| Chapitre 1: Family is not only by blood
"Ladies and gentlemen Be heartlessly welcome! To Cirque De Morgue And what a show we have for you tonight!" |
Il était une fois, dans la contrée de Yasen, un jeune homme qui se nommait Alexei. Il vivait av- *bruit d'un objet contondant frappant sa pauvre victime*Bonjour à tous, Alexei au micro ! Je ne sais même pas pourquoi j'ai laissé ce type prendre la parole pour vous raconter mon histoire en fait..."il était une fois"... Non mais je rêve ! C'est bon pour les histoires qui finissent bien ça, pas pour la mienne. Pas qu'elle se termine spécialement mal, il faudrait déjà qu'elle se termine et je ne compte pas m'arrêter là ! Mais reprenons les choses en bonnes et dues formes.
Je suis Alexei...Et voici mon histoire.
Je suis né dans les terres de Yasen, où le froid règne en continue. Sauf que je ne suis pas né dans une famille riche, ou simplement sédentaire, c'était le moins que l'on puisse dire. Je suis né de parents artistes de cirque. Trapézistes pour être précis. Moi? Oh par Merlin non! J'ai une peur du vide à la limite du phobique. Le trapèze, très peu pour moi. Non, j'étais plutôt un couteau suisse du cirque. Oui "était ", car je n'en fais plus partie maintenant. Mais nous reviendrons à cela plus tard.
Donc je suis né et ai grandi dans une troupe de cirque. Le patron et Mr Loyal, Hibernius, était un homme grand, costaud, mais avec des yeux qui vous épelaient gentillesse et bonté dans toutes les langues ! Parfois un peu trop gentil si vous voulez mon avis, mais ceci est une autre histoire. J'ai grandi au milieu des acrobates, cracheurs de feu, êtres étonnants, bêtes parlantes, clowns (les gentils hein...pas les effrayants), si ma famille de sang se composait de mes parents et de ma petite sœur de 4 ans ma cadette, le reste du Cirque était ma famille aussi. Nous étions une grande famille soudée et unie.
L'avantage majeur à vivre dans un cirque était que l'on voyait du pays ; pas seulement Yasen, d'où j'étais originaire. Des fois, on récupérait une personne ou deux, d'autres fois, on en a qui quittaient le cirque pour s'installer à leur retraite, ça dépendait. La vie n'y était idyllique pour autant, malgré ce que l'on pourrait croire en m'écoutant. C'était une vie que j'ai aimée et qui m'a formée pour la vie que j'ai vécue par la suite, mais elle n'était pas toujours rose. Mais pour comprendre cela, il faut que je vous explique un peu plus comment fonctionnait cette vie.
Dans la troupe, tout le monde aidait. Ceux qui n'avaient pas de talent pour les arts du cirque ou les enfants trop jeunes pour commencer leur entrainement s'occupaient des costumes, aidaient au ménage et à la cuisine, etc. Et quand on atteignait nos six ans, on fait des genres de "stage" avec les différents artistes pour voir ce que l'on aimerait faire (dans le cas des indécis, car certains savaient d'office ce qu'ils voulaient faire; tradition familiale, passion d'enfant...) et on commençait ensuite l'entrainement. Personnellement, j'ai toujours eu la bougeotte. Incapable de rester en place plus de cinq minutes, je suis très vite tombé dans la catégorie "couteau-suisse". Kesako me direz-vous ? C'est comme cela que l'on appelait les personnes qui n'ont pas une discipline précise, mais plusieurs. C'est mon cas : je sais jongler (aussi bien avec des objets inanimés que des torches enflammées), être un clown, de bonnes bases d'acrobatie et je suis cracheur de feu à mes heures perdues. Plus un baratineur de première. Les gens comme moi n'étaient pas toujours dans le spectacle, le plus souvent, on remplaçait quelqu'un quand l'artiste principal était malade ou blessé. Autrement, on faisait la vente de tickets, de sucreries et autres produits dérivés qu'on pouvait avoir sur le moment, on aidait au changement d'accessoires entre deux numéros, on faisait de l'animation durant la journée dans les rues pour attirer les gens à la représentation du soir...
Une vie pas simple, fatigante mais bon sang, ce que je l'ai aimée !
Chapitre 2: Bad Influence Now these towns they all know our names The death punch sound is our claim to fame And that's why they call me Bad Company I can't deny | |
Évidemment, quand on a vécu dans une communauté aussi mouvante que la mienne, on se faisait surtout des amis à l'intérieur du cirque. Moi, j'en avais deux principaux. Vaillant (si, si, je vous jure que c'est son vrai prénom), un apprenti acrobate, et Betsy, apprentie lanceuse de couteau.
Ensemble, on était les trois inséparables, les trois petits démons et puis les trois fauteurs de troubles professionnels du cirque. On a fait les quatre cents coups ensemble...et avec l'aide de Damian. Ah oui, il fallait préciser. Oui, mes parents étaient des gens bien qui avaient fait en sorte de m'élever correctement et Hibernius était la bonté incarnée, mais tous n'étaient pas dans ce cas. Je pourrais vous parler du vieux George, le vieux dresseur d'ours qui a fini par en devenir un (pas au sens littéral, mais on ne s'en serait pas étonné pour autant). Ou je pourrais vous parler de Damian...Lui, maintenant que j'y repense à tête reposée, n'a pas été chassé du cirque pour rien (et pour être honnête, j'ai une part de responsabilité assez importante dans ce fait, mais passons). Il a été une influence néfaste.
Plus vieux que moi de deux ans, il était assuré, charismatique, audacieux. J'ai rêvé de lui ressembler étant adolescent. Avec Betsy, on a commencé à le suivre telle des insectes avec un feu. Vaillant, lui, a eu plus d'instinct que nous et est resté loin de lui; toujours partant pour des farces à tout va, le Vaillant, mais il a senti bien avant nous les problèmes que nous attirerait Damian. Après qu'il ait été chassé, Betsy et moi, nous sommes dits que l'on aurait dû faire pareil. Cependant, la stupidité de la jeunesse faisant et le charisme que Damian émettait nous avaient totalement aveuglés. Nous cherchions l'adrénaline par tous les moyens, accroc à cette sensation de vivre pleinement, illusion complète et enivrante. On faisait de simples farces, d'abord. Puis ça s'était amplifié jusqu'à en arriver au vol. Je dois bien l'avouer: on a fait mieux que nous comme voleur, surtout en ce qui me concernait. On a failli se faire avoir plus souvent que pas, mais au moins on a appris à courir vite. Nos parents respectifs avaient eu vent de nos écarts de conduite et nous avaient mis en garde (en plus de nous punir pendant deux bonnes semaines). Comme les pseudos rebelles que l'on a été, on ne les a pas écoutés. Bien mal nous en a pris. Surtout moi.
Il y avait l'histoire de cette fille toute verte dans la ville où on avait monté le cirque à l'époque. C'était il y a bien 7 ans maintenant. Encore une idée à la bouse de dragon de Damian ça ! Il avait lancé le défi de qui irait voler un truc. Quoi, je ne m'en souviens même plus aujourd'hui, l'avait-on seulement définit ? En tout cas, Betsy avait eu la bonne idée de battre en retraite, de peur des représailles. Car à force de parler de cette fille, on avait découvert qu'elle était une sorcière noire, ou comment vous faire sentir que je m'étais foutu dans un fumier pas possible encore. Je disais donc, Betsy avait refusé et il ne restait que moi ou Damian. Étant donné que j'étais plus débile qu'un troll des montagnes même pas adulte à l'époque (quoi que ça n'ait pas forcément beaucoup changé), j'ai dit oui et je me suis dirigé vers la maison en question. Comme la sorcière ne semblait pas être là, j'ai pris mon temps, observant les différents objets, bibelots et tout ce que vous pouviez imaginer dans une maison de sorcière et plus encore. Je cherchais ma proie, ce que j'allais choisir de subtiliser. Je trouvai quelque chose qui attira mon attention, et je venais de m'en saisir quand ma tentative fut coupée courte en entendant des pas venant de l'étage. Oh oui, j'ai bien tenté de prendre la fuite, pour me retrouver nez à nez avec une porte fermée. Autant pour la fuite. Me tournant lentement, je fis face à la fille en question. Elle semblait à peine plus vieille que moi, ce qui me surprit. Je ne sais trop pourquoi, j'imaginais toutes les sorcières noires comme étant vieilles et moches, aigries et machiavéliques Allez savoir pourquoi. En tout cas celle que j'avais devant moi était une jolie jeune femme, verte, certes, mais on n'allait pas se mentir, elle était mignonne. Mais là n'est pas la question.
"Que faites-vous chez moi ?""Euhm…Ceci mérite réflexion vous ne pensez pas ?" elle a dû voir le petit bibelot que je venais de prendre sur la petite table à présent dans mon dos et ne semblait pas apprécier.
"Vous tentiez de me voler !""Moi ? Vous volez ?! Pfff ! c’est ridicule enfin…" autant pour l’excuse…
"Vous allez voir ce que je fais à ceux qui tentent de me voler !"Sans autre forme de procès, je l'entendis prononcer un truc dans une langue que je ne reconnaissais pas du tout et...rien du tout. Je m'attendais à me retrouver transformer en crapaud, en corbeau, ou tout autre bestiole qu'elle aurait voulue. Ou encore avec des pustules sur tout le corps ou je ne sais quoi encore dont les sorcières noires sont capables. Mais non, rien du tout. Pendant une seconde, j'affichais un sourire suffisant, son sort n'avait pas marché. Pourtant, elle s'approchait de moi d'un pas félin, un grand sourire aux lèvres
"Maintenant beau brun, si j'ai besoin de tes services, je t'appellerai. Où que tu sois, quoi que tu sois en train de faire, tu viendras à moi. Ne penses même pas que la distance y change quoi que ce soit. Tu n'as plus le choix...je t'appelle, tu rappliques, comme un bon petit toutou..." D'un coup, mon sourire s'effaça de mon visage. Elle n'était pas sérieuse là... ?
"Maintenant du balai ! Avant que ce dernier ne te balaie de mon plancher !"Je ne me fis pas prier pour sortir et cette maison et courir loin, loin, essayant de mettre le plus de distance entre moi et la fille verte. En revenant vers mes amis, je leur racontais que j'avais fui parce que la propriétaire des lieux avait failli m'attraper. Je me gardais bien de leur parler du sort etc...Ca ne servirait à rien et Damian se foutrait probablement de ma poire si je le faisais...
Bon, ce que je ne savais pas à l'époque, c'est que les sorcières ont besoin d'un vrai rituel, avec des ingrédients, des gribouillis sur le sol ou les murs, des bougies tout ça. Donc pour moi, j'étais maudit. Maintenant, est-ce qu'elle a vraiment lancé cette malédiction (après que je sois parti) ou pas, je ne le saurais que quand je la reverrais...
Autant dire, aux vues de cette histoire, que Damian a eu une emprise sur nous qui s'est ancrée de plus en plus en nous à chaque coup que l'on réalisait ensemble. Pourtant, si on avait été plus attentif, on aurait pu voir qu'il ne se salissait que rarement les mains, nous laissant prendre les devants et donc les risques. On aurait remarqué, ou plutôt j'aurais remarqué, les regards insistants et malsains qu'il lançait à Betsy. Peut-être que l'on aurait pu éviter tout ce qu'il s'est passé par la suite. Mes 19 printemps (ahah la bonne blague, quand on sait que je suis né en plein hiver, un 8 janvier) étaient passés depuis quelque temps maintenant et j'avais décidé de proposer une sortie dans la ville où le cirque a arrêté son chapiteau à Betsy. Sauf qu'en arrivant près de sa roulotte, j'ai entendu des bruits bizarres, et non messieurs dames, pas de ce genre-là, j'avais beau être encore puceau à l'époque, vivre en communauté vous apprend la vie (et ses bruits divers et variés) comme rien d'autre! Pourtant, il y avait quelque chose d'anormal. Je connaissais suffisamment Betsy pour savoir cela. Alors je n'ai pas réfléchi plus (un défaut qu'on me reproche toujours, d'ailleurs) et j'ai enfoncé la porte de la roulotte, pour trouver Damian qui refusait de relâcher Betsy, même quand elle lui demandait. Ni une, ni deux, je me suis saisi de Damian pour le jeter hors de la roulotte. Je sais que ce que je faisais était stupide et pour plusieurs raisons. Il était plus fort, plus expérimenté en bagarre que moi, mais personne et je dis bien personne, ne fait de mal à Betsy sans en subir les conséquences. A savoir moi-même. Et Vaillant. Ce précieux Vaillant qui est arrivé alors que Damian faisait de moi un beau tableau de bleu, noir, jaune et violet. Je vous ai dit qu'il était plus fort que moi. Mais pas plus que Vaillant, qui l'a choppé par le col et l'a jeté à terre avant de faire pleuvoir des poings sur le visage de l'autre sans merci. Il ne faut pas l'énerver Vaillant.
Résultat des courses : J'ai terminé cloué au lit pendant trois semaines avec des beaux bleus sur le visage et deux côtes fêlées. Pendant toute a convalescence, Betsy est restée auprès de moi. Pendant ce temps, Hibernius mettait à la porte Damian, pour des raisons évidentes à présent. On ne s'attaque pas à l'un du cirque, jamais, c'est la règle d'or...En tout cas avoir Betsy auprès de moi tout ce temps m'a fait plus que plaisir, je peux vous le dire.
| Chapitre 3: Love is a battlefield What hurts the most Was being so close and having so much to say But watching you walk away and never knowing What could have been And seeing you love another man |
Autant dire que ma convalescence fut paradisiaque. Bien qu'ayant Vaillant venir me dire des
"je te l'avais dit" par regard ou de vive voix n'était pas l'idée que je me faisais des mots de bons rétablissement, le gros point positifs fut d'avoir Betsy aussi souvent à mes côtés. Pour le coup, Hibernius a été chic de ne pas inclure son numéro dans les spectacles qui ont suivi. Elle n'aurait de toute façon pas pu les réaliser car, je cite,
"elle me doit une fière chandelle et serait ingrate de ne pas l'aider en retour". Donc oui, très chic le Hibernius. Quoi qu'en rétrospective il aurait peut-être été préférable qu'elle ne soit pas autant à mes côtés. Comment ça il faut que je me décide? Mais je vous...ahem. On se calme et on reprend. Je disais donc que Betsy est restée à mon chevet jusqu'à ce que je puisse à nouveau me lever sans avoir l'impression de me faire arracher les côtes et que ça m'a plu. Fait qui s'expliquait assez facilement. Depuis quelques années déjà, j'avais le béguin pour elle. En même temps, je la connaissais depuis que j'étais haut comme trois pommes, nos deux mères étant les meilleures amies du monde, et je l'ai vu grandir en même temps que moi.
On a grandi, évolué, fait des erreurs et mûri ensemble. Forcément, ça a tissé des liens. Je pourrais mentir et dire que je la considérais comme une seconde sœur, comme ma jumelle spirituelle. Sauf que dans ce cas-là, je serais un mec très dérangé pour imaginer une vie complète avec sa sœur (oui, une vie complète, je ne faisais pas les choses à moitié). Quand la puberté est arrivée, les hormones travaillèrent sans relâche et le sujet de mon attention était Betsy. La puberté lui a rendu de grands services à elle aussi : elle a obtenu des courbes magnifiques, une peau à faire pleurer les bébés de jalousie et puis un goût pour le maquillage qui la poussait à faire ressortir ses yeux verts forêt fort joliment. Elle en a attiré des regards notre Betsy. Sauf qu'elle avait aussi le caractère d'une lionne. Indomptable, impossible à contrôler, fière et diablement joueuse. Je sais que je suis en train de décrire la femme parfaite de plusieurs hommes à cet instant. Pendant de longues années, j'ai cru qu'elle serait ma femme parfaite. Je l'ai aimée de toute mon âme. On se connaissait l'un et l'autre mieux que nous-même et on était toujours là l'un pour l'autre.
Pourquoi je ne lui ai pas dit ? Bon sang si j'avais su, je l'aurais fait. Seulement j'étais timide quand on en venait à parler de sentiments. D'autant plus que je ne voulais pas risquer notre amitié. Et oui, il y avait toujours la possibilité qu'elle ne partage pas mes sentiments et que cela nuise à notre relation pré-existante. Je ne le voulais pas. Vaillant m'incitait à me lancer, m'expliquant que lui avait fait le grand saut et que maintenant, il était heureux avec sa femme, la fille de la couturière du Cirque. Il en a de bonne lui. En bon dompteur de fauves, il avait une assurance certaine, un charisme écrasant et pour ne rien gâcher au tableau: il était taillé comme un dieu grec. Blond et grand, les épaules aussi larges qu'une porte de roulotte et un sourire rassurant. Non, je n'en pince pas pour Vaillant merci bien, il a beaucoup trop en bas et certainement pas assez en haut si vous voyez ce que je veux dire. Enfin bref, revenons à nos moutons.
Il y a deux ans environ, j'avais pris la décision de me déclarer à Betsy. J'avais tout prévu, les fleurs (des amaryllis, ses préférées), une tenue correcte, j'avais même reçu l'aide de Vaillant pour vaincre ma timidité (Comprendre : il m'a pourchassé en me menaçant de me faire monter en haut de l'échelle aux trapézistes si je ne me décidais pas), bref, je me sentais fin prêt à faire le grand pas. Allant à sa roulotte, je toquai et attendis, pour découvrir une Betsy qui semblait aux anges sans raison apparente. Tant mieux, au moins elle était de bonne humeur. On fit un peu la conversation et alors que j'allais tout lui avouer, c'est elle qui me coupa l'herbe sous le pied.
"Tu veux savoir une bonne nouvelle ? George, le dompteur de fauve, s'est ENFIN déclaré. Je le voyais bien qui me tournait autour, et je ne vais pas dire que j'étais totalement innocente envers lui non plus, mais c'est lui l'homme, c'est à lui de faire le premier pas. Tu vois ce que je veux dire ? Enfin bref, ça y est !"Le reste, je ne l'écoutai pas. Je fis comme si, parce que je ne voulais pas blesser Betsy et aussi et surtout parce que mon cerveau semblait complètement déconnecté. La seule chose qui restait sur le moment fut la nouvelle. Pendant toutes ces années, j'ai été tellement absorbé par mes propres sentiments pour elle, par mes propres plans hésitations que je n'avais même pas vu les signes. Ceux qui m'auraient permis de ne pas me faire trop d'illusions et m'éviter de souffrir inutilement (ou bien à me réveiller plus tôt, allez savoir). Les signes qui en arrivaient à ce constat très simple : Elle allait avec un autre homme. J'aurais peut-être dû me rebeller, lui avouer quand même, ne serait-ce que pour qu'elle le sache. Je n'ai pas pu m'y résoudre au final. Elle semblait si heureuse, rayonnante de bonheur que le garçon qu'elle convoitait lui avoue enfin sa flamme. S'il était honnête et sincère ? Je n'en n'avais aucune sorte d'idée et je m'en fichais bien à cet instant. Elle était aux anges. Ça me suffisait. Qui étais-je pour prétendre briser ce bonheur avec mes déclarations ? N'était-ce pas ce que l'on disait :
« Si on aime vraiment quelqu'un, il faut savoir le laisser partir » ?
Alors je l'ai laissée partir. Je n'appréciais pas, pas le moins du monde, mais quel choix avais-je ? Un arbre a subi ma douleur et ma colère ce soir-là. C'est Vaillant qui me retrouva, prostré devant le dit arbre, le visage fermé (là où il fut toujours une fenêtre sur mes émotions) et qui me ramena à ma roulotte où je restais enfermé des jours durant. Seuls ma mère et Vaillant avaient le droit d'entrer. Ma mère prétendit à une infection quelconque, et quand je me sentis mieux, je repris le travail, sans pour autant m'approcher de trop de George ou Betsy. Je m'éloignais peu à peu de la troupe du cirque à cause de cela. C'est cette réalisation qui me mena à ma prochaine décision.
Je devais quitter le Cirque...
Chapitre 4: The Show must go ON! Life's like a road that you travel on When there's one day here and next day gone Sometimes you bend, sometimes you stand Sometimes you turn your back to the wind There's a world outside ev'ry darkened door Where blues won't haunt you anymore Where brave are free and lovers soar | |
Cette décision fut probablement la plus difficile que j'ai jamais eu à faire. Ce cirque, c'était toute ma vie. J'y suis né, j'y ai grandi, j'y ai vécu des aventures merveilleuses, j'ai connu des situations hasardeuses et parfois même à la limite du désespéré ; ma vie se résumait à ce cirque. Je ne me faisais pas de plans pour le futur, vu que je le voyais tout tracé dans cette famille parfois dysfonctionnelle mais si soudée. Cependant, cette vie n'allait pas être quelque chose de vivable si je croisais tous les jours Betsy et son nouveau prince charmant. Si on pouvait appeler le dompteur de fauve ainsi. Je ne supportais pas de les voir si heureux. J'ai essayé pourtant, de me réjouir pour eux, de rire avec le reste de nos amis quand on se faisait des soirées autour du feu avec une bonne bière chacun. Mais rien n'y fit, je n'arrivais pas à supporter de les voir heureux alors que je souffrais. C'était égoïste de ma part, je le savais bien, mais c'était ainsi. Vaillant s'en doutais un peu pour être honnête. C'était probablement pour cela qu'il n'a pas eu l'air surpris quand j'ai annoncé aux autres durant un repas ma décision de quitter le cirque.
On m'avait alors demandé si c'était une décision définitive ou non (car oui, il arrivait que certains quittent le cirque quelques mois, années, pour finalement revenir), ce à quoi je n'avais aucune réponse. Comment le pourrais-je, moi qui n'ai jamais rien imaginé pour mon futur à part peut-être apprendre de nouvelles disciplines de cirque ? Cette décision fut difficile aussi pour cela : j'allais plonger dans l'inconnu. Je n'avais pas de corps de métier qui serait vraiment utile dans n'importe quelle ville...J'allais pourtant tenter. Il m'était plus facile de vivre en me battant pour survivre que de vivre en souffrant chaque jour un peu plus. Une fois que la décision fut prise de me laisser à Fort Fort Lointain (endroit où j'aurais le moins de mal à démarrer une vie en solo), je fis mes adieux durant le voyage qui nous mèneraient là.
Pendant les premiers mois, j'envoyais des lettres toutes les semaines. A ma mère, à Vaillant, à Betsy. Puis, ayant de plus en plus d'informations sur le développement de la relation de cette dernière avec George, mes lettres envers elles se firent plus éloignées, pour finalement, arrêter complètement. Tout comme celles aux autres quelques semaines plus tard. Ça faisait six mois que j'étais là et j'avais déjà perdu les quelques liens qui me reliaient avec ma famille. Je ne perdais pas le nord cependant : trouver un travail.
Quand je ne passais pas mes journées à courir les différents commerces/établissements/entreprises qui recruteraient, je faisais des tours de rues, tel le saltimbanque que je suis, afin de gagner de quoi manger. Sauf qu'il semblerait que garder un emploi stable ne fait pas partie des choses dont je sois capable. Il le faudrait bien cependant. Surtout depuis que l'autre bleutée a pris le pouvoir des mains de Shrek et Fiona. Alors elle, je ne pouvais pas l'encadrer, je ne peux toujours pas d'ailleurs. Pour qui elle se prenait à vouloir rendre tout le monde humain ?! Pour avoir travaillé avec des créatures pas forcément humaines, voire même des bêtes parlantes, durant toute ma vie, je ne pouvais pas trouver loi plus stupide ! Mes réactions diverses et variées au régime en place m'ont valu plus d'une course poursuite avec les forces de l'ordre, ainsi que de perdre un ou deux emplois, mais je ne changerais pas. Ni d'avis, ni de caractère ! J'ai juste appris à fermer ma bouche à des moments stratégiques. Voilà tout. Sinon dès que je peux mettre un grain de sable dans l'engrenage de notre « si sympathique » régente, je le fais. A force, ça devrait bien avoir quelque sorte de répercussions négative pour la bleutée, non ? Je sais, c'est beau de rêver...
En tout cas, voilà ma vie à présent. S.E.F (ou Sans Emploi Fixe), contre la régente et avec une attitude à me faire regretter d'ouvrir la bouche des fois ! Bienvenu dans mon monde Messieurs, Dames !