Le marché. Habituellement et surtout autrefois, je n'osais me confondre avec la population. Normal me direz-vous lorsque vous êtes à la base un animal si petit, que quelques personnes ne feraient pas attention à vous en osant vous piétiner dessus. Et puis, il fallait dire que je haïs les humains de la même manière que les proches de la Marraine détestent les créatures qu'ils considèrent comme "des erreurs de la nature". Se dire qu'aujourd'hui j'allais devoir zigzaguer entre cette populace de mortel m'enquiquinait un petit peu... J'aurais pu à la rigueur revenir sous ma forme de corbeau, mettre les pattes dans les tomates et en becter une s'il ne serait seulement question de manger, et d'emporter à l'aide de mes serres tout ce que j'avais besoin. Mais après ma rencontre terrifiante avec un chapelier en ces lieux, je m'étais dis qu'il valait mieux être plus docile cette fois-ci et accepter de porter mon Charnel même si cela m'obligeait à aller à la rencontre des gens. Fort heureusement, qu'il n'y avait pas que des gueux qui traversaient les villes et qu'il était fort agréable de s'y promener, attiré par la multitude de parfum qui se dégageait en particulier des endroits où l'on préparait à manger la porte ouverte ou sur les stands même où l'on présentait de nombreux produits. Flânant, j'avais déjà acheté quelques herbes, espérant qu'elles conviennent à Maléfique ainsi que de nombreux aliments, de quoi en réalité pouvoir tenir lors d'un long voyage. Puis je m'étais également arrêté à des endroits où l'on présentait des bijoux ou des bibelots... Je désirais alors tant prendre un petit objet pour pouvoir l'offrir à ma douce Reine, comme je le faisais régulièrement en partant acheter quelque chose. Une aussi grande attention aurait pu paraître absurde... Même pour un couple qui finirait par étouffer de délicatesse alors que l'un des deux désireraient, des fois, à passer du temps avec des amis plutôt que l'homme ou la femme qu'il ou elle voit tout les jours... Mais quand je voyais Maléfique, c'est constamment ravis qu'elle me revenait revenir lui offrir un présent, même avec trois fois rien... Et après tout, j'avais une dette envers elle.
Que valait une vie ? Sûrement une infinité de choses ! Dont : la servitude, l'amour, le respect... Et les objets. Mais après tout ce temps à lui donner quelque chose, qu'est ce que je pouvais bien lui donner maintenant ? Il fallait un objet qui sorte du commun. Quelque chose qu'elle apprécierait et qu'elle n'a pas déjà reçu de ma part... Quelque chose même, qui sera bien plus beau et bien plus précieux qu'elle n'a pu recevoir de la part de ces proches amis !
Mon oeil vif parcoura alors les objets placés dans le stand jusqu'à ce que j'aperçoive quelque chose que je n'avais encore jamais présenté avant :
une brosse. Mais elle n'avait rien d'une brosse banale comme on pouvait en voir partout. Au vu de son apparence riche de part ses pierres précieuses entre le bleu et le vert ainsi que la couleur sombre, omniprésente sur l'objet et des nombreux motifs précis, je m'étais dis qu'il pouvait être le meilleur accessoire pour coiffer ses longs et doux cheveux soyeux. Je m'apprêtais donc à m'en saisir, bien évidemment, mais au lieu de cela, ma main se posa sur une autre qui désirait à faire pareille à l'instant présent. Je retirais alors vivement ma patte avant de tourner vers cette dite personne, la détaillant de haut en bas... Rougissant en observant sa mine qui semblait bien innocente.
Ohhh... Pardon... Je ne voulais pas vous toucher...
Je ne savais plus comment réagir... Me saisir de l'objet que je convoitais ? Lui céder alors qu'elle voulait l'acheter aussi ? ...Mais Maléfique ?
Que faire ? Je m'étais dis que peut être, je pourrais trouver autre chose de meilleur. Mais d'un autre côté, je n'osais pas lui dire de le garder et ne plus avoir l'occasion de trouver une babiole, même légèrement précieuse...