Raiponce Tourdivoire
let me live, let me be free
« Ainsi font font font,
Les petites marionnettes,
Ainsi font font font,
Trois p’tits tours et puis s’en vont. »
Du peu de temps qu’elle habitait d’ici, Raiponce n’était pas une grande fan de cette comptine pour enfant. Elle ne savait pas exactement pour quelle raison elle se sentait ainsi. C’était stupide non ? Elle n’était pas une marionnette après tout ! … Si ? …. Peut-être une marionnette à qui le destin allait finir par jouer un tour, ça oui mais sinon, quel besoin avait-elle de se sentir angoissée à chaque fois que les premières notes de la mélodie émergeaient de la petite bouche enfantine d’une enfant à peine âgée de plus de dix ans ?
Elle angoissait pour rien de toute façon.
Une pensée très positive sur laquelle la jeune femme partit, tout en traversant la « ville des voleurs », dixit sa propre appellation.
L’ancienne pupille de sorcière travaillait depuis relativement peu dans un des rares salons de coiffure de la ville, abordable à son rang de paysanne. Mal situé peut-être, trop mal situé. Bien trop loin de son propre domicile sur Romeo Drive mais, étonnamment, cela ne la dérangeait guère plus que cela. C’était… malgré sa peur continuelle disons-le clairement, sa petite note de frisson de la journée. Un frisson de satisfaction et d’une once d’aventure. Certes, elle n’allait pas très loin ! Mais, du peu qu’elle avait connu jusqu’ici, c’était plus que ce que son cœur pouvait supporter. Pour le moment, bien sûr.
Et arrivée au Corbeau Bleu, après un certain temps de marche et une ellipse bien méritée de ses pensées, la petite jeune femme aux longs fils d’or ne tarda pas à se mettre au travail. Préparer l’ouverture du salon avant de s’atteler à sa tâche : couper, et couper, et encore couper. Toujours couper ! Même quelques insignifiants centimètres, elle les coupait !
Mais s’en plaignait-elle seulement ? Pas vraiment en fait. Au contraire, peut-être par rancune, peut-être par colère, Raiponce y prenait un certain plaisir~ Tout dépendait bien sûr de son humeur !
Et quelle était son humeur du jour ? ... Positivement enjouée ! Un soulagement pour certaines clientes sans doute, qui avaient eu la peur de leur vie en voyant leur magnifiques chevelures, petit à petit, très lentement, diminuer de taille progressivement ! Clairement, confier une paire de ciseau à une enfant sujette à des sauts d'humeur, ce n'était pas la meilleure idée qui soit pour le monde de la beauté !
Et une toute petite heure plus tard... la boutique ouvrait ses portes ?