. Il ignorait complètement comment leurs retrouvailles pourraient se dérouler, et s’il devait s’y risquer. Fuir, c’était la chute assurée. Mais dans son crâne, cette chute avait la petite particularité de faire beaucoup moins mal que le discours aiguisé que pouvait à ce moment même préparer Gretel. Ou pire, les larmes. Il s’en voudrait à jamais. Et il le savait, qu’il était déjà le responsable de beaucoup d’entres elles.
Il savait tout cela. Mais ce savoir ne l’aidait pas beaucoup.
Hansel se sentit soudainement comme le plus pitoyable des hommes – des petits garçons. Il soupira. Elle finissait sa morale. Il n’en avait pas écouté la moitié.  Mais seule la question importait. Pour lui, comme pour Rouge. "Je sais pas, Rouge" dit-il doucement, après coup, avec ce petit haussement d’épaules qui lui faisait clairement comprendre qu’ici, le mousse disait bien la vérité. Mais son amie méritait plus que ces trois mots murmurés du bout des lèvres dans une taverne miteuse. Et Gretel aussi. "Elle a sûrement beaucoup de choses à faire, et puis moi aussi d’ailleurs. Et…" Mensonges. Il aurait pu se tortiller dans son siège, gêné, le regard fuyant, les doigts serrés autour de son verre. A la place, il se mit à fixer un point invisible au fond de la salle, les mains jointes sur ses genoux douloureux. Il rattroupa le peu de mots qu’il connaissait du champ lexical de la honte. Parce que c’était l’occasion de les utiliser.  "Il me manque le courage. Regarde, j’ai même pas le cran de le dire de but en blanc. Elle- me manque, et ça me rend malade de l’avoir quitté ainsi. Mais j’ai fais ce que j’ai pu." Mettre les voiles. Arrêter d’étouffer. Fermer les yeux pour ne pas voir ce mal causé. Il grimaça un sourire confus, et se leva finalement de sa chaise de fortune. "Et ça je peux pas, Rouge. Pas tout de suite. Avec le temps, sûrement. Quand je trouverais le courage." Hansel et les au revoir fracassants. Hansel qui s’en va, comme à chaque fois. Mais qui reviendra. Pour recommencer. Parce que l’être humain se comportait ainsi. En parfait idiot. Imparfait. "Bon. Content de t’avoir revue, petite blonde. On se reverra bientôt, j'en suis sûr." Il hocha la tête, et se remit en marche, plus grave qu’à l’ordinaire. Autour de lui, les gens continuaient à chanter, boire, parler de tout, et surtout de rien. L’équipe l’apostropha, lui qui les avait oublié pour une jolie fille qui semblait décider à rester à la taverne jusqu’à leur prochaine rencontre. Hansel les rassura en disant qu’il retournait au port, prétextant une soudaine fatigue. Au moins pouvait-il encore tranquilliser des gens, au lieu de les pousser à s’en faire pour lui. Lorsqu’il ressorti de la Sirène Amputée, ses doutes se concrétisèrent : Il n’était en sécurité que sur l’Ecorchée.
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