Je naquis dans une étable. Ouais, comme l'autre là, qui a marché sur l'eau et tout. Y'avait aussi un âne lors de ma naissance, c'était moi. Et même qu'il y en avait un autre: môman.
Ma môman chérie appartenait à une famille de fermiers humains, qui la faisaient travailler durement. Elle devait porter des trucs inutiles de ville en ville et parfois même les grosses fesses du fermier. Alors, quand ce fermier a su que maman allait avoir un ânon, il a frotté ses deux vieilles mains caleuses l'une contre l'autre, tout content d'avoir une autre bête de somme à exploiter. C'était ça mon destin: travailler dur, la fermer et travailler dur encore.

J'ai donc fait mes classes avec une charrette accrochée derrière moi, une barre de métal en bouche et des "huuuue bourrique". Au début, j'ai vraiment essayé d'être un bon ânon, d'être docile, pour pas que môman doive faire le sale boulot à ma place. Mais y'a un jour, lors d'une des séances avec l'oie du fermier, j'ai tout déballé. Je lui ai raconté que j'aimais pas mon boulot, que les fermiers étaient des enflures. Par malchance, ce vieux bougre m'a entendu. Résultat: il a mangé l'oie à snowel et moi ben, il m'a utilisé comme animal de foire. Il faisait payer les petits humains pour me torturer. Et moi, j'pouvais rien dire, sinon j'aurais fini comme l'oie tu vois? Alors j'ai subi encore. Jusqu'au jour où les choses ont un peu changé...

Je marchais avec une charrée de foin vers un paddock à humains où qu'il y a des pavés par terre qui font mal aux sabot et des abreuvoirs avec des bonhommes en pierre qui crachent de l'eau. Je marchais donc, avec le fermier sur sa charrette et la charrette sur mes épaules quand j'ai aperçu une ponette alezane avec une croupe d'enfer. J'lui ai dit "hey salut, t'viens chez moi, j'habite chez une copine", tu vois le baratin pour draguer. Mais en langage âne, faut avouer que c'est moins drôle. La donzelle a pris peur et a foncé sur mon équipage. Elle a renversé le foin, le fermier, la charrette et moi, les quatre fers en l'air, ben j'étais pas beau à voir. Mais je m'en suis sorti. Ce qui n'est pas le cas du fermier. On m'a dit qu'il est mort avec son fouet planté entre les deux yeux. J'ai alors cru que le voeux que j'avais fait à mon anniversaire c'était réalisé puis j'me suis dit que c'était peut-être une coïncidence...


C'est là que la vie a été un peu mieux pour moi. La fermière, rendue veuve grâce à la ponette à la jolie croupe, m'a un peu laissé faire ma vie jusqu'au jour où elle m'a vendu contre des pièces d'or. Grâce à mes capacités de coursier, j'ai pu éviter les gardes de Farquaad et là, bim bam boum. J'ai rencontré mon pote Shrek. Je suis devenu son meilleur ami et lui le mien. On a sauvé Fiona, je suis devenu un peu un étalon blanc, puis ça a tourné en eau de boudin. La marraine a gagné, mon meilleur ami a disparu et moi, ben je suis tout seul... Enfin, non, pas vraiment, j'ai épousé bibiche, on a eu une portée de six dragonânons et on a tous décidé de prendre le charnel n°5. On est tous humains et c'est bizarre. Ça nous a coûté très cher au début, quand on a dû acheter tous des chaussures et des habits. Puis il a fallu nous habituer à faire du feu avec des allumettes puisque bibiche avait plus de brasier. Mais cette vie là m'occupe bien, ça m'empêche de penser à Shrek et Fiona, à la rébellion et aux aventures qui font peur mais sont excitantes quand même. Ah oui, j'ai un métier: je suis gérant d'un restaurant ! Je fais des crêpes, des gaufres et du clafoutis. Viens me voir à l'ocasion, j'te ferai un prix!

Faut que j’me dégote un psy balaise si j’veux pas finir l’histoire en vrac.