AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
FORT FORT LOINTAIN A FERME SES PORTES.
Le Deal du moment :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot ...
Voir le deal

On ne répare pas un coeur brisé avec de la haine ⊱ Ulrich


FORT FORT LOINTAIN

Invité
Invité

Anonymous




On ne répare pas un coeur brisé avec de la haine  ⊱ Ulrich EmptyJeu 13 Aoû - 13:52


Ulrich & Nina
Hurle moi dessus, ça ne cachera pas ta tristesse


Des jours. Ça faisait des jours qu'Ulrich n'était pas rentré. Et pour une ogresse comme moi, qui n'avait aucune idée de la manière dont elle se débrouillerait si elle était amenée à se retrouver seule, je peux assurer que "des jours" se transformaient rapidement en "une éternité". Me retrouver toute seule comme ça, sans savoir s'il allait bien, s'il mangeait correctement, s'il ne s'était pas blessé stupidement comme à son habitude, ça me rongeait les sangs. Oui, parfaitement. Moi qui me faisait un point d'honneur à ne jamais me départir de mon sourire, de ma bonne humeur et de ma féminité, je ne me reconnaissais même plus dans le miroir. Je n'avais plus le goût à rien, je ne sortais plus de la chaumière, je ne souriais plus. Pire encore. Je portais un pantalon. Un PANTALON. Ah non, quand je disais que je n'étais pas dans mon assiette, ça n'avait rien d'une blague.

Et ça n'en finissait pas de se bousculer dans ma tête. Olga, Ulrich... Je n'avais plus de nouvelles de deux, et je ne savais pas pourquoi. Ulrich était parti à la recherche d'Olga, et Olga était Merlin savait où. J'avais bien la potion de Clémence pour tenter de retrouver l'ogresse... Ça faisait des jours qu'elle était prête, posée sur une petite commode cabossée, aux côtés d'un chemisier qui lui appartenait et qu'elle avait laissé dans sa chambre. Je n'avais pas osé ouvrir la bouteille. J'avais trop peur de cette magie. Déjà que je supportais à peine mon charnel... Je voulais attendre Ulrich, lui annoncer que j'avais un moyen de retrouver Olga et qu'on pourrait aller la chercher tous les deux. Je m'étais imaginé une centaine de fois son magnifique sourire s'étirer sur son visage de benêt, heureux d'avoir enfin une solution pour retrouver sa sœur. Mais plus j'imaginais ce moment avec des détails, plus il me semblait que cela n'arriverait jamais. Ulrich ne rentrait pas. La potion restait fermée. La boule dans mon ventre était de plus en plus imposante.

A chaque craquement de bois il me semblait que c'était lui qui rentrait, couvert de poussière, contrit de m'avoir tant fait attendre. Mais chaque fois que je me retournais vers la porte d'entrée, elle restait plus close et immobile que jamais. Affalée telle une limace sur le canapé encore enfoncé de la silhouette d'un Ulrich flemmard et avachit, je voyais le miroir télévisé me renvoyer un reflet qui ne me plaisait vraiment, mais alors vraiment pas. "Non mais Nina, ça ressemblait à tout sauf à toi ça. Du nerf, ma grande, on se bouge !" S'il devait y avoir une personne aussi maladroite que moi, ce serait Ulrich Fiersbras. Par conséquent, il ne devait pas être très loin de la maison, à se prélasser quelque part au soleil ou dans une flaque de boue, à avaler tellement de limaces qu'il devait être en pleine indigestion. Et si je n'étais pas plus douée que lui, au moins j'avais une potion qui me permettrait de le retrouver sans me perdre cette fois. Tant pis pour Olga...

Je me précipitais dans la chambre d'Ulrich, et après avoir cherché dans les tiroirs de son armoire, je trouvais une chemise à peu près propre que je pliais soigneusement. J'attrapais ma besace dans laquelle je fourrais la potion de Clémence et la chemise, et après avoir relevé mes cheveux en queue de cheval, je me dirigeais vers la porte d'entrée... qui s'ouvrit brusquement en manquant de me crever un œil. Je ne pense pas que ce soit très utile de préciser que j'avais les larmes aux yeux de me retrouver devant un Ulrich en un morceau, en chair et en os. "Nom d'une limace, Ulrich, tu m'as fait tellement peur, abruti d'ogre !" Je me jetais à son cou presque instantanément, mais je ne reçu pas réellement en retour la chaleur que j'avais mis dans mon étreinte. Il était plus immobile qu'une statut, et son visage si crispé que j'avais du mal à le reconnaître. Mais tant pis si ça ne lui plaisait pas. C'était décidé, il allait m'entendre ce bougre d'ogre ! "J'allais partir à ta recherche. Tu sais depuis combien de temps je t'attend ? DES JOURS, Ulrich. Ça va pas de me faire des frayeurs comme ça ? T'étais où pendant tout ce temps ? Je me suis inquiétée, espèce d'inconscient ! J'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose !"
Avec ce qui se disait en ville, les déboires des habitants et les lubies de Tracassin, il aurait pu lui arriver n'importe quoi. Mais je lisais sur son visage qu'il s'était passé quelque chose de bien pire que n'importe quelle torture que ce fou de nain aurait jamais pu lui infliger.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Invité
Invité

Anonymous




On ne répare pas un coeur brisé avec de la haine  ⊱ Ulrich EmptyDim 16 Aoû - 22:09



Nina & Ulrich
Live life like you're giving up, cause you act like you are

Quatre jours, quatre nuits. Quatre-vingt-seize longues heures à... Rien. Cinq-mille-sept-cent-soixante secondes à se demander la même chose, en boucle, sans s'arrêter. Autant de temps à envisager toutes les nouvelles situations possibles sans pour autant se décider à en choisir une, parce qu'en choisir une serait admettre la réalité. Comme si chaque seconde qui passait l'éloignait de plus en plus d'Olga, que la possibilité d'une autre réalité s'effaçait. Quatre jours de souffrance. Et cette nuit, alors que la lune était cachée et qu'il était assis, de la même manière qu'au premier jour, adossé au même arbre, il avait pensé à elle.
Nina. Mais il n'était pas prêt, non ? Comment peut-on être prêts à affronter quelqu'un comme Nina, quand toute une vie vient de s'effacer devant vos yeux ? Comment affronter quiconque lorsque, tout ce qui sort lorsque vous essayez de parler sont des gémissements, des larmes ? Ulrich était pathétique. Il ne voulait pas voir Nina, pas maintenant, pas dans cet état. Et pourtant... il n'avait plus le choix, semblait-il. Il devait rentrer chez lui, chez eux, dans une chaumière qui ne serait plus jamais remplie par la voix de sa soeur, dans un marais qui n'accueillerait plus jamais ses pas. Et à ça non plus, Ulrich n'était pas prêt. En se levant pourtant, c'est le chemin de la maison qu'il avait emprunté. Les yeux au sol, constamment embués, il sentait l'odeur familière s'imprégner de plus en plus dans l'air.

Au fur-et-à-mesure que la chaumière se dessinait devant ses yeux, l'ogre semblait se fermer au monde extérieur. Chaque pas en plus, une sensation en moins. Il ne sentait plus les brindilles qui lui chatouillaient les chevilles, les insectes qui parfois lui fonçaient dessus, l'air qui se chargeait d'humidité, la pluie qui se mettait à tomber. Et pourtant, aussi engourdi était-il, il souffrait toujours autant. Quand cela s'arrêterait ?
Il arriva devant chez lui et s'arrêta à quelques mètres. Nina était certainement à l'intérieur. De là où il était, il apercevait la fenêtre de la chambre d'Olga. Lentement et de leur propre-chef, ses jambes le menèrent à la porte d'entrée, qu'il ouvrit comme si une bombe exploserait au moindre bruit. Il ne put entendre les mots prononcés avant qu'une tornade de cheveux ne s'abatte sur lui, que des bras l'entourent et qu'une chaleur se répande, un peu, là où Olga était encore bien trop présente. Mais ce n'était pas suffisant. « J'allais partir à ta recherche. Tu sais depuis combien de temps je t'attend ? DES JOURS, Ulrich. Ça va pas de me faire des frayeurs comme ça ? T'étais où pendant tout ce temps ? Je me suis inquiétée, espèce d'inconscient ! J'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose ! » Lentement, il enleva les bras qui l'enlaçait et recula d'un pas. Il regarda Nina sans la voir et prit le temps d'inspecter la chaumière.

Elle n'était pas là. Bien sûr, qu'il s'y attendait. Bien sûr, qu'il avait espéré là trouver là, dans le canapé, à s'empiffrer de ses guimauves, à lui gueuler dessus, à parler avec Nina. Bien sûr qu'il espérait encore la voir sortir de sa chambre et lui servir le même sermon que Nina venait de lui faire. Bien sûr, qu'il avait mal, en sentant que son odeur n'était plus présente et qu'il ne pourrait plus jamais la sentir. Et bien sûr qu'il essayait de s'imaginer Olga déambuler dans le salon, simplement pour se convaincre qu'il pouvait encore se souvenir de son visage.
Il avait l'impression de se noyer, de couler dans son chagrin dont il n'arrivait pas à se défaire. Et puis il y avait Nina qui le regardait comme si un caniche était apparu dans la pièce... Parce qu'elle ne savait pas, pour l'instant. Elle pouvait encore profiter de ces instants où rien n'était fatal, définitif, où l'espoir était encore quelque chose de tangible. Avait-il le droit de lui ôter cela ?

Il recula encore et sortit de la chaumière. Il n'était pas prêt, il l'avait dit, non ? C'était trop tôt. Et Nina n'avait pas le droit de savoir. Elle avait encore devant elle quelques minutes de pure insouciance, de naïveté... Mais Ulrich avait besoin de lui dire. Elle le saurait tôt ou tard, de toute façon. Même dehors, il savait qu'elle n'était pas bien loin. Alors, puisant la force il ne savait où, il prononça les trois mots qu'il ne pouvait encore croire.
« Olga est morte. »

Sa voix s'étrangla, ses yeux s'embuèrent encore une fois et ses mains se mirent à trembler. Olga est morte.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Invité
Invité

Anonymous




On ne répare pas un coeur brisé avec de la haine  ⊱ Ulrich EmptySam 26 Sep - 16:52


Ulrich & Nina
Hurle moi dessus, ça ne cachera pas ta tristesse


Il n'avait pas le droit. Il n'avait pas le droit de rentrer comme ça et de m'annoncer ça de but en blanc. De m'annoncer quoi ? Même ma tête n'arrivait pas à formuler ça. C'était irréel, ça n'avait pas de sens. J'avais dans ma sacoche le vêtement d'Olga et la potion, bien fermée, qui n'attendait que moi pour l'ouvrir et retrouver mon ogresse de belle-sœur. Non. Ma sœur. Olga, ma sœur, mon amie.
Je voyais à travers le tissu tous les muscles d'Ulrich tendu d'une force inconsidérée. J'avais peur que ses tendons lâchent, qu'il fonde, qu'il coule devant moi et disparaisse. Une auréole de tension l'entourait, mettant entre lui et moi une distance palpable. Je voulais me rapprocher de lui, mais mes jambes refusaient d'avancer. Il n'avait pas le droit.

Irréel, ça n'avait aucun sens. Ulrich avait la tête baissée, m'interdisant tout contact visuel avec lui. Il m'avait déjà écartée une fois, maintenant refuser de me regarder c'était me repousser totalement. Et à part le prendre dans mes bras, je n'avais aucune autre idée pour le consoler.
Comme si je pouvais à moi toute seule le consoler après ça. Tout ce que je pouvais faire c'était...
"C'est ridicule. Ça n'a pas de sens, Ulrich." Je fonçais dans la maison et rapportait ma sacoche tombée sur le pas de la porte. J'en sortais le pull d'Olga et la potion.
"Je vais la retrouver, la potion va nous indiquer où elle est."

J'étais pathétique. Une goutte, m'avait dit Clémence. Je versais tout le flacon sur le vêtement qui se colora de bleu, scintillait à la lueur du soleil qui disparaissait derrière de lourds nuages noirs. Il devait se lever, voler dans les airs et nous conduire à Olga. Il décolla de quelques centimètres du sol, puis retomba mollement, passé du vert émeraude de base à un gris terne, anthracite. "Non, c'est pas possible. Ça devait marcher, Ulrich, je te jure que ça aurait dû marcher !" J'attrapais le pull et le secouait devant moi. Pathétique, Nina tu es pathétique. Et je l'ai déchiré, ce pull. Sous la pluie à grosses gouttes qui commençait à tomber. "Ça devait marcher..."

Il avait les mains qui tremblaient, les yeux sur ses chaussures et les épaules qui menaçaient de craquer. Et j'avais les yeux embrumés, en colère contre tout. Et surtout contre moi. Je n'osais même pas le toucher. Je ne l'avais jamais vu aussi fermé de toute ma vie, fermé au monde, et encore jamais fermé à moi. Et je ne savais pas quoi faire. Je voulais le prendre dans mes bras, mais j'avais peur de violer son espace, son chagrin, sa détresse. Et pourtant je ne pouvais pas ne rien faire.
Le sol était déjà boueux. J'étais trempée comme une soupe. Les mains d'Ulrich ne s'arrêtaient pas de trembler, et chaque tremblement me faisait plus mal. Il n'avait pas le droit de garder ça pour lui aussi longtemps. Il n'avait pas le droit d'être dans cet état. Et c'était à moi de le consoler maintenant. Parce qu'il était tout ce qui me restait. Et que je ne savais toujours pas ce que je signifiais pour lui. Mais je n'avais pas le droit de rester là sans rien faire.

Mon premier réflexe a été d'attraper ses mains et de les serrer contre ma poitrine. "Arrête Ulrich, arrête de te faire du mal, arrête de te mettre dans cet état, arrête, reste avec moi, ne me repousse pas je t'en supplie, ne me repousse pas", une rafale de supplications dans ma tête que je n'osais pas formuler à voix haute. Il lui suffisait d'agiter les bras pour que je tombe à la renverse. Ses mains tremblaient dans les miennes, et bien que nous étions trempés tous les deux, je savais que ses joues n'étaient pas trempées de pluie.
Et puis crotte, il n'avait qu'à me repousser s'il le voulait. Je tentais tant bien que mal de me hisser sur la pointe des pieds pour prendre ses joues dans mes mains, pour tenter d'atteindre cet ogre qui restait de glace devant moi, statue de pierre secouée de sanglots surnaturels.
"Rentre avec moi Ulrich, s'il te plait, rentrons nous mettre au chaud. Rentre avec moi, je t'en prie, ne pars plus."
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Invité
Invité

Anonymous




On ne répare pas un coeur brisé avec de la haine  ⊱ Ulrich EmptyDim 11 Oct - 16:15



Nina & Ulrich
Live life like you're giving up, cause you act like you are

Elle ne comprenait pas. Personne ne pouvait comprendre. C'était une douleur infâme, qui se répandait dans chaque battement de coeur et qui restait, comme une tumeur, impossible à enlever. Nina ne pouvait pas éprouver la même chose. Elle n'avait pas vécu la même chose. Elle était arrivée à un point dans leur vie où tout allait bien. Pour Ulrich, Olga était... Un tout.
C'était sa soeur, oui. Mais c'était surtout un repère, un pilier, la seule personne qui n'était jamais censée quitter sa vie. C'était le fait de savoir que quelqu'un l'attendait chez lui, qu'une petite chamaillerie ne pouvait faire que du bien, quelqu'un qui était là pour le recadrer parce que, par Merlin, tout le monde savait qu'Ulrich avait besoin d'être encadré. Et c'était fini.
Et même la pluie qui lui transperçait la peau, même les mots de Nina qui lui transperçaient le coeur ne pouvaient rien changer à cela. Sa pauvre tentative pour la retrouver ne faisait que le dégoûter. Il avait envie de la prendre par les épaules, de la secouer, de lui crier que c'était une technique stupide et inutile... Mais il resta là, à secouer la tête, observant du coin de l'oeil l'ogresse qui s'activait. Et ses mains qui prenaient les siennes, ses yeux qui cherchaient les siens.
« Rentre avec moi Ulrich, s'il te plait, rentrons nous mettre au chaud. Rentre avec moi, je t'en prie, ne pars plus. »

A quoi bon rentrer dans un endroit qui lui rappelait ce qu'il avait perdu ? D'un geste, il se débarrassa de Nina - et tant pis si elle pleurait, tant pis si cela la faisait souffrir - mais il ne pouvait plus. « Arrête », supplia-t-il. Et Ulrich voyait les yeux de son amie se remplir de détresse, mais il lui semblait alors que ce n'était qu'un reflet des siens. Il ne savait pas comment dire, comment exprimer ce qui ne lui venait pas, comment parler, simplement, alors que tout était vide en lui. Il lança un regard à la porte entrouverte, à  la lumière qui s'en dégageait et regretta d'être venu ici. Ce n'était plus chez lui.
« Je ne peux pas, Nina. » déclara-t-il, d'un ton solennel, inhabituel pour un ogre tel que lui. Il ne pouvait plus trouver d'humour dans sa situation. Nina ressemblait à un caniche avec ses cheveux sous la pluie, une mèche lui tombait en plein sur le visage et ses habits n'étaient plus que des morceaux de tissus collés à la peau et même ça, ce n'était pas drôle. C'était avec Olga, qu'il faisait ses blagues.

Et elle n'était plus là. Voilà. A quoi bon revenir ici ? « Je ne peux pas revenir ici. Et tu ne peux pas me demander de le faire. » C'était fini. Toute une période de sa vie était morte avec sa soeur. « Il y a toute cette maison qui me hante, les moindres souvenirs qui l'accompagnent, les affaires d'Olga... Ce n'est plus chez moi. Reste, si tu veux, mais je pars. Je sais pas où j'irais et, franchement, c'est pas ma préoccupation. J'ai besoin de... De moi. D'être avec moi. De me comprendre. »
Et sous ces paroles, plein de sous-entendus. « Tu ne peux pas m'accompagner. » Parce qu'il n'avait pas besoin d'elle.
Il ne savait plus comment avoir besoin d'elle.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Invité
Invité

Anonymous




On ne répare pas un coeur brisé avec de la haine  ⊱ Ulrich EmptyLun 2 Nov - 13:44


Ulrich & Nina
Hurle moi dessus, ça ne cachera pas ta tristesse


C'était comme se réveiller d'un rêve doux et merveilleux, pour se rendre compte que la réalité n'était qu'un cauchemar. La douleur était semblable à celle d'un pansement que l'on veut arracher rapidement pour écourter la douleur au maximum. Même douleur. Mais elle durerait plus longtemps.
J'étais trempée comme une soupe, mes cheveux collaient à mon visage qui semblait plus blanc qu'un linge. Ça ruisselait, ça coulait sur ma peau et sur mes joues, et je n'avais aucune idée s'il s'agissait de larmes ou de la pluie qui ne cessait de tomber sur nous, nous accablant un peu plus à chaque goutte. Olga ne reviendrait plus, c'était à moi de prendre soin d'Ulrich, de veiller sur lui et sa malchance quotidienne, sur ses décisions hâtives et ses irréflexions dangereuses. Et j'étais prête pour cette tache. Plus prête que je ne l'avais jamais été. Prendre soin de cet ogre, c'était le but de ma vie, je sentais dans mes tripes que c'était la chose à faire. Que c'était ce qu'Olga aurait voulu que je fasse.

Mais il refusait de rentrer, de se confronter aux souvenirs d'une soeur depuis trop longtemps absente, d'une parente qui ne reviendrait plus. Je voyais le chagrin et la colère dans son visage, pendant que la panique et la détresse rongeaient mon ventre. J'avais du mal à respirer. « Je ne peux pas, Nina. » Les mots d'Ulrich transperçaient le silence, de plus en plus forts à mesure qu'il parlait. Ce n'était que du bruit, ça n'avait pas de sens. Ou un sens sous-jacent, que je refusais de comprendre. Rien n'avait de sens. Rien n'était compliqué au fond, il fallait juste qu'il fasse trois pas pour entrer dans cette fichue chaumière et se réchauffer avant d'attraper la mort ! Trois - malheureuses - enjambées. Mon futur dépendait de trois avancées de rien du tout. C'était ridicule.

« Je ne peux pas revenir ici. Et tu ne peux pas me demander de le faire. Il y a toute cette maison qui me hante, les moindres souvenirs qui l'accompagnent, les affaires d'Olga... Ce n'est plus chez moi. Reste, si tu veux, mais je pars. Je sais pas où j'irais et, franchement, c'est pas ma préoccupation. J'ai besoin de... De moi. D'être avec moi. De me comprendre. »  
Je ne pouvais pas lui en vouloir, il avait tout perdu. J'étais tout ce qui lui restait, et cela ne lui suffisait pas. Cela n'avait jamais suffit. Cela ne suffirait jamais. Quelle idiote tu fais, Nina, avec tes idylles et tes illusions.
"On n'est pas obligés de rester ici, Ulrich. Tu n'es pas obligé de remettre les pieds dans cette maison si tu ne veux pas. Je vais entrer, je vais prendre le strict minimum et on trouvera une autre maison, le temps que ça aille mieux, qu'on surmonte tout ça. Tu verras, on sera bien..." - « Tu ne peux pas m'accompagner. »

Le tonnerre avait hurlé. Je ne savais pas si ce bruit sourd dans le ciel était la foudre qui s'abattait sur moi, ou juste le cri de ma vie qui venait de se briser entre mes doigts. Il allait partir. Encore. Je voyais son être fondre devant moi comme glace au soleil. Je regardais ses pupilles que j'avais admirées tant de fois. Et je ne le reconnaissais pas. Je voulais répondre. J'avais la bouche bée comme un poisson hors de l'eau. Ridicule, c'était ridicule. Impossible, et trop réel. Je voulais lui dire ce que je ressentais. Mais je ne ressentais rien. J'avais mal au coeur, c'était tout ce que je pouvais encore sentir. Je voulais me pincer pour me réveiller de cet horrible cauchemar. Mon bras était trop lourd pour esquisser le moindre geste. Javais devant moi deux yeux qui me regardaient avec dédain et pitié. Ou du moins était-ce que je ressentais. Il n'avait pas le droit. Il n'avait pas le droit de me laisser là.

J'avais mal aux poings, mal aux bras, mal aux jambes. Je ne sais pas ce qui m'a pris, mais je frappais comme je n'avais jamais frappé quelqu'un. Je frappais de mes poings minuscules la poitrine d'Ulrich qui restait de marbre. De marbre. C'était tout ce qu'il était maintenant.
"T'as pas le droit Ulrich, pas le droit de revenir après des semaines sans nouvelles pour me dire que tu ne reviendras plus, que tu vas me laisser là, que je n'ai PAS LE DROIT de t'accompagner !" Et moi ? Qu'est-ce que j'allais devenir, moi, si on m'enlevait Ulrich ? Qu'il me laisse en toute connaissance de cause était bien plus douloureux que l'idée simple qu'on me l'enlève contre son gré. Je serai à l'abandon. Cette chaumière serait à l'abandon. Je me retournais vers la petite maison que j'aimais tant. Elle ne m'avait jamais parue aussi terne et immense. Si j'y restais seule, je deviendrais folle. Si je m'en allais... j'abandonnerai pour toujours le souvenir d'une sœur que j'aimais profondément, et d'Ulrich pour qui je décrocherai n'importe quoi. Je me voyais dépérir, me faner sans émettre le moindre son. Et ce n'était pas moi.

"Où iras-tu, Ulrich ? Si tu ne me laisse pas t'aider, laisse moi au moins savoir où je pourrais te trouver. Juste au cas où. Ne pars pas sans me dire où tu seras. Pas cette fois."

Chaque être vivant a une raison d'être dans ce monde. Tu étais ma raison, Ulrich Fiersbras. Et si tu pars, je suis bien moins qu'un être vivant.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Invité
Invité

Anonymous




On ne répare pas un coeur brisé avec de la haine  ⊱ Ulrich EmptyDim 8 Nov - 20:50



Nina & Ulrich
Live life like you're giving up, cause you act like you are

Il l'avait mise en colère. Evidemment, qu'il l'avait mise en colère ! Ses mots résonnaient dans son crâne vide, litanie de son erreur, jugement de son deuil. Mais tout en elle lui rappelait Olga et ce, depuis leur enfance. La première fois qu'ils s'étaient connus, c'était à sa soeur, qu'il s'était confié. Lorsqu'elle est revenue, c'est sa soeur qui lui a tendu les bras, qui a préparé le canapé et allumé le feu pour qu'elle passe une bonne nuit. Mais elle n'est pas Olga.
Et elle est très certainement la seule personne qui lui reste. Ses petits poings qui frappaient son torse n'avaient aucun impact physique sur Ulrich mais son coeur, lui, se tordait de douleur. Comme une explosion de réalisation, un coup de masse de vérité. Il entendait ses supplications, mais elles n'avaient plus aucun sens.

Où irait-il ? Il n'en savait rien. Il n'allait pas vraiment partir, de toute façon. Oui, Ulrich n'avait plus envie de rentrer dans cette chaumière, mais... Il y avait Nina. Il y avait Nina, qui remplacerait tous les anciens souvenirs par des nouveaux, qui remplacerait la chaleur d'Olga par la sienne, ses rires par les siens, ses disputes par les leurs. Il y avait Nina. Et cela devait être suffisant.
Il s'en remettrait. Pas demain, non... Mais s'il laissait Nina faire ce qu'elle faisait de mieux - le faire rire, sourire, lui mettre du baume au coeur - alors, il s'en remettrait. Mais il devait fixer ce qu'il venait de détruire. « Je suis désolé », dit-il, et ses mots sonnaient tellement faux, tellement peu ! « Tellement, tellement désolé... »

Et comment lui dire d'oublier tout ce qu'il venait de se passer, ses paroles, ses gestes ? Comment lui dire de faire comme si de rien n'était et de rentrer, au chaud, pour manger une bonne soupe aux limaces ? Comment agir pour apaiser sa colère et se faire pardonner ? Il se sentait débile, profondément débile et ses bras ballants qui ne savaient pas où se placer ne l'aidaient pas. Maladroitement, il prit sa main qui l'avait frappé quelques instants plus tôt et la plaça entre les siennes, réchauffant ses doigts fragiles. Doucement, il rapprocha son petit corps frigorifié du sien, tremblant de honte. Lentement, ses bras entourèrent sa fine taille et il l'écrasa contre son torse, à la manière d'un ogre qui ne sait pas vraiment aimer.

Et dans l'oreille, dans le creux de son oreille qu'il avait appris à apprécier, qu'il avait côtoyé lorsqu'il lui murmurait des blagues, il la supplia de l'aider. « S'il te plaît ». Parce qu'il était poli, en dépit des apparences.

RP terminé :kyu:
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Contenu sponsorisé





On ne répare pas un coeur brisé avec de la haine  ⊱ Ulrich Empty

Revenir en haut Aller en bas

On ne répare pas un coeur brisé avec de la haine ⊱ Ulrich

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Sujets similaires

-
» Ulrich Fiersbras ⊱ Loin des yeux, loin du coeur ? Pas pour nous.
» ulrich ☾ you have to do whatever you can't not do.
» Contre mauvaise fortune bon coeur. [PV Camil]
» (m) craig horner ⊱ ulrich fiersbras
» JOUTES ⊱ Mowgli Messua contre Ulrich Fiersbras




Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
⊱ il était une fin :: Les RPs :: Chapitre 2-