Ma petite princesse. Voila comment mes parents m'ont toujours nommée. Pourtant, je crois qu'à la base, ils ne sont que de simples roturiers. Marchand de pain et tisserande auprès de Marraine la Bonne Fée. Seule fille d'une fratrie de trois garçons, mes parents m'ont toujours tout donné. Ils voulaient le meilleur pour moi, et tentaient tant bien que mal de me fiancer avec un bourgeois. Je méritais au minimum cela à vrai dire. J'ai donc grandi dans l'admiration. Mes frères, eux-mêmes m'admiraient. Je les aimais tout autant.

Tous les soirs, ma mère me créait de nouvelles robes à mettre pour le lendemain, avec des morceaux récupérés à son travail. Ses créations étaient toujours des plus belles. Même si secrètement, je rêvais de porter du Versachery. Il fallait au moins cela pour une princesse ! A mes dix huit ans, je pus avoir l'anneau la robe tant convoitée. Celle dont les tons allaient parfaitement avec mon teint, ma chevelure, et mes yeux. Elle était PAR-FAITE ! Mes frères s'étaient cotisés pour m'offrir une paire de Locrottin, vous savez, les talons magnifiques à la semelle rouge. Oui, celles là ! L'ensemble me convenait terriblement bien, à faire se laver un ogre. Oui oui, vous avez bien entendu ! Le soir, je sortais. Et oui, la majeurité (On me dit dans mon oreillette que cela ne se dit pas ? Sisi c'est moi qui l'ai inventé ). Je pouvais enfin rouler sous les bars, des verres de cocktails dans les mains. Mes amis, toutes filles de ducs et duchesses évidemment, étaient venues me chercher dans leur taxi-calèche. Nous allions draguer du prince, des ducs, et autres personnes distinguées. Mes amies n'ont jamais douté que je n'était pas l'une des leurs, bien trop idiotes... La soirée fut arrosée, et pimentée de fumettes à la fleur de grin, ramenée par un duc. A la fin de cette soirée, vous n'imaginez même pas ce qui a pu m'arriver... Il pleuvait, et je me suis retrouvée dans je ne sais quelle rue de Fort Fort Lointain. Perdue, trempée jusqu'à la robe, mon maquillage coulant, j'avais décidé de me réfugier chez un habitant. Je n'allais tout de même pas prendre n'importe quelle maison. Du coup... J'ai choisi la plus grande du quartier. Ben oui. Je suis alors tombée sur une vieille accoutrée d'un magnifique peignoir en poil de renard. J'ai tout de suite trouvé chez qui j'étais. Enfin non, mais je savais que ces personnes avaient du goût.

"Excusez-moi, pourriez-vous héberger une princesse perdue juste le temps d'une nuit ?"

"Nous allons bien voir ça."

J'ai pas compris de suite, mais vu qu'elle m'offrait refuge, j'ai pas cherché à comprendre guère plus. Elle m'offrit des vêtements secs, d'un luxe inégalable, et un lit. Des portrait d'un jeune homme trônaient de partout dans la maison, elle m'expliqua que c'était son fils, et qu'actuellement, elle lui cherchait une femme. J'le trouvais plutôt pas mal à dire vrai, alors je me suis tout de suite imaginée à son bras, accompagnée de notre dizaine d'enfants. On m'installa dans ma chambre après un souper digne d'un restaurant à 800 schiling la salade. Quand je vis le lit, je savais que j'allais passer une bonne nuit. Il y avait plus de matelas que mon petit frère avait de dents, et les édredons semblaient si chauds...

Ouai, ben c'était vraiment de la bouse de dragon ce lit. Je me suis levée avec des bleus à faire pâlir une myrtille. J'étais toute violette ! Les riches dorment vraiment sur des lits comme ça ? J'vous explique pas comment j'avais envie de lui dire ses quatre vérités à la bonne dame ! Surtout quand, au petit déjeuner, elle m'a demandé comment j'avais dormi... Je suis fière de moi, j'ai été courtoise...

"Affreusement mal, je n'ai presque pas fermé l'œil de la nuit. Dieu sait ce qu'il y avait dans ce lit. J'étais couchée sur quelque chose de si dur que j'en ai des bleus et des noirs sur tout le corps ! C'est terrible !"

Après ça, tout s'est accéléré. Un peu trop d'ailleurs. Cette femme me maria à son fils. D'ailleurs, je fus très surprise de me retrouver mariée à un vieux de 50 balais... Oui, madame était tirée à quatre épingles, mais pas que pour ses vêtements. malheureusement... Je devins donc duchesse. J'emménagea chez messire, et mes parents étaient très fiers de mon nouveau statut. Moi, Maya Peautendre, mariée à un duc plus vieux que mon paternel... Ca puire grave pour mon avenir... Heureusement que Marraine la Bonne Fée était là... Une année passa et notre reine est venue faire son coming out. Imaginez comment j'étais ravie. Surtout que grâce à la place de mon mari chez les VIP, j'ai eu le droit à une invitation à son couronnement ! Alors quand j'ai eu l'occasion de taper la pose avec elle sur la Glitter Carpette, et bien je ne me suis pas gênée ! Chickenface toutes les deux, j'ai pu lui demander de signer ma magnifique photographie. Quelle grâce. Une signature digne de la plus grande fée. Dans sa manière de laisser glisser la plume sur le papier, je sentais sa confiance, sa bienveillance ainsi que sa bonté. Oui. J'en ai eu les larmes à l'oeil. Je l'avoue. Et puis à la suite de cela, j'ai pu la voir se réinstaller sur son trône. Ce trône qu'elle aurait dû avoir du départ. S'en suivit une magnifique fête endiablée. J'ai pu danser jusqu'au bout de la nuit, à en quitter mes talons, vous avez qu'à voir ! J'ai d'ailleurs assisté à son solo de chant. Vous savez, I need a heroooooooo. Splendide !

Mais aujourd'hui, le vent à tourner. J'ai ma garde-robe pleine à craquer, des chaussures à perte de vue, et un mari mort ! Et oui... Le pauvre s'est étouffé avec un petit pois... Je suis abattue par cette perte... Ou peut-être pas.