Selma & Alexei

une petite citation trop mimi qui roxe

Ah, les journées un peu grises comme aujourd’hui, j’adorais cela. Ca me donnait toujours une excellente excuse de me goinfrer de lait chaud aux épices, ou encore de roulés à la cannelle sans hésiter. Bon, je ne vais pas vous mentir, le léger vent m’aidait à attirer la sympathie des passants en faisant mes tours. Ils se disaient que habillé comme je l’étais, avec mon gilet de cuir sans manches (ce qui était en réalité une plus grande aisance de mouvement dans mon jonglage), mon pantalon simple et pas de cape (bonjour le pratique de cet objet…), je devais avoir froid comme ça. Ce qui voulait dire qu’ils donnaient toujours une petite pièce de plus. Ou pas. C’était assez hasardeux comme science, mais passons.

"Approchez Messieurs, Dames ! Venez, vous laisser éblouir par Un feu qui danse au gré de mes envies !"

Oui, je l’admets, ce n’est pas la meilleure accroche du monde. Je suis un très bon menteur quand je le veux, mais trouver de très bonnes phrases d’accroche a toujours été plus le domaine d’Hibernius à l’époque. Moi je me contentais de faire le beau, de faire mes tours et de me taire (sauf quand je faisais le clown et que je jouais avec nos invités).

J’enchaînais les tours. Cracheur de feu, jongleur, acrobate, je sortais tout ce que je savais faire. Ce n’était pas le plus enrichissant, mais c’était ce que je savais faire de mieux : divertir les gens, leur faire briller les yeux. C’était ce pourquoi j’avais toujours pensé ma vie faite. Le destin et les peines de cœur en ont décidées autrement. Cependant, en attendant que je puisse trouver un travail un peu plus fixe et considéré comme honnête, je continuais cette vie en tant que saltimbanque solitaire. Ma famille me manquait, aussi bien mon père et ma mère que le reste du cirque. Mes amis mes manquaient, Vaillant, Hibernius…Betsy. Je fis en sorte de la sortir de mon esprit aussi vite qu’elle y était entrée. Je n’avais plus à penser à tout cela ; elle était mariée à présent, c’est qu’une lettre de ma mère m’a appris. Maintenant, je préférais ne plus demander de nouvelles, de peur de ressentir encore la douleur de la perte. Ma mère l’a bien senti et a arrêté de m’en donner, tant mieux. Vaillant, lui, n’avait pas compris la demande subtile et j’ai dû arrêter de lui envoyer des lettres purement et simplement, ce qui était dommage, j’aurais bien aimé avoir des nouvelle de Timo, mon filleul. Eh oui, je n’en ai pas l’air comme ça, mais je suis parrain d’un petit garçon tout blond aux yeux d’un noir d’onyx.

Je faisais une pause après deux bonnes heures de tours en boucle. Un peu de pain, un peu d’eau et un peu de repos et je repartais par la suite. Là, je n’en n’étais qu’à manger et boire pour le moment. Je profitais de ce moment de calme et répit pour observer les passants aux alentours, ne me faisant remarquer par – presque – personne. Car il fallut qu’une personne me remarque, me reconnaisse et se souvienne de moi. Dans mon dos en plus. Littéralement. C’est-à-dire qu’elle se trouvait derrière moi et je lui faisais dos.

"Tiens, comme on se retrouve…"

Mon bout de pain arrêta le chemin qu’il parcourait pour arriver à ma bouche d’un seul coup. Je clignais deux fois des yeux avant de tourner un peu la tête et de sursauter comme pas deux. Je savais bien que j’avais reconnu cette voix. En même temps, il est difficile d’oublier la voix de quelqu’un qui vous a jeté un sort vous faisant devenir son esclave…Mais quand je vis son visage, je fus sûr sans aucun doute possible, pas même la moindre fibre microscopique de doute : La sorcière qui m’avait maudit était là, derrière moi. Je sautais à mes pieds brusquement, bousculant une ou deux personnes au passage sans même m’excuser. Je me tournais complètement vers elle.

"Salut beau brun…"
"Mortecouille…."

Je restai figé sur place. Que devais-je faire ?!

Alexei & Selma

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Les choses avaient bien changé pour la petite sorcière, et il était loin le temps où elle avait la capacité de semer la terreur sur l’Est. Désormais, elle en était réduite à se faire passer pour une banale humaine, ou du moins à essayer. Inutile de dire que c’était loin d’être facile. Cacher que l’on était absolument exceptionnelle pouvait s’avérer compliqué, mais jusqu’à présent elle s’en était plutôt bien sortie. Sans doute en grande partie parce qu’elle travaillait en un lieu fréquenté par des malfrats et autres hors la loi peu enclins à dénoncer qui que ce soit aux autorités, étant eux-même dans les radars de Marraine. Rien que penser à celle-là d’ailleurs... grrrr... C’est bien simple, tout ce qui lui arrivait était de sa faute à elle. Les fées étaient décidément la pire engeance de l’humanité. Il aurait fallu en débarrasser le monde afin que celui-ci se porte mieux. Malheureusement, dans l’esprit du commun des mortels, c’était les sorcières les méchantes de l’histoire. Ce qui était profondément injuste à son avis. Au contraire, elles auraient dû être encensées, et certainement pas pourchassées et contraintes d’abandonner leur si jolie couleur verte pour se mêler à la masse grouillante de ces misérables humains.

Le travail était épuisant. Et elle détestait ça. Elle détestait être au service des autres, devoir leur apporter tout ce qu’ils désiraient, et par-dessus le marcher tenter de faire taire autant que possible sa mauvaise humeur permanente. C’était ce qui aurait pu lui arriver de pire. Bon, à part peut-être de se retrouver en prison. Ou de recevoir un verre d’eau à la figure. Oui, à part ces deux choses, son existence n’aurait pu être pire. Elle n’avait absolument rien pour se distraire, pour illuminer son quotidien bien morne. Pas même une malédiction à jeter ou un vagabond à torturer un peu. C’était à en mourir d’ennui. Elle allait au travail, puis rentrait chez elle sans que jamais rien ne se passe. Sans que jamais un événement ne vaille la peine d’être compté. Du moins, jusqu’à ce jour.

Elle n’en crut pas ses yeux lorsqu’elle l’aperçut en train d’effectuer ce qui ressemblait fortement à un numéro de cirque. Au début, elle eut simplement l’impression de l’avoir déjà vu quelque part, sans parvenir à se rappeler où exactement. Elle l’avait donc observé avec davantage d’attention, tout en demeurant à l’écart. Et soudain, ça avait été l’illumination. Etait-ce vraiment lui, ce sale petit voleur qui était venu chez elle il y a de cela plusieurs années ? Il avait quelque peu changé, mais elle était tout à fait certaine de le reconnaître. Elle avait beau avoir effectué un rituel pour en faire son esclave personnel, elle l’avait tout simplement oublié depuis le temps. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il tombait à pic. Juste au moment où il lui semblait que son existence n’avait plus le moindre sens. Peut-être que cela allait changer en ce jour...

Elle était patiente lorsqu’elle le voulait. Et elle attendit qu’il ait terminé. Qu’il se retrouve seul, surtout, à l’abri des regards et vulnérable. Lorsqu’elle le vit approcher, un sourire carnassier se dessina sur ses lèvres. Et lorsqu’elle apparut derrière lui, signalant sa présence, elle eut le plaisir de constater tout l’effet qu’elle avait sur lui. En un instant, il se figea et changea de couleur. Si elle l’avait plus ou moins oublié, ce n’était apparemment pas son cas. Et ça lui plaisait.

« Soit poli dis donc ! Je me disais bien qu’un jour je te retrouverais... »

Ce qui était totalement faux. Jusqu’à il y a quelques minutes, elle ne songeait plus du tout à son existence. Mais à présent... oui à présent elle n’allait certainement pas le lâcher. Elle s’approcha doucement de lui et se mit à lui tourner autour, toujours avec le même sourire amusé.

« Qu’est-ce qui t’arrive ? Tu as perdu ta langue ? »

Selma & Alexei

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Je serais poli si je veux d’abord ! Il ne fallait pas pousser mémé dans les fleurs bleues à épines rouges non plus ! Comment rester calme et poli quand je retrouvais celle qui a hanté mes nuits durant des mois (voire des années) ? Oui, bon, dis comme ça on pourrait presque croire que c’était une bonne chose, si elle avait hanté des rêves agréables. Sauf que ce n’était absolument pas le cas. Elle m’avait maudit et pendant des mois j’ai vécu dans la peur qu’elle m’appelle, apparaisse et ne mette en œuvre sa malédiction de faire de moi son esclave. Autant dire qu’il y en avait au Cirque qui s’étaient posés des questions sur pourquoi j’étais devenu aussi nerveux. Je leur disais que je dormais mal, donc mon cerveau avait tendance à être plus fatigué que la normale (ce qui m’avait valu une boutade du dompteur de fauve comme quoi ça ne devait, finalement, pas beaucoup changer de l’habitude…). Ce n’était qu’un demi-mensonge après tout. Et puis le temps a passé, les mois se changeant en années et j’ai relégué cette peur au fin fond de moi. Je ne l’avais pas oublié, oh non ! Elle restait, tapie dans l’ombre, attendant mes moments de faiblesses pour revenir me hanter, mais jamais je l’aurais oubliée. Elle n’était plus au-devant de mon esprit comme dans les premiers mois.

Mais une simple phrase, sa voix, son intonation et tout repartais au quart de tour. L’angoisse et…Et je clignai des yeux une nouvelle fois en la voyant. Elle était…Différente que dans mon souvenir. Je restai pantois, à l’observer, elle et ses cheveux bruns, ses yeux sombres et sa peau…D’une couleur normale. C’était vraiment ce qui me perturba le plus. De la voir en humaine plutôt qu’en sorcière. Je ne dirais pas que je n’en n’avais plus peur, loin de là, mais elle semblait…Moins menaçante comme ça. Pendant quelques minutes, je ne dis rien, incapable de sortir un son, mon cerveau hésitant inquiétude et étonnement pur et simple. Je la suivis des yeux quand elle commença à me tourner autour telle un vautour attendant que sa proie ne faiblisse, et sa question sembla reconnecter mon pauvre cerveau choqué, et je secouai la tête une seconde avant de parler.

"Tu…Es moins verte que dans mon souvenir…"

Oui, très poétique et inspiré je vous l’accorde volontiers. En même temps, il fallait le temps que je me remette du choc…Ceci étant fait, je me détendis et l’observais aussi. Oui, à part sa peau qui avait perdu sa couleur verte, elle n’avait pas changée. Ce qui était étonnant d’ailleurs, elle n’était pas beaucoup plus jeune que lui pourtant quand on s’était rencontrés…Bon, en même temps, je ne suis pas rester à faire la causette à l’époque. J’ai fuis à toutes jambes sans demander mon reste (ou son âge, vu que c’était la question). Intrigué malgré tout, je fis deux pas vers elle, rapprochant et observant à nouveau ses traits avant de tendre un doigt vers elle et de lui toucher la joue.

"Et c’est pas du maquillage…Même les sorcières doivent porter le Charnel ?"

Retournement de situation mon amiiiii. Où est passé ma peur, je ne saurais vous répondre, le fait était que j’étais plus intrigué du pourquoi du comment elle avait obtenu une apparence aussi « humaine » qu’autre chose.

Alexei & Selma

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Non mais pour qui se prenait-il celui-là ? S’il devenait son esclave, elle pourrait faire de lui ce qu’elle souhaitait. C’était exactement ce qu’elle voulait. Avoir quelqu’un sur qui exercer son contrôle. A défaut de pouvoir le faire sur toute une population. Il serait mieux que rien. Et il avait un avantage sur les autres : il était contraint d’agir très exactement comme elle le désirait. Elle aurait pu lui demander de sauter à cloche pieds en mettant une main sur sa tête si elle le désirait. Mais elle ne le ferait pas. Elle espérait seulement que le rituel avait fonctionné, et qu’il fonctionnait toujours étant donné qu’elle ne l’avait encore jamais utilisé. Déjà, commencer par lui faire peur était la tactique idéale. Instaurer son autorité. Sauf que malheureusement cela ne dura pas. Il fallut qu’il reprenne ses esprits et retrouve un relent de courage. Apparemment, il avait bien grandi. La dernière fois qu’elle l’avait vu, elle avait bien cru qu’il allait se liquéfier devant elle. Pas la peine de se poser un million de questions. Quelque chose avait changé, et il venait tout juste de mettre le doigt dessus. Elle n’était plus verte, et sans sa couleur émeraude, elle ressemblait à n’importe quelle jeune femme ordinaire. Ce qui était fort déplaisant.

Elle se sentit donc soudainement profondément offensée. Et en colère, sentiment qui pouvait être perçu dans son regard. Elle eut une moue boudeuse et s’approcha de lui rapidement, comme si elle était sur le point de le pousser en arrière ou même de le poignarder.

« Evidemment que je suis moins verte ! Tout ça c’est à cause de vous, les humains, alors ne fais pas l’innocent ! »

Visiblement son petit discours ne l’avait pas impressionné plus que ça. C’était même le contraire. Car il fit quelque chose qu’elle n’aurait jamais imaginé. Il s’approcha et, sans prévenir, sans la moindre crainte visible, il... il lui toucha la joue ! Il lui toucha la joue ! Elle était si stupéfaite qu’elle ne parvint pas à réagir dans un premier temps. Puis, elle eut un vif mouvement de recul et lui lança un regard encore plus furieux lorsqu’il parla du Charnel.

« Ca ne te regarde pas ! »

La petite sorcière était absolument furieuse. Elle allait lui faire regretter son comportement ! Sur le moment, elle l’aurait volontiers transformé en insecte et écrasé d’un coup de talon sec. Mais elle devait être plus maligne que ça. Et après tout, il pouvait lui être bien utile au fond. Si elle savait s’y prendre, elle pourrait en faire exactement tout ce qu’elle voulait. Elle ne serait plus seulement serveuse dans ce maudit bar qui l’épuisait. Elle fit taire sa colère et sembla se calmer, tout en conservant néanmoins un regard qui se voulait effrayant.

« Je serais toi, je ferais attention. N’oublie pas que verte ou pas, je reste une sorcière. Et surtout, que je peux te faire faire absolument tout ce que je veux... »

Elle conclut ses propos avec un sourire carnassier. S’il croyait qu’il allait remporter la partie, il se fourrait le doigt dans l’oeil !

Selma & Alexei

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Si le regard colérique qu’elle m’avait pas lancé ne m’avait pas calmé, son geste de recule et sa réplique ne le firent pas plus. Sauf que ma curiosité s’était transformée en énervement de ma propre cuvée. Non mais, c’est bon, je ne lui demande pas la couleur de ses sous-vêtements tout de même (quoi que, maintenant que j’y pense ça m’intrigue, les sorcières portent-elle du noir intégral… ? mais je m’égare là) ! Juste si elle devait porter le Charnel ou s’il existait un autre moyen. Ce n’est pas comme si j’allais la dénoncer parce que, vu la chance que je me traine quand je suis à moins de vingt kilomètres d’elle, elle s’en rendrait compte et me maudirait une nouvelle fois, ou me transformerait en ce qu’elle voudrait, avant que je ne puisse faire quoi que ce soit de constructif. Alors pourquoi le prendre comme ça ?! Tout le monde doit cacher qui il est, même moi. Pas pour les même raison et pas de la même façon, mais on a tous à se cacher de Marraine, à moins de vouloir faire partie de sa clique. Je la laissais terminer, sentant ma colère monter doucement mais sûrement, surtout lorsqu’elle fit référence à ma malédiction. Je sentais l’adrénaline de la peur, justifiée, poindre et je fis deux pas de plus vers elle, me retrouvant à moins d’un pas d’elle, faisant bien une demi-tête de plus qu’elle à présent.

"Si ça me regarde ! Si je dois devenir l’esclave d’une petite sorcière, j’aimerais juste avoir une réponse à cette question. De toute façon, je ne peux rien faire contre toi, je ne connais rien aux sorcières et en plus tu peux faire de moi ce que tu veux, comme tu le dis si bien. Alors on se calme un peu aussi."

Ouaiiiiiiis, je ne sais pas si c’était la meilleure chose à faire vu la tête qu’elle faisait et l’emprise qu’elle avait sur moi, mais maudite soit l’adrénaline qui me fait faire des choses bien idiote quand je suis sous son emprise. Le pire dans cette histoire ? C’était une addiction dont je ne pourrais jamais me débarrasser, une autre malédiction qui, pour le coup, n’était de la faute à aucune sorcière. Une qui m’entrainait dans des situations souvent dangereuses pour diverses raisons et parfois complètement inextricables. Comme maintenant, où elle était les deux. Car vu ce que je venais de lui dire et ce dont je me souvenais de la sorcière, je la voyais mal descendre de ses grands chevaux et me faire une fleur en me laissant tranquille pour le moment. Elle allait être furieuse, verte de rage (ahah, je sais, mauvaise blague), et pourtant je campais sur mes positions.

Qui sait ce qu’elle allait me faire ensuite ? Probablement rien en public mais rien ne l’empêchait de m’ordonner de la suivre jusqu’à un endroit privé puis de faire de moi ce qu’elle souhaitait. Pourtant, au fond, elle me terrifiait, peut-être pas autant que Baba Yaga, qui elle me terrorisait depuis que j’étais assez grand pour savoir ce qu’était la peur, mais tout de même. Alors oui, je redoutais bien ce qu’elle allait me faire. C’est probablement ce qui me calma et fit faire deux pas en arrière.

"A défaut, je peux au moins avoir un nom ? Parce que c’est pas que « Petite Sorcière » ne soit pas adorable comme tout, mais je ne suis pas sûr que ça te plaise des masses. Alors juste un nom. Moi c’est Alexei."

Bizarrement, je me doutais qu’elle le savait déjà mais bon, une info contre une info comme on dit.

Alexei & Selma

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Non mais... mais... mais... rêvait-elle où il osait lui répondre ? Pour qui se prenait-il en vérité ? Il était son esclave, il n’était certainement pas là pour protester ou lui donner son avis. Et en plus il osait lui dire de se calmer ! Voilà très exactement le genre de phrases qui avait le don de la mettre hors d’elle. La petite sorcière bouillait littéralement de colère, et il était étonnant qu’on ne voit pas encore de fumée lui sortir par les oreilles. Si vraiment il se montrait aussi agaçant, elle n’allait par réussir à le supporter longtemps. Qu’allait-elle donc lui faire ? Le transformer en ver de terre ? Pour l’écraser ensuite ... Mais immédiatement l’image de sa vie actuelle, en tant que serveuse dans cette misérable taverne pleine de clients miteux lui revint en tête. Il était actuellement la seule personne ou chose sur laquelle elle puisse avoir un semblant de contrôle. Alors, il fallait qu’elle en tire parti, du mieux qu’elle pouvait. Elle n’allait pas laisser ce misérable asticot continuer à la mettre hors d’elle. Donc, elle devait reprendre le contrôle. Elle prit une profonde inspiration afin de se calmer et croisa les bras, un sourire sarcastique rivé sur son petit visage rond.

« Esclave, je t’ordonne de sauter à cloche-pieds. »

Il n’aurait pas le choix. Rirait bien qui rirait le dernier. Puis, elle se mit de nouveau à lui tourner autour. Elle allait lui faire payer son insolence. Oh oui. A présent qu’elle était de nouveau retombée sur lui, elle n’allait plus le lâcher. Qui sait, peut-être qu’il était l’instrument qui lui manquait pour retrouver un semblant de pouvoir, peut-être même reconquérir un nouveau royaume et réduire une autre population en esclavage ! Mais elle ne devait surtout pas s’emballer. Pour le moment, c’était de lui dont elle devait s’occuper, en le matant comme il se devait de manière à ce qu’il comprenne enfin qu’il lui devait obéissance.

« Qu’est-ce que tu imagines ? Que tu peux dire ou faire ce que tu veux ? Tout ça, c’est terminé ! Désormais tu es à moi et tu devras faire exactement tout ce que je te dis ! » Elle conclut en partant de ce rire démoniaque dont elle était particulièrement fière. « Arrête de sauter ! » cria-t-elle soudainement, lassée de le voir ainsi sauter sur place.

Qu’il ne la prenne pas au sérieux était un problème qui allait vite se régler. Il était hors de question qu’il se croit tout permis. Et surtout qu’il continue à l’appeler «Petite sorcière». Bon d’accord, elle était petite, mais elle était aussi dangereuse. Et elle commençait à trouver que ce surnom ne l’avantageait guère. C’était pour cette seule et unique raison qu’elle accepta de donner à cet humain son véritable patronyme.

« Je m’appelle Selma. » Mais immédiatement elle se reprit, afin d’être assurée de reprendre le pouvoir. « Et je me moque bien de savoir ton nom, esclave ! »

Non mais ! Ils n’étaient pas sur un pied d’égalité et il était grand temps qu’il le comprenne. Avoir un esclave était décidément une bonne chose mais... était-ce vraiment suffisant ? Puisqu’elle en avait un... autant en profiter et essayer d’asseoir son ascendant sur d’autre. Elle se plaça juste devant lui, avec un petit sourire innocent.

« Dis-moi... vis-tu seul ou aurais-tu par hasard quelques compagnons qui s’inquiéteraient de ce que tu pourrais devenir ? »

Selma & Alexei

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Moi et ma grande gueule…Un jour je vous jure, je me retrouverais dans une situation dont ma chance et ma débrouillardise naturelle ne sauront me sortir. J’étais en train de me dire que ce jour était arrivé quand je vois le visage de Selma se tordre de rage. Pour un peu, je ferais un mauvais jeu de mots…Elle était verte de rage. Voilà, jeu de mot pourri fait, on peut passer à autre chose ! En parlant de cela, son visage passa de rage à un sourire. Uh-oh, ça n’annonçait rien de bon pour moi tout ça. J’ai eu raison, par ailleurs. Certes, ça aurait pu être pire que sauter à cloche pied, mais tout de même. Je dois avoir l’air particulièrement ridicule à sauter sur place comme ça sur un pied, devant une nana qui, vu comme ça, n’a rien de bien particulier.

Ah non, elle n’allait pas recommencer à tourner ? Je détestais quand les gens faisaient cela. On ne pouvait pas les regarder comme ça et en plus il y a des moments où on n’entendait plus rien de ce qu’ils disaient parce que, forcément, à un moment ils se retrouvent dans votre dos. Bonjour le truc. Son petit discours ne me fit ni chaud ni froid…Pour le moment. Tout ça simplement parce que l’adrénaline courait encore dans mes veines et anesthésiait tout ce qui n’était pas l’envie de fuir très loin, l’instinct de survie qui dirigeait ma vie depuis si longtemps maintenant. Je savais cependant qu’une fois toute cette situation terminée, j’allais mourir de peur, à me terrer dans la forêt pendant quelques jours pour évacuer la peur et l’inévitabilité de ma situation. J’étais devenu l’esclave, bien malgré moi (y en a à qui ça plaisait ce genre de chose mais ce n’est pas mon cas), d’une sorcière noire, et maintenant il fallait que je vive avec ça. Bon courage à moi-même…

Je ne pus exprimer bien longtemps mon soulagement quand je pus – enfin – arrêter de sauter comme un abruti sur un pied. En attendant, je n’ai pas pu en placer une (essayer de parler tout en vous bousillant un genou et une cheville à sauter à cloche-pied) alors qu’elle monologuait presque. Bon sang mais qu’elle se taise et qu’elle me laisse me casser surtout. Ce qui ne semblait pas être le plan pour le moment. J’allais devoir faire attention à mes miches pour le reste de cette rencontre…A commencer par sa nouvelle question. Son petit sourire, lui donnant un air tout innocent, la question qui pourrait presque faire penser qu’elle s’inquiétait de ce que penseraient mes proches…Tout cela est trop simple pour n’être que cela. Je ne sais pas ce qu’elle veut avec cette question, mais tout de suite, la pensée de Perceval, ou pire, Vassilissa aux prises de cette sorcière me vient, et je sais alors ce que je dois faire.

"Personne. J’ai quitté mon cirque, je suis seul dans cette grande ville qu’est Fort Fort Lointain. Pourquoi cette question ? Tu comptes me séquestrer en plus ?"

Mais ouiiii, il fallait que je lui donne des idées en plus…Quand est-ce que je comprendrais que je dois fermer ma bouche un jour ?