Courir. Encore et toujours. A jamais. Comment en es-tu arrivée là ? Condamnée à fuir pour être ce que tu es. Tu ne comprends pas, trébuches. Ton frère te relève, et vous partez de plus belle. La forêt est votre seul refuge, vous pourrez vous y cacher sans problème, vous la connaissez par cœur. « Vite ! » Tu sens qu'il est terrorisé, tu sais que tu devrais le rassurer, c'est ton rôle, tu es l'aînée. Mais tu n'y arrives pas, tu n'en peux plus. Vide. Voilà comment tu te sens. L'odeur de la chaumière brûlée traîne encore dans tes narines, te donnant mal au cœur. Comment tu as pu les laisser ? Les abandonner ? Ça ne te ressemble pas de fuir. C'est Ulrich qui t'a forcée à le faire, mais comment lui en vouloir ? Ce n'est pas sa faute s'ils sont morts, si tout s'écroule sur vos têtes. Tu voudrais t'effondrer, pleurer et hurler. Il faut que ça sorte. Au lieu de ça, tu t'efforces de continuer à rester debout, pour ton frère, pour ton époux et ton fils, pour tout ceux qui sont morts, tu te devais de survivre. Des larmes de rage coulent sur tes joues, et tu prends les devants, menant la course et entraînant ton frère derrière toi. Des voix s'élèvent sur votre gauche, alors vous vous cachez derrière un tronc, de justesse. Les voix se rapprochent, vous vous enfoncez dans l'arbre mort et creux, espérant que ça suffise. Et sans crier gare, un arbre ensorcelé apparaît devant vous, finissant de vous camoufler. Tu pleurerais de reconnaissance si les voix n'étaient pas à quelques mètres de votre cachette. Les secondes défilent lentement, comme si le temps décidait de vous jouer un tour. Et finalement, le silence s'installe, paisible. Soupirs de soulagement. Vous vous pensez sauvés et hors de danger. Mais la voilà qui apparaît et qui vous découvre, faisant voler en éclats tout ce qui se trouve autour de vous, poussant son rire sinistre, vous jaugeant de ses yeux sévères. Sa baguette vous désigne, et le sort se jette sur vos têtes ...
Tu te relèves d'un seul coup, en sueur et le cœur qui bat à vive allure. Maudit cauchemar qui n'en finit pas de te hanter ! Tu reprends lentement tes esprits, te calmant en douceur. Tout va bien. Vous n'avez pas été attrapés, pas la peine de paniquer, vous êtes en sécurité. Assise sur ton lit, la tête dans les mains, tu émerges. Ce n'était qu'un cauchemar, pioché dans tes souvenirs en partie d'accord, mais un simple cauchemar. Cette saleté de fée ne vous a pas trouvés, vous avez pu vous enfuir. Tout va bien. Tu t'étires et observes machinalement les lieux. Retrouvant la mémoire de l'endroit où tu te trouves : votre maison, à ton frère et toi, dans la forêt. Tout va bien. Tu te lèves et t'habilles sans préambules, il doit être tard, faut pas que tu traînes au lit. Et Ulrich qui ne t'a pas réveillée, il va t'entendre celui-là, fois d'Olga ! Tu ouvres la porte de ta chambre et tombes sur ton cadet, planté devant le miroir magique à regarder sa série chevaleresque. « T'as pas jugé utile de me réveiller je suppose ? » Mais il ne t'écoute pas, trop absorbé par son émission. Tu dois rester zen. Rester. Zen. Oh et puis zut ! Pas besoin de te contrôler avec lui. Ça fait trente-trois ans que tu lui tapes dessus, il a l'habitude maintenant. Attrapant un livre sur "Comment être un citoyen modèle à Fort Fort Lointain", tu te diriges vers la seule famille qu'il te reste et ne te gènes pas pour le frapper sur la tête sans vergogne. « JE TE PARLE TÊTE DE TROLL ! » Le pauvre ogre courbe alors l'échine sous ton assaut, se protégeant comme il le peut avec ses mains, réclamant un cesser-le-feu. « EH OH ! ARRÊTE ! J'ai essayé tu crois bien ! Tu ronflais comme un ours ! Mais t'as rien voulu savoir ... Et si je t'avais réveillée de force tu m'aurais engueulé ! A croire que ça sert à rien, tu m'engueules quand même ... » Tu soupires. Tu lèves le bras pour le frapper une dernière fois, mais te retiens et jettes le livre sur le fauteuil à côté de ton frère. Il t'exaspère, te blase, te désespère, t'énerve, t'agace. Mais il reste ton frère, celui qui t'a relevée quand tu n'en n'avais plus la force, il y a déjà bien longtemps de cela. « T'es pas censé bosser ? » Le ton moralisateur et sceptique, tu sais que ton frère est un adepte de la procrastination. S'il pouvait ne rien faire de ses journées, il le ferait. Mais tu l'obliges à se bouger les fesses, il ne faut pas qu'il se fasse à cette vie, votre nouvelle condition. Il ne faut pas qu'il oublie qui il est. « Eh non ! C'est mon jour de congé aujourd'hui ! C'est la classe, je sais ... Aller ! Soit pas verte ! » Tu le frappes une nouvelle fois derrière la tête. « Verte de quoi au juste ? » Tu l'entends rire tandis que t'attrapes la sacoche dans laquelle se trouve les plantes que tu as ramassé la veille. L'abandonnant à son feuilleton, tu t'apprêtes à sortir quand tu te décides de lui faire remarquer. « Au fait, t'as une patte de sauterelle coincée entre les dents, juste là ... » Et tu mimes l'emplacement avant de sortir, hilare devant sa tête déconfite et sa précipitation pour éteindre le miroir magique et se regarder dedans. « MORTECOUILLE ! OLGA ! J'EN AI MARRE ! J'AI LOUPÉ LA FIN DE MON ÉPISODE ET EN PLUS J'AI PAS MANGÉ DE SAUTERELLES CE MATIN ! »

T'as jamais été tranquille en te baladant dans les rues de Fort Fort Lointain. Bon, déjà qu'en tant qu'Ogresse, t'y aurais jamais mis les pieds, là, même en passant inaperçu - ou presque - t'es quand même pas plus tranquille pour autant. T'avoues que ce Charnel est plutôt pratique de ce côté-là. Au moins, personne ne hurle au secours en te voyant avant de créer la panique totale sur ton chemin. Même si faire peur aux humains est un divertissement dont on ne se lasse jamais, c'est toujours agréable de ne pas être observée avec des yeux terrifiés et dégoûtés de tous les côtés. Pourtant, tu restes inquiète. Après tout, si t'es là c'est incognito. T'es censée être une humaine banale, et non une créature chassée et persécutée dans tout le pays. C'est pourquoi tu réajustes ton capuchon sur ta tête, baissant les yeux sur le sol sur le passage d'un duo de chevalier-flic qui fait sa ronde. Si on te découvre ici, toi et tes origines verdâtres, autant te rendre tout de suite à la prison d'Argent par tes propres moyens. Non, mais. Qu'est-ce que tu racontes là ? Faut pas penser à des trucs pareils. Tout va bien, y a pas de quoi se faire des cheveux blancs. Sauf peut-être cette patrouille de chevaliers qui vient droit sur toi ? Mais non, rien à cr- .... C'est quoi ce papillon qui se pose sur ton nez ? Non mais. Il se croit où lui là ? Et t'as beau le chasser, il revient à la charge ce troll ! « Tu vas faire ton greuh ailleurs oui ? Fiche-moi la paix, oust ! » Rien à faire, il persiste. Et toi, tu t'énerves. « DÉGAGE OU J'TE BOUFFE, TU PIGES ? » C'est là que tu remarques la patrouille qui te regarde, interloquée. Ok. Souris. Tout va bien. Un ptit salut et ... tu vires sur ta gauche : direction Ragtown, avec ses ruelles sombres et ses relents d’égouts. Tu t'y sens un peu plus à l'aise. Faut dire que tu fais moins tâche habillée comme t'es, avec tes fringues déchirées ça et là, et ta longue cape brun foncé, idéal pour se cacher dans les bois. Mais t'es plus dans la forêt là. Passant devant la taverne du coin d'où émane un mélange d'alcools douteux, tu tournes sur ta droite et ne tardes pas à tomber sur La Cuiller D'Absinthe. Tu pousses la porte et retires ton capuchon avant de t'épousseter un peu, le tintement de la clochette résonnant dans tes oreilles. Une feuille d'arbre glisse sur le sol sans que tu la remarques. L'apothicaire sort finalement pour se poster derrière le comptoir. « Aaah ! Ma chère Olga ! Qu'est-ce que tu m'amènes cette fois ? » Tu lui souris et sors ton sac pour en vider le contenu sur le présentoir. Tu viens souvent dans cette boutique ; tu fournis son propriétaire en plantes et en herbes que tu trouves dans la forêt. A force, tu sais même ce qu'il en fait ! Faut dire qu'il est bavard aussi. Il te nomme toutes les plantes que tu lui amènes avant de te réciter leurs effets et comment les utiliser. Certains sont gavés par son débit de parole, mais tu sais écouter, surtout quand tu sais que ça peut t'être utile. Il t'a déjà sauvé la vie une fois, indirectement, certes, mais il l'a quand même fait. « Je suis désolée, je n'ai pas encore réussi à retrouver de cette mousse bleue que je vous ai amené une fois. » Il secoue la main, comme pour effacer un tableau. « Pas grave ! Tout vient à point à qui sait attendre, ne t'en fais donc pas ! » Et philosophe en plus de ça, un vrai grand-père celui-là. Tu souris doucement, attendrie, en le voyant ranger les ingrédients, puis sortir quelques pièces d'or pour te payer ainsi qu'une petite bouteille de verre. « Tiens, voilà ce que je te dois, plus un extra parce que c'est toi. » Tu prends la fiole qu'il te tend, et te méfies malgré-toi. Tu as beau bien aimé cet homme, tu sais que la plupart de ses potions ont le désavantage d'avoir certains effets secondaires pour le moins désagréables. Tu hausses un sourcil, sceptique, avant de lever les yeux sur lui. « Ne me regarde pas comme ça ! C'est de la liqueur de myrtille faite maison ! Je croyais que t'adorais ça, non ? » Tu soupires de soulagement avant de rire. Il est impossible celui-là. Tu acceptes son paiement et ranges le tout dans ta sacoche. « C'est du Charnel 5 ? » Ton sourire se fige et tu le voit pointer du doigt ton pendentif. Mortecouille ! Tu pensais l'avoir caché dans tes vêtements . Ni une ni deux, tu ris nerveusement avant d'attraper le bijou et de le planquer sous ta chemise, agitant les mains avec un peu de panique. « Mais non voyons ! Z'êtes pas un troll quand même ! C'est juste une petite potion de rien du tout ! Vous me connaissez. » Mais il n'a pas l'air convaincu, t'observant de haut en bas de ses yeux perçants. Vite, vite ! Il faut que tu trouves quelque chose, sinon il va avoir des soupçons, et ce sera fini ! Qui dit qu'il ne te dénoncera pas ? Même si les bons comptes font les bons amis, tu ne penses quand même pas qu'il serait prêt à garder ton secret sans rien vouloir en échange, pas vrai ? Machinalement, tu regardes à droite et à gauche pour vérifier que personne ne vous écoute, et tu te penches vers lui. « Bon, vous savez garder un secret, n'est-ce pas ? » Il hoche la tête frénétiquement, soudainement captivé par tes paroles, et il se penche à son tour pour mieux écouter ce que tu t'apprêtes à lui avouer. « En fait, c'est du sang de dragon, un poison très nocif. Une seule goutte peut vous tuer un groupe de trolls en moins de dix secondes ! Je le garde toujours sur moi, on sait jamais ... Mais chuuut ! » Et tu le plantes là, sur sa fin. Ah ça, des questions il adorerait t'en poser, mais tu refermes déjà la porte sur toi, t'échappant d'une façon magistrale. Non, vraiment. Tu te félicites sur ce coup-là. Tu ne sais absolument pas d'où t'est venu tout ça, mais tu es très fière de toi ! Tu ne peux t'empêcher de jeter un regard en arrière, réajustant ton capuchon sur ta tête, avant de filer discrètement dans une ruelle sombre et disparaître dans un gaz moutarde redoutable. Oups, celui-là t'a échappé !
La Pomme Empoisonnée. Tu t'y arrêtes plus que de raison ces temps-ci, sans vraiment savoir pourquoi. C'est pas vraiment pour la compagnie qui laisse à désirer, ni pour te saouler, de toute façon tu tiens trop bien l'alcool pour y arriver avec de la simple bière. Non. C'est autre chose. Mais quoi ? L'espoir ? Est-ce que c'est vraiment ça qui te pousse ici ? Mais pourquoi cette taverne. Si tu veux vraiment changer les choses, pourquoi te ramener ici ? Peut-être parce que les "gentils" d'hier sont devenu les "méchants" d'aujourd'hui. Tu ne comptes plus les heures que tu passes assise à une table du fond, seule, ta pinte de bière à peine entamée, observant chaque homme se trouvant là, l'air de chercher quelque chose de très important sans réussir à mettre la main dessus. Non, tu ne sais pas pourquoi tu persistes à venir ici, tu le fais, c'est tout. Dans le fond, tu penses juste chercher des réponses à tes questions. Comment tu as pu en arriver-là ? Et qu'est-ce que tu peux faire pour changer ça ? Mais y a-t-il seulement quelqu'un capable de te répondre ? Tu en doutes. Beaucoup trop ont abandonné le combat, désespérés de voir un jour une autre fin que celle-ci pointer le bout de son nez. Qu'est-ce qu'on peut faire de toute façon ? Quelles possibilités vous avez pour remédier à tout ça ? Ceux qui en ont les réelles capacités se sont envolés, sans rien laisser, si ce n'est un vague souvenir d'espoir, un espoir pour tous, un espoir oublié. La pluie est passée et a fait s'estomper les rêves qui coloraient les esprits de chacun, ne laissant que des restes flous de dessins d'enfants. Des notes de musique parviennent jusqu'à tes oreilles et te tirent de tes pensées. Crochet est de bonne humeur on dirait, ça change de d'habitude. Tu portes ta choppe à tes lèvres et bois, une, deux, trois gorgées, avant de la reposer sur la table repeinte par les traces circulaires du passage de nombreuses autres pintes. Tu connais la plupart des habitués, de noms du moins, pas besoin de leur parler, certains sont précédés par leur réputation. Malgré tout, tu ne sais pas vers qui aller. Comment savoir ? Comment deviner ce qui se passe dans la tête des uns et des autres. Tu n'es pas télépathe, ni médium. Tu ne peux pas lire dans leurs pensées, pourtant tu aimerais bien, ça te faciliterait tellement les choses. Mais rien n'est jamais facile, c'est comme ça. Tu soupires. Cette fois sera comme les autres, pas la peine de persister. Tu finis ta bière cul sec et te lèves, laissant quelques pièces à Doris et la saluant au passage avant de sortir. Il fait encore jour, le soleil ne touche pas encore l'horizon, mais ça ne saurait tarder, il faut rentrer. Tu reprends le chemin de la maison tout en sifflotant un de ces airs qui vous trotte dans la tête sans que vous sachiez d'où ils viennent, un peu comme ces vieux chewing-gum que vous retrouvez sous les semelles de vos chaussures en fin de journée. 

La pénombre s'installe lentement, mais tu ne t'inquiètes pas vraiment. Tu connais cette forêt comme ta poche. La moindre pierre, le moindre arbre, même ceux qui sont ensorcelés n'ont plus de secrets pour toi ! Alors c'est pas parce qu'il fait un peu plus sombre que tu vas te- ... HEIN ? Sans que tu t'y attendes, tu perds le contrôle de ton pied qui s'envole dans les airs et t'entraîne avec lui dans sa course folle pour rejoindre la cime d'un arbre. Par la barbe de Merlin, c'est quoi ce bazar ? A peine as-tu le temps de réaliser que tu viens de tomber dans un piège que tu retombes vers le sol et te cognes douloureusement la tête sur le sol, ce qui finit de te mettre en pétard. A moitié par terre, la tête entre tes mains, tu sens le sang te monter à la tête et la moutarde au nez. « ULRICH FIERSBRAS VIENS ICI TOUT DE SUITE !!! » Tu n'es pas loin de la maison, tu le sais, il ne pose jamais ses pièges très loin de là où vous habitez. Parce que oui, ce Troll paranoïaque a la sale manie de mettre des pièges partout autour de chez vous, sans te prévenir qui plus est. Alors forcément, tu te fais toujours avoir. Parce que s'il a bien un don cet énergumène, c'est les pièges dans ce genre-là. C'est alors qu'apparaît une vieille connaissance. Monsieur Papillon alias l'Emmerdeur volant. Cacatum Merdum, pas lui. Et pourtant si, lui. Comme s'il voulait profiter de la situation, le voilà qui te tourne autour de la tête, te narguant comme jamais un papillon pourra le faire d'un ogre. « Oh toi, j'te jure que si je t'attrape, je te gobe comme une limace ! Aller !!! DÉGAGE DE LAAAA ! JE VAIS TE BOUFFER JE TE LE JURE ! ULRICH VIENS ICIIIIII !!! » La rage monte. Ton coup à la tête t'étourdie encore, mais tu parviens à percevoir les pas de ton frère qui se décide enfin à venir de sortir de là. Pas trop tôt. « Ouais, ouais, qu'est-ce qu t- ... OH NOM D'UN TROLL ! HAHAHAAA ! » Complètement hilare, ton frère ne bouge pas d'un pouce pour t'aider. Reprenant doucement tes esprits, tu ne te calmes pas pour autant, loin de là. Tout ce dont tu as envie, c'est de descendre de ce piège et lui coller ton pieds au cul. Essayant de te mettre aussi droite que tu le peux en poussant avec tes bras sur le sol, tu essaies tant bien que mal de paraître menaçante, mais faut avouer que ta position ne s'y prête pas le moins du monde. Ton frère s'accroupit près de toi, mais pas assez pour que tu puisses le chopper, affichant son air fier à lui claquer le beignet. « T'es verte là hein ? Pas vrai Olga ? J'te comprends tu sais ? C'est pas glorieux de se retrouver dans cette position, surtout pour une digne ogresse comme toi, ma pauvre Olga. Tu dois être veeeerte ! » Il est en position de force, et il le sait le bougre. Tu imagines déjà comment tu vas le tuer. Mais tu tentes quand même de feindre un sourire, ce qui est peine perdue bien sûr, ta colère se lit sur ton visage. « Ulrich, mon cher frère adoré, voudrais-tu bien me faire descendre de là ? Avant que je ne décide de t'étrangler dans ton sommeil. » Le voilà qui se gratte le menton, semblant réfléchir à ta demande. Mais son sourire narquois revient sur ses lèvres, tout aussi agaçant que Monsieur Papillon, il te donne encore envie de le frapper. « Mmmh, c'est une proposition alléchante mais ... Réfléchis, si je te laisse accrochée là, tu ne pourras pas venir m'étrangler dans mon sommeil, pas vrai ? » Tu fermes les yeux, te forçant à respirer doucement, tentant avec beaucoup de force de te contenir. C'est ton frère, la seule famille qu'il te reste, tu ne peux pas le tuer, n'est-ce pas ? Tu seras toute seule s'il n'est plus là, et tu l'aimes, dans le fond, très, très, très au fond, tu le sais. Non, tu ne peux pas le tuer, c'est ton frère. Ton. Insupportable. Et. Impossible. Frère. Non. Un sourire apparaît sur ton visage, et finalement ... tu t'énerves et tentes de l'attraper pour le mettre à terre. Oui. C'est ton seul et unique frère, mais en cet instant, tu t'en fiches comme de ta première pêche. Malheureusement pour toi, et heureusement pour lui, tu ne parviens pas à le retenir. « Olaaaa ! Du calme voyons ! Je veux juste entendre un mot, un tout petit mot. Et tu sais lequel c'est ... » Il n'abandonnera donc jamais ? Bah ... C'est un Fiersbras après tout, une tête de mule comme on n'en fait plus. Mais tu refuses de capituler aussi facilement. Et Ulrich perd doucement patience. « Bon, si tu t'entêtes, tant pis .... Bonne nuit Olga ! Je te laisse avec ce charmant papillon qui semble grandement t'apprécier. » Zen. Zen. Respire. Ne t'emporte pas. Tu dois rester calme. Tu es l'aînée, tu te dois d'être un exemple à suivre, pas vrai ? Mais tu ne l'as jamais été, du moins, pas tout le temps. Tu l'observes qui s'éloigne lentement, pas après pas. Tu le sens jubiler secrètement, ce Troll des montagnes. Tes doigts s'agitent d'eux-même, pris d'une irrésistible envie de torde un cou ou deux, mais tu craques ... « Ok, OK ! Je suis verte, t'es content ? Verte !!! VERTE ! VERTE ! »