Alexei & Gretel

Qui peut dire ce qui se cache derrière un sourire

Quatre mois. Quatre mois que je galérais dans la capitale royale, à chercher du travail, tout en essayant de gagner de quoi au moins manger en réalisant mes tours de cirque dans les rues de la ville. J'avais d'ailleurs eu un accrochage avec un danseur vivant sur Romeo Drive et depuis, je prenais un malin plaisir à aller m'exhiber sous sa fenêtre ou sur le trottoir d'en face pour l'enrager. En revanche, je ne m'approchais pas de son lieu de travail, par respect pour l'artiste vous comprenez? Cependant, je m'estimais heureux dans ma galère. Je n'avais certes pas de travail et donc pas d'indépendance propre, mais j'avais un logement. Comment cela était-il possible, me demanderez-vous? Eh bien figurez-vous que mon esprit chevaleresque (si, si, je vous jure que je ne raconte pas de bêtises) m'a permis de trouver un logement. Une jeune femme qui se faisait enquiquiner par des types lourds? Pas de problème! Enfin si, je n'avais aucune sorte de technique de combat qui soit. Autant dire que j'en étais ressorti plus en canevas déclinaison bleu/rouge/violet voire jaune que victorieux. Ça avait eu l'effet escompté: les types sont partis. Et Vassilissa, la jeune femme donc,  m'a recueilli chez elle en attendant que j'aille mieux. Ce pour quoi j'ai voulu la remercier en faisant le ménage et la cuisine pour elle quand je me sentis mieux. Ce qui a donné lieu (après un interrogatoire habilement dissimulé de sa part et beaucoup de plaidoirie de ma part) à une collocation.

Ça ne m'empêchais, cependant, absolument pas de chercher un travail ne serait-ce que pour mon estime personnelle. Alors j'ai continué à chercher à travers toute la ville. Sans grands succès. Je dois bien vous l'avouer, je commençais un peu à désespérer et considérais de reprendre la route afin de retrouver le cirque et y revenir. Certes cela voudrait dire subir les amourettes de Betsy et George, mais n'était-ce pas un petit prix à payer pour retrouver une vie qui me manquait? Aussitôt que j'eu pensé cela, je me mis une grande claque mentale (et physique si seulement j'avais techniquement pu) et je reparti dans les rues de Fort Fort Lointain pour chasser un emploi. Dans ma recherche j'y allais surtout au culot, n'ayant pas grand-chose d'autre par quoi briller hormis mes compétences artistiques. J'avais dépassé le stade où je n'entrais que dans les endroits qui cherchaient des employés; je rentrais dans toutes les boutiques que je croisais. Tout se passait dans le même ordre, inlassablement : J’entrais, je demandais s’ils cherchaient du personnel et j’usais de ma tchatche naturelle pour tenter de décrocher un essai dans la boutique en question. Ensuite, ça passe ou ça casse en cas d’essai. La plupart du temps, visiblement, ça cassait. Sinon j’aurais déjà un travail. Certain je savais exactement pourquoi, d’autres étaient beaucoup plus obscures dans leurs raisons, m’enfin. Aujourd’hui je tentais une nouvelle boutique devant laquelle je passais souvent mais que je m’étais toujours interdit, parce que…Eh bien c’est une boutique de confiseries. Or j’ai déjà pas beaucoup d’argent pour manger correctement alors si c’est pour manger des sucreries…Sauf que là, j’étais désespéré ; il me fallait un job alors j’allais entrer et me montrer fort. On y croyait…

Faisant tinter la clochette d’entrer, je vis une jeune femme derrière le comptoir et je me dirigeai vers elle directement.

"Bonjour, je souhaiterais parler au responsable du magasin, s’il vous plaît."

On ne lançait pas les hostilités comme ça, mais on faisait comprendre que pour l’instant ce n’était pas pour acheter…Quoi que les caramels mous me faisaient de l’œil…

Alexei & Gretel

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"Et voilà."
Le dernier pansement est mis en place, mes doigts semblent être un cimetière. Plusieurs d'entre eux arborent un sparadrap couleur chaire pas très seyant, mais au moins cela m'empêchera de saigner sur mes confiseries ! La soirée d'hier est visiblement immortalisée sur ma peau, à mon grand dam. "Peut-être est-ce mieux ainsi ?". Potté et sa voix dans ma tête, constamment en train de résonner dans mon crâne. Mieux ainsi ? Pourquoi ? Parce que j'ai mal d'avoir tant utilisé mon arc dans la forêt hier soir ? Parce que cette douleur, infiniment aiguë mais douce à la fois, qui fait vibrer mes doigts et les lacère est tellement agréable ? Parce qu'elle est si présente dans chacun de mes mouvements, pour toujours me rappeler que ce que je suis au fond, c'est ce que j'ai été pour une ultime fois dans la clairière, à tirer sur mes cibles de fortune ? Gretel, la chasseuse de sorcières. Oui, j'étais cette femme. Mais il y a bien longtemps. Trop longtemps pour que quiconque s'en souvienne. Trop longtemps pour revenir en arrière. Comment le pourrais-je, de toute manière ? Mais est-ce que j'en ai seulement envie ? Retrouver l'adrénaline, faire à nouveau de la traque et de l'essoufflement mon quotidien, fuir la mort autant qu'elle fuit la vie, mais m'accrocher à la vie en la prenant à des sorcières... J'ai comme la sensation que cette partie de ma vie essaye de plus en plus de resurgir, de reprendre le dessus. Et quand elle y parviendra, cette part de moi plus sombre, infiniment plus sombre et plus forte aussi, est-ce que je pourrais lutter ? Est-ce que je le voudrais seulement ?

Je range rapidement ma trousse à pharmacie derrière le comptoir et met un peu d'ordre sur mon présentoir. J'ai décidément besoin d'aide, plus que je ne saurais le dire... La boutique est dans un état calamiteux, les bocaux sont à moitié pleins - ou à moitié vides, tout dépend comment l'on voit les choses - et j'ai encore une montagne de colis à déballer ainsi que toute la réserve à ranger. je dois me rendre à l'évidence : cette boutique devient trop pour moi. Trop lourde, trop encombrante. Comme un fardeau que l'on arrive jamais à mettre de côté, même cinq petites minutes. Alors que si je courais dans la forêt...
La cloche du magasin me sort une fois encore de ma rêverie. Un homme assez grand et avec de grands yeux s'avancent vers le comptoir. Il ne semble pas être ici pour acheter. Il ne flâne même pas dans les rayons. Non, il semble être là pour quelque chose de précis, bien qu'il lorge mes caramels mous depuis un petit moment.

"Bonjour, je souhaiterais parler au responsable du magasin, s’il vous plaît."
"Bonjour, monsieur. Je suis la responsable de la boutique, Gretel Denougatine. En quoi puis-je vous aider ?"

Non, décidément, il n'était pas ici pour faire fleurir mon affaire. Mais je me demande bien en quoi je pourrais être utile à un homme comme lui, et que je n'avais jamais rencontré avant de surcroît. Mais il regarde ces caramels si intensément, que mon côté vendeuse et Gretel-gâteaux reprend malheureusement le dessus.

"Je vous en prie, si vous désirez y goûter vous le pouvez, ils sont gratuits. Je les mets à disposition parce qu'ils sont quelques peu ratés, visuellement parlant. Alors qu'au goût ils sont identiques à ceux destinés à être vendus."

Je place le bocal pile devant ses yeux et remplis une petite coupelle que je sors de sous le comptoir. Je la fait glisser devant lui, en espérant qu'il n'attende pas de moi quelque chose de trop farfelu. Il n'y a qu'à attendre qu'il s'exprime pour enfin le savoir..

Alexei & Gretel

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Ah. Bon bah au moins je n’aurais pas à patienter quarante ans pour parler au responsable. Ou plutôt, LA responsable. Une femme menue mais chez qui on sentait une force venant d’on ne sait trop où et, en tout franchise, ce n’était pas ma place de le demander. Je pourrais toujours lui poser la question plus tard si jamais j’étais engagé (ou même si pas, je ne suis pas du genre à garder rancune envers les gens qui me disent non pour un emploi. Je sais ce que c’est…Ou pas vraiment ne fait, j’admets, l’avantage de travailler en famille et dans un cirque, tu ne manques pas de travail. Certains me diraient fou d’avoir quitté cet univers qui a été toute ma vie, la seule vie que j’ai connue jusqu’ici, mais je suis comme ça : un grand gamin avec un grain de folie. Hey, il faut de tout pour faire un monde ; on a bien une fée mégalo en guise de souveraine alors pourquoi pas ?

Sauf que ma demande est retardée par les caramels mous qui, franchement, ont l’air excellents…Et puis le bocal migre de sur ma droite à face à moi. Elle joue avec le feu là. Parce que les caramels mous, c’est l’un de mes péchés mignons en terme de sucrerie. Bon, ce n’est pas le pire, MAIS, c’est dans mon top 3. Alors qu’elle me propose d’en prendre une parce que soi-disant, ils ne sont pas assez beaux pour être vendus. Je ne suis pas d’accord. D’ailleurs, mon sourcil haussé dû lui indiquer mon interrogation. Sauf que si ça s’arrêtait à un haussement de sourcil, je ne serais pas moi. Alors je prie un caramel - pour comparaison – et alla vers l’étale des caramels avant de faire deux pas en arrière pour en prendre un deuxième – pour ma gourmandise cette fois – et cette fois, allai directement à l’étale et comparai, sans y toucher bien évidemment, les deux types de caramel en me disant que « MON DIEU C’EST TROP BON ». Personnellement, je ne voyais pas grand-chose de différents entre les deux. Certes, celui que je tenais avait quelques imperfections, mais je ne pensais pas qu’ils soient si impropres à la vente que la responsable semblait le penser. J’allais probablement bousiller mes chances de trouver un boulot dans cette boutique, mais bon, moi et ma franchise naturelle…

"Je pense que vous pourriez quand même les vendre…Mais en petits paquets, les fêtes de fin d’années approchent, vous pourriez en faire des petits paquets cadeaux. A prix réduits. Ça vous éviterait de la perte. Même si pour le coup, ils ne se perdent pas à proprement parler parce qu’ils doivent partir comme des petits pains ! Si vous me permettez l’expression." Je me tus, tentant de jauger la réponse de la dame, mais mon impatience et surtout ma nervosité à l’idée de peut-être perdre une opportunité de travail me fit reprendre la parole prestement "Enfin, ce ne sont que des idées en l’air, c’est pas comme si je travaillais ici. Vous chercheriez pas quelqu’un d’ailleurs ? J’ai un très bon relationnel avec le client et je vendais des sucreries dans le cirque où je travaillais avant…"

Smoooooth. Ou presque. Si elle ne me prend pas pour un dingue, j’aurais de la chance. Maintenant, je n’avais plus qu’à attendre sa réponse. Oui, à l’essai ou « SORTEZ DE MA BOUTIQUE MECREANT » (si, si, je l’ai eu celui-là, je vous jure que c’est vrai). En attente de sa réponse, je restais sage comme une image, observant la boutique comme si de rien n’étais. Maintenant, si elle me virait de la boutique, je lui prendrais au moins quelques caramels, parce que bon, que je ne lui fasse pas perdre son temps pour rien…

C’est alors que je vis passer quelqu’un d’autre, une autre femme, avec un panier de confiseries à la main et là…là mes amis, mon cœur rata un battement. Je devais rêver, franchement…C’était trop beau pour être vrai mais…Cette fille…elle…portait un panier de Halva. A quoi, fait avec quoi je ne sais pas, mais ce sont des magnifiques, Halva. Je suivis des yeux le panier avant de me retourner vers la responsable, des étoiles plein les yeux.

"Madame, je vous vénère. Vous faites, ou importez mais à ce niveau-là je m’en fiche, des Halvas. Bon sang, j’ai été élevé à ça. Je suis originaire de Yasen et y a bien que ça qu’on trouve facilement là-bas ! Je crois que quoi qu’il se passe aujourd’hui, je vous en prends…Ca fait des années que j’en ai plus mangé…"

C’est officiel, elle doit me prendre pour un dingue…

Alexei & Gretel

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Je vois le jeune homme hausser les sourcils et se diriger d'un pas décidé vers les caramels destinés à la vente, placés un peu plus loin dans la boutique. Avec une lueur de défi dans les yeux, je le vois les mâchonner l'un après l'autre, et l'expression de son visage me donne entièrement raison. Je dois avouer que sa hardiesse et son attitude me plaisent assez. Lorsque j'ai vu sa tête en mangeant ces sucreries, je me suis retenue d'éclater de rire. Je me mords fortement la lèvre pour ne pas céder à la tentation de partir dans un énorme fou rire, et surtout pour qu'il ne pense pas que je me moque de lui ! Il termine d’avaler goulûment les friandises avant de continuer.
"Je pense que vous pourriez quand même les vendre…Mais en petits paquets, les fêtes de fin d’années approchent, vous pourriez en faire des petits paquets cadeaux. A prix réduits. Ça vous éviterait de la perte. Même si pour le coup, ils ne se perdent pas à proprement parler parce qu’ils doivent partir comme des petits pains ! Si vous me permettez l’expression."
Là, je ne peux pas réprimer mon envie de rire, et laisse échappe un petit éclat que je tais assez rapidement.
"Enfin, ce ne sont que des idées en l’air, c’est pas comme si je travaillais ici. Vous chercheriez pas quelqu’un d’ailleurs ? J’ai un très bon relationnel avec le client et je vendais des sucreries dans le cirque où je travaillais avant…"

"Je vous en prie, votre idée est très bonne ! Je dois dire que j'y avais moi-même pensé, ce serait une très bonne démarche commerciale. Pour ce qui est de la perte, rassurez-vous, je fais en sorte de ne jamais devoir jeter quoi que ce soit ! Lorsque des invendus me restent sur les bras, j'en fais don aux petits mendiants qui viennent réclamer à manger à la fermeture. Eux aussi sont des enfants après tout, et un enfant doit absolument connaître le goût d'une friandise. Une vie sans bonbon n'en est pas une après tout !"

Je n'ai pas réellement le temps de commenter sa façon de se vendre à moi, car déjà il dévisage une jeune femme qui arrive vers moi pour payer son petit panier de Halva. Par Merlin, est-ce humainement possible d'écarquiller les yeux de la sorte ? Quoi qu'il en soit, le jeune homme a l'air complètement hypnotisé par la demoiselle, qui a l'air de se sentir mal à l'aise à force d'être fixée. Bon, pour le moment il me faisait bonne impression, mais là il a tout de même l'air d'un psychopathe... Peut-être se connaissent-ils ? Niveau retrouvailles, j'ai déjà donné avec Nina et Ulrich qui ont - encore - saccagé mon magasin, alors si c'est le cas pour ces deux-là, j'apprécierais ne pas devoir racheter de bocaux cette fois...
Mais l'exclamation du jeune homme m'éclaire sur la nature de son étonnement.

"Madame, je vous vénère. Vous faites, ou importez mais à ce niveau-là je m’en fiche, des Halvas. Bon sang, j’ai été élevé à ça. Je suis originaire de Yasen et y a bien que ça qu’on trouve facilement là-bas ! Je crois que quoi qu’il se passe aujourd’hui, je vous en prends…Ca fait des années que j’en ai plus mangé…"

Merci Merlin, j'avais peur qu'il ne soit complètement fou ! Mais au contraire, je comprends son ravissement. Je ne sais que trop bien que le goût de certaines choses ont le pouvoir de nous emporter très loin dans le temps et dans l'espace. La mémoire la plus précise de l'homme est celle du goût, et c'est pour être témoin de réactions telles que celle qui se déroule devant mes yeux que j'ai ouvert Miel & Epices. Avec Hansel, notre désir le plus cher était de ravir les enfants et même leurs parents, avec des senteurs et des goûts qui sont d'office assimilés aux meilleurs moments de leur vie. Oui, nous vendions du bonheur dans des nougats, et des souvenirs heureux enrobés de sucre. Nous-même étions les plus heureux du monde.

Je sors de sous le comptoir un bocal entier de mes Halva maison : cacahuète, miel, et une toute petite pointe d'un ingrédient secret que je garde jalousement, et qui fait le succès de mes confiseries : un soupçon de citronnelle séchée.

"Ah, les Halva ! Je les fabrique moi-même, de plusieurs sortes et de plusieurs couleurs. Ceux-ci sont à la cacahuète et au miel. Je rajoute également une petite touche personnelle qui plait, en général. Je ne suis jamais allée à Yasen, à mon grand regret, mais un ami m'en a rapporté de son voyage un jour, alors j'ai tenu à en reproduire, et je crois qu'ils sont assez fidèles. Tenez, si vous les aimez alors je vous les offre." Je pousse le bocal devant lui, en espérant que mon cadeau lui fasse plaisir. Parce que oui, c'est pour cela que j'aime cuisine. Pour faire plaisir. Pas pour vendre. Je n'accorde pas à l'argent une très grande importance de toute manière.

J'avais reproduit cette recette pour tenter de rallonger le précieux du cadeau que mon...ami m'avait offert. Je me suis dit que, chaque fois que j'en referai, je repenserai à lui. Qu'il serait là, près de moi quand je cuisinerai ces douceurs. Potté me les avait rapportés d'un voyage à Yasen. Encore un cadeau qui faisait office de récit de voyage, puisqu'il ne m'en racontait pas grand chose, sûrement parce qu'il savait que je lui en aurais voulu de me raconter comment il s'était mis en danger une dizaine de fois dans la même journée... Du grand Potté. Celui qui savait instantanément ce qui m'aurait fait plaisir, quoi m'apporter pour que je sois heureuse. Et même lorsqu'il ne m'apportais rien, c'était déjà le plus beau cadeau du monde que de l'avoir là, dans ma cuisine, près de moi. Il savait tout ce que je désirais, et pourtant il ignorait ce que je voulais au plus profond de moi... Ce je n'aurais su moi-même alors.

"Donc, vous êtes ici pour chercher du travail. Je dois dire que vous vous vendez plutôt bien, et que j'aime beaucoup votre franchise et votre aplomb. Alors je vais vous prendre à l'essai..." Mes yeux se reposent sur le bocal d'Halva et il me vient une idée. Un peu saugrenue, mais qui pourrait m'en apprendre plus sur mon potentiel employé. "Je vais vous prendre à l'essai à une condition." Je sors un Halva du bocal et le lui tend, sans pouvoir réprimer un petit sourire d'excitation. "Que vous mangiez ce Halva, et que vous me disiez quel est l'ingrédient secret présent dans cette préparation. Si cela peut vous aider, vous avez le droit à trois essais. Vous comprenez, j'ai une réputation à tenir, alors si j'engage une personne sans le moindre palais, je peux dire adieu à mon succès !" j'ajoute avec un clin d'oeil.

Cet homme m'intrigue, mais j'ai comme une envie de... jouer un peu avec lui. Gentiment, sans méchanceté. Après tout, si nous devons travailler ensemble, autant tester ses qualifications !

Alexei & Gretel

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Et un point pour moi ! Pas que je comptais spécialement les points, parce que ça serait idiot de tenter de surpasser une personne par qui on tentait de se faire embaucher. Ce n’était pas très bien vu en général. Mais qu’elle approuve l’idée que je venais de lui soumettre était une sorte de petite victoire pour moi qui me disait que, peut-être, j’avais ma chance ici. J’étais loin d’être un professionnel de la confiserie, mais avec une petite formation sur les différentes confiseries que je ne connaissais pas encore (ce qui restait limité, j’ai toujours été un grand gamin…) et je serais au point ! En plus j’avais réussi à la faire rire, ça aussi, en général, c’était bon signe. Elle aussi avait de très bons arguments pour me donner envie de me dépasser pour travailler ici ; elle semblait penser plus aux personnes qui viennent dans son magasin comme des invités que comme des portefeuilles sur pattes, ce qui était une vision des choses qui me plaisaient assez. On avait toujours eu cette devise au Cirque : "Faire rêver est un métier, c’est vrai, ce n’est pas pour autant que les rêves doivent être payants". C’était vrai que l’on avait un droit d’entrée, il le fallait bien, mais on ne jetait jamais les enfants des rues qui venaient nous voir (sauf si on était complet parce que là il en venait à leur sécurité), Hibernius nous l’avait tous ancré dans le crâne avant même que nous sachions marcher.

"Je suis bien d’accord ! Les bonbons c’est la vie. Bon, sauf pour ceux qui ne tolère pas le sucre, mais ça c’est encore autre chose…"

Puis je me suis lancé dans un éloge sur elle et les Halvas. Surtout les Halvas je devais l’avouer. En même temps, on me montre les confiseries qu’on a mangées à s’en faire exploser le ventre quand j’étais gamin, celles qui renfermaient, pour moi, le plus de souvenirs du Cirque en termes de nourriture. Pendant un moment, j’ai bien cru qu’elle allait me prendre pour un dingue et appeler les chevaliers flics pour me faire sortir de sa boutique. Au lieu de cela, elle sortit un bocal entier d’Halvas et me le tendit, l’offrit même. Pendant une longue minute je ne sus quoi dire et ouvrait et fermait la bouche successivement dans l’espoir que cela débloque un peu la partie attenante au langage de mon cerveau, mais rien ne vint. Alors je cédai à la tentation et pris un Halva pour les goûter. Si elle les reproduisait elle-même, je me devais de les goûter. Eh bien je ne fus pas dessus pour un sous. Ils n’étaient pas exactement pareil que ceux que j’avais connus étant enfant, mais ils étaient diablement délicieux. Cette femme avait vraiment du talent. En même temps, si elle n’en n’avait pas, elle ne pourrait pas tenir une telle boutique.

Je venais de finir ma bouchée quand elle reprit la parole et, bien qu’ayant fini de manger, je répondis par un simple hochement de tête. Mes yeux commencèrent à briller quand elle parla de me prendre à l’essai. Je n’en demandais pas plus pour le moment. Si j’arrivais à faire un essai, je pourrais montrer ce que je sais faire. Et c’était tout ce dont j’avais besoin. La suite serait à voir après la période d’essai justement. J’ouvris la bouche pour la remercier, mais me figeai en plein élan. Une condition, quelle condition ? Je refermai prestement la bouche en l’écoutant attentivement, les yeux plissé de concentration. Qui s’écarquillèrent à la suite de ses paroles. Trouver l’ingrédient secret ?! Euh…Je veux bien admettre que mon palais n’était pas du béton insensible (sinon pour cuisiner je ne serais pas la mouise), mais de là à deviner les ingrédients d’une sucrerie…Enfin, c’était sa condition alors je m’y pliais. D’autant plus que son argument se tenait. Je pris donc un Halva et le goûtai. Prenant mon temps. J’avais certes le droit à trois essais, mais ce n’était pas forcément gagner, loin de là, alors autant prendre mon temps.

"Bon, à part les ingrédients habituels de cette sucrerie, on sent effectivement un léger goût acidulé" c’était la seule que je sentais qui sortait du goût que je connaissais pour les halvas. Maintenant, de là à savoir quel était l’ingrédient exact…Je tentais de me rappeler les différents ingrédients qui pouvait ajouter un petit goût acidulé pareil, et ensuite de le réduire aux trois plus probables. Sauf que je ne connais pas tout. Alors c’est un peu quitte ou double. "Alors, par ordre de probabilité, voilà mes trois propositions : Citron, orange, et gingembre. Mais attention, gingembre en jeune pousse, quand elles ont encore un goût assez doux."

Je crois en être très loin avec ce dernier ingrédient mais c’est tout ce qui me venait, je dois bien l’avouer…

Alexei & Gretel

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Le voir mastiquer son Halva tout en réfléchissant est une vraie scène de clown, je dois l'avouer, et j'ai énormément de mal à garder mon sérieux. Mais il est très appliqué, et je suis certaine qu'il va trouver. Il a l'air tellement motivé, et moi j'ai tellement besoin d'aide... Je pourrais le former, lui enseigner tout ce que je connais, et peut-être même lui transmettre mes recettes, qui sait... On ne peut pas savoir ce qu'il se passera dans un avenir proche. Je ne considère plus du tout l'avenir comme auparavant. Il pourrait m'arriver quelque chose, je pourrais partir du jour au lendemain, tout quitter, tout abandonner, reprendre mon ancienne vie... Ce serait contraire à mes principes, certes, à mes nouveaux principes. Mais je ne suis pas à l'abris, et je sais, je sens que cet homme là pourrait être la perle rare, celui qui fera perdurer Miel&Epices avec autant de cœur et de tripes que je le fais chaque jour.

"Alors, par ordre de probabilité, voilà mes trois propositions : Citron, orange, et gingembre. Mais attention, gingembre en jeune pousse, quand elles ont encore un goût assez doux." Il est réellement surprenant. Il a beaucoup de choses à apprendre, certes, mais au moins je suis certaine qu'il mettra un point d'honneur à réaliser parfaitement les halvas, ce qui n'est pas chose facile. Du gingembre, vraiment ? Avec un peu de kiwi et un soupçon de fleur d'oranger, cela ferait de superbes muffins... Je note cette idée dans un coin de ma tête, pour ne pas l'oublier. Revenons-en à notre ami... Il est vrai que je ne connais même pas son nom.
"Eh bien monsieur, vous n'étiez pas tout à fait loin avec votre citron. C'est de la citronnelle séchée, le goût se conserve beaucoup plus longtemps qu'avec un simple zeste ou jus de citron, et il est beaucoup plus doux en bouche. Je suis assez impressionnée, je dois bien vous le dire, et j'accepte de vous prendre à l'essai, avec un très grand plaisir !"

Finalement, lui faire passer un essai... Il vient de me montrer sa motivation, pourquoi diable l'emploierais-je gratuitement toute la journée ? Il cherche du travail, il mérite d'être bien payé s'il se fatigue tout la journée. Je sors de sous le comptoir deux paniers remplis de mes bonbons "ratés" visuellement, ainsi qu'une bonne trentaine de petits sachets transparents décorés d'étoiles dorées.
"En fait, j'ai changé d'avis, je ne vous prends plus à l'essai." Je pousse le tout devant le jeune homme, et lui adresse mon plus beau sourire. "Vous êtes engagé. Je vous laisse avec votre merveilleuse idée de paquets cadeaux de Noël, tout ce dont vous aurez besoin se trouve sous le comptoir ou dans la réserve, à gauche après la porte qui se trouve derrière moi. Surprenez-moi, Monsieur...?"

Je n'ai pas de contrat à lui faire signer à proprement parler, mais je lui tends la main en signe de bonne foi, afin de sceller notre accord. J'ai hâte d'en savoir plus sur mon nouvel employé. Et aussi de le présenter à Mulan, je crois qu'ils vont bien s'entendre tous les deux !

Alexei & Gretel

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J’attendais avec appréhension et impatience la réponse de Gretel, tentant de cacher ma nervosité en gardant mes mains derrière mon dos, alors que mes doigts s’entremêlaient en tentatives veines de me calmer. Je détestais attendre pour un truc comme ça. Je n’étais, de base, pas du genre très patient, mais alors quand je devais attendre des résultats (quels qu’ils soient), je haïssais le suspens. Alors devoir attendre sa réponse quant à mes propositions…Quelle torture, je vous jure. Pourtant je me fis violence et attendit – presque – sagement. Quand enfin elle parla, je crus voir mes espoirs s’écrouler devant mes petits yeux bruns. Je sais bien que je manque d’entrainement, je me doutais que j’avais peu de chances de vraiment trouver ce fameux ingrédient mystère, mais une petite partie de moi, celle qui restait un éternel enfant ne pouvait s’empêcher d’espérer que je le trouverais…Je ne l’avais pas trouvé, c’était attendu. De la citronnelle séchée…pourtant je connais la citronnelle, j’en ai déjà goûté une fois. C’est vrai qu’on s’en servait plus pour éviter de se faire bouffer par les moustiques et autres parasites dans les contrées plus chaudes que dans des gâteaux, mais bon, j’en connaissais l’existence et un peu le goût. D’accord, j’admets, ça ne suffisait pas, mais j’enrageais intérieurement quand même.

Pourtant la suite me surprit. Elle…Me prenait à l’essai quand même ?! Bon sang ! Cette femme était définitivement géniale. Je m’apprêtais à faire le tour du comptoir pour lui faire un câlin comme je n’en n’ai pas fait depuis des mois quand elle poursuivit et encore une fois, je cru tout perdre dans cette entreprise. Pas d’essai… ? HEIN ? QUE ? QUOI ? Elle va arrêter de faire faire un tour de manège à mon pauvre petit cœur là ? Je venais de passer deux fois du désespoir le plus profond à la joie la plus extraordinaire. Mon cœur n’allait pas le supporter voyons ! Okay, j’ai qu’une vingtaine d’années, mais ce n’est pas une raison ! Les crises cardiaques, avec les bonnes circonstances peuvent arriver à n’importe qui. J’observais la main qu’elle me tendit de longues secondes, les yeux papillonnant de surprise alors que mon cerveau tentait de se faire à l’idée que, ça y est ! J’ai trouvé un travail bordeeeeel ! Alors qu’un immense sourire prit place sur mon visage, je lui serrais la main vigoureusement, heureux que j’étais.

"Trainesavate, Alexei Trainesavate ! Merci de m’avoir engagé, je vais faire mon maximum pour ce boulot !" Je relâchais sa main et, l’émotion des dernières minutes me rattrapant, je finis assis sur mon séant devant le comptoir, mes jambes me lâchant lamentablement. "Désolé, je me relève dans une seconde…Mais c’est que vous ne m’avez pas ménagé, mon petit palpitant n’est pas habitué à vivre un tour 360° d’émotions…" Après quelques secondes je me relevais d’un bon, revigoré à l’idée d’avoir déjà une tâche à faire. "Je m’y met de ce pas Chef !"

Il passa derrière le comptoir et, enfilant des gants se trouvant là afin de ne pas abîmer les produits, chercha une petite balances et commença ses assortiments de bonbons pour les cadeaux de Noël, ce qu’il espérait être en tout cas de beaux cadeaux. Il en avait fini une bonne dizaine quand il eut une nouvelle question.

"Dites, je peux vous demander quelque chose ? C’est assez peu orthodoxe je vous le dit tout de suite, enfin, le jour où je ferais un truc de façon orthodoxe il faudra vérifier que je ne perde pas la boule, enfin bref. Voilà, je voulais vous demandez si je pouvais rapporter un petit peu de Halvas à ma logeuse, elle vient de Yasen aussi, mais ça fait bien longtemps qu’elle n’y est pas retournée et…Je pense que ça lui ferait plaisir. Vous pouvez même les retirer de ma prochaine paye s’il le faut…"

Oui parce que bon, déjà qu’elle m’avait fait goûter certains produits gratuitement, fallait pas que j’abuse non plus…

Alexei & Gretel

Qui peut dire ce qui se cache derrière un sourire

Voir un énorme regain de motivation dans les yeux du jeune homme me met du baume au coeur. Je crois que je n'ai pas été trop stupide en l'engageant de suite. Non seulement je suis certaine qu'il sera un très bon élément, mais je sais également que j'ai un peu contribué à son bonheur. Sinon pourquoi serait-il là, sur le fesses, devant mon comptoir ? Je n'aime pas la reconnaissance, ni les compliments. Je trouve cela affreux que le simple fait de faire ce qui nous semble juste puisse engendrer un sentiment rare. La reconnaissance ne serait pas si tout le monde agissait selon l'autre, sans le blesser mais pour l'aider. Je suis peut-être une de ces originales qui prône un monde qui ne serait plus égoïste, mais telle est ma façon de voir les choses. Et que l'on me pende s'il en est ainsi, si je sais que ma seule faute a été de suivre mes principes, alors je mourrai heureuse. Mais le voilà que mon cher novice se remet sur pieds.
"Je m’y met de ce pas Chef !"

Chef ? On aura tout entendu. Oh non, il est hors de question que je dirige qui que ce soit. Nous serons collègues, mais certainement pas supérieure et employé, il en est hors de question.
"Appelez-moi Gretel, je vous en prie. Toutes ces pirouettes, ce n'est pas vraiment mon genre !"
Je vois Alexei qui se précipite derrière le comptoir et se met directement à faire ce que je lui ai demandé. Eh bien, en voilà un qui ne perd pas de temps ! Il a l'air d'être un personnage tout à fait atypique, et cela ne me fait pas peur, bien au contraire.

Oui, il est différent de Mulan, Mulan la silencieuse, Mulan la discrète, la demoiselle de Saay qui n'est pas très bavarde mais qui a plein d'étoiles dans ses jolis yeux en amande. Alexei le turbulent, Alexei le démonstratif, Alexei le pitre ? Voilà qui plait, et qui me plait plus que n'importe quelle jeune fille qui aurait eu une lettre de recommandation de quiconque et qui se serait présentée à moi avec force révérences. Oui, j'ai le pittoresque, j'aime ceux qui ne me feront pas passer un jour semblable à celui de la veille, j'aime me faire des amis. Je ne supporte plus de diriger, je ne veux plus avoir la main mise sur qui que ce soit, à moins d'en être totalement obligée.
Mais, je suppose qu'il est temps de me remettre au travail à présent. J'attrape mon tablier et je m'attarde sur les rayons avec mon plumeau, histoire de remettre la boutique en ordre. Dans quoi tu t'es encore fourrée, Gretel ? Tu ne trouves pas qu'il ressemble à...
HANSEL. Oui, Alexei et lui on un peu en commun. Cette même franchise, cette volonté de tout faire pour arriver à leurs fins...

"Dites, je peux vous demander quelque chose ? C’est assez peu orthodoxe je vous le dit tout de suite, enfin, le jour où je ferais un truc de façon orthodoxe il faudra vérifier que je ne perde pas la boule, enfin bref. Voilà, je voulais vous demandez si je pouvais rapporter un petit peu de Halvas à ma logeuse, elle vient de Yasen aussi, mais ça fait bien longtemps qu’elle n’y est pas retournée et…Je pense que ça lui ferait plaisir. Vous pouvez même les retirer de ma prochaine paye s’il le faut…"
Gentil, absolument adorable, mais cependant... un peu tête en l'air. Mais au moins il se préoccupe des autres, et surtout de sa logeuse. Il a des étoiles plein les yeux lorsqu'il l'évoque, et ses paroles sont un peu plus confuses maintenant. Eh bien, cette fameuse logeuse doit être quelqu'un de très spécial pour lui, il a l'air de l'apprécier. Une logeuse, d'habitude, on ne s'entretient avec elle seulement pour râler ou faire des réclamations. Jamais je n'offrirais des bonbons à une personne qui me loge si je ne l'appréciais pas un temps soit peu... NOM D'UN COOKIE !

Je baisse la tête sur le comptoir et me rend compte qu'il a déjà fabriqué plus de dix petits paquets très jolis, esthétiquement très appétissants, et le tout en quelques minutes seulement ! Denougatine, tu viens de dénicher la perle rare !
"Mon cher Alexei, c'est une attention tout à fait charmante ! Cependant, je suis désolée, mais je ne peux pas vous laisser rapporter un peu de Halvas chez vous..." Je vais chercher un sac en papier et verse le contenu tout entier du bocal dedans, puis le ferme avec un ruban et le tend à mon nouveau collègue. "Je vous ai offert ce bocal, vous vous en souvenez ? Il est à vous et vous pouvez en faire ce que vous voudrez, et hors de question de le retenir sur votre paye ou quelque chose dans ce genre-là ! J'espère de tout mon cœur que votre logeuse les appréciera, malgré le fait qu'ils ne soient qu'une pâle copie des originaux... Et dites lui de venir me voir si elle souhaite en goûter davantage ! Vous avez l'air de l'apprécier, aussi je peux évidemment lui faire un prix sur les articles. Vos paquets sont tellement jolis que je serai incapable de vous proposer autre chose !" j'ajoute avec un clin d’œil.

Bon, j'espère que ma petite attention lui a fait plaisir. Ma curiosité me perdra, mais j'ai tellement hâte de savoir quelle est son histoire, quelle a été sa vie, quel malheur l'a amené ici, à Fort Fort Lointain, l'endroit le plus triste et le plus réducteur qui existe... Je ne devrai pas lui poser de questions, mais j'aimerai qu'il sache que je n'ai pas envie d'être reléguée au statut simple et unique d'employeur. Non, j'aimerai instaurer une vraie relation, avec lui et Mulan, devenir une amie, quelqu'un en qui ils peuvent avoir confiance. Mais revoilà mon idéal qui revient avec ses gros sabots, et je sais très bien que je ne peux pas avoir de bons rapports avec tout le monde. Ça ne rimerait à rien, et de toute manière je n'en veux pas. Mais si seulement on pouvait tout recommencer, tout recommencer depuis le début, et simplement choisir... Mais c'est trop tard pour toi, Gretel. Tu n'aura pas de seconde chance.

"Bien, Alexei, vous avez fait du très bon travail. Si vous désirez rentrer chez vous, vous êtes libre. Nous n'avons pas eu beaucoup de clients, mais je vous montrerai tout ce qu'il y a à savoir demain matin, et je vous formerai pour l'accueil, la vente... Bref, les choses sérieuses quoi ! Merci beaucoup de vous être présenté à moi aujourd'hui, je crois que vous êtes réellement tombé du ciel ! Et n'oubliez pas vos Halvas surtout..."
Oui, il a vraiment bien travaillé, et rien n'aurait pu me rendre plus heureuse. C'est mon rôle à présent de tout ranger, tout nettoyer, et de tout mettre en ordre pour demain. Il le faut, et j'en ai besoin. Il faut absolument que j'arrête de faire des amalgames constants entre les nouveautés de chaque jour et mon passé, ou bien je vais devenir totalement dingue. Ou alors ce sont des signes du destin, Gretel.

Vraiment ? Non, je n'en veux pas. Je veux simplement qu'on me laisse tranquille, et qu'on me laisse vivre ce que j'ai à vivre. Seule.

Alexei & Gretel

Qui peut dire ce qui se cache derrière un sourire

Elle me demande de l’appeler Gretel et j’enregistre l’information dans mon cerveau, avant de retourner à mon travail. Par merlin, j’ai un travail. J’ai enfin réussi à trouver un travail ! Je vais enfin pouvoir payer un loyer à Vassilissa, ou mieux, lui rendre son indépendance…Pourtant, cette idée ne m’enchante guère. Durant les quelques mois que l’on a passé l’un avec l’autre, je me suis attaché à elle. A cette femme qui semble avoir beaucoup de choses à porter sur ses épaules mais qui était une femme forte, ça se voyait dans sa façon de se tenir, de tenir cette vie pas aussi simple que Marraine voudrait nous le faire croire. Je l’admirais et souhaitais plus que tout l’aider à porter ce qu’elle sembler trainer derrière elle. Pourtant, je ne lui posais pas de questions, je la laissais venir à moi, se sentir suffisamment en confiance pour me le dire d’elle-même. En attendant, il n’empêchait que la bonne nouvelle de mon emploie se fêtait. D’où la demande à Gretel pour les Halvas.

Ah…Bon bah je reviendrais en acheter, un autre jour, quand j’aurais moins l’impression de m’être tourné en ridicule…Attendez une seconde, elle fait quoi avec ce sac en papier…Et les halvas…Naaaaan. Elle n’allait quand même pas…Ah bah si. Sérieusement, il allait falloir que je me fasse à ses tours à ma patronne, sinon mon petit cœur ne survivrait pas un mois avant de lâcher prise. Pendant de longues minutes, je ne sus quoi dire. Premièrement elle m’offrait un bocal entier de confiseries, ce qui était une chose qu’un commerçant ne fait JAMAIS, parce que hey, ça vaut de l’argent un tel bocal de produit (bon après si elle se rattrape sur les caramels mous, à la limite et de toute façon je n’irais pas voir ses comptes je n’y comprendrais que dalle). Ensuite elle a toute de suite compris que Vassi…Eh bah je l’aime bien, plus que comme une simple logeuse et ça me porte le rose aux joues que je tente de cache stupidement ne baissant la tête et en m’affairant de nouveau à mes petits sachets de confiseries.

Sérieusement, comment j’ai pu tomber sur un job aussi parfait ? Je travaille dans une confiserie, avec une femme absolument adorable, peut-être trop pour son bien, avec qui, je le sens, je vais devenir un bon ami. Enfin, je l’espère. Elle est tellement gentille et je viens d’un endroit où tout le monde se considère comme une grande famille et malgré mon choix de partir, ça me manque quelque part. Alors si je pouvais recréer un peu de cette ambiance dans cette boutique, avec cette femme et ses autres employés (parce que je ne vais pas me leurrer, je ne dois pas être le seul), je n’allais pas rater ma chance. D’un coup, je me dis que la vie sous Marraine ne devrait plus être si terrible si je passe mes journées dans un endroit pareil…Je sortis de ma rêverie et mon embarras léger quand elle reprit la parole et un immense sourire éclaira mon visage.

"Merci beaucoup. Je ne pensais pas que vous soyez exactement sérieuse, c’est du produit, du très bon produit si vous voulez tout savoir - et vous parlez à un connaisseur là – alors…Mais c’est…adorable. Je ne sais pas si j’ai le droit de dire ça à ma patronne, mais vous êtes vraiment quelqu’un d’adorable et si le ciel a quoi que ce soit à voir là-dedans, j’en suis fort aise." Je fis le tour du comptoir pour la rejoindre et, sans crier garde, la pris dans mes bras. "Merci encore pour ce travail, vous me sortez d’un sacré pétrin…" je la relâchai et observa la boutique un moment "Vous êtes sûr que vous ne voulez pas que je vous aide ?"

Avec elle, je ne savais pas si c’était parce qu’elle était trop gentille pour me demander de rester l’aider lors de mon premier jour (après-midi ?), ou bien si elle préférait vraiment s’occuper de fermer toute la boutique seule…alors autant demander.

Alexei & Gretel

Qui peut dire ce qui se cache derrière un sourire

Trop de remerciements, trop de compliments... Bon sang, est-ce si étonnant que cela quelqu'un qui fait preuve d'un peu de bonté et d'humanité dans cette ville ? Bien sûr que si je le pouvais, j'offrirais tous mes produits, et si j'étais richissime je le ferais. Mais toute la ville ne repose que sur ça, sur cet... argent dégoûtant, morceau de métal rond et insignifiant et qui pourtant se pose en régent sur nos vies. La révolution, c'est contre l'argent qu'on devrait la mener, par contre Marraine. Mais je n'ai pas le choix, et si je veux continuer à faire des petites exceptions comme celles que je fais à Alexei, je dois gagner de l'argent d'un autre côté.. Je déteste ce système, je déteste l'argent et je déteste ce sentiment de culpabilité qui me ronge. Je ne fais pas tout cela pour attirer une quelconque reconnaissance ou admiration, que pourrais-je en faire ? Je fais cela, je crois, pour le salut de mon âme, le rachat de mes crimes passés. Parce qu'il faut bien que je paye mes fautes et les vies que j'ai enlevées en en aidant d'autres...

"Merci encore pour ce travail, vous me sortez d’un sacré pétrin… Vous êtes sûr que vous ne voulez pas que je vous aide ?" Encore de la gentillesse que je ne mérite pas. Mais celle-ci semble tellement douce, maintenant que je pense savoir qu'elle émane d'un être tellement entier, sincère et fidèle à lui-même qu'Alexei... J'ai eu beaucoup de regrets, mais je sais pertinemment que de ma vie je ne regretterais jamais le choix que je venais de faire.
"Rentrez vous reposer, Alexei, demain vous travaillerez, alors ne soyez pas trop pressé ! Je vous revois demain sans faute à 8h ? Nous commencerons par la réserve si cela vous convient, vous êtes bien plus grand que moi et vous me serez d'une aide précieuse... Jusque là, merci encore pour ce que vous avez fait aujourd'hui. Et mes amitiés à votre logeuse ! Je suis disponible pour lui faire goûter tout ce qu'elle veut, si le coeur lui en dit. Bonne soirée !"

En refermant la porte sur ce drôle d'énergumène, je ne savais pas encore qu'Alexei allait devenir une réelle béquille pour moi. Mais je me souviens que j'avais un sentiment d'allègement que je n'avais plus ressenti depuis très longtemps. Alexei, cet ange tombé du ciel.

RP Terminé