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The happy house [Pv Dragonne Coeurdebraise ♥]


FORT FORT LOINTAIN

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The happy house [Pv Dragonne Coeurdebraise ♥] EmptyDim 7 Sep - 15:02


Your smile is beautiful
© Joy



Assise dans un recoin de la demeure qui était devenue la sienne, Lumia s’abreuvait d’un livre pas à pas dans les méandres d’une lecture encore nébuleuse. Dotée d’une huitaine d’années, elle apprenait seulement ce que représentaient ces différents symboles que formaient les mots et les phrases. Sa curiosité était infinie et l’envie de pouvoir dévorer les lignes et les lignes qui se suivaient, pages à pages, pour former une histoire était une découverte telle qu’elle ne pouvait plus s’en passer. Ces aventures diverses alimentaient ses narrations nocturnes au gré des flammèches qu’elle faisait valser parfois des heures durant avant de trouver le sommeil. Elle était déjà capable d’avoir un esprit fécond quand il s’agissait d’histoires variées et diverses, mais l’élargissement de ses connaissances lui permettait des vagabondages encore plus intenses et diversifiés dans cette créativité qu’était la sienne. Mais la fluidité que lui apportait son panel visuel n’était pas encore de mise quant à la traduction que ces différents signes et associations. Ainsi, bien qu’avide, un chapitre lui prenait énormément de temps à être digéré. Persévérante cependant, elle ne lâchait jamais prise avant d’arriver au suivant. Elle aurait d’ailleurs aimé pouvoir y accéder mais désormais plus seule, une ribambelle de petits chenapans vinrent la déranger rapidement. Sa nouvelle famille. Six petites têtes adorables qui étaient remplies d’énergie contagieuse et capable de contrer n’importe quelle flemmardise qui se trouvait sur leur passage. Aussi, Lumia eut tôt fait de devoir abandonner sa solitude culturelle pour participer aux jeux collectifs que ces petites vermines lui infligeaient en la chargeant toujours d’être celle qui devait les retrouver. Leur jeu préféré avait toujours été depuis son entrée dans cette maison de devoir partir à leur recherche alors qu’ils se cachaient dans toute la maisonnée. Une occupation qui prenait énormément de temps car retrouver six petits garnements dans une maison immense, ce n’était pas une tâche facile à accomplir. Cependant, elle se devait d’être honnête et reconnaître que le plaisir qu’elle ressentait à passer du temps avec eux était assez imposant pour qu’elle ne rechigne jamais à leur accorder leur souhait. Personne n’avait jamais joué avec elle, aucun enfant ne lui avait jamais témoigné le moindre intérêt, désormais elle était l’aînée d’une fratrie de six dont elle se sentait responsable et pour qui elle avait un sentiment de protection assez important. C’était une découverte de nouveaux sentiments et cela lui procurait une grande satisfaction et surtout une valorisation qu’elle n’avait encore jamais ressentie tant qu’à présent. Tandis que les enfants allèrent se cacher, ses pensées se tournèrent vers son passé, mais surtout vers le moment où recueillie, elle était entrée dans cette grande famille. Un paradis qui était bien réel, et non fictif après une visite mortelle. Elle ne le devait qu’à une et une seule personne.


Il y a encore pas si longtemps...


Dans les brumes d’un esprit dépossédé de facultés claires, Lumia semblait avoir détecté une présence à ses côtés. Ses pensées étaient confuses, décalées. Les sons qui semblaient être présents tout près lui apparaissaient éloignés et distants. Qu’est ce qui avait bien pu se passer ? Le dernier souvenir dont elle parvenait à se remémorer était la silhouette de sa grand-mère qui avait pris la peine de l’entourer de ses bras chaleureux pour lui apporter le réconfort qu’elle avait toujours souhaité. Ce réconfort qui n’était jamais vraiment parvenu de son paternel, n’attendant que l’efficacité d’une vente ardue de la part d’un corps enfantin encore fragile qui n’arrivait guère à parcourir de grandes distances sans s’écrouler de fatigue. L’engourdissement siégeait dans tous ses membres tandis que la froideur du dehors parcourait encore ses veines mais contrée par une chaleur inattendue et encore jamais ressentie physiquement jusqu’à lors. Était-elle au paradis ? Ses yeux s’ouvrirent lentement pour lui apporter un lot de couleurs peinturlurées sans distinction possible alors que des spasmes parcouraient ses membres. La lourdeur de son corps lui semblait irréelle. Une impression de flottement pour son esprit tandis qu’elle restait ancrée de tout son poids sur une surface douce et confortable. Une ombre se déplaça dans son champs visuel de biais, un son vocable ranima son ouïe mais ce qui était formulé était impossible à distinguer et sa seule réaction fut de refermer les yeux pour pouvoir retourner reposer sa vision qui sollicité partiellement cependant lui coûtait un effort certain. Elle n’avait pas la moindre d’idée de ce qui se tramait exactement mais l’absence de compréhension permettait de se laisser sombrer une nouvelle fois. Après tout, n’était-ce pas elle qui était restée dans le dehors sans chercher à rentrer dans cette maison cauchemardesque qu’était la sienne ? Tant qu’elle était ailleurs, ses souhaits étaient comblés. Elle avait toujours secrètement espéré une vie différente et pourtant jamais aucune plainte n’avait franchi ses lèvres, ni jamais aucune demande. A quoi cela pouvait-il bien servir si c’était pour se ramasser un coup en pleine figure ? A rien, à part souffrir. Alors finalement, ses désirs étaient tus, logés dans un coin peu accessible de ses pensées pour que la souffrance physique soit la seule dont elle ait à se soucier. Les coups pouvaient se soigner, la perte d’espoir était tout bonnement une descente aux enfers qu’elle préférait éviter. Se laisser parfois sombrer était une solution parmi d’autres, mais la meilleure, du moins à ce qu’il semblait, tant qu’à présent.

Quand elle recouvrit à nouveau la conscience, ses sens semblaient plus affûtés. Son ouïe s’était rétablie au point de percevoir un crépitement non loin d’elle, et son corps semblait reprendre davantage vie contrairement à son premier réveil. La chaleur était toujours présente, une sensation de faim commençait à naître dans le creux de son ventre car son odorat percevait des vapeurs parfumées qui étaient tout sauf éloignées. Ses paupières relevées permirent à ses prunelles de s’acclimatées lentement à l’univers dans lequel elle se trouvait, totalement inconnu avec un décor qui semblait venir davantage de ses rêves remplis d’espoir plutôt que de la réalité. Pourtant, plus elle observait la pièce, plus elle prenait conscience de la netteté et du caractère réaliste que sa vision lui fournissait. Tournant un peu la tête, ce fut alors une tasse fumante qu’elle perçut et l’odeur qui avait titillé ses narines plus tôt fut accentuée par la trouvaille de l’origine. Elle prit néanmoins la peine durant encore quelques longues secondes de se contenter d’observer les lieux sans bouger car les questions doucement mais sûrement commençaient à se former et pointer dans ses réflexions. N’apercevant aucun mouvement, aucune présence et par ailleurs aucune activité, elle se redressera lentement en position assise dans ce qui fut en réalité un lit. Ce fait ne lui était pas parvenu dans un premier temps mais désormais, elle contemplait la grandeur et l’aisance de ce mobilier bien trop grand pour sa simple personne. Le vêtement même qu’elle portait était différent de tout ce qu’elle avait pu porter jusqu’alors. Une simple robe de nuit en apparence, d’un blanc immaculé, sans noirceur d’une vie de pauvreté. La curiosité et la peur se jumelaient face à une situation qui avait toujours été inenvisageable pour elle. Un bruit sonore troubla le crépitement d’un feu qui dansait dans une cheminée et son regard, d’abord captivé par les flammes et par ce feu plus grand que tout ce qu’elle avait déjà pu contempler à travers ces bâtonnets craqués, descendit vers son estomac qui réclamait réparation et la poussa à observer un instant la tasse fumante posée sur la table de nuit. Pouvait-elle seulement la prendre ? Était-ce réellement pour elle ? Sa main se tendit lentement pour la saisir et elle fut frappée par la propreté qui s’en dégagea de ces petits doigts habituellement noircis ou abîmés. Ce dernier fait était toujours présent car les blessures ne pouvaient partir par quelques coups de chiffon, mais elles étaient plus blanches que ce qu’elles n’avaient jamais été depuis la mort de sa mère. Rappelée néanmoins à l’ordre par son organe affamé, elle continua son mouvement pour se saisir de la tasse ayant eu le réflexe instinctif de se saisir de la crosse car une fois la seconde main posée, un froncement désagréable traduisit une sensation brûlante. Elle la posa secondairement plus doucement afin de bénéficier néanmoins de ce toucher qu’il fallait dompter afin qu’il devienne agréable. Respirant la douce fumée, un sourire étira ses lèvres et lentement ses lèvres vinrent à la rencontre de ce liquide lacté et sucré. Elle ne connaissait pas du tout mais elle pouvait affirmer que c’était chaud et réellement délicieux. Après quelques gorgées, elle rebroussa la couverture afin de se lever tenant toujours comme un trésor la boisson revigorante, et posant pieds sur le tapis dont la sensation au toucher lui soutira un nouveau sourire amusé, elle se leva lentement trouvant son équilibre avant de s’approcher du feu éclatant qui la captiva intensément.

Interpellée par un bruit, une tension certaine électrisa tous ses membres tandis que la panique la gagna. Quelqu’un allait venir, dont l’identité était méconnue, et cela impliquait peut-être une séparation avec cette boisson qu’elle ne voulait pourtant pas quitter. Tournoyant à plusieurs reprises sur elle-même en cherchant un lieu opportun maintenant sa tasse serrée fortement entre ses mains, elle opta finalement pour se cacher derrière le lit qui finalement haut pouvait abriter sa silhouette… Avec même un peu de chance, elle parviendrait à s’abreuver entièrement du contenu avant d’être repérée. Après tout, même si elle se retrouvait dehors, au moins elle aurait un estomac partiellement rempli. Une fois recroquevillée, elle tira lentement sur la couverture pour qu’elle glisse un peu sur sa tête, puis sur son corps. Elle n’avait pas la moindre idée de l’efficacité de sa cachette, mais avec un peu de chance, ce plan pourrait potentiellement marcher. La porte s’ouvrit alors tandis que des pas se firent entendre avant qu’un instant de silence ponctue la fermeture de la porte. Elle regarda le contenu de sa tasse : la moitié était déjà partie. Lentement mais sûrement, elle amena ce contenant à ses lèvres et but une gorgée, avant d’en boire une deuxième aussi discrètement que cela était possible. Les pas se rapprochèrent alors et elle sentit la nécessite de s’activer à boire plus vite. Grave erreur puisque la dernière gorgée fut trop rapide au point qu’elle ne put réprimer une toux brève mais nécessaire à sa déglutition. Les pas s’étaient arrêtés au même moment et elle se crispa davantage car elle pouvait voir l’ombre de la silhouette par la toute petite fente au niveau de ses pieds qui séparaient le bas de la couverture du sol. Peut-être que si elle rendait la tasse, ce serait une preuve de bonne foi ? Au moins elle était vide, c’était déjà ça de gagner. Lentement, elle posa alors celle-ci sur le sol et elle la fit délicatement glisser pour qu’elle se retrouve en dehors de la protection fictive. La main qu’elle put apercevoir très approximativement sembla ressembler à celle d’une femme ce qui titilla fortement sa curiosité. Gigotant légèrement ses pieds sous l’impatience, elle se permit de prendre la parole.

« C’est vous qui m’avez amenée ici ? Vous allez me renvoyer chez moi ? Je veux pas rentrer chez moi ! Vous pouvez pas me forcer de toute façon ! » dit-elle d’une voix atténuée par cette couverture qui siégeait encore sur son corps recroquevillé. Le ton défensif et légèrement agressif qui avait été utilisé n’était qu’une manifestation certaine d’une peur croissante qui aurait pu être diminué si seulement elle avait daigné sortir de cette cachette improvisée. Mais l’ignorance dans l’immédiat lui semblait plus sécurisant.
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The happy house [Pv Dragonne Coeurdebraise ♥] EmptyJeu 11 Sep - 14:47


E
tre mère, était le plus beau présent des cieux. C'était créer, faire naître depuis les abysses de son essence, offrir un peu de sa propre vie pour en inspirer une autre, celle des générations futures. C'était un frémissement qui partait de l'âme, une aspiration incoercible qui faisait aujourd'hui sa félicité. Elle se souvenait sans mal de cette époque pas si lointaine, lorsque mythique et auguste créature elle était encore, à veiller sur une citadelle désuète et en autarcie, de ce râle d'agonie que son instinct maternel vociférait à chaque crépuscule. Même les cerbères à la squame rougeâtre avaient des désirs primaires, et quand bien même s'était-elle naguère vouée à occire les preux sigisbées de ces contes sempiternels, tout comme ses parents l'avaient fait avant elle, elle avait toujours su que la pus belle de ses odyssées serait d'engendrer. Sans doute était-ce par crainte du rejet que, lorsqu'elle s'était découverte enceinte, elle avait préféré fuir et s'isoler sans en faire part à L'Âne, alors embesogné avec Shrek et Potté à lutter contre les fourbes machinations de Marraine la Bonne Fée. Une dragonne gravide n'était assurément pas une dragonne à importuner, aussi avait-elle également eu peur d'être à ce point susceptible qu'elle en aurait gobé l'un de ses acolytes. Une menace qui n'aurait cependant pas dû l'éloigner de son âme-soeur, auquel elle aurait pu apporter sa précieuse aide lors de la bataille finale... Non pas qu'elle s'estimait indispensable et inexpugnable, mais n'était-ce pas elle qui avait mis un point d'orgue à l'antagonisme de Lord Farquaad, en l'avalant rond après être inopinément apparue ? Peut-être aurait-elle pu – voire dû – en faire de même avec Charmant et sa méphistophélique de mère, mais il était désormais trop tard pour y songer. La joyeuse et hétéroclite communauté qu'ils avaient jadis formée n'était plus, leurs amis ogres s'étaient esbignés nul ne savait où, le félin à poil rubigineux était retourné à ses frasques, quant au reste, ils avaient courbé l'échine. Le Charnel n°5 était l'héraldique de leur résignation, mais au moins, se disait-elle à chaque aurore, ils étaient encore ensemble et n'avaient pas à se lamenter de leur quotidien. Son époux, ses enfants, ils étaient ce qui comptait le plus à ses yeux. Elle était comblée, au fond, mais... Quand on possédait un coeur de son envergure, l'on avait encore de l'amour à revendre.

Etre mère, ce n'est pas seulement une question d'atavisme, ce n'est pas un titre que l'on obtient fatalement par les liens du sang. C'est une philosophie, c'est être encline à éduquer, encline à aimer, même un joyau ciselé dans la matrice d'une autre.


« Elle est famélique, grand dieu... Je sais que je n'ai pas la force d'une femme lambda, mais elle était si légère lorsque je l'ai soulevée, j'ai sincèrement cru que ses os étaient de verre et que j'allais la briser au moindre cahot. » Sur le minois au teint d'albâtre, les lippes peintes d'un écarlate passionné se gauchirent en un rictus d'aversion, sa grimace était une piètre représentation des affects qui grondaient en son sein, ni l'idiome humain ni celui draconique n'auraient été aptes à traduire le courroux qui tempêtait. « Comment peut-on faire cela à une enfant ? Si je tenais les responsables, ils goûteraient au brasier de mon inimitié, je puis te le garantir, dans tous les sens du terme ! Quoi, tu ne les mangerais même pas ? Pour rendre tripes et boyaux par la suite ? Oh non, je connais ce genre de carne, elle est naturellement faisandée, très peu pour moi. » La galéjade fit résonner les rires des deux donzelles qui se trouvaient dans la pièce, l'une affairée, l'autre à l'observer. La seconde était d'ailleurs habillée d'une tenue que d'aucuns reconnaîtraient, ses teintes azures et pourpres étaient surmontées d'un élégant tablier sur lequel l'on pouvait lire Fleur Bleue Epines Rouges. Elle était l'une des serveuses qu'employait le propriétaire, devenue amie avec la compagne de ce dernier qui venait parfois aider dans l'entreprise familiale. « Pauvre petite... Elle t'a dit son nom ? Elle ne s'est pas réveillée depuis que je l'ai ramenée ici. Je l'ai toilettée, rhabillée et couchée, elle n'a pas cillé. Elle avait vraiment l'air à bout de force, j'espère qu'il n'est pas trop tard... Je suppose qu'elle ira mieux une fois qu'elle aura mangé et qu'elle se sera bien reposée. C'est bien pour ça que tu m'as demandé de te rapporter toutes ces confections j'imagine ? » La dame au crin anthracite corrobora d'un signe de tête, tout en continuant de disposer lesdites confections sur un grand plateau d'argent. « Que dois-je dire à L'Âne s'il me demande ? Dis-lui que c'était pour les sextuplés, je préfère tout lui expliquer moi-même quand il rentrera. D'accord. Où sont les petits d'ailleurs, c'est bien silencieux maintenant que tu en parles ? Lobotomisés devant le miroir magique, il n'y a que Flic-Story pour les tenir tranquille. » Derechef, l'on se désopila suavement, puis il fut temps de mettre fin au conciliabule. « J'y retourne, le restaurant est bondé ce soir, comme d'habitude ! Merci de t'être déplacée, tu salueras Pinocchio de ma part, dis-lui que je serai présente à son prochain spectacle. » Les risettes apparurent sur les faciès et elles s'étreignirent, avant de se séparer.

Un soupir mourut sur les lèvres de la Coeurdebraise. Quand bien même n'était-elle pas prête à adopter tous les orphelins ou va-nu-pieds de la ville, elle ne pouvait à chaque s'empêcher de distribuer piécettes et tendresse, comme un faisceau de soleil éphémère dans une existence de lutte incessante. Mais aujourd'hui, la rencontre avait été inusuelle, et la détresse vraisemblable de la minuscule poupée blonde qu'elle avait aperçue dans la fange et la misère lui avait fendu le palpitant. Pas une once d'incertitude lorsque ses bras avaient formé un étau salvateur autour de son galbe fébrile, puis elle l'avait ramenée dans le logis familial, sans réellement savoir quel chapitre s'écrirait à partir de là. La narcose prolongée de la fillette l'amenait à se ronger les sangs, aussi avait-elle ébauché un plan : son Fierdestrier adoré était un maestria de la cuisine et plus particulièrement de la pâtisserie, notamment avec l'aide de Tibiscuit qui n'hésitait jamais à faire partager ses recettes et talents. Alors, elle avait décidé de préparer une pléiade de gâteaux dont, elle l'espérait, les délicieuses fragrances suffiraient à faire émerger la souffreteuse de sa catalepsie. Une fois le tout convenablement installé et non peu fière de sa stratégie, la dryade fit mouvoir les pans zinzolins de sa longue robe et se mit en route à travers le domicile, direction l'une des chambres d'invités où elle avait laissé la nymphette à un univers onirique qu'elle souhaitait prospère. Elle se garda bien de faire un détour par l'antre de ses drânons au risque qu'ils ne se roulent à ses pieds pour déguster les friandises qui ne leur étaient pas destinées, elle les savait de toute façon hors de danger là où ils se trouvaient, certainement fascinés par leur programme favori. Quant à ce que son mari arguerait une fois qu'il aurait été informé de la situation, elle n'en avait cure, tout d'abord parce que personne en ce bas monde ne serait jamais capable de la convaincre d'abandonner un enfant à son funeste sort, ensuite, parce qu'elle ne le connaissait que trop bien pour savoir qu'il serait de son avis bien plus que l'inverse. Tous deux vouaient le même culte aux bambins, à bien y songer, six, ce n'était peut-être pas assez...

Ses foulées bien que quiètes résonnèrent dans le corridor, augurant son arrivée bien avant qu'elle ne se débrouille à ouvrir l'huis d'un bon geste du coude et ne le pousse avec l'échine. Mais à sa plus grande surprise, la princesse n'était plus dans sa couche. Celle-ci s'était réfugiée dans une encoignure, mal tapie sous sa cache de tissu qui bougeait en même temps qu'elle. Un large sourire s'évasa sur le visage de Dragonne, qui posa doucement le plateau sur le lit et en fit le tour, juste à l'instant où une faible quinte prit la demoiselle. La tasse disparue lui fut ensuite cédée telle une offrande à une déité nébuleuse, elle s'en saisit avec lenteur, pour ne surtout pas effaroucher celle qui n'osait sortir de sa cachette de fortune. « Je ne te forcerai pas à quoi que ce soit mon enfant, si tu n'as pas envie de rentrer chez toi, rien ne t'y oblige. » Entonna la maîtresse des lieux d'une phonation délicate, maternelle au possible, et cela aurait été un euphémisme de dire qu'elle y était accoutumée. Elle tenta de distinguer une forme plus tangible sous le voile de draps, mais elle n'y parvint et s'accroupit donc juste devant son interlocutrice, en veillant à ne pas trop l'approcher. « C'est bien moi qui t'ai amenée ici. Ne voudrais-tu pas... éclore de ta chrysalide et me montrer tes jolies ailes ? Comme ça, toi et moi nous pourrions faire connaissance, j'en ai très envie, je suis sûre que l'on va très bien s'entendre toutes les deux ! » Mais la suggestion ne sembla pas faire mouche, et si elle sentit son être s'encolérer, elle n'en miroita rien. Nulle aigreur envers la fillette, toute sa rancoeur convergeait vers ceux qui l'avaient rendue aussi méfiante et pusillanime – ce bout d'ange ne savait rien du bonheur. La brusquer pourrait être fatal à la conversation, aussi Dragonne se releva t-elle sans insister. « D'accord, comme tu voudras. C'est dommage, je t'avais ramené des gâteaux faits maison, je vais donc devoir les manger toute seule... » Elle revint sur ses pas et se mit assise sur la couche, devant la ribambelle sucrée prompte à émoustiller les sens. Les gourmandises étaient aussi sublimes qu'elles semblaient exquises, de tailles et d'aspects disparates, elles formaient un océan de couleurs et de senteurs qui auraient affamé le plus circonspect des quidams. Les cupcakes se mêlaient aux mignardises, aux feuilletés, aux meringues et aux macarons, n'y avait que l'embarras du choix pour le plus zélé des gastrolâtres. Elle était la première fan de l'art culinaire de L'Âne après leur portée, ici, ils savaient plus que parfaitement ce que signifiait le plaisir des papilles.

« Voyons, que vais-je prendre... un au chocolat ? A la framboise peut-être ? Oh non, je sais ! Un macaron praline-grenadine, avec juste ce qu'il faut de vanille et de beurre de cacao ! Ou alors... le cupcake Avalanche de Brownies, avec du chocolat blanc et du sucre à la crème ! Mmmh ! Que de choix ! » Elle feignit de réfléchir en posant son index sur ses lippes charnues, puis aperçut soudain une flavescent bouille l'observer depuis l'autre côté du lit. A défaut de l'y avoir rejointe, au moins était-elle partiellement sortie de sa couverture, suffisamment pour que leurs mirettes puissent se croise et pour distinguer les fameuses friandises qui attendaient. « Tu en veux ? Lequel prendrais-tu, toi ? » Elle fit glisser le plateau jusque sous le museau de la poupée et la laissa observer, ainsi que se servir si le coeur lui en disait. Les secondes s'écoulèrent paisiblement, la crainte se fit moins palpable, et la dame y vit l'opportunité rêvée. « Je m'appelle Dragonne. Et toi, quel est ton petit nom ? »
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The happy house [Pv Dragonne Coeurdebraise ♥] EmptyLun 15 Sep - 17:29


Your smile is beautiful
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Se sentir rassurée par un bout de tissu était totalement infantile. Lumia en était parfaitement consciente et comprenait parfaitement le risible de la situation, pourtant elle se raccrochait à cette barrière factice aussi fortement qu’un bébé pouvait s’attendre obligatoirement à retrouver son doudou quand il était en sécurité. Un camouflage qui permettait de ne subir aucun désagrément. Elle avait déjà expérimenté pourtant ce procédé qui n’avait jamais fonctionné avec son père. Il n’en avait royalement rien à faire qu’elle soit visible ou pas, limite sa violence était plus imposante quand elle tentait d’y échapper. C’était bien pour cette raison qu’une fois qu’elle mettait un pied au domicile initial, elle savait pertinemment que son corps fragile allait être meurtri jusqu’à ce que la seule chose qu’elle puisse faire c’est se terrer dans un coin du bâtiment afin de pouvoir panser ses plaies et récupérer jusqu’au lendemain. Elle avait prié pourtant, souvent. Mais jamais aucune aide n’était apparue d’où que ce soit. La seule délivrance encourue jusqu’alors lui avait été amenée par sa grand-mère. Cependant, elle se retrouvait désormais en présence d’une personne inconnue qui ne semblait pas dans l’immédiat lui vouloir de mal. Sa grand-mère l’aurait-elle emmenée entre de bonnes mains ? Elle pouvait l’espérer mais ne pouvait pas s’y raccrocher définitivement. La chute vertigineuse serait bien trop violente s’il s’avérait que ce n’était qu’une ruse pour lui montrer que le malheur qu’elle avait pensé intense n’était au final que minimal comparé à ce qui allait suivre. Elle ne se souvenait plus très bien de ce qui s’était réellement passé, excepté que le désir de ne pas rentrer était encore tellement présent qu’elle n’avait pu retenir cette impulsivité verbale qui comptait bien rappeler ce fait à l’inconnue ici présente. De ce qu’elle avait entraperçu, il s’agissait d’une dame et au vu de l’état de la main, elle pouvait obligatoirement émettre le fait qu’elle était aisée. Il suffit de toute façon de voir la chambre qui était bien plus belle que tout ce qu’elle connaissait jusqu’à présent. Recroquevillée, elle trouvait étrange que cette femme accepte sans hésitation l’idée qu’elle ne veuille pas rentrer. Les adultes ne prônaient-ils pas constamment l’obéissance et l’obligation de toujours rejoindre ceux qui les avaient mis au monde ? C’était un point plutôt positif qui était une première surprise mais qui avait son impact, même si méfiante comme elle l’était, elle préférait ne pas se laisser berner par possiblement des stratagèmes pour l’amadouer. Bien qu’à ses yeux, les femmes étaient plus dignes de confiance que les hommes. Si l’hôte de maison avait été de sexe masculin, il aurait pu danser sur sa tête qu’elle ne serait jamais sortie de cette couverture !

Regardant ses pieds, la petite blondie tritura un bout de la couverture en se demandant si elle pouvait se permettre de sortir comme la jeune dame l’y conviait. Elle en avait très envie car sa curiosité petit à petit était mise à mal alors que sa méfiance trônait en fond l’empêchant de faire entièrement comme elle le sentait. Mais l’évocation d’une nourriture présente dans la pièce fit mouche néanmoins car l’estomac abreuvé d’un lait crémeux n’aurait pas été contre de continuer sa sustentation pour pouvoir être davantage repus. Les jours de famine accumulés à regarder à travers la vitre les innombrables gâteaux qu’elle aurait pu goûter si seulement elle avait eu de l’argent restaient parfaitement en mémoire. Son ventre émit d’ailleurs un léger gargouillis qu’elle espérait de tout cœur trop peu audible pour que la dame à ses côtés ne le perçoive. Elle ne voulait guère paraître opportuniste même si la situation lui semblait de plus en plus en lien avec un rêve qu’elle avait souvent fait qu’avec la réalité.  L’énumération de ce qui se trouvait à portée de main émoustilla ses papilles si sauvagement qu’elle aurait pu baver simplement à l’évocation de ses mets qu’elle était en train d’imaginer comme elle l’avait toujours fait. Elle ne connaissait nullement leur goût et très souvent elle s’était amusée à prendre un bout de pain et en l’illuminant d’une allumette craquée, elle modifiait son ombre afin de pouvoir lui donner l’aspect de toutes ces gourmandises. Ainsi, quand elle croquait dans ce morceau dur et rassis, elle avait néanmoins l’impression confrontée à son image noircie qu’elle profitait d’une nourriture savoureuse et surtout sucrée que tout enfant désirait ardemment. Cela rendait sa vie plus rose et cette créativité propre était devenu son mode de fonctionnement pour pouvoir annihiler ses sentiments négatifs qui noircissaient davantage sa vie plutôt que la colorer. Amusante contradiction de constater que ce qui permettait cet arc-en-ciel sentimentale provenait de dessins entièrement noirs reflétés au mur. L’esprit était un puissant outil pour pouvoir changer ses perceptions. Mais ici, elle n’avait plus d’allumettes, et pire encore, elle savait ses délices concrets à ses côtés et les imaginer ne suffisait par conséquent plus à la combler. Aussi, après une nouvelle hésitation, elle fit un peu glisser la couverture afin que ses prunelles se retrouvent tout d’abord avec le bord de cette dernière en vis-à-vis, puis encore légèrement tirée en arrière, mais toujours conservée sur sa tête, se retrouvant alors avec la beauté de cette femme et des saveurs apportées.

Elle reprit la parole et le plateau d’abord « loin » se retrouva rapidement sous son nez la faisant presque loucher sur la première friandise installée sur celui-ci. Les couleurs étaient tellement belles, encore plus que derrière la vitrine où elle pouvait les contempler. L’envie était réellement irrésistible au point que la méfiance lentement s’effaça et que la couverture glissa encore davantage pour entourer simplement que ses épaules et non plus sa tête, permettant la vue de ses mèches blondes et de son visage encore poupon et pourtant amenant déjà des traits d’une demoiselle en devenir. Son attention fut détournée un instant des rangées de gourmandises car la jeune Dame venait de se présenter, quémandant un retour de sa part. Elle la regarda quelques instants avant de dire « Lumia… Est-ce que… je peux prendre celui-là ? » montrant une friandise au chocolat. Cependant, elle n’attendit pas la réponse pour la saisir et avec une impulsivité absolument pas maîtrisée, elle mordit dedans à pleines dents mettant autant de chocolat dans sa bouche qu’autour. Ses prunelles habituellement éteintes retrouvèrent un éclat tellement lumineux qu’il était difficile de croire qu’une simple friandise pouvait apporter cet effet là sur quelqu’un. Prise d’une frénésie impulsive qu’elle ne put contrôler, à peine eut-elle fini son gâteau qu’elle se saisit d’un autre, puis d’un autre et ce fut au bout du quatrième qu’elle regarda Dragonne s’arrêtant en plein acte de future bouchée et que lentement elle termina le macaron sans la lâcher des yeux se disant qu’elle allait peut-être subir les représailles d’un tel comportement. Gênée mais également un peu sur la défensive, elle prit le comportement un peu animal d’une bête prête à se jeter sur sa proie tandis qu’un adversaire guettait la même. Ne montrant plus que ses yeux par-dessus le lit, elle fit lentement glisser vers une nouvelle gourmandise sans lâcher Dragonne des yeux, puis s’empara d’une cinquième et l’amena presque comme une provocation de nouveau à sa bouche avant de la manger. Ce ne fut que qu’à la fin qu’elle ne comprit pas pourquoi il n’y avait finalement aucune réaction et se redressant un peu elle demanda la bouche pleine « Pouwquoi vous m’laichez tout mancher ? ». La question pouvait paraître idiote, pourtant elle était sincère. Elle avait déjà côtoyé des personnes gentilles autour d’elle comme la demoiselle qui tenait la boutique de confiserie, mais pour elle, c’était sûrement une exception et c’était étrange que cela se reproduise. Surtout que ce n’était pas que la nourrir. Au fond, cette Dragonne l’avait recueillie, lavée, changée, et maintenant en plus, elle la laissait avaler tout ce qu’elle voulait. Elle se sentit du coup coupable de son comportement se rappelant que les personnes gentilles ça existait et que peut-être il en était de même avec celle qu’elle avait à ses côtés. Aussi, elle repoussa doucement le plateau vers la jeune femme et mettant une mèche de cheveux derrière son oreille elle l’invita à se joindre à elle, une fois la bouche vidée « Il en reste encore… ». Une façon, au fond, de signifier qu’elle était plus confiante et, par conséquent, désolée d’avoir agi de la sorte même si son faciès digne d’une fille mal éduquée exprimait bien le plaisir qu’elle avait eu de dévorer ces friandises.

Elle attendit en l’observant la jeune femme qu’elle ait pris une des saveurs restantes pour poser une nouvelle question qui était en réalité très importante à ses yeux « Qu’est ce que vous allez faire de moi ? » Elle marqua une pause avant de reprendre « C’est vrai que si je veux pas rentrer chez moi je suis pas obligée ? » Elle réfléchit deux secondes à ce que cela voulait dire et surtout l’implication que ça pouvait avoir et, avec un sérieux presque triste, elle demanda dans un questionnement sincère « Mais, où est-ce que je peux aller si je veux pas rentrer chez moi ? » Car, elle n’avait pas d’autres points d’ancrages. Elle ne savait pas vers qui aller, vers qui se tourner et surtout qui accepterait de la garder, elle qui n’était qu’une enfant de rien et qu’une personne dont personne ne se préoccupait. Elle n’avait guère pris le faciès d’une victime qui suppliait que la jeune femme lui trouve une solution, mais peut-être aurait-elle une idée, car la jeune demoiselle n’en avait aucune quant à ce que pouvait être son futur. Comment le monde fonctionnait-il réellement pour ceux qui n’avaient pas d’argent ? Car même si elle voulait vendre encore des allumettes, c’était son père qui lui fournissait les boites et elle n’avait rien d’autres à vendre à la place.
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The happy house [Pv Dragonne Coeurdebraise ♥] EmptyMer 17 Sep - 19:03


D
e ce qu'elle en savait, les bambins résistaient rarement à des friandises aussi alléchantes, car tous n'avaient pas le privilège de se bâfrer avec de tels mets comme pouvaient le faire les six têtes brunes qu'elle espérait ne surtout pas voir sourdre de nulle part comme ils avaient l'habitude de le faire. Elle gageait que leur inexorable dynamisme risquait d'effaroucher la donzelle encore fragile, encore loin d'être confortable dans cet environnement qu'elle ne faisait que découvrir. Dieu seul savait par quelles tribulations elle avait bien pu passer avant que la sylphide au crin d'obsidienne ne la recueille, ce qui était un bien grand mot, en y songeant. Elle lui avait apporté son aide sans réellement réfléchir aux conséquences de sa bénignité , et elle n'en avait cure, tant que sa nouvelle protégée esquivait un trépas inique et tout bonnement insupportable la concernant. Elle avait longuement conjecturé quant aux proches de cette dernière, mais elle avait beau s'esquinter à la tâche, elle ne parvenait pas à comprendre comment elle avait pu en arriver là – comment une mère avait  pu dénier son instinct au point d'en laisser la chair de sa chair en devenir famélique, alitée aux portes de la mort en pleine venelle crasseuse. N'y avait qu'une seule hypothèse qui l'avait un tant soit peu contentée, celle qu'elle n'avait simplement plus de parents pour veiller sur elle, c'était ce qui lui apparaissait comme le plus plausible. Et la voir aussi timorée n'était vertement pas de bon augure quant à l'histoire qui était la sienne, elle lui devinait des vicissitudes à n'en plus finir, bien trop que ce qu'elle ne devrait affronter à son jeune âge. Etablir le contact et ne surtout pas l'égarer au gré de la conversation était fondamental, et si elle eut un instant l'anxiété qu'elle refuse de lui parler, l'écho de son prénom fut une suave mélodie à ses tympans. Un doux sourire s'évasa sur ses lippes teintées de pourpre, puis elle corrobora d'un signe de tête à la question de la poupée, plus affamée qu'elle ne l'aurait jamais imaginé. « Prends ce qui te fait plaisir, ils sont tous à toi. » Ponctua t-elle même dans l'espérance de la mettre en confiance. Toutefois, elle n'eut pas achevé sa tirade que les gourmandises se faisaient déjà engloutir en kyrielle, à l'instar d'une ambroisie inespérée que l'on ne voulait surtout pas voir disparaître. Une hâte culinaire à la fois amusante et contristante, car plus que de la gloutonnerie ou de l'intempérance juvénile, elle était tout bonnement morte de faim.

Lorsque les mirettes infantiles se redressèrent en sa direction, elle ne se mût point et se contenta de sourire derechef, quiète tant dans sa contenance que dans son expression. Elle n'exsudait aucune hostilité, aucun jugement bilieux prompt à la tourmenter, ce qui ne l'empêcha vraisemblablement pas de hisser l'étendard de la méfiance. « Parce que tu en as assurément plus besoin que moi, et que tu sembles aimer cela. Ce ne sont pas les friandises qui manquent ici, j'aimerais même qu'il y en ait moins mais... c'est une bataille perdue d'avance. » Répondit-il en haussant sensiblement les épaules, un ricanement cristallin en guise de point final. Impossible était une litote quant à ôter le sucre pourtant abusif des papilles de L'Âne et de leurs sextuplés, quand bien même avait-elle une essence pétulante, elle savait aussi que faire croisade contre l'improbable était vain, et ses journées étaient suffisamment éreintantes comme cela. La voracité était une telle religion qu'elle fut presque pantoise de voir la nymphette garrotter ses pulsions et docilement repousser le plateau dans le dessein de partager. L'attention toucha la Coeurdebraise qui inclina légèrement son minois sur le côté, avant de choisir le cupcake le moins chargé en saccharose et substances sirupeuses. « Je te remercie. » Une gratitude qui pouvait paraître insensée, n'était-ce après tout pas Dragonne qui lui avait offert ces trésors gastronomiques ? Certes, mais une fois encore, il était question d'être agréable à sa petite hôte en lui témoignant de la considération. Par ailleurs, les pâtisseries n'étaient et de très loin pas son péché mignon, une bouchée suffirait amplement à la rassasier en matière de sucre – elle était une carnivore, elle préférait la carne fraîche et saignante. Mais si elle avait appris quelque chose en terme de psychologie filiale ou ce qui s'y apparentait, c'était qu'un enfant se sentait inconsciemment en sûreté lorsqu'il savourait la même pitance qu'un adulte en lequel il avait foi. Même si ce n'était pas encore le cas entre elles, elle avait bon espoir que cela ne tarde.

Et tandis qu'elle m'astiquait paisiblement, Lumia l'interrogea, dans ce qu'elle jugea être une incoercible impulsion. Coite de l'aspect inusuel de la question, la sylphide la contempla, indécise et désarçonnée. Elle avait l'indicible sensation de se trouver face à un animal sauvage, aussi somptueux pouvait-il être, qui se heurtait pour la première fois à la tendresse et à la civilisation. A peu de choses près, elle aurait distingué son propre reflet à travers la jeune fille, bien avant que le Fierdestrier en gagne son coeur et chamboule l'entièreté de son existence. Elle savait parfaitement ce que c'était, qu'être primitif et transbahutée dans un univers qui ne l'était point, ou pas de la même façon. Mais si elle avait osé penser être au bout de ses peines, chaque seconde écoulée en compagnie de la fillette lui prouvait qu'elle se fourvoyait lourdement. « Mais... bien sûr que tu n'es pas obligée. Je veux dire... » Que voulait-elle dire ? Elle perdait le fil de ses propres réflexions et certitudes, jusqu'à une estocade à laquelle elle ne s'était pas attendue. Elle était seule. Horriblement seule, abandonnée, à l'en voir ainsi quémander un quelconque refuge qu'elle serait incapable de trouver d'elle-même. Des secrets se dissimulaient sous son visage poupon et séraphin, des mystères que Dragonne avait de plus en plus peur d'entendre. Prise de court, elle observa longuement son interlocutrice, ses prunelles de jade plongées dans le merveilleux lapis-lazuli, pour n'y apercevoir aucune nitescence positive, rien de ces éclats candides intrinsèques à l'enfance. C'était un ineffable déchirement, qu'elle se devait de panser avec ferveur. « Euhm... » Une once d'hésitation, non pas sur ce qu'elle s'apprêtait à déclarer, ce n'était encore que le choc de l'attitude de la Craquallumette qui l'étourdissait. « Pour le moment tu peux rester ici si tu en as envies. Cette chambre peut devenir la tienne, elle le sera aussi longtemps que tu le souhaiteras, ce n'est pas comme si nous manquions de place ou de moyens. Qu'est ce qu'une bouche de plus à nourrir ? » Elle recouvrit une risette qui se voulut lénitive. « Ne va pas croire que tu es un poids pour nous, je préfère te savoir chez nous qu'à rôdailler je ne sais où à l'extérieur. Et si tu te poses aussi la question, nous ne te demanderons aucun dédommagement, il faut de toute façon que tu te reposes et que tu te remplumes un peu avant de songer à mettre la main à la pâte. » Elle leva doucement la main et effleura tendrement la joue de la flavescente demoiselle, qui était décidément beaucoup trop mince à son goût. « Il faut juste que je te préviennes, mon époux et moi avons des enfants, six au total – des sextuplés pour être exacte. Ils ne feraient pas de mal à une mouche mais ils sont... très expressifs, dirons-nous. Un peu incontrôlable parfois, mais ils ont de l'amour à revendre. Donc... ne sois juste pas étonnée s'ils te bondissent dessus et te posent dix questions à la seconde lorsque tu les rencontreras. Mais nous verrons cela en temps et en heure, je veillerai à ce qu'ils ne viennent pas t'importuner tant que tu ne seras pas complètement sur pieds. »

Car ils auraient tôt fait de la submerger dudit amour dont ils dégorgeaient tous, il n'y en avait malheureusement pas un pour rattraper l'autre. Maintenant que Lumia était certaine d'avoir un logis pour les jours voire les semaines à venir, peut-être serait-elle davantage encline à conter ce qui lui était arrivé. Un sujet que la Coeurdebraise subodorait délicat, raison pour laquelle elle demeura mutique un moment, le temps de rediriger le plateau en direction de la jouvencelle pour l'encourager à se resservir si l'envie lui prenait. « Si tu veux une autre boisson, je peux t'en rapporter une. » Elle baissa ensuite les calots, songeuse, avant de se lancer. « Quelque chose m'échappe Lumia... Pourquoi ne veux-tu pas rentrer chez toi ? Et que t'est-il arrivé, avant que je ne te transporte ici ? Je t'ai trouvée dans la rue, tu sais... sale et inconsciente, je... Je ne pouvais décemment pas te laisser là, mh ? » Elle se rapprocha précautionneusement, un peu comme si elle cherchait à instaurer un périmètre d'intimité qui n'appartiendrait qu'à elles, une chrysalide propice aux confidences. « Où sont tes parents ? »
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The happy house [Pv Dragonne Coeurdebraise ♥] EmptyDim 21 Sep - 15:13


Your smile is beautiful
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Des questions à la fois simples et difficiles. Simples dans la formulation, mais dans le fond, la recherche de réelles implications semblent plus délicats. Les solutions n’étaient jamais toutes tracées, infaillibles et éternelles. A des problèmes aisés, des trouvailles rapides et efficaces pouvaient encore être apportées. Mais quand cela touchait les sentiments, les questionnements profonds d’une âme laissée seule face à ses bouleversements. Qu’était-il adéquat de formulés ? Que pouvait-être les aides significatives qu’il était possible d’apporter ? Cela n’était jamais facile et être pris au dépourvu était rapide. C’était le cas de Dragonne, même si le petit énergumène à ses côtés n’en avait pas conscience dans ses réflexions enfantines mais confrontées à une réalité de grande personne. L’idée n’était point d’embarrasser, d’amener de l’inconfort. Il était simplement sujet d’une réelle demande dans une orientation de vie tout à fait atypique pour une enfant de seulement quelques années. Lumia ne cherchait pas à fuir ce qu’était sa vie. C’était simplement parce qu’elle en avait fait les frais trop longtemps qu’elle désirait trouver un sens différent à son existence. Elle n’avait pas la moindre idée si l’accès à cette demande était probable ou simplement en dehors des possibilités. Quitter ses parents à son âge était utopique selon elle, persuadée qu’il était obligatoire de rester avec ceux qui lui avaient offert la vie. Mais sa mère disparue était déjà une donnée fondamentale dans cette équation de base logique. Le choix des parents n’appartenait à personne. Après tout, si elle avait pu émettre un avis, elle aurait préféré que ce soit son père qui quitte ce monde afin de lui laisser sa mère, à elle seule, douce et réconfortante. Mais ça n’avait pas été le cas. La vie lui avait pris la personne la plus gentille pour elle, pour lui laisser le diable en personne incapable de sentiments agréables. Elle n’était rien pour lui. Juste un poids sur les épaules, un intérêt à exploiter, un sac de patates à frapper. Elle avait failli rejoindre sa grand-mère dans cette chaleur soudaine qui s’était emparée de son cœur, mais peut-être que celle-ci voulait lui redonner l’espoir d’une vie meilleure. Elle était prête à s’y accrocher et éventuellement à tenter l’aventure. Mais y avait-il réellement une porte de sortie ? Ce serait Dragonne qui lui confirmerait ou non l’accessibilité à celle-ci. Personne d’autre en cet instant ne pouvait l’aiguiller, car la jeune femme était celle qui l’avait recueillie et qui, finalement, avait pris la responsabilité de sa vie. Si la mort l’avait emportée, elle n’aurait plus était un poids pour personne. Or le courant emprunté avait été dévié, il fallait maintenant reprendre les rennes et décider du chemin à parcourir.

Cependant, même si l’attente de réponse avait le vain espoir d’une solution, jamais la petite demoiselle ne se serait attendue à celle-là. Certes, il existait des personnes dotées d’un cœur et qui s’en servait à bon escient. Mais offrir ainsi, l’hospitalité de son toit, sans rien attendre en retour, cela avait quelque chose de féérique mais dont elle n’était pas intimement convaincue que c’était possible. Pouvait-elle réellement se rattacher à cette adulte qui l’avait ramenée, soignée, lavée, changée, nourrie ? L’accumulation de bienfaits pourtant basiques amenait déjà une très longue liste aux yeux de la jeune fille. Personne n’avait fait autant pour elle depuis que sa mère était décédée et quelque part, elle était effrayée de se dire que peut-être elle ne faisait que rêver et que derrière ce beau voile blanc se cachait en fait les ténèbres qu’elle avait toujours connues. Pourtant, elle pouvait malgré tout cerner la sincérité des propos de Dragonne. Elle la sentait en elle, il n’y avait à ses yeux aucun mauvais tour qu’elle n’avait pas décelé. Elle ne pouvait en être sûre à cent pour cent, mais quelque chose en elle la poussait à faire confiance à cette femme qu’elle venait en réalité de rencontrer. Le geste adressé à son encontre la rendit tendue alors que la douceur qui s’en dégagea la fit frissonner avec surprise. Elle n’avait plus connu ce genre d’attention depuis plusieurs années maintenant et elle ne put dans l’immédiat l’apprécier entièrement à sa juste valeur. Tiquant à l’évocation d’un mari, et donc d’un homme dans cette demeure, l’idée fut rapidement évincée à l’entente de six autres enfants qui cohabitaient dans les lieux. Six ! Elle n’avait jamais été entourée d’autant de petits bambins. Elle était curieuse de les rencontrer, encore plus en sachant qu’ils étaient des piles électriques. Pour la peine, le sexe des enfants n’avait aucune importance. Fille ou garçon, ça restait des êtres fragiles tout comme elle. Mais la donnée concernant le mari était un point noir qu’elle ne pouvait pas enlever ni dans la réalité, ni dans sa tête. La méfiance serait forcément présente et toujours vive le concernant car comment pouvait-elle savoir s’il n’allait pas se montrer violent. Peut-être que Dragonne ne le savait pas, comme sa mère qui ne connaissait sûrement pas son père comme elle l’avait connu. Peut-être que c’était un vil manipulateur qui profitait de la condition qu’offrait cette vie avec Dragonne. Peu importe comment elle tournait la situation, dans l’immédiat, il était impensable que ce soit seulement un homme bien fout amoureux de sa femme et de ses enfants. Pourtant, combien de fois ne l’avait-elle pas observé de la part d’autres hommes qui se promenaient main dans la main avec leur épouse ou leur enfant. Elle en avait été envieuse au point de finalement vouloir se raconter des histoires négatives à leur sujet afin de soulager ses peines. Transposer sa propre souffrance chez les autres était purement cruel mais avait quelque chose de soulageant. Car au fond, elle savait pertinemment que ce n’était pas la réalité. Mais elle pouvait au moins partager son désarrois, l’évacuer d’une manière ou d’une autre. Une façon de tenir dans la vie, même si finalement, ça n’avait pas duré longtemps.

Plongée dans ses pensées un peu noires, elle revint à la réalité quand le plateau glissa doucement à nouveau vers elle. A l’entente de la boisson, ne voulant pas déranger, elle fit simplement non de la tête tout en s’appropriant une nouvelle friandise qu’elle mangea cette fois avec plus de douceur et de profit n’étant plus à l’agonie nutritionnelle. Certes, elle était encore loin d’avoir le poids conseillé pour sa stature, mais les quelques aliments ingurgités depuis son arrivée dans la demeure avait quand même permit de la requinquer dans l’immédiat. Savourant son mets, elle leva ses prunelles azurées vers la jeune femme qui se rapprochant doucement quémandait une explication sur son existence et sur ceux qui étaient censés s’occuper d’elle. Elle comprenait que ce soit étrange ce refus catégorique de retourner chez son père. Personne ne pouvait pleinement déceler ce qu’était sa vie sans un minimum d’explication. Elle le savait pertinemment bien. Elle regarda son cupcake un instant. Elle n’avait jamais vraiment raconté son histoire à quelqu’un. Après tout, qui était intéressé ? Et ceux qui en avaient manifesté, de l’intérêt, avaient simplement été éconduits par un petit sourire avant qu’elle ne disparaisse pour retourner à son train-train quotidien. Mais ici, vu l’hospitalité dont faisait preuve l’hôte de maison, peut-être était-elle contrainte de donner la vérité. Un remboursement face à la gentillesse qui lui avait été adressée et face à la confiance qui semblait présente à son encontre.

« Mes parents… Ma mère est morte quand j’étais petite. Elle était malade et le médecin a jamais su la guérir. Alors il me reste que mon papa. » Elle marqua une pause faisant tourner la friandise dans ses petits mains abîmées sans que ce ne soit irréversible. « J’ai pas envie de rentrer chez moi parce que mon papa n’est pas gentil avec moi. Il est jamais content quand je ne vends pas assez de boites d’allumettes, mais c’est pas ma faute si personne n’est intéressé ! Alors… Alors, j’ai décidé de ne plus rentrer chez moi ! Mais je savais pas trop où je pouvais aller, je connais pas grand monde donc, je me suis assise dans une rue pour la nuit. Puis je me souviens plus trop… » Elle n’avait pas envie de parler de sa grand-mère qu’elle avait vue grâce à ses petits bâtonnets de feu qu’elle avait fait craquer pour tenter de se réchauffer. C’était ses histoires et les ombres projetées par la flammèche étaient ses amies dont elle narrait leur évolution. Elle garda un moment de nouveau le silence avant de lever ses yeux vers Dragonne « L’homme qui vit ici, il est comment ? Parce que vous me proposez de rester, mais lui il sera d’accord ? »…elle baissa de nouveau les yeux avant de marmonner « J’aurais préféré que vous soyez toute seule… » avant de mordre avec une moue renfrognée le petit gâteau décoré. « Mais sinon je veux bien travailler moi. Vous avez dit pas de dédommagement, mais je sais travailler. Je peux aider, faire le ménage dans la maison, ranger le linge peut-être…faire la vaisselle aussi, oui je sais faire la vaisselle ! » elle ne savait pas trop ce qu’elle savait ou pouvait concrètement faire, mais elle se voyait très mal être logée et blanchie sans aucune participation. Après tout, elle n’avait jamais été réellement gâtée et elle connaissait encore moins la vie dans laquelle l’argent coulait à flot sans trop de difficultés. « Et vos enfants ils ont quel âge ? J’ai jamais eu de frères ou de sœurs. Vous croyez que je vais bien m’entendre avec ? » Il était facile de sentir dans ces questions une curiosité réelle avec une légère exaltation de savoir qu’elle allait se trouver avec d’autres enfants. Au fur et à mesure, qu’elle parlait, la défense qu’elle avait mise en place au début s’était pratiquement totalement étiolée et, par conséquent, il était évident qu’elle donnait l’envie concrète de rester dans leur famille pour pouvoir découvrir tout ce joyeux petit monde, excepté faite du paternel de la demeure.

Subitement, une question lui traversa l’esprit et elle observa longtemps Dragonne, semblait la regarder sous toutes les coutures avant de demander « Est-ce que vous êtes humaine ? » Il n’y avait aucun jugement, aucune appréhension mais plutôt une curiosité intense qu’il était facile à percevoir et à comprendre derrière cette interrogation. Tout le monde connaissait l’existence du Chanel 5 et par conséquent, cette demande n’était pas forcément déplacée, tout dépendait en réalité de l’implication de la personne ciblée avec Marraine la bonne fée. Mais elle avait subitement eu envie de savoir, de voir qui pouvait peut-être se cacher derrière cette façade à visage humain. Elle avait toujours préféré la réelle identité de ceux condamnés à prendre cette préparation. Les surprises étaient parfois de taille même si elle n’avait clairement pas assez de personne dans son répertoire pour pouvoir dire qu’elle avait côtoyé beaucoup de monde. Les rencontres cependant aléatoires avaient parfois du bon. Ainsi, elle espérait pouvoir aussi en apprendre plus sur Dragonne, celle qui l’avait recueillie.
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The happy house [Pv Dragonne Coeurdebraise ♥] EmptySam 4 Oct - 0:32

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