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contrôle surprise ▬ hansel & lorcan


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contrôle surprise ▬ hansel & lorcan EmptyJeu 1 Jan - 19:37



hansel & lorcan
un ami est un autre nous-mêmes

Un nouveau jour se lève sur le monde. Et comme chaque matin, les matelots s'activent sur l’Écorchée. Tous pointent leur bout du nez sur le pont avant même que l'astre diurne n'ait le temps de se lever haut et fier dans le ciel. Mais il fait frisquet, certains diraient même que ces jours-ci, en mer, on se les gèle. Encore heureux que l'océan est calme. Le pire, dans cette période hivernale est sans doute l'eau glacée qui s'infiltre entre les vêtements, gèle votre peau, mord vos os et irrite vos nerfs à n'en plus finir. En six années Lorcan en a connu des moments pareils. De ces instants si désagréables et cassant que vous vous demandez ce que vous faîtes là. Mais pas Lorcan, non. Quand il est arrivé au charpentier de commencer à penser de telles choses, il s'est souvenu sans cesse de ces heures passées sur le port à rêver de aux aventures qui l'attendaient, là-bas, à l'horizon. Et jamais, à aucun moment, il n'avait fini par regretter son choix. Oh bien sûr, les relations avec sa famille sont désormais tendues et parfois explosives mais... il s'est aussi trouvé d'autres proches, ceux avec qui il partage chaque seconde de son existence, ceux-là qui comprennent son amour inconditionnel de l'océan. Ceux qui réchauffent son cœur et lui font comprendre qu'il est vivant.

Durant toutes ces années, le marin a eu l'occasion de rencontrer bien des personnes. A commencer par les hommes composant l'équipage ; il y a eu les départs, les disparitions tragiques et les nouveaux arrivants. Lorcan, les mains sur la rambarde et le regard perdu vers l'immensité du monde a une pensée toute particulière pour le petit dernier ; Hansel. Six mois désormais qu'il est là, le blond s'est bien rendu compte de son évolution. S'il a encore beaucoup à prendre, le jeune homme n'a plus grand-chose à voir avec le concentré de maladresse qu'il a retrouvé au fond de la cale entrain de vomir son dernier repas. Ca le fait rire doucement d'y repenser. Parce que depuis ce jour, finalement, il se rend compte à quel point il s'est attaché au petit nouveau. Oh, il ne l'est plus vraiment, mais ce genre de statut reste jusqu'au jour où quelqu'un a le malheur d'en hériter.

Lorcan a aussi une pensée pour sa famille, malgré les tensions auxquelles il doit faire face quand il leur rend visite. Il est vrai que parfois, ses frères lui manquent un peu. Ils sont tout de même ceux qui l'ont mené à l'homme qui l'est aujourd'hui ; le caractère bien trempé dont il est forgé n'est pas là par hasard. Il sent que même eux lui en veulent d'avoir laissé parler son cœur. Un instant, le blond baisse les yeux, soupire doucement. Ah, si seulement, tous avaient pu comprendre, si seulement, la vie se montrait plus simple. Si seulement.

Mais ce n'est le moment d'être nostalgique encore moins de philosopher sur le sens de la vie. L'homme se redresse de tout son haut, revient à la réalité. Autour de lui les matelots s'affairent à leurs tâches habituelles ; tout est en ordre, tout est réglé telle une horloge sur le navire. Et par Merlin, qu'est-ce que cela plaît au matelot. Chacun a sa place, sait ce qu'il doit faire et tout s'ordonne dans une parfaite harmonie. Ah, si le monde pouvait imiter cet équilibre, ce serait absolument formidable. Mais il est encore vain d'espérer de si grandes choses. Autant se contenter de ce qu'il y a autour de soi.

Un sourire se profile sur les lèvres du charpentier tandis qu'il vérifie l'état général du vaisseau. Ses pupilles détaillent les voiles et une idée a germé dans son esprit. Ceux qui l'ont remarqué savent bien que Piedmarin mijote quelque chose et se demande quelle connerie va-t-il encore inventé. Oh, celle-ci n'est pas vilaine – aucune ne le sont vraiment. C'est vers Hansel et personne d'autre que le marin s'élance, l’œil malicieux. Une fois à sa hauteur, c'est une main sûre d'elle qui se pose sur l'épaule du jeune homme tandis que Lorcan lui adresse ces mots. « Ramène-toi, faut que je te montre un truc. » Voilà que le charpentier s'amuse à mettre un peu de suspens, un vrai scénariste. Il s'approche du mât principal. « J'veux voir comment tu te débrouilles pour te retrouver sur la hune. Sans tomber. » Ce serait mieux oui. « T'as un avantage considérable, alors démerde-toi pour arriver avant moi. » Lorcan fait allusion à la blessure qu'il a récolté durant le dernier plan foireux de Sinbad. Il n'attend pas la réponse de son ami et s'élance déjà dans les cordages du navire.
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contrôle surprise ▬ hansel & lorcan EmptySam 3 Jan - 0:07




Lorcan et Hansel
tu ne remarques rien ? ou plutôt ne remarques-tu pas l’absence de ce que tu devrais remarquer ?

Malgré tout ce qui s'était passé ici, tout ce qu'Hansel gardait bien enfoui dans les méandres de son esprit sans le révéler à quiconque – cela aurait été de la pure folie, les journées sur l’Écorchée étaient les mêmes que quelques temps auparavant pour les matelots – pour tous les matelots, sans exception. Le jeune homme s'était fait à cette routine pleines de rebondissements, et se lever alors même que le soleil n'avait pas ouvert un œil ne lui faisait plus peur, mieux, c'était là une habitude. L'aventure en était devenue une aussi. Ainsi lorsqu'il se réveilla aux aurores, il ne tira une mauvaise mine que quelques minutes, et se mit au travail doucement, comme tous les autres qui comme des fourmis s'activaient sur le pont principal. Il savait quoi faire maintenant, lorsqu'il se retrouvait au milieu de cette synchronisation parfaite, une harmonie de pirates qui connaissaient leur métier sur le bout des doigts – certains plus que d'autres, c'est vrai. Il n'était plus le petit mousse perdu qui avait échoppé d'une place personne ne savait comment sur le grand navire de Sinbad Septmers. Il se revoyait d'ailleurs sur ces mêmes planches vieillies, quelques mois auparavant, lui, petit Hansel tout frêle à chercher une activité sans danger, ou à essayer de faire des nœuds sans queue ni tête. Cela le faisait sourire légèrement, à présent. C'était du passé, presque de la nostalgie, différente pourtant de celle qu'il avait pu connaître durant son enfance – ici il n'y avait pas de peine. Juste la vie qui suivait son court normal, et lui qui prenait des virages à cent quatre-vingt dix degrés pour se chercher, et surtout se trouver. Et ce changement sur le navire devait être semblable à beaucoup d'autres hommes qui avaient céder à l'appel du large pour une nouvelle existence semé d’embûches et riche en couleurs. Ou sûrement pas. Hansel songea un instant, presque honteusement, au capitaine, qu'il n’apercevait pas dans son champ de vision. Durant les voyages en mer, lorsque l'équipage au complet était là, les deux hommes ne pouvaient se voir de la même manière que lorsqu'ils étaient seuls, et cela se répercutait sur la mine du matelot qui essayait de l'éviter afin de ne pas se trahir. C'était compliqué, de toujours être sur ses gardes, l’œil vif, le cœur serré, mais c'était surtout indispensable, et cela primait sur tout le reste. Il eut tout de même un petit sourire en y repensant, alors qu'il terminait son nœud près du bastingage, profitant donc des embruns qui à défaut de se déchaîner, l'apaisait un peu. Malgré le froid et l'hiver qui s'était installé sur tout Fort fort lointain comme sur le bateau, il en était de ces instants qui vous donnait envie de continuer sur votre lancée afin de voir encore le jour se lever ainsi, sur ces eaux-ci.
Il y arrive pourtant que des faits compromettants se pointent eux-aussi en ruinant toute la singularité de l'instant, comme des tempêtes ou autres maelstrom qu'Hansel pouvait côtoyé en chair et en os lorsque Lorcan se trouvait dans le périmètre. Il sursauta légèrement, d'ailleurs, lorsqu'il sentit sa main caleuse se poser sur son épaule, et que sa voix de marin ne se fasse entendre dans ses oreilles, ce qui acheva de le réveiller en douceur. "Ramène-toi, faut que je te montre un truc." Ses paroles ne l'étonnèrent pas, pour la simple et bonne raison qu'il avait toujours un petit quelque chose à lui montrer, si ce n'était pas un machin, ou un truc. Au moins ne s'ennuyait-il jamais avec ce lion des mers – comment l'aurait-il pu de toute manière ? Il aurait fallu ne pas l'entendre, ne pas l'écouter, ne pas le voir. Et ici, c'était bien impossible. Comme partout ailleurs, finalement. Hansel releva donc la tête, l’œil interrogateur et les sens en alerte. Se redressant doucement, sourcils haussés en le regardant faire son manège fièrement, il s'approcha de lui, comme il lui avait demandé de le faire. On ne discutait pas avec Kale ni Sinbad quand il vous donnait un ordre. Mais avec Lorcan non plus, sous risque d'en avoir pour votre affront. Petit sourire aux lèvres, il se mit à rire en l'entendant. "J'veux voir comment tu te débrouilles pour te retrouver sur la hune. Sans tomber." De grand matin. Et avec la mine qui allait avec, en plus de cela. Cela n'étonna pas une seconde le plus jeune, qui croisa les bras sur son torse en se pinçant les lèvres. Il devait rendre hommage à cette énergumène, cette petite brute au grand cœur. Jamais il n'avait eu un ami qui le stimulait à ce point, et qui l'aurait poussé à ne pas dormir durant des années entières afin de ne rien rater de ses incroyables histoires alambiquées. "T'as un avantage considérable, alors démerde-toi pour arriver avant moi." Il le piqua au vif, lui faisant se remémorer l'état dans lequel Sinbad l'avait ramené durant leur escapade. Il leva les yeux au ciel, et soupira sans s'en cacher. "Ce n'est pas un avantage mon ami. Ça, c'est un simple fait." répliqua-t-il, un tantinet fanfaron. Il en oublia presque le capitaine, et ses secrets, et ses mensonges qu'il devait distribuer à la pelle. Lorsqu'il le vit commencer à grimper avant lui, il s'empressa de le rejoindre à l'aide des cordages, non sans déblatérer quelques « eh, attends » ou « c'est pas du jeu », même si ça l'était tout de même, du jeu, avec son lot de gagnant et de perdant. Heureusement pour le cadet, la blessure de Lorcan le ralentissait, et lui-même avait pu s'entraîner à monter jusqu'à la hune, plate-forme où il avait pu voir tant de belles images qui resteraient gravé dans sa mémoire d'enfant rêveur. Il toucha donc au but avant son ami, en se moquant de lui par dessus le marché, parce que quand on en avait l'occasion, il ne fallait pas la louper. "On a dit sans tomber, Lorcan !" Une petite pique sans grande répercussion sur leur amitié, mais qui ne fut pas la bienvenue lorsque un remous se fit ressentir sur le navire, ce qui fit perdre l'équilibre à un Hansel qui se raccrocha comme il put au mât, la grimace de travers et le rire nerveux. Un avertissement qu'il n'attendit pas deux fois puisqu'il grimpa dans la hune, là où il y avait des rambardes, et où donc il était en sécurité.
En sécurité peut-être, mais aux prises d'un marin tout de même, et prisonnier de ses paroles ou chansons en tout genre. Il reprit calmement son souffle en attendant que ce dernier remonte, profitant de cette petite attente pour revêtir son sourire de celui qui avait gagné. Un peu.
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contrôle surprise ▬ hansel & lorcan EmptyDim 4 Jan - 21:44



hansel & lorcan
un ami est un autre nous-mêmes

La complicité qui s'est installée entre les deux matelots plaît au blond. Il a trouvé en Hansel quelqu'un sur qui veiller, quelqu'un à qui apprendre mais aussi quelqu'un sur qui compter, qu'il peut railler et dont il peut attendre le même traitement. Un ami, en vain. Quelqu'un qui compte pour lui et qui porte une grande valeur à son cœur de marin bourru et barbu. Le jeune homme fait partie de ces gens que Lorcan ne lâcherait pour rien au monde, de ces gars pour qui il donnerait mille fois sa vie, qu'il protégera jusqu'à la mort, pour qui il affronterait pire que cette dernière. Le lion est un homme loyal, quelqu'un qui se jetterait à corps perdu dans les pires affres afin de protéger les siens.

La blessure du marin lui semblait guérie. Et pourtant, elle lui rappelle soudain que ce n'est pas le cas. Un instant, le blond reste immobile, ressent la brûlure de sa chair qui le prévient qu'il a intérêt à se tenir tranquille. Mais comment ? C'est impossible, ici, sur le navire. Déjà parce que Lorcan Piedmarin est quelqu'un de borné, de têtu comme une mule et qu'il est incapable de tenir en place. Mais surtout parce que, ici, on a besoin de lui. Il est un des piliers de l'équipage, le premier matelot de cette nouvelle équipe que Sinbad Septmers avait formé. Il lui incombe donc certaines responsabilités qu'il ne peut guère laisser sur le côté, même avec un dos amoché lui hurlant d'aller se reposer. Bon, bien sûr, l'homme n'est pas obligé de jouer au singe grimpeur sur les cordages du vaisseau, il est vrai. Mais bon, s'il ne peut même plus distraire ses camarades et lui-même, ce serait vraiment triste et ennuyeux, plus la peine de vivre sur ce bateau si c'est pour rester alité tel un mourant.

Le marin lève les yeux vers son acolyte ; c'est qu'il se débrouille vraiment pas mal. Un large sourire illumine son visage tandis que l'embrun balaye ses mèches blondes. Hansel devient un vrai matelot et le lion des mers ressent une petite fierté au fond de son cœur. Il sait qu'il y est pour quelque chose ; les heures passées à être sur son dos, l'entraîner, l'épauler ne sont pas étrangères à l'évolution du jeune homme. En vérité, c'est tout l'équipage de l’Écorchée qui l'a élevé, comme une grande famille. Parce qu'ils ne sont rien de plus, rien de moins. Et sans doute est-ce beaucoup pour un orphelin ayant quitté jusqu'à sa seule famille pour les rejoindre. Lorcan se marre bien quand le petit rigolo du dessus manque de se rétamer tandis qu'il se moquait de lui. Bien sûr, si le mousse s'était blessé, il en aurait été autrement mais la gueule qu'il tire, accroché au mât, a de quoi rendre hilare. Le charpentier finit tranquillement son ascension, ayant accepté cette petite défaite et ménageant son corps lui rappelant encore qu'il n'est pas invincible.

Quand le constructeur de navire est enfin hissé sur la hune, il ne peut s'empêcher de soupirer d'extase. S'il adore bidouiller son vaisseau, le vérifier de partout, explorer ses entrailles et colmater ses brèches, il est quasi certain que cette plate-forme est l'un des ses endroits favoris. Parce que d'ici, il peut observer convenablement l'amour de toute sa vie, il a les yeux posés sur son petit monde, surveille ceux qui forment son existence. Fier, le marin a les mains posées sur les hanches, le regard posé au loin. Il leur laisse un peu de temps, à Hansel et lui, pour admirer le tableau qui se dresse majestueusement devant eux. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu'il a oublié sa petite idée et la raison pour laquelle il a décidé d'emmener son compagnon ici.

Lorcan se dégage la gorge après avoir réajusté sa veste – c'est qu'il fait un peu frisquet ici. Tourné vers Hansel, il prend la parole. « Oh mon petit, il faut bien te laisser gagner de temps à autre. Tu sais bien, on te ménage. Faudrait pas faire fuir les nouveaux, on fait un peu attention à la marchandise quand elle est neuve. » Le blond a ce regard malicieux qui le caractérise temps, ce sourire qui adoucit ses railleries et les fait passer l'air de rien. Mais en fait l'appeler mon petit, c'est un peu se foutre de la gueule du monde vu les deux années qui les séparent à peine. Et puis en fait, Lorcan n'est pas très grand. C'est plutôt, dans ce cas-ci, une histoire d'expérience maritime. Le charpentier avait à peine vingt-quatre ans quand il s'est lancé consciemment dans les filets de Septmers. Oh pourtant on a bien essayé de l'en dissuader ; quatre frères, une mère en larmes et un père en colère. De quoi freiner les plus déterminés. Mais pas Lorcan ; contre vents et marées il avait suivi ce qui lui semblait être sa destinée. « Regarde-moi ça, c'est que t'as presque la gueule d'un marin. » Dans la bouche d'un type tel que Lorcan, c'est un compliment. Celui-ci se marre un instant avant de continuer, moins taquin cette fois-ci. « Bon. » Le sérieux ne va pas fort au blond. En fait, dés qu'il n'a plus ce grand sourire pour éclairer son visage, il a l'air fâché, en colère. Là, à l'instant même, ses traits sont rudes, il a l'air bourru et peu sympathique. « Passons aux choses sérieuses. Grimper comme un lémurien sur c'te bout de bois est un bon début mon gars mais ça fera pas de toi un matelot digne de ce nom. » Ah ça non. Les sourcils du charpentier sont froncés, son regard est dur sur la silhouette de son compagnon. « Maintenant que t'as attrapé du muscle, faut remplir ta petite tête vide. » Lorcan est à peu près certain qu'Hansel en a déjà dans la caboche mais... mais il s'agit de Lorcan Piedmarin qui parle, on se refait pas. « Cite-moi chacune des voiles qui font avancer ce rafiot. Là. Maintenant. Tout de suite. » D'un coup de menton, le blond désigne les autres mâts retenant les titanesques bouts de tissus, tout en croisant les bras. Il attend la réponse de son élève, le regard figé sur ce dernier.
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contrôle surprise ▬ hansel & lorcan EmptyVen 23 Jan - 16:15




Lorcan et Hansel
tu ne remarques rien ? ou plutôt ne remarques-tu pas l’absence de ce que tu devrais remarquer ?

Il l'aimait bien, Lorcan. Le contraire aurait équivalut à se jeter aux pieds de la mort, car le propre de cet ami-ci était qu'il lui était devenu, avec le temps, totalement indispensable. En réalité, ce lion marin était indispensable pour beaucoup de personnes, et mêmes pour des objets sans cœur, ce qui aurait dû être normalement le contraire – rien n'était normal ici, alors il fallait se faire à l'idée que cela était totalement plausible, et pour sûr que ça l'était. Tout d'abord, L’Écorchée n'aurait rien été sans lui. Le bateau serait resté un simple bout de bois dans les songes de deux hommes rêveurs, un songe qui les aurait poussé à trouver un autre constructeur beaucoup moins Lorcan, et donc beaucoup moins compétent. Et puis dès qu'il avait rejoint l'équipage, il était devenu une clé essentielle au bon fonctionnement de ce dernier. Plus récemment, c'était Hansel qui l'avait adopté – ou le contraire, il ne savait trop bien. Tout était allé si vite, de toute manière. Il se remémorait ses premières après-midi dans la cale, à essayer de contrer le roulis des vagues afin de ne pas en pâtir. Il avait été tellement mal en point, se maudissant intérieurement pour avoir eu cette idée idiote – la pire de son existence – de s'engager sur ce maudit rafiot plein de rats ou de chats, et de capitaine maudit et de matelots à la gueule grande ouverte. La seconde d'après, l'un de ces mêmes matelots, la tête d'affiche par ailleurs, venait lui filer un coup de main, en riant tendrement face à ce petit être perdu dans sa propre existence. Qu'aurait-il fait, sans lui ? Que serait-il devenu ? Sûrement qu'il se serait brisé sous les paroles dures du second, ou devant le pessimiste du commandant. A  la place de cela, Lorcan l'avait hissé par le haut. Il avait fait écran de son corps à chaque tempête, à chaque petites railleries des autres, à chaque anicroches. Il avait été là, tout simplement, et c'était ce qu'avait désiré Hansel, plus que tout. Des personnes présentes, fussent-elles des monstres, fussent-elles des lions. Il n'avait pas mis bien longtemps avant de lui accorder sa totale confiance, et toute l'amitié dont il était capable d'offrir. En soi, l'ancien confiseur ne possédait que peu d'amis, finalement. Il acceptait certes beaucoup de personnes, et peu pouvaient se vanter de le faire sortir de ses gonds. Il était tolérant. Il vivait, et laissait vivre – après tout, que pouvait-il faire d'autre, de toute façon ? Seul peut-être Potté réussissait à le faire détester – il haïssait d'ailleurs de tout son être, lorsqu'il le faisait, ainsi que quelques bougres sans humanité aucune. Mais c'était tout. Pourtant il n'avait que trop peu de véritables amis. Il se comptait sur les doigts d'une seule main. Lorcan en était le pouce, celui qui se levait, joueur, pour dire « d'accord, tout va bien, tout ira bien, tu verras », et c'était le cas.  Il se mit à sourire en songeant à toute cette vaste comédie qu'avait été sa vie, si absurde qu'elle en était devenue parfaitement réelle. Ses yeux s'attardèrent sur l'océan qui les narguait d'en bas, histoire de voir si l’Écorchée relèverait toujours ses défis, quoi qu'il advienne – le navire le faisait, par le biais de la force de ces types comme Piedmarin, et un peu plus qu'hier Denougatine, qui commençait à comprendre, à prendre le rythme, à vivre tout simplement.  
Lorcan le rejoignit dans la hune, bien plus rapidement que son ami n'osa l'avouer, sous peur de voir toute sa douce supériorité s'envoler – il fallait bien tirer quelque chose de positif d'une blessure, même si elle était marquée dans la chair d'un être qu'on voulait protéger malgré le fait qu'il se protégeait parfaitement bien tout seul. Du moins quand il ne se retrouvait pas coincer dans l'une des courses poursuites dont seul le capitaine avait le secret. D'ailleurs, ce dernier avait-il prévu de ramener son ami le plus cher un peu plus en pièces à chaque escapade ? Il faudrait qu'il lui en touche du mot, la prochaine fois. La prochaine fois. Cette idée le fit légèrement frissonner, mais heureusement le vent parla pour lui, et il put se plaindre silencieusement du froid qu'il faisait, et qui ici était le bienvenue car très pratique pour dissimuler ses états d'âme. "Oh mon petit, il faut bien te laisser gagner de temps à autre. Tu sais bien, on te ménage. Faudrait pas faire fuir les nouveaux, on fait un peu attention à la marchandise quand elle est neuve." L'intéressé releva les yeux afin de croiser son regard, et derechef un petit sourire railleur vint prendre place sur ses lèvres écorchées par l'air glacé. Le blond ne lui disait jamais qu'il l'appréciait, qu'il était son ami, il jouait les hommes – les vrais, avec l'air dur et le regard impénétrable. Mais rien ne pouvait tromper le plus jeune, tant dans le regard que dans la voix Lorcan se trahissait, s'il cherchait à le faire, ce qu'Hansel doutait réellement. Il était juste ainsi de nature, voilà tout. Il n'était pas du genre à vous faire des déclarations enflammés sous prétexte qu'il tenait à vous, et pourtant il en faisait tous les jours à son cadet, car ce dernier prenait ses railleries, ses petites piques et moqueries sans grandes importances pour de l'amour à l'état pur. Brut, taillé dans de la pierre, une pierre de sel. Lui qui n'avait jamais eu de frère, il avait l'impression d'en avoir un, et celui dont il avait toujours rêvé qui plus est – l'aîné, plus compétent, plus âgé, plus, tout simplement. Un être qui lui apprendrait ce qui faisait ce monde-ci, et le monde des rêves. Lorcan s'en chargeait sans le savoir, ou peut-être que si, justement, il le savait pertinemment, car les regards d'Hansel ne se jouait pas de lui non plus. Ils ne se le disaient jamais clairement, mais ils l'étaient, frères. "Regarde-moi ça, c'est que t'as presque la gueule d'un marin." "Presque ?" répliqua-t-il du tac au tac, le regard empli de malice. Il le savait, qu'il ne serait jamais réellement un marin, parce qu'on ne devenait pas un homme de l'océan, quoi que disait tout ceux qui y naviguait, on naissait ainsi. C'était une sorte de maladie qu'on attrapait à la naissance, et il fallait faire avec jusqu'à la fin de son existence. Certains résistaient à l'appel du large toute leur vie, et n'en devenait que plus malheureux, d'autre cédait bien trop tôt et se faisait happer par ce bon vieux neptune. Quant à Hansel, il ignorait de quel élément il était fait. Certes, il trouvait la terre extraordinaire, et surtout la forêt, qui l'avait conduit à sa perte, mais il appréciait aussi les embruns de l'océan. Plus encore il aimait le ciel. Le plus drôle, selon lui, était qu'il ne pouvait pas l'atteindre. Il était ainsi condamné à demeurer à la surface, entre mer et terre, sans jamais pouvoir se connaître réellement. "Moi qui croyais qu'après six mois j'avais décroché mon diplôme du parfait-matelot-selon-Lorcan-Piedmarin !" continua-t-il alors que ce dernier voulait lui remplir la tête – comme si elle n'était déjà pas assez remplie, pas forcément intelligemment, mais tout de même. "Cite-moi chacune des voiles qui font avancer ce rafiot. Là. Maintenant. Tout de suite." Sa requête le mit mal à l'aise tout de même, car restitué des connaissances n'avaient jamais été son fort, surtout là maintenant tout de suite, comme le voulait son professeur. Il se mordit la lèvre, comme pour gagner du temps, et se déplaça comme il le pouvait dans la hune, faisant face aux voiles qui défiaient les nuages d'un pavillon identique. "Pas de problème." dit-il en les observant, les sourcils froncés. Puis il se mit à réciter, ses souvenirs revenants peu à peu. Il fallait simplement qu'il aille les chercher, ce qui était le plus dur à faire car souvent ils étaient enfouis sous une tonne d'autres songes, son cerveau n'arrêtant jamais de fonctionner, à son plus grand damne. Tournant la tête vers son ami afin qu'il voit qu'il avait bien appris sa leçon, le jeune homme pointa son doigt sur les toiles, puis reporta son attention dessus. "Alors. En premier il y a la grand-voile, bien entendu. Puis, hm, tourmentin, foc, génois, reacher la suivent." Il haussa les sourcils, en grande réflexion. Une réflexion mise à mal puisque court-circuitée par l'arrivée du capitaine sur le pont. Hansel ne put s'empêcher de jeter un coup d’œil en bas, avant de relever ses yeux avec toute la force dont il était capable. Que c'était fatiguant. Il se tourna à nouveau pour faire face au lion, attendant la sentence. "Je crois que je n'ai rien oublié." Si, tu baisses la garde, idiot. Il l'espérait en tout cas. De tout son cœur déjà tourmenté. Il n'aurait plus manqué que son enseignant le réprimande pour parfaire un tableau déjà bien assez gribouillé.

Spoiler:
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contrôle surprise ▬ hansel & lorcan EmptyLun 26 Jan - 16:01



hansel & lorcan
un ami est un autre nous-mêmes


Depuis qu'il s'était embarqué dans la folle aventure de Septmers, Lorcan en avait vu des matelots passer par le pont de l'Ecorchée. Il y eut ceux qui avaient vite fait de déguerpir, d'autres qui ont abandonné durant les moments les plus fastidieux de l'équipage et ceux qui s'étaient malheureusement éteints. Mais surtout ceux qu'il avait forcé à se relever, ceux qu'il avait tiré par le col, en leur promettant que le soleil revenait toujours après la tempête. Ceux dont il secouait les puces si fort qu'ils s'en souvenaient pour toute leur existence. Et c'était bien cela que Piedmarin escomptait réussir à faire en agissant de la sorte ; les marquer à vie, pour qu'ils n'oublient jamais qui ils sont. Les marins du capitaine Sinbad Septmers, le fier équipage de l'Ecorchée. De quoi gonfler de fierté le cœur de n'importe quel homme. Mais avant cela, il fallait leur montrer ce que c'était réellement que de vivre ici, parmi eux. Il était impératif de leur faire passer le défi de la grande vie, le défi que l'océan leur impose à chaque instant, celui qui les ferait entrer au sein de la grande famille qu'ils forment tous. Et en posant les yeux ce jour-là, dans la cale, sur la silhouette affaiblie du brun qu'il a aujourd'hui devant lui, Lorcan avait tout de suite su qu'il pariait sur le bon cheval. Parce qu'il avait senti qu'Hansel n'avait plus rien à perdre et que de ce fait, il lui restait tout à gagner. C'était à ce genre de gars que l'Ecorchée promettait le plus de choses.

Les bras croisés, le blond observe son apprenti en pleine réflexion. Il se doute que le jeune matelot connaît les réponses, il a foi en lui, attend juste qu'il ose lui offrir ce qu'il attend. C'est que la pression a le don de vous rendre amnésique. Et Lorcan n'aide pas vraiment. Les bras croisés, les pupilles figées sur la silhouette de l'ancien confiseur, on a connu situation moins stressante. D'ailleurs, l'instant lui rappelle les heures passées à réviser le moindre recoin des navires passant par le port où il habitait gamin. Il se souvient de son père l'attrapant au détour d'un jeu avec ses frères, lui rappelant qu'il se devait de travailler ses connaissances. Nathan, William, Toki et Pickles avaient d'autres préoccupations ; chacun ayant choisi des chemins bien différents que celui de leur paternel. Lorcan avait toujours un peu eu l'impression que celui-ci s'était jeté sur lui avec tout l'espoir du monde que, celui-là, au moins, allait reprendre son affaire. Et le père lui avait inculqué si bien l'amour de l'océan qu'il l'avait littéralement jeté dedans, condamnant ainsi son atelier à se voir vider de toute descendance. De quoi s'arracher les cheveux. Mais, même si parfois le charpentier était navré de ne pas pouvoir combler entièrement les attentes de son paternel, il n'en reste pas moins qu'il ne regrettait nullement ses choix. Il ne lâcherait pour rien au monde Sinbad et ses compagnons, ne quitterait jamais les planches du dernier navire qu'il a bâti et continue de choyer comme s'il s'agissait de son propre enfant. C'est à cette vie de famille là que Lorcan aspire, et nulle autre.

Repenser à sa famille, celle qui l'attend sur les terres, arrache toujours un petit pincement au cœur du marin. Son regard part à nouveau vers l'horizon, lâchant le temps d'un instant la silhouette d'Hansel. Il soupire tandis que le vent balaye sa chevelure blonde. Mais le vague à l'âme qui le prend soudain est vite balayer par la voix retentissante de son compagnon. Au diable cette mélancolie qui a sournoisement assailli le blond, il la chasse tant qu'il peut, reportant son attention sur son compagnon. Les problèmes qui se passent sur la terre ferme doivent y rester ; maintenant, il est en compagnie d'Hansel sur la hune et il se doit de se concentrer là-dessus et sur nulle autre chose. Les voiles énoncées sont toutes justes. Mais Lorcan ne dit rien, continue de fixer Denougatine, l'air songeur. Eh beh. En fait il s'est trompé le Piedmarin. C'est qu'il est matelot à part entière, le petit. Son échine se redresse, son regard se fait plus perçant. Au fond de lui, le blond lutte pour ne pas se trahir, pour ne pas qu'un énorme sourire se glisse malgré lui son son visage jusqu'ici fermé. Ses bras se séparent, laissant ses mains se poser sur la rambarde de la hune. Les yeux du marin scrutent le pont, aperçoivent le Sinbad qu'Hansel a fixé durant un instant. Lorcan jette un œil au-dessus de son épaule, observe le jeune matelot. Il est loin de s'imaginer ce qui se trame entre ces deux-là, en est à des années lumières. Peut-être est-ce parce que le blond n'a pas le temps de ce genre de choses, trop occupé à surveiller l'Ecorchée et ses occupants, à veiller sur l'équilibre qui y règne. C'est qu'il prend son rôle de lion de mers, gardien invétéré du navire, très à cœur. « Tu sais Hansel... » La voix qu'emploie le blond est presque celle des confessions. Elle est moins gutturale qu'à l'ordinaire, plus douce. Et les pupilles céruléennes du marin se perdent dans l'immensité de l'horizon, à nouveau. « Je crois que je me suis trompé. » Ses sourcils se froncent mais déjà, au coin de ses lippes, un sourire naît. Sa silhouette se tourne vers son compagnon, s'approche de lui. « J'crois que j'ai une mauvaise nouvelle pour toi. » Il hausse les épaules, d'un air fataliste avant d'ajouter, asse vite pour que le brun ne puisse trop s'inquiéter – après tout, son but n'est tout de même pas de le torturer. « Y a jamais eu de diplôme de marin. Mais moi j'te l'aurais confié sans hésiter. » Et sur ces mots, il attrape le jeune homme, dans un élan d'affection qu'il ne peut retenir. Oh, qu'il aurait été déçu le Lorcan de voir que le gars en qui il avait placé tant d'espoir avait échoué en sa transformation de véritable matelot ! Mais quelque part, il pressentait que cela ne pouvait pas être le cas. Puisque Hansel l'avait voulu, il allait devenir un vrai matelot digne de ce nom. Et en ce jour, s'il lui reste encore des choses à apprendre, il a déjà parcouru une grande partie du chemin et est désormais sur la bonne voie pour devenir à tout jamais un homme de l'Ecorchée. Une main du charpentier vient ébouriffer la crinière châtain de son compagnon tandis que l'autre le maintient contre lui. « Félicitations, t'es fait comme un rat, on te lâchera plus ! » Et le rire gras du marin retentit, faisant lever quelques regards curieux vers le duo. Si le lion rit, c'est que tout va bien, et tout le monde se réaffaire à sa tâche comme si de rien n'était. « M'sieur Denougatine, ce soir c'est à vot'e santé qu'on boit. Bienvenue chez toi ! » Et d'un air triomphant, le blond écarte les bras avant qu'une bourrasque ne le fasse se raviser. Après quoi, il préfère s'accrocher au mât, non sans que son rire ne fuse encore, amenant la bonne humeur sur tout le pont.
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contrôle surprise ▬ hansel & lorcan EmptyVen 13 Fév - 21:53




Lorcan et Hansel
tu ne remarques rien ? ou plutôt ne remarques-tu pas l’absence de ce que tu devrais remarquer ?

Il se trahissait. Jour après jour, nuit après nuit. Il savait qu'il s'en mordrait les doigts lorsqu'on comprendrait enfin  tout ce qui se tramait sous son crâne tempétueux, et que ce on en question prendrait les traits creusés par le sel du lion des mers, ce même animal étrange qui le regardait ici avec des yeux dont Hansel ne pouvait juger la nature, car trop doux, trop amusé. Trop, peut-être, tout simplement. D'un trop dont on ne pouvait plus se passer, puisque c'était tout ce que Lorcan donnait au monde, alors que les autres n'offraient rien, ou juste de la haine. Si certains traitaient son ami de pirate, Hansel, lui, ne pouvait se résoudre à les croire. Il était beaucoup trop généreux pour en faire un, beaucoup trop honnête pour voler les pauvres gens, beaucoup trop proche pour qu'il puisse apercevoir en lui une essence aussi licencieuse que celle des forbans. Pourtant, Piedmarin n'était pas irréprochable, loin de là. Mais à bien y réfléchir, qui l'était ? Qui pouvait se vanter d'un tel exploit ? Les hommes demeuraient des êtres humains, nourris des reproches d'autrui. Cependant, si Hansel aurait été en mesure de le faire, il l'aurait lavé de tous ses scandales. Il n'aurait pas hésité un seul instant. Parce qu'avant d'être un être humain, Lorcan était son ami.
Et que cela primait toujours sur tout le reste.
C'était étrange, comme on pouvait se représenter le beau là où on n'aurait jamais pensé le trouver. Toutefois, l'ancien confiseur l'avait décelé, sous les planches abîmées de l’Écorchée, parmi les embruns qui le rendait sourire, et le soleil qui brunissait sa peau d’albâtre. Alors il avait commencé à voir les liens solides, tissés dans les cordages reliant tous les membres de l'équipage entre eux, même les repêchés, ceux abandonnés par la vie, récupéré par la mer. Il avait vu des visages amicales sur les faces burinées de ses pairs, une chevelure de roi dans la tignasse emmêlée de Lorcan. Et puis une cordelette argentée, aussi fine que le fil d'une araignée qui lui avait bouffée le cœur, avant de s'attaquer à celui déjà bien martyrisé du capitaine. Ce dernier point lui posait problème. Cet énième égarement doucereusement meurtrier. Il aurait aimé pouvoir se confier un peu, parler beaucoup. Il n'en avait pourtant jamais trouvé le besoin, même après que sa sœur et lui aient été adopté par des fermiers, parents de substitutions qui avait fait leur travail flou de manière tout à fait acceptable. Oh, il avait bien conté leur aventure, Hansel et Gretel, les gamins orphelins, mais l'envers du décor n'avait jamais été soumis aux oreilles humaines. Pas une parole, pas un murmure. L'abandon, la douleur, la perte des repères, du temps, des cœurs, de ses yeux d'enfant. Non, il était demeuré silencieux, comme changé en pierre, il voyait Gretel, dans le même état que lui. Et il croisait son regard, et ils se comprenaient, avant de ne plus s'écouter de l'intérieur. Résultat, il ne lui avait jamais avoué pourquoi il était parti. Les humains avaient une étrange manière de prêter attention à leurs égaux. Ils hochaient la tête, prenaient un air condescendant, comprenaient parfois, ne réfléchissaient pas souvent. Pourtant, lorsque les malheurs des autres ne les renvoyaient pas directement à leurs propres démons, cela ne les intéressaient soudainement plus. Alors ils oubliaient, et fermaient les yeux, sourds et aveugles, comme à l'habitude. Et leurs confrères se retranchaient. Mais jamais ces derniers n'oubliaient leurs maux, ils restaient coincés au fond de leur gorge noueuse, ils refusaient de sortir, car trop longtemps retenus par une main destructrice. Hansel ne faisait pas exception à la règle. Il était l'un des derniers d'une longue lignée d'inconstants, qui ne s'arrêterait probablement jamais, parce que personne ne pourrait un jour réguler la bêtise humaine. Peu de temps auparavant, pourtant, il s'était un peu confié à Sinbad, il avait goûté à ce sentiment d'écoute, ce relâchement dans ses muscles mais surtout sous ses paupières brumeuses. Et maintenant qu'il s'était rendu compte que les aveux soulageaient, plus aucun mensonge ne lui était favorable. Il ne les encaissait plus, en faisait des monstre ignobles qui le rendait nerveux au simple regard.
Qu'il l'était, en cet instant, nerveux. Qu'il le ressentait, ce sentiment fourbe qui lui pourfendait le cœur. Lorcan ne fit d'ailleurs rien du tout pour l'aider, alors que son ami attendait, par pitié, un signe de bonté, un sujet bien loin de tout ce qui lui taraudait l'esprit, fourberie qu'il avait entrepris afin de n'éveiller aucunes suspicions de la part du marin aguerri. "Tu sais Hansel... Je crois que je me suis trompé." La vérité, c'était qu'il l'avait trompé. Pas lui. Cette nouvelle lui tordait les entrailles, et au ton de son ami, le jeune matelot se mit en tête qu'il n'était qu'une erreur sur toute la ligne, et que l'autre s'en était soudainement rendu compte, après tout ce temps passé à ses côtés – il était temps. Il était même prêt à accepter cette fatalité. Les non-dits lui donnaient le mal de mer, ses propres folies ne le rendaient que plus fiévreux, parfois d'une fièvre étonnamment douce, parfois d'une maladie semblable au jour de colère de ce bon vieux Neptune. Il n'y avait que le piètre coupable qui réussissait à ressentir de telles immondices. Et Hansel en était un. Il aurait même pu compter pour dix. Sa respiration se fit plus crisper, de part la tension qui n'avait envahi que son corps, et Lorcan remua le couteau dans la plaie en se retournant, prononçant des paroles semblables aux dernières, ce qui le fit un peu plus regretter encore d'être monter dans cette maudite hune – parfois le jeune homme ne savait même plus pourquoi il avait grimpé sur le pont du navire, mais pas souvent, bien entendu. Il l'observa un instant se mouvoir dans cet espace restreint et si soumis aux bourrasques qu'il aurait décidé de ne pas écouter si l'homme en face de lui n'était pas Piedmarin. Fort heureusement, il l'entendit, et cela suffit à le rassurer, ainsi l'étreinte qui s'en suivit aurait pu être évité, mais peut-être pas finalement. Hansel avait trois ans, il tombait dans les fourrés, mais les bras souples de sa sœur le rattrapaient et le câlinaient ensuite pour lui dire, ne t'inquiète pas, mon frère, ne t'inquiète jamais à propos de toi. Même si les bras étaient beaucoup plus musclés que dans son souvenir, et ses propres côtes un peu plus douloureuses. "Aïeeeuh !" Cela ne l'empêcha pas du tout d'être touché en plein cœur, de chancelé même, sous l'effet d'une force qui n'avait rien à voir avec les années de travail de son ami. On te lâchera plus. Ce fut ce que Lorcan dit.
Et Hansel se mit à sourire comme l'idiot qu'il était, en oubliant même de lui rendre son étreinte avec sa force de jeunot en apprentissage. Mais il ne cessa pas de la lui rendre avec ses yeux d'enfant rieur, d'orphelin qui n'en était finalement plus un.
"M'sieur Denougatine, ce soir c'est vo'te santé qu'on boit. Bienvenue chez toi !" Une énième rafale mangea la moitié de ses mots, tout en dévorant son adresse, et le lion s'échoua contre le mât, mais il demeurait le roc de ce m'sieur Denougatine, qui ne voyait rien de meilleur à ce jour que d'être chez lui. Il en rit, se retenant aux bastingages pour ne pas s'écrouler lui aussi, et tâcher de sang ce beau matin prometteur, et cela faisait des battements joyeux dans son cœur. C'était agréable, cette sensation de légèreté, pourtant rattrapé par une nostalgie qui ne mit pas longtemps à le faire cesser de rire, ne réussissant néanmoins pas effacer son sourire. Il soupira légèrement, les lippes étirées en un croissant de lune parfait, les yeux haussés vers le ciel, comme pour demander pardon, alors qu'il ne voulait murmurer qu'un simple merci, et il s'adossa finalement aux rebords, son rire toujours tourné vers cet étrange animal qu'il aimait. "Merci !" souffla-t-il après coup, sans savoir si Lorcan l'entendrait, mais certain qu'il lirait sur ses lèvres. Ses yeux se plissèrent légèrement, tombant sur le sol crasseux de ce petit bout de liberté qu'il effleurait du bout des doigts lorsqu'il grimpait ici, et il se retourna pour observer l'étendue bleuté qui s'offrait sur un plateau d'argent à ces marins chanceux. Ces pirates honnêtes. Mains jointes, posées sur le rebord, il se perdit dans son observation, en cherchant dans ses souvenirs un sourire de Gretel, même un bout de son visage, mangé par le temps et les aventures passées sur l’Écorchée.  Maintenant, il faisait parti de ce navire. Maintenant, il n'était plus avec elle. Il était juste Hansel Denougatine. Et il ne savait pas être et un marin, et un frère. Il ne saurait jamais. Du moins c'est ce qu'il se mit à penser, du vague à l'âme. Un silence se prolongea un instant d'admiration, mais l'ancien confiseur se permit de le briser, comme par devoir. "Je ne sais pas s'il y aura beaucoup de rhum pour fêter ça, étant donné que tu as vidé les derniers fûts. J'espère pour toi qu'on reverra bientôt la terre ferme, les soieries qu'on a ramené ne sont pas très consommables." Oui, c'était un devoir de ne pas paraître trop secoué. Et  Hansel l'avait toujours pris très à cœur. Pourtant il n'y avait pas que l'alcool qui exigeait un retour à la capitale. Il y avait celle qu'il oubliait petit à petit, se faisant une raison, alors que jamais il n'aurait pu ne serait-ce qu'y penser un seul instant. Il demeura silencieux, dans cette  question qu'il se posait, inlassablement, se faisant mal à chaque syllabe martelée dans son crâne. Quand reverrons-nous le monde de Gretel? Celui qui était dos à lui, mais qui demeurait encré dans ses pensées, membre d'un navire des nuages ou non.
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contrôle surprise ▬ hansel & lorcan EmptyMer 25 Fév - 0:46



hansel & lorcan
un ami est un autre nous-mêmes


Personne n'aurait parié sur Hansel. Et c'est peut-être pour cela que Lorcan l'a fait. Une envie de contredire le monde, de l'emmerder, très certainement. Pour être un pirate honnête, il faut au moins pouvoir prétendre à de telles ambitions. C'était bien le genre de la grande gueule du blond. Mais il y a aussi autre chose, quelque chose de beaucoup plus intime, quelque chose caché au creux de la crinière majestueuse du lion des mers. C'est qu'il est protecteur, même plus encore ; il est sensible. Oh, ce n'est guère quelque chose qu'il ira crier sur tous les ponts – aucun homme digne de ce nom ne ferait une chose pareille, histoire d'être viril. C'est cela le problème des mecs, c'est qu'ils refusent de se montrer soi-disant faible, histoire qu'on se foute pas de leur gueule. En l’occurrence, on évite de se moquer de Piedmarin. Parce que le bougre est un tantinet tempétueux ; du genre à rugir pour un rien, à taper sans jamais griffer pour autant. Les marins de l'Ecorchée ne sont pas des tueurs – du moins plutôt rarement. Le blond ne défend sa vie qu'au prix de la mort quand cela est vraiment nécessaire. Il n'y prend jamais plaisir et, quelque part dans son cœur repose la culpabilité d'avoir du arracher des vies afin de pouvoir préserver la sienne. La piraterie, c'est comme la jungle et toute la vie en général ; tu bouffes ou t'es bouffé. Cela aussi, il faudrait un jour que Hansel l'apprenne. Le blond suppose qu'il l'a déjà capté. C'est que les six derniers mois ont pas du être spécialement faciles pour le confiseur. C'est une reconversion assez spéciale. Venant d'un gars comme Denougatine, on se serait attendu à beaucoup de métiers de secours mais marin... Sérieusement. L'inverse aurait été drôle également. Lorcan Piedmarin entrain de se brûler les pattes à tenter de confectionner une douceur comestible ? Allons, chacun sa place. C'est ce que le monde aime à penser. Et ce qu'Hansel avait aimé à bousculer, l'air de rien, sous ses airs innocents et perdus. Et c'est sans doute pour cela que le charpentier avait parié sur lui. Ajoutez à cela un instinct paternel naturel inassouvi et une curiosité certaine, vous obtiendrez un duo tout aussi improbable que soudé.

Pour tout dire, Lorcan ne sait pas comment va réagir le jeune matelot. En réalité, il s'en fiche un peu ; il sait que sa réaction sera la bonne. Comme il a su qu'il pouvait faire confiance à ce gars. Un sixième sens ? Pas vraiment. Non, ce n'est pas ça. Piedmarin est doté d'une espèce de radar à gens – c'est à peu près pareil en vérité, juste le nom qui change selon les croyances de chacun. Du premier coup d’œil, il juge ce qu'il a en face de lui. C'est qu'il en a rencontré du monde au fil des années ; voguer sur les mers, voyager, même s'ils n'ont jamais été très loin, cela fait rencontrer de la populace. Pas forcément que du beau monde, non plus. Lorcan a eu l'occasion de découvrir bien des facettes de l'humanité – certaines dont il se serait bien passé. C'est cela qui lui a forgé cette aptitude à deviner ce qui se cache sous la carapace des autres. Et un peu de ce qui se trouve dans leur cœur. Mais pas tout encore. Cela, c'est impossible. Connaître quelqu'un profondément du premier coup d’œil est inconcevable, même pour quelqu'un d’aguerri dans ce domaine. Lorcan ne fait que suivre des intuitions qui se révèlent le plus souvent être les bonnes. Et après cela, il est très sincèrement franc. Il ne se cache que rarement de ses jugements et bon, cela tout le monde est au courant. La gueule grande ouverte du lion des mers est connue sur l'océan et dans les bars de la capitale, à n'en pas douter.

Il n'oserait pas le dire par peur qu'on ne le prenne trop au sérieux mais le sourire d'Hansel vaut le meilleur rhum du coin – et ces mots ne sont pas à prendre à la légère. Si bien, qu'en vérité, Lorcan est fier de lui. Il a accompli quelque chose, le lion et il est content de lui. La poitrine gonflée et le regard porté au loin, il se sent empli d'une force positive et sans limite. Avec ce genre de sentiments, il pourrait conquérir le monde sans peine. Mais ses ambitions ne sont pas si étendues ; déjà, pour commencer, il faudra descendre de la hune. Bougeant un peu son épaule pour estimer les dégâts encore présents, il grimace une demi-seconde à la réponse du muscle. D'accord, dans tous les cas, ce n'est toujours pas complètement réparé. Et puis, la recherche du rhum sera déjà une grande aventure en soi. La réplique d'Hansel fait rire de bon cœur son camarade. « N'essaye pas d'échapper à ton destin, tu ne peux pas lutter ! » Ce qu'il veut dire par là le Lorcan c'est que le jeune homme n'a pas le choix ; ce soir, il finira saoul, pas besoin de parlementer. « Vu comme tu tiens l'alcool, il ne faudra pas beaucoup de rhum pour en finir avec toi. » Le blond a un de ses larges sourires qui signifient à la fois qu'il se fout bien de ta gueule mais qu'il est aussi de ton côté. Bref, du Lorcan tout craché. Se dégageant du mât, le blond ajoute, un signe de tête appuyant ses propos. « Allez, viens, on descend. » La vue est imprenable sur la hune mais pour se comprendre, c'est une autre paire de manche.

Sur le navire, c'est l'un des moments calmes de la journée. Chacun a fini ce qu'il avait à faire d'important et tous se sont trouvés de petites occupations pour passer le temps. Certains entretiennent les armes, d'autres révisent leurs nœuds de marin. Un voyage comme un autre. Et unique à la fois. C'est ça qui est magique avec la mer, c'est à cela que Lorcan est si attaché. Ce qu'il ne quittera pour rien au monde. L'imprévisible routine. Emmenant Hansel avec lui jusqu'à la rambarde du navire, le blond lui donne une bonne tape amicale – peut-être un peu trop violente pour le dos de son ami. Mais on ne se refait pas et ce n'est très certainement pas maintenant que Piedmarin va se mettre à changer. Le lion de mers ne serait plus lui-même sans ce côté bourru et fonceur qui lui sied à merveille. Si Lorcan a complètement reconnu Denougatine comme un marin à part entière de l'équipage, il se demande tout de même ce qu'il en est des autres. Maintenant qu'ils s'entendent et ont un peu de temps devant eux, autant en causer. « Alors, bon, ça se passe comment avec les autres ? Sinbad, tout ça ? »
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contrôle surprise ▬ hansel & lorcan EmptyDim 29 Mar - 1:28




Lorcan et Hansel
tu ne remarques rien ? ou plutôt ne remarques-tu pas l’absence de ce que tu devrais remarquer ?

Tu ne peux pas lutter. C'était ce que lui avait dit Lorcan, et tout en suivant sa boutade ainsi que ses pas assurés dans les entrailles du navire, Hansel songeait à cette phrase, qui prenait un autre sens, sortie de son contexte. On le lui avait déjà dit. On lui avait répété qu'en effet, il ne pourrait jamais lutter contre le destin, comme tout à chacun en ces bas-fonds. On le lui avait répété avec différentes tournures, toutes plus alambiquées les unes que les autres, on lui avait démontré par tous les moyens que les hommes ne pouvaient rien faire contre ça car ils ne savaient même pas ce que c'était, quel goût cela avait et pourquoi cela venait régir un monde qui aurait du être le leur. Pourtant l'ancien confiseur l'avait fait. La fatalité, il lui avait tordue le cou pour être certain qu'elle ne vienne plus l'embêter. Un matin, il s'était réveillé avec une idée en tête et cette étrange et faible lumière était restée bien encrée dans son esprit, jusqu'à ce que quelques heures après il se débrouille pour parvenir à ses fins, malgré les protestations de sa sœur aînée, ses larmes qui peinaient à se montrer sans pour autant être retenues. Peu lui importait l'avis de ses proches, alors de sa soit disant destinée ? Aujourd'hui, il pouvait se permettre de lui rire au nez. Après tout, il s'était déjà joué d'elle, et cela avait plutôt bien fonctionné. Certes, il y avait eu quelques dégâts collatéraux à prendre en compte dans l'équation, comme Sinbad, ou sa vision sur le monde en général qui avait évoluée du tout au tout, mais il faisait avec. Et si cela était dangereux, et bien tant pis. Parce que se faire porter par une entité dont on ignorait tout était encore plus imprudent et potentiellement suicidaire.
Comme ce qu'il s'apprêtait à faire en défiant le peu de rhum qu'il restait sur le navire.
Il quitta cependant leur petit piédestal en rejoignant Lorcan sur le pont, un peu moins décidé qu'à son premier jour dans cet univers si particulier. Peut-être son ami était une entité bien plus redoutable que son propre destin, et bien plus difficile à combattre, cependant Hansel voulait essayer. De toute manière, cela s'apparentait si peu à une bataille qu'il ne pouvait comprendre que cela en prendrait sûrement la forme, plus tard, s'il en révélait trop, ou pas assez. Ainsi il s'approcha de lui sans animosité, un sourire doux aux lèvres à  l'idée de se retrouver en sa sage compagnie, et se posta juste à ses côtés, accoudé à la rambarde. L'océan s'offrait à eux, doux et sans anicroches. Lui aussi semblait sourire, leur sourire, et il embrassait la coque du navire dénudé de tout esprit vicieux. Tout était calme. Même Hansel. Et c'était apaisant, de pouvoir se dire qu'ici plus qu'ailleurs, malgré le dur labeur, les heures passées – les jours, les nuits, les semaines, sans pouvoir avoir un moment à soi, il arrivait à ressentir cette sérénité là, alors qu'à Fort fort lointain il avait été si nerveux, complètement écrasé par il ne savait quoi, ce qui était le pire. Maintenant, c'était différent. Lorsqu'il était souffrant, il en connaissait les raisons. Vivre en mer rendait plus raisonné, mais pas plus posé, quoique la discipline était de rigueur même sur un navire de maudits pirates. C'était cette excentricité qui menait aux erreurs, et ces erreurs-là constituaient un bon rempart contre les autres à venir, car quand on en avait commise une, on ne retentait plus jamais le coup. L'océan était donc en quelque sorte une école de la vie. A ciel ouvert. Parfois on répondait juste aux questions posées, et puis souvent, on dérapait un peu, sans savoir si on serait pardonné ou pas, et s'il existait même un pardon sur cette planète-là. "Alors, bon, ça se passe comment avec les autres ? Sinbad, tout ça ?" Ça se passait. Hansel hésita un instant à répondre cela, à dire que c'était tout, que c'était comme ça et pas autrement, mais une force le retenait, peut-être son honnêteté, ou son amitié pour Lorcan, ou encore son besoin de se confier, sans savoir à qui, ni de quelle manière. Allons, il ne pouvait pas tout avouer de but en blanc. C'était insensé, ou pas finalement, car quand tout l'était, alors l'aberrance s'annulait pour se transformer en une certaine normalité. Hansel aurait tellement aimé que ce soit le cas.
Il savait que ça ne l'était pas, pas dans ce monde-là en tout cas. C'était facile d'espérer, ça l'était moins de se dire que nos espoirs étaient vains après tant de rêves infondés. Alors il préférait ne pas s'illusionner, depuis le départ. Cela évitait quelques déboires. Mais tout de même. Tout de même. Cela lui brûlait encore la langue.
Il se mit à regarder autour de lui, cherchant du réconfort là où il pouvait vraisemblablement ne pas le trouver. Tout était calme. Sauf lui. Le jeune homme se sentit soudainement comme pris au piège. Il n'y avait pas que des avantages à se retrouver en mer. Il aurait pu en rire, s'il n'avait pas été en si mauvaise position, pris au dépourvu par une question qui aurait dû être simple en d'autres circonstances. Mais elle ne l'était pas, parce que Lorcan avait éloigné Sinbad du reste du groupe. Il lui donnait consciemment de l'importance, sûrement plus que son statut de capitaine le méritait. Ce fut du moins ainsi que'Hansel comprit ses paroles, mais son jugement était altéré, comme son rythme cardiaque d'ailleurs. Alors ses propres mots firent écho à ses pensées intérieures. Et il ne put rien faire pour s'en empêcher. Il avait peut-être pris à deux mains ce qu'on appelait le destin, mais pour ce qui se terrait à l'intérieur de son crâne, c'était une tout autre affaire. Une affaire qui mêlait quelques sentiments indissociables, et puis des émotions incontrôlables, si elles avaient déjà pu être quelque chose d'autres... "Hm, eh bien..." Pitoyable. Il s'en rendit compte rapidement, et pour rattraper le coup s'essaya à un sourire, la plus mauvaise idée du siècle. Il devait avoir l'air d'un idiot, ou au mieux du niais de service. Détournant rapidement la tête, il reposa son regard sur les vagues, qui elles n'avaient besoin de rendre des comptes à personne, même pas aux familles des noyés. "Allons trouver un peu de rhum, une chose à la fois !" Haussant les sourcils, il lui jeta un coup d’œil et se décida à prendre des initiatives afin de se sortir de l'impasse, ou de s'y enfoncer un peu plus. Il descendit donc dans les cales en sommant son ami de le suivre, et se mit à chercher une bouteille, un peu d'alcool pour se donner du courage, du moins c'est ce que son esprit sembla mettre en place tout seul, sans lui demander son avis. Après avoir fouillé dans  les endroits les plus propices, il dénicha un petit stock de bouteilles, à côté d'un tonneau vide et solidement attaché pour ne pas être happé par le roulis constant du navire. Hansel en fut passablement satisfait, et s'empara de sa trouvaille, pour finalement grimpé sur la barrique retournée, qui lui ferait office de tabouret. Là-dessus, il se sentait un peu plus grand que Lorcan, un peu plus que d'habitude, même s'il dépassait le marin par la taille, cependant ce dernier gardait toujours une prestance que l'ancien confiseur n'aurait jamais. Et pour cela, il se sentait comme un enfant. Un enfant qui aurait fait une bêtise qu'on voudrait lui faire avouer en sachant que le silence était la meilleure arme contre sa tenacité, et que par cette dernière il céderait tôt ou tard. Après tout, Hansel cédait toujours aux autres. Mais rien à la fatalité. Plus maintenant en tout cas. "Là. C'est mieux. Et puis c'est plus calme par ici, les autres font un de ces boucans en haut, je t'entendais à peine !" Une justification comme tout le monde avait espéré ici. Digne d'un gosse. Mais puisqu'il était lancé. Il tendit une bouteille à son ami, et en prit une pour lui-même, qu'il déboucha pour en boire une petite gorgée qui lui brûla la gorge, suivie d'une plus longue, qui elle s'occupa de ses entrailles. "Mais ils sont supportables, enfin j'ai appris à les apprécier, ce sont de bons gars, à leur manière, et puis tu leur fait confiance alors je pars du principe que je le peux aussi..." commença-t-il finalement, après un léger silence et une petite grimace suite à la brûlure de l'alcool. Il du reprendre une gorgée pour poursuivre, avec maladresse. "Pour S- - il eut une pause, il essayait de retrouver sa place dans ce plan catastrophique, sans y parvenir parfaitement - le capitaine,  je lui fait confiance aussi, et j'imagine que maintenant, tout ça est réciproque." Il haussa les épaules, ne sachant pas quoi faire d'autre, quoi dire de plus. Il essaya un moment de noyer ses dernières paroles dans une nouvelle longue gorgée de son breuvage, mais bien entendu elles restèrent bien encrées dans son crâne, visibles à l’œil nu, ne serait-ce que sur ses joues bien moins pâles qu'à l'accoutumée. "Je n'ai pas toujours été un bon matelot, après tout." crut-il bon de préciser, comme pour faire dévier le sens de sa phrase qui en avait tellement d'autres. Il parlait des événements précédents, ceux qui mêlaient la vengeance et cette haine infondée pour Potté, qu'il avait fait enfermé pendant quelques jours pour son simple petit plaisir, et au nez de Sinbad qui avait alors perdu son satané meilleur élément et sa fierté à l'égard de son nouveau protégé. Cela apparaissait pour Hansel comme si lointain, comme si cela avait appartenu à une autre vie, ou à une autre personne. "Si je l'ai été un jour. Je ne sais pas ce qu'il en pense. J'aimerais que ce soit le cas, mais d'un côté, cela ne me dérange plus d'être un mauvais matelot à ses yeux. J'en ai fini de songer à ces choses-là." Les yeux dans le vague, il parla après avoir haussé nonchalamment les épaules, les pieds battant doucement la cadence contre le bois du tonneau. C'était incompréhensible, même pour lui. Lui qui avait voulu réussir dans les bonnes mesures sa nouvelle vie. C'était raté. Un peu comme ses révélations, qui lui laissait un goût amer dans la bouche, car elles avaient été détournés, comme il n'arrivait jamais à le faire. Heureusement, ce goût fut bien vite anéanti par la boisson. Une manière comme une autre de se dérober devant le danger, pour ensuite foncer droit dans le mur.
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