Nerissa & Wolfran

une petite citation trop mimi qui roxe

La vie, il devait bien le dire, était tranquille pour Wolfran à Fort Fort Lointain. Il avait une clientèle régulière, des amis qui prenaient doucement place dans sa vie...une vie tranquille. Pourtant quelque chose lui manquait. Ceux avec qui il avait partagé sa plus grande aventure. Le seigneur et la sirène dorée. Nerissa. Ils avaient tant partagé tous les trois en ces quelques temps de voyage ensembles...même si cela lui rappelait qu'il avait perdu son grimoire et pourquoi, il ne pourrait jamais classer ces souvenirs comme malheureux ou maudits. Oui, il avait perdu ce qui faisait de lui un sorcier blanc complet, mais il y avait gagné deux amis irremplaçables à son coeur.

Quel n'avait pas été son choc et sa tristesse d'apprendre que le Seigneur avait péri depuis le temps. Il aurait dû rester plus en contact avec eux, être sûr qu'ils allaient bien et alors peut-être aurait-il été capable d'aider son ami quand il en avait besoin. Dès qu'il a appris la nouvelle, il avait fait chemin vers le château où lui et Nerissa résidaient, afin d'apporter soutien à cette dernière. Mais quand il était arrivé, elle avait déjà quitté la terre des hommes pour prendre le large, ne lui permettant pas de la retrouver et la revoir. Si le Seigneur avait été son ami, la sirène avait toujours eu une importance particulière pour lui. Peut-être était-ce la magie que la jeune femme portait en elle, en tout cas le jeune Wolfran n'avait pas vu venir les jeunes sentiments qu'il avait développés pour elle. Puis elle se maria et il s'était dit que c'était bien mieux ainsi.

Depuis, sans les oublier eux, il pensait avoir oublié les sentiments qui étaient nés. Pourtant, son coeur s'en souvint parfaitement quand il la vit, en passant devant Leroyal totalement par hasard. Sur le moment il a bien failli entrer et la saluer. Puis il s'est souvenu; elle ne l'a jamais vu sous forme humaine. Elle ne sait même pas qu'il était un homme avant d'être un loup. Même avec la loi sur le Charnel, il ne pensait pas qu'elle le croirait simplement sur ses bonnes paroles...alors il fit la seule chose qui lui vint à l'esprit: aller attendre la jeune femme sous sa fenêtre la nuit tombée, sous sa forme de loup et renouer contact avec elle. C'est ainsi qu'il se retrouva dans cette situation fâcheuse: un voisin qui le prenait pour un chien errant tentait de le chasser, mais il refusait, sans rien dire, préférant ne pas trahir ce qu'il était et risquer de se faire dénoncer pour quelque chose qui n'est pas. Il faisait en sorte de rester dans l'ombre. Ainsi on croirait à un simple chien alors qu'un loup provoquerait la panique dans le voisinage.

La lumière de la lanterne supplémentaire l'aveugla et les cris apeurés lui donnèrent l'assurance que ce qu'il craignait était arrivé; on avait reconnu qu'il n'était pas un simple chien. La panique commençait à monter dans la rue et il allait fuir à toutes pattes quand il entendit une voix bien connu l'appeler. Il tendit l'oreille et se tourna, voyant Nerissa. La voyant lui faire d'entrer, il courut jusqu'à elle pour se retrouver dans la sécurité de son foyer. La question tira une lueur heureuse à ses yeux et il répondit, avec cette voix qu'il n'avait plus l'habitude d'utiliser  en loup.

"Oui Nerissa, c'est bien moi." La suite en revanche, lui fit baisser les yeux et les oreilles. Il avait pensé qu'elle aurait été heureuse de le revoir. Elle semblait...mécontente "Pardon si je te dérange à une heure si tardive...j'ai entendu ce qui est arrivé à ton époux et..." il laissa échapper un son canin de douleur "Je voulais te dire mes condoléances...je sais que je suis en retard mais le temps que j'arrive au château en apprenant la nouvelle, tu étais déjà repartie dans l'océan. Je t'ai cherché, mais n'ai pu te trouver...jusqu'à aujourd'hui. Excuses moi d'arriver sans m'annoncer au préalable."

C’est à ce moment qu’il réalisa que son idée n’était probablement pas la meilleure.

Nerissa & Wolfran

une petite citation trop mimi qui roxe

Le fait que Nerissa lui dise ne pas avoir voulu paraître désagréable le rassura. Au moins, elle ne gardait pas de rancune quant à son absence de sa vie aux moments où, peut-être, elle aurait aimé avoir un ami avec elle pour l’aider, ne serait-ce que la soutenir moralement…Ca n’empêchait pas Wolfran de se sentir coupable de sa propre absence auprès d’elle. Pourquoi les avait-il laissés ? Abandonné serait presque plus juste. Lui qui, pourtant, avait toujours eu quelques sentiments pour elle ? Parce qu’il avait été idiot et infantile. Il avait vu son bonheur et il en était lui-même heureux, mais une petite voix insidieuse dans sa tête n’avait jamais cessé de lui souffler qu’elle était heureuse qu’il soit là ou non. Alors il s’était épargné la douleur de voir un bonheur qu’il avait aidé à construire à ses dépens et avait fui, comme un lâche, bien loin de ce que représentait l’animal qu’il endossait quand bon lui semblait.

Son inquiétude lui réchauffa le cœur tout en lui glaçant le sang en pensant qu’il lui mentait, encore et toujours. Il n’était pas le puissant mage qu’il leur avait fait croire qu’il était. Il n’était pas un simple loup, une bête parlante. Il ne l’a jamais oublié…Malgré qu’il ait voulu, parfois. Il fut à deux doigts de se retransformer en humain pour l’aider à se redresser et à ne pas se cogner contre les meubles, encore mal à l’aise sur ces jambes qui ne lui étaient pas familières. Pourtant il se retint, bien qu’il fasse quelques pas en avant pour l’aider comme il le pouvait sous cette forme. Il finit par poser sa tête sur les genoux de la dame, hésitant un instant malgré tout, attendant qu’elle le repousse si elle ne le souhaitait pas. Un geste qu’il espérait de réconfort pour elle, une preuve que, maintenant, il ne la laisserait plus seule si elle avait besoin de lui. Il comprit qu’il ne pourrait plus revenir en arrière maintenant ; les paroles qu’elle avait prononcées lui firent bien comprendre cela : elle n’aimait pas cette vie mais n’avait pas de moyens de la quitter avec la Reine Fée au pouvoir…

"C’est se lever du pied gauche. Au moins, tu te fais aux expressions courantes, c’est déjà une bonne chose. Et encore désolé de te déranger à une heure si tardive." Il soupira "Ne t’en fais pas, tu te feras à tes jambes. Même les humains ont besoin de temps pour apprendre à marcher."

Le silence suivit ces quelques mots, le temps d’un instant ou deux seulement, empêchant ce dernier de prendre trop de place et de gêner les deux interlocuteurs. Ce fut Nerissa qui, une fois de plus, reprit la parole, posant la question que l’apothicaire redoutait de sa part. Le pourquoi il ne portait pas le Charnel. Oh, il avait une excuse toute faite, pour ne pas risquer sa sécurité ou son identité. Cependant il rechignait à devoir lui mentir. Mais s’il se retransformait maintenant, comment lui expliquer qu’il se soit fait passer pour un loup toutes ces années auparavant ? Elle ne comprendrait pas pour la simple et bonne raison qu’il ne le comprenait pas lui-même. Il avait rencontré celui qui deviendra le mari de Nerissa sous sa forme de loup et n’avait pas voulu en changer, sans raison apparente.

"Je me fais passer pour un simple loup. Il y en a dans la forêt alentour. La seule chose que cela requiert est de me taire quand des humains ou créatures passent et me croisent. J’agis en animal et oublie toute humanité qui peut m’habiter. C’est aussi simple que cela. Je pourrais porter ce Charnel, mais j’ai la chance de pouvoir, grâce à un peu d’ingéniosité, m’en passer. Pour ce qui est du voyage, je l’ai fait majoritairement de nuit, où je peux passer inaperçu à travers les ombres nocturnes." Il releva sa tête et geignit légèrement "Ca me désole que tu sois forcée à cette vie. Personne ne devrait être forcé à une vie qu’il n’a pas choisi…"

Le silence reprit place après sa réponse et une idée lui vint. Peut-être pas la plus brillante et sans doute dangereuse pour son double jeu, mais elle valait le coup d’être tentée.

"Nerissa, si un jour tu as besoin d’aide et que la mienne ne peut rien, va voir l’apothicaire sur Ragtown. Il s’appelle Wolfran. Il m’aide à garder mon secret, je suis sûr que si tu viens de ma part, il t’aidera sans problème."

Ca lui faisait bizarre de parler de lui-même comme d’un étranger, mais il le fallait…Pourtant, la voie de sa raison lui hurler d'arrêter cette masquarade maintenant. Car plus il s'enfonçait dans ce mensonge, plus la déception de Nerissa quand elle le découvrirait serait grande et peut-être même serait-elle en colère...

Nerissa & Wolfran

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Le loup se laissa aller à la sensation de la belle dans sa fourrure, à deux doigts de fermer les yeux, mais la voix de la sirène le ramena à la réalité et il reprit ses esprits, écoutant avec attention ce qu’elle lui racontait. Il aurait bien haussé les épaules s’il avait pu et n’en fit rien dans le cas présent, se contentant de relever la tête des genoux de Nerissa, levant les yeux vers elle, tentant de capter son regard.

"Je crois qu’il n’existe pas de telles expression pour un loup. Ou tout autre animal, maintenant que j’y pense. Mais je ne suis loin de connaître toute les subtilités de la langue, moi qui, au final, ne l’utilise que trop peu à présent."

Wolfran se contenta d’acquiescer à son commentaire à propos des démarches des autres êtres humains. Lui qui était à la fois bipède et quadrupède, et ce depuis sa petite enfance, il n’avait pas vraiment connu ce problème d’adaptation. Il avait toujours appris à se servir aussi bien de ses quatre pattes que de ses deux jambes. Pourtant, sa démarche n’était ni gracieuse, ni disgracieuse, simplement tranquille, posée, allant à un rythme simple et presque calculé. Il faisait en sorte qu’on ne le remarque que peu et jusque-là, ça marchait plutôt bien ; il avait sa petite clientèle fidèle, comme tout bon apothicaire qui se respecte, mais il n’était pas aussi connu qu’il l’a été jadis. Et ça l’arrangeait très bien. Il a fait beaucoup trop durant le temps de sa renommée de guérisseur voyageur, il avait fini par le regretter, quelque part. D’où son choix de retrouver cet anonymat qui lui convenait bien mieux.

"Je ne suis pas un génie. Ingénieux, certes, mais pas un génie. J’ai observé les hommes, je sais ce qu’ils utilisent, comment certaines de leurs moyens de transports et inventions fonctionnent, mais c’est bien tout…"

Il avait aussi utilisé ce qu’il connaissait des plantes, pour soigner le prince alors qu’il était mourant des suites des coups portés par les frères du dit prince. Cependant, l’impression qu’en gardait Nerissa le surprenait. Elle devait avoir vu tant de merveilles et de choses fabuleuses durant sa vie avec son prince…Le loup fut tenté de lui demander comment avait été sa vie avec le Prince, mais bien vite il relégua cette question au fin fond de son esprit car elle lui parlait, à nouveau. Et lui l’écoutait, presque avidement, alors qu’elle le rassure, sans même le savoir. Elle n’est pas brisée, elle reste cette femme fière et forte qu’il avait connu il y a vingt ans de cela. Cela lui réchauffa le cœur et il fit un petit bruit de contentement, se disant qu’elle pourrait toujours demander de l’aide à son alter-ego humain pour de l’aide si fuite il y avait.

Il allait reprendre la parole quand il entendit du bruit venant d’au-dessus. Il dressa les oreilles et se tendit, telle la corde d’un arc que l’on s’apprête à relâcher. Son ouïe supérieure à celle qu’il possédait étant humain lui fit entendre des bruits de pas, des mots marmonnés, du bruit de ferraille…Tout ça n’était pas bon, surtout pas après ce que le voisin en question avait pu dire pour le faire partir. S’il avait compris que la sirène avait accueilli chez elle un loup, il risquait de vouloir descendre et finir la bête lui-même…Or, il ne pouvait pas laisser cela arriver. Alors il alla vers la porte avant de se tourner vers Nerissa.

"Je dois partir Nerissa, ton voisin du dessus semble avoir compris que quelque chose cloche et je ne souhaite pas t’attirer des ennuis inutilement. On se reverra bien assez tôt de toute façon. Je viendrais à ta porte et gratterais trois fois. Cela veut dire que c’est moi." Il donna un dernier coup de tête affectif dans les jambes de la belle et se détourna "Ce fut un réel plaisir de te revoir Nerissa. Désolé que ça ait pris vingt ans…"

Sur ces quelques mots, la porte s’ouvrit et il fila dans la nuit noire, direction la forêt avant de reprendre la direction de sa boutique, pour une nuit bien méritée…