Il était une fois, une sirène qui vivait dans les profondeurs de l’océan. Comme toutes les filles de Neptune, elle était d’une grande beauté et cela même lorsqu’elle n’était qu’une enfant. Comblée par Dame Nature, elle possédait une peau pâle comme l’écume, des grands yeux d’azur brillants comme les plus purs saphirs et une chevelure rougeoyante comme le cuivre. De plus elle était pourvue d’une queue de poisson aux écailles aussi éblouissantes que l’or. Elle portait le nom de Nerissa, en hommage à Nérée le vieillard de la mer connu pour être d’après les légendes le plus ancien triton connu.

Il était connu que les sirènes admiraient plus que toute autre chose les objets brillants et précieux. Nerissa n’y faisait pas exception et dès son plus jeune âge elle parcourait le fond et exploraient des épaves afin de découvrir des objets insolites. Elle pouvait passer des heures à admirer les reflets irisés d’une bouteille de verre ou l’éclat mordoré d’une fourchette. Car si elle reconnaissait sans peine la beauté des produits de la mer, elle était dévorée de curiosité pour mes objets venant de la surface. Elle observait avec intérêt les bateaux marchands, remplis de richesses mais elle avait encore trop peur de la foule des marins pour s’en approcher. Les navigateurs n’apercevaient que l’éclat de sa nageoires et sa longue chevelure et parlaient d’une sirène dorée que nul ne pouvait approcher. Nerissa fut l’objet de nombreuses rumeurs sans même le savoir.



C’est ainsi qu’un jour un Prince se lança à sa recherche pour accomplir une quête confiée par un seigneur. Il naviguait sur un bateau chargé des plus belles étoffes de soies. Attirée par ses produits de luxe, la sirène sortit la tête de l’eau. L’homme semblait être seule. S’armant de courage elle l’appela de sa voix la plus douce, l’incitant à la rejoindre et lui montrer ces merveilles. Mais le jeune homme répondait avec fermeté qu’il ne viendrait pas à elle, car l’acheteur vient au vendeur. Tournant sa barre il fit route vers la terre ferme. Trop désireuse de s’emparer de ses soieries aux couleurs exquises, la sirène le suivit et monta à bord de son navire. Le Prince l’embrassa sur les joues et sur les lèvres en lui disant qu’elle sienne à tout jamais. Elle sourit avec amusement de le voir si naïf et si impatient. Mais brusquement le bateau se changea en loup et effrayé par cette magie la sirène s’agrippa au coup du Prince.

Le couple nouvellement prit la route, le Prince monté sur le loup et la sirène dans un bassin que l’animal traînait derrière lui. Ils firent route vers le palais du seigneur au cheval doré qui voulait voir de ses yeux la si mystérieuse sirène dorée. Il fut ébloui par les exploits du jeune Prince et il lui offrit son cheval doré et après avoir organisé une grande fête, les trois compagnons quittèrent le palais du seigneur. En effet le Prince désirait retourner chez lui, auprès de son père que l’on nommait le seigneur aux pommes d’or. Le loup annonça alors qu’il quittait le couple et que son amitié resterait éternelle. Les nouveaux amis se dirent alors adieu et le loup disparut dans la forêt tandis que le Prince et la sirène dorée faisaient route vers le palais avec le cheval doré et l’oiseau doré. Le Prince était fier d’avoir réussit avec succès les épreuves imposés par les seigneurs au cheval doré et à l’oiseau doré et il rentrait le cœur léger auprès de son père pour lui annoncer qu’il avait découvert qui était le voleur de ses pommes d’or, le vif et rapide oiseau doré. Mais les frères aînés du Prince étaient dévorés de jalousie et tendirent une embuscade pour mettre fin aux jours de leur cadet. Ils battirent le Prince et le laissèrent pour mort, enlevant le cheval doré et l’oiseau doré. Mais rien ne fit bouger la sirène qui restait auprès de son Prince. Elle pleura pour son pauvre amour pour qui elle se sentait prête à quitter l’océan. A ce si jeune âge les jeunes filles, même les sirènes, ne souhaitent que rencontrer un homme charmant et tomber amoureuse. Heureusement le loup arriva et conseilla à la sirène de recouvrir le corps de son bien-aimé de fleurs et de feuilles. Le loup magicien était un habile connaisseur des plantes médicinales. Le Prince à l’agonie retrouva ses forces et ils partirent tous les trois au palais du seigneur aux pommes d’or. Les frères furent bien désappointés de voir leur cadet vivant et racontant ses mésaventures. Le seigneur bannit ses fils aînés et organisa un magnifique mariage pour son plus jeune fils et sa sirène. Le loup quant à lui repartit vivre dans la forêt.


Cette histoire s’était passée voilà bien des années. Le Prince et la sirène vécurent heureux pendant deux ans. Mais ils n’eurent pas beaucoup d’enfants. Aucun nourrisson ne vit le jour. La vie sur terre était difficile pour la sirène. Elle ne pouvait se déplacer seule, à moins de se traîner sur le sol par la force de ses bras ou se faire porter par un valet. De plus elle avait besoin d’être bien plus hydratée que les humains et par conséquent elle passait la majeur partie de son temps dans un petit bassin que le Prince avait fait installé. Le fait qu’elle devait régulièrement s’arrêter pour hydrater sa peau dans des points d’eau au cours de son voyage avec son Prince pour rejoindre le château familiale aurait dû déjà lui faire comprendre que vivre comme une humaine était chose impossible. Mais elle était aveuglée par l’amour et cette envie folle de vivre une romance digne d’être contée.

Quand le Prince mourut suite à un accident de chasse, la sirène s’en retourna dans les océans bien qu’elle affectionnait le seigneur aux pommes dorées. Il était évident qu’elle n’avait pas sa place sur terre et que seul son amour avec un humain l’avait aveuglé au point de croire qu’elle pourrait s’accommoder d’une vie faussement normale. Si on reconnaissait sa beauté, elle demeurait une femme avec une queue de poisson et sa nageoire, bien que magnifique était un sérieux handicap. Elle fit donc apprêter un carrosse, s’emmitoufla dans une couverture humide et au bout de quelques heures de trajet rejoignit les océans. Sa famille fut fort heureuse de la retrouver et Nerissa était tout autant ravie de nager à nouveau dans l’onde pur. Elle explora donc à nouveau les fonds marins. Ayant côtoyer de nombreux humains durant ses années de mariage elle n’en était plus effrayée et osa bien souvent les appeler quand elle apercevait un navire. Mais à sa grande surprise ils poussaient des cris ou se jetaient à la mer et se noyaient en tentant de la rejoindre. Nerissa n’était plus une enfant et elle découvrit alors son pouvoir de séduction. La sirène se fit plus cruelle et prenait un malin plaisir à séduire les pauvres humains pour les embrasser avec passion avant de les abandonner sur terre ou sur mer. Au cours des dix années qui suivirent elle eut de nombreuses aventures amoureuses. Mais ceux qui obtinrent le privilège de partager sa couche furent moindre. Nul ne trouvait grâce à ses yeux pour partager sa vie pour l’éternité.

La sirène dorée se complaisait dans cette vie simple, écumant les mers, discutant avec les poissons, nageant avec les dauphins et coiffant ses longs cheveux sur un rocher. Puis un jour à sa grande surprise une étrange idée traversa son esprit tandis qu’elle donnait un baiser à un jeune marin. Elle sentit quelque chose, un doux parfum envoûtant et elle voulait à tout prix l’aspirer. Cette fragrance n’était nulle autre que l’énergie vitale du marin et Nerissa la dévora avec avidité. Elle se sentit envahir par une force nouvelle mais elle s’évanouit pourtant sur le sable. A son réveil le marin était pâle comme la mort. La sirène retourna dans l’océan et contempla son reflet avec stupeur. Elle semblait plus jeune, sa peau était comme revigorée. Avec ravissement elle comprit qu’elle pourrait conserver son beau visage plus longtemps grâce à l’âme des mortels. Sa soif n’était jamais rassasiée et même si cela l’épuisait au point qu’elle dormait parfois tous les jours durant, elle ne parvenait pas à s’arrêter. Par une nuit sans lune elle dévora la moitié d’un équipage et dormit cinq jours durant.


Pourtant sa soif cessa aussi vite qu’elle était apparut. Peut-être car son visage lui convenait ainsi. Quoiqu’il en soit elle se prélassait sur une plage quand des hommes en armures l’encerclèrent. De bonne humeur elle les gratifia d’un large sourire mais les soldats ne semblaient guère disposé à bavarder. Ils sortirent des mots étranges comme « attentat à la pudeur » « terreurs des marins » « charnel n°5 ». Avant que Nerissa ait pu dire ou faire quoi que ce soit elle fut jetée dans un carrosse peu reluisant. Les soldats l’emmenèrent à Fort Fort Lointain et elle fut sommée de se vêtir convenablement, comprenez cacher ses seins qu’ils ne sauraient voir, et porter le charnel n°5. Nerissa tombait des nues et après quelques insultes, fut disposée à connaître les détails de toute cette affaire. Ainsi les anciens souverains avaient été renversés par la Marraine Fée. Première nouvelle. Les anciens souverains étaient des ogres. Deuxième nouvelle. Marraine la Bonne Fée avait horreur des ogres et avaient décrété que toutes les créatures non humanoïdes devaient porter le charnel n°5. Troisième nouvelle.

Nerissa se retrouvait donc contrainte de vivre comme une humaine et donc de trouver un nouveau toit pour se loger et un emploi pour remplir sa bourse et subvenir à ses besoins. Elle chercha donc dans les petites annonces et obtint un emploi dans un salon de coiffure de Leroyal. Son incroyable talent pour créer les coiffures les plus raffinées et compliquées firent son succès. Ses clients lui demandaient également des conseils pour entretenir leur chevelure et qui mieux qu’une sirène pouvait leur répondre ? Elle élabora une gamme de soins capillaires à base des produits de la mer et le succès fut immédiat. Les résultats étaient tout simplement spectaculaire et sa renommée se répandit comme une nuée de poudre. Etrangement cette nouvelle vie plaisait Nerissa. Certes l’océan lui manquait terriblement mais pour l’instant sa situation n’était pas déplaisante et elle s’amusait follement.