AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
FORT FORT LOINTAIN A FERME SES PORTES.
-20%
Le deal à ne pas rater :
-20% Récupérateur à eau mural 300 litres (Anthracite)
79 € 99 €
Voir le deal

marie ☾ c’était comme mourir flagellé en douceur à coups de lacets de chaussure parfumés


FORT FORT LOINTAIN

Invité
Invité

Anonymous




marie ☾ c’était comme mourir flagellé en douceur à coups de lacets de chaussure parfumés  EmptyMar 28 Oct - 19:25




Marie et Elis

elle était trop grande pour faire une voleuse, trop honnête pour faire une criminelle, trop intelligente pour faire une épouse et trop fière pour embrasser la seule autre profession féminine généralement offerte

La chaleur des lieux, Elis ne la ressentait pratiquement plus à présent. Il en était arrivé à un stade où vivre dans un véritable four ne lui faisait plus rien, malgré sa peau trempée, ses cheveux roux collés derrière sa nuque et cette impression d’être coincé en plein milieu d’une foule à Afhsin, à midi. Depuis déjà quelques années. C’était une condition qu’on finissait par accepter, et même si la fraîcheur extérieure qu’on pouvait trouver ce matin là dans tout Fort fort lointain gardait les habitants dans leurs habits , rien n’était comme ailleurs à la forge. Et pourtant tout était normal. Un quotidien plaisant pour le forgeron qui travaillait déjà sur une nouvelle commande depuis quelques heures, puisque comme lorsqu’il était apprenti, il arrivait chaque jour à l’aube. Certains l’auraient décrit comme un véritable acharné, d’autres aurait dit qu’il vivait purement à travers son travail.  Et au final, c’était sûrement le cas. Sa famille, il l’avait quitté depuis déjà bien longtemps, pour en aucun cas en refonder une nouvelle à la capitale. Il avait quelques amis, qu’il voyait parfois. Et puis Poucet, bien entendu, qu’il surveillait si maladivement qu’il ne semblait parfois pas être son frère, mais un bien personnel – idée qu’Elis détestait en soit, mais la renforçait tout de même puisqu’il ne faisait rien pour changer la donne. Pourtant, qu’il aurait aimé tout changer. C’était ce qu’il avait fait. Une fois. Il avait tout plaqué pour faire ce qu’il semblait être juste. Mais c’était il y a si longtemps que ça devait être dans une autre vie. Une autre histoire. Et aujourd’hui, lorsqu’il prenait le risque d’y repenser un peu, son voyage avait plus pris la forme d’une fuite qu’une remise en question noble et totalement voulue. Il était ainsi arrivé à son but, se défaire d’une famille pour une autre. Tout s’était bien passé. Sans trop de dégâts collatéraux. Les pots, il avait réussi à les recoller un tant soit peu, parce que construire des choses, il aimait bien, Elis. C’était son truc. Créer des choses de ses mains. Mais ici, il commençait à avoir la dangereuse impression que pour continuer à vivre comme il l’entendait, il lui faudrait bientôt commencer à les détruire. C’était une évidence. De ces évidences qui faisaient bouillonner le peuple jusqu’à devenir un fait avéré. Et Elis s’y résignait : S’ils devaient passer par là pour que la situation s’arrange, soit, alors ils le feraient. Après tout, la destruction était une forme de création. Ce fut ce qu’il songea lorsqu’il s’employa à faire fondre d’anciennes épées pour leur métal qui serviraient bientôt à la fonte de nouvelles pièces. Ça, c’était sa vie. C’était la vie de tout le monde. On faisait avec de l'ancien quelque nouveauté. On prenait ce qui venait, sans s’occuper de ce qu’on avait fait avant, et puis vogue la galère. On se débrouillait. Ils se débrouillaient.
Il se débrouillerait.
Regardant le métal fondre dans le grand chaudron trônant au milieu de l’âtre, le jeune forgeron se prit à essayer de retirer un peu la crasse l’environnant, pour finalement abandonné, sachant parfaitement qu’il serait de toute manière dans un état bien pire à la fin de la journée. Il essuya tout de même ses mains calleuses dans un vieux bout de tissu avant d’accepter de caresser son chiot, visiblement en manque d’amour. Lui aussi se réveillait à l’aube, mais contrairement à son maître il pouvait se rendormir près du feu, comme il le faisait à peu près toute la journée. Son frère, Aldred, devait sans l’ombre d’un doute s’adonner au même loisir à ce moment-ci, et son propriétaire être déjà en tenue de combat pour s’entraîner ou entraîner quelqu’un. Elis eut un petit sourire en esquivant la langue du grand chiot. Il ne pensait pas une seule seconde qu’ils avaient tiré les mauvaises carte en naissant humains. Même avec le manque de sommeil. Le temps qui passait sans se soucier des blessures, et des personnes à terre sans possibilité de se relever assez rapidement. Il était content d’en être là. Peut-être pas heureux. Juste content. Et c’était déjà ça. "Si tu pouvais te rendormir au lieu de m’embêter." murmura-t-il en posant un genou au sol afin d’être à sa hauteur. S'il avait été là, son patron lui aurait dit que ce chien était réellement une perte de temps. Pour finir par bougonner quelques paroles attendries à l’animal, parce qu’après tout, personne, même pas le plus froid des hommes ne pouvait résister à cette boule de poil – même pas Poucet, c’était pour dire. Mais ledit patron n’était pas là aujourd’hui. Il jugeait qu’après quelques années, Elis était maintenant capable de gérer lui-même le commerce, ainsi il pouvait se reposer et n’arriver que plus tard. Il ressemblait étonnamment au vieil homme qui avait pris sous son aile Cailloublanc, durant son voyage. Et souvent ce dernier songeait qu’il se prenait toujours d’affection envers les personnes qui avaient vécues. Celles qui avaient déjà parcourues des kilomètres du long chemin qu’était la vie, mais qui en avaient encore sous leurs souliers. Et dans le cœur, si ces deux choses n’étaient finalement pas indistinctes l’une de l’autre. Avec un petit couinement, Cinead se rallongea, pourtant toujours dans les pattes de son maître qui reprit sa besogne avec le fer fondu qu’il modela puis chauffa à blanc. La lame naissait petit à petit sous ses yeux, comme toujours, et il contribuait au processus qu’il dirigeait et laisser aller tout à la fois. Une belle journée en perspective. Monotonie plaisante. Habitudes qui ne lui faisaient ni peur, ni ne l’ennuyaient. Jusqu’au moment où son ami se leva brusquement pour se jeter vers l’entrée, sans aboyer certes, mais avec une telle vivacité qu’Elis comprit derechef que quelqu’un arrivait. Cela pouvait être son patron. Ou non. Un instant il pensa à Dragée, puis chassa cette pensée de son esprit. Un autre, ce fut au tour de Poucet de faire son apparition. Mais lui non plus n’avait rien à faire ici à cette heure-ci de la journée. Ni ce jour tout entier, d’ailleurs. Il soupira légèrement et releva doucement les yeux de son travail en cours. "C’est ouvert." dit-il d’une voix forte, en reposant son marteau sur l’enclume derrière laquelle il se trouvait. Comme si cela pouvait en être autrement. Il hésita à appeler son chien, mais ne le fit pas. Après tout, il n’était pas dangereux. Comme la personne qui s’introduisait dans les lieux ne l’était pas non plus. Peut-être.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Marie Lopaline
LADY, LADY OSCAR

Marie Lopaline

marie ☾ c’était comme mourir flagellé en douceur à coups de lacets de chaussure parfumés  Tumblr_n7g64c7ACY1s5lesdo2_250

⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : jessica de gouw
⊱ crédits : caf-pow. (ava)
⊱ arrivé(e) le : 13/09/2014
⊱ manuscrits : 474

⊱ tes licornes : princesse shéhérazade, beasthélemy, cúchulainn le maudit.
⊱ schillings : 438

⊱ ton conte : le prince casse-noisette et le roi souris
⊱ ta race : humaine, dieu merci.
⊱ métier : capitaine dans la garde royale, à fort fort lointain.
⊱ tes armes : une épée à la taille, une arbalète à la main. plus récemment, une arme à feu.
⊱ allégeance : pour, bien entendu.

marie ☾ c’était comme mourir flagellé en douceur à coups de lacets de chaussure parfumés  Tumblr_mvatuyZyXD1rm6tpco3_250



marie ☾ c’était comme mourir flagellé en douceur à coups de lacets de chaussure parfumés  EmptyVen 31 Oct - 20:43


 
Elis, Marie
les mots, comme les armes, partent parfois tout seul.

Assise au rang le plus bas des gradins, Marie passait distraitement la main sur sa lame. Elle n'en avait pas changé depuis qu'elle était entré dans la garde royale. Il y a cette chose qui unit un combattant et son arme, c'est personnel, peut-être trop. Un peu comme si son arme vivait à travers lui, qu'elle respirait et s'épuisait. Elle aurait voulu la ranger dans son fourreau et la laisser se reposer, mais ses mains continuaient d'effleurer le métal, lentement, presque comme si elle avait peur de la briser. Elle sent les gravures se dessiner sous sa peau, quelques égratignures et des fentes çà et là. Hyle, sa lame de toujours qui tombait peu à peu. Elle sentait la lame cabossée par endroits, elle en avait bavé jusqu'au plus haut de son manche. Faut dire que des comme ça, y en avait pas deux, c'était une commande spéciale qui avait coûté un prix exorbitant aux parents Lopaline. Mais ça en valait le coup. Marie se leva, brandissant son épée dans les airs, observant les rayons du soleil s'y refléter jusqu'à l'aveugler un moment. Elle l'aimait sa lame, oh, plus que tout. C'est aussi précieux que les bijoux d'une dame, que la peluche d'un enfant. Que le soldat de bois d'une petite fille. Elle lui semble plus légère encore qu'hier, et le sifflement qui parvient à ses oreilles en l'écoutant fendre l'air est différent. Elle pouvait se battre avec la plupart des épées, tant qu'elles n'étaient pas trop lourdes pour elle, mais Marie ne s'en sortait jamais mieux qu'avec celle-ci. Son cœur se serrait doucement d'imaginer qu'un ultime combat puisse la briser en deux comme en mille. C'est un peu comme perdre de soi. Un soupir lui échappe, elle prend le temps avant de la ranger dans le fourreau à sa taille, avec précaution, et sort de la cour. L'entraînement de la capitaine n'a pas débuté qu'il est déjà fini, elle n'adresse pas même un signe de tête à son adversaire du jour qu'elle reconnaît au détour d'un couloir, et sort du château.
N'ayant pas changé son épée – ni son arbalète – depuis son arrivée à Fort Fort Lointain, Marie n'en connaît pas les forges. Oh, elle est calée sur le sujet quand il s'agit de Yasen, elle connaît le patron de la forge de St Pet-au-Bourg et n'hésite pas à lui rendre visite pour tout et n'importe quoi. Ses prix ne sont pas bas, mais aucun sac de schillings n'a la valeur de la meilleure des lames. Ses pas la guident presque machinalement vers Romeo Drive. La fumée qui s'échappe quotidiennement d'une des boutiques a peu de chances d'être trompeuse, mais elle n'y a jamais fait suffisamment attention pour être certaine de ce qu'elle avance. Elle passe d'un pas délicat devant Versachery et Papple qui viennent tout juste de terminer leur reconstruction. Son regard s'attarde un moment sur les caramels de la belle Gretel avant qu'elle ne s'enfuie, se connaissant trop bien pour ne pas savoir qu'il lui en faut peu avant de craquer devant ces merveilles sucrées. Loin d'être fauchée, Marie reste raisonnable avec son argent, il arrive qu'elle fasse un écart, mais jamais deux en suivant et elle ne se voile pas la face – si elle veut une bonne lame, il faudra y mettre le prix, et c'est plus souvent au client de s'adapter au prix du forgeron que le contraire. Quelques minutes tout juste plus tard, elle pousse la grande porte en bois de la forge. Excalibur, un nom bien noble qui, elle espère, reflétera la qualité des lames proposées. La porte à peine passée, elle vit la tête d'un grand chien passer de derrière un des murs pour certifier sa présence, mais n'entendit qu'une voix forte pour lui souhaiter la bienvenue. C’est ouvert. En quelque sorte.
Marie attarde doucement ses doigts sur les pierres de la boutique, laissant son regard voguer à gauche puis à droite, détaillant chaque détail de la pièce, du plus petit au plus voyant. Elle aimait l'odeur qui se dégageait de cet endroit, la chaleur qui en émanait. Ces deux choses seules suffisaient à convaincre du dur travail accompli entre ces murs. Le temps que le forgeron arrive, Marie fit les cent pas dans la boutique, ne se lassant pas de trouver toujours un peu plus à chaque coup d’œil. Elle attardait avec curiosité son attention sur l'arrière-boutique, l'atelier – peu importe quel nom donnaient-ils à cette partie du magasin. Bizarrement, elle avait presque envie d'y passer et d'en découvrir plus, mais l'arrivée du forgeron dérangea ses pulsions intrusives et malpolies. Comme s'il était un détail de la boutique qu'elle avait esquivé jusque là, elle s'occupa de détailler l'homme, de sa barbe de trois jours aux fines boucles rousses qui poussaient sur sa tête dans un bordel harmonieux. Un mince sourire s'étira sur le visage de Marie, pour une fois plus par plaisir d'être là que par politesse. Bonjour. Elle devait admettre que si la gentillesse n'était pas son principal trait de caractère ces dernières années, l'Apollon face à elle en rehaussait tout de même considérablement le niveau. J'aimerais voir votre meilleure lame. Elle s'avança doucement vers le comptoir, observant les quelques lames disposées çà et là dans la boutique. Dieu qu'elle faisait tâche Marie, au milieu de tout ça. Ses allures de poupées enneigée au milieu de la boutique auraient presque fait passer sa requête pour une blague, si son regard n'était pas aussi sérieux quand il faisait face aux grandes lames. Elle reporta toute son attention sur le forgeron, accompagnant ses paroles d'un beau sourire et d'un léger signe de tête. S'il vous plaît.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Invité
Invité

Anonymous




marie ☾ c’était comme mourir flagellé en douceur à coups de lacets de chaussure parfumés  EmptyDim 2 Nov - 1:17




Marie et Elis

elle était trop grande pour faire une voleuse, trop honnête pour faire une criminelle, trop intelligente pour faire une épouse et trop fière pour embrasser la seule autre profession féminine généralement offerte

Il observa ses mains un instant, débarrassées des gants de cuir qui  dieu merci le protégeait du feu – celui-là même qui ne l’avait pas épargné, durant ses premières semaines à la forge dont il se remémorait sans grand problème, tant il pouvait encore, même après des années, observer les marques de brûlures qui parsemaient encore sa peau -. Elles reposaient encore sur son marteau, tandis que ses oreilles, elles, écoutaient ce qui ce passait. Peut-être qu’au final, Elis ne désirait pas forcément prendre connaissance de la personne qui avait pénétré depuis déjà quelques minutes dans la boutique. Et le pire était qu’il savait parfaitement pourquoi – et qu’il n’avait surtout pas envie de ne serait-ce qu’y penser un seul instant. Mais qu’il fallait y aller tout de même, parce que Cinead ne pouvait accueillir seul un client, quel qu’il soit. Le forgeron cessa ainsi de rêvasser, ce dont il ne se permettait pas d’habitude, et se sortit de sa léthargie, ce qui n’était sûrement pas plus mal puisqu’il s’éloignait de l’âtre flambant, et donc d’une hypothétique agonie essoufflée dans les cendres rougeoyantes. S’armant d’une bonne dose de politesse, il quitta donc l’atelier – qui ne se finissait jamais, ou juste aux portes d’entrée – et rejoignit le devant de la scène, parce qu’il y était obligé, et que quand il le fallait, Elis s’attelait à la tâche, quoi que puisse se métamorphoser devant lui. Sa silhouette passa devant les outils entassées pêle-mêle, joyeusement désorganisé, mais assez disciplinés pour être retrouvés par ceux qui les utilisaient tous les jours sans exception, et les épées mis en exposition, dont il ne prêta aucune attention. Bon, en réalité, il ne fit même pas ce chemin-ci, s’arrêtant simplement lorsqu’il put enfin voir qui était là. Et il en avait vu, Elis, des gens passés à la boutique. Des étrangers venus à Fort fort lointain pour quelques mois. Des seigneurs d’il ne savait où, des voyageurs arrêtés là pour faire ferrer leur monture, et même des voleurs. Mais ce genre de client là était une première à la forge, ce qui le fit s'immobiliser, et tiquer – ou plutôt devrais-je dire ce client de ce genre. Ou cette cliente, d’ailleurs. Car c’était bien une femme qui se tenait là, et qui malgré son être tout entier qui dénotait dans ce paysage, semblait déjà s’être faite à l’endroit, cette idée aussi surprenante soit-elle. Une jeune femme, pour être précis, et qui aux premiers abords aurait bien plus eu sa place aux côtés des jolies demoiselles qu’on pouvait observer à la cour, qu’ici, dans un environnement aussi peu reluisant. Elle avait leur teint qu’on associait à la pureté – et qu’Elis, lui,  alliait à une certaine personne venue de la plus connue des contrées enneigées, Yasen, mais ceci n’était qu’un détail, qu’il releva tout de même, parce que cela faisait mal, et que c’était ainsi que ça fonctionnait -. Ses yeux se fixèrent un instant sur sa silhouette féminine, tandis qu’elle semblait faire de même pour lui de son côté. Lorsqu’elle parla enfin, un léger sourire s’invita lui-aussi sur son visage mangé par une barbe qui n’avait même pas besoin de flammes pour être rousse. "Bonjour." Un doux hochement de tête comme simple réponse, la donzelle ne mit pas longtemps pour lui donner toutes les informations concernant sa venue, ce qui rassura un peu le forgeron, qui s’était même demandé, au début, si elle ne s’était pas trompée de boutique. Bon sang, bien sûr que non. Il pouvait maintenant avoir tout le loisir de l’apercevoir sur son faciès angélique, tourné vers sa personne qui à défaut d’être devin, attendait la sentence. "J’aimerais voir votre meilleure lame". Il haussa les sourcils, comprenant donc finalement. "S’il vous plait." rajouta-t-elle, avec le sourire qui allait avec, radieux, à couper le souffle. Après tout pourquoi pas ? "Bien sûr." lui répondit-il donc en s’approchant du coin laborieusement rangé où étaient entreposées lesdites lames, et décrocha finalement l’une d’entre elles, moins noble que certaines qu’il avait pu forger – la meilleure restant Aquilon, mais de cela il se gardait bien de le dire – mais à ses yeux la plus belle – et la plus coûteuse – et la lui montra sans lui proposer de la prendre puisqu’après tout, elle ne devait pas être pour elle, mais un proche quelconque. "Voici." Il fit tourner l’arme, en appréciant son poids assez faible, et son équilibre qui ne laissait aucune place au doute. Contrairement à cette étrange cliente, qui nourrissait l’un de ses questionnements du moment. Voulait-elle réellement voir ceci pour un proche ?  Il ne pût s’empêcher de risquer une question, en se disant qu’après tout, ça ne devait pas être un secret – mais plutôt la découverte de la semaine si cette femme était venue ici pour son propre achat. Le genre féminin savait-il donc ce qu’était une forge ? Il prit sa plus belle voix, du moins c’est ce qu’il espérait, afin de lui demander. "Vous savez précisément ce que vous voulez ?" C'était Elis, qui ne savait rien. Mais même cela, il l'ignorait.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Marie Lopaline
LADY, LADY OSCAR

Marie Lopaline

marie ☾ c’était comme mourir flagellé en douceur à coups de lacets de chaussure parfumés  Tumblr_n7g64c7ACY1s5lesdo2_250

⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : jessica de gouw
⊱ crédits : caf-pow. (ava)
⊱ arrivé(e) le : 13/09/2014
⊱ manuscrits : 474

⊱ tes licornes : princesse shéhérazade, beasthélemy, cúchulainn le maudit.
⊱ schillings : 438

⊱ ton conte : le prince casse-noisette et le roi souris
⊱ ta race : humaine, dieu merci.
⊱ métier : capitaine dans la garde royale, à fort fort lointain.
⊱ tes armes : une épée à la taille, une arbalète à la main. plus récemment, une arme à feu.
⊱ allégeance : pour, bien entendu.

marie ☾ c’était comme mourir flagellé en douceur à coups de lacets de chaussure parfumés  Tumblr_mvatuyZyXD1rm6tpco3_250



marie ☾ c’était comme mourir flagellé en douceur à coups de lacets de chaussure parfumés  EmptyMar 18 Nov - 9:11


Elis, Marie
les mots, comme les armes, partent parfois tout seul.

Il était courant que l'on dise à Marie de rester en place et ne pas bouger, que le terrain c'est pas pour les femmes, qu'elle devrait rester à faire les papiers tout au plus - et qu'elle s'estime heureuse qu'on lui laisse déjà faire ça. Le problème de Marie, c'est que plus on lui dit qu'elle ne peut pas faire quelque chose, plus elle a envie de le faire. Elle n'est qu'une enfant, au fond. Une enfant obéissante et qui sait différencier les interdictions de ses supérieurs des supposées incapacités que les hommes – ou même les femmes, parfois – lui prêtent. Jamais, jamais elle ne désobéira à un ordre. À vrai dire elle l'avait déjà fait, une fois, et se souvient encore de la douleur qui l'avait pris dans l'estomac. Elle n'était pas vraiment sûre d'avoir désobéi – elle avait demandé elle-même, presque comme une faveur, à Alexandr d'être celle qui finirait les jours de Niki, l'ordre n'était jamais tombé, il s'était contenté d'accepter sa requête. Il n'y a que pour son pantin de bois qu'elle pourrait déroger à ses principes, elle n'en ferait pas de même pour d'autres, probablement même pas pour sa famille. Se retrouver dans une forge lui claquait un sourire sur la gueule, à se rappeler de toutes ces femmes qu'elle voit se ruer dans les bijouteries, de toutes ses femmes qui ne sentiront jamais cette odeur bien propre à l'endroit, qui auront trop peut de salir leurs robes ou leurs chaussures. À se rappeler qu'elle pourrait être comme ça, elle aussi – mais qu'à la place elle est là. Ça lui foutait du baume au cœur, la remplissait un peu de fierté. Parce que elle, elle serait quelqu'un.
Ses grands yeux clairs s'attardaient sur chaque détail de son nouveau forgeron préféré. Ses boucles parfaitement dessinées, sa barbe rousse comme un fer chaud, sa peau claire et son sourire un peu idiot. Il était beau, et encore plus ainsi. Ça pouvait être dérisoire pour certains, mais Marie trouvait un certain charme à l'endroit, c'était simple et brut, mais elle aimait bien ça, et il l'était tout autant que la boutique, ou en avait l'air tout du moins. Elle battait si vite des cils en l'écoutant parler qu'elle aurait pu s'envoler, mais se reprit en un soupir. Elle devait être ridicule à agir ainsi devant lui, mais il l'oublierait bien vite elle en était sûre. Bien sûr. Elle l'observa se diriger vers un des coins de la pièce, dont le pan de mur était rempli de lames diverses. Dieu, elle avait espéré que sa meilleure épée ne soit pas une de celles-là. Elles étaient belles, certes, mais aussi étonnant que ce puisse être, la capitaine de la garde se fichait pas mal que sa lame soit jolie. Ça n'est pas ce qu'elle lui demande, après tout – elle en veut une de qualité, une qui puisse égaler la lame de Poucet qu'elle admire depuis des mois. Elle était sûre que c'était possible, et le serait encore plus si elle savait qu'Elis avait forgé Aquilon. Elle posa sa main rapidement sur le fourreau d'Hyle, accroché à sa taille mais à l'abri du regard d'Elis. Elle était d'une meilleure qualité que toutes les épées exposées dans la boutique, mais elle n'en demanderait pas moins en qualité. Voici. Le forgeron ne semblait pas décidé à lui donner l'arme, aussi la prit elle sans demander la permission. Elle la tourna, retourna dans ses mains. Oh, la lame était magnifique. D'une finesse divine, elle aurait pu appartenir à une fée, si il en existait des guerrières. La lame était gravée çà et là, et même le manche était une œuvre d'Art à lui seul. Vous savez précisément ce que vous voulez ? Elle fit quelques mouvements du poignet, l'épée en main, lui laissant le bénéfice du doute. Cette arme était parfaite. Parfaite pour la décoration. Trop légère, pas assez maniable, ni assez longue. Il fallait à Marie plus que ça, et elle n'était pas du genre à accepter bêtement ce qu'on lui propose en laissant ses exigences sur le paillasson d'entrée. Elle pouvait dépenser énormément pour cette lame, les fonds n'étaient pas un problème, mais elle la voulait parfaite – même si ça devait l'obliger à retourner chez son forgeron à Yasen, ce qu'elle ferait si Elis ne pouvait pas lui forger la lame qu'elle voulait. Elle arrêta une dernière fois son regard sur la lame, avant de le relever vers le forgeron. Pas ça. Sans vraiment qu'elle l'ait voulu, elle sonnait étrangement hautaine, dédaigneuse. Elle sortit rapidement Hyle de son fourreau, dévoilant une lame magnifique bien qu'abîmée. Je veux une lame au moins aussi bonne que celle-ci. Je me fiche du prix, le vôtre sera le mien. Elle agita son amie dans les airs, un sourire toujours aussi émerveillé étirant ses lèvres rosées. Elle est légère, mais pas autant que celle que vous avez. Un sourcil haussé, Marie se permit une parenthèse. Est-ce vraiment votre meilleure lame ? J'en veux une bien meilleure. Elle s'autorisa à faire la moue un instant, avant de se reprendre. J'en ai besoin le plus rapidement possible. Si vous pouvez la faire, j'attendrai de vos nouvelles. Si vous ne vous en sentez pas capable, dites-le moi de suite et j'irai directement à Yasen. Sa requête prenait des airs de défi, qu'elle lançait adorablement au forgeron. Elle laissa Hyle glisser dans ses grandes mains noircies pour être sûre qu'il savait ce qu'elle lui demandait. Son regard à elle vagabondait déjà vers l'arrière boutique, où elle entendait crépiter le feu qu'elle a plusieurs fois voulu aller admirer. Elle brûlait d'envie de s'essayer à la forge, elle aussi – par pure curiosité. À la vue des muscles d'Elis elle chassa ses pensées. Elle était une femme forte, mais ne s'improvisait pas forgeron qui voulait.
Un dernier coup, elle s'attardait sur Elis, cherchant son regard en papillonnant derrière ses longs cils. Oh, elle savait quelle lame elle voulait, oui. Elle avait même une idée du forgeron qu'elle voulait.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Invité
Invité

Anonymous




marie ☾ c’était comme mourir flagellé en douceur à coups de lacets de chaussure parfumés  EmptyDim 30 Nov - 18:50




Marie et Elis

elle était trop grande pour faire une voleuse, trop honnête pour faire une criminelle, trop intelligente pour faire une épouse et trop fière pour embrasser la seule autre profession féminine généralement offerte

Il la regardait faire, Elis. Elle avait pris entre ses fins doigts la lame qu'il lui avait proposé en pensant un instant que de toute manière, ce n'était pas pour elle. A présent, il n'avait plus aucun doute, aux vues des gestes gracieux et assurés qu'elle entreprit de faire, armée comme une guerrière. Car c'était ce qu'elle était, irrémédiablement, de manière aussi certaine que les cheveux du forgeron étaient roux. Et ce dernier avait été bien idiot de ne pas l'avoir vu plus tôt, alors que cela lui paraissait si évident maintenant, quoique assez contre-nature. Il n'avait jamais vu de femme soldat, et savait pertinemment qu'il n'était pas le seul. A Fort fort lointain, les femmes étaient couturières, journalistes, vendeuses, artisanes, ou simples décorations à la cour – c'était comme cela qu'on disait, pas vrai ? C'était du moins ce que pensait Elis sur ce dernier point –. Elles pouvaient être à peu près tout, mais pas des combattantes. On pouvait le voir jusqu'aux armes que les forges sortaient de leurs entrailles. Elles n'étaient pas faites pour être porter par des bras menus, et avec la mentalité de la plupart des hommes, ne le seraient sûrement jamais, bien qu'il ait toujours des exceptions, comme cette lame qu'elle tenait entre les mains, bien plus légères que les énormes épées utilisées par les chevaliers. Inconsciemment, c'était peut-être pour cela qu'il la lui avait présenté. Parce que les exceptions allaient ensembles, et qu'il l'avait su au premier coup d’œil, que cette jeune femme habillée comme un homme n'était pas comme toutes celles qu'on pouvait croiser ici. Cela le rassura un peu. S'il ignorait toujours si elle allait lui prendre cette arme ou simplement s'évanouir comme une chimère venue d'un autre monde – un univers où les genres se mêlaient, et où cela ne paraissait pas étrange – il savait au moins à qui il avait à faire. Ce qui n'était, à bien y réfléchir, pas très rassurant. Surtout quand Elis se rendit compte qu'elle n'était pas une chimère du tout.
"Pas ça." entendit-il après quelques secondes d'observation, où il s'était attardé sur ses vêtements qui avaient servis, mais qui n'en demeuraient pas moins de très bonne facture. Ainsi elle savait manier les mots avec autant d'assurance que lorsqu'elle se servait d'une épée. L'homme haussa les sourcils. Il se demanda un instant s'il devait lui demander des explications ou si elles viendraient seules. Il ne se le demanda qu'un seul instant. Le temps d'un battement de cœur, et d'un regard qu'il aurait jugé hautain s'il ne le connaissait pas. C'était juste la lueur du défi qui l'animait. Du défi et de l'envie d'un travail bien fait. Il pouvait faire autre chose, si ça ne convenait pas. Ainsi, lorsqu'elle dégaina sa propre lame, le forgeron, les bras croisés, comprit, non sans avoir former quelques hypothèses qui se justifiaient maintenant qu'il savait ce qu'elle possédait déjà, et qu'elle semblait vouloir lui dire ce qu'elle voulait. "Je veux une lame au moins aussi bonne que celle-ci. Je me fiche du prix, le vôtre sera le mien." Qui était-elle pour se permettre d'affirmer pareille parole ? Quelqu'un d'important. Cela lui sauta aux yeux. Une jeune poupée guerrière, et importante. Il se posa une question rhétorique qui ne manqua pas de le faire sourire intérieurement. Pourquoi toutes les personnes qui passaient la porte des forges étaient-elle toujours si étranges? Peut-être parce qu'il l'était aussi ? Ou peut-être parce que c'était une particularité humaine, tout simplement ? Quoi qu'il en soit, cela n'avait pas d'importance. Bon, bien sûr que si, que cela en avait. Seulement, il l'aimait bien. Et c'était peut-être cela qui n'était pas commun.
La brune ne se fit pas prier pour dire ce qu'elle pensait de son travail, tout en lui donnant des instructions. "J'en ai besoin le plus rapidement possible. Si vous pouvez la faire, j'attendrai de vos nouvelles. Si vous ne vous en sentez pas capable, dites-le moi de suite et j'irai directement à Yasen." Le forgeron se laissa aller à la contemplation de l'arme qu'elle lui avait mise entre les mains, il la regarda sous toutes les coutures, comme il le faisait habituellement, de ses yeux plissés – toujours, à croire que les flammes de la forge menaçait même lorsqu'il n'en était pas proche de lui brûler ses prunelles déjà en feu. Elle voulait ceci, mais en mieux. Elle voulait le meilleur. Comme tout le monde bien sûrement, mais ici c'était la pure réalité : elle ne se contenterait que de la meilleure lame. C'était un défi, oui, à n'en pas douter. C'était du moins ainsi qu'il ressentait ses mots savamment utilisés, qui visaient à le piquer au vif pour le faire accepter, tout en lui promettant un prix qu'il pourrait fixer lui-même. Venant d'une femme, Elis savait que ceci dissimulait difficilement des attraits manipulateurs. Cette jeune fille était dangereuse.  "Un voyage à Yasen est long et périlleux. Je vais vous la faire, votre épée." Dangereuse. Cela le fit étrangement sourire. Il connaissait Yasen, et son peuple. Et il n'avait pas été étonné d'apprendre que ce maelstrom venait de cette contrée-ci. Décidé, il lui tendit sa lame, qui serait bientôt remplacé, comme les forgerons de Yasen. "Revenez demain."
Une promesse. Et dieu savait comme Elis tenait ses promesses, à l'instar de la manière dont il relevait les défis. Comme Marie s'était battue dans la vie.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Marie Lopaline
LADY, LADY OSCAR

Marie Lopaline

marie ☾ c’était comme mourir flagellé en douceur à coups de lacets de chaussure parfumés  Tumblr_n7g64c7ACY1s5lesdo2_250

⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : jessica de gouw
⊱ crédits : caf-pow. (ava)
⊱ arrivé(e) le : 13/09/2014
⊱ manuscrits : 474

⊱ tes licornes : princesse shéhérazade, beasthélemy, cúchulainn le maudit.
⊱ schillings : 438

⊱ ton conte : le prince casse-noisette et le roi souris
⊱ ta race : humaine, dieu merci.
⊱ métier : capitaine dans la garde royale, à fort fort lointain.
⊱ tes armes : une épée à la taille, une arbalète à la main. plus récemment, une arme à feu.
⊱ allégeance : pour, bien entendu.

marie ☾ c’était comme mourir flagellé en douceur à coups de lacets de chaussure parfumés  Tumblr_mvatuyZyXD1rm6tpco3_250



marie ☾ c’était comme mourir flagellé en douceur à coups de lacets de chaussure parfumés  EmptyLun 29 Déc - 21:30


Elis, Marie
les mots, comme les armes, partent parfois tout seul.

Tout avait été si facile, à Yasen. Yasen c'était son enfance, Yasen c'était ses origines. Bizarrement elle s'y était toujours rendue le cœur lourd, comme s'il lui suffisait de croiser les flocons de neige pure pour que l'insouciance de ses plus jeunes années lui reviennent. Elle y mourrait d'envie de cannelle et de vanille, de jouer avec la poudreuse et de faire des gâteaux sucrés. C'était à Fort Fort Lointain que tout avait changé. Elle avait grandi. Trop vite, peut-être, mais c'était irréversible ; ses habitudes devenaient des souvenirs, c'était diablement tentant de tout reprendre mais elle sentait le besoin de revenir boire son eau à sa source parfois, là où tout est plus doux et limpide. La porte de la forge poussée plus tôt avait accroché son cœur à un porte-manteau et ne le lui rendrait pas de sitôt. C'était peut-être aujourd'hui, plus encore que les autres jours, qu'elle avait grandi, changé, passé un cap. Yasen restait au loin derrière elle, l'hiver ça part et ça revient mais elle était plantée en Fort Fort Lointain comme un arbre qui grandit au printemps. Marie n'avait de l'hiver et de la neige qu'un pâle reflet sur la peau, une froideur dans les iris. Qu'elle en vienne ne voulait pas dire que sa place y était encore. Elle avait les boyaux légèrement tordus dans cette boutique, s'efforçant de ne plus penser à Yasen. Ça n'était qu'une forge, après tout. Rien de bien grave, rien de bien important – mais c'était tout ce qui la rattachait à ce qu'elle était. À cette gamine apeurée qui se cassait le gueule et se relevait le museau enneigé. L'avait-elle été, cette môme ? C'était à en douter quand elle se regardait. Le feu de cette forge l'attirait presque plus que les neiges sucrées, et ça l'inquiétait tout autant qu'elle en était ravie et excitée. Un voyage à Yasen est long et périlleux. Je vais vous la faire, votre épée. Périlleux, est-ce que c'était le mot ? Elle doutait un instant. Douloureux, blessant, nostalgique, mélancolique, elle espérait qu'il cerne mieux ses attentes que ces sentiments, pour le bien de cette lame. Marie esquissa un sourire, son regard se perdant au détour de la forêt rousse au bas de son visage. Si les légendes étaient vraies, cet homme-là ne devait avoir aucun mal à avaler les âmes, aidé des flammes de sa forge. D'un geste parfaitement maîtrisé, Marie rangea son épée la plus précieuse – pour le moment – dans son fourreau, à l'abri de tout. À ce point-là, il était compliqué de savoir si l'épée la protégeait ou elle était la plus protectrice des deux. Revenez demain. Dieu qu'elle aimait le ton sûr de sa voix, la certitude qui s'en dégageait. Intérieurement, elle brûlait, elle jubilait. Sa lame serait la meilleure ou ne serait pas. Qu'elle soit la meilleure et vous y gagnerez, c'est à n'en pas douter. Oh, Marie n'était pas seule, elle avait après tout une quarantaine d'hommes à son commandement et irait volontiers battre des cils et faire claquer ses talons dans les plus hauts quartiers du Château s'il le fallait pour qu'ils soient équipés de meilleures lames que celles dont ils disposaient jusque là. Cette forge était peut-être la botte secrète qui manquait au royaume pour être capable de tout vaincre. Elle en serait ravie. Un simple signe de tête adressé au forgeron comme au revoir et elle se faufilait comme une souris par la porte, la refermant avec précaution, sûre qu'elle en aurait du mal à dormir cette nuit.

❆ ❆ ❆


Ne souhaitant pas paraître plus impatiente qu'il était correct de l'être, Marie avait attendu qu'il soit onze heures passées pour repasser à la forge. Elle avait traîné près d'une heure sur Romeo Drive à vrai dire, et un paquet de caramels se froissait dans la poche de sa veste au passage de la porte en bois. Elle s'avança jusqu'au comptoir, prenant les devants en ne voyant arriver ni le museau du chien ni celui du forgeron. Bonjour ? Une touffe de poils blancs se pressa finalement en sa direction, méfiante jusqu'à voir le biscuit que Marie, accroupie, lui tendait. Son rire se mêla aux quelques aboiements du chien qui lui rappelait étonnamment celui qu'elle avait vu aux côtés de Poucet. Les mains de la capitaine se perdaient dans le pelage de l'animal, quelques baisers s'écrasant avec délicatesse sur le bout de son museau. Il était beau, majestueux, et avait le don amer de lui rappeler son chien à elle. Le même que Niki avait sauvé. Elle déglutit en y repensant, chassant vite ses pensées en sentant le chien réclamer de nouvelles caresses. Sans se faire plus prier, elle obéit mais finit par se relever pour passer l'encadrement qui séparait la boutique de la forge à proprement parler. Ses mains calées contre les pierres, les cheveux pendant dans le vide et le reste de son corps penché en avant, elle parcourait la grande pièce du regard, s'attardant sur la silhouette d'Elis qu'elle reconnaissait sans difficulté. La chaleur et la dureté du lieu lui arrachèrent un sourire, avant qu'elle ne croise le regard du forgeron et ne reparte devant le comptoir en riant. Elle s'y posta comme si de rien n'était, comme une vraie gamine qui joue les innocentes. Sa main vint à se poser machinalement sur le fourreau de son épée, vide aujourd'hui. Plus pour longtemps. Son autre poche était pleine de schillings et d'autres l'attendaient chez elle, selon la somme demandée par Elis. Elle caressa du bout du doigt le cuir qui décorait le fourreau, surexcitée à l'idée de le voir porter sa nouvelle arme.
Comme une gamine à qui on a promit la lune.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Invité
Invité

Anonymous




marie ☾ c’était comme mourir flagellé en douceur à coups de lacets de chaussure parfumés  EmptyDim 18 Jan - 15:10




Marie et Elis
elle était trop grande pour faire une voleuse, trop honnête pour faire une criminelle, trop intelligente pour faire une épouse et trop fière pour embrasser la seule autre profession féminine généralement offerte

Elle avait dit qu'il y gagnerait. Elle avait dit qu'elle voulait le meilleur, et Elis allait lui donner, à n'en pas douter. Car Cailloublanc ne se ferait pas des nœuds au cerveau, cette fois-ci. Il allait juste faire son travail, et bien mieux que la plupart des forgerons de la ville, ou encore de Yasen, où la jeune femme était née. Son épée aussi avait été forgé là-bas, dans les landes glacées qui n'acceptaient en son sein que des flocons de neige aussi persistants que du poison dans un corps. Cela ne lui faisait pas peur. Pas trop. Plus trop. Parce qu'il faisait son travail, et que c'était ce qu'il savait faire de mieux. A la minute même où la brune passa la porte de l'atelier pour s'en aller, il s'attaqua à ce dernier, omettant ses commandes en cours, ses lames qui attendraient au moins une fois. Elles ne représentaient pas ce que l'arme qu'il avait gardé était pour Elis. Car elle était bien quelque chose. Une vie, à défaut d'être un objet. Une compagne de route. Une existence pour une autre, celle qui s'en allait à mesure qu'il l'observait sous tous ses aspects afin d'en déceler la petite particularité que sa cliente aimait plus que tout. Bientôt il l'a connu par cœur. Des coups qu'elle avait pris, à sa légèreté qui donnait l'impression qu'elle était faite de soie. Lorsqu'il commença à forger, il était déjà tard dans la nuit, mais Elis n'était pas fatigué. Il ne l'était jamais ici, parce que ce n'était pas comme dans la vie. La forge était un monde à part, fait de métal aussi doux que les ailes d'un oiseau, aussi tranchant qu'un flocon de neige. Il y passait ses journées pour ne pas se faire happer par l'univers de dehors, qu'il avait déjà tant vu qu'il ne pouvait que l'aimer un peu moins chaque jour. Peut-être était-il fait de la même substance dangereuse que son frère, après tout. La malédiction des fils Cailloublanc, qui avait vu pour certains le diable en un petit homme sauvage et sauveur, ou pour les deux derniers, s'étaient rendu compte bien trop tard des méfaits de la vie. Peut-être n'était-il pas aussi optimiste que tous les passants voulaient bien le croire. Peut-être qu'il n'était qu'une imposture, finalement. Mais pas quand il vous créait une épée. Parce qu'il y déversait cet amour qu'il pouvait difficilement offrir aux autres, et que cela donnait de petites merveilles. Ce n'était pas grand chose, pour quelques personnes ne voyant pas la beauté de ces petits rien qui constituaient l'existence. Cela devenait une arme de crime pour d'autres, à juger aussi meurtrier que son créateur plus que l'homme qui l'a portait. Ici, il espérait un peu de bonheur. Plus que de l'argent, car dans ce monde de flammes et de plénitude, il n'avait que faire de pièces d'or, à moins de les fondre afin de les transformer de manière à avoir une création bien plus utile que ces rasoirs effilés qui saignaient des hommes rapidement pour en tuer de nouveaux à petit feu, sous l'étouffement.
Il voulait qu'elle l'aime.

Il termina son ouvrage tard dans la nuit. Toute la ville s'était endormie, au profit de la lune qui regardait les hommes transformés en bêtes, et les bêtes transformées en hommes, tous fatigués de la journée et au même titre, se reposés dans les mêmes lits. Même Cinead avait cédé au sommeil, dans la poussière de l'atelier qui ne le dérangeait pas plus que cela quand il se roulait dedans afin de se métamorphosé en la lame cendrée qu'il était bien plus peut-être que son maître. Ce valeureux guerrier se fit tout de même réveillé pour rentrer, et son ami se dirigea lui aussi vers sa couche lorsqu'ils atteignirent le petit appartement qu'il avait pu se dégoter il y avait déjà quelques années de cela. Pourtant, lorsque l'aurore se fit entrevoir, il était déjà sur ses pieds, comme à l'habitude. Et dans les flamboiements de la forge, qui plus est. Le temps passait. Les habitudes demeuraient. Aujourd'hui pourtant était différent, un peu plus même que le jour précédent. C'était le verdict. L'aboutissement d'une étrange requête qui n'était plus si anormal qu'Elis ne l'avait pensé aux premiers abords. Il en était fini des questionnements. Il savait pourquoi il avait forgé cette épée qu'il améliorait une dernière fois avant de ne plus y toucher jusqu'à l'arriver de sa porteuse. Comme un artiste, il n'avait pas besoin de revenir sur les traits déjà tracés à l'encre noire, car chacun de ces derniers étaient réfléchis et donnaient quelque chose de beau, qu'il ne pourrait reproduire avec exactitude une nouvelle fois. Il attendit donc la jeune femme, à la manière d'Elis Cailloublanc du moins, puisqu'il se remit à sa besogne acharnée, puisqu'il était le seul à pouvoir la faire. Après tout il avait encore de nombreuses commandes auxquelles il lui fallait répondre le plus vite possible, car les clients comme son patron n'acceptaient aucun délai, aucune erreur de sa part. C'était ainsi quand on avait promis aux autres de jolies choses durant toute sa vie. Il fallait tenir sa parole, et ne jamais commettre aucune incartade – ce que le forgeron faisait, au moins dans son travail. Seulement dans son travail. Le reste n'était qu'un brouillard constant, et si fade qu'il donnait envie de vomir. Mais il n'altérait pas son assurance ici, ni sa bonne humeur. Il n'avait aucun pouvoir en ces lieux – Elis le croyait. Un jour peut-être cette certitude changerait du tout au tout, mais pas ce matin-ci. Un matin tout ce qu'il y avait de plus banal à Fort fort lointain. Un matin passé à travailler, puisque la tempête ne montra pas le bout de son nez durant des heures qui eurent un léger arrière-goût d'éternité ratée. Et puis aux alentours de midi, une voix féminine se fit entendre dans la boutique, par Cinead plus que par le forgeron qui était bien trop enfoncé dans le fond de l'atelier, près du crépitement du feu et de l'enclume pour entendre quoique ce soit de si doux, bien que déterminé tout à la fois. Heureusement son chien se mit à aboyer, ce qui le fit relever légèrement la tête. Ses yeux rencontrèrent sans mal le regard ardent de la nouvelle venue. Elle se mouvait avec plus de légèreté qu'aucune personne n'aurait pu avoir dans la forge, et cette petite observation fit sourire Elis, qui n'avait pas l'habitude d'assister à un tel spectacle. Il jeta un coup d’œil à la lame préparée, enveloppée, comme si elle avait tenu plus d'un cadeau que d'une réelle commande. C'était idiot mais cela tenait à cœur au jeune homme. Pourvu qu'elle l'aime. Il se pinça la lèvre inférieure, laissa son travail dans un coin de son crâne et se rendit dans la boutique, calmement, alors que son cœur tapait joyeusement dans sa cage thoracique, et que cela faisait un bien fou de pouvoir ressentir cela, comme une légère nervosité à l'idée de pouvoir observer sa réaction, et d'en être l'instigateur. "Bonjour. Vous êtes en retard." dit-il pour la forme, en posant sur le comptoir, juste devant elle, l'étoffe qui enroulait la raison de leur présence ici à tous les deux. Il s'était arrêté à côté de la sylphide, et juxtaposée à la nouvelle on pouvait voir l'ancienne épée, dénudée et posée sur la même planche de bois. "Comme promis." prononça-t-il d'une voix annonciatrice, un sourire véritable aux lèvres alors qu'il détaillait son regard, voulant déceler tout ce qui s'en dégageait. Ses doigts relevèrent un pan du tissu, découvrant l'ouvrage, lui laissant tout le loisir de le découvrir.  Elle l'aimerait. Il n'avait plus aucun doute là-dessus.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Marie Lopaline
LADY, LADY OSCAR

Marie Lopaline

marie ☾ c’était comme mourir flagellé en douceur à coups de lacets de chaussure parfumés  Tumblr_n7g64c7ACY1s5lesdo2_250

⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : jessica de gouw
⊱ crédits : caf-pow. (ava)
⊱ arrivé(e) le : 13/09/2014
⊱ manuscrits : 474

⊱ tes licornes : princesse shéhérazade, beasthélemy, cúchulainn le maudit.
⊱ schillings : 438

⊱ ton conte : le prince casse-noisette et le roi souris
⊱ ta race : humaine, dieu merci.
⊱ métier : capitaine dans la garde royale, à fort fort lointain.
⊱ tes armes : une épée à la taille, une arbalète à la main. plus récemment, une arme à feu.
⊱ allégeance : pour, bien entendu.

marie ☾ c’était comme mourir flagellé en douceur à coups de lacets de chaussure parfumés  Tumblr_mvatuyZyXD1rm6tpco3_250



marie ☾ c’était comme mourir flagellé en douceur à coups de lacets de chaussure parfumés  EmptyMar 20 Jan - 1:05


Elis, Marie
les mots, comme les armes, partent parfois tout seul.

À son âge, Marie aurait dû être habituée aux adieux. Elle n'avait plus dix ans. Il n'était plus question de pleurer au fond de ses draps. Plus question de ne pas manger des jours durant, ni d'arrêter de parler. À son âge, on ne se laissait plus mourir pour un oui ou pour un non. Si ça aidait à faire changer d'avis, c'est que le sujet n'était pas suffisamment important pour en pleurer. Marie elle aimait pas pleurer. Ou plutôt elle aimait plus. Quand ça se serrait dans sa gorge, c'était comme être étouffée mais jamais assez pour y rester. Quand ses yeux rougissaient et se remplissaient de larmes, c'était comme une marée haute, un fleuve en crue. Un tsunami. Ça fait des morts, un tsunami. Marie quand elle pleure, c'est elle qu'elle blesse. Alors à son âge, elle ne pouvait plus pleurer pour un adieu. Et pourtant c'est idiot, plus elle se le répétait plus elle le faisait. C'était peut-être une règle universelle chez les hommes. Si tu pars, je pleure, mais elle aurait voulu qu'on la prévienne avant, parce qu'elle a signé aucun papier Marie, pour qu'ils s'assurent là-haut qu'elle fait tout ce qui est prévu. Alors elle le fait pas, et c'est des torrents qui inondent. La glace de ses yeux, la neige de ses joues. Ça fait secouer ses mains et trembloter sa voix. C'est un fléau, de pleurer, pourtant ça s'abat plus souvent que la peste et personne n'a pensé à trouver un remède. À son âge, on ne pouvait plus taper du pied, tout juste du poing. À son âge, c'était bien trop compliqué. Y avait trop de règles, et plus on les suivait plus c'était la merde. Plus on aimait les gens, plus ça faisait mal. Elle aurait du s'y habituer, Marie, aux adieux, mais elle avait jamais pu. D'abord, elle avait perdu son chien. C'est con, mais ça fait mal. Elle l'avait au pied de son lit la nuit, quand elle était petite, et en journée elle l'avait qui courait derrière elle. Quand elle était triste, elle s'allongeait tout contre, il était assez grand pour lui servir d'éponge à tristesse, et puis quand elle était joyeuse il lui faisait la fête. C'était pas pareil avec les humains. Y en avait toujours un pour faire la gueule quand elle voulait jouer, ou pour l'ignorer dans ses peines. Son chien, il ignorait jamais. Rien. C'était comme ça, c'était magique. Mais la magie ça dure qu'un temps, après on comprend, que c'est trop beau pour un monde aussi pourri. Alors ça disparaît. Ça part en poussière, ça s'éparpille, parfois dans les airs et parfois au fond du jardin, où elle allait pleurer et poser des fleurs tous les jours. Et puis y a eu Niki. C'était lui qui réparait sa magie, et puis qui l'a remplacé. Il faisait un bon remplaçant, Niki. Il l'aimait pas, c'est ce qu'il disait, mais il était toujours là. Si il pouvait pas soigner sa magie, il la soignait elle. Jusqu'au jour où elle s'est cassé pour lui, elle s'est cassé à cause de lui, et il est parti. Alors Marie elle a pleuré. Elle aurait dû s'y habituer, mais les genre s'en vont toujours sans lui dire au revoir, alors elle sait pas. Elle est même pas sûre de savoir ce qu'on doit dire, pour des adieux. Alors la nuit passée, et toute la matinée, elle y a pensé. C'était peut-être qu'une épée, un bois de métal, mais c'était son épée, ses victoires. Son dernier lien symbolique à Yasen, à ses adieux évités. C'était beaucoup, dans sa tête, et encore plus dans son cœur. Ça s'agitait à tout va avant de ralentir au point d'en être alarmant, et puis ça repartait un nouveau coup. Elle avait réfléchi à où la mettre, son épée, parce qu'elle ne resterait pas dans un fourreau au fond d'une penderie. Elle avait pensé à la cheminée, ou au-dessus de son lit. C'était plutôt brut comme décoration pour une femme, mais elle sentait en avoir besoin. Au moins au début.
Dans sa tête, ça sonnait tic, tac à la rendre folle, jusqu'à ce qu'Elis arrive enfin. Elle en riait et souriait, c'était l'excitation qui parlait mais son souffle se coupait par moments. Elis, lui, paraissait inchangé. Il était calme et plus doux qu'il n'en avait l'air dans ses gestes, et pour un instant Marie pensa qu'elle aimait l'idée que son épée vienne d'un homme comme celui-ci. Bonjour. Vous êtes en retard. C'était presque vulgaire, une voix si grave face à une femme. Il fit tout de même sourire la capitaine, qui ne s'attarda que peu sur son visage avant de baisser les yeux vers les armes qu'il amenait. Il les posa délicatement sur le comptoir, c'était presque aussi précieux qu'un nuage, et elle ne put s'empêcher s'effleurer Hyle du bout des doigts. Elle s'entendait respirer beaucoup trop fort, tant elle se concentrait sur chaque seconde. Le forgeron vint se poster à ses côtés, et elle ne put s'empêcher, comme une gosse, de poser une main sur son bras. Elle suivait ses mouvements, les ralentissant à l'ouverture du paquet. Comme promis. Pour une seconde, celle avant de la voir, elle pensa que sa vie devait être bien ennuyeuse pour faire tout un cirque d'une épée, mais la seconde suivante lui rappela qu'elle n'avait que ça, après tout, la garde royale et le combat qui venait avec. Sa main pressa un peu le bras du jeune homme, sans qu'aucun sourire ne s'affiche sur son visage. Puis elle rompit tout contact, parcourant l'épée du bout des doigts. La lame, la garde. Elle était longue, fine, délicate et plus coupante que jamais. Son index passa le long de la tranche, faisant perler une goutte de sang qu'elle emporta du bout de la langue. Oh, elle ne repartirait pas à Yasen. Comme si c'était une suite évidente, Marie releva ses cheveux en un chignon trop négligé pour l'importance qu'elle portait à ce moment, avant de se saisir de sa vieille Hyle et de la tendre à Elis. Rattrapons donc mon retard, s'il vous est si important. Elle se saisit à son tour d'une arme, la nouvelle, la belle, et se plaça face à lui. Si elle me plaît, car elle n'était sûre de rien avant de l'avoir testée, et s'interdisait tout signe trahissant ses pensées, considérez que votre prochain travail sera de lui trouver un nom. C'était ce que faisaient les mères et les pères après tout, nommer leur création, ce qui leur était cher, et rien qu'à eux. Prenant une grande inspiration, Marie se mit en position de combat. Ça n'était peut-être pas comme ça que ses autres clients agissaient, mais quand elle demandait le meilleur, Marie ne paierait pas pour moins. Elle lui adressa un clin d’œil rapide, demandant d'un léger sourire en coin s'il était prêt ou non. Et il valait mieux qu'il le soit, Marie n'attendant rien e plus qu'un instant avant de s'élancer droit sur lui.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Invité
Invité

Anonymous




marie ☾ c’était comme mourir flagellé en douceur à coups de lacets de chaussure parfumés  EmptyMar 3 Mar - 16:06




Marie et Elis
elle était trop grande pour faire une voleuse, trop honnête pour faire une criminelle, trop intelligente pour faire une épouse et trop fière pour embrasser la seule autre profession féminine généralement offerte.

Marie Lopaline était attentive. Elle suivait chacun de ses mouvements, comme si elle avait voulu ainsi imprimer pour l'éternité ce moment dans sa mémoire. De son côté, Elis observait son visage, car c'était dans ses traits gracieux et ses yeux d'enfant-femme qu'il espérait pouvoir voir quelque chose s'imprimer, en l’occurrence, un sourire. C'était tout ce qu'il lui fallait pour être satisfait, et pour se sentir à peu près utile, du moins plus qu'à l'ordinaire car ces derniers temps, la relation avec son petit frère n'aidant pas, Elis se voyait un peu comme l'élément à proscrire, celui qui était là mais qui n'aurait jamais du l'être puisqu'il ne faisait que rendre la vie plus inconfortable encore. Et c'était ce qu'il détestait le plus. Ce qu'il voulait à tout prix se débarrasser, quitte à s'arracher quelques lambeaux de peau au passage, même si l'image n'était que trop peu plaisante. Il ne vit aucun sourire perler au bout des lèvres de la jeune femme. Et cela le déçut. Il se mit donc à entendre. C'était après tout ce qu'il avait fait toute sa vie. Mais le sang fit son entrée plus rapidement que ce mouvement délicat, avec pourtant tout autant de grâce. Il en avait vu, Elis, des coutumes étranges liées aux armes, celle-ci ne faisait pas exception à la règle, et cela devait paraître si peu commun à quelqu'un n'étant pas habitué à côtoyé les lames, mais pour le forgeron, ce n'en était pas. Il trouvait cela plutôt solennel, quoique très intime à la fois, comme si le guerrier rencontrait sa nouvelle compagne de route pour la première fois. Il l'observa ainsi faire, les yeux légèrement plissés, dans l'attente d'une parole, d'un sourire, plus que de l'argent à offrir. Au-delà de cette porte en bois, au-delà de cette ambiance charbon et métallique, il y avait les passants qui déambulaient partout mais surtout nul part, ils allaient calmement pour certains, pour d'autres c'était la course folle à chaque seconde qui passait, comme s'ils cherchaient toujours à rattraper quelque chose qu'ils avaient perdus en chemin – des clés, un panier, un amour envolé, une vie. Le soleil était haut, à en juger par la lumière qui filtrait à l'intérieur, il faisait un temps radieux, presque trop radieux pour rester cloîtrer là, ce qu'avait parfaitement bien compris les enfants qui se plaisaient à courir dans les rues à la recherche d'une bêtise à faire, tandis que les mères préparaient le repas pour la marmaille, sans penser à elles. Le monde était en effervescence. Du moins, le monde extérieur. Car dans le monde d'Elis, tout s'était arrêté, on avait mis l'instant sur pause, et pourtant les deux protagonistes de l'histoire pouvaient encore se mouver dans la pièce comme bon leur semblaient, ainsi qu'entre-ouvrir les lèvres pour parler, ce que fit la cliente après avoir tendue son ancienne épée au forgeron. Il la prit sans demander son reste, mais sans trop savoir ce qu'elle attendait de lui cette fois-ci. "Rattrapons donc mon retard, s'il vous est si important." Ses paroles ne l'aidèrent pas, il continua à regarder d'un œil tendrement déboussolé la lame qu'il avait entre les mains. Puis il comprit enfin, les dires de la capitaine lui revenant en mémoire, après coup. Elle avait demandé une lame au moins tout aussi bonne que celle-ci. Cela avait été ses mots exacts, et maintenant que sa commande était faite, elle espérait qu'elle réponde à ce critère décisif, et elle voulait le voir par elle-même, preuve à l'appui. "Si elle me plaît, considérez que votre prochain travail sera de lui trouver un nom." Elle sourit enfin, et cela fit sourire Elis à son tour, qui, tenant Hyle d'une main, se frotta un instant la barbe qu'il avait courte de l'autre, tout en cherchant ses mots. Mal lui en pris, il eut à peine le temps de prononcer quelques syllabes, qu'il dut derechef s'arrêter dans son élan pour contrer l'attaque de cette cliente un peu trop passionnée.

"Vous savez, c'est au porteur de trouver un nom à-" Il ne s'était pas trompé, la première fois qu'il l'avait vu, lorsqu'il avait remarqué combien elle avait l'air d'une tempête emprisonnée dans un tout petit bout de femme qui ne payait pas de mine, à première vue, et qui pourtant avait plus d'un tour dans son sac. C'est ce qu'il compris bien rapidement, lorsqu'il vit combien elle était adroite au combat. Elle n'était pas capitaine de la garde pour rien, après tout, elle devait être l'une des meilleures parmi les les meilleurs, et puisqu'elle faisait un travail où les hommes étaient prioritaires à l'ordinaire, et bien plus présents, en nombre du moins, elle avait sûrement du se surpasser plus d'une fois avant de prouver ce qu'elle valait. Avec Elis, elle n'eut besoin que d'une seule et unique fois. Il lui fallut quelques bottes peu communes, ainsi que sa rapidité qui coupait le souffle pour l’acculer bien trop rapidement contre le mur où il finit sa course, désarmé. Cela aurait pu l'énerver, le rendre honteux ou le faire sortir de ses gonds car ce n'était pas commun, pas vrai, de se faire avoir ainsi ? Pourtant ce ne fut pas le cas, le forgeron était plutôt bon joueur, et le maniement des armes ne faisant pas parti de ses plus bons atouts, il n'était en fin de compte pas plus étonné que cela. Pour la forme, il papillonna tout de même des yeux, à l'instar d'une jouvencelle mise à mal, et frotta sa main malmenée tout en regardant l'épée à terre. Lorsqu'il releva vers les yeux vers la jeune femme, il esquissait un petit sourire amusé. "Il me semble que vous avez gagnée." Son cœur battait joyeusement dans sa poitrine, sous l'effet du choc, bien sûrement. Peut-être croyait-elle qu'il faisait semblant de l'avoir laissé le battre, et cela ne le faisait que l'égayé un peu plus, mais il ne fit pas plus de remarque sur le combat, préférant ramasser l'épée dorénavant inutile. Il se redressa finalement, une posture où au moins il était plus grand qu'elle, et reposa son regard sur elle, épée en main. "Vous convient-elle, alors ?" Il l'espérait. Et c'est avec un léger silence qu'il reprit ensuite, en réfléchissant à la question. "Pour ce qui est de son nom, ce sera à vous de le découvrir. D'ailleurs, hm, pourrais-je savoir le vôtre ?" Après tout, comme les épées, les tempêtes portaient des noms.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Marie Lopaline
LADY, LADY OSCAR

Marie Lopaline

marie ☾ c’était comme mourir flagellé en douceur à coups de lacets de chaussure parfumés  Tumblr_n7g64c7ACY1s5lesdo2_250

⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : jessica de gouw
⊱ crédits : caf-pow. (ava)
⊱ arrivé(e) le : 13/09/2014
⊱ manuscrits : 474

⊱ tes licornes : princesse shéhérazade, beasthélemy, cúchulainn le maudit.
⊱ schillings : 438

⊱ ton conte : le prince casse-noisette et le roi souris
⊱ ta race : humaine, dieu merci.
⊱ métier : capitaine dans la garde royale, à fort fort lointain.
⊱ tes armes : une épée à la taille, une arbalète à la main. plus récemment, une arme à feu.
⊱ allégeance : pour, bien entendu.

marie ☾ c’était comme mourir flagellé en douceur à coups de lacets de chaussure parfumés  Tumblr_mvatuyZyXD1rm6tpco3_250



marie ☾ c’était comme mourir flagellé en douceur à coups de lacets de chaussure parfumés  EmptyDim 19 Avr - 2:46


Elis, Marie
les mots, comme les armes, partent parfois tout seul.

Le torrent à l'intérieur de Marie bouillonnait sans cesser. C'était un tourbillon aussi rouge qu'un rubis, aussi chaud qu'un feu de cheminée. C'était incroyable rassurant, aussi ; le genre de chose qu'elle aimait sentir l'habiter plus que n'importe quoi d'autre. C'était ce sentiment qui la retrouvait toujours, l'arme en main ; c'était l'arbalète dans une main ou l'épée dans l'autre, l'armure l'habillant mieux que n'importe laquelle des robes exposées en vitrine de Versachery. C'était là son sentiment ; celui d'être vivante et d'appartenir à quelque chose, à défaut d'être une chose à elle seule. Et faire partie intégrante de quelque chose de plus grand, ça lui plaisait, terriblement. Ça lui plaisait de penser qu'elle était une parmi tant d'autres, parce qu'elle savait. Elle savait que ça ne durerait pas. Elle serait, à son tour, dans les livres d'histoire. Un jour, dans trois cent ans peut-être, et elle ne sera même plus là voir y assister, mais elle le sait. Aux yeux de Marie, être exceptionnel dès le début n'a aucun intérêt, aucun attrait. Alors que se noyer dans la masse avant d'en émerger, un beau jour, quand personne ne s'y attend, c'est précisément ce à quoi elle aspire. Se donner bien plus, en secret ; ne jamais s'arrêter, jamais, sans se faire remarquer, avant qu'on ne la retrouve sous les feux de la rampe, la regardant de tout en bas. Oh, que ça semble un doux rêve. Un goût sucré qui lui reste sur les papilles, lui fond dans la gorge, et réanime encore plus ce feu qui lui est si cher.
Le fer battant fait crépiter ces flammes en elle, étirant ses lippes rosées en un sourire malicieux. La prochaine bataille lui tardait déjà, bien qu'elle n'arrive que dans le fond de son crâne. Marie arpente les terres battues, armée jusqu'aux dents et se bat avec la rage d'une lionne. Elle fixe Elis du coin de l’œil, s'appuie sur une jambe et s'élance à nouveau. Marie est un typhon qui décime tout sur son passage. Vous savez, c'est au porteur de trouver un nom à – Il ne finit même pas sa phrase mais brandit Hyle en avant, se défendant au dernier moment. Emportée par une infinie compétitivité, Marie s'avance encore, deux puis trois fois, passe à gauche et à droite, écoute les lames sonner mélodieusement l'une comme l'autre. Ses yeux brillent d'une étincelle d'adrénaline qui lui redonne bien plus de couleur que le regard du premier bellâtre à lui passer devant. Puis elle s'arrête, fatalement, un pincement au cœur en écoutant Hyle s'écraser au sol, un brin de satisfaction dans le sourire, la poitrine se soulevant en chœur, la lame à quelques centimètres seulement de la poitrine d'Elis. Il me semble que vous avez gagnée. Elle sent son regard glisser sur elle, qu'elle se plaît à soutenir, avant de rire de bon cœur comme ça n'arrivait pas assez souvent. Elle recula délicatement la lame dans sa main, se retira du combat dans un mouvement de grâce propre à la Garde. Puis elle la déposa sur le comptoir de la forge, avant de tendre une main amicale à Elis. Vous convient-elle, alors ? Elle ne répondit pas. Pour ce qui est de son nom, ce sera à vous de le découvrir. D'ailleurs, hm, pourrais-je savoir le vôtre ? Elle s'apprêtait à le relever sans qu'il n'ait répondu à sa main tendue, avant que le forgeron ne le fasse de lui-même; elle recula sa main quelque peu amèrement, avant de se baisser et ramasser sa vieille lame tant chérie. C'était une page qui se tourne, à coup sûr.
La capitaine la reposa à côté de la lame tout juste forgée, les observant longuement, en silence. Un sourire faisait sa route jusqu'à ses lèvres, quelques secondes, avant de s'en aller. Marie glisse une main distraire le long d'Hyle, entrouvre légèrement son doigt et laisse une traînée rougeâtre sur l'arrête de la lame avant de porter son doit à ses lèvres. Je tiens à vous prévenir: toute réponse à une question en entraîne une nouvelle. Marie aventure ses yeux le long des pierres des murs, les laisse finir sur Elis. Elle est divine, au moins aussi bonne que l'ancienne, si ça n'est meilleure ; combien de temps vous serait nécessaire pour en fabriquer cinq cent ? Pas aussi bonnes que celles-ci, c'est évident, seulement assez maniables pour affronter des ogres au besoin. De quelques pas, elle se rapprocha d'Elis, se permit de boucler une de ses mèches roussies du bout des doigts. La manière qu'elle avait de l'observer était presque intrusive, et pour peu elle s'en serait voulu, mais elle essayait avec bien trop de volonté de lire en ces deux clous azurés. Une seconde passa avant qu'elle ne quitte sa posture trop droite et statique, comme si un éclair l'avait frappé. Un éclair de douceur et d'allégresse qui prit d'assaut son visage pâlot. Marie. Sa tête se pencha sur le côté, à la manière d'un chiot de deux semaines. Quel est le vôtre ?
Comme si tout n'était qu'un jeu, Marie s'approcha bien trop près du forgeron, avant de se défaire de sa route et de le contourner, pour se permettre de poser les pieds dans l'arrière boutique. Au cœur-même de la forge, qui brûlait autant qu'elle. Etant en passe de devenir votre meilleure cliente, je me permets une nouvelle question. A pas de loups, elle s'approcha des outils encore chauds, de l'enclume et des fers chauds. Accepteriez-vous de prendre sous votre aile une apprentie d'un jour ? Le genre borné, quoique docile, qui mourait d'envie d'apprendre comment de tels bijoux son fabriqués. Gracieusement, comme si ça devenait une habitude, Marie se tourna vers le forgeron, un sourire angélique illuminant son visage. C'était comme voir un agneau tenter d'apprivoiser un loup ; désespéré, mais plein d'espoir.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Contenu sponsorisé





marie ☾ c’était comme mourir flagellé en douceur à coups de lacets de chaussure parfumés  Empty

Revenir en haut Aller en bas

marie ☾ c’était comme mourir flagellé en douceur à coups de lacets de chaussure parfumés

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Sujets similaires

-
» « Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée)
» Le cygne blanc - un peu de douceur dans ce royaume de brutes
» Coups d'balais sur les tartes [Tibi + Po']
» we'll carve our names as the sun goes down - marie
» J'ai passé les 12 coups de minuts... et j'en ai eus ma claque ♠ Ambre




Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
⊱ il était une fin :: Les RPs :: Chapitre 2-