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FORT FORT LOINTAIN A FERME SES PORTES.
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sometimes, revenge is justice.


FORT FORT LOINTAIN

Barthélemy Lacoulée
A L'EAU, A L'HUILE

Barthélemy Lacoulée

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⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : aneurin barnard
⊱ crédits : Insuline, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 19/10/2014
⊱ manuscrits : 361

⊱ tes licornes : shéhérazade la mytho, marie la catin, cúchulainn le sauvage
⊱ schillings : 640

⊱ ton conte : le joueur de flûte d'hamelin
⊱ ta race : humain
⊱ métier : flûtiste à la cour de marraine, assassin personnel du tsar de yasen au passage, mais ça a jamais été génial sur les cv.
⊱ tes armes : une flûte enchantée et un sourire ravageur. poucet tous les troisièmes mercredi du mois quand charmant porte des chaussettes roses.
⊱ allégeance : si elle servait à quelque chose de bien, ça se saurait, mais on n'y peut pas grand chose.

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sometimes, revenge is justice. EmptyDim 19 Oct - 17:03







Barthélemy Lacoulée
J'ose te le dire, j'veux pas qu'mon monde brûle; Voilà pourquoi le soir sous la lune avec les loups je hurle.

CONTE : Le joueur de flûte de Hamelin, l'enflûre qui a mené les gamins à leur perte. Paraît que c'était mérité. ÂGE : vingt-neuf ans, bien qu'il ait arrêté de voir le temps passé depuis un moment. SENTIMENTALEMENT : veuf. sa femme est morte d'une crise cardiaque, deux ans après la naissance de leur fils. OCCUPATION : joueur de flûte, c'est évident. Il va dans les rues, les lèvres sur l'instrument, les doigts qui s'agitent bien vite. parfois on jette des schilings en l'écoutant, parfois il force la fortune d'un air enjoué. RACE : un peu trop humain à son goût - c'est tout ce qu'il n'aime pas. CARACTÈRE : déterminé, ambitieux, agile, calme, généreux, aimant, reconnaissant, fier, fidèle, loyal, respectueux. (-) impulsif, rancunier, cynique, mauvais perdant, excessif, têtu, prêt à tout. GROUPE : i'm a believer. AVATAR : aneurin barnard CRÉDITS : eden memories.
Barthélemy a une anémie, causée par une destruction trop rapides des globules rouges dans son sang. c'est de là que lui viennent la pâleur de sa peau, les cernes trop noires et creusées sous ses yeux; c'est aussi la cause de ses évanouissements. Sa première flûte, il l'a achetée peu cher dans un marché de noël, à Yasen, quand il était petit. Il y a une dizaine d'années, il a réuni les économies d'une vie pour investir dans la flûte qu'il a aujourd'hui, et qui lui permet d'ensorceler en quelque sorte ceux qui l'écoutent, selon le morceau joué, un peu à la manière d'un charmeur de serpents. Une cicatrice s'étend de son épaule droite jusqu'à son poignet, c'est la plus grosse marque qu'il lui reste de son passage aux prisons de Fort Fort Lointain.   Petit, Barthélemy a apprit la base du domptage d'aigles. Il garde un gant chez lui, des fois que l'envie lui reprendrait et qu'il deviennent propriétaire d'un de ces volatiles. une petite anecdote sur ton personnage ou une petite info, même inutile ou une petite manie, un tic bref, un truc qui le différencie des autres ! ehwai, être unique c'pas facile (a)
TU PENSES QUOI DE LA NOUVELLE RÉGENTE ? Barthélemy a d'autres choses auxquelles penser que la présence d'une nouvelle reine; cependant, cette nouvelle dirigeante pourrait bien l'arranger, ses services pouvant être facilement serviables à toute personne de son rang, surtout quand on voit le nombre d'ennemis que la dame a dans le peuple. T'ES CONTENT DE LA SITUATION ACTUELLE ? Sans parler d'être content, il se pourrait que cette situation offre son lot de bonnes choses. Quitte à se répéter, le flûtiste n'hésite pas à faire connaître ses dons, les laissant au plus offrant - l'argent il n'en veut pas, juste des moyens de récupérer son enfant. TU PENSES QUE SHREK ET FIONA REVIENDRONT UN JOUR ? Qui sait ? Pourquoi pas ? Ce royaume était le leur, après tout, rien ne les empêcherait de revenir. Ce qui reste à savoir, c'est si ils reviendraient pour reprendre leur pouvoir ou perdre leur tête. TU PORTES LE CHARNEL N°5 ? Aucun besoin.
PSEUDO : écrire ici. PRÉNOM : chloé ÂGE : dix-huit ans COMMENT T'ES ARRIVÉ(E) JUSQU'ICI ? charmant nous a appelé de a voix mélodieuse, et puis sur le dos de potté, on a suivi les cailloux de poucet. ET T'EN PENSES QUOI DE CE PETIT MARAIS ? il est clafoutant. CEY QUOUA LE MOT MAGIQUE ? c'toi l'vendeur de pommes mexicains, file-oim un clafoutis. UN DERNIER PROUT, UNE CASSEDEDI ? rpz les noyés de fort fort lointain.

⊱ far far away ⊰

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FORT FORT LOINTAIN

Barthélemy Lacoulée
A L'EAU, A L'HUILE

Barthélemy Lacoulée

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⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : aneurin barnard
⊱ crédits : Insuline, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 19/10/2014
⊱ manuscrits : 361

⊱ tes licornes : shéhérazade la mytho, marie la catin, cúchulainn le sauvage
⊱ schillings : 640

⊱ ton conte : le joueur de flûte d'hamelin
⊱ ta race : humain
⊱ métier : flûtiste à la cour de marraine, assassin personnel du tsar de yasen au passage, mais ça a jamais été génial sur les cv.
⊱ tes armes : une flûte enchantée et un sourire ravageur. poucet tous les troisièmes mercredi du mois quand charmant porte des chaussettes roses.
⊱ allégeance : si elle servait à quelque chose de bien, ça se saurait, mais on n'y peut pas grand chose.

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sometimes, revenge is justice. EmptyDim 19 Oct - 17:04







L'épopée de ta vie
"The world breaks everyone and afterwards many are strong at the broken places. But those that will not break it kills. It kills the very good and the very gentle and the very brave impartially. If you are none of these you can be sure it will kill you too but there will be no special hurry.”

 


Le plus beau des poèmes, c'était dans les yeux de Luba qu'il était. Elle avait nue symphonie qui hurlait dans le regard, des violons en folie et des pianos en détresse. Elle avait un truc un peu brisé dans les iris, ce truc qui la rendait vulnérable, ce truc qui la rendait précieuse. Luba, elle avait toute la solitude du monde dans les pupilles, et pourtant elles continuaient à briller, même en plein jour. Elle avait une malice comme on en fait plus, elle avait une faiblesse qui transperce quand on la regarde, un truc qui la rendait nostalgique. Luba c'était un pot pourri d'émotions, un qui sentait bon les fleurs, les iris et les roses rouges, les violettes et les hortensias, la bruyère et les chrysanthèmes. Luba elle sentait la vie, Luba c'était plus qu'une vie, Luba c'était un univers de sensations, Luba c'était toutes les émotions du monde dans un grand bol de lait froid. Elle avait des lèvres salées comme la mer et des joues chaudes comme un brasier, elle avait les cheveux en bordel comme dans une tempête, et elle était toujours là comme si elle pouvait plus décoller ses pieds du sol. Luba c'était la plus jolie des fleurs, elle en avait tout un jardin pour la royauté de Yasen, et pourtant la plus belle de toutes n'était pas à vendre. Elle poussait plus belle chaque jour, s'épanouissait un peu plus à chaque minute qui passait. Luba était mère et amoureuse, depuis peu.
Malheureusement, pour chaque fleur comme pour Luba vient un jour l'hiver, les premières glaces et une pause visuelle dans le temps. Les plantes ont la réputation d'être résistantes à Yasen, mais celles des Lacoulée n'ont jamais rien connu d'autre que les serres intérieures, et du monde extérieur elles n'en connaissaient pas plus que le soleil à travers les carreaux. Ces fleurs-là, elles étaient peut-être fascinées par le grand monde, par les vastes étendues recouverte d'un manteau blanc. C'est peut-être pour ça, qu'elles poussaient si bien et étaient les plus belles. C'est peut-être pour ça, pour espérer briser une vitre et s'en aller, passer une feuille et une épine, un peu de tige et deux-trois pétales dans le froid. L'extérieur, ça fait mal, ça griffe la peau et ça fait pleurer les yeux, ça balance des vents dans les cheveux et des rivières au visage, l'extérieur ça attaque directement, l'extérieur ça passe pas par quatre chemins, la nature c'est dangereux quand c'est pas maîtrisé.
La nature, elle te bouffe le cœur parce que c'est meilleur.
Barthélemy a passé des nuits entières à gratter le papier de sa plus belle plume. Elle était blanche, du même blanc que sa fleur à lui. Un blanc pur et délicat, un blanc noble, un blanc qui valait plus que toutes les autres couleurs réunies. Un blanc dansant sur les grains de papier, des nuits et des nuits durant. Il en avait les cernes plus creusées que d'habitude, le teint plus livide encore et ses cheveux se séchaient jamais de la dernière pluie ; Barthélemy se laissait pourrir comme une vieille toile dans le fond d'une exposition, celle dont les couleurs deviennent fades et la peinture dégouline, celle pas tout à fit finie mais qu'il valait mieux exposer moche que pas du tout. Il écrivait, trop vide pour pleurer ou même pour en rire, pas assez vivant pour manger et dormir et parler et pas encore mort pour s'arrêter. Il accumulait les pages, les rangeait dans des piles, les reprenait et les gribouillait, en reprenait certains passages; il écrivait des morceaux comme si c'était des lettres, des symphonies cassées comme son cœur, des symphonies pas finies comme sa fleur. Il n'arrivait jamais à retranscrire la beauté et l'éclat de chacun de ses pétales, il n'arrivait pas à y faire glisser une rosée hivernale. Il n'arrivait pas à laisser les notes se faire ensevelir sous la neige comme elle s'était laissé faire, sa rose éternelle. Barthélemy s'accrochait aux aiguilles meurtrières d'une horloge qui refusait de le laisser tomber, mais il sentait ses bras se détacher du reste de son corps petit à petit, prêt à abandonner, prêt à finir vingt mètres plus bas et à écouter chacun des os de son dos se briser sur un caillou, prêt à sentir ses poumons se remplir et chaque cellule de sa peau se consumer. Et au final, rien. Rien d'autre que le dernier pétale d'une rose qui s'envole, rien d'autre qu'une note ratée, un morceau pas fini, un gosse qui comprend pas et pleure trop, un enfadulte qui sait même plus comment pleurer, qui se vide un peu plus de la vie à chaque grain de sable qui traverse le sablier.


Barthélemy avait entendu dire un jour par son père que s'il peut suffire d'un jour pour trouver son âme-sœur, il faudrait bien plus d'une éternité pour oublier son existence, et flûtiste n'avait jamais aussi bien comprit cette phrase que maintenant. Il passait tous les jours au cimetière de Yasen, pays d'origine de sa belle, et y déposait quelques fleurs, leur fils dans les bras. Il était petit encore, leur Evige, ça n'était qu'un bébé qui ne pouvait pas comprendre que tout ce qu'il aurait de sa mère était maintenant une pierre aussi froide que la glace de ce pays. Barthélemy l'aimait assez fort pour compenser, mais même le plus aimant des pères ne remplacera pas une mère. Il tentait de chanter ses chansons et raconter ses histoires comme elle, mais sa femme était sans aucun doute meilleure à cet exercice que lui ; il était clair qu'elle ne l'avait choisi ni pour ses qualités d'orateur, ni pour la justesse de ses chants. Capitulant au bout de quelques minutes devant les cris incessants de leur enfant, Barthélemy sortit sa flûte de son étui avec sa délicatesse habituelle, et la porta à sa flûte. Il n'avait jamais joué l'air qu'il avait composé pour la plus grande perte de sa vie à quiconque, et ne le rejoua plus jamais devant quelqu'un depuis.
Le gamin s'endormait bien vite, bercé par la présence maternelle de sa musique, et Barthélemy ne pouvait s'empêcher de penser que s'il avait été l'heureux malin à partager la vie de Luba, c'est qu'elle avait su voir qu'il serait capable de la garder en vie, par quelconque moyen, même si ça n'était qu'un enchaînement de quelques notes. Devant les yeux bien clos de son petit, il n'arrivait pourtant pas à se sortir mille questions du crâne. Me pardonneras-tu, Evige, la perte de ta mère ? M'en voudras-tu pour moins qu'une vie d'être là à sa place, de n'avoir su rien faire pour empêcher la tragédie de ta vie alors même que tu n'en avais pas conscience ? Un soupir lui échappa. Me pardonneras-tu jamais si je ne suis pas à la hauteur de ce travail ? La main du père caressait doucement les boucles naissantes de son fils. Il avait le sourire de sa mère jusque dans son sommeil, la tranquillité et le calme des paysages enneigés qui allaient si bien à son amour envolé.
Barthélemy tournait les talons après un baiser sur le front de la seule famille qu'il lui restait, et s'en allait ranger son instrument. Il ferma la porte derrière lui aussi silencieusement que possible, mais il semblait bien être le seul à se préoccuper du sommeil léger de son fils. La porte d'entrée de leur maison s'ouvrait avec fracas devant lui, et la peur lui montait à la tête de ne pas pouvoir protéger la chair de sa chair. À sa surprise, aucun voleur ne venait piller sa maison et aucun assassin le tuer – ce soir-là, seul son cœur s'arrêta de battre en se brisant contre un carrelage froid. Des mains l’agrippèrent pas les épaules, le clouant contre le mur puis au sol. Il en comptait quatre, dont un sur lui et un second à côté pour l'empêcher de bouger. Le flûtiste pouvait entendre chacune des portes de la maison s'ouvrir sans se fermer, jusqu'à ce qu'un des intrus ouvre un bal de parole – Il est là ! Les bras frêles de Barthélemy se battaient de leur mieux sous ceux qui se croyaient au-dessus de tout, sans succès, jusqu'à ce qu'un poing s'écrase dans sa tempe et qu'il décide que ne pas bouger lui serait bénéfique. Le sang lui faisait mal dans les veines comme si chacun des vaisseaux de son corps tentait de filtrer du verre, et son palpitant s'activait bien trop vite, à en déchirer sa peau une dernière fois et en faire trembler la bâtisse. Il paniquait jusqu'à ses pensées, ne pouvant se contrôler et s'ordonner de faire autrement. S'il avait eu sa flûte dans les mains, les choses se seraient passées autrement - Luba, ton souvenir me pardonnera-t-il cette erreur-là ?
Entre deux clignements d'yeux nerveux, Barthélemy aperçut son Evige dans les bras d'un autre, avant qu'un poing ne s'écrase à nouveau dans sa figure, étouffant un cri qui n'arrachait même pas un regard à son fils. Il avait pu capter quelques voix, toutes connues – son beau-frère était parmi eux, son beau-frère et ses gras bras qui tenaient sa chair comme si l'enfant lui appartenait.
Barthélemy pleura des jours durant, de son réveil jusqu'à chacune de ses visites à sa belle-famille, jusqu'à chacune des lettres qu'il envoyait à leur grande maison à St Pet-au-Bourg. Il criait et implorait en face de l'immense porte, mais ce qu'il avait eu de plus convainquant était des insultes et la certitude qu'il ne reverrait jamais la chose la plus précieuse que sa femme lui avait confiée. Evige mon enfant, seras-tu celui qui les appellera ta famille ? Seras-tu élevé comme un des leurs à ignorer mon existence – peut-être celle de ta mère ? – ou comme un orphelin dans la haine de son père ?
Ses doigts prenaient une teinte rouge puis bleutée à force de rester dans le froid devant cette maison, à force de se torturer à les entendre appeler son amour Mon fils et Mon petit. Il avait tenté d'entrer par les fenêtres, s'était même risqué à grimper sur le toit, mais tous avaient toujours deux tours d'avance sur lui. Même la justice ne l'aiderait pas – qui était-il, lui, pour défier une famille noble de Yasen comme celle-ci, quand personne d'autre que lui-même ne connaissait son nom ? En dernier recours, Barthélemy écrivit une énième lettre qu'il fit envoyer à la même adresse, et s'assura d'entendre les rires associés à la lecture s'échapper de leur salon luxueux. S'ils ne voulaient pas lui rendre son enfant, il prendrait alors chacun des siens. Les sourcils du flûtiste se fronçaient de plus en plus naturellement, alors qu'à genoux dans le fond d'une église, il ne pouvait s'empêcher de demander pardon.
Mon père pardonnez-moi – Luba, ma douce, sache me comprendre.


Une légende que son père racontait à Barthélemy quand il était enfant disait que quelque part au fin fond de la terre, là où se rencontrent tous les mondes, est cachée une liste – la plus dangereuse de toutes. Celle-ci serait un livre d'une centaine de pages, recensant une par une toutes les causes de la folie des hommes, de la plus infime à la plus dévastatrice. Au fil des pages qu'il ne voyait que les yeux clos, Barthélemy imaginait en lettres dorées, tracées à la plume, des mots dont il n'était pas sûr de comprendre tout le sens. Parmi eux, la peine,
le désespoir,
la vengeance.
La plupart des mots contenus dans ce livre étaient, selon la légende, parmi les pires jamais inventés. Enfant, il lui arrivait de se demander, si personne n'avait inventé ces mots-là, si personne n'avait jamais écrit ce livre, qu'adviendrait-il des Hommes ? Trouveraient-ils la folie dans l'affection et l'admiration, inventeraient-ils de nouveaux mots pour de nouveaux maux, ou seraient-ils voués au Bien dans sa forme la plus générale ? Les yeux clos dans son lit, le cerveau de Barthélemy n'était pas plus actif ni développé que les autres de son âge, mais on lui parlait plus souvent à l'école de mauvaises notes ou de camping en forêt que de vie, de mort et de folie – ce qui, pour lui, revenait au même.
En avançant de quelques pages de plus dans le livre des légendes, on pouvait tomber sur l'avarice,
l'abandon,
la mort,
l'Amour.
Il se demandait pourquoi ce mot-là était un des seuls à avoir une majuscule. Barthélemy savait ce que c'était, l'amour – il aimait sa mère et son père, son frère qui n'habitait déjà plus à la maison et même le chien qu'on lui avait offert à ses sept ans. Barthélemy aimait la musique et plus que tout jouer de la flûte, Barthélemy aimait les cours d'Histoire mais pas ceux de Mathématiques. Barthélemy en aimait des choses, probablement autant qu'il en détestait, mais il ne comprenait pas ce que l'Amour pouvait avoir de suffisamment puissant pour justifier cette mise en valeur. Dans sa tête à lui, on naissait et on ne choisissait pas d'aimer ou de ne pas aimer, ça arrivait ou n'arrivait pas mais il n'avait aucun droit de décision – alors pourquoi accorder autant d'importance à ce qu'on ne choisit pas ? L'Amour, ce devait être comme le soleil ou la lune, c'était là et ça partait, ça revenait et ça se barrait encore, mais il ne voyait pas de majuscules aux Astres, dans aucun livre.
L'Amour, c'était abstrait, l'Amour c'était un grand rien fait de tout, c'est compliqué à comprendre pour un gamin de son âge. C'est difficile d'assimiler que toute ta vie peut n'être qu'un mur qu'on balaie, juste parce qu'une seconde – c'est rien, une seconde – parce que pour une seconde, ça a merdé.
Mais il a plus sept ans, Barthélemy. Il a passé des soirées à se faire vomir parce qu'il pouvait rien avaler mais qu'il donnait l'exemple à son gosse, il a passé des nuits à sentir ses cernes se crever parce que le vide dans les draps lui faisait peur. C'était effrayant comme sensation, de ne plus avoir Luba. De savoir qu'à chaque fois qu'il repensait à elle et à leurs moments ensemble, il devait y repenser au point de s'y revoir, de s'y sentir à nouveau, parce que dans quelques années sinon il n'aura plus que des traits à moitié effacés pour le hanter. Bientôt – il le savait et l'acceptait difficilement – la voix de sa belle s'en irait dans la neige sans qu'il puisse s'en retrouver. Ce qu'elle lui a dit, il n'en aura pour tout souvenirs que des bribes. Ce qu'il a ressenti, ça ne sera plus qu'une mémoire bien cachée. Chaque réveil, chaque sommeil, tout ce qu'ils ont vécu – du simple regard à l'éclat de rire et à l'échange des alliances – bientôt, Barthélemy l'aura peut-être oublié. Tous ces moments, quels qu'ils soient, il ne les retrouvera plus jamais, et ça fait mal, ça serre le cœur jusqu'à ce qu'il croit qu'il peut plus respirer, puis il comprend que s'il ne peut plus, c'est que c'est lui qui le veut.
Barthélemy n'a plus sept ans et Barthélemy sait ce que c'est d'aimer et d'être aimé, il s'en souvient en tout cas. Barthélemy a connu le cœur qui bat trop vite et trop fort et le souffle qui se coupe quand les regards se croisent, les brûlures sur la peau au moindre contact physique, les pensées embuées à chaque mot prononcé. Après sa femme, Barthélemy a connu l'amour de son fils.
C'est un tout autre type d'amour, ça lui soulève pas le cœur comme pour sa femme, mais ça occupe toutes ses pensées. Barthélemy ne se pense pas mauvais père, il serait plutôt du genre à se saigner pour son enfant. S'il ne doit pas manger du mois pour que son fils ait de quoi, il n'hésitera pas une seconde. Un enfant, c'est une fierté – pas comme un trophée, plutôt comme une continuité de soi. Il savait que dans quelques années, quand Evige lui ferait des caprices pour aller se promener, pour qu'il vienne faire la course avec lui ou jouer au ballon, Barthélemy savait qu'il ne pourrait jamais résister. Il s'était promit de lui faire voir tout Yasen, puis de l'amener à Fort Fort Lointain, Saay et Afshin, sur un air de flûte. Evige, c'était sa mélodie préférée, son morceau le plus harmonieux – c'est toujours plus joli quand c'est fait à quatre mains. Il s'y voyait, dans les champs entre Fort Fort Lointain et leur pays, à courir avec son gosse. Il les entendait déjà, les rires cristallins qui s'échappaient de ce petit être-là.
Maintenant, quand il était chanceux, Barthélemy apercevait sa silhouette tout au plus, courir la main tendue dans le vide et dans un silence absolu. Ça fait peur le silence, ça le fait trembler de haut en bas. Le silence ça parle tellement plus que le bruit, le silence c'est tout ce que même les cris n'osent pas dire. Un enfant enlevé, ça laisse toujours du silence, beaucoup trop de silence. Et si Barthélemy ne pouvait blâmer personne d'autre que Mère Nature pour la mort de sa femme, il savait qui accuser pour venger son enfant. Il serait déjà bien heureux de savoir s'il pouvait encore l'appeler ainsi. Il aurait du leur demander, au lieu de gueuler – cet enfant qui ne connaîtra ni son visage ni son nom et n'en gardera aucune trace sur les papiers, devait-il l'appeler fils ou inconnu ?

Barthélemy n'avait plus d'encre ni de papier tant il avait écrit de lettres à ceux qui lui causaient des cauchemars, tant il avait écrit des mots pour sa chair, il n'avait même plus d'âme de les entendre rire en les lisant, tous réunis dans le salon familial qui lui était interdit, comme si la réception du courrier était une fête nationale. Barthélemy ne voulait pas se laisser mourir – ç'aurait été un acte de bravoure bien trop grand – mais il ne pouvait pas laisser passer cet acte pour rien. Il n'aurait rien dit si on lui avait piqué ses fringues et jusqu'à sa flûte, mais son enfant était bien trop précieux pour lui comme pour le souvenir de son épouse pour que rien ne soit fait en son nom.
Barthélemy se leva de bon matin. Un mercredi. Il savait que tous les enfants de sa belle-famille allaient à la même école, au cœur-même de St Pet-au-Bourg. Chacune des familles les plus nobles de la région distinguait ses enfants des autres grâce à une fleur, à la poche de leur veste pour les garçons et dans les cheveux pour les filles. L'iris, c'était la leur, bientôt celle de son fils qui devenait leur. Barthélemy avait enfilé un haut blanc, brodé, avait prit le temps de se peigner aussi convenablement qu'il le pouvait, et avait même repassé son pantalon. Ses bottes étaient cirées plus que d'habitude, et il avait passé la nuit dernière à nettoyer sa flûte – elle brillait autant qu'un des joyaux de la reine. Mercredi, jour des enfants. Barthélemy avait fait sa route jusqu'à un coin peu fréquenté, à la périphérie de St Pet-au-Bourg, mais par lequel les enfants étaient forcés de passer pour aller de chez eux à l'école. Il les attendit fermement. Barthélemy avait l'air d'un grand homme, apprêté de la sorte. Comprenez bien que si la première impression n'est pas bonne, alors il faut marquer le coup sur la dernière.
Les rires et les chants matinaux des enfants étaient encore dans le tournant quand il s'habilla de son plus beau sourire. Sa femme le disait charmeur et son psy inquiétant, mais c'était le seul qui lui venait à la pensée des bambins de cette maudite famille. L'une d'entre eux en passant, la plus vieille probablement – d'une douzaine d'années – lâcha un Merdaille, il a prit son tutu pour une violette celui-là ? Les rires de sa fratrie comme sa remarque ne plaisaient pas outre-mesure au flûtiste, qui devait se retenir à s'en mordre la lèvre de faire un croche-pattes au petit dernier qui peinait à tenir debout. Au lieu de ça, il les suivit pas à pas, sifflotant gaiement au rythme de leurs chants. Barthélemy attendit que les enfants passent près d'un lac, souvent gelé en hiver – mais heureusement pour lui, il avait su être patient jusqu'à printemps. Les pauvres gosses, trop habitués à prendre ce chemin, ne s'attardaient plus – même pas les plus jeunes – à contempler le paysage, à admirer les reflets du soleil et des nuages sur l'eau, l'ondulation des légères vagues en présence de brise. Le flûtiste s'apprêtait à les dépasser pour les arrêter, mais un des gamins pointa son doigt vers sa grande poche. C'est quoi, ça ?
Un sourire fendant sa face, Barthélemy prit plaisir à sortir sa flûte, alors que le gamin aux questions s'arrêtait. Il fit sortir les premières notes, joyeuses, et les sourires s'étiraient en face jusqu'à ce qu'ils n'en soient plus conscients. Il avait un morceau pour chaque type d'action qu'il voulait faire faire à ses victimes, et s'il n'en avait pas alors il en inventait. Il n'avait encore trouvé aucun nom à celui dont l'écho rebondissait de tronc en tronc, mais il était sûr que l'un d'entre eux l'inspirerait.
En général, Barthélemy n'a pas besoin de jouer bien longtemps pour arriver à ses fins. Les enfants sont les proies les plus faciles – les adultes sont trop bornés et les animaux trop sauvages. S'il finissait son morceau cette fois, ça n'était que par pur plaisir. Pour la joie de la chanson, pour l'amour de la musique. Mercredi, jour des enfants. Barthélemy avançait à reculons pour mieux les voir prendre sa suite en sautillant.
Qu'ils sont beaux, vos enfants, belle-maman.
Qu'ils sont joyeux, vos enfants, beau-papa.

Qu'ils sont cons, vos gosses.
Il semblait à Barthélemy que son histoire avait été décidée en avance – la mort et l'enlèvement, c'était inévitable, peu importe le nom de sa femme et de son enfant – sinon pourquoi aurait-il eu l'arme parfaite ? Ça pouvait sembler dérisoire pour certains et totalement fou pour d'autres, mais Barthélemy aurait aujourd'hui sa vengeance, et aucun sang sur les mains. Lui-même avait envie d'en sautiller. Si ces monstres voulaient jouer, alors il serait pire qu'eux. Kidnapper un enfant est un acte horrible, le tuer est le pire – ce matin, le flûtiste en faisait une fournée. Son acte pouvait être lâche et cruel, ces pauvres gosses n'avaient rien demandé à personne et ne savaient peut-être rien de l'histoire de ce pauvre flûtiste et de son enfant. C'est fou, comme on peut juste être au mauvais endroit au mauvais moment. Pas d'bol, comme ils disent. Mercredi, jour des enfants. Leurs pas les rapprochaient gaiement de l'étendue d'eau, et le morceau de Barthélemy s'aggravait doucement. Il n'était pas en train d'exploser, pour tout dire il avait plutôt l'air calme. Changez le décor et il passerait bien pour un vulgaire artiste de rue qui fait danser les gamins. Ses yeux se seraient fermés en tant normal mais Oh ! Dieu, il n'aurait loupé ce spectacle pour rien au monde.
Le sang dans ses veines s'agitait plus que de raison, mais il l'avait perdue depuis longtemps. Ses doigts s'activaient plus vite sur sa flûte. Il voulait en finir le plus possible, mais cette sensation de pouvoir était si délectable qu'il aurait pu y passer sa vie ou en mourir. Il se serait craché dessus, s'il lui restait un peu de dignité, mais Barthélemy n'était qu'un homme, et ses camarades se donnaient tant de mal pour pourrir leur espèce, qui était-il pour redorer le nom des Hommes ?
Le premier pied entrait dans l'eau gelée et il aurait voulu en sauter de joie tellement c'était palpitant – jamais de sa vie il n'avait vu un spectacle aussi divertissant, il devrait penser à faire une tournée pour les parents ingrats qui ne veulent plus de leurs enfants. Il voyait l'eau leur monter au genou puis à la taille, et Barthélemy s'arrêtait quand les plus petits en avaient jusqu'à la poitrine. Il passait ses mains dans son dos, faisant les cent pas devant le lac, en faisant attention à ne pas en toucher une goutte. Les enfants, j'aimerais que vous sachiez une chose, avant... Il se raclait la gorge, un sale sourire aux lèvres. Votre vie n'aura pas été longue, certes, mais souvenez vous – si vous pouvez encore vous souvenir de quelque chose – que vous n'aurez pas été vains. En fait, vous m'aurez été plutôt utile, à moi, et c'est bien ça, vous voyez les enfants ? Aucun d'eux n'était suffisamment sorti de ses notes de flûte pour se rendre compte de ce qu'il leur disait et de ce qu'il se passait. Ils sentaient probablement qu'ils étaient gelés, mais rien de plus dont ils pourraient être conscients. Je suis fier de vous, vous savez ? Je pourrais presque venir vous embrasser chacun à votre tour. Il secoua la tête comme s'il venait de lancer une bonne blague, et ramena à nouveau son instrument de musique à sa bouche. Il aurait pu continuer son discours longtemps – en réalité, l'idée lui avait effleuré l'esprit de les laisser reprendre conscience et regarder les plus jeunes se noyer, avant d'aider d'un nouveau morceau les plus coriaces, mais tout ce jeu était déjà bien long, il ne voulait pas gâcher le moment.
Comme un dernier au revoir, Barthélemy entama un nouveau morceau. Moins joyeux et plus adapté à la situation. C'était tout de même un enterrement, une cérémonie officielle, et il avait été jusqu'à se préparer pendant plus d'une heure pour faire bonne impression, il ne fallait pas tout gâcher. Son cœur s'envolait de plus en plus haut jusqu'à ce qu'il croit l'entendre se heurter contre une autre planète. Chaque notre était plus délicate que la dernière, bien que plus crevante. Barthélemy prenait un plaisir plus grand qu'il n'en avait jamais eu à commettre l’infamie, mais il se disait qu'il le valait bien. Bien qu'ensorcelés, il entendait déjà les premiers cris sortir des petites gorges des fillettes et des garçons, un orchestre de dix à l'unisson. Ça poussait des Ah ! et des Oh ! et Dieu que leur voit sonnait mal sur un morceau de cette qualité. Le flûtiste se délectait de chacun des hurlements, de chacun des enfants qu'il voyait prendre une dernière respiration avant de n'en voir plus qu'une main, des bulles, et plus rien. La plus grande d'entre eux, cependant, lui donnait plus de fil à retordre. Mais soit, Barthélemy avait toute la vie pour la voir crever et si elle se réveillait tant pis, il n'entendrait que mieux ses poumons se remplir d'eau à en exploser, et il plongerait s'il le fallait pour appuyer de ses deux mains sur sa tête. Mais il n'eût même pas besoin d'en venir là, et le dernier des cris s'effaçait déjà au fond des eaux. C'est donc vrai, ce que disent les archéologues à la capitale, on trouve parfois des trésors marins. Le temps de finir sa chanson, Barthélemy fermait les yeux, se repassait les images en boucle et ça faisait du bien jusqu'à son cœur et à ses tripes. Il se serait laissé tomber de bonheur si un cri, de l'autre côté de la berge, ne le sortait pas de son extase. Ça y est, c'était lui, le monstre. Celui contre lequel on hurle, celui qu'on maudit devant Dieu et les Saints. Tant pis, il pouvait bien crever maintenant. Son fils ne l'appellerait jamais père, mais les leurs n'appelleraient plus jamais.
Se l'autre côté de la rivière était une jeune fille, une blonde, un panier ou ce qu'il en restait à la main  et une voix trop aiguë pour son âge. Elle avait de grands yeux mais il les voyait déjà déborder de larmes. Il lui faudrait accepter que chacun en ce monde ne partage pas le même sens esthétique. Son morceau et les cris de la demoiselle terminés, la main droite de Barthélemy bascula jusqu'à son cœur – comme il battait fort ! – et il se penchait en avant pour saluer poliment. Même les monstres ont des manières.
Il inspectait une dernière fois du regard la rivière bien trop calme avant de tourner les talons et de repartir, bien plus gai qu'à l'arrivée, sifflotant légèrement.


Il ne s'était pas débattu, Barthélemy n'avait trouvé aucune utilité à se battre – il aurait probablement perdu, de toute manière. La violence, c'était vulgaire – la violence c'était pour ceux qui n'avaient plus que ça. Barthélemy considérait que la tenue et l'élégance surpassaient et se devaient de surpasser tout ça. Quand bien même il aurait pu, il aurait du se défendre, il n'aurait pas bougé un pouce. Il voulait qu'on le voit. Il voulait qu'on le sache. Son histoire dans les journaux n'était pas la bonne, les ragots de coins de rue étaient tous erronés, mais Barthélemy s'en fichait. Lui, il savait ce qu'il avait fait, et lui, il savait surtout ce qu'on lui avait fait. Ça n'était que de la vengeance, pure simple et méchant comme la punition qu'on inflige à un enfant – mais c'est ce qu'ils avaient fait, être des enfants. Voler le goûter des autres – oh ! qu'il aurait aimé qu'on ne lui prenne que son goûter. Barthélemy serait un pourri auquel on lance des pierres en plus de lui cracher au visage, mais pour lui, il n'avait fait que souffler sur un feu déjà bien allumé.
À la fin de ses aventures – c'en était bien la fin, avec les cris de ces enfants s'éteignaient ce qui était véritablement sa vie –, Barthélemy était rentré, plus paisiblement que jamais. Il était un monstre et le savait, mais dieu que c'était bon. Il en aurait presque pleuré, à vrai dire, en regardant les traces de ses pas s'enfoncer dans la poudreuse. Il était rentré, avait attrapé un livre, préparé un thé et s'était installé sur un des fauteuils du salon. Puis il avait attendu.
Les gardes sont venus le chercher environ deux heures plus tard, déjà surpris de le trouver aussi facilement, et sans qu'il ne bronche ou ne nie quoi que ce soit – il faut dire que ce devait être une première, au point que les pauvres n'étaient plus sûrs de quoi faire. Les poignets du flûtiste furent liés l'un à l'autre par une corde, et on le fit passer de sa maison – et son thé qui refroidissait, quel malheur – à la base la plus proche de la garde. Furent convoqués la famille des pauvres enfants et la jeune fille de la berge voisine, qui avait rapporté en premier l'horreur qu'elle avait vu. Elle était jolie, tout autant qu'il était coupable et que les autres étaient trop humains pour ne pas être des monstres. Ça n'est pas aux animaux que l'on devrait faire porter un charnel mais aux hommes, pour le simple plaisir de les voir ne plus en être. Pour se donner bonne conscience, tous appelèrent cette rencontre un jugement, un procès rapide, ce que Barthélemy appelait une vague plaisanterie. Puisqu'il ne se défendait pas, il n'y avait plus aucune cause à plaider. Les mains toujours jointes, il fut conduit dans les jours qui suivirent jusqu'à la Tour d'Argent, la prison de Fort Fort Lointain.
On pourrait se dirent que chaque prisonnier enfermé est logé à la même enseigne, que si traitement de faveur il y a pour l'un d'entre eux, c'est que ce n'est pas un prisonnier mais un des gardes. Barthélemy fut placé dans une des cellules les plus hautes de la tour, et celui avec qui il la partageait ne pouvait parler qu'un dialecte inconnu qui semblait venir du fin fond de Saay. Barthélemy passa près de trois ans à fixer chacune des pierres de chacun des murs tour à tour, sans même songer à s'évader ou à soudoyer quelqu'un pour être relâché. On l'appelait selon les jours Le monstre, L'insensible ou L'erreur, Ce lui qui n'aurait pas dû naître et Celui pour lequel on devrait inventer un nouvel instrument de torture. En réalité, Barthélemy se considérait bien plus innocent que la plupart des gens enfermés ici, bien moins coupable que la plupart des gens qui observaient la tour de loin, à l'extérieur. Il acceptait les insultes et les menaces, Barthélemy finissait régulièrement avec une ou deux coupures ensanglantées bien que superficielles sur les joues ou les bras, mais il ne s'offrait jamais le droit d'une plainte ou d'une râlerie. Il savait ce qu'il avait fait, l'assumait et en tirait une certaine fierté – celle d'avoir vengé le nom de sa famille et ceux qui en faisaient partie. Le problème est qu'il semblait bien le seul à le penser, et qu'on lui faisait regretter amèrement chacun de ses gestes qui ne semblait pas profondément désespéré, comme il aurait probablement du être. Le fait est que plus encore que les autres crimes, le meurtre d'un enfant répugne tout ce qui vit en ce monde – il avait parfois l'impression que même une fleur fanerait à son contact. Son propre reflet s'effrite dans le miroir sali de poussière, à vrai dire, et ses pensées jaunissent peu à peu dans un coin de sa tête, comme de vieux papiers qu'il songe à brûler. Barthélemy reste fier et endosse son sale rôle la tête haute, mais le temps se fait long ici-haut. Il aimerait pouvoir fixer le ciel une nouvelle fois, c'est qu'il n'était pas bien bronzé avant qu'on l'enferme ici et personne ne peut se méprendre sur sa contrée d'origine. Barthélemy est plus blanc et faible que jamais, ses cernes plus creusées encore et ses doigts bien plus crispés quand ils se battent les uns contre les autres. Il ne regrette pas, il ne regrette jamais, Barthélemy, pas pour ça, pas pour cette fois – la seule chose qu'il regrette à vrai dire, c'est la stupidité de ses camarades.
Peut-être est-il le mal du monde, peut-être le rebus de la société par excellence, on devrait peut-être le couper en deux jusqu'à la tête et l'entendre hurler à en crever pour venger ces pauvres enfants, on devrait peut-être l'exposer dans une boîte transparente pour qu'on vienne le regarder mourir de faim, on devrait peut-être, oui. Au lieu de ça il est là, toujours là et pourtant de plus en plus absent. Au fil du temps, Barthélemy ne parle plus vraiment – à qui pourrait-il bien parler, après tout ? –, ne mange plus autant qu'avant non plus. Il ne dort pas spécialement plus qu'avant mais son cerveau semble arrêté, ou au moins en hivernage. Il soupire constamment, traîne des pieds quand il les bouge. Barthélemy est las, n'attend que sa sortie ou la mort, à savoir laquelle viendra la première. Il s'ennuie autant qu'l s'en-nuit à lui-même, et à long terme ça revient à crever.
Outre mesure, on ne peut pas dire qu'il avait à se plaindre. Si la menace était constante autour de lui, Barthélemy sortait si peu de sa cellule qu'il n'avait que peu d'occasions d'y rester. Les midi à la cantine, c'était les pires avec les moments de douche, mais quasiment les seuls – au point qu'il était presque en confiance, derrière ses gros barreaux. Puis vint le jour du nouvel an, qui était le seul jour de l'année où tous se retrouvaient dans une grande salle en bas, ensemble pour la soirée tout entière. Un objet était restitué pour l'occasion à chacun de ceux qui s'étaient le mieux tenu, et – Dieu merci ! – Barthélemy en faisait partie. Il avait bien entendu récupéré sa flûte, et s'était assis dans un coin de la salle, loin des musiques et surtout loin des autres pour la redécouvrir une trois-millième fois. Mais il n'était pas le seul à bien se tenir, et il ne fallait pas plus de quelques secondes à Barthélemy pour finir à terre et une lame pleine de miettes à la base de l'épaule. Les mots, il ne les discerne plus vraiment, il ne voit que des formes floues pour les visages et pour la première fois il l'affirme : Barthélemy a peur. Il a peur du vide, il a peur du silence qui l'habitait jusque là. Le silence, c'est trop bruyant pour lui en une pareille situation, le silence c'est trop froid, il ferme les yeux et il a jusqu'au silence visuel et le Rien pour seul allié. Ce qu'il se passe il n'en sait rien, il sent juste une horrible douleur dans son épaule jusqu'à son cou et l'impossibilité de bouger son bras, l'incapacité même de parler quand il hurle en dedans. Il inspire un grand coup – ou du moins croit qu'il le fait – avant que tout ne s'éteigne, sa main glisse le long de son instrument et il ne peut que deviner le bruit de l'acier froid sur le carrelage mal nettoyé comme si c'était ça, le pire des crimes de son histoire. Celui qui fait peur et celui qui fait mal.
Quand il rouvre les yeux une bonne fois pour toutes, Barthélemy est étendu sur le sol de sa cellule, et tout ce qu'il entend est le rire de son attaquant. Mais il l'a mérité, pas vrai ? La vengeance, c'est pas un motif suffisant. Il leur faudra jamais moins que la survie pour être satisfaits. Il leur faudra toujours ce qu'il a pas, Barthélemy, et on lui reprochera toute sa vie jusqu'à ce qu'elle se finisse. Jusqu'à ce qu'il rende le dernier souffle, las et faible.
Du bout des doigts, il découvre la cicatrice qui restera probablement jusque là, de son cou à son épaule, et déglutit. La violence est si vulgaire qu'il pourrait en vomir de sentir ce sillon de peau sous ses doigts. Il est peut-être resté endormi là, sur le sol froid, plus de deux jours – personne ne sera là pour le lui dire – mais il ne ressent ni fatigue ni faim. Barthélemy se sent bouilloner, c'est tout ce qu'il sait. Il sent un volcan se former au creu de son estomac, il sent la tempête qui fait rage dans sa tête, et pourtant il reste calme en apparence. Il faut au moins qu'on lui ait prit son âme pour arriver à un tel niveau. Un petit rire sec et irrité lui échappe quand son regard croise celui de l'autre, bien trop fier de ce qu'il a fait – sans raisons pour lui. D'un geste bien trop gracieux pour quelqu'un de son espèce, Barthélemy se redresse et s'assoit en tailleur, sans juger utile d'aller se poser autre part que sur le sol poussiéreux. Il secoue vivement ses doigts comme pour s'échauffer, humecte doucement ses lèvres avant de se tendre un peu – non sans grimacer – sur le côté pour attraper la flûte qui a roulé sous les lits. Après l'avoir essuyée d'un coup de main, ses yeux se ferment un instant, juste le temps de trouver l'inspiration pour l'ordure qui le nargue sans peur.
Pourtant, il devrait savoir. Un homme ayant tué des enfants peut-il réellement être sans danger ? Quels idiots. Si Barthélemy doit se méfier d'eux, ils devraient savoir qu'une fois passé ce qu'ils appellent le pire crime qui soit, le pauvre flûtiste n'a plus rien à perdre ici. Plus de femme ni d'enfant, et il doute avoir quiconque pour le plaindre ici bas. Ses longs doigts se placent le long de l'acier, et il entâme un morceau. Joyeux tout autant qu'assassin, morbide tout autant que printanier. Si meurtre il doit y avoir à cet étage de leur prison, autant qu'il soit fait en beauté et que ceux à qui il n'offre pas le spectacle visuel en aient au moins la mélodie. Quand la dernière note retentit, tout ce que Barthélemy peut distinguer dans la pénombre de leurs cellules est un amas de trois corps en face de lui. Le paysage d'un roi. Il ne connaît pas vraiment les deux autres, à vrai dire, mais oh ! il s'est laissé emporter par l'air guilleret – qui pourrait donc l'en blâmer ? Puis il se lève et s'installe au pauvre bureau qui tombe en ruine dans un coin de sa cellule, sort un papier et une plume pour retranscrire ces notes improvisées.
La mélodie du bonheur.


Barthélemy avait plus l'air d'un exilé que d'un prisonnier. Celui qui partageait sa cellule jusque là déplacé à l'étage du dessous, les trois d'en face mort – il ne reste plus que lui au plus haut de la tour. Les sorties de sa cellule ne lui étaient permises que pour passer aux douches en vitesse, et il avait pour consigne de laisser sa flûte en évidence sur son lit, et d'attendre que tous les autres détenus soient repartis dans leurs cellules. Il descendait et remontait les interminables escaliers – il comptait près de deux-cent marches à chaque fois, et s'arrêtait au milieu pour faire une pause – chaque soir à la même heure, avant de retourner dans ses quartiers, solitaire. Une seule fenêtre – c'était plus une meurtrière, à vrai dire – laissait passer les éclats de lune jusqu'à lui, et il n'était pas sûr de comment il pouvait trouver quelque chose d'aussi petit aussi magique. À vrai dire, ça ne lui était pas arrivé depuis Evige. Un soupir lui arrachait doucement les poumons alors qu'il se posait sur son lit, face à l'entrée poussiéreuse de sa demeure. Ses doigts s'enroulaient doucement sur sa flûte, qui étai bien tristement tout ce qu'il semblait lui rester comme famille. Un objet pour seule famille, même lui trouvait ça horriblement pitoyable. Il la portait délicatement à sa bouche, soufflant les premières notes avec grâce. Si lui avait changé, sa musique ne s'était qu'amélioré avec le temps. Elle retraçait difficilement chaque minute de sa vie, passant des notes les plus enjouées aux plus lugubres. Ses joies, ses peines, ses surprises et ses douleurs, tout était là, en quelques notes qui s'envolaient. Au fond, c'était peut-être ça, sa magie à lui.
Bien que devant s'interrompre, Barthélemy choisit de finir son morceau d'abord. Il tint la dernière note un moment, avant de baisser ses yeux vers l'instrument. Avoir de la visite aussi haut n'est pas chose commune. Il marqua une petite pause, prenant le temps de trouver les bons mots. Il avait beau avoir passé près de trente ans à parler avec les gens, trois lui avaient suffit pour presque oublier comment faire. Je vous prie d'excuser mes manières maladroites, je dois avouer que mon séjour ici ne m'a pas grandement aidé à entretenir ma politesse. Barthélemy jetait un coup d'oeil vers le sol pour y voir l'ombre d'une silhouette se dessiner. Féminine, qui plus est – elle sentait bon le sucre et les bonbons. Je ne vous en tiendrai pas rigueur rassurez-vous. Sa voix elle-même semblait parsemée d'un sucre pétillant qui ne la rendait que plus douce. Il voyait son ombre tourner la tête vers chaque coin et recoin de la pièce alors que lui soupirait. Cet endroit n'était déjà pas décent pour faire vivre le pire des hommes, il se demandait bien quel serait son châtiment pour forcer une femme comme celle-ci à venir ici. J'ai entendu dire que vous aviez décimés vos compagnons de chambre, j'imagine donc que ça aurait été fort dommage que vous ayez eu de la visite pendant votre, court silence, séjour. Barthélemy se tourna doucement, se levant par la même ocassion. Il est vrai qu'il pensait à une belle femme, mais il ne put que hausser les sourcils et esquisser un sourire en découvrant la Duchesse Plumosucre. Bientôt Princesse du Royaume, à croire ce qu'il entendait par-ci par-là. Joueur de flûte. Ces mots-là étaient bien plus appuyés et détachés que les autres, comme si c'était ce en quoi Barthélemy prenait tout son intérêt. Avant d'être un monstre, avant d'être un homme même – quoi que ce ne sont que deux synonymes, aussi horribles l'un que l'autre. Comme si sa démarche princière ne le quittait pas même dans les bas-fonds de l'enfer, Barthélemy s'avançait et prenait la liberté de saisir la main de la Duchesse, déposant un baiser sur le dos de celle-ci tout en se penchant pour lui exprimer son respect. Ses manières lui revenaient peu à peu, semble-t-il. Effectivement. Puis il se releva, relâchant la patte blanche de la douce face à lui. Que me vaut l'honneur de votre visite, Duchesse ? Il ne pouvait que distinguer ses lèvres se tordre en un infime sourire, et sa tête se pencher légèrement. L'honneur me revient, je dois dire. Votre nom est reconnu par delà la cité. Il ne faisait pour toute réponse que relever fièrement le menton, ne cessant de la détailler du regard. Ses longs doigts blancs – ils paraissaients faits de la neige la plus pure – se pointaient harmonieusement en direction du morceau de métal dans les mains du flûtiste. C'est votre instrument qui m'amène, en réalité. Vous avez accompli tant de prouesses avec, j'espérais que vous pourriez m'aider. Il était évident que cette femme, qui qu'elle soit, ait été ou devienne, ne le considérait pas plus comme un homme que comme un assassin, mais elle avait le mérite de s'adresser à lui comme tel. Le fait qu'elle n'ait pas encore fui de dégoût, ni à sa vue ni à son contact, était un assez bon début pour lui laisser le bénéfice du doute. Vous aider serait un plaisir sans précédent, Duchesse. Il fit un signe de tête plus délicat encore que le sien. Je vous écoute. La Duchesse s'avançait avec grâce, découvrant chaque parcelle de la cellule – bien qu'il n'y ait jamais eu grand chose à découvrir ici autre que les partitions empilées sur le bureau en ruines. Son sourire se faisait de plus en plus grand, et si ça avait pu sembler vulgaire sur d'autres femmes, le moindre de ses gestes ne savait que l'embellir. J'en suis ravie, et serai très reconnaissante en vous payant ce qu'il vous plaira bien entendu. J'ai une réputation à tenir et il ne faudrait pas qu'on me soupçonne de quoi que ce soit. J'ai une entière confiance en votre discrétion, sinon je ne serais pas là. Oh, l'argent n'était pas ce qui intéressait Barthélemy. Pour tout dire, il avait déjà eu tout ce qu'il désirait – la vengeance, c'était bien assez pour qu'il supporte la vie, qu'importe comment elle prend forme au fil du temps – mais il appréciait plus que grandement de savoir que ses actes étaient connus et parvenus jusqu'aux oreilles de quelqu'un aussi grand que la Duchesse Plumosucre. Son attention se reportait sur le prisonnier avant qu'elle ne reprenne la parole. C'est une femme, belle et pâle comme la lune. Elle est la capitaine de la garde royale et ma protectrice, son coeur pur aura besoin d'être corrompu par votre mélodie. Je veux qu'elle assassine le destrier appartenant au dresseur de chevaux du palais. Barthélemy hocha doucement la tête, faisant aller les ondulations de ses cheveux d'avant en arrière, comme prises dans une mélodie sourde. Qu'il en soit ainsi. Il s'approcha de quelques pas des barreaux de sa cellules, en effleura un du bout des doigts. Faites-moi seulement sortir d'ici et je rencontrerai cette femme au plus vite. Un sourire fendait son visage en deux à l'unique pensée de ne plus être ici. Il avait beau avoir eu la seule chose qui lui tenait à cœur – ou la troisième, à défaut de ne plus avoir ni femme ni enfant –, Barthélemy n'en restait pas moins un être humain et soyons clairs, cette prison ne connaît pas ce terme-ci. Je reste cependant étonné de voir que la première personne à me considérer utile est quelqu'un d'aussi haut placé que vous. Ne cesserez-vous donc jamais de surprendre les gens ? Ses talons se tournaient et il retournait à la hauteur de Dragée, le sourire le plus sincère qu'il ait put avoir ces trois dernières années comme gravé sur sa peau. Mes mélodies et moi restons à votre entière disposition, milady. Cette femme semblait ne jamais perdre une once de perfection, c'était presque à en couper le souffle. Elle releva la tête, tout aussi fièrement que lui. Les gens ici sont aveugles, ils ne voient pas le potentiel, contrairement à moi. Je n'hésiterai pas à faire appel à vous. Elle rendit poliment son sourire au flûtiste, avant de poursuivre. Demain vous serez libre, j'aurai un petit entretien avec le juge ce soir, il ne sait rien me refuser, et votre cellule ne sera plus qu'un vieux souvenir. Un souvenir, il espérait ne même pas en garder d'ici – il effleura sa cicatrice du bout des doigts, l'ayant presque oubliée. Ce souvenir-là lui resterait dans la peau si ça n'est pas en mémoire.
La Duchesse lui tourna le dos, s'avançant de quelques pas vers la meurtrière, un ou deux mètres plus haut. Fort Fort Lointain sera ravi de vous revoir. Barthélemy se courba en une révérence alors qu'elle retournait à sa taille féérique et s'envolait hors de son enfer. Il sentit vaguement un goût salé rouler le long de sa joue et s'écraser sur ses lèvres, avant de rester à fixer la lune blanche pour le reste de la nuit.
Bientôt, il serait libre.


Il a les yeux noirs. Les yeux noir corbeau, les yeux noirs de jais. Les cheveux assortis, la peau blanche de la Lune mais bien plus d'une face cachée. Il a les yeux noirs, les cheveux noirs, la barbe noir – tout jusqu'à ses habits. S'il était une période ce serait la nuit, s'il était une couleur ce serait néant. Il est comme l'espace et tout autour, un feu d'ombre qui grandit dans la tête de Barthélemy. À ne plus pouvoir penser, à ne plus savoir parler. Son malheur sur deux jambes, son malheur avec deux yeux et un sourire de mille perles. Sa douleur plus froide que la glace, plus offensive que la peur. Il a les yeux noirs. Les yeux noir espace, les yeux noirs mort. Il a un air lugubre par moment, de la solitude dans les yeux et qu'il dégueule à chaque mot. C'est un flot invisible qui n'en finit pas, il laisse des trainées derrière lui sur lesquels chacun est libre de marcher, que les charognes viennent arracher à coups de bec, que les loups viennent déchirer à coups de dents. Il a des yeux noirs qui hypnotisent, qui ensorcèlent. Dieu, qu'il s'y perdrait dedans – qu'il pourrait encore s'y perdre, s'il n'était pas perdu depuis longtemps. Barthélemy sent sa vie lui monter aux yeux, la dégage à chaque expiration en espérant pouvoir s'étouffer pour en garder un peu. Il revoit tout comme si il avait des yeux de cristal, entend les notes de flûte se mêler aux rires et aux mots d'amour, il entend les pas qui galopent sur le carrelage et les pleurs étouffés dans la neige. Ses yeux... Son cerveau se barre en couille, il peut plus rien contrôler. Ses yeux s'humidifient, il réussit pas à contenir ses océans et sent comme une peste de sentiments lui monter à la tête, une fièvre d'émotions qui le consumme et le fout à terre, le piétine, la casse en deux et recolle en oubliant la plupart des éclats sur le sol. Il a le bout des doigts gelés au contact de sa peau, ne l'effleure que rapidement. C'est pas elle, c'est pas elle, c'est pas elle. Il se sent mordre sa joue à se faire saigner, devinerait bien ses doigts trembler et son cœur battre trop fort s'il n'avait pas l'impression de crever. On lui avait pourtant dit que la faucheuse portait du noir. Il voudrait ne plus y penser et s'arracher les pensées, jeter ses souvenirs au feu qui le blesse à l'intérieur, et que s'il crame ce soit pour une bonne raison. Il sent des ronces lui pousser dans l'estomac, il sent son cœur qui fane et ses poumons qui pourrissent à l'unisson. Il a les yeux noirs. Les yeux noir torture, les yeux noir sommeil. Celui qu'il arrache à Barthélemy, les cauchemars qu'il fait naître en ses nuits. Les échos du cercueil qui s'enfonce, les cris de l'annonce. Les cris de solitude, c'est cris de peine, les appels de rage. Un regard et c'est une claque qui le prend dans la gueule, qui le fout parterre trop fort pour qu'il se relève. Cette fois, c'est Barthélemy qui coule. Il n'aurait jamais pensé la mer si profonde ni si sombre, il a froid et les algues lui griffent la peau. Et dans un élan de vie, il remonte à la surface. Il sent les clous noirs se tourner vers lui, ça refleurit, il retrouve un peu d'espoir moins de cauchemar. Il n'entend plus rien d'autre que le silence et quelques notes de musiques, les rires évanouis dans la pénombre qui cessent un peu de le hanter quand il y croit un peu trop fort. Elle est morte, elle est morte, elle est morte. Pourtant il le sait, elle est là – sa Luba, sa femme, son amour et toute sa vie, là dans ses yeux, perdue quelque part, emprisonnée en dedans. Elle est là, il croise sa joie et ses tristesses, il sait que c'est elle, il le sait, il le voit. Barthélemy a le cœur qui se renverse comme une bouteille de bourbon et qui dévale ses joues à toute allure, laissant la peine du monde atterrir à la commisure de ses lèvres. Il sent sa vie lui échapper à nouveau, la regarde partir avec un certain regret, sans même la force de tendre les bras et la rattraper. Ses yeux se closent un instant, et quand il revient aux prunelles de charbon il n'en retrouve plus que la vague apparence. Si elle est là elle ne le reconnaît plus. Barthélemy n'est personne – il n'est plus rien. Sans femme et sans enfant, ça porte même pas de nom une telle horreur. Elle est là et il le sait, il sent son cœur qui l'appelle à tout rompre, mais personne qui répond en face. Barthélemy n'est qu'un étranger, une erreur et un inconnu, un vague cauchemar qui s'efface en quelques cachets, qui se dissout dans l'eau effervescente et la rosée au matin. Barthélemy hante les nuits tout au plus, il n'est plus assez en vie pour rester dans la lumière. Tu as les mêmes. Sa voix ne semble même plus lui appartenir, dieu qu'il fait pitié pour un assasin, il a l'air malade jusqu'à ses mots, il a le cancer de la parole et une paralysie du palpitant. Avant de sentir un faux air de vie lui revenir, Barthélemy se barre la gerbe amoureuse au bord des lèvres. Il préfère encore rester à crever en silence, sa tête lui tourne et ses pieds marchent mal, il a les yeux embués une fois le couloir dépassé et il s'écroulerait presque de pitié pour lui-même. Mieux vaut ça que de s'illusionner à vivre au milieu des cadavres de rires qui n'existeront plus. Il ne reste plus rien que le néant.

   

⊱ far far away ⊰


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:aw: :hansel: :hmph: *se barre dans un nuage de fumée*
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coucou toi :aw:
rerebienvenue mon poulet doré, et courage bb chat :bril: :ivil: :mex:
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Kaa Envoutoeil
AIE CONFIANCE, VENERE-MOI

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⊱ pseudonyme : Jet
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Enfiiiiiin :fire: Après trois semaines de torture intellectuelle que tu m'as fait subir, il est là : BARTHYYYYYYY :red: ! Bienvenue :dance:
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sometimes, revenge is justice. EmptyDim 19 Oct - 17:39

çalu toua :perv: :red: :red:
:rainbow: :love:
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sometimes, revenge is justice. EmptyDim 19 Oct - 17:48

Gouzi gouzi.
J'adore ce personnage de conte.
Gouziiiii

BIENVENIDO MONSIEUR >o< !
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sometimes, revenge is justice. EmptyDim 19 Oct - 18:55

SALUT TOI :laugh:
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sometimes, revenge is justice. EmptyDim 19 Oct - 21:19

:uou:
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Barthélemy Lacoulée
A L'EAU, A L'HUILE

Barthélemy Lacoulée

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⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : aneurin barnard
⊱ crédits : Insuline, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 19/10/2014
⊱ manuscrits : 361

⊱ tes licornes : shéhérazade la mytho, marie la catin, cúchulainn le sauvage
⊱ schillings : 640

⊱ ton conte : le joueur de flûte d'hamelin
⊱ ta race : humain
⊱ métier : flûtiste à la cour de marraine, assassin personnel du tsar de yasen au passage, mais ça a jamais été génial sur les cv.
⊱ tes armes : une flûte enchantée et un sourire ravageur. poucet tous les troisièmes mercredi du mois quand charmant porte des chaussettes roses.
⊱ allégeance : si elle servait à quelque chose de bien, ça se saurait, mais on n'y peut pas grand chose.

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sometimes, revenge is justice. EmptyDim 19 Oct - 21:51

poucet, viens on danse :aw:
adaé, dragée, si j'ai b'soin d'un nouvel héritier j'vous f'rai signe :aw: sometimes, revenge is justice. 2300028946 :stringg: :bave: :ivil:
elis, t'es juste jaloux. :uou:

merci les poulains I love you
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sometimes, revenge is justice. EmptyLun 20 Oct - 13:03

Re-Bienvenuuuue à ce que je vois :laugh:
Ta fiche est bien avancée, donc fight pour la fin :red:
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sometimes, revenge is justice. EmptyMar 21 Oct - 15:19

AH CEY BIO LA FAIBLESSE FRANCHEMENT :ivil:
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sometimes, revenge is justice. EmptyMar 21 Oct - 19:47

    FAUT PAS TOUCHER AUX ZOZIOS, FAUT PAAAASSS. :was:
    ...Reuh' Welcome et good luck pour ta fiche ! :laugh:
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Barthélemy Lacoulée
A L'EAU, A L'HUILE

Barthélemy Lacoulée

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⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : aneurin barnard
⊱ crédits : Insuline, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 19/10/2014
⊱ manuscrits : 361

⊱ tes licornes : shéhérazade la mytho, marie la catin, cúchulainn le sauvage
⊱ schillings : 640

⊱ ton conte : le joueur de flûte d'hamelin
⊱ ta race : humain
⊱ métier : flûtiste à la cour de marraine, assassin personnel du tsar de yasen au passage, mais ça a jamais été génial sur les cv.
⊱ tes armes : une flûte enchantée et un sourire ravageur. poucet tous les troisièmes mercredi du mois quand charmant porte des chaussettes roses.
⊱ allégeance : si elle servait à quelque chose de bien, ça se saurait, mais on n'y peut pas grand chose.

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sometimes, revenge is justice. EmptyMer 22 Oct - 20:58

merci :laugh:
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sometimes, revenge is justice. EmptyDim 26 Oct - 21:41




fécilitations
t'as poussé ton premier greuuuh !

BRAVO A TOI PETIT OGRE, TU REJOINS LES

i'm a believer

:*-*:  :*-*:  :*-*:  :*-*:  :*-*:  :*-*:  :bril:  :hanw:  :huhu:  :kyu:  :kyu:  :kyu:  :kyu:  :kyu:  :kyu:  :kyu:  :kyu:  :bed:  :bed:  :tombe:  :tombe:  :kikou:  :charming:  :love:  sometimes, revenge is justice. 2832667894  :hansel:  :*-*:  :*-*:




BRAVISSIMO, tu as passé la première étape du beau monde de Fort Fort Lointain. Tu croyais que ça allait s'arrêter là hein ? Et ben tu rêves, une fois n'est pas coutume de te faire subir les pires tortures, je vais te rassurer en t'affirmant que cette fois-ci ce sera différent, une partie de plaisir même après la longue écriture de ton histoire.  :ivil: Déjà, tu vas me recenser ta belle tronche et ton petit conte, si conte il y a btw. Ensuite, tu vas pouvoir te glisser dans la partie administrative de ton damoiseau/damoiselle/travelo qui s'passe da ! Et hm, que je réfléchisse. AH OUI, te lier avec les autres ça peut être pas mal je pense, surtout si ton voisin s'avère être un âne qui parle.  :noes: Du reste, techniquement tu devrais plus trop te prendre la tête, pas besoin de te lier le lieu des scénarios et tout l'toutim, c'est pas sorcier.  :shrek:

SUR CE. Le staff de FFL te souhaite un très bon amusement dans le royaume, de t'éclater bien comme il faut et de respecter autrui même si c'est un ogre.  :nyan:  :rainbow:  :mex:

⊱ far far away ⊰

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