Clémence & Nina

On ne fourre pas son vilain nez dans mes géraniums !

Le soleil se couche encore une fois sur la jolie chaumière des Fiersbras, et moi, Nina Têtedure, je n'ai encore rien fait de constructif de ma journée. En même temps, à part cueillir des baies et ramasser des limaces pour le souper, je n'ai pas grand chose d'autre à faire. Même si ma journée a été en quelques sortes perdue, je suis néanmoins contente du fait que je ne me sois pas encore perdue littéralement dans la forêt ! Voilà quelques mois que je suis à Fort Fort Lointain et je commence enfin à me souvenir des chemins à prendre pour rentrer ou pour aller dans mes clairières préférées et les plus fournies. Je n'ai pas rencontré de loup non plus cette fois, même si je dois avouer que la perspective de croiser Wolfran une nouvelle fois ne m'aurait pas déplu du tout. Un peu de compagnie... Voilà ce qu'il me manque ! Je devrai peut-être adopter un rat ou un lapin, qui sait ? Hm, mauvaise idée, Ulrich le prendrait pour son souper.

Avec Ulrich constamment absent de la maison pour je ne sais quelle raison et Olga disparue, je crois que la seule façon de ne pas devenir dingue de solitude serait encore de m'inventer un ami imaginaire. Une petite fée qui s'assiérait sur mon épaule et qui m'emmènerait vers d'autres aventures... Bon, pour le moment, la prochaine aventure qui m'attend est de cuisiner pour Môssieur Fiersbras. Finalement, c'est la seule chose que je sache faire, alors autant me mettre au travail !
Je passe la porte de la chaumière, pose ma récolte sur la table de la cuisine et ouvre tous les placards. Il faut vraiment que je passe en ville faire quelques courses... Plus qu'un bocal de guimauves ? Ulrich va me tuer. Après avoir inspecter chaque tiroir et chaque meuble, je crois bien que ce sera soupe de limaces et rat de motte au four pour ce soir. Et les guimauves au dessert. "Espérons qu'Ulrich n'a pas trop faim... Qu'est-ce que je raconte ? C'est un ogre bon sang. Bon, au travail !"

J'attache mon petit tablier autour de ma taille et je commence à peler les limaces pour la soupe et à bouillir l'eau. Je préchauffe également le four pour le rat de motte. J'aime tellement cuisiner que je pourrais faire ça toute la journée ! Je devrais peut-être me reconvertir, qui sait ? De toute manière, il n'est pas vraiment le bon moment pour penser à ma carrière d'actrice, alors je suis bien obligée de la mettre entre parenthèses et de me trouver un autre travail... Non pas que nous ayons besoin d'argent, nous les ogres nous contentons de très peu, mais il faut vite que je me trouve une activité saine avant de devenir dingue. Et il est hors de question de passer mes journées devant le miroir à regarder des émissions débiles ! Sauf Amour, Gloire et Royauté. Mais ça c'est une question de bon sens.

Un cliquetis soudain me réveille de mon débat intérieur. Je regarde autour de moi dans la maison, n'osant même plus respirer. C'est vrai qu'une maison, comme ça, toute seule, sans personne avec moi... c'est un peu effrayant. Mais je sais très bien que la seule présence qu'il puisse y avoir à mon côté est celle d'un ou deux rat que je n'ai pas encore attrapé. Donc je soupire doucement, et me remet au travail. Un deuxième cliquetis, tout près de moi. Je baisse les yeux, et me rend compte que mon charnel s'est décoincé de sous mes vêtements pour taper devant le bocal d'yeux de grenouilles juste devant moi. Je l'attrape machinalement pour le recoincer dans mon décolleté, mais je m'arrête soudain. Un coup d'oeil à droite. Rien. Un coup d'oeil à gauche. Non plus. Je pourrais l'enlever, retrouver ma forme originelle, redevenir moi-même... Ne plus me cacher sous des atours humains, ne plus faire attention ni à ma force, ni à ce que je dois dire... Être moi ?
Si Ulrich l'apprenait, il me tuerait. La gorge un peu nouée, je replonge doucement dans mon décolleté pour bien coincer mon charnel carrément dans mes sous-vêtements. Si quelqu'un me voyait, je ne peux pas me permettre de mettre Ulrich en danger, lui aussi. Déjà pour Olga, nous ne savons pas si elle est simplement partie, si elle est prisonnière quelque part, si quelqu'un a découvert qu'elle était une ogresse, ou si....
Je secoue la tête frénétiquement pour chasser ces affreuses idées, quand un petit éclair de lumière rose attire mon attention près de la fenêtre. Un éclair bleu, un vert, de grands yeux et des ailes qui s'échappent à vie allure. Est-ce que je viens de voir... un esprit de la forêt ?

Je fais ni une ni deux, je pose mon couteau, décroche mon tablier et me rue vers le jardin sans même prendre le temps de fermer la porte de la maison derrière moi. Je le vois, il s'enfuit dans la forêt ! Je suis deux ailes de couleurs rosées qui s'enfonce plus loin entre les arbres. Il faut que je l'attrape ! "Hého ! Attend ! Reviens !" Peut-être qu'il exaucera un de mes vœux ? Oh, je l'espère tellement !

Je me casse le figure encore deux-trois fois et je me rend compte que l'esprit n'est pas bien plus habile que moi, puisqu'elle vient de se manger l'arbre en beauté. Mais même si son aile est tordue, il est hors de question que je le laisse s'enfuir à nouveau ! Je sprint en trébuchant sur les derniers deux cent mètres qui me séparent de l'esprit et enfin arrivée à sa hauteur... Je la plaque bruyamment sur le sol. Je sais, je suis une ogresse qui ne contrôle pas sa force, mais dans mon corps d'humaine, un nain pourrait me soulever à une main tellement je suis légère ! "HAHA ! Je t'ai attrapé ! Tu me dois un souhait maintenant petit lutin !"

   

Clémence & Nina

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C'est drôle, dans les contes que je lisais quand j'étais petite, les lutins des forêts étaient bien plus petits et difficiles à attraper que cette demoiselle ! Elle a l'air particulièrement paniquée d'ailleurs après que je l'ai plaquée au sol. Mais ce n'est pas de ma faute, je lui ai demandé de s'arrêter hein !  Et puis franchement, si aujourd'hui c'est pas mon jour de chance moi je ne sais pas ! Je le veux ce souhait, et s'il faut que je l'écrase de tout mon poids d'ogresse je le ferais !
Mais la pauvre, elle a vraiment l'air de suffoquer... « Sache, ma chère que je ne suis pas un lutin, mais une fée... ! Et puis... tu écrabouilles mes ailes, comme ça ! »

Ah, tout s'explique quant à sa tête d'ahurie ! Je me relève rapidement - sans trébucher cette fois - et je la laisse se relever à son tour. "Une fée ? Mais non, tu es un esprit de la forêt voyons ! Tu n'arriveras pas à me faire gober ça, je veux mon souhait et je l'aurais ! C'est la règle, tu n'as pas le droit d'y déroger." Je ne sais absolument ce qu'est une vraie fée, je n'ai jamais vu Marraine en vrai, même s'il paraît que c'en est une vraie. Mais elle, elle commande aux fleurs et elle vole, alors c'est peut-être une fée, mais c'est une fée de la forêt, donc j'ai le droit à mon souhait, CQFD.

"Pardon pour tes ailes, je les ai complètement oubliées quand je t'ai attrapée... Est-ce que je peux faire quelque chose ?"
Doucement, je m'approche de ces deux morceaux transparents aux allures colorées, et de mes deux mains, très délicatement, je les lisse pour les remettre droites, en prenant bien garde à ne pas y aller trop fort pour ne pas les arracher. Nom d'un rat de motte, est-ce qu'une fée meure quand on lui arrache les ailes ? Je préfère ne pas y penser, je ne voudrais voir ça sous aucun prétexte ! "Voilà c'est fait... Elles sont parfaites maintenant ! Qu'elles sont jolies.. Ce doit être merveilleux de pouvoir voler quand bon te semble !... D'ailleurs, est-ce que j'ai le droit à un second souhait pour t'avoir aidée ?" Bah oui, si déjà je me montre gentille, autant savoir si j'ai le droit à une récompense ! Mais bon, elle n'a pas vraiment l'air convaincue.
"Ohlala, si tu savais depuis combien de temps j'attend d'attraper un lutin de la forêt ! Depuis que je suis toute petite je partais à la chasse aux esprits de la forêt, mais je n'en ai jamais attrapé... Tu es la première ! Au fait, je m'appelle Nina." Je ne suis pas un monstre non plus, il faut bien se présenter chez les gens civilisés.

   

Clémence & Nina

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Je savais bien que je n'étais pas aussi maladroite que ça pour rien ! Je me disais aussi que je ne méritais pas tous les hématomes que je me faisais en me cassant la figure on en me bagarrant avec Ulrich. Parce que oui, on joue, mais il est fort quand même cet abruti... Et pourtant, je ne peux pas m'empêcher de le taquiner alors que je sais très bien qu'il va me faire des bleus. Bon, à ma décharge, en général c'est lui qui commence avec ses remarques désobligeante comme "C'est quand qu'on mange ?" ou alors "Franchement, vivement qu'Olga revienne, ta cuisine est affreuse !". Raaaah quand j'y repense, je pourrais l'étriper ! Mais en face à face je n'aurai aucune chance. Du coup, je l'étrangle dans mes pensées, et c'est assez satisfaisant je dois dire. Je suis une pauvre ogresse sans défenses, alors j'essaye de me contenter de ce que j'ai, et ce que j'ai dans ces cas-là c'est mon imagination !

"Moi c'est Clémence." Quoi ? Ah, oui, le lutin ! Enfin lutin, elle ressemble davantage à une fée à y bien regarder. C'est drôle, j'avais l'impression qu'elle était plus petite tout à l'heure, de la taille d'une luciole ou d'un papillon... Je dois être bien plus fatiguée que ce que je pensais. D'un coup elle sort sa baguette magique de... nulle part en fait. Zut, je pensais avoir attrapé un lutin, mais j'ai bien l'impression que je me suis encore fait avoir. Si je lui dis que je me suis trompée, est-ce qu'elle m'accorderait quand même mon souhait ? Et si je ne dis rien mais qu'elle découvre que je le lui ai caché, est-ce qu'elle me transformera en crapaud ou en quelque chose comme ça ? Bon, c'est décidé, demain je vais à la bibliothèque et je me documente sur les fées !
« Alors, quel genre de souhait veux-tu me faire ? Je dois t’avertir, même si ça fait des années, je suis tout de même pas au top de ma magie... Par contre, si tu me laisses avoir un abonnement à ton jardin sans me pourchasser et que tu gardes mon secret, je peux toujours m’arranger. » Euh... si elle est pas au top de sa magie, je ne vais peut-être pas lui demander quelque chose de trop farfelu, parce que sinon... Et si je transformais par mégarde toute la capitale en brin d'herbe ? Nom d'un rat de motte ! Bon, au moins ça nous débarrasserai de ces problèmes de régents, mais comment je ferai pour reconnaître Olga et Ulrich dans le tas d'herbes ? Ah bah je suis bête, je n'aurai qu'à récupérer les plus verts. Et les plus odorants.
"Un abonnement à mon jardin ? Ça devrait pouvoir se faire... En tout cas ça m'arrangerait ! Je ne suis pas sûre d'avoir la main très...verte." Je me retourne subitement pour faire dos à Clémence et utilise tout mon self control - et croyez-moi, il doit être puissant pour vivre avec Ulrich ! - pour contrôler le grand éclat de rire qui tente de s'emparer de moi. La main verte, pour une ogresse ! Je sais que je peux faire des jeux de mots débiles parfois, mais celui-là, il aurait même déridé Olga !

"Ahem, excuse-moi Clémence, tu disais ? Ah oui ! Le souhait !" Mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui demander moi ? C'est vrai que j'aurai quelques petites choses à souhaiter... D'abord, peut-être faire repousser la mèche de cheveux qui a été brûlée par un drânon lors de mon baby-sitting un peu catastrophique... Un cerveau pour Ulrich aussi, tant qu'à faire, autant souhaiter des choses utiles hein ! Savoir comment vont mes parents, ça fait des lustres que je n'ai plus de nouvelles d'eux.. Et je n'en aurai certainement plus jamais. Ils sont toujours à Yasen et ne trouveront certainement jamais un charnel pour venir s'installer avec moi à Fort Fort Lointain. Je leur ai peut-être fait mes derniers au revoir quand j'ai quitté Yasen... D'un seul coup, je secoue ma tête d'avant en arrière. Ce n'est pas le moment de penser à ça. Ils ont fait de leur mieux pour que je retrouve Ulrich, et je n'ai jamais été plus heureuse de toute ma vie ! Ils trouveront un moyen de s'en sortir. A Yasen on ne chasse pas les ogres. Ils seront heureux. C'est certain. Et puis, je ne suis pas obligée de faire un souhait pour moi, après tout...

"Bon, j'ai bien une petite idée, Clémence... Mais il n'y a pas des conditions que tu dois énoncer avant ? Du genre, je ne peux pas faire tomber les gens amoureux, je ne peux pas faire revenir les morts, ce genre de trucs ? Et pas au top niveau magie, ça veut dire quoi exactement ?" Ohlala, j'espère vraiment que ça va fonctionner... Il FAUT que ça fonctionne. Je n'ai pas le choix. C'est la dernière solution que j'ai pour qu'Ulrich soit vraiment heureux
"Ah, et au fait, c'est d'accord pour le jardin ! Un peu de compagnie me fera du bien !"

   

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Bon, pour le moment, le lutin a l'air relativement disposé à m'aider pour mon souhait ! Le problème était le suivant : j'avais une petite idée de ce que j'allais lui demander, mais je n'avais aucune idée de comment le formuler sans donner trop de détails qui pourraient s'avérer dangereux et pour moi, et pour Ulrich. De plus, je me méfiais un peu de la magie tout de même, étant donné qu'il y avait toujours un prix à payer... Enfin, d'après ce que j'avais entendu. Wolfran m'avait mis en garde sur un certain nombre de choses, et même si je suis un peu tête en l'air, j'espère me souvenir de toutes ses recommandations avant de faire une bêtise irréparable. Alors autant être franche avec Clémence tout de suite, qu'elle me dise si ce que j'allais souhaiter était faisable. Si ce n'était pas le cas, je pourrais toujours souhaiter une fontaine à guimauves et chocolat, au moins ça profitera autant à Ulrich qu'à moi-même, et il ne rechignera pas si je le noie dedans quand il me tape trop sur le système.

"Alors voilà, je vais t'expliquer, et il faudra que tu me dises si c'est faisable ou non.. Sinon je devrais changer de souhait !" Je m'approche un peu plus d'elle et met ma main devant ma bouche pour qu'elle soit la seule à m'entendre. "Parce que je n'ai pas vraiment envie d'être changée en chaussette, en crapaud ou en brin d'herbe, on ne sait jamais..." Pour lui certifier que je plaisante - enfin, en partie - je lui adresse un énorme sourire et un clin d'oeil. Plus sérieusement, je me permet de m'asseoir en tailleur sur le tapis verdoyant qui s'étale sous nos pieds. Bah oui, autant être à l'aise pour discuter ! Je l'invite à m'imiter, et une fois bien installées, je décide de lui expliquer la situation.
"Voilà. J'aimerai faire un souhait pour rendre Ulrich heureux. Je sais que ce n'est pas possible d'un coup de baguette magique, mais je crois connaître le moyen pour qu'il soit vraiment heureux, et cela je ne peux pas y arriver toute seule. Cela fait quelques mois que sa soeur, Olga, a disparu. J'ai eu beau demander à toutes les personnes que je connaissais et arpenter la forêt en me perdant vingt fois par jours, je n'ai pas réussi à avoir une seule misérable piste pour savoir où elle se cache."

Un peu gênée de me mettre à nue comme ça devant une parfaite inconnue, mon nez se baisse d'un seul coup sur mes doigts que je triture machinalement, plus stressée que jamais. "J'aimerai vraiment qu'il sourit à nouveau... Je fais ce que je peux pour lui faire plaisir, mais il est vraiment inquiet pour sa soeur, et j'aimerai la faire revenir à la maison, pour que nous soyons une famille. Je t'avoue que je ne connais pas grand chose à la magie, mais il n'y aurait pas un espèce de sort de localisation, ou quelque chose qui pourrait me dire où elle se trouve ? Je... Je sais que c'est étrange d'attraper un lutin pour faire ce genre de souhaits, mais c'est le dernier espoir que j'ai encore..." Une boule s'est doucement formée dans ma gorge. Je venais d'étaler devant Clémence tous les soucis que j'enterrais bien profondément dans mon tempérament joyeux, pour qu'Ulrich ne s'en rende pas compte. Je prenais petit à petit conscience de mes paroles. Si Clémence ne pouvait pas m'aider, personne ne pourrait plus rien pour m'aider à trouver Olga.

 

Clémence & Nina

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Il était assez étrange pour moi de me livrer à ce genre de simagrées. Je savais que certaines personnes avaient un tempérament du genre ronchon, jamais content, toujours triste, mais heureusement pour moi ce n’était pas mon cas. Je sais aussi que mon tempérament joyeux en agace plus d’un, Ulrich en premier quand il est énervé contre le monde entier, mais je n’y pouvais franchement rien. Et maintenant que Olga avait disparu et que Ulrich était d’une humeur massacrante toute la journée, je venais de me rendre compte que je n’aimais absolument pas du tout la mélancolie. Mais je n’avais pas réellement d’autre choix que d’être morose, si je ne voulais pas qu’Ulrich me retourne toute la maison. Et je devais bien l’admettre, le voir comme ça me faisait plus mal au cœur que je ne l’aurai voulu. Mais devant moi j’avais ce lutin, cette fée, cet elfe, qui m’étais apparue comme un signe de la nature. Je ne croyais pas plus que cela au destin, mais sur ce coup là, ce concours de circonstances qui avaient amené Clémence jusqu’à ma porte, c’était une pure chance céleste. Bon, elle n’avait pas l’air très sûre d’elle, mais visiblement elle avait quand même quelque chose dans son sac à malices pour me donner sinon un coup de main, au moins l’espoir dont j’avais besoin pour retrouver le sourire et, je l’espérai plus que tout, le redonner à mon Ulrich.

Le fait que Clémence reconnaisse que je serai prête à tout pour lui réveilla une étrange chaleur au creux de mon estomac. Au fur et à mesure que je me démenais pour avoir son aide, je me rendais compte moi aussi de tout ce que je pouvais faire pour lui, de tout ce que j’étais prête à donner pour ne plus jamais le voir bougon. Et j’étais plus reconnaissante que jamais de voir que Clémence était prête à m’aider avec tout ce dont elle pouvait faire.
«  Je ne peux peut-être pas la faire revenir, mais j’ai peut-être quelque chose qui pourrait vous aider... »  Mon cœur commença à battre si vite que je ne l’entendais plus . Oui bien retenait-il son souffle comme moi pour que je ne l’entende plus ? La fée fouillait dans sa petite sacoche, pour en retirer une petite fiole pleine d’un liquide qui suintait la magie. Je suis sûre que si j’avais pu me voir à ce moment-là , je me moquerai de moi-même. J’écarquillais mes yeux globuleux et un sourire niais prenait forme sur ma bouche. Clémence me tendit le petit flacon, avec un sourire bienveillant.
« Je t’explique : tu n’as qu’à placer le liquide sur un objet qui appartient à la personne en question. Pas nécessaire de vider la bouteille, tu peux l’utiliser au compte-gouttes. L’objet devrait alors se rendre jusqu’à son propriétaire. » Je n’attendais pas la fin de sa phrase que je me lançais déjà au coup de ma nouvelle amie du jour. Je faisais du moins que je pouvais pour ne pas la broyer sous ma force d’ogresse, mais la serrait assez fort pour, je l’espérai, lui montrer toute la reconnaissance que j’étais incapable de formuler avec des mots.
« Clémence, tu n’as aucune idée de ce que tu viens de faire. Je te dois beaucoup, énormément, et je ne sais pas comment te remercier ! Tu, tu… Tu peux venir tous les jours dans mon jardin si ça te chante, tu peux y faire tout ce que tu veux ! Et rends-moi visite souvent surtout ! » Je relâchais mon étreinte et reportais mes yeux de poisson rouge sur la fiole au liquide magnifique.  Mon imagination faisait défiler dans ma tête le film de nos retrouvailles, de notre famille au complet, des sourires, des chamailleries, des disputes sans conséquences que j’espérais tant retrouver dans la chaumière. Je serrai avec précautions la précieuse fiole contre mon cœur, en faisant attention à ne pas la briser. Je regardais une nouvelle fois Clémence avec le plus grand sourire que j’avais adressé à quelqu’un. « Je te dois beaucoup, Clémence. Tu viens de sauver ma famille. Merci infiniment, et si jamais je peux faire quoi que ce soit pour toi, n’hésite pas ! Je crois que je te dois bien plus qu’un service… »
Avec cette promesse de lendemain que j’espérai qu’elle me ferait, je m’éloignais de la jeune fée pour regagner ma chaumière (sans  me perdre, je l’espérai…). Je l’aurai serrée contre moi toute la journée si j’avais pu ! Mais j’avais désormais quelque chose à faire… Il n’y avait plus qu’à espérer qu’Olga ai laissé quelque chose à la maison !