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« Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée)


FORT FORT LOINTAIN

Odette Plumedeneige
IL SUFFIRA D'UN CYGNE

Odette Plumedeneige

« Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) Tumblr_nlsa8wSkV11t5oim1o1_250

⊱ pseudonyme : Chameau
⊱ âge : 28
⊱ tête mise à prix : Emily Browning
⊱ crédits : songbird, giphy, tumblr
⊱ arrivé(e) le : 29/12/2014
⊱ manuscrits : 513

⊱ tes licornes : Gretel Denougatine, Nina Têtedure & Eleazar Coeurfané
⊱ schillings : 590

⊱ ton conte : Le Lac des Cygnes
⊱ ta race : Humaine
⊱ métier : Ballerine
⊱ tes armes : Mes chaussons ?
⊱ allégeance : Pour, si elle peut me protéger

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« Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) EmptyLun 29 Déc - 17:53







Odette Plumedeneige
Savoir mieux que quiconque ce qu'être deux signifie

CONTE : Le Lac des Cygnes  ÂGE : 25 ans SENTIMENTALEMENT : Mariée à l'amour de sa vie, Dimitri Etoilemontante, elle a cependant tenu à garder le nom de son père par respect pour sa soeur OCCUPATION : ballerine de renom, elle danse pour la Fée Dragée et Marraine la Bonne Fée RACE : Simple petite humaine, bien qu'elle soit passée par bien des races CARACTÈRE : douce, gracieuse, sensible, réfléchie, extrêmement amoureuse, affectueuse, généreuse, aimable, réservée, peu bavarde, apaisante, à l'écoute, calme, chaleureuse, appliquée, perfectionniste, passionnée, élégante, sage, bienveillante, fidèle, loyale // perdue dans ses pensées, amère, mélancolique, apeurée, a tendance à se cacher de tout, fuyarde, un peu lâche, dépendante totalement de son mari, incapable de se débrouiller toute seule, fragile, nerveuse GROUPE : Happy Ending AVATAR : Emily Browning CRÉDITS : giphy, tumblr
Odette vit constamment avec sa sœur enfermée dans son cœur : elle cohabite parfaitement avec sa jumelle, les deux jeunes femmes ne faisant qu'un à présent, comme elles l'avaient toujours souhaité. Même si elle peut entendre la voix d'Odile dans sa tête, elle aime à voir apparaître son esprit dans les divers reflets de son visage, dans les miroirs, fenêtres et autres flaques d'eau qui redonnent un rien de vie à sa presque défunte sœur. Souvent, Odette reste des heures entières devant son grand miroir juste pour s'entretenir avec Odile. Comme de son vivant, elles restent très proches, et au vu de leur situation, elles n'ont pas intérêt à se quereller. Odette a besoin d'Odile pour garder la tête haute et trouver un moyen de fuir définitivement son père, ou au moins de le vaincre. C'est Odile qui était la sorcière dans l'histoire, et même si cette dernière est enfermée dans le cœur de sa sœur, elle est tout de même persuadée qu'Odette est capable de se servir des pouvoirs contenus dans l'esprit sauvegardé de sa jumelle qui survit en elle. Odette a une peur bleue de la magie, tout autant qu'elle craint son père. Elle a la fâcheuse manie d'aller se cacher derrière n'importe quel objet ou personne le plus proche d'elle chaque fois qu'on lui parle de magie ou qu'on en fait la démonstration devant elle. Cette magie lui a fait trop de mal par le passé, et au lieu de devenir plus forte, Odette en est devenue plus faible. Elle n'a aucun moyen de se défendre contre ces manifestations surnaturelles, alors elle préfère se cacher. Sa peur de la magie est la raison de son allégeance à Marraine la Bonne Fée. Si Odette était forte, combative, plus courageuse, elle ferait tout ce qui est en son pouvoir pour éradiquer la magie et faire du monde un endroit humain et sans danger. Mais elle qui est frêle et fragile - rappelons son corps de poupée, son corps de ballerine qui semble pouvoir se briser sous la plus petite pression - disparaît sous la peur et l'extrême prudence. Plus qu'une peur, cette frayeur qui au départ était un traumatisme s'est transformée en une phobie implacable. Elle sait pertinemment qu'il y a une bonne part de chance pour que les pouvoirs d'Odile soient en elle au même titre que l'esprit de sa sœur. Elle commence donc à avoir peur d'elle-même, et de toute cette magie blanche qu'elle est susceptible de renfermer. Odile l'a pourtant mise en garde : seule la peur peut faire passer la magie blanche à la magie noire en un clin d’œil. Peut-être est-ce la confiance qu'Odette a en sa sœur qui a retardé la mutation de la magie, ou peut-être en est-elle réellement dépourvue. Pour l'instant, nul ne sait de quoi il en retourne. Outre sa bien-aimée jumelle, Odette vit avec son mari, Dimitri, depuis leur mariage, et ils coulent tous les deux le parfait amour. Nuls êtres au monde ne sauraient être plus liés que ces deux tourtereaux. N'oublions pas que c'est un baiser d'amour sincère qui a sauvé Odette du maléfice du cygne, et depuis ce jour les deux amants entretiennent cette flamme sincère avec passion, mais non sans mal.   Le fantôme de son père hante Odette constamment, et elle a tout le temps peur qu'il la retrouve. A juste titre d'ailleurs. Depuis qu'elle est arrivée à Fort Fort Lointain, Odette est en proie à de violentes terreurs nocturnes, qui sont un fardeau pour son mariage, et une épreuve pour son couple. Mais Dimitri et elle restent très soudés malgré tout, bien que le bonheur semble être resté là-bas, à Yasen, leur "chez eux" qu'ils regrettent tant. Avec l'enseignement que Dimitri lui a prodigué, Odette est devenue une des ballerines les plus douées de Yasen, de part sa douceur et sa grâce reconnues de tous. Elle a fait l'enchantement et le ravissement de bien des bals donnés en l'honneur du roi, puis du régent dans cette contrée froide et immaculée, et ce temps lui manque atrocement. Elle dansait pour la Fée Dragée à Yasen, et continue de fréquenter la Cour à Fort Fort Lointain, où elle danse à présent pour Marraine, Charmant, et toute leur suite royale. Odette ne se sent bien qu'en dansant, surtout lorsque Dimitri l'accompagne. Elle est focalisée sur ses mouvements et oublie tout le reste, elle occupe son esprit et son corps et tout lui semble beau et facile. Même si elle est traumatisée par son expérience avec la magie, Odette a du mal à se départir de la seule plume que Dimitri a conservé après la levée du maléfice. Elle se sent liée à ce sort, car sans lui jamais elle n'aurait pu rencontrer l'amour, le véritable amour. Cet ultime artefact de la fureur de son père lui rappelle que Dimitri est là pour elle, au même titre qu'Odile, et surtout qu'elle ne sera jamais seule. Elle porte donc cette plume au corsage de sa robe, peu importe la couleur de cette dernière, peu importe le temps, peu importe l'occasion. Elle ne peut s'en défaire. Deux esprits en un seul corps, parfois c'est beaucoup pour un si petit métabolisme. Son corps ne suit pas toujours le maléfice, alors parfois il fait des caprices. Ses cheveux changent de couleur quelques fois, passant du châtain clair d'Odette au brun sauvage d'Odile, sans que la jeune femme n'y puisse quoi que ce soit. Encore une preuve de magie en elle ? Peut-être... Quoi qu'il en soit, elle ne cacherait cette manifestation fraternelle pour rien au monde. Et tant pis pour les rumeurs.
TU PENSES QUOI DE LA NOUVELLE RÉGENTE ? Je suis entièrement d'accord avec sa décision d'imposer le Charnel n°5. La magie est une chose dangereuse pour les humains, et je suis bien contente qu'elle ait été bannie du royaume. La seule chose qui me préoccupe est que le chef d'Etat est lui-même un être magique, et que si elle décide de se retourner contre son peuple... Je n'ose imaginer ce que cela donnerait. T'ES CONTENT DE LA SITUATION ACTUELLE ?  Globalement, je suis satisfaite de ma place au palais et de ma vie ici. Yasen me manque cruellement, mais c'est bien à contrecœur que j'ai dû quitter mon pays. J'attends avec impatience le moment où je pourrais rentrer chez moi, mais je n'ai que de très faibles espoirs. TU PENSES QUE SHREK ET FIONA REVIENDRONT UN JOUR ? Peut-être, je n'en suis pas certaine. J'ai vu ce qu'était un coup d'état à Yasen, je sais que cela peut arriver plus rapidement qu'on ne le pense. Les ogres sont dépourvus de magie, alors qu'ils gouvernent le pays ne me dérangerait, à condition qu'ils me laissent en dehors de tout cela... Ou qu'ils me laissent rentrer chez moi. TU PORTES LE CHARNEL N°5 ? Ma malédiction a été levée il y a quelques années déjà, donc je n'en ai plus besoin, je suis redevenue aussi humaine que je pouvais l'être à ma naissance !
ET NIVEAU MAGIE, ÇA DONNE QUOI ? Lorsque nous sommes venues au monde, c'est Odile qui avait été choisie pour porter la magie blanche, héritage de notre père. Moi, j'ai toujours été dépourvue de pouvoirs magiques. Mais maintenant que l'esprit de ma jumelle réside en moi, j'ai peur que ses pouvoirs l'ai accompagnée... J'ignore ce qu'il va m'arriver maintenant, s'ils se déclareront ou s'ils ont définitivement disparu.
PSEUDO : Chameau (CEYENCOREMOUA :cc:) PRÉNOM : Laura (bah comme d'hab  :was:) ÂGE : 19 ans  COMMENT T'ES ARRIVÉ(E) JUSQU'ICI ? j'ai suivi le Pomsky et je me suis laissée embarquer dans cette galère... Et je suis faible pour la troisième fois (saleté de marais ! :boude: ) ET T'EN PENSES QUOI DE CE PETIT MARAIS ? Un peu gluant, mais appétissant ! CEY QUOUA LE MOT MAGIQUE ? fais péter le clafoutis petit vendeur de pommes mexicain  :belle:  UN DERNIER PROUT, UNE CASSEDEDI ? Je le jure, c'est la dernière fois que je me fais avoir !  :rouge:  Oh tiens, il est cool ce conte aussi...

⊱ far far away ⊰

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FORT FORT LOINTAIN

Odette Plumedeneige
IL SUFFIRA D'UN CYGNE

Odette Plumedeneige

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⊱ pseudonyme : Chameau
⊱ âge : 28
⊱ tête mise à prix : Emily Browning
⊱ crédits : songbird, giphy, tumblr
⊱ arrivé(e) le : 29/12/2014
⊱ manuscrits : 513

⊱ tes licornes : Gretel Denougatine, Nina Têtedure & Eleazar Coeurfané
⊱ schillings : 590

⊱ ton conte : Le Lac des Cygnes
⊱ ta race : Humaine
⊱ métier : Ballerine
⊱ tes armes : Mes chaussons ?
⊱ allégeance : Pour, si elle peut me protéger

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« Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) EmptyLun 29 Déc - 17:53







L'épopée de ta vie
pas trop chevaleresque mais si fort fort lointienne




Tout commence toujours par un drame

FORT FORT LOINTAIN

Comme on ne naît pas homme, on ne naît pas méchant. On le devient petit à petit, jour après jour, semaine après semaine, année après année, pour peu que l'on ait les outils pour cultiver cette fleur pourrie. La cruauté, l'envie, la jalousie, l'inimitié, la malfaisance, l'avidité, la rancœur. Tout cela ne sont que des ingrédients que la vie qui nous forge choisit d'ajouter à notre personnalité. Non, au départ, nous ne sommes pas mauvais. Nous sommes la page vierge d'un livre neuf sur la bibliothèque familiale. Au commencement, nous ne sommes qu'un morceau de pâte malléable, un morceau de chair mou et tendre qui attend que le temps le façonne. Nous ne sommes rien d'autre que le début de quelque chose. Qui donc blâmer pour ce que nous devenons ? Certains diront que nous faisons nos propres choix, d'autres, qui en savent bien davantage, affirmeront que la vie ne laisse jamais de choix. C'est cette question qui, un jour de pluie battante, donna naissance à Rothbart. Comment aurait-on pu savoir ce qui se cachait derrière ces pupilles vitreuses, ces lèvres en bouton de rose et ce petit nez en trompette ? Absolument personne. Même la vie fut surprise de ce que donna ce petit être.

A 31 ans, Rothbart Plumedeneige était un des sorciers noirs les plus craints et respectés de tout Fort Fort Lointain. Tout comme ses seize frères, ainsi que ses ancêtres avant eux, il travaillait pour le compte d'un homme richissime qui avait énormément d'ennemis, et que tous connaissaient uniquement sous le nom de Sorcier. Le Sorcier possédait la loyauté de tous les membres de la famille Plumedeneige depuis des générations, et depuis des générations les mâles sorciers de la famille étaient devenus des tueurs à gage. Ils assassinaient un nombre incalculable de personnes, volaient leurs richesses, et livraient le tout au Sorcier. Rothbart donc, comme tous ses frères, passait le plus clair de son temps à tuer, à user de magie noire, à faire souffrir, à torturer. Il avait le meurtre dans le sang et la furie dans les yeux. Il était donc absolument inconcevable pour lui de désobéir à son maître. Et pourtant...

Une lettre. Un simple nom inscrit à la plume sur un parchemin ensorcelé et cacheté de cire couleur de sang. Cette note avait volé jusqu'à sa fenêtre ce matin-là, sans aucune autre recommandation. Dahlia Coeurdébène. Rien de plus que ce simple nom, le nom de cette femme que l'encre venait de condamner. Rothbart utilisa le plus simple des charmes de localisation et s'envola à la poursuite du cadavre que le Sorcier réclamait. Parce qu'il était né pour ça, parce que c'était ce qu'il faisait de mieux. Tuer.
Il se posa lestement dans une clairière trop lumineuse et aux couleurs trop chatoyantes pour lui. Il la vit, accroupie à l'exact centre de cette clairière, les rayons du soleil chatouillant gracieusement les reflets dorés de ses cheveux. Elle était de dos, et ramassait des herbes médicinales. Ses épaules étaient frêles, son souffle tranquille, sa nuque délicate. La danse qu'exécutaient ses doigts au milieu des fleurs de belladone était exquise, et les battements de son cœur résonnaient aux tempes de Rothbart. A moins qu'il entendait son propre cœur ? Un craquement fit s'arrêter la jeune femme, qui se retourna pour faire face à son bourreau.

Qu'avait donc pu faire cette créature angélique pour que le Sorcier la veuille morte ? Avoir soigné ses ennemis, voilà quel était son crime. Une chose si futile, si innocente, si normale pour elle qui était une simple guérisseuse de village. Mais elle n'était pas que cela. Elle était la beauté incarnée, le paradis à elle seule, et le bonheur s'écoulait entre ses lèvres chaque fois que ces lambeaux de chaire rosée se mettaient en mouvement. Le cœur de glace de Rothbart se fendit en deux parts égales et vivantes, au moment même où les lèvres de la belle se fendirent en un sourire éclatant.

Est-il utile de mentionner leur bonheur grandissant à partir de ce jour ? Non, bien sûr que non. Il est évident qu'ils ne se quittèrent plus, car les âmes sœurs venaient enfin de se retrouver. Mais il est trop facile de dire que l'histoire s'arrête dans ce bonheur complet et entier, car cette histoire n'a pas une fin heureuse. Si vous en attendiez une, je vous conseille d'abandonner votre lecture ici, car mon récit n'a pas vocation à vous bercer dans de doux rêves ou des promesses de lendemains heureux.
N'oublions pas que Rothbart n'est pas un homme de bien. Il avait le meurtre dans le sang et la furie dans les yeux. Au nom de son amour et de l’égoïsme de l'homme qui cherche à obtenir une seconde chance, celui qui se rend qu'un Heureux pour Toujours est enfin possible, il s'enfuit avec celle qui, une fois devenue sa femme, devint l'amour de sa vie. Oui, ils s'enfuirent tous les deux dans les contrées reculées et glaciales de Yasen afin de disparaître de Fort Fort Lointain, abandonnant la famille de Rothbart aux mains de meurtriers sanguinaires qui les torturèrent des semaines durant, alors que les pauvres hères ignoraient tout de l'escapade de leur frère. Ils moururent tous les uns après les autres, les premiers se vidant de leur sang, les derniers s'étouffant du sang de leurs aînés. De mercenaire, d'assassin, Rothbart venait de passer à fratricide. Un statut qui lui coûta bien plus que sa famille, perdant par la même occasion sa raison.
Ce qu'il avait gagné en contrepartie, il pensait que cela compensait la perte. Mais il avait tort. Un titre, des terres, une situation, une promesse de richesse et de loyauté, voilà ce qu'il avait. Sa femme était heureuse, et la voir sourire était le plus beau cadeau qu'il pouvait recevoir. Et même si l'amour l'avait rendu plus humain, Rothbart ne savait pas échapper à ses bas instincts. Il avait le meurtre dans le sang et la furie dans les yeux. Aujourd'hui il n'a plus que le diable au corps et l'amertume entre les lèvres.

Son titre de Comte de Blancflocon, il l'avait acquit d'une manière fausse et ambitieuse. Il était devenu le conseiller le plus proche d'Alexandr Lerat, un homme très haut placé dans l'échelle sociale de Yasen et dont les yeux ne reflétaient que son avidité pour le pouvoir. Ce qu'il désirait, c'était la couronne. Et c'était exactement cela que Rothbart était prêt à lui offrir. Et il le fera.


Le dahlia noir et le perce-neige

YASEN

Le personnel allait et venait d'une pièce à l'autre depuis quelques heures maintenant, et le silence angoissé de la maison Plumedeneige n'était interrompu que par des hurlements de douleur et de fatigue provenant de la chambre de la comtesse de Blancflocon. L'héritier allait naître, pour le plus grand bonheur de la Cour et du comte, qui faisait les cent pas dans le couloir. Pour la Cour, si le nouveau né était une femelle, elle serait la promise de leur futur roi, alors âgé de quatre ans, Niki Cassenoisette. Pour le comte, si c'était un mâle, il hériterait de sa fortune et - Rothbart l'espérait plus que tout - de sa magie. Des cris de nouveau né filtrèrent alors jusqu'aux oreilles du comte, qui s'empressa de rejoindre sa femme, son épouse adorée, dans l'appartement sombre. Il se jeta sur elle, se moquant complètement du sexe de son héritier, pour s'enquérir de sa santé. Il baisa son front amoureusement, et s'empara de sa main qu'il serra fort contre sa poitrine. "Félicitations mon adorée, vous y êtes arrivée... Vous sentez-vous bien ?"
"Rothbart... Je... Il y a..." La comtesse se mit à serrer plus fort la main de son époux jusqu'à en lui broyer les os, et elle hurla encore plus fort que précédemment.
"Qu'est-ce qu'il se passe ? Qu'est-ce qu'elle a ? MAIS QU'A-T-ELLE BON SANG ?" Rothbart hurla sur la sage femme qui se hâta de déposer le nouveau né dans des langes pour le donner à la femme de chambre.
"Votre Grandeur, il y en a un deuxième !"


❅❅❅


La petite fille aux cheveux dorés avance gracieusement dans l'allée principale du château, sous le regard fier et bienveillant de sa mère. La petite vicomtesse de Blancflocon sait exactement quel est son rang, et comment il convient de se comporter en société, et plus encore à la Cour. Les belles personnes qu'elle vient à croiser ne manquent pas de la saluer plus que de coutume, et il semblerait qu'ils soient tous sous le charme de la fillette de six ans. Admiration sincère ou simple politesse ? Personne ne le saura jamais, même s'il était vrai que la futur reine avait déjà une stature royale alors même que son visage n'avait pas quitté les traits de bébé. Bien emmitouflée dans sa cape bleu roi, la fillette avait un port de reine, et une allure de femme. Mais une petite fille reste une petite fille. Arrivée à la fin du couloir, la fillette ne tient plus en place. Elle se poste devant l'immense porte qui lui fait face, celle qui donne sur le hall principal.

"Mesdames la comtesse et la vicomtesse de Blancflocon !" annonce le chambellan avant que les gardes ne poussent les énormes battants de chêne.
"Odette ma chérie, tenez-vous bien droite je vous prie."
Mais qu'est-ce que la petite pouvait bien avoir affaire avec des recommandations de la sorte ? Pour elle, la bienséance n'était pas de mise avec les amis. Et derrière cette porte, se trouvait l'ami le plus cher qu'elle n'a jamais eu.
"Niki !" hurla la petite en se ruant sur le petit prince.
"Odette, tu es venue me voir ? Je suis bien content, je vais bientôt partir avec mon oncle, il va m'emmener faire une promenade ! N'est-ce pas, Mère ?" s'égosille le petit garçon tout impatient, se retenant de ne pas tomber à la renverse. Odette se rend alors compte que son tempérament a pris le dessus sur les convenances. Le dos bien droit, elle se retourne pour faire face à la magnifique reine de Yasen, et plonger en une parfaite révérence. Les deux mères éclatent de rire devant ce spectacle si charmant, et si innocent. Bien sûr que non, la reine ne lui en veut pas, d'autant plus qu'elle sera sa fille un jour. Oui, Odette a réellement l'étoffe d'une reine.
Elle se retourne à nouveau pour faire face à son ami. Ils ne sont plus prince et comtesse, ils ne sont plus que des enfants qui s'aiment profondément et qui seront amis pour la vie. Parce que, même s'ils sont destinés l'un à l'autre, avant d'être des fiancés ils sont des amis sincères. Et cette amitié durera tant que leurs souffles coexisteront dans le même monde, dans la même vie, laissant s'échapper une légère brume blanche dans le froid mordant de Yasen.

"Odette, il est temps de rentrer." La mère avait parlé, alors la fille, bien à contrecœur, est obligée d'obéir. Elle se détache de Niki, et plonge à nouveau dans une révérence charmante.
"Je vous souhaite une agréable promenade, Votre Majesté."
"Je vous remercie, Vicomtesse. J'espère vous revoir bientôt." répond le garçonnet, du haut de ses dix ans, en s'inclinant dignement devant la fillette. Le temps s'arrête quelques instants, capturant à jamais l'image noble et solennelle de l'amitié profonde. Comment ces deux enfants pouvaient-ils savoir que ce moment si anodin était leur dernier moment ensemble ? Jamais ils n'auraient pu le savoir. Leurs sourires chatoyants laissaient flâner dans l'air la promesse d'un lendemain paisible et heureux, alors que la cruauté de l'homme en avait décidé autrement. D'ici quelques heures, Niki Cassenoisette sera déclaré mort, tué dans un accident de calèche, pendant que sa fidèle Odette pleurera son ami et fiancé de toute son âme.


❅❅❅


La gamine de six ans aux cheveux brun sauvage ravale ses larmes et sa fureur, et continue de se focaliser sur sa cible, les mains brûlantes tant elle a essayé de l'atteindre de sa magie. Elle a beau essayer encore et encore, se tuer à la tache, ce n'est pas assez précis, pas assez parfait, pas ce qu'il demande. Non, ça ne va jamais. Son père, son maître, son tuteur, son mentor, il n'est jamais satisfait, jamais content. Jamais un mot d'encouragement, jamais de félicitation, jamais la moindre reconnaissance pour tous les efforts qu'elle fournit. Tout ça pour quoi ? Une couleur. Oui, parce que la petite flamme lumineuse qui se crée et se développe dans la paume de sa minuscule main est bleue, couleur de la beauté, couleur du bien. Mais c'est du rouge que veut Rothbart, couleur du sang, couleur de sacrifice, couleur du mal. Parce que la fillette a dans son cœur toute la pureté d'une sorcière blanche, son père s'acharne a la faire basculer du côté noir de la magie, et s'évertue tous les jours à déverser sur une elle une amertume sans pareil, à façonner son pauvre cœur de manière à le rendre aussi noir que le désespoir. Mais la gosse n'a qu'une seule chose en tête : faire plaisir à son géniteur. Et c'est dans la pureté de ce désir que réside toute la beauté de la magie blanche, opalescente et innocente. Mais elle est éreintée, elle n'en peut plus, elle ne comprend pas. Une grimace de douleur déforme son visage angélique, ses cheveux en bataille témoignent des heures d'entraînements douloureuses, et malgré tous ses efforts, les larmes de déception coulent sur ses joues roses.
"Je t'ai demandé du rouge Odile, ce n'est rien de compliqué, je veux qu'elles soient rouges ! Tu es vraiment une bonne à rien ! Il n'y a rien de compliqué dans ce que je te demande ! Tu n'es vraiment qu'une empotée." L'imposant sorcier forme un gigantesque amas de flammes incandescentes dans le creux de sa paluche gigantesque, et l'envoie valser sur la minuscule cible placée deux mètres plus loin.

Un corbeau énorme tournoie au dessus de leurs têtes en poussant des cris stridents, et se pose enfin aux pieds du sorcier. Rothbart détache le petit parchemin de la patte que lui présente le volatile, qui s'envole une fois libre. Il déroule le parchemin et le parcourt rapidement des yeux. Un grognement s'élève de sa gorge.
"Je dois y aller. A mon retour, je veux que tes flammes soient parfaites, est-ce bien clair ?" Il tourne enfin les talons, et rentre chez lui en envoyant valser son immense cape noire dans le visage de la gamine, qui tombe à genoux de fatigue et de désespoir.
"Pardon, père..." Odile enfonce ses petits ongles dans la terre granuleuse de la cour intérieure et laisse ses larmes faire de petites flaques dans l'herbe verte.

Une autre petite fille, en tous points identiques, encapuchonnée de bleu roi s'agenouille près d'elle. "Viens, Odile, on rentre."
"Je n'y arrive pas, Odette, je n'y arrive pas... Je veux juste que Père soit fier de moi..."
Dieu sait qu'elle en est consciente, la petite Odette. Mais que peut-elle faire contre son père ? Rien du tout. Elle y peut encore moins que sa sœur, car elle a toujours été dépossédée de toute l'attention de son géniteur. Rothbart ne regardait jamais Odette, en oubliait parfois qu'elle était l'aînée de ses enfants et sa future souveraine. Rothbart ne voyait que le don d'Odile, tout ce qui était humain le désintéressait dans sa course à l'avidité et au pouvoir. Peut-être que s'il en avait été autrement, Odette aurait pu faire quelque chose, suivre son père et découvrir que c'était lui le brigand à l'origine de l'accident du petit prince. Elle aurait pu le dénoncer à la Cour, prouver que Niki n'était pas mort et qu'Alexandr Lerat avait tout orchestré avec son fidèle conseiller Rothbart. Mais une petite fille reste une petite fille. Un père cruel reste un père cruel. L'innocence pâtit quand l'orgueil et le meurtre gagnent. En relevant sa jumelle, le capuchon de sa cape glisse silencieusement de la tête d'Odette. Deux fillettes en tous points identiques, rentrent chez elles, la chevelure brune sauvage de l'une nouant des tresses éphémères dans les mèches châtain doré de l'autre, sans se douter une seule seconde qu'une tragédie est en train de se dérouler.


❅❅❅


La comtesse de Blancflocon est réveillée par de petits coups frappés à la porte de sa chambre. Il est déjà très tard, et elle se rend compte que son lit est aussi vide qu'à son coucher. Rothbart n'est toujours pas rentré, cela fait maintenant plus d'une semaine. En soupirant, Dahlia enfile sa robe de chambre, prend le chandelier sur sa table de chevet et se dirige vers la porte massive, ses petits pieds nus glissant mollement sur les tapis précieux. Le visage d'une jeune femme à la chevelure dorée apparaît dans l'encadrement de la porte, une ride d'inquiétude présente sur son front plissé. Pour qu'Odette vienne la réveiller en pleine nuit, il fallait qu'il se passe quelque chose de grave. "Mère, c'est Odile... Ça recommence."

Sans aucune hésitation, la comtesse suit sa fille dans le dédale de couloirs froids et sombres de la demeure familiale, pour pousser brusquement le battant de la chambre des jumelles. Odile est là, allongée sur le lit, haletante, transpirante, la peau plus brûlante qu'un feu de bois. La fièvre recommence à l'assaillir, la jeune femme de dix-sept ans tombe de plus en plus malade. "Un simple coup de froid" avait prétexté son père, trop pressé à préparer son cheval pour le palais. "Elle n'a qu'à manger de la soupe et continuer son entraînement dans le grand salon." Son épouse a bien tenté de protester, mais l'homme devenu aigri ne supporte pas que l'on conteste ses ordres. Pour toute réponse à l'inquiétude de sa femme, il lui avait tourné le dos pour rejoindre son véritable amour : le pouvoir, laissant derrière lui une femme fatiguée, inquiète, au cœur brisé. Le temps de l'amour et des beaux jours était terminé, la gangrène qui s'emparait de sa fille était la même qui avait empoisonné le cœur de son mari, retombé dans son ego mauvais et noir.
"Odette, à mon retour vous irez quérir la femme de chambre et lui demander d'envoyer chercher le médecin. Il est hors de question de rester plus longtemps sans agir. Je descends dans la cuisine mouiller des langes pour éponger votre sœur, restez auprès d'elle, je n'en ai pas pour longtemps." La porte se referme sur la comtesse dans un léger craquement. Odette se couche près de sa sœur qui tremble et suffoque de manière insupportable. Silencieusement, la jeune femme laisse tomber ses larmes dans la chevelure sauvage de sa sœur, en murmurant désespérément : "Je suis désolée, Odile, tellement désolée..."

Des jumeaux vampires. Voilà ce qu'elles étaient. Odette avait lu quelques petites choses là-dessus. Deux fœtus, un ovule. Un fœtus plus fort que l'autre, qui affaiblit le second sans le vouloir. Odile a toujours eu une santé fragile, alors qu'Odette ne tombait jamais malade. Aujourd'hui, c'est pire que tout. Et maintenant qu'Odette était assez grande pour comprendre tout cela, elle l'était également pour culpabiliser de la pire des manières que ce soit. Non seulement elle avait drainé l'énergie de sa sœur depuis leur conception, mais en plus elle n'est pas capable de protéger sa cadette, sa moitié, sa sœur de leur horrible père. Les discussions avec lui s'avèrent être un échec cuisant à chaque nouvelle tentative, simplement parce que son propre père refuse de lui accorder du crédit. Elle avait bien essayé d'en parler à sa mère, mais le même échec revenait sans cesse. Personne ne peut parler à cette homme, même pas la femme qui avait réussi à briser la glace de son cœur. Il faut croire que l'avidité et l'envie colmatent les brèches du bonheur.

La porte s'ouvre dans un claquement sourd, et un bruit de bottes traverse la pièce, faisant sursauter Odette qui somnolait déjà, fatiguée d'avoir tant pleuré. Elle se redresse brusquement et enlace sa sœur pour la protéger. Rothbart les regarde toutes les deux depuis le pied du lit, son regard reste fixé sur Odile pendant une éternité, mais il reste muet. Il est effrayant, les cheveux en bataille, des cernes immenses sous ses yeux noirs, les rayons de la lune ajoutant encore à la pâleur cadavérique et inhumaine de son visage. Odette est tétanisée, elle ne peut plus bouger. Elle sent la main d'Odile exercer une faible pression sur son bras. Elle aussi a peur. Peur de ce qu'un père trop instable pourrait faire.
"Odile, ma chérie... Qu'est-ce qui t'arrive ?" Cette voix douce et pâle semble venir de partout sauf de la gorge de leur géniteur. Est-il réellement inquiet ? Personne, pas même ses filles ne pourraient le savoir.
"Père, elle est encore malade, c'est de pire en pire... Vous lui demandez de travailler trop dur, vous la tuez à la tâche... Nous devons aller chercher un médecin !"
Rothbart pose enfin les yeux sur son aînée, et c'est comme s'il venait de se rendre compte de son existence. "Toi... C'est de ta faute si elle est malade... C'est toi QUI LUI A FAIT CA !"

Tout alla tellement vite que personne ne saurait dire dans les détails ce qu'il s'est produit. Tout ce dont se souvient Odette, c'est d'avoir serré très fort sa sœur contre son coeur, en attendant la mort avec déchirement. Elle se souvient avoir espéré que peut-être Odile aurait pu la protéger, mais elle était trop malade pour cela. Elle voyait par ses paupières entrouvertes le visage démoniaque de son père qui se tordait derrière une lumière verte, un charme qui lui allait si bien. Odette vit alors le visage de la mort lui sourire. Elle savait que Rothbart voulait la tuer, et elle savait également qu'elle ne pourra pas l'en empêcher. Un cri strident déchira le silence de la pièce, et un jet de lumière verte l'aveugla.
Odette rouvre les yeux, et ce qu'elle voit est pire que tout, pire qu'un poignard en plein cœur, pire que l'assassinat, pire que le meurtre. Sa mère est allongée sur le lit, sans vie. Son corps n'est plus qu'une enveloppe charnelle dénuée d'animation, une marionnette qui vient d'esquisser son dernier ballet pour sauver ses filles une dernière fois. Une dernière protection, un dernier essai de les maintenir en vie toutes les deux. Rothbart est à genoux devant le lit funeste, serrant la main de sa bien-aimée contre son cœur, vide à tout jamais de compassion, d'amour, ou de quelconque sentiment humain.

Plus encore que par l'horreur de l'assassinat de sa mère, Odette est tétanisée par une chose, bien pire encore : Odile et elle se retrouvent maintenant seules, à la merci de Rothbart, un père dénué de toute humanité, plus noir encore que la mort elle-même. Ce n'était pas seulement la fin d'un bonheur. C'était également le début d'une vie effroyable et pire que tout. Il aurait pu en être autrement si les deux sœurs avaient décidé de fuir leur père, cet instrument de leur malheur. Elles étaient presque majeures, Odette avait des contacts à la Cour, elles auraient pu s'en sortir. Mais Odile en a décidé autrement. Toute transpirante et au bord de la pâmoison qu'elle est, elle se traîne avec beaucoup de mal contre le corps de sa mère, encore chaud de la vie qui venait de s'en aller. Elle fait maintenant face à son père, qui n'est plus que l'ombre de la mort, et ce qu'elle murmure alors scelle à tout jamais le destin funeste des sœurs Plumedeneige. "Je le jure aujourd'hui : je vengerai Mère. Je te tuerai." Et elle sombre dans un sommeil qui durera trois jours, devant l'air hagard de Rothbart qui venait de perdre non seulement l'amour de sa vie, mais l'amour de sa fille. Ce petit bout de femme autrefois si douce, mais qui aujourd'hui avait le meurtre dans le sang et la furie dans les yeux. Héritage funeste d'une famille aux antécédents carnassiers.

⊱ far far away ⊰


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FORT FORT LOINTAIN

Odette Plumedeneige
IL SUFFIRA D'UN CYGNE

Odette Plumedeneige

« Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) Tumblr_nlsa8wSkV11t5oim1o1_250

⊱ pseudonyme : Chameau
⊱ âge : 28
⊱ tête mise à prix : Emily Browning
⊱ crédits : songbird, giphy, tumblr
⊱ arrivé(e) le : 29/12/2014
⊱ manuscrits : 513

⊱ tes licornes : Gretel Denougatine, Nina Têtedure & Eleazar Coeurfané
⊱ schillings : 590

⊱ ton conte : Le Lac des Cygnes
⊱ ta race : Humaine
⊱ métier : Ballerine
⊱ tes armes : Mes chaussons ?
⊱ allégeance : Pour, si elle peut me protéger

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« Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) EmptyLun 29 Déc - 17:54







L'épopée de ta vie
pas trop chevaleresque mais si fort fort lointienne



Le Lac des Cygnes


Pointes, entrechat, saut, pas de bourrée, pas de bourrée, traversée, demi-pointe, tour sur soi-même...
La musique qui sort du piano accompagne les gracieux mouvements d'Odette, qui s'entraîne avec acharnement pour le bal de la semaine qui vient. La jeune femme de vingt ans se guérit par la danse. Elle oublie sa sœur et sa santé décadente, la disparition de sa mère, la haine de son père, la misère de sa vie. Elle est entourée de tulle et de blanc, de miroirs et de musique, elle n'est plus qu'une plume qui danse dans le vent léger et qui esquisse les mouvements les plus graciles. Elle se sent bien Odette, elle n'est plus elle-même. Elle n'est que grâce et poésie, elle n'est plus humaine, plus rien. Elle n'est que bonheur et beauté, et ses partenaires de danse sont toutes époustouflées de la simplicité des gestes de leur amie. Toutes rêves de danser comme elle un jour, de mériter l'admiration et la satisfaction lisibles dans les yeux de leur Maître Entrechat, qui regarde avec passion sa petite protégée répéter encore et encore, jusqu'à atteindre la perfection déjà acquise depuis plusieurs mois.

La musique s'arrête, les applaudissements réveillent Odette de sa transe dansante, et la timide jeune femme rougit de temps de verve et d'admiration. Difficilement, le maître à danser aimé de tous se lève de sa chaise, et vient péniblement féliciter celle qui sera l'étoile de Yasen d'ici peu de temps. La goutte ronge horriblement le vieil homme, qui sait pertinemment qu'il ne lui reste que peu de temps à vivre. Mais dans ses yeux, chacun peut y lire désormais le soulagement et le bonheur qui y résident, semblable aux sentiments d'un peintre qui vient de parachever l’œuvre de sa vie, celle qu'il laisse avec amour et bonté à la postérité. "Mesdemoiselles et messieurs, la leçon est terminée pour aujourd'hui. A demain tout le monde !"

Les plus jeunes ne manquent pas de féliciter Odette pour sa parfaite interprétation, et lui témoignent toute leur admiration, pour la plus grande gêne de la jeune femme qui n'accepte que très mal autant d'engouement et de compliments. Tout le monde est déjà parti lorsqu'elle fini de rassembler ses affaires.
"Odette, ma chère, puis-je vous parler une petite minute ? J'ai quelqu'un à vous présenter." Le vieux maître à danser sort quelques secondes de la salle et y revient, suivit d'un jeune homme plus beau que le jour, très grand, à la chevelure brune bouclée et au visage fin et élégant. En voyant la jeune femme, il s'arrête une fraction de secondes pour la fixer, puis s'incline très dignement devant elle. Odette ne se rend pas bien compte de ce qui lui arrive, happée par les yeux immensément clairs de l'inconnu qui semble sorti tout droit d'un rêve. Lorsqu'elle reprend ses esprits, elle plonge elle aussi dans une révérence un peu bancale, et manque de trébucher en se relevant.

On dit que l'amour a un visage qui est propre à chacun d'entre nous, et qu'il suffit de le croiser un jour pour ne plus jamais l'oublier. On dit également que les coups de foudre sont rares et ne durent jamais. Les deux jeunes gens qui viennent de tomber sous le charme l'un de l'autre ne se doutent pas une seule seconde que, grâce au vieillard un peu entremetteur à ses heures perdues, ils venaient de rencontrer la personne aux côtés de qui ils allaient finir leurs jours. Parce que l'amour n'est pas toujours compliqué, bien au contraire. Il suffit d'une rencontre, d'un regard, d'une révérence un peu ratée pour attendrir un cœur déjà meurtri. L'amour peut parfois être le baume salvateur d'une âme brisée. Et Dieu sait que ces deux-là se sont bien trouvés.

"Odette, je vous présente mon neveu, Dimitri Etoilemontante. Dimitri, voilà la jeune personne si prometteuse dont je t'ai parlé." Le vieux maître à danser ne peut réprimer le sourire qu'il a dans la voix. Il est peut-être atteint de la goutte, mais certainement pas aveugle, et il sait reconnaître un coup de foudre lorsqu'il en voit un. Il se déplace douloureusement vers Odette et lui prend les épaules tendrement.
"Ma chère, vous n'ignorez pas que la vie n'a plus grand chose à m'offrir. Je bénis votre défunte mère de vous avoir placée sur mon chemin, je lui dois plus que vous ne sauriez l'imaginer. Vous lui ressemblez tellement... Vous êtes mon œuvre d'art, Odette, et votre enseignement est presque terminé. Vous avez atteint la perfection technique, maintenant il vous faut atteindre la passion. Dimitri sera votre professeur lorsque je ne serai plus là. Une sorte d'assistant de ma personne. Je lui confie la mission de vous parachever parfaitement. Je sais que vous vous entendrez plus que bien et j'ai en lui la confiance la plus profonde. A demain, ma chère !"

Les paroles du vieil homme sonnent comme une bénédiction d'un père pour sa fille devant celui qui la protégera jusqu'à la mort. Le vieil homme est plus que malin, qui sait si ce n'était pas réellement le cas ? Pendant tout son discours, Dimitri et Odette n'arrivaient pas à détacher leurs yeux l'un de l'autre. Maître Entrechat en savait beaucoup sur eux, bien plus qu'eux-mêmes ne se connaissaient. La dernière bonne action du vieil homme est accomplie, il peut se retirer en paix à présent. En sortant de la salle, Dimitri sur ses talons, le vieil homme savait qu'il venait de donner à Odette son cadeau d'adieu, un remerciement profond à tout le bonheur qu'elle lui avait apporté. Et ce soir-là, pendant qu'Odette rougit en espérant que Dimitri pensait à elle, Maître Entrechat, sereinement, rend son dernier soupir en souriant le plus paisiblement du monde.
❅❅❅


La musique les porte, les fait s'envoler, atteindre le firmament pour les reposer sur un tapis d'étoiles et une myriade de lumières aussi intenses que leur passion. L'amour porte la perfection, et le couple évolue dans l'espace comme l'eau tendre du lac porte le cygne qui glisse et se meut avec grâce dans ses mouvements. Ils ne font plus qu'un dans la musique, ils sont ensemble et indissociables dans la poésie et la grâce, et rien au monde ne pourrait être plus beau que la danse d'Odette et Dimitri. L'élève a de loin dépassé le maître, devenu le portant de la beauté réincarnée et enfin vivante. On peut toucher du doigt l'amour de ces deux êtres trop timides et trop bien élevés pour faire un pas l'un vers l'autre, mais qui savent mieux que quiconque que l'intimité de leur attachement n'est possible que dans la danse. Alors ils virevoltent l'un contre l'autre, s'embrassent des yeux et se meuvent l'un dans l'autre sur le rythme du piano, dans des mouvements si indécents et pourtant si propres que personne n'y trouve rien à redire. Les spectateurs voient deux partenaires qui dansent, mais eux savent qu'à chaque mouvement esquissé, le mariage de leurs êtres est un peu plus confirmé. Ils se regardent, se désirent et s'aiment, et ils se le disent grâce au plus beau langage qui existe pour eux : celui de la danse. Odette oublie tous les soucis de son existence bien loin d'être parfaite. Elle oublie ses malheurs, ses préoccupations, et même la discussion étrange qu'elle avait surpris la veille entre son père et sa sœur et qui occupe son esprit depuis le matin semble s'être évaporée. Odette se sent bien dans les bras de Dimitri, avec la sensation qu'ils ne font plus qu'un, et qui est certainement la sensation la plus profonde du monde. Personne ne pourrait leur voler ces instants, même s'il le voulait, personne ne peut même comprendre ce que deux simples entrechats esquissés en même temps peuvent signifier pour les deux jeunes gens.

Quelqu'un frappe à la porte et les interrompt dans leur ballet intime. Un page entre dans la salle de répétition, le piano se tait. Les deux danseurs se séparent, bien à contrecœur, et Odette s'avance vers le messager. "Comtesse de Blancflocon ? Sa Majesté désire s'entretenir avec vous dans la salle du trône. Immédiatement." Et le domestique s'en va comme il est venu.
Odette décroche rapidement son tutu et passe sa robe blanche par dessus son justaucorps. Dans le miroir de la salle de danse, elle défait le chignon de ses cheveux et essaye de les remettre en ordre, sous le regard pénétrant de Dimitri.
"Tu sais ce qu'il te veux, Odette ?" Les papillons s'envolent dans l'estomac de la jeune femme lorsqu'elle entend son nom prononcé par la voix suave de son partenaire. Elle lui fait face et plante ses yeux dans les siens. "Non, je n'en ai aucune idée. Mais tout laisse à présager que ce n'est rien de bon..." Elle se retourne pour se rendre dans la salle du trône, quand elle sent sa petite main retenue par une autre, plus douce que la douceur elle-même. Dimitri lui fait face, et en se rendant compte que son geste était totalement déplacé, il lâche la main de la danseuse. "Est-ce que... ça va aller ?" Odette n'osait pas le lui avouer, mais elle avait bien une idée de ce que pouvait lui vouloir le roi. Elle redoutait ce moment depuis quelques années. La danseuse sait qu'elle peut faire confiance à Dimitri, son professeur, son partenaire, son... ami. Mais cela, c'était quelque chose qui ne regardait qu'elle, encore une épreuve à surmonter, comme à son habitude. "Oui, bien sûr ! On se voit demain pour répéter ?" Avec un sourire éblouissant, Odette laisse là son compagnon de danse pour aller là où elle est attendue, la peur au ventre, les jambes flagellantes.


❅❅❅


"Entrez, mon enfant, le régent vous attend."
Devant l'immense porte de la salle du trône, Odette attend, la tension palpable, la peur dans le ventre. La jeune femme de vingt-deux ans se demande ce que l'usurpateur peut bien avoir affaire avec elle. Elle n'est que comtesse, discrète, danseuse au ballet de la Cour, et n'a plus rien à voir avec la royauté depuis le tragique accident de Niki Cassnoisette. Dans sa robe blanc opalescent, aérienne et gracieuse au possible, la ballerine avance d'un pas hésitant mais léger. Parce qu'elle ne marche pas, Odette : elle flotte, elle vole, elle glisse sur le marbre glacé et semble irréelle. Arrivée enfin devant le trône dans lequel Lerat est avachi le plus majestueusement du monde, Odette plonge dans une parfaite révérence qui aurait touché le cœur le plus sombre. Excepté celui de son père, debout derrière le mécréant couronné, comme le bon chien-chien qu'il était depuis le premier jour de leur arrivée à Yasen. Rothbart voyait sa fille d'un très mauvais œil, et même lui ne comprenait pas pourquoi son roi l'avait fait mander.

"Ma chère Odette." la salue Lerat d'une voix trop mielleuse. "Je vous ai fait appeler car je dois vous demander une chose très importante." L'homme aux yeux trop clairs se lève soudain de son trône pour venir la rejoindre. Il lui tourne autour pendant un temps interminable. Odette sent son estomac se retourner. Elle ne peut s'empêcher d'avoir la nausée lorsque les yeux de cet homme se posent sur elle - ce qui n'arrive que trop fréquemment depuis quelques temps. Soudain, il la relève et lui prend la main. Ils font maintenant tous deux face à une pléiade de conseillers qui attendent avec avidité que leur souverain reprenne la parole.
"Comme vous le savez, vous étiez promise à un avenir de reine, étant donné que votre main était donnée à mon regretté neveu, paix à son âme. Quoiqu'il en soit, lorsque j'ai hérité du trône, il semblerait que j'ai... tout hérité de lui. Donc, je vous le demande, ma chère Comtesse : quand aimeriez-vous qu'ai lieu notre mariage ?"

Tout devient flou, les murmures des conseillers deviennent des bourdonnements aux oreilles de la jeune femme, qui se retient de toutes ses forces de ne pas faire une syncope. Elle a du mal à réaliser ce qui vient de se passer. Le choc prend le dessus sur tous ses sens, elle ne se souvient plus où elle est, ce qu'elle fait ici, ni qui semble tenir avec force ses petits doigts ankylosés. Un claquement de porte se fait entendre, et elle est la seule à se rendre compte que son père a disparu de l'assistance. Calme toi Odette, tu dois pouvoir faire quelque chose. Peu à peu, la ballerine reprend ses esprits, et plonge ses yeux dans ceux du roi, qui la regarde avec insistance, attendant une réponse à sa question. Elle se souvient maintenant ce qu'elle fait ici, et ce qui vient de se passer. Mais elle ne peut pas épouser cet homme. Ce serait contre ses principes, contre sa volonté... et par-dessus tout, contre son cœur. Mais elle ne peut pas non plus refuser la demande d'un roi aussi cruel sans se mettre elle, ainsi que tous ceux qu'elle aime en danger. La pièce tourne autour d'elle, son cœur est prêt à lâcher, les chuchotements des conseillers se font de plus en plus insistants. Odette ne sait pas ce qu'elle va faire, elle n'arrive plus à réfléchir. Tu as été élevée pour être reine, tu sais ce que tu dois faire.

"Votre Majesté." La petite voix douce et fluette de la danseuse fait taire d'un coup toute l'assemblée par son ton noble et déterminé.
"Votre Majesté ne peut imaginer le bonheur que je ressens à l'entente des mots prononcés par elle. Cependant, un mariage n'est pas chose futile. Il va nous falloir des mois pour préparer une cérémonie digne de Votre Altesse. Aussi je vous demanderai, dans votre grande bonté, de m'accorder un délai avant de vous donner ma réponse, afin que je puisse commencer à appréhender les préparatifs. Ainsi, je pourrais vous donner une estimation qui, je l'espère, vous contentera."
Le roi buvait ses paroles, et un large sourire déforme son grossier visage pour laisser échapper un grand éclat de rire. "N'est-ce point des paroles dignes d'une reine, messieurs ? Ma chère, je vous laisse tout le temps qu'il vous faudra pour que ce mariage soit à la hauteur de vos attentes !" Un petit sourire poli se dessine sur les lèvres d'Odette, qui esquisse une dernière révérence pour prendre congé de... son fiancé.

Oui, le sort s'acharne une fois de plus sur la jeune femme, encore sous le choc de la mort trop récente de sa mère, ainsi que celle, douloureuse et nouvelle, de son adorable maître à danser, Maître Entrechat. De plus, la santé d'Odile se dégradait de jour en jour, et là où sa sœur perdait ses forces s'amplifiait la haine de son père, toujours plus grande, toujours plus folle. Et surtout, Odette ne peut pas s'empêcher de penser à Dimitri... Non, son coeur ne peut pas permettre de devenir reine, d'épouser Lerat et d'être la première dame de Yasen. Être reine n'a aucun intérêt, la jeune femme ne veut qu'une seule chose, une chose toute simple mais qu'elle pense être en droit de connaître : le bonheur. Et elle sait que ce n'est pas en devenant souveraine qu'elle le connaîtra. Elle ne pense pas non plus que Yasen est en mesure de lui donner ce qu'elle veut. Elle pourrait fuir, dès ce soir, trouver Dimitri et le supplier de tout abandonner et de venir avec elle. Mais ce soir encore, Odette rentrera à la maison. Ne serait-ce que pour sa sœur, qu'elle n'abandonnera jamais.
❅❅❅


La peur qui assaillait Odette dans la salle du trône ne l'a toujours pas quitté. Elle sait pertinemment qu'en rentrant chez elle, c'est à un courroux bien plus dangereux qu'elle va devoir survivre. La jeune femme descend de sa calèche la peur au ventre, et s'engage dans le dédale de couloirs du manoir Blancflocon pour atteindre la porte de la chambre de sa sœur. Oui, depuis quelques années Odile était mise en quarantaine, à cause de son état qui ne faisait qu'empirer. Mais cela n'a jamais empêché Odette de lui rendre visite chaque soir quand elle rentrait du château pour lui raconter sa journée, et surtout les derniers potins de la Cour dont sa sœur était friande, et qui constituaient un mince et unique divertissement pour la brune, dont la seule activité journalière était la pratique obligée de la magie. Même si Odile était de plus en plus faible, Rothbart avait refusé de suspendre ses leçons. Odile les prenait assidûment, persuadée qu'un jour elle trouverait le moyen de venger sa mère, fidèle à sa promesse.

Comme à son habitude, Odette entrebâille la porte de la chambre de sa jumelle, pensant la trouver endormie sous l’œil attentif de son père. Elle est très surprise de la trouver seule, un vieux grimoire de magie entre les mains. Son cœur semble un peu plus léger, et Odette n'hésite pas à saisir ces instants d'intimité avec sa sœur. Elle court jusqu'au lit d'Odile et se blottit contre elle sous les couvertures. Les deux jeunes femmes enlacées ne disent rien pendant plusieurs minutes, trop heureuses d'être enfin réunies. Puis, Odile brise le silence, comme d'habitude. "Alors, Odette, des nouvelles de la Cour ?"
Odette se redresse un peu et fait face à sa sœur. "La Duchesse Plumosucre était à nouveau très belle aujourd'hui, mais je ne l'ai vu que quelques minutes. J'ai pris ma leçon avec Dimitri, et je crois que nous sommes presque prêts pour le bal de Noël, même si nous pouvons encore travailler pendant les quatre mois restant. Et..."
La jeune femme se demande s'il est avisé de parler de son entretien avec le roi aujourd'hui. Après tout, son but n'était nullement d'ébruiter la nouvelle, mais plutôt de la cacher le plus possible pour trouver un moyen d'y échapper. "Et quoi ?" Sa sœur se fait insistante, et Odette sait que parmi toutes les personnes qu'elle connaît, sa jumelle est la plus digne de confiance. "Et puis le roi a demandé à me voir aujourd'hui." - "LE ROI ? Raconte moi tout, je veux tout savoir !" Odette se lève doucement du lit de sa sœur, et, le cœur très lourd, fait face à la grande fenêtre pour tourner le dos à sa cadette et lui cacher ainsi l'inquiétude sur son visage.
"Eh bien... Il m'a fait une sorte de demande en mariage, sous prétexte que comme j'étais promise à Niki, je lui étais promise par héritage." Odette s'attendait à toutes les réactions de joie et d'allégresse devant sa sœur presque souveraine, mais la petite voix mortifiée qui sort de la bouche de sa jumelle l'étonne au plus haut point.
"Mais... et Dimitri alors ?" Le ventre de la jeune femme aux cheveux dorés se tord de douleur. Sa sœur avait le don de formuler les plus grandes peurs d'Odette alors qu'elle-même faisait tout pour se les cacher, ne pas mettre de mots dessus et éviter d'avoir mal. Mais c'est ainsi. Ces deux bouts de femme sont plus complémentaires que la nuit et le jour, et c'est ainsi que chacune d'elle fonctionne. Odette se retourne et voit Odile la regarder avec des larmes dans les yeux. Oh, Odile... Toi seule est capable de me comprendre comme cela. Elle retourne s'asseoir au pied de son lit, et tortille ses mains nerveusement. Les yeux fixés sur ses genoux, tout ce qu'elle articule n'est que confusion. "Je... Je ne sais pas. Peut-être... peut-être finalement ne veut-il pas de moi ? Comment pourrais-je en être sûre... Je serai peut-être obligée de me marier au roi, finalement..." Les yeux de sa cadette lancent des éclairs, et elle ouvre la bouche pour répliquer avec indignation, mais un claquement de porte brutal ne lui en laisse pas le temps.

Violemment, Odette est projetée contre le mur par une force invisible et inhumaine, et cette entité impalpable lui enserre fortement la gorge, au point qu'elle a du mal à respirer.
"Jamais je ne te laisserai devenir reine... Jamais tu ne seras plus haut placée que ta sœur !" D'un simple mouvement de la main, Rothbart envoie valser Odette contre le mobilier, dans un grand fracas de flacons de parfums qui se brisent au sol. La jeune femme a mal partout, son bras gauche la fait horriblement souffrir et elle a du mal à bouger. Elle sait qu'elle n'a aucun moyen de se défendre, et qu'Odile est bien trop faible pour l'aider. Elle ne lui en veut pas, bien sûr que non. Il ne faudrait pas qu'elle soit en danger elle aussi. Une corde sale apparaît alors à sa gorge, son extrémité disparaissant bien profondément dans le ciment des murs de la chambre. Odette est maintenant prisonnière de la magie de son père, sans pouvoir bouger, au risque de sentir la corde se resserrer sur son cou. C'est la première fois qu'il va aussi loin. C'est la première fois qu'il l'attache pour mieux la toiser, la contrôler.

Rothbart s'avance vers Odile, caresse ses cheveux et dépose un baiser sur les lèvres de la jeune femme tétanisée. "Ne t'en fais pas, ma colombe, c'est toi qui deviendra reine. Pas cette garce qui ne le mérite pas une seule seconde. Je vais faire de toi la plus belle et la plus puissante souveraine que Yasen ai connu. Tu vois, je t'avais promis que j'y arriverai, Odile..." Mortifiée, Odette voit des larmes couler sur les joues d'Odile alors qu'elle n'a pas bougé un cil. Elle comprend tout, plus douloureusement que jamais : elle sait ce que signifiait la conversation étrange qu'elle avait surprise la veille, son père qui promettait quelque chose à sa fille endormie, elle comprend que son père utilise un charme de possession et fait d'Odile une marionnette ensorcelée. Sous les yeux d'Odette, des scènes atroces se déroulent, Odile séduisant le roi en se faisant passer pour elle, Odile dansant parfaitement dans les bras de Dimitri qui ne se doute de rien, Odile empoisonnant le roi une fois le mariage terminé pour donner le pouvoir à son père, le tout sans aucune volonté de sa part, les mains tirés par des fils invisibles et contrôlé par ce détestable père. Rothbart s'assoit près d'Odile et caresse son visage fin, embrasse ses cheveux, dessine le contour de ses lèvres, de son menton, de sa poitrine... Pas les caresses d'un père protecteur envers sa fille, non. Les attouchements d'un homme qui n'a plus aucune once de raison ou d'amour au fond de son cœur, et qui a entièrement perdu la tête. Lorsque les doigts de son père glisse plus bas sur le corps de la jeune femme, Odette ne peut plus se contenir. "ARRÊTE ! C'EST TA FILLE, TU NE PEUX PAS FAIRE CA !"

L'attention de Rothbart se reporte une dernière fois sur sa progéniture enchaînée, et d'un seul mouvement dédaigneux de la main, lui jette un maléfice bien pire que tout ce qu'il avait fait auparavant. Odette voit avec horreur ses membres grandir, les extrémités de ses doigts s'allonger à n'en plus finir, jusqu'à ne plus être qu'une rangée de plumes blanches comme la neige. Son visage s'allonge également, de même que son cou qui devient immense. Sa vision change et se brouille en un amas de tâches noires et blanches, et lorsqu'elle ouvre la bouche pour crier, un hurlement grave et strident sort de... son bec ? Dans la flaque d'eau de parfums mélangés qui gît par terre, elle se rend compte que le reflet que le miroir improvisé lui renvoi est celui d'un cygne, un énorme cygne blanc. Son propre père vient de la changer en animal, sous les yeux horrifiés d'Odile qui ne peut même pas crier et se débattre. Satisfait, Rothbart réprime un petit rire cruel, et prend la main d'Odile pour l'emmener hors de la chambre, qu'il prend soin de verrouiller par la magie en sortant. Odette est prisonnière non seulement de la chambre, mais également d'une enveloppe animale qu'elle ne connaît absolument pas. De curieuses larmes roulent tout de même sur les joues de la jeune femme, qui commence à perdre espoir. Elle pleure tant, que le soleil n'est pas encore couché lorsqu'elle s'endort douloureusement, la tête posée sur son dos et bien au chaud entre ses plumes... de cygne.

Quelques heures plus tard, Odette se réveille dans la chambre sombre, toute endolorie de partout. La nuit était déjà tombée, elle ne voit pas grand chose devant elle, si ce n'est les stries de lumière lunaire qui filtrent entre les rideaux de velours rouge. Elle essuie ses larmes d'un mouvement de la main, en soupirant d'une voix brisée. Et elle se rend compte qu'effectivement, ce n'est pas une plume qui emporte au loin l'eau salée de ses joues, mais effectivement sa main, sa toute petite main blanche et délicate. La malédiction d'Odette est donc d'être cygne le jour, humaine la nuit. Plutôt que de se réjouir de conserver quelques heures sa forme initiale, la jeune femme a plus peur que jamais. Elle est humaine, certes, mais attachée dans une chambre sombre au milieu de la nuit. Et elle a bien raison d'avoir peur...

La porte de la chambre s'ouvre très lentement dans un grincement effroyable. Le ventre d'Odette se tord plus que jamais, et les larmes roulent sur ses joues lorsqu'elle parvient à reconnaître les contours de la silhouette qui entre dans la pièce. Les yeux furieux, un sourire démoniaque sur le visage, Rothbart s'agenouille devant sa fille et la dévore des yeux. Odette se blottit contre le mur, les bras autour du corps, la plus maigre protection qu'elle puisse donner à son propre corps. Elle sait que c'est complètement inutile. Que tout est perdu. Rothbart est comme un loup, un serpent, un chien enragé. Il sent la peur comme on sent le froid sur sa peau. Il sait qu'elle est à sa merci, et il jubile d'avance de ce qu'il peut faire d'elle. Tout. Il peut faire de ce petit bout de femme absolument tout ce qu'il veut, et le charognard le sait. Ses lèvres se retroussent sur des dents jaunies et pointues, et un rire cruel s'échappe de sa bouche.
"Tu sais, je ne voulais pas en arriver là, mais tu ne m'a pas laissé le choix. Toi, tu ne mérites pas la vie que tu mènes. Ta sœur, elle est digne d'être une reine. Et c'est ce que je vais faire d'elle." Il se relève, et se rapproche d'Odette, tétanisée par la peur. Il la toise de toute sa grandeur, dominant totalement la petite femme recroquevillée sur elle-même, tremblante comme une feuille morte. Il peut l'écraser à tout moment, il lui suffit de lever le pied.
"Elle sera mon plus grand chef d'oeuvre, ma marionnette favorite. C'est elle qui ira à la Cour, qui séduira le roi, passionné par la beauté... Je leur donnerai ma bénédiction et ils se marieront d'ici quelques mois. Elle sera souveraine, et la première chose que je lui ordonnerai de faire..." Il se baisse jusqu'à son oreille, et lui murmure, avec une haleine pestilentielle : "...sera de venir te chercher, pour que tu vois ton cher Dimitri se faire exécuter." La main paternelle qui caresse sa gorge de femme se fait moins douce, plus direct, et le cou d'Odette est entièrement encerclé par la paluche de Rothbart qui commence à serrer de plus en plus, faisant écho à la douleur laissée par la corde. Odette se sent partir, l'oxygène lui manque, son visage devient de plus en plus rouge et elle voit trouble. Les yeux sombres de son père deviennent deux taches noirâtres dont elle ne distingue plus les contours, la pièce devient un mélange de couleurs semblable à celui sur la palette du peintre. Les paupières battantes, elle essaye tant bien que mal d'y voir plus clair, et commence à déceler un petit éclat brillant dans les taches sombres de son père. La pression sur sa gorge disparaît brusquement, une toux rauque l'assaillit, et Rothbart, des larmes dans les yeux, tombe à genoux devant Odette, les bras ballants. Il avait le meurtre dans le sang et la furie dans les yeux. Mais là, là il n'avait que la folie sur le visage et le remords dans les larmes. Sa main auparavant bourreau de la gorge blanche lui caresse doucement la joue, et le sorcier déchiré plonge ses yeux dans ceux de sa fille suffocante. "Pardon, je ne voulais pas... Je n'ai jamais voulu te faire de mal... Pardonne-moi, Dahlia..."

Lorsque la raison quitte un corps, on dit que le diable s'en empare. La démence de Rothbart était bien plus grave qu'on aurait pu le penser. Là où il y avait sa fille, il voyait sa femme, et son délire ne s'arrêtait pas seulement à croire qu'elle était vivante. Ses lèvres décharnées se posent violemment sur celles d'Odette, et les caresses du père deviennent les instruments du bourreau. La jeune femme est un oiseau en cage, dans tous les sens du terme, prisonnière d'un homme furieux et déséquilibré, dont le délire n'épargne aucun vice. Les hurlements succèdent à des respirations haletantes, la haine de l'une grandit autant que le plaisir de l'autre, et la violence suinte de tous les pores de leurs peaux. La souffrance, la nuit noire, la torture, tout cela n'est que le début d'une vie du pire pécher qui existe au monde. Le père incestueux laisse sa victime gisant sur le sol, pleine d'une souffrance traumatisante et à la cicatrice suintante qui se rouvrira toutes les nuits. Odette a froid, Odette a mal, Odette a peur. Elle se déteste, elle le déteste, elle veut mourir. Elle se dégoûte, elle a plus mal que jamais, et pourtant elle ne ressent plus rien du tout. Les sanglots qui ne sortent pas sont les témoins des plus grandes peines. Rothbart lui a non seulement arraché sa liberté, mais il vient de lui arracher sa vertu. On pourrait penser que ce n'est pas si grave que cela, que le temps panse toutes les blessures. Mais cet acte de démence vient de briser une vie, une vie qui ne vaut plus la peine d'être vécu. Chaque centimètre carré de sa peau brûle des étreintes du démon personnifié, et elle ne désire que s'arracher la peau, la découper au couteau et s'en coudre une nouvelle, faite de duvet et de pureté. Il a réussi son coup, il vient de lui faire aimer son enveloppe d'oiseau blanc.

Tous les jours, Odette chéri son apparence de cygne, calme, beau au possible, et surtout inatteignable. Elle n'est plus elle, et c'est ce qu'elle cherche. Elle déteste son apparence humaine, elle déteste la nuit et les visites quotidiennes de son père. Elle aime le jour, la corde qu'elle a au cou et son plumage soyeux. Elle ne compte plus les jours où elle n'a pas revu sa sœur, elle oublie même jusqu'à la signification de la beauté. Elle, que sa beauté pareille à celle de sa mère rendait un peu plus forte et courageuse, déteste son apparence et cette ressemblance avec l'objet du désir de l'homme de tous les vices. Le manoir agréable est devenu la maison de l'horreur, et personne à Yasen ne pouvait se douter de ce qu'il se passait dans le manoir Blancflocon, une fois la nuit tombée. Odette sait pertinemment que la santé de sa sœur doit se dégrader de plus en plus, mais que Rothbart ne verra rien, ne lui laissant pas un seul instant de répit en brisant le sort de manipulation. Il arrivera un jour où Odile ne se réveillera plus le matin, et Odette n'aura même pas pu serrer une dernière fois sa sœur contre son cœur. Personne ne pouvait l'aider.

Il faut croire que la torture quotidienne endurcit un cœur faible. Depuis deux mois, le supplice nocturne rythme sa vie ensorcelée. Mais elle ne ressent plus rien. En trouvant un morceau de verre d'un flacon brisé une nuit, elle n'avait même pas envisagé de se suicider. Elle venait de reprendre espoir. Est-ce possible que le cœur du plus noir des sorciers ai engendré deux entités complémentaires aux cœurs aussi purs ? L'espoir n'avait jamais abandonné Odette, ni Odile. Il avait eu un petit essoufflement, certes, mais il n'avait jamais pris le large. Toutes les nuits, de ses petits doigts meurtris, Odette entreprend de couper peu à peu la corde qui la retient prisonnière, une simple corde faite de fils assez gros mais pas impossible à couper. "Rien n'est impossible Odette, tu es capable de tout, je le sais." Les mots de son maître à danser lui reviennent soudainement en mémoire. Dimitri... C'est lui qu'elle doit aller voir lorsqu'elle aura brisé ses chaînes. Elle sait que son ami peut l'aider, et elle meurt d'envie de le revoir. Son ventre se retourne de bonheur à l'idée qu'elle va bientôt le rejoindre, elle sait que s'il est près d'elle, elle reprendra confiance. A eux deux, ils pourront faire quelque chose pour Odile, elle en est persuadée. Alors Odette coupe la corde plus énergiquement que jamais, motivée par la seule volonté de retrouver l'homme qu'elle aime ainsi que sa moitié, sa sœur chérie qui lui manque tant.
❅❅❅


Un jeune homme erre silencieusement dans le parc du château de Yasen depuis quelques heures déjà. La nuit est presque tombée, et pourtant il ne peut se résoudre à rentrer chez lui. Dimitri Etoilemontante sent que quelque chose ne va pas chez sa partenaire. Elle ne se souvient plus des mouvements qu'elle connaissait par cœur, elle ne lui parle plus depuis au moins deux mois, vient de moins en moins aux répétitions... Mais ce qui le trouble encore plus est la constante lueur de désespoir présente dans son regard. Quelque chose ne va pas, et qu'elle ne se confie pas à lui le blesse plus que tout. Où sont donc passés la passion de leur danse, leurs sourires timides, leurs tendres œillades ? Il se souvient que son cœur battait la chamade chaque fois que la petite main d'Odette se retrouvait dans la sienne, et le bonheur qui le réchauffait de l'intérieur chaque fois qu'elle était dans ses bras. Il se souvient également le déchirement de ce muscle tambourinant dans sa poitrine lorsque le roi a annoncé ses fiançailles avec la belle ballerine. Le jeune homme porte une main à son cœur, qui s'emballe rien qu'en pensant aux tendres sentiments que la jeune ballerine lui inspire lorsqu'il pense à elle. Un froissement doucereux sort Dimitri de sa rêverie. Il se retourne rapidement et voit un magnifique cygne blanc planer au-dessus des murs du château pour venir se poser délicatement dans le lac du parc. Il ne saurait dire pourquoi, mais il est incapable de détacher ses yeux de l'animal, qui nage majestueusement vers la rive. Lorsque l'oiseau atteint le rivage, Dimitri fait un pas vers la bête. Les rayons du soleil disparaissent derrière les monts enneigés de Yasen lorsque le cygne fait également un pas vers le jeune homme. Une lumière évanescente naît autour du plumage de l'oiseau et l'éblouit si fortement qu'il est obligé de se cacher les yeux. La lumière disparaît, et Dimitri se rend alors compte que le cygne a laissé place à une jeune femme, qui s'écroule mollement dans la neige immaculée. Sans réfléchir une seule seconde, Dimitri la rejoint et l'enveloppe dans son manteau. En la soulevant pour l’amener à l'intérieur, son cœur se fend de tristesse et de soulagement : entre les ecchymoses et les hématomes, il reconnaît avec joie son Odette, l'objet de ses pensées.

Lorsque Odette ouvre enfin les yeux, elle se sent bien, au chaud dans un petit cocon. Elle n'a plus froid, elle n'a plus mal. Un tambourinement régulier se fait entendre à son oreille, et son visage est enfouit dans un amas de tissus lisses et doux, chauds de la chaleur corporelle de son sauveur. Elle se redresse doucement, et rencontre le regard inquiet de Dimitri, qui ne l'a pas lâchée une seule seconde. Enlacés, tous deux se trouvent devant le grand feu de la salle de répétitions du palais, leur endroit à eux. Dimitri est assit à côté du poêle, Odette dans ses bras, il ne la lâche pas. Elle lui adresse un petit sourire timide, et sent qu'il resserre un peu leur étreinte. Odette enfouit sa tête dans l'épaule de Dimitri, et commence à réfléchit à l'explication qu'elle va devoir donner. Mais elle n'a pas besoin de parler la première, elle n'en a jamais eu besoin avec lui. Il engageait toujours la conversation, et pour Odette, c'était une chose des plus plaisantes. Si cela dépendait du jeune homme, elle n'avait même pas à expliquer quoi que ce soit. Odette contre son cœur, il sait à présent qu'il n'a besoin que d'un seul mot prononcé par elle pour qu'il accomplisse n'importe quoi. Il serait prêt à vendre son âme au diable pour elle, à se tuer pour elle, peu importe la raison si ce n'était que pour qu'elle soit heureuse et sauve.

"Tu te sens mieux ?" - "Oui, merci beaucoup de m'avoir réchauffée, Dimitri.." Son ventre se tord de bonheur à l'idée qu'elle se trouve contre lui, qu'il resserre ses bras autour d'elle, qu'il ne la lâche pas. "Tu... voles depuis longtemps ?" La boule au fond de sa gorge est revenue. Odette sait très bien qu'il est temps de tout lui raconter. Doucement, elle s'arrache à l'étreinte de son partenaire et va s'asseoir sur un banc, les mains sur ses genoux, le nez sur ses mains. Elle ne peut pas tout lui raconter, il y a des détails qui ne se disent pas. Elle ne peut pas non plus le regarder dans les yeux en lui avouant qu'elle n'avait pas pu se défendre, et qu'elle allait abandonner à plusieurs reprise. Il croyait trop en elle pour qu'elle ne lui raconte la vérité, mais elle se détestait trop pour faire face à son regard lorsqu'elle raconte qu'elle préférait mourir. Au fur et à mesure de son récit, Dimitri sent la colère et la tristesse monter en lui. Il se déteste, lui aussi. Mais il se déteste de n'avoir rien vu, de n'avoir rien pu faire pour Odile alors qu'elle était près de lui aussi souvent. Il culpabilise de ne pas avoir trouvé le courage d'aller rendre visite à Odette, dans sa maison, pour lui dire qu'il la trouvait bizarre et que ça le blessait. Il aurait pu voir qu'elle était enchaînée, il aurait pu faire quelque chose...

"Alors, est-ce que tu sais comment on peut parvenir à briser le maléfice ?" Le cœur d'Odette s'arrête. Une simple question, une question anodine, un rien de malice, une preuve d'amitié.. ou de plus ? La jeune femme relève la tête pour être frappée en plein cœur par le sourire en coin et les yeux rieurs de Dimitri. Il avait pris sa décision : même si son père était dangereux, il se l'était juré, il pourrait mourir pour elle. Il n'avait rien de chevaleresque, rien de présomptueux. Ce n'était qu'un simple artiste comme les autres, il n'était ni plus doué, ni plus rapide, ni plus fort que les autres, rien de tout cela. Dimitri, tout ce qu'il savait c'est qu'il vivait pour tomber amoureux, et vivre avec celle qui l'aime. "Dimitri..." La voix de la jeune femme n'est qu'un souffle, un murmure. Elle ne veut pas le mettre en danger, elle ne le peut pas. Elle refuse qu'il soit un dommage collatéral. Elle ne sait pas trop comment elle s'y prendra, elle sait simplement que la réponse à la question se trouve sûrement dans un des grimoires de son père. Il faut qu'elle essaye de s'introduire discrètement chez elle et de faire le plus vite possible pour briser le sort et venir en aide à Odile pendant la journée, dans le château, pendant que Rothbart est aux côtés du roi. Mais elle doit le faire seule. Odette se redresse, son regard est happé par les yeux verts du jeune homme. Elle se sent tomber dans l'émeraude vivace et malicieuse, mais elle ne doit pas céder.

"Je pense que la réponse se trouve dans un des grimoires de mon père. Je n'ai pas le choix, je dois retourner là-bas trouver un moyen de me libérer pour aider ma sœur." La jeune femme prend une grande inspiration et se lève de son banc. Elle reste debout quelques secondes, histoire d'être sûre qu'elle est en état de marcher, et remarque que le jeune s'est levé également. "Dimitri, je suis désolée, mais... je vais y aller toute seule. Si jamais il devait t'arriver quelque chose par ma faute... Je ne me le pardonnerai pas." Elle n'est pas en état d'affronter l'entêtement de son partenaire. Pour éviter toute altercation, elle se dirige vers la porte sans lui lancer un regard. Arrivée à mi-chemin, elle sent une main retenir fermement son poignet. Dimitri la retourne doucement pour lui faire face. Il plante ses yeux déstabilisants dans ceux de la jeune femme, et pose sa main sur son épaule. "Non, c'est moi qui suis désolé, Odette. J'ai failli te perdre une fois, il est hors de question que cela recommence. Je t'aime trop pour cela." Comme attirées l'une par l'autre, leurs bouches se mêlent pour ne former qu'une seule preuve de l'attachement véritable. Ce qu'ils n'osaient pas s'avouer autrefois vient d'être scellé à tout jamais, et cette ultime preuve de l'amour le plus pur, le vrai, celui qui n'est ni intéressé, ni obligé, mais qui vient vraiment du plus profond de deux cœurs innocents brise le maléfice de Rothbart. Parce que même si les filtres et potions sont de puissantes magies, la plus puissante reste l'amour véritable. Et ce n'est pas Fort Fort Lointain qui contredira cela.
❅❅❅


Les deux jeunes gens franchissent la lourde porte de marbre du manoir Blancflocon avec pour seules armes leur espoir et leur amour. Ils n'ont aucune idée de la manière dont il vont venir en aide à Odile, mais ils sont là, et ils savent qu'ils ont peut-être une chance. Odette emmène Dimitri directement dans le bureau de son père, jonché de vieilles pages griffonnées et de potions multicolores. Au lieu de trouver cette pièce vide, ils tombent sur Odile, fiévreuse, pâle comme un linge, ses forces l'abandonnant petit à petit. Rothbart a momentanément levé le maléfice de manipulation et ne semble pas être dans les parages. Dimitri se lance à la recherche d'une quelconque potion pour la soigner, pendant qu'Odette se jette sur sa sœur, pour l'aider au moins à s'asseoir. "Odette... Tu es revenue...." Un malheureux sourire se dessine sur les lèvres de la brune, qui halète plus que jamais. Odette la serre contre son cœur. "Ne dis rien, Odile, tu es très faible, tu dois te reposer... Nous allons trouver un moyen de t'aider... " - "Odette, c'est trop tard pour moi. Père ne s'est pas rendu compte de mon état, j'étais sous son emprise pendant trop longtemps. Je vais mourir, Odette, tu ne peux plus rien pour moi. Fuyez tous les deux pendant qu'il en est encore temps !" Odile pousse sa sœur vers la sortie avec le peu de forces qu'il lui reste. Odette sent au plus profond d'elle-même que ce que sa jumelle dit est vrai. Elle va mourir, ce n'est plus qu'une question de temps. "Odette... Il faut que tu vois ça !"

Dimitri s’accroupit près des deux sœurs et tend un papier à Odette. La jeune femme le parcourt rapidement, et ses yeux s'écarquillent. Le papier contient un nombre incalculable de formules magiques, dans le but de transférer l'esprit de quelqu'un dans le corps de quelqu'un d'autre. Odette n'a pas le temps de dire quoi que ce soit, que Rothbart apparaît dans l'encadrement de la porte. Les bras chargés d'ingrédients étranges, il va vers son chaudron bouillonnant et les jette dedans, sans accorder la moindre attention aux deux intrus. "Je dois faire vite, il faut se dépêcher...." marmonne le sorcier dans sa barbe, avec un rictus dément. Le sang d'Odette se glace dans ses veines, mais le sorcier n'a absolument aucune réaction. "Qu'est-ce que tu vas lui faire ? Qu'est-ce que c'est que toutes ces formules ? Réponds-moi !" Odette secoue violemment son père qui l'écarte d'un geste du bras. Il ne lui répondra pas, son sortilège est presque prêt. Une toux rauque rappelle Odette à sa sœur, et la jeune femme rejoint sa jumelle pour les derniers instants qu'il leur reste à partager.

Un sortilège qui transférerait l'esprit d'Odile dans un autre corps, pour la maintenir en vie, voilà la solution que leur père avait trouvée pour sa fille chérie, condamnée. Le corps est malade, mais l'esprit est en très bonne santé, et c'est dans cet esprit que résident la puissance des pouvoirs d'Odile. Odette se demande si, finalement, ce n'est pas le meilleur moyen de sauver sa sœur. Elle se rend compte qu'elle est plus proche que jamais de la mort, et elle sait qu'elle ne sera plus rien sans son autre moitié. Des jumeaux vampires, voilà ce qu'elles étaient. Odette sait très bien que l'état de sa sœur n'est que de sa faute. Elle sait également qu'elle est la seule à pouvoir la sauver. Ce ne serait pas une véritable vie qu'elle lui offrait, ce n'était qu'une autre prison charnelle. Mais elle lui épargnerait ainsi la mort. Odette, elle a déjà perdu tellement de personnes chères à son cœur. D'abord son meilleur ami, puis sa mère. Elle a faillit perdre l'amour de sa vie. Sa sœur, c'était beaucoup trop lui en demander. Son vœu le plus cher n'était-il pas de vivre pour toujours à ses côtés ? En offrant à l'esprit d'Odile un récipient corporel, elle leur offrait la vie éternelle à toutes les deux. Sans s'en rendre compte, Odette est en train de prendre la décision la plus importante de sa vie.

"Le charme est prêt !" glousse le sorcier. Dimitri plonge sur Odette pour la protéger, mais la jeune femme est certaine de ce qu'elle veut faire. "Odette, si tu restes ici il va enfermer ta sœur dans ton corps !" - "Laisse le faire." D'une voix calme et posée, Odette rejette le jeune homme doucement. Rothbart s'arrête net. Il ne s'attendait absolument pas à ce qu'Odette soit consentante, mais au moins cela lui facilite la tâche. "C'est vraiment ce que tu veux ?" Le danseur sait qu'elle est décidée, mais il n'y aura pas de retour en arrière possible. Cette décision aura un impact sur leurs vies à tous les deux. "Dimitri, si je le fais... Tu es avec moi ?" Odette a besoin de l'entendre. Elle sait qu'elle n'est pas la seule concernée, et qu'elle ne se laissera faire qu'avec son accord. Cette question n'était qu'une demande en mariage à demi-mots, et tous les deux le savaient très bien. Dimitri doit choisir entre passer le reste de sa vie avec une femme qui en contient deux, ou renoncer à l'amour, le vrai, celui qu'il a attendu toute sa vie. Et il n'hésite pas une seule seconde. Il dépose un petit baiser sur le front de son adorée avant de sceller leur avenir. "Bien sûr que je suis avec toi." Il s'écarte de quelques mètres et observe d'un regard inquiet sa danseuse caresser le front de sa sœur qui venait de perdre connaissance. Non seulement Odette sauve sa sœur, mais elle leur donne à tous les deux une garantie de la bonne tenue de Rothbart, qui les laissera définitivement tranquilles. Il n'oserait jamais s'en prendre à Odette tout en sachant que sa fille chérie vit à travers elle. Sans aucun doute c'était la fin d'une vie, mais le commencement d'une autre.



Le cygne et le casse-noisette


La salle de bal regorge de personnalités et de notables de la Cour. Les dames se sont vêtues de leurs plus beaux atours, et les messieurs s'entendent à qui feront le plus de conquêtes ce soir. Yasen est en effervescence, et la Duchesse Plumosucre admire la magnificence de sa fête avec son habituelle petite moue satisfaite. De leur côté, Dimitri et Odette terminent de s'échauffer, car le divertissement musical ne va pas tarder à être donné. Le couple ne se lasse pas de danser ensemble, et leur performance est toujours un régal pour tous ceux qui ont la chance de les voir évoluer gracieusement dans l'espace, portés par des rivières de notes et de mélodies. Mariés depuis quelques mois maintenant, ils sont les danseurs les plus demandés du royaume, et gagnent leur vie en enseignant la musique au palais et dans les écoles de danse du pays. Une fois encore, ils s'apprêtent à faire ce qu'ils savent de mieux : faire rêver les gens, tout en témoignant de leur amour plus grand de jour en jour. Devant le miroir de la salle de répétition, Odette ajuste son chignon une dernière fois, dans le reflet qui lui renvoi l'image douce et paisible de sa sœur. Cela faisait trois ans qu'Odile résidait en Odette, et tout se passait pour le mieux. Les deux jeunes femmes s'entretenaient souvent par le biais d'une surface réfléchissante, et Odette avait ainsi vaincu sa plus grande peur : la solitude. Où qu'elle soit, il lui suffisait de se regarder dans une fenêtre, dans une flaque d'eau ou même dans les yeux de son interlocuteur pour que sa sœur lui apparaisse. "Tu es parfaite Odette, comme toujours." Odette regarde avec une pointe de mélancolie le reflet d'Odile lui sourire. Un messager passe la tête par l'encadrement de la porte et annonce solennellement : "Les musiciens se mettent en place. Début dans cinq minutes !" Dans la glace, elle voit son mari s'approcher d'elle, et lui déposer un léger baiser dans le cou. "Tu es prête ?" Ses yeux débordent d'admiration et il la regarde comme s'il résistait à la tentation de la dévorer sur place. "Oui, allons-y."


❅❅❅


La danse terminée, Odette et Dimitri sont acclamés avec la plus grande ferveur. Le salut est interminable, c'est déjà la cinquième fois qu'ils reviennent dans la salle pour saluer ! Deux petites danseuses leur remettent un énorme bouquet de fleur, et la Duchesse Plumosucre vient elle-même les féliciter en leur serrant la main. Odette n'a qu'une hâte, celle de rentrer en coulisses et cacher ses joues devenues rouge pivoine. Il est temps de délaisser son tutu pour enfiler une robe de bal, bien moins confortable mais de mise pour une réception de cette teneur. Et puis, ils pourraient se mêler aux invités cette fois, et danser sans que tout le monde les regarde. Une danse bien plus solennelle, certes, mais pendant laquelle ils peuvent se parler, ou tout simplement se regarder. Et Odette avait un mari tellement beau qu'elle ne se lassait jamais de le regarder. Rien que plonger dans ses yeux verts lui faisait perdre tous ses moyens.
Ses petits bras trop maigres ne parviennent pas à atteindre les derniers boutons de son dos pour fermer sa robe pourpre. Dimitri la rejoint à ce moment-là et lui vient en aide avant même qu'elle ne le lui demande. Il est tellement beau dans son habit gris, tellement grand et fin qu'il donne le vertige. "Tu es magnifique." Il lui tend sa main qu'Odette attrape bien volontiers. Il dépose un baiser sur le dos du gant de son épouse, ce qui provoque chez elle de petits frissons de plaisir. Toujours collés l'un à l'autre, ils retournent dans la salle de bal, mais cette fois-ci en tant qu'invités.

Très vite, ils se mêlent aux danseurs pour ne pas être assaillis par les nobles de la Cour qui arrivent par poignées pour les féliciter. Les compliments les mettent tous les deux mal à l'aise, et ils ne sont que trop heureux de se confondre dans la masse pour être en fin en tête à tête. "Le roi est ici... Tu es sûre qu'il ne t'en veux plus d'avoir rompu vos fiançailles ?" Odette tourne rapidement la tête pour apercevoir la tête couronnée de l'usurpateur. "Non, il n'était que trop heureux de recevoir ma lettre d'excuse après avoir entendu que j'étais très malade. J'imagine qu'il ne voulait pas d'une femme constamment atteinte de maladie... Pourquoi ? Tu aurais préféré que je sois reine ?" demande la jeune femme, de l'ironie dans la voix. "Bien sûr que non, je suis plus qu'heureux de mon sort." répond son mari en lui adressant un clin d'oeil.
De valse en valse, le couple jamais fatigué parcourt la salle encore et encore. Ils en sont à leur cinquième danse lorsqu'ils s'arrêtent près de la porte principale pour prendre un rafraîchissement. Ils bavardent, rient, sont tout simplement heureux. Ils ne se soucient ni de l'heure qu'il est, ni de Rothbart qui les toise depuis leur arrivée au bal. Ils n'ont plus peur de cet homme vieux et fou, puisqu'il ne peut plus les approcher, prisonnier de son propre piège.

"Odette ?" La jeune femme se retourne et tombe nez-à-nez avec un homme qu'elle ne connaît pas. Il porte un habit entièrement blanc, des cheveux bruns et une barbe taillée. Même si elle ne se souvenait pas l'avoir vu, Odette était persuadée qu'elle connaissait cet homme. Elle détaille le plus minuscule élément de cette personne, et c'est lorsqu'elle s'arrête sur ses yeux qu'elle se souvient. Son verre lui échappe des mains, et son sang se glace dans ses veines. "Niki ?" L'homme sourit de toute ses dents, et a même l'air d'être soulagé. "Odette, je savais que tu me reconnaîtrais ! C'est fou ce que tu ressembles à ta mère..." - "Niki... Mais tu es... mort ! C'est bien toi ?" Elle avance une main tremblante vers l'homme pour être sûre qu'il est bien réel, et non un nouveau maléfice de son père. "Je te raconterais tout, c'est promis, mais pas maintenant, je dois retrouver quelqu'un. On se voit plus tard ! Je suis tellement content de t'avoir revue !" Niki la prend rapidement dans ses bras, sous le regard désapprobateur de Dimitri, puis s'enfuit au milieu des invités avant qu'Odette ai pu dire quoi que ce soit. Aucun doute, ça ne pouvait être que lui. Mais comment ? "Odette, tu connaissais cet homme ?" Mortifiée, bouché bée, Odette se retourne vers son mari. "C'était Niki... Niki Cassenoisette..."

Un craquement se fait entendre derrière eux, et le vieux sorcier leur fait maintenant face, plus aigri et démoniaque que dans leurs souvenirs. Il ne tentera rien en public, Odette le sait, mais elle ne peut s'empêcher d'être effrayée. Elle sent Odile se recroqueviller au fond d'elle, pas très rassurée non plus. "Ne t'en fais pas, Odette, il ne peut rien contre toi." Ça, Odette le savait bien. Mais ça ne l'empêchait pas d'être terrifiée. Dimitri se poste entre le père et la fille, comme un réflexe qui ne servirait à rien en cas d'attaque, mais qui rassure tout de même la jeune femme. "Alors Odette, on a revu un vieil ami ?" La voix craquelante de son père fait battre le sang à ses oreilles. Il est au courant ? Comment le sait-il ? D'un seul coup, tout lui revient en mémoire. Le corbeau qu'il avait reçu le jour de la mort de Niki, sa sœur qui n'arrivait pas à faire des flammes, Rothbart qui était parti en plein milieu de la journée... "C'était toi... C'était toi l'accident de Niki. Tu le savais tout ce temps. Tu étais un complice de sa mort !" Un rire rauque et cruel sort doucement de la gorge du sorcier. "Bien sûr, ma chère. Et maintenant, je vais devoir vous tuer parce que vous en savez trop, tous les deux. Depuis le temps que j'attends ça !" Le sorcier lève une main menaçante vers le couple, mais il est coupé dans son élan par la voix tonitruante du roi. "GARDES ! Veuillez nous débarrasser de cet individu, je le reconnais, il était présent ce jour tragique où nous avons perdu mon bien-aimé neveu." L'attention du sorcier est détournée, juste assez pour que Dimitri empoigne sa femme et s'enfonce dans la masse des invités pour disparaître entre les dames et les messieurs affolés. Ils ont tout juste le temps de sortir du palais et de sauter dans la première calèche pour s'enfuir à bride abattue dans la nuit. Le palais n'est plus qu'un petit point sombre au loin lorsque Odette se retourne enfin vers la route qui les emmène tous les deux bien loin de Yasen et de Rothbart.


❅❅❅


Les rayons du soleil chatouillent le visage d'Odette qui se réveille enfin. Elle s'était endormie dans la calèche, et Dimitri n'avait pas osé la réveiller. Il savait qu'après tout ce qu'ils venaient de traverser, dormir lui ferait le plus grand bien. Il avaient roulé toute la nuit, et le climat s'était réchauffé, la neige se faisait plus rare, la verdure était plus proéminente. Odette sait qu'ils ne sont plus sur le territoire de Yasen depuis un moment, et que Dimitri avait du conduire toute la nuit. Elle s'était blottit inconsciemment contre l'épaule de son mari, épaule rassurante et tellement adorée. Elle se relève doucement pour s'étirer, et risque un petit coup d’œil derrière eux. La seule chose qu'elle voit est la route qu'ils ont parcourue, sinueuse, terreuse, infinie. "Bonjour. Ça va mieux ?" Encore une fois, son mari s'enquiert de son état, tout inquiet et prévenant qu'il est à son habitude. Odette regarde la route devant elle, et le magnifique lever de soleil qui semble leur souhaiter la bienvenue dans cette nouvelle contrée. "Maintenant oui. Où allons-nous ?" Dimitri sourit, un sourire sincère et soulagé qu'Odette n'avait plus vu depuis un moment. "A Fort Fort Lointain."
Odette ne sait pas exactement ce qu'il y a là-bas, mais elle sait, au fond d'elle, que le bonheur est à reconstruire. Et c'est exactement ce qu'ils s'apprêtent à faire. Reconstruire une vie, tous les deux, loin de Yasen et de tout ce qu'ils ont vécut. Et pourquoi pas fonder une famille, après tout ?
     

⊱ far far away ⊰


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« Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) EmptyLun 29 Déc - 18:04

ODEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEYYTTE. :*-*: :ivil: :tombe: :charming:
rebienvenue avec ce nouveau perso de folie :red: et courage pour ta fichoune. :bril:
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« Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) EmptyLun 29 Déc - 18:06

odette olala :*-*: sister, tu es magnifaïque :bwag: :own: :bril: :hansel: et puis si en plus tu peux me prêter ton mari « Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) 2832667894 Arrow REREBIENVENUE CHEZ TOI ME AMOR ET FIGHT POUR TA FICHETTE. :red: :guh: :*-*:
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Odette Plumedeneige
IL SUFFIRA D'UN CYGNE

Odette Plumedeneige

« Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) Tumblr_nlsa8wSkV11t5oim1o1_250

⊱ pseudonyme : Chameau
⊱ âge : 28
⊱ tête mise à prix : Emily Browning
⊱ crédits : songbird, giphy, tumblr
⊱ arrivé(e) le : 29/12/2014
⊱ manuscrits : 513

⊱ tes licornes : Gretel Denougatine, Nina Têtedure & Eleazar Coeurfané
⊱ schillings : 590

⊱ ton conte : Le Lac des Cygnes
⊱ ta race : Humaine
⊱ métier : Ballerine
⊱ tes armes : Mes chaussons ?
⊱ allégeance : Pour, si elle peut me protéger

« Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) Tumblr_nlrznkEk0y1u6iacxo6_250



« Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) EmptyLun 29 Déc - 18:24

Niahaha préparez-vous à passer une heure pour lire la fiche ! :ivil:
Merci à tous les deux je vous aiiiiiiiime :coeur: :coeur: :pony: :uni3:
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« Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) EmptyLun 29 Déc - 18:34

ily :*-*: like, for real :own:
REBIENVENUE MA CANNE A SUCRE, TU VAINCRAS LA FICHE :blob: :coeur:
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« Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) EmptyLun 29 Déc - 18:35

REbiienvenue alors !! :cc: suuper choix de conte et d'avatar :pony:
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« Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) EmptyLun 29 Déc - 19:52

WEEEEEEEEEEESH comment jotem toi alors !!! En plus tu seras copine avec Svetlana :red:
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Odette Plumedeneige
IL SUFFIRA D'UN CYGNE

Odette Plumedeneige

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⊱ pseudonyme : Chameau
⊱ âge : 28
⊱ tête mise à prix : Emily Browning
⊱ crédits : songbird, giphy, tumblr
⊱ arrivé(e) le : 29/12/2014
⊱ manuscrits : 513

⊱ tes licornes : Gretel Denougatine, Nina Têtedure & Eleazar Coeurfané
⊱ schillings : 590

⊱ ton conte : Le Lac des Cygnes
⊱ ta race : Humaine
⊱ métier : Ballerine
⊱ tes armes : Mes chaussons ?
⊱ allégeance : Pour, si elle peut me protéger

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« Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) EmptyLun 29 Déc - 23:36

Dragée chérie merciiiiiii ! Tu sais que de toute manière toi & moi c'est FTW :coeur: :pony:

Rohesia petit yaourt merci beaucouuup ! I will survive :hero: :cc:

Nerissa jolie, on va devenir super copines avec le joli petit oiseau étant donné qu'on aime les plumes « Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) 2832667894 :coeur: :uni3:
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« Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) Tumblr_nu0srp6YEl1rjl6wko2_250

⊱ pseudonyme : elf
⊱ tête mise à prix : luke evans.
⊱ crédits : swan, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 01/01/1970
⊱ tes licornes : poucet, cam et gil.
⊱ schillings : 0

⊱ ta race : pauvre mortel fragile.
⊱ allégeance : ni oui, ni non, tant qu'elle vient pas l'emmerder hein.

« Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) Tumblr_nu0srp6YEl1rjl6wko6_250



« Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) EmptyMar 30 Déc - 11:11

LA VOILA ENFIIIIN. « Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) 2300028946 :aw: Qu'elle est sjakolsjasa ta Odette, puis en Emily tu déchires tellement. :coeur: Re-bienvenue parmi nous ma caille et bonne chance pour ta fiche. :own: :perv:
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Odette Plumedeneige
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⊱ pseudonyme : Chameau
⊱ âge : 28
⊱ tête mise à prix : Emily Browning
⊱ crédits : songbird, giphy, tumblr
⊱ arrivé(e) le : 29/12/2014
⊱ manuscrits : 513

⊱ tes licornes : Gretel Denougatine, Nina Têtedure & Eleazar Coeurfané
⊱ schillings : 590

⊱ ton conte : Le Lac des Cygnes
⊱ ta race : Humaine
⊱ métier : Ballerine
⊱ tes armes : Mes chaussons ?
⊱ allégeance : Pour, si elle peut me protéger

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« Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) EmptyMar 30 Déc - 14:36

Merci beaucoup petit poisson ! :hansel: Je suis en train de vaincre ma fiche (ou alors c'est elle qui est en train de me vaincre) mais omg ce que ça fait du bien un nouveau compte :hero: :string: :coeur:
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Shéhérazade Fildor
CAY LA DANSE DU BIBOUDE

Shéhérazade Fildor

« Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) 289254tumblrniuza7qYnz1qiyullo4250

⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : aishwarya rai
⊱ crédits : avatar, moua. gifs, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 29/08/2014
⊱ manuscrits : 470

⊱ tes licornes : marie la catin, barthélemy l'assassin, cúchulainn le loup.
⊱ schillings : 851

⊱ ton conte : les mille et une nuits
⊱ ta race : humaine
⊱ métier : diseuse de bonne aventure; arnaqueuse de première. reine d'afshin.
⊱ tes armes : une dague en permanence sur elle. quand elle est à afshin, elle a parfois un sabre.
⊱ allégeance : sans avis.

« Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) Tumblr_npxrx5TOZ51s9wolfo1_250



« Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) EmptyMer 31 Déc - 19:40

alors emily moi déjà je sens que les gifs avec kit vont fuser, BARTHELEMY IL AIME PAS BEAUCOUP D'AVANCE. :uou: mais le choix est génial, et puis je vois du cumberbatchouille dans ta signa, me gusta « Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) 2300028946 re-bienvenue ma grande :laugh:
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Kaa Envoutoeil
AIE CONFIANCE, VENERE-MOI

Kaa Envoutoeil

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⊱ pseudonyme : Jet
⊱ tête mise à prix : Sebastian Stan
⊱ crédits : Pumbate pour l'avatar, Tumblr pour les gifs
⊱ arrivé(e) le : 09/10/2014
⊱ manuscrits : 185

⊱ schillings : 673

⊱ ton conte : Le Livre De La Jungle
⊱ ta race : Bête Parlante
⊱ métier : Danseur
⊱ tes armes : Un fouet, par pure précaution
⊱ allégeance : Pour, dans mon intérêt

« Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) Tumblr_nqiv8qRlvj1tfw4aco2_400



« Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) EmptyVen 2 Jan - 11:53

Quelle classe, dis donc :bavee: Je veux lire l'histoiiiiiiire :bril: ! Rebienvenue, en tout cas :hug:
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Gretel Denougatine
J'L'AI BOUFFE TA MAISON EN PAIN D'EPICE

Gretel Denougatine

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⊱ pseudonyme : Chameau
⊱ tête mise à prix : Natalie Portman
⊱ crédits : bazzart
⊱ arrivé(e) le : 24/09/2014
⊱ manuscrits : 994

⊱ tes licornes : Nina Têtedure, Odette Plumedeneige & Eleazar Coeurfané
⊱ schillings : 1174

⊱ ton conte : Hansel et Gretel
⊱ ta race : Humain
⊱ métier : Gérante de la confiserie "Miel & Epices"
⊱ tes armes : Aerien, son arc chéri, toujours là pour calmer ses nerfs ou botter les fesses des indésirables.
⊱ allégeance : Elle pose son cul où elle veut, même sur le trône je m'en fiche

« Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) 51164-Christmas-Colored-Lights



« Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) EmptyVen 2 Jan - 14:25

Niahahaha merci Shé d'amouuuur ! :dance: J'espère que je serai à la hauteur avec cette fiche de 15m de long... :coeur: :uni3:

Merci à toi aussi piti serpent chéri ! :kaa: Je te souhaite bonne chance pour la lecture haha ! J'y travaille en tout cas :beuh: :coeur:

(désolée pour le compte de Gretel, trop la flemme de me déco pour me reco ensuite *mode feignasse* :beuh:)
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« Les cygnes chantent avant de mourir. Certaines personnes feraient bien de mourir avant de chanter. » - Odette (Terminée) EmptyDim 4 Jan - 1:51




fécilitations
t'as poussé ton premier greuuuh !

BRAVO A TOI PETIT OGRE, TU REJOINS LES

happy ending

La petite ballerine trop choupie :potté: Dragée te love. C'est tout bon pour Niki aussi, alors voilà :*-*: :coeur:

BRAVISSIMO, tu as passé la première étape du beau monde de Fort Fort Lointain. Tu croyais que ça allait s'arrêter là hein ? Et ben tu rêves, une fois n'est pas coutume de te faire subir les pires tortures, je vais te rassurer en t'affirmant que cette fois-ci ce sera différent, une partie de plaisir même après la longue écriture de ton histoire.  :ivil: Déjà, tu vas me recenser ta belle tronche et ton petit conte, si conte il y a btw. Ensuite, tu vas pouvoir te glisser dans la partie administrative de ton damoiseau/damoiselle/travelo qui s'passe da ! Et hm, que je réfléchisse. AH OUI, te lier avec les autres ça peut être pas mal je pense, surtout si ton voisin s'avère être un âne qui parle.  :noes: Du reste, techniquement tu devrais plus trop te prendre la tête, pas besoin de te lier le lieu des scénarios et tout l'toutim, c'est pas sorcier.  :shrek:

SUR CE. Le staff de FFL te souhaite un très bon amusement dans le royaume, de t'éclater bien comme il faut et de respecter autrui même si c'est un ogre.  :nyan:  :rainbow:  :mex:

⊱ far far away ⊰

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