Gretel & Olga

sometimes we need someone to talk to, event if he don't listening, juste to talk to someone

Sa marche forcée l'avait quelque peu calmée de sa discussion avec son frère. Enfin, si on pouvait vraiment appeler ça une discussion. Elle avait surtout vidé son sac et mis les choses au clair, ils en avaient besoin tous les deux. Certes, ça ne s'était pas fait en douceur, mais les Fiersbras ne sont pas réputés pour leur délicatesse, et encore moins Olga. Que voulez-vous ? C'était dans sa nature de foncer dans le tas, dire les choses telles qu'elles étaient, quitte à en bousculer certains. On ne pouvait pas la changer, et ce n'était pas non plus comme si c'était une option ! Plus têtue qu'elle, c'était difficile de trouver ! Elle ne reculait devant rien la Olga. Certains appelaient ça du courage, d'autres de la folie. Elle, ce qu'elle en disait, c'est qu'elle faisait ce qu'elle avait à faire, voilà tout. Comme à ce moment-là, alors qu'elle avançait d'un pas vif et décidé dans les rues de Fort Fort Lointain. Enfin, c'était ce qu'elle pensait. Dans le fond, elle ignorait pourquoi elle ressentait le besoin d'aller voir Gretel, de lui parler. Olga n'avait pas des amis par centaines, sa franchise et son côté bourrin n'aidant pas à la chose. Pourtant, étrangement, elle savait qu'elle pouvait faire confiance à l'archère, elle le sentait. Si ça venait du fait qu'elle faisait des bonbons à se damner, ou bien parce qu'elles pratiquaient toutes deux l'art du tir à l'arc, Olga n'en était pas certaine. Peut-être que ça venait d'autre chose ? Mais l'Ogresse n'était pas particulièrement douée pour juger ce genre de sentiments. Ça lui semblait toujours plus simple quand elle regardait Amour, Gloire et Royauté. A croire que le miroir-magique avait le don de simplifier la vie.

Le regard fixé droit devant elle, Olga sentait de plus en plus que les choses allaient changer, d'une façon ou d'une autre. En fait, tout était déjà en train de changer, petit-à-petit, tout doucement, en toute discrétion. Elle ignorait si c'était en bien ou en mal, et elle s'en moquait, parce que cette sensation la faisait sourire et l'enchantait. Bizarre n'est-ce pas ? De quoi pouvait-elle bien se réjouir ? Tout était calme dans le pays et Marraine n'avait jamais été aussi puissante. Et pourtant ... Pourtant, l'Ogresse ne s'était jamais sentie aussi légère et joyeuse depuis la chasse à l'Ogre. A croire que sa nouvelle résolution lui faisait du bien ! Se dire qu'elle allait enfin réagir, faire quelque chose, ne plus faire semblant que tout va bien, ça la rendait presque euphorique. Il n'y avait pas plus dangereux qu'une décision pareille, mais elle souriait comme une gosse devant un sapin de Noël. A croire qu'il n'y avait rien d'autre qui comptait pour elle. C'était peut-être le cas après tout ? Mais qui s'en souciait vraiment ? Au coin d'une rue, une petite troupe jouait un air entraînant, amusant les passants et faisant danser les enfants. Olga sourit de plus belle. Son pas s'était fait bien plus léger et guilleret. En la voyant ainsi évoluer sur le pavé, les gens ne se doutaient absolument pas des idées révolutionnaires qui bouillonnaient dans la tête de la brune. Ils n'imaginaient même pas que cette jeune femme qui semblait respirer la joie de vivre, préparait un coup d’État qui risquait fort de bousculer leur petite vie bien tranquille !

Finalement, la voilà arrivée. Miel & Épices. Olga n'avait absolument aucune idée de ce qu'elle allait dire à Gretel, ou même lui avouer. Elle ne savait toujours pas pourquoi elle était venue la voir, ce qui ne l'empêcha pas de pousser la porte de la boutique, déclenchant le tintement clair de la clochette accrochée juste au-dessus de sa tête. Jetant un œil aux alentours, Olga se réjouit d'être venue assez tôt : il n'y avait encore personne. Sourire joyeux et lueur espiègle dans les yeux, si on la connaissait assez bien, on pouvait facilement se douter qu'Olga préparait quelque chose. Sans même traîner son regard sur les sucreries qui s'étalaient allègrement tout autour d'elle, la brune se dirigea directement vers le comptoir, derrière lequel apparut rapidement le sujet de sa venue. « Bonjour Gretel ! » S'accoudant sur le rebord, Olga s'appuya sans gêne, parfaitement à l'aise dans la boutique. Autant dire que ce n'était pas particulièrement habituel. Oh, bien entendu, elle ne se gênait rarement pour qui ou quoi que ce fut. Mais son large sourire et son attitude presque enfantine pouvait faire douter les proches de la jeune femme. Ceux l'ayant connue petite ogresse reverraient immédiatement l'enfant qu'elle était alors : espiègle et malicieuse, venant tout juste d'enfermer son frère dans un placard et prête pour la chasse aux siflettes. « Comment vas-tu ?! »

 

Olga & Gretel

même la pire tête de mule au monde a besoin d'une amie

J'avai pensé que travailler, m'emplir la tête de choses importantes aurait occupé mon esprit pendant les quelques heures qui peuplent ma journée, mais visiblement il n'y a rien à faire. Je dois me rendre à l'évidence : je connais mon travail par cœur et je n'ai par conséquent aucun besoin de réfléchir à ce que je fais. Mes mains s'activent toutes seules pour préparer bonbons et autres douceurs. Je n'ai plus besoin de la recette, je n'ai plus besoin de chercher mes ingrédients. Comme animées par une quelconque magie, mes mains préparent, attrapent, façonnent, pétrissent, décorent, remuent les ingrédients sans que mon esprit n'ai matière à intervenir. A mon plus grand désarroi, j'ai tout le loisir de broyer du noir. Depuis que je me suis retrouvée toute seule, une boule s'est logée dans ma gorge et l'enserre comme les doigts crochus de la sorcière le faisait autrefois. Sauf que cette fois, aucune mégère à moitié aveugle aux alentours. Le mal vient de l'intérieur de mon corps, et me consume un peu plus chaque jour. Et cette voix dans ma tête... "C'est de ta faute, Gretel. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi même, avec ton horrible caractère. Tu les as fait fuir tous les deux. Pire. Tu as cherché à les faire partir !"
"NON ! TAIS TOI, TU TE TROMPES !"
Il faut que cette voix se taise, sans quoi je vais devenir complètement frappadingue ! De rage, j'ai ruiné la pauvre pâte à guimauve rose devant moi, et j'ai eu la superbe idée de porter mes mains pleines de farine à mes tempes. Un rapide coup d’œil au miroir en face de moi et je me rend compte que mes joues sont trop rouges, que j'ai plein de guimauve et de farine dans les cheveux - atrocement coiffés d'ailleurs, comme à leur habitude.
Regarde toi, Gretel. Tu fais peur à voir, avec tes cernes de six pieds de long, ton corps trop maigre et tes joues creuses. Non, tu ne fais pas peur... Tu fais pitié. Et ça, c'est pire que tout.

Un très heureux tintement de cloche me sort de ma colère intérieure. Sans que je le veuille, une sorte d'instinct de chasseuse - que j'exècre - s'attarde sur les craquements du parquet dans la pièce d'à côté. J'entends des pas familiers dans la boutique. Olga. Sans même la voir, je sais que c'est elle, et sa présence me réchauffe le cœur. Merci Merlin, enfin un peu de réconfort.
Je me hâte d'enlever la crasse sur mon visage et dans mes cheveux et je fonce derrière mon comptoir, où j'aperçois la jeune femme, les joues certainement aussi roses que les miennes.
Olga Fierbras. La sœur d'Ulrich ! Ils sont une bouffée d'air frais dans ce monde trop sérieux et douloureux. J'aime le frère pour sa maladresse et sa simplicité, j'adore la sœur pour son amour des arcs et son impétuosité. Ils sont si différents que l'on pourrait se demander s'ils sont vraiment de la même famille. Je ne les connais pas très bien, ni l'un, ni l'autre, mais quelque chose d'indescriptible me pousse à les porter bien au chaud dans mon cœur et à leur accorder ma confiance. Il n'y a rien de mauvais dans les yeux de l'un, ni de l'autre. Et, franchement, ça fait du bien de voir que la sincérité est encore présente dans ce monde.

« Bonjour Gretel ! Comment vas-tu ?! »

Très chère Olga, merci d'exister ! Elle est nonchalamment accoudée au comptoir, faisant évidemment comme chez elle, ce qui ne me dérange pas le moins du monde. Il s'est passé tellement de choses ces derniers temps que j'en ai totalement oublié ma promesse de revoir Olga, d'apprendre à mieux la connaître... Et je dois avouer que son regard espiègle vient de me redonner le sourire.

"Bonjour, Olga ! Que me vaux le plaisir de ta visite ?"
Non, ce n'était pas un oubli d'éluder sa question. Je suis si ravie de sa visite que je ne veux pas la ternir avec mes histoires. "Qui, soit-dit-en passant, ne sont que le fruit de ta bêtise !". Un frisson parcourt mon corps et me permet de chasser cette voix nasillarde qui tonne encore dans ma tête. J''espère qu'Olga n'a pas trouvé ce frisson bizarre. Je me dépêche d'aller fermer la fenêtre à côté des bocaux de guimauves pour qu'elle pense que j'avais simplement froid, quand les bonbons me donnent une idée...

"Je viens de tester une nouvelle recette de guimauves ! Est-ce que tu peux les goûter et me dire ce que tu en penses ? Je ne voudrais pas les vendre si elles sont immangeables..."
Je lui mets sous le nez le bocal entier en lui montrant bien qu'elle peut se servir comme elle le souhaite. Je ne pense pas que ce soit pour acheter des bonbons qu'elle soit venue, sinon elle serait déjà en train de fourrager dans les rayons sans faire attention à moi... Mais les guimauves sont toujours un moyen parfait d'engager la conversation ! Qui n'aime pas les guimauves, de toute manière ?

"Elles te plaisent ? Je peux te donner quelques bocaux gratuitement si tu veux ! Et puis, tu pourras en rapporter à Ulrich aussi, je crois qu'il les a bien aimées la dernière fois... Au fait, est-ce qu'il s'est remis de l'épisode du caniche ?"
Il est vrai que, maintenant que j'y repense... Depuis cette histoire de caniche et de collier qui ressemble au charnel de Potté, je me suis toujours demandé si Ulrich pouvait être... Non d'un nougat ! Alors Olga serait également... Un ogre ?

 

Gretel & Olga

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Souvent, Olga s'était moquée de ses adolescentes obéissant à la loi des hormones, gloussant comme des dindes, souriant comme des bécasses, réunies comme des poules dans une bassecour. Elle ne comprenait pas leur joie immense de se raconter les derniers potins à coups de "tu connais la dernière ?" ou de "tu dis pas que c'est moi qui te l'ai dit !". Pathétique. Et pourtant, en cet instant, face à sa vendeuse de bonbons préférée, elle se sentait étrangement proche de ces gamines. Un grand sourire aux lèvres, la brune était surexcitée. Sans qu'elle comprenne vraiment pourquoi, sa dispute avec son frère lui avait redonné sa bonne humeur ainsi qu'une motivation soudaine. Affirmer ainsi ses intentions lui avait valu un regain d'énergie et d'optimisme qu'elle n'avait pas ressenti depuis bien longtemps déjà, si tant est qu'elle avait déjà ressenti ça auparavant. De ses yeux malicieux, elle observa l'archère sortir de l'arrière-boutique pour venir la rejoindre, souriant à sa vue. « Bonjour, Olga ! Que me vaux le plaisir de ta visite ? » Se surprenant elle-même, l'Ogresse se mit à trépigner sur place, pire qu'un gosse à qui on s'apprêtait à offrir un cadeau. Le pire, c'est qu'elle ne savait absolument pas pourquoi elle était comme ça, ni pourquoi elle était venue voir Gretel. D'habitude, quand elle pensait avoir eu une idée géniale pour botter les fesses de Marraine, c'était Potté ou Tibiscuit qu'elle allait trouver, pas le génie des sucreries qu'était la jeune femme juste en face d'elle. Pourtant c'était bel et bien elle qu'Olga avait senti le besoin de venir voir. « Oh, rien de spécial ! J'avais juste envie de discuter un peu ! » Discuter hein ? Vraiment ? Et de quoi au juste ? C'est ça que tu ne sais pas, pas vrai ? Bien sûr que non, elle ne le savait pas, mais peu importait à cet instant, Olga était là, dans la boutique de Gretel, et elles discutaient déjà, alors c'était bon, n'est-ce pas ?

L'Ogresse remarqua à peine le frisson de son interlocutrice, l'observant simplement aller fermer la fenêtre sans émettre une quelle conque hypothèse sur ce geste. « Je viens de tester une nouvelle recette de guimauves ! Est-ce que tu peux les goûter et me dire ce que tu en penses ? Je ne voudrais pas les vendre si elles sont immangeables... » La brune baissa alors les yeux sur le bocal qu'elle lui avait mis sous le nez. Dangereuse tentation que voilà. C'est au gargouillement de son ventre qu'Olga réalisa qu'elle avait un petit creux. Si elle le propose aussi gentiment, tu ne vas pas te gêner après tout ! Piquant directement deux guimauves, la jeune femme engloutit les douceurs, téléportant ses papilles dans un paradis sucré. Pendant un instant, elle se contenta de prendre les guimauves une par une, en silence, se délectant de leur parfum, avant de réaliser que Gretel attendait toujours une réponse. Avalant la guimauve qu'elle mâchait encore, elle se racla la gorge. « Hem ... Excuse-moi ! Elles sont délicieuses, comme d'habitude ! » Un sourire d'enfant pris la main dans le sac, l'Ogresse croisa de nouveau ses bras sur le comptoir, évitant ainsi de vider la confiserie de toute sa marchandise. « Elles te plaisent ? Je peux te donner quelques bocaux gratuitement si tu veux ! » Elle la prenait par les sentiments, comment pouvait-elle dire non à ça ? Sérieusement, c'était une tentation trop forte. Olga s'apprêta à lui répondre, quand l'archère continua sur sa lancée. « Et puis, tu pourras en rapporter à Ulrich aussi, je crois qu'il les a bien aimées la dernière fois... Au fait, est-ce qu'il s'est remis de l'épisode du caniche ? »

Caniche ? Quel caniche ? Le sourire de la brune se figea. Qu'est-ce qu'il a encore fait cet idiot ? Olga ne mit pas longtemps à comprendre ce qui avait dû se passer. Ulrich avait dû voir un caniche, et soit il s'était enfui en courant et en hurlant, soit il s'était évanoui. Vu l'inquiétude de Gretel, c'était probablement la seconde option. Par la barbe de Merlin ! Il ne manquait plus que ça ! Maintenant, Olga craignait que la jeune femme ait tout découvert. Gretel était intelligente, il suffisait qu'elle ait remarqué le charnel d'Ulrich - charnel que monsieur ne mettait pas autant de soin qu'elle à cacher - et elle pouvait aisément faire un rapprochement. Se forçant à sourire, Olga se sentait légèrement prise au piège et paniquée, pourtant elle garda son calme du mieux qu'elle pouvait. Si Gretel savait, il fallait qu'elle fasse en sorte de l'induire en erreur. Elle ignorait ce qu'elle ferait s'il s'avérait qu'elle voyait juste, mais elle devait lui faire croire que ce qu'elle pouvait penser des Fiersbras était faux, coûte que coûte « Ah oui ! Le caniche ! Oh il va bien, ne t'inquiète pas ! Il s'est fait mordre par un de ces bestiaux quand on était gosses, depuis il en a une trouille bleue, faut pas s'en faire ! » Et elle attrapa nerveusement une guimauve avant de la manger, s'acharnant à la mâcher lentement, cherchant un moyen d'éclaircir la situation.

 

Olga & Gretel

même la pire tête de mule au monde a besoin d'une amie

Si j'avais pu constituer mon monde parfait, je suis certaine qu'Olga en aurait fait partie. J'aime sa manière d'être, son sourire permanent et ses cheveux en bataille. Et même si, telle que je la vois à l'instant, ce n'était pas sa véritable apparence, au fond quelle importance ? Olga est une personne admirable, enjouée, un peu tête brûlée mais extrêmement attachante. Quand bien même serait-elle un troll hideux et puant, je ne l'en aimerais pas moins. Bon, il s'avère qu'elle est peut-être un ogre, ce qui est certainement approchant. En réalité, je n'ai jamais vu d'ogre, et encore moins de troll, donc je ne peux même pas juger cela. Je n'en sais que ce que j'en ai lu, et dans mon esprit, un ogre est juste un petit troll. Je suis certaine de me fourvoyer complètement, mais que voulez-vous ? La politique de Marraine n'aide pas réellement l'observation de créatures magiques alors je n'ai pas d'autre choix que de me faire une opinion - certainement peu flatteuse - de tout ce dont j'entends parler.

En refermant ma bouche, je prends conscience qu'en réalité je n'aurai peut-être pas dû l'ouvrir. Olga a l'air profondément mal à l'aise, et elle me débite une justification tellement rapide, que je mets bien cinq minutes pour comprendre ce qu'elle vient de me dire ! Je ne veux absolument pas remettre sa parole en doute, mais elle a l'air tellement déconcerté que son explication sonnait un peu comme une excuse... De plus, je ne l'ai jamais vue mâcher une guimauve aussi lentement.

Je ne veux pas qu'elle pense que je veux la mettre au pied du mur, bien au contraire. Cependant, j'aimerai qu'elle sache que je suis de leur côté, à elle et son frère, et que jamais de ma vie je ne penserai à leur faire du tort, ou à les dénoncer. Je n'ai pas de réelle opinion politique, mais je n'accepte pas le fait que les créatures soient obligées de se cacher derrière une apparence qui n'est pas la leur... Olga, j'aimerai tellement te dire tout cela ! Mais je redoute ta réaction. Je ne sais pas si tu me feras confiance, j'ignore même si tu es prête à me confier cela. Est-il trop tôt ? Est-il temps ? Visiblement, ce n'est absolument pas de cela qu'elle est venue discuter.

Je ne peux m'empêcher de poser une main réconfortante sur son bras. Je n'ai pas retenu mon geste, je n'en ai pas eu le temps. Un vieux réflexe naïf, du grand Gretel en somme. Toujours là pour se mêler de ce qui ne me regarde pas, pour proposer mon aide - rejetée plus qu'à son tour - à des personnes qui n'en ont pas grand chose à faire. Je tente de transmettre par mon geste une assurance que je suis de son côté. Mais, encore une fois et à mon plus grand regret, je ne connais pas assez la jeune femme pour avoir la certitude que mon geste sera correctement interprété.
Je me détache d'Olga et sort de sous mon comptoir deux tasses roses ainsi qu'une assiette de cookies et autres cupcakes du jour.

"Oh, je suis désolée, je l'ignorais... Quoi qu'il en soit, la scène était assez drôle ! Du grand Ulrich ! Penses-tu que je pourrais lui apporter moi-même quelques sucreries pour prendre des nouvelles ? il était réellement pâle comme un linge à la vue de ce petit chien... Du chocolat chaud ?"

Je m'éclipse quelques secondes le temps de remplir les tasses du breuvage chaud et délicieusement sucré, puis je retourne à mon comptoir. Les mains tout contre ma tasse pour m'imprégner de cette délicieuse chaleur, je demande à Olga :

"Je ne m'attendais vraiment pas à ta visite, mais je dois dire que je suis bien contente de faire une pause. Je croule sous la pâte et les cupcakes depuis ce matin, je n'en peux plus ! Je ne sens même plus mes bras. Il faut vraiment que je pense à embaucher quelqu'un pour m'aider !"

Je ris.
Naturellement, simplement, sans forcer. Le rire m'est venu d'un coup, sans réfléchir. C'est si abrupt que je m'interromps tout net. C'est comme si je m'entendais rire pour la première fois. Et ça fait du bien.
Je ne sais comment, mais la petite voix dans ma tête s'est tu. J'ai l'impression de pouvoir enfin sourire sincèrement, rire même. Mes épaules ne sont plus crispées, je me sens légère et de bonne humeur. L'effet Olga ? J'en suis certaine maintenant : j'aime beaucoup cette jeune femme. Trop heureuse d'avoir quelqu'un avec qui avoir une conversation sincère, je ne peux pas m'empêcher de devenir un vrai moulin à paroles :

"Alors, dis moi tout : qu'est-ce qui t'amène ?"

 

Gretel & Olga

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Avait-elle vraiment raison de se méfier de Gretel ? Semblait-elle si dangereuse ? En avait-elle réellement peur ? Ou bien était-ce plutôt le jugement qu'elle pouvait avoir sur sa personne qui l'angoissait ? L'archère serait-elle aussi à l'aise et en confiance en sachant que son interlocutrice est une Ogresse ? L'ennemie éternelle des humains ? Leur cauchemar le plus vert qui soit ? Olga n'en savait rien, et elle craignait de se lancer sur cette voie. Et si Gretel refusait de lui adresser la parole, ni même de la revoir ? Cette simple idée la terrifiait, et pourtant, les deux jeunes femmes ne se connaissaient pas depuis très longtemps. Elles n'étaient pas les meilleures amies du monde à proprement parlé, mais cette entente mutuelle, cette confiance qui s'instaurait entre elles, l'Ogresse y tenait bien plus qu'elle ne le pensait. La sincérité dont chacune faisait preuve envers l'autre, c'était là un trésor précieux dans un monde comme le leur, où l'hypocrisie et la méfiance faisaient leur route côte-à-côte. Olga aimerait pouvoir compter Gretel parmi ses amis, ses quelques, rares, amis. En avait-elle seulement ? De vrais confidents, des gens sur qui elle pouvait compter, qui savaient ce qu'elle était ? Peu, très peu. Et ils n'en étaient pas moins précieux pour autant. Il était vrai qu'à la voir ainsi, souriante et pleine de vie, on ne pouvait se douter de ce qui se tramait dans sa tête. Des relations, elle en avait partout, mais qui connaissait vraiment l'Ogresse qu'elle était ? Cette femme qui ne rêvait plus que de vengeance, jusqu'à en oublier ce qui se passerait ensuite.

Le contact de la main de Gretel la ramena sur Terre. Étonnamment rassurante, Olga avait l'impression qu'elle essayait de lui faire passer un message. Et si elle pouvait lui faire confiance, finalement ? Et si Gretel était l'une des rares sur qui elle pouvait se reposer ? La brune se contenta de lui sourire doucement, soudainement apaisée dans ses doutes. Quelle sorte de magie cela pouvait-il bien être ? Ce sentiment d'être acceptée sans compromis, sans détour. Est-ce comme cela que l'amitié se créer ? Peut-être. Acquiesçant silencieusement à la proposition d'un chocolat chaud, Olga attendit sagement que sa nouvelle confidente revienne avec les tasses pleines de ce réconfort enfantin et sucré. « Si tu lui apportes des sucreries, il sera forcément heureux de te voir ! » Sauf ce jour-là. Après la discussion animée qu'ils avaient eue, il devait encore être en train de se défouler. Ou alors il était déjà rentré et se vengeait sur les pauvres guimauves qu'il restait. Une lueur d'amertume éclaira le visage de la brune l'espace d'un instant. Il devait accepter le fait qu'elle ne reculerait devant rien, ni personne, voilà tout. Se chauffant les mains contre sa tasse, Olga finit par boire une gorgée de chocolat, souriant de nouveau à la douceur qui l'envahissait petit-à-petit. « Le chocolat est délicieux. » Piquant un cookie, elle trempa ce dernier dans sa tasse avant de mordre dedans. Décidément, on ne risquait jamais de mourir de faim en entrant ici !

« [...] Il faut vraiment que je pense à embaucher quelqu'un pour m'aider ! » Et elle partit à rire. Un rire rapidement interrompu sous le coup de la surprise, comme si elle n'avait pas l'habitude d'agir de la sorte. Olga l'observa un instant, avant de rire à son tour. Si elle avait pu voir la tête qu'elle faisait ! C'était comme si elle riait pour la première fois, sincèrement, sans se forcer. La voir ainsi amusa énormément la brune, qui ne put s'empêcher de la regarder avec tendresse. Elle appréciait vraiment Gretel, elle s'en rendait compte à présent, comme une évidence qui se trouvait au bout de son nez. « Alors, dis moi tout : qu'est-ce qui t'amène ? » Prise au dépourvue face à cette question, l'Ogresse leva les sourcils et ouvrit la bouche sans qu'aucun son n'en sorte. Elle ne savait que répondre. Elle même ignorait la raison de sa venue. C'était ses pieds qui l'avaient conduite dans la boutique de Gretel, comme une intuition plus forte que le reste. Haussant ses épaules, un sourire désolé sur les lèvres, Olga avait l'air d'une enfance prise la main dans le sac et qui n'avait aucune explication. « Pour être honnête, je n'en ai pas la moindre idée moi-même ! Une simple envie ... Disons qu'un feu follet m'a amenée jusqu'ici ! » Riant de nouveau, amusée de sa propre réponse, l'Ogresse cherchait une quelle conque raison valable, mais rien ne venait. Si ce n'était sa bonne humeur.

HRP:

 

Olga & Gretel

même la pire tête de mule au monde a besoin d'une amie

« Pour être honnête, je n'en ai pas la moindre idée moi-même ! Une simple envie ... Disons qu'un feu follet m'a amenée jusqu'ici ! »
"Dans ce cas, remercions le ciel que ce feu follet d'ai guidé ici ! Je ne saurais absolument pas dire pourquoi, mais je suis heureuse que tu sois venue Olga. Ces temps-ci, c'est véritablement un soulagement d'avoir la visite d'une... amie."

En vérité, j'avais hésité sur le dernier mot. Le formuler à voix haute est quelque chose d'étrange. Est-ce que j'ai déjà réellement eu des amies ? Non, pas vraiment. des connaissances, des clients, des ennemis, oui, ça j'en ai à la pelle. Même si on peut considérer qu'en amitié, je me penche généralement sur la gente masculine, Olga ici présente me fait prendre conscience qu'une amie femme, c'est un peu un grand bol d'air frais. Même si, je l'avoue, je ne sais absolument pas comment on s'y prend quand on est amie avec une femme.

Est-ce qu'on parle de chaussures, de robes, de perruques et de beaux jeunes hommes ? Est-ce qu'on se complimente à tout va ? Je n'en ai aucune idée, mais tout cela, ce n'est pas moi. Et j'ai comme le sentiment que cela ne ressemble pas tellement à la jeune femme que j'ai en face de moi non plus. Mais, nom d'un cookie, je ne sais pas du tout ce que j'ai en commun avec Olga. Si ce n'est le franc parler et l'audace, quelque fois... Non ce n'est plus toi.

Non, c'est vrai. Elle est le reflet de la Gretel chasseuse de sorcières. Celle que j'ai enterrée sur le pas de la porte de cette boutique, celle que tout le monde autour de moi s'évertue à ressusciter, à mon plus grand malheur. Potté, Hansel, même Dragée le sait. Même Dragée sait que je suis une meurtrière. Mais Olga... Elle ignore tout. Ma boutique avait extrêmement bien fonctionné au début, grâce à notre réputation avec Hansel, mais aujourd'hui, avec tout ce qu'il se passe à Fort Fort Lointain, tout le monde a oublié qui j'étais...
Et ça te manque ?

"Eh bien Olga, puisque tu es ici et que je n'ai presque aucun client, est-ce que ça te dirait que nous allions faire un tour dans la forêt ? Je crois que tu as besoin de te défouler, et je connais l'endroit parfait pour cela." Je ne sais absolument pas si elle en a envie, mais là, tout de suite, moi j'ai envie de lui montrer tout cela. Mon endroit à moi, à l'abris entre mes arbres, mes cibles d'entraînement. Il y a quelque chose qui la préoccupe et elle ne me le dit pas, soit, mais qu'elle se fasse du bien au moins. Je ne sais pas dans quoi je me lance, mais elle a les sourcils constamment froncés, et je ne me sens jamais bien avec les personnes qui sont préoccupées. Je sais, je ne devrais pas. Je sais, je suis devenue faible.

Je ferme rapidement la porte de ma boutique et ajoute le panneau "FERMÉ" avec un petit pincement de soulagement. Je défais mon tablier et me précipite dans la cuisine pour attraper ma cape et mon arc que je dissimule sous le grand tissu marron et usé. Viens Olga, j'ai besoin de te montrer tout cela.

Le chemin dans la forêt est étrangement apaisant. Apaisant, parce que je suis impatiente de montrer tout ce que je possède à Olga. Étrange, parce que je découvre ce chemin. Je le traverse en courant toutes les fois que je viens ici, mais cette fois, je marche le plus lentement et le plus normalement du monde. Je n'ai plus cette sensation d'urgence, que je doive me dépêcher avant de totalement exploser. Pour la première fois, je n'y vais que pour mon propre plaisir. Comme avant, comme avant avec Hansel. Le passé me rattrape plus que je ne le voudrais, et les chimères réapparaissent. Celles que j'avais effacées de mon esprit, ces blessures que j'avais pansées avec tant de mal, aujourd'hui elles se rouvrent dans le but de m'achever. Mais la douleur m'est tellement douce. Plus douce que tout.

Nous arrivons dans la clairière, et le contour de mes cibles se dessine avec de plus en plus de précision sous nos yeux. Je ne sais absolument pas si cela fait plaisir à Olga, je n'ose pas la regarder, de peur de l'avoir déçue. Bon, il va bien falloir se retourner un jour.
Je fais face à la jeune femme avec un énorme sourire. J'espère tellement que cela lui fera plaisir...
"Voilà ! Je ne sais absolument pas si tu t'es déjà entraînée au tir à l'arc, mais je pourrais te montrer si tu le souhaites. Je viens souvent ici quand j'ai besoin de me défouler... J'espère que cela pourra t'aider et... te fera plaisir."

Tu viens de te révéler Gretel, tu sais ce que cela veut dire ?
Oui. Il est trop tard pour revenir en arrière. Mais je n'en ai pas envie. Oh, Olga, j'espère tellement que j'ai pu t'aider.

 

Gretel & Olga

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« Eh bien Olga, puisque tu es ici et que je n'ai presque aucun client, est-ce que ça te dirait que nous allions faire un tour dans la forêt ? Je crois que tu as besoin de te défouler, et je connais l'endroit parfait pour cela. » Elle ne répondit rien sur le coup, plus surprise qu'autre chose. Alors accoudée sur le comptoir, grignotant les quelques cookies encore rescapés de son appétit d'ogresse, Olga ne put empêcher ses sourcils de se lever en voyant la gérante fermer boutique à une heure pareille. L'observant s'agiter ça-et-là, Olga réalisa que se défouler un peu ne lui ferait, effectivement, pas de mal, qui plus est, Gretel avait l'air particulièrement pleine d'entrain à cette simple idée. Ce fut donc sans broncher que la brune suivit sa comparse, assez curieuse de découvrir ce "parfait endroit" qu'elle avait évoqué quelques minutes plus tôt.

Marcher dans les bois en compagnie de quelqu'un d'autre faisait du bien à Olga. Elle qui avait l'habitude d'arpenter la forêt en solitaire, évitant tant bien que mal les pièges de son frère, se balader ainsi, avec Gretel, c'était ... revigorant. Différent, mais incroyablement énergisant. Mais soudainement, la pensée de croiser Ulrich vint brouiller son enthousiasme. Il n'était pas dit que ce dernier était remis de leur conversation du matin même. Et si elles tombaient sur lui ? Pourquoi tu t'inquiètes Olga ? Pour rien. Si Ulrich faisait son apparition, Olga agirait comme elle l'avait toujours fait. Une taloche sur le derrière de la tête et le tour serait joué ! Pourquoi s'en faire ? Chacun savait à quoi s'attendre à présent. Ils l'avaient toujours su d'ailleurs. Mais pourquoi s'embêter avec de pareilles pensées ? Il n'était même pas dit qu'elles le croisent. Alors elle chassa ses idées, secouant légèrement la tête de droite à gauche.

Fixant la jeune femme qui marchait légèrement devant elle, Olga se demandait où elle pouvait bien l'emmener. Elle était rarement venue dans ce coin-ci de la forêt, il faudrait qu'elle remédie à cela, un peu plus tard. Bien qu'elle avait pu y passer sa vie entière, l'Ogresse était toujours étonnée de découvrir de nouvelles surprises dans ces bois. Née loin de la ville, la nature était sa maison. Le ciel en était le toit, capricieux et caractériel ; les arbres en étaient les murs et les poutres, un soutien inébranlable ; et la terre en était le parquet, omniprésent et rassurant. Une demeure gigantesque au mille-et-un secrets. A la fois familière et emplie de mystère. Pas étonnant qu'Olga y fût si à l'aise et sereine, bien plus qu'en plein Fort Fort Lointain en tout cas.

Tirée de ses divagations, le regard de la brune s'accrocha sur des objets étranges présents entre les arbres. Arrivées dans une clairière, les deux jeunes femmes se retrouvèrent cernées par de nombreuses cibles, placées ça-et-là, certaines plus abîmées par les flèches que d'autres. Un émerveillement certain se dessina sur le visage de la brune qui tournait sur elle-même, telle une gamine qui aurait atterrit dans la cachette du Père Noël. Décidément, Gretel avait le don de l'émerveiller ! D'abord par sa boutique sortie tout droit d'un rêve d'enfant, puis par cette oasis merveilleuse perdue au milieu de la forêt.

« Voilà ! Je ne sais absolument pas si tu t'es déjà entraînée au tir à l'arc, mais je pourrais te montrer si tu le souhaites. Je viens souvent ici quand j'ai besoin de me défouler... J'espère que cela pourra t'aider et... te fera plaisir. » Se tournant finalement vers l'archère, Olga avait un grand sourire aux lèvres, son sourire sincère et contagieux. Approchant de la jeune femme, elle l'attrapa délicatement par l'épaule - le plus possible, connaissant sa force - souriant de plus belle, embrassant des yeux la vue qui s'offraient à elles-deux. Et Olga réalisa ce que venait de faire Gretel. Elle s'était livrée, elle lui avait dévoilé un secret qu'elle gardait jalousement, et le lui avait partagé. Lui lançant un regard complice, l'Ogresse la remercia intérieurement de lui accorder une telle confiance. « C'est fantastique, Gretel. Fantastique. »

Les heures qui suivirent furent trop courtes pour pouvoir les décrire. Dans cette clairière, au milieu de toutes ces cibles, perdues dans la forêt, deux femmes apprenaient à se connaître, se liant d'amitié, irrévocablement. L'écho de leurs éclats de rire résonna longtemps encore après leur départ. Une flèche, un conseil. Une autre flèche, une confidence. Encore une flèche, un souvenir. La simplicité brute, une sincérité touchante, une confiance mutuelle, et une complicité inexplicable. Voilà tout. C'était bien tout ce qu'il y avait entre elles. Tu vois Olga, ce n'est pas si difficile de se faire une amie ...

 

Olga & Gretel

même la pire tête de mule au monde a besoin d'une amie

Une enfant. Des yeux rieurs, un enthousiasme phénoménal, et plus rien dans les membres qui ressemblerait à une tension, à une gêne ou même à de la tristesse. Rien d'autre que du défoulement, plus de pression et plus d'amertume. Elles étaient plumes tranchantes au vent, et rien, pas même les bourrasques ne pouvait arrêter la naissance de cette amitié.
Olga. Gretel. Tout cela devenait Olga et Gretel, et bon sang ce que ça faisait du bien ! Je n'avais pas ressenti ça depuis des mois. Le partage. Partager ce qui me fait me sentir vivante, non je n'avais pas l'habitude de le faire. J'ai perdu ce sens du partage, j'étais devenue l'égoïste Gretel mal dans sa peau. Autrefois, Hansel. Autrefois, Potté. Mes deux raisons de vivre concentrés chacun leur tour sur cet are de clairière qui représentait ma vie. Aujourd'hui prairie en friche, à l'image de mon cœur, mais les cibles de mon amour toujours bien ancrées dans le sol. Peut-être qu'il est à mon image, ce carré d'herbe jaunie au milieu des bois. Et il a l'air de renaître grâce au rire d'une probable ogresse, probable menace. Mais je m'en fiche. Olga reste Olga, et pour rien au monde je n'aimerai qu'elle se fasse passer pour quelque chose d'autre qu'elle n'est vraiment. Je ne veux pas qu'elle devienne comme moi... Je ne le souhaite à personne, au fond. C'est trop dur à porter, la culpabilité de s'être assassiné soi-même.

J'aimerai qu'elle enlève son charnel, j'aimerai qu'elle soit vraiment Olga, là devant moi, qu'elle vive comme elle devrait vivre. J'aimerai qu'elle enlève son masque et que je puisse enfin voir son vrai visage. Les créatures magiques ne me font pas peur. J'ai traqué assez de sorcières pour savoir qu'ils ne sont pas tous pareils, pas tous avec les mêmes travers avilissants. Potté. Potté n'est pas comme eux, et cette Olga que je vois là devant mes yeux, elle n'est certainement pas comme toutes ces pourritures que j'ai été obligée d'anéantir.

Une enfant. Des yeux rieurs et le bonheur de ne plus être seule. Les yeux des deux jeunes femmes brillant à l'unisson, et plus rien en dehors de cette clairière n'existe. Un havre. Notre havre. Cette clairière n'est plus à moi. Je vais devoir l'abandonner. Passer le flambeau ? Je sens que je ne pourrais plus m'évader maintenant. Je dois revenir à ce que je suis. Et si je ne le fais pas de moi-même, les circonstances le feront. Les circonstances le font toujours.
"Si tu veux, ce terrain peut aussi être le tien. On pourra te trouver un arc, et tu pourras venir aussi souvent que tu le voudras. Tu connais le chemin maintenant. Moi, je suis trop occupée depuis le départ d'Hansel pour m'amuser ici, mais toi tu pourrais en avoir plus besoin que moi. Alors si ça te dit, ce serait un plaisir de partager mes cibles avec toi. Nos cibles." Et un jour, Olga, tu pourras être à nouveau toi-même. Et moi aussi. Je ne vais pas avoir le choix. On n'a jamais le choix de sa vie.