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poucet ☾ we are bound together from womb to tomb


FORT FORT LOINTAIN

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poucet ☾ we are bound together from womb to tomb EmptyVen 24 Oct - 12:04




Poucet et Elis

un cœur d'homme a un sol plus rocailleux encore, on y fait pousser ce qu'on y peut... et on le soigne

Les armes qui s'entrechoquaient. Les dents qui se serraient, et le souffle rauque. Les plaies béantes. La peur au ventre. Elis ne comprenait pas comment on pouvait s'amuser de cette triste réalité. Comment on pouvait la donner en spectacle. Pourtant c'était ce qu'il avait vu. Des hommes qui venaient contempler la mort, qui passait et trépassait, qui restait dans l'ombre sans jamais réellement intervenir. Et puis d'autres qui se battaient pour leurs yeux vides. De ces deux catégories de personnes-là, le forgeron se fichait bien. Il était resté à l’écart de ces troupes étrangères, son regard rivé ailleurs. Seule une personne l’importait dans toute cette dangereuse mascarade. Son frère. Au milieu de l’arène, Aquilon entre ses mains de combattant. Son frère. Devant tous ces gens, pour leur propre plaisir. Parfois, Elis ne comprenait pas pourquoi le maître d’armes se transformait en ce phénomène de cirque, et souvent, il se prenait à chercher une réponse sans jamais pouvoir en trouver ne serait-ce qu’une esquisse. Alors il continuait à ne pas assister aux combats, pour céder quelquefois tout de même, comme aujourd’hui. Et quelle étrange sensation que de le regarder se battre, et gagner. Malgré le dégoût, malgré la peur de ce qu’il pourrait peut-être arriver, un jour, Elis était fier de son petit frère. Un temps. Toujours. Parce que si les assaillants se jetaient sur lui à chaque instant de son existence mouvementée, il avait toujours eu le courage de répliquer sans craindre les conséquences. Oh certes, cela lui avait coûté. Au final, ça laissait des traces. Un nez cassé, des blessures rée ouvertes qui saignaient à gros bouillon, et puis des cadavres sur la conscience. Des cauchemars. Des nuits blanches pourtant si noires. Le forgeron n’avait pas oublié non plus. Il ne le voulait pas, parce que c’était leur histoire, et que jeter des pages dans le vent n’aurait fait que gâcher les sacrifices de Poucet pour les sauver. Mais il ignorait si entretenir les plaies en continuant à se battre était le meilleur moyen de vivre après coup. Pourtant, c’était ce que faisait son petit frère. Jour après jour. Lorsqu’il le vit, vainqueur, sortir de l’arène tandis que les grilles se refermaient sur son passage,  Elis fut pris de sentiments contradictoires. C’était le risque, quand on côtoyait Poucet. Ce n’était pas de sa faute, il ignorait comme les autres pouvaient être attachés à lui. Alors il ne vous épargnait pas. Sans demi-mesure aucune, il vous faisait l’aimer, vous disait qu’il n’avait pas besoin de votre aide et vous remerciait dans la même phrase. En un seul mot. Tout en s’approchant discrètement des coulisses, ou il ne savait comment nommer ça, Elis se prit à sourire. Poucet ne cesserait jamais de l’étonner. Après tout, se dit-il en arpentant les allées afin de retrouver cette tignasse noire d’encre reconnaissable entre toutes, c’était une particularité propre aux petits frères. Ils vous quittaient adolescent, et vous retrouvaient bien plus homme que vous-même, avec pourtant ce regard d’avant. D’enfant. Même si pour ce frère-ci, tout était différent. Passé, présent, avenir.
Et même si c’était cet avenir-là qu’il avait choisi, Elis s’en contenterait.
Parce qu’après tout, c’était mieux que rien du tout.
Alors qu’il se prenait réellement à songer qu’en effet, il s’était perdu – encore une fois, on n’avait pas idée de faire des bâtisses aussi grandes – une créature sortit de nulle part se rua sur lui, et manqua de le faire s’étaler sur le sol. Se retenant à son honneur, il réussit tout de même à rester debout, et s’apprêtait à répliquer lorsqu’il remarqua qu’il connaissait ledit monstre, et qu’il y était même pour beaucoup pour ce qui était de sa présence en ces lieux. Aldred. Boule de poils blanche qui devait à l’heure qu’il était dépassé le poids d’un cheval. Il eut le droit à une caresse sur le haut de la tête, et mit en jeu toute l’agilité d’Elis en essayant de lui mordiller les doigts comme le grand chiot qu’il était encore. "Si j’avais su que les chiens étaient acceptés, je n’aurais pas laissé le mien attaché à la forge, complètement anéanti parce qu’il croyait que je l’abandonnais. Au moins m’aurait-il servi ici." Lorsque les deux chiens étaient dans la même pièce, ils s’occupaient d’eux-mêmes au lieu de faire attention aux humains, ce qui n’était pas plus mal. Pourtant, ce fut le sourire dans la voix qu’Elis apostropha son frère, parce qu’il ne pouvait pas s’en empêcher en le voyant. Surtout lorsqu’il n’était pas invité à le faire, puisqu’ici Poucet ne l’avait sûrement pas vu dans les gradins – il n’y était pas, étant resté à l’écart, de toute manière. "Vas-t'en." murmura-t-il au chien, qui fini par l’écouter aux vues de son ton autoritaire. Si seulement son maître pouvait en faire autant. C’était ce que le forgeron se disait parfois, sans l’ombre d’un doute, juste avant qu’Aldred refasse une ânerie bien entendu. "Ce gars, que tu as mis à terre, il ne va pas pouvoir tenir une épée pendant trois mois." dit-il après un léger silence, avec dans la tête des mots omniprésents. Tu t’es bien battu. Paroles qui se refusaient à sortir, parce que si la fierté était de mise, l’écœurement n’était pas loin. C’était le risque quand on le côtoyait. Elis se répéta ce vocable jusqu’à y croire complètement. Relevant les yeux vers son frère, il l’observa, lui qui avait tant changé, mais qui demeurait toujours le même dans son cœur. Celui qui dès sa première respiration avait pris toute la place. Et qu’il était heureux d’avoir retrouvé. Même en morceaux. "Tu n’as pas de… blessures ? Ça va ?" Bien sûr que si, Elis. Ne le regardes-tu pas assez, ton frère, pour savoir tout ça ?  Ne vois-tu pas ces morsures, ces lambeaux de chairs qu’il se traîne chaque jour comme enveloppe charnelle ? Peux-tu y faire quelque chose, dis ? Peux-tu le lui rendre, son sourire, Elis ?
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poucet ☾ we are bound together from womb to tomb EmptyVen 24 Oct - 17:11




Elis et Poucet
Mais, c’est pas un vrai suicide, soit tranquille c’est probablement rien d’autre qu’un appel à l’aide.

Les applaudissements il n'en a que faire. Le sourire suffisant de sa fée a plus d'importance que les gloussements désespérés des spectatrices qui ne supportent plus cet assaut de muscles sur le terrain. Dans la boue, dans le sable, qu'il pleuve, qu'il neige ou qu'il vente, les combattants sont là à se mettre sur la figure plus que convenu. Ils se battent, non pas jusqu'à se faire saigner, bien que les blessures soient de mise, ils se mettent tout bonnement à terre, quitte à se briser un bras ou une jambe dans la foulée. Encore une fois, le maître d'armes a montré son efficacité. Au départ, on riait de sa taille peu conséquente, de sa dégaine quelque peu singulière et du silence dans lequel il se murait. On se marrait du petit Poucet qui avait seulement eu l'honneur de se débarrasser d'un ogre morfale. Le petit Poucet était comme son nom l'indique, ridicule face à des géants taillés pour ce travail. Et pourtant, il avait su leur démontrer le contraire et ceci depuis près de plus de cinq ans à tout casser. Il n'a plus rien à démontrer, à personne, certainement pas à des inconnus qui ont les jambes tremblantes quand l'heure sonne pour le combat. Si la grille est tombée, si le son d'un cor a hurlé pour signer la fin des représailles, tout l'intérieur de son corps est encore en pleine furie. Le soleil a bien tapé, si bien que ses bouclettes se retrouvent dorénavant trempées, ses muscles se relâchent et c'est un soupir de plaisir qui sort de sa bouche en ayant droit à tant d'ombre d'un coup. Fier, il ne saurait dire s'il l'est exactement. Tout au début, ça lui venait naturellement se dire qu'il avait pris sa revanche. Or, depuis qu'il s'est habitué aux mouvements brusques, il se retrouve coincé dans une banalité qui le dépasse. Reniflant un peu en laissant sa tête tomber en arrière, le fameux couloir réservé aux guerriers pour mieux se préparer dans des salles pratiquement vides, seuls quelques vêtements s'entassent dans un coin et c'est avec le plus grand plaisir qu'il retrouve son fier compagnon au pelage opalin, prêt à se jeter sur lui. Alors qu'il le fait, l'éphèbe le rattrape en lui tenant les pattes antérieures, le dévisageant tout juste pour qu'il comprenne que ce n'est pas l'instant pour jouer. Aldred n'est pas stupide, bien au contraire, gardant toute sa bonne humeur condensée dans un petit coeur de canidé, il se jette hors de la pièce ayant probablement senti l'odeur d'un autre proche. La chance a été de son côté aujourd'hui, aucune plaie à l'horizon, encore moins de plaintes témoignant d'une gaucherie qu'il se refuse à accepter. La pierre gelée lui refile des frissons. Le château royal est magnifique, toutefois une chose cloche quand on entre dans les bas-fonds, bien moins hospitaliers que l'extérieur, c'est une petite fenêtre qui s'occupe de donner la chaleur dont il a besoin. Plus loin est posé sur une table branlante un récipient rempli d'eau, qu'il s'empresse de prendre entre ses mains pour s'en glisser sur la figure. L'effort, le réconfort sont deux mots qui ne vont pas ensemble selon lui. Toute son énergie il l'a donné oui, en revanche il ne peut plus se reposer sur ses lauriers. Il est fait pour ça, déclaré champion de Dragée Plumosucre, sa tâche lui incombe des sacrifices autant que de délicieuses sensations. Ce n'est pas un bonheur constant, ni même tout court, cependant il y trouve une satisfaction que ses proches ne peuvent comprendre. Il prend pas son pied à tuer, juste celui de se sentir quelques heures meilleur que les autres - chose qu'il ne connaît que depuis qu'il est arrivé à la capitale sans rien sur lui. Se débarrassant de l'accessoire en cuir noir autour de son bras qu'il dispose soigneusement sur ce qui semble être un banc, ses sourcils se froncent à l'entente d'une voix qu'il ne connaît que trop bien. Et la première question qu'il se pose n'est pas anodine.
Que fait-il ici ?
C'est que ça l'étonne, l'estomaque à un point qu'il en vient à se pincer la lèvre inférieure, tout en penchant la tête sur le côté, les gouttes cristallines dévalant ses traits pour mieux s'écraser sur le sol. Son doute se confirme lorsque sa silhouette rayonne dans l'encadrement de la porte. Tout bien vêtu, les cheveux parfaitement placés sur son crâne et un sourire galant collé au visage, Elis ne changera donc jamais. Toujours aussi roux, aussi taquin dans le regard, représentant tout ce que Poucet a voulu être lorsqu'il était enfant. Deux frères pour une seule âme commune, combien de fois lui avait-il dit qu'il souhaitait lui ressembler ? Si aujourd'hui rien n'est moins sûr, il n'empêche qu'à une époque il était son modèle. Poucet ne voulait pas être Poucet, il voulait être Elis, le jalousait peut-être un peu, mais surtout il était heureux d'être protégé par ce gaillard à peine plus âgé que lui. Sa bataille, son espoir, son pilier et sa plus grande illusion. « Ce gars, que tu as mis à terre, il ne va pas pouvoir tenir une épée pendant trois mois. » Ah, bien, effectivement, il est possible qu'il ne contrôle pas sa force maintenant qu'il en a une d'assez impressionnante. N'en répondant que d'une vague grimace, ses mains se joignent l'une à l'autre pendant que son palpitant reprend un rythme plus régulier, doux, apaisé en la présence de cette ombre le dépassant d'une taille, son parfait contraire. Il devrait le haïr pour avoir tant de choses pour lui, cependant il a plus de respect pour son aîné qu'autre chose. Après tout, qui le sauve à chaque fois qu'il en a la possibilité ? Qui tend sa main dans la lumière pour le tirer hors de cette vase l'attirant dans le fond du trou ? Poucet s'estime chanceux qu'il soit toujours présent, à ses côtés, pour toujours avait-il murmuré à son oreille quand il venait dans son lit lorsqu'il cauchemardait sur l'ignoble ogre qu'avait failli les dévorer eux et les autres. Le cadet des Cailloublanc s'est renfermé jusqu'à mettre son coeur hors de danger, tout bonnement parce que celui-ci trop fatigué, sature de trop d'émotions qui surpassent ce qu'un être humain peut entasser en des années. Malgré tout, le plus jeune a encore besoin du plus grand. « Tu n’as pas de… blessures ? Ça va ? » Le naturel revient au galop aussi rapidement que possible. Il se sent revenir avant Fort Fort Lointain, lorsqu'il était encore capable de pleurer à chaudes larmes pour n'importe quoi, lorsque ses aînés ne trouvaient aucun autre moyen de se sentir mieux que de le rabaisser autant que possible. Quand ça frappe, quand ça cogne, sans cesse un ange gardien veille pour vous empêcher de lâcher le fil si précieux de l'existence. Le sien porte son nom, quatre lettres pour des traits particuliers qui ne s'oublient pas. A les voir ainsi, personne ne se dirait derechef qu'ils sont du même sang, et pourtant, une même rage de vaincre bat contre leurs tempes, les phrases cassantes signifient la même chose et dans un regard l'un comprend le désarroi de l'autre. L'un est lune, l'autre soleil, le jour et la nuit, ils ne peuvent exister sans la présence de l'autre. D'une mine déconfite Poucet se surprend à regarder son torse nu pour y vérifier que rien de disgracieux ne s'y est installé, passant même par la case de son pantalon en tissu noble - selon sa protectrice - et pour finir ses bottes crasseuses. A priori rien à signaler, si ce n'est un corps qui souhaite le plus grand repos. Secouant la tête négativement, celle-ci se penche du côté droit juste assez pour qu'il se fasse comparer à un chiot qui ne comprend rien. « Je n'aurais jamais songé qu'un jour tu viendrais à ma rencontre ici, ni même que tu te déplacerais pour mes exploits à vrai dire. » Exploits étant accentué par une certaine ironie, il est vrai qu'Elis ne vient généralement que très peu, quand il croise son regard c'est dans les gradins avec une inquiétude si grande qu'elle perturbe l'épéiste aguerri. C'est la première fois qu'il s'enfonce jusqu'aux abysses de ceux que l'on surnomme parfois meurtriers. Ils savent tenir une lame, en cas de guerre ils seront les premiers envoyés au front pour protéger leur patrie. Éclaircissant sa gorge d'un hmhm révélateur, ses bras viennent à se croiser sur sa peau, la seconde d'après il humecte sa lèvre inférieure d'un petit geste de bout de langue, il n'a toujours pas répondu à son interrogation. « Je vais bien, ses attaques n'étaient pas assez précises pour m'atteindre et je suis presque désolé pour lui, toutefois les termes du contrat étaient assez clairs : personne n'est tué, cependant nous ne garantissons rien pour les dommages collatéraux. » Rire sec en coin de lèvres, d'un petit geste d'épaules il fait craquer sa colonne vertébrale lui arrachant une vague plainte mêlée à un visage déforme par une grimace. La vieillesse se fait de plus en plus précoce faut croire. Au fond c'est toute une joie qui prend possession de ses muscles, le bout de ses doigts picote, profondément touché d'avoir droit à son aîné pour le féliciter ou ce qui semble l'être. S'ils se sont perdus dans des voies différentes, une chose arrive à persister : la bêtise dont ils sont capables quand il s'agit d'ouvrir le torse pour montrer tout l'amour qu'ils éprouvent l'un pour l'autre. Parce que y'a toujours un détail qui cloche, des reproches qui fusent avec dans tout ceci, des mains qui ne peuvent se délier. La doctrine de Poucet se résume assez simplement, il marche avec Elis, mais pas sans. « Qui plus est mon frère, tu devrais savoir que je suis plus coriace que j'en ai l'air, la mort n'a pas encore eu raison de moi. » Qu'il ponctue d'un haussement de sourcils presque amusé. La mort il devrait pas spécialement en parler, pourtant il peut pas s'en empêcher, se vantant presque un peu de la surpasser. Depuis leur mésaventure dans la chaumière maudite, il perçoit l'univers sous un autre angle, avec tellement de philosophie qu'il a perdu toute notion de souffrance. En baver ça rend aigri, s'en prendre ça laisse la carcasse avec une dégaine pitoyable. Il a plus besoin de ça, alors il cherche à s'en séparer, en ayant malgré tout une conscience qui lui beugle qu'il se voile royalement la face. Il se cache.
Elis, quand vas-tu donc le retrouver ?
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poucet ☾ we are bound together from womb to tomb EmptySam 1 Nov - 23:22




Poucet et Elis

un cœur d'homme a un sol plus rocailleux encore, on y fait pousser ce qu'on y peut... et on le soigne

Il y tenait, à son petit frère. Depuis le début, jusqu’à la toute dernière fin. Il était celui qui lui donnait envie de rester, celui qu’il s’était efforcé de protéger durant la petite enfance, pour continuer même maintenant qu’ils étaient tous les deux adultes. Poucet était la seule personne qu’il pensait pouvoir aimer toute sa vie, et au-delà, et dont il se sentait entièrement, irrévocablement responsable. Pourtant, il le sentait, que tout l’amour qu’il lui portait ne suffisait plus. Et que celui qui resterait toujours dans son esprit comme un petit garçon, commençait à lui échapper petit à petit, doucement. Il lui glissait des mains, et Elis avait beau user de toute sa force pour le sortir de là, rien n’y faisait. Juste le temps qui passait. Et les yeux de Poucet qui s’éteignaient. Et son âme perdue dans la masse tandis que son corps flottait à la surface. Le forgeron ne croyait pas à toutes ces expressions qui visaient à montrer comme certaines personnes avaient changé. Pourtant ici, c’était un fait, qu’il remarqua soudainement lorsqu’il put distinguer son frère malgré l’obscurité naissante. Et qui lui fit l’effet d’une claque en pleine figure. Il n’était plus que l’ombre de lui-même.
Elis le voyait maintenant. Dans ses gestes comme dans ses mots. Dans ce qu’il montrait comme dans ce qu’il cachait. Poucet s’était perdu, quelque part entre la haine constante de leur famille et les sacrifices qui n’avaient au final servi à rien d’autres que de sauver une poignée d’idiots et de créer des cauchemars qui ne disparaitraient jamais. L’aîné dissimula une grimace lorsqu’il sentit son cœur se serré un peu plus qu’à l’ordinaire, le regard sur le cadavre de son petit frère. Une ombre. Il ne voyait plus que ça, à présent. Et le présent sonnait mal à ses oreilles. Si criard. Si faux. Poucet trompait tout le monde. Il fonctionnait ainsi, depuis le début. Son protecteur savait comment il faisait – sans jamais, lui, y arriver, ce qui n’était peut-être pas plus mal en voyant où cela menait – il refoulait absolument tout, mais n’oubliait rien. Il vivait avec ses démons constamment, eux qui étaient enfermés dans son crâne, et lui dans un monde qui le mettait à genoux pour ne lui laisser aucune chance. "Je n'aurais jamais songé qu'un jour tu viendrais à ma rencontre ici, ni même que tu te déplacerais pour mes exploits à vrai dire." Ici. L’endroit où il avait décidé de défier ce qui l’avait mis plus bas que terre. Elis ne voyait aucuns exploits dans ce qu’il faisait. Juste une revanche, pure et simple, bien que nié par son cadet qui s’observait en même temps que son frère, une manière de déceler quelques blessures de guerres. Ici. Tout hurlait à Elis que lesdites blessures avaient élues domicile dans la peau du combattant bien avant qu’il ne prenne place dans l’arène. Et il les voyait. Chacune d’entre elles, dissimulées sous un masque d’impassibilité, et des paroles qui ne se voulaient même pas rassurantes. De toute manière, Poucet pouvait user de n’importe quels mots, tous plus joyeux les uns que les autres, Elis n’était pas de ceux qu’on réussissait si aisément à duper. Il la sentait jusque dans son propre corps, la douleur. Il savait quelle goût cela avait. Et il ne la supportait pas.
Mais son frère n’était pas le seul à mentir aux autres.
Alors il continua à sourire légèrement alors qu’il aurait eu envie de faire tout autre, poli jusqu’au bout de sa tignasse rousse, en faisant fi son cœur qui faisait des bonds considérables dans sa cage thoracique, affolé par tout ce qu’il voyait se dérouler sous ses yeux malheureux.
"Je vais bien, ses attaques n'étaient pas assez précises pour m'atteindre et je suis presque désolé pour lui, toutefois les termes du contrat étaient assez clairs : personne n'est tué, cependant nous ne garantissons rien pour les dommages collatéraux." Devant ces mots vains, Elis hocha légèrement la tête, tandis qu’Aldred trottinait autour de lui, alors que tout dans la pièce était parfaitement immobile. Au final, la personne dont ils parlaient leur importait peu, aux deux. L’adversaire était tout autre. L’adversaire c’était
Poucet. Elis. Tout ce qu’ils disaient, tout ce qu’ils omettaient pour faire bonne figure. Et tout à la fois, bien sûrement, parce que ce tout s’entremêlait, et qu’il n’y avait aucun moyen d’en sortir quelque chose d’indemne. Même les phrases les plus simples à dire. Je vais bien. Elles écorchaient les lèvres des tristes, ou n’arrivaient même pas à les franchir du tout. Tu t’es bien battu. Elis laissa son frère rire de ses pensées insensées. Ce dernier résonna contre les murs, dégoulinant d’une certaine ironie que le forgeron pouvait palper du bout des doigts, comme si elle avait fait parti intégrante des parois râpeuses des coulisses de ce spectacle de mort, parce que c’était amusant, de voir des personnes serrées les dents pour d’autres, complètement aveugles. "Qui plus est mon frère, tu devrais savoir que je suis plus coriace que j'en ai l'air, la mort n'a pas encore eu raison de moi." L’aîné des rescapés Cailloublanc – des échoués, plutôt, à n’en pas douter, puisque les autres se portaient sûrement comme des charmes là où ils étaient, contrairement à ceux-là – aurait put prendre cela de manière philosophique, en se répétant que la vie n’était faite après tout ce que ce sarcasme qu’il fallait accepter en riant, parce qu’après tout, on n’était pas là pour très longtemps. Mais il ne le pouvait décemment pas. C’était au-dessus de ses moyens. Il n’était pas Poucet. Il n’arrivait pas à penser à ces choses-là avec autant de recul que lui, et si les règles étaient respectées en ces lieux – bon sang, au final il n’en savait rien, il l’espérait simplement-, se sortir de la tête l’image de son frère mourant pour de telles inepties lui était bien impossible. L’humain ne manquait pas de bâton pour se faire battre. Et mieux encore, il se les taillait lui-même dans ses cauchemars les plus intenses. C’était idiot. Une condition d’homme qu’Elis commençait à bien connaître. Et il aurait pu essayer de prononcer des mots faciles, ce qu’il pensait peut-être au fond, après avoir ôter tout ce que son cœur en pensait bien, il aurait pu se forcer, et peut-être que même Poucet aurait été content – ou du moins aurait rit un peu, ce qui aurait réchauffé un peu les entrailles de ce château étouffant – mais il choisit les paroles des écorchés, qui s’envolaient aussi vite qu’une nuée de corbeaux. "La mort se fout bien de ce qu’on a l’air et de ce que l’on est réellement, elle vient juste quand elle le souhaite, Poucet." Et tu l’as tant de fois déjà trompé qu’il faudrait que tu fasses attention, maintenant. Tu l’as mise en colère, mon frère, et même si elle ne semble même pas t’effleurer l’esprit, elle est bien là. Et elle n’hésite pas, comme toi, à faire son mal et s’éloigner. Elis soupira légèrement, ses pas le firent comme de leur conscience propre, se déplacer à travers la pièce, et il finit par s’asseoir à côté de son frère, parce qu’être loin de lui était contre ses principes. "Moi non plus je n’y avais jamais songé. Mais… J’imagine que je devais venir, ne serait-ce qu’une fois, histoire de voir ce que tu fais de tes journées. Et toujours pour les mêmes personnes, à ce que je vois." Sa voix dissimulait vainement une certaine amertume, parce que si Poucet refusait de se tenir tranquille pour lui, il se battait pour satisfaire des gradins remplis de gredins, et était son champion. A Dragée, qui lui avait tant pris, et lui prenait encore.  Elis eut la douloureuse impression que son frère ne voulait pas l’être, et que si les mots de son aîné ne le touchaient plus depuis des années, ses maux n’avaient même plus le pouvoir de le faire non plus.
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poucet ☾ we are bound together from womb to tomb EmptyLun 3 Nov - 1:44




Elis et Poucet
Mais, c’est pas un vrai suicide, soit tranquille c’est probablement rien d’autre qu’un appel à l’aide.

Chez les Cailloublanc, on est créateur de tragédies depuis des générations. Poucet il a jamais bien connu le passé de ses parents, si ce n'est celui de son père qui se vantait d'avoir eu comme géniteur un combattant digne de ce nom, au regard de braise ayant la force d'un tigre. Le cadet pouvait pas s'empêcher de se dire qu'il mentait, et bien évidemment, il était décédé en héros pour son peuple. Des bêtises, des filouteries, pourtant, quand il était petit elles nourrissaient ses rêves d'être un jour un grand à l'instar de ce grand-père qu'il n'a jamais connu. Toutefois, faut croire que dès son plus jeune âge, on lui avait rabattu son caquet en lui confirmant qu'il arriverait à rien. Le drame passait d'une main à une autre, la bêtise aussi, sauf chez Elis chez qui elle passait outre pour refaire son tour indéfiniment. On saute une génération, on oublie le vilain petit canard. A les voir ainsi, on pourrait pas se dire qu'ils ont le sang en commun. L'un jour, l'autre nuit, il s'avère que Poucet tient plus de ses autres aînés plutôt que de celui-là. Il n'empêche qu'il a été le malchanceux dans cette histoire, à s'en prendre plein la figure quand il ne faisait rien si ce n'est respirer. Être petit était une tare dans cette famille qui se basait sur la force, le travail acharné, quand ils coupaient du bois, il n'était pas assez fort pour soulever la hache, quand ils allaient à la pêche, il se vautrait royalement dans le lac et quand ils chassaient, il n'osait pas lancer la flèche. Candide, c'est ce qu'il était, avec un sacré morceau de niaiseries qui le qualifiait, c'était probablement ça qui avait poussé le sixième fils à s'occuper de lui plus que de raison, à s'y attacher telle sa vie qui s'émoussait au fil des années. Jusqu'à l'ogre. Jusqu'à ce monstre aux dents aiguisées, là où les plus grands se cachaient, le plus ridicule avait su s'imposer en tant que héros, se sacrifiant pour ceux qui n'avaient même pas eu le chic de lui offrir le bénéfice du doute. Souriant était devenu boudeur, discret était devenu gueule ouverte, Poucet était devenu un autre. Faut dire ce qui est, ça avait échappé à tout ce groupe de joyeux lurons qui avaient profité du pactole ramené à ses sept ans. Sauf Elis. Elis avait vu, ressenti, regretté amèrement de n'avoir rien pu faire. Encore aujourd'hui, il fait comme si de rien n'était le champion, alors qu'au fond il en pense pas moins. Il lui est redevable pour bien des choses, à commencer son éducation qui n'a pas été concrète à cause d'un père jem'enfoutiste et une mère absente, s'attardant sur lui seulement durant les premières années de sa vie - voire moins. Celui qu'avait passé du temps à le redresser quand il tombait pour apprendre à marcher, c'était lui. Celui qui se butait à lui faire répéter des syllabes ainsi que des voyelles, c'était lui. Plus qu'un frère, un tout qui ne peut se dissocier, une entité qu'il pourrait prier s'il en avait la conviction complète. Sauf que le forgeron c'est pas un Dieu, c'est qu'un être humain parmi tant d'autres, ayant agi par amour pour son prochain, le sauvant in extremis d'un déclin certain. Merci, il lui a déjà dit bien des fois. Merci, il lui a pourtant jamais explicitement marmonné que c'était pour ça. « La mort se fout bien de ce qu’on a l’air et de ce que l’on est réellement, elle vient juste quand elle le souhaite, Poucet. » Voix plus forte, on sent le rôle de l'alpha lui caresser la peau, si bien que ça fait grimacer la fine lame qui ne peut s'empêcher par défaut de fixer son fidèle ami au blanc pelage qui ne peut s'empêcher d'essayer de faire tomber son frère. La joie. Le bonheur. Au moins y'en a un ici qui peut s'estimer chanceux d'être heureux pour un rien. Contrairement aux hommes, surtout ces deux-là qui ne peuvent se contenter de rien, il leur fait plus. Il jurerait deviner ce qu'Elis Cailloublanc voudrait plus que tout. En premier cas que son cadet arrête de jouer avec la faucheuse qui pourrait l'arracher au monde des vivants sans prévenir quiconque. Deuxièmement, qu'il revienne à lui, qu'ils redeviennent des mouflets qui ne se soucient pas des autres et se fient à leurs instincts, dans la plus grande confiance ils se lient l'un à l'autre, pour ne jamais séparer. Et pour terminer, trouver l'amour, le vrai. Oh certes ça ne le concerne pas, tout du moins pas directement. Bien sûr, tout s'éclaire. S'il vient ici, c'est pas que pour le voir se faire laminer - ou gagner - c'est pour un autre visage, un mirage qui les rejoint au même point. A y penser ça fait battre son coeur un peu plus rapidement, si ce n'est que ça l'énerve presque. « Moi non plus je n’y avais jamais songé. Mais… J’imagine que je devais venir, ne serait-ce qu’une fois, histoire de voir ce que tu fais de tes journées. Et toujours pour les mêmes personnes, à ce que je vois. » Et ça tape dans son estomac, pire qu'une épée qui transperce, la violence des mots n'a d'égale que les tranchants d'une hache ou Dieu seul sait quoi d'autre. Il passe une main fébrile sur sa cuisse, débarrassant le pantalon d'une petite trace de poussière. Il s'occupe l'esprit comme il peut pour ne pas à son tour commettre des erreurs. Pourquoi faut-il qu'à chaque fois ce sujet revienne sur le tapis ? Qu'une critique se fasse plus forte qu'une autre ? Qu'il désapprouve c'est une chose, que ses sentiments se mêlent aux siens sans qu'il le souhaite, c'en est une autre. Il n'a rien à voir dans cette mésaventure que son aîné a vécue avec son employeuse, qui était-il là-dedans ? Le pauvre impuissant qui a analysé la situation, qu'aurait bien voulu le prévenir qu'il en sortirait pas indemne. Il l'a pas fait. Ils s'en mordent les doigts, à deux. Bien que Poucet ait tourné la page depuis tout ce temps, c'est pas le cas de son interlocuteur.
Elis, il tourne jamais la page.
Roulant des yeux, inspirant pour calmer sa colère naissante, il fait quelques pas pour attraper sa chemise quelque peu bouffante, qu'il enfile derechef sans ajouter rien de plus, réfléchissant attentivement à comment sa phrase pourrait sonner, que pourrait-il dire si ce n'est de lui demander de dégager le plus vite possible ? D'un geste de main conséquent, il appelle Aldred à lui qui se rue vers son maître une mine curieuse collant parfaitement avec sa truffe. Accroupis, sa main se glisse dans son pelage, ses yeux plongés dans les siens, c'est dans ces instants-là qu'il se met à croire que les bêtes sont plus sincères que ses congénères. Pinçant sa lèvre inférieure, un rire sec lui échappe. Mauvais. Il peut l'être sans faire gaffe, il suffit d'un rien pour qu'une tempête naisse dans les prunelles d'un homme. Chez Poucet c'est pas bien fréquent, faut juste taper sur une plaie qui n'a jamais voulu se refermer ou du moins qui encore maintenant n'arrive pas à faire un trait sur le passé. « Je tiens à dire que je ne t'oblige pas à venir ici, de plus, tu sais pour qui je travaille, que tu le veuilles ou non Dragée me paie pour ce que je fais. Depuis des années je suis à ses côtés, ça ne risque pas de changer, tu auras beau me regarder de cette manière, tu n'en changeras rien. » Ne peuvent-ils donc pas simplement s'entendre ? Se mettre autour d'un verre, pour discuter du bon vieux temps, quand tout marchait encore droit ? Bien évidemment que non, ce serait trop leur demander. Surtout quand ils se blessent consciemment ou non. Pourtant, cette anecdote le fatigue plus que les autres. Tout bonnement parce que son aîné était cette fois-ci le plus pitoyable des deux, dans un état mémorable si bien qu'encore maintenant l'éphèbe aux cheveux sombres pourrait redessiner la mine exacte qu'il avait au moment des faits. Un mélange de déception, de colère, de désespoir et d'amour perdu. Dragée avait enlevé quelque chose en mettant fin à leur relation idyllique, et surtout elle avait laissé derrière elle un personnage dévasté au complet. C'était à lui de s'en occuper, d'endosser la peau du plus grand qui prend soin de celui qui a besoin d'un magnifique coup de pied au cul. Ce qu'il avait fait, ç'avait pris du temps cependant il avait eu l'effet escompté. Une tête rousse remise d'aplomb, bien que par la suite il n'ait cessé d'enchaîner les déceptions amoureuses, depuis ce jour, de toute manière, Poucet avait décidé de se trouver derrière lui, dans son ombre pour attraper son coeur en cas de maltraitance. « Si tu es là pour me parler d'elle ou pour me rabâcher que je n'ai pas fait les bons choix, ce n'est pas la peine. Je serais sourd. » Comme toujours, comme d'habitude, comme à l'accoutumée. Il pourrait même prédire à l'avance ce qu'il serait capable de lui rétorquer en pleine figure. Faudrait pas qu'il s'enfonce là-dedans, ce serait pas bon ni pour l'un, ni pour l'autre. Autant qu'ils se taisent, qu'ils mettent fin à cette conversation qui ne mène nulle part si ce n'est dans la gueule du Diable en personne. Aldred en profite pour lui voler un baiser canin sur la joue, ce qui arrache un gloussement sincère à la victime qui l'empêche de réitérer son acte d'un mouvement de recul. Il s'en redresse, passe son épaule sur l'endroit mouillé d'une bave répugnante, son semblant de sourire s'efface se dissimule dans son masque de froideur. Aquilon glissée à nouveau dans son fourreau, il pince sa lèvre inférieure, cherchant l'attention de son frère encore une fois. « J'estime que les regrets doivent rester là où ils sont, surtout les tiens Elis. Je ne souhaite pas te revoir ravagé. » Par un seul être, une seule personne ayant un prénom aussi délicat qu'empoisonné. Petite duchesse un tant soit peu pompeuse, vicieuse sur bien des points, cependant sincère sur bien d'autres. Dragée lui a arraché le palpitant pour des raisons que bien évidemment, Poucet connaît mais ne peut dévoiler. La politique s’immisce partout, le trône c'est dans la tête plus qu'ailleurs et ça la ronge jusqu'aux os.  « Mais soit, avant de divaguer, nous parlions de notre bien-aimée Dame Mort, si je ne m'abuse ? Je dois être chanceux, elle doit me percevoir d'un bon oeil vraisemblablement, ou bien est-ce le revers de la pièce pour les affreuses années que nous avons passées dans cette chaumière de malheur ? Je ne saurais le dire. Quoi qu'il en soit, ne t'en inquiète pas. Aquilon me protège, c'est une partie de toi aussi qui le fait je suppose. » On se donne de l'espoir comme on peut. C'est pas sans le penser qu'il balance ces quelques mots, tout bonnement parce que l'âme de cette épée réside grâce à celle qui l'a forgé. Par les mains de cette tête un peu déconfite, ronde et sertie d'une tignasse rouillée. Les gravures doivent servir à ça, un rituel magique lui ayant pris un morceau de son esprit pour qu'il se trouve à ses côtés peu importe les circonstances. Elis est là. Il est toujours là. Dans ses rêves, dans ses cauchemars, dans le pire comme le meilleur, il traîne, l'infecte et le guérit, le vit, le subit.
Tiens-moi, enveloppe-moi.
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poucet ☾ we are bound together from womb to tomb EmptyMar 11 Nov - 18:04




Poucet et Elis

un cœur d'homme a un sol plus rocailleux encore, on y fait pousser ce qu'on y peut... et on le soigne

Il n’aurait jamais dû s’aventurer dans ces coulisses hostiles, ni même jusqu’à ce maudit château parce que de toute manière il n’avait rien à faire ici. C’était un fait vérifié à présent. Il savait pertinemment ce que Poucet faisait dans cette arène, et tous les risques qu’il encourait, tout ça était déjà bien gravé dans sa mémoire en s’occupant de le torturer pour qu’il recherche à ce point la souffrance. Cette présence d’esprit lui aurait évité nombreux problèmes, comme celui qu’il avait étalé sur le sol glacé grâce à quelques mots murmurés un peu trop vite. Quelle idée, de ressasser les mauvaises choses du passé avec un être tel que Poucet. Surtout celle-ci en particulier, où il n’y était pour rien dans l’histoire, à bien y réfléchir. Ça avait été Elis le seul fautif, trop idiot, trop aveugle, ou tout simplement trop amoureux. Et maintenant il ne pouvait pas s’empêcher d’en parler comme s’il avait été le complice des actes de Dragée, et qu’il l’était encore en travaillant pour elle.
Elis demeura sur le banc, tandis que son frère se relevait pour s’habiller. Poucet se renveloppait dans ses vêtements qui le protégeait des mots et il avait plus l’être d’être un loup qu’un petit garçon en cet instant même. L’aîné, quant à lui, ne pouvait esquiver aucune de ses attaques, cloué contre le mur, et beaucoup plus faible que lui. Il détestait être dans cette position, surtout avec son petit frère. Et il détestait encore plus être son bourreau. Pourtant il était toujours l’un ou l’autre, parce que c’était ainsi qu’ils fonctionnaient tous les deux. Une particularité propre à la famille Cailloublanc, à n’en pas douter. "Je tiens à dire que je ne t'oblige pas à venir ici, de plus, tu sais pour qui je travaille, que tu le veuilles ou non Dragée me paie pour ce que je fais. Depuis des années je suis à ses côtés, ça ne risque pas de changer, tu auras beau me regarder de cette manière, tu n'en changeras rien." Ne rien pouvoir en changer. C’était bien ce qui l’inquiétait. Le forgeron détourna de suite les yeux, alors que son frère les avait dans ceux de son ami au pelage clair. Heureusement que le champion l’avait, et qu’un regard veillait sur lui tout le temps quand Elis ne pouvait pas le faire. Et puis rien que le voir aimer quelqu’un, au lieu de simplement le tolérer lui donnait l’impression d’avoir fait le bon choix lorsqu’il lui avait présenté la petite boule de poil qui avait à présent bien grandie. Ces souvenirs-là avaient un arrière goût de bon vieux temps, alors que cela ne faisait que deux ans qu’Aldred s’était allié au forgeron pour refaire sourire Poucet. Dissimulant une légère grimace en baissant les yeux sur les pavés, ses mains vinrent s’agripper au banc pour se raccrocher en quelque chose de bien réel, alors que tout ici semblait flou, comme un tableau barbouillé de rouge colère, où les personnages principaux s’enfuyaient puis se retournaient pour se regarder mais jamais ne se frôlaient. Ses phalanges se blanchirent, et il se fit violence pour ne rien dire, ce qui aurait envenimé la situation, ce qu’il ne voulait absolument pas au fond de lui. Pourtant une phrase demeura, bien présente comme voletant telle un nuage orageux et menaçant au dessus de leurs têtes – de sa tête surtout. Tu n’en changeras rien. Ça faisait mal, de se dire que tout ce dont on avait peur devenait vrai. Que les monstres sous notre lit n’étaient pas que des mensonges destinés à nous faire nous endormir plus rapidement, mais qu’ils étaient là, juste sous notre nez, attendant notre réveil pour nous faire regretter de ne pas y avoir cru. Et il était là, le monstre. L’incapacité du forgeron à réparer la plus belle lame jamais créée, ou peut-être juste la mettre sur un écrin et sous scellé afin que plus jamais on ne l’abîme, mais Elis était de ceux qui se bouchaient les oreilles quand une probabilité ne leur plaisait pas. Il n’était pas trop protecteur. Si ? Et peut-être que c’était cela le problème. Ses peurs à lui, qui lui dictaient ce qu’il devait faire sans demander l’avis de sa raison, qui n’était jamais de mise pour son petit frère. Ses peurs qu’il ne dissimulait pas, ou trop mal, parce qu’il n’était pas son petit frère et qu’il ignorait ce qui se passait sous ses boucles faites de nuit. Il aurait fallu qu’ils ouvrent tous les deux les yeux pour pouvoir s’écouter.  Mais Elis n’était pas prêt.  Il doutait l’être un jour d’ailleurs. Alors le dialogue de sourds demeurait, intact et tranquille, et c’était tant pis pour leurs cœurs serrés qui étaient un peu trop mis à l’épreuve. "Si tu es là pour me parler d'elle ou pour me rabâcher que je n'ai pas fait les bons choix, ce n'est pas la peine. Je serais sourd." Continua donc son interlocuteur, avec le même aplomb qui le caractérisait. Il avait raison, Elis n’était pas là pour ça. Il était ici tout d’abord pour-. Une réflexion difficile le prit, et il se mit à chercher les raisons de sa venue ici, sans rien trouver de très concluant. Etait-il venu pour Dragée ? Non, bien sûr que non, même si l’entrapercevoir de loin avait réveillé en lui beaucoup d’émotions contradictoires, et qu’il avait compris que rester loin de sa présence était le meilleur moyen de préservé sa sainteté d’esprit. Quant à faire la morale à son frère, ce n’était pas son but. Pas foncièrement en tout cas. Simplement il ne pouvait pas s’en empêcher, et simplement le croiser faisait resurgir chez lui son devoir de grand frère qu’il se plaisait à arborer parce qu’il lui donnait un prétexte pour se montrer protecteur. Qu’il se détestait pour cela. Pour être si lui. "J'estime que les regrets doivent rester là où ils sont, surtout les tiens Elis. Je ne souhaite pas te revoir ravager." C’étaient des paroles qui ne trompaient pas. Et bien entendu le roux les prit de plein fouet, puisque c’était le principe, et que par sa sincérité, Poucet le désarmait et le rendait un peu plus silencieux qu’il ne l’était déjà, ce qui n’était au final pas plus mal. Ainsi il aurait pu terminer sur cela. Son frère aurait desserré ses mains abîmées de la pierre froide,  et aurait presque pu le féliciter sur le champ, le cœur renversé, parce que c’était pour cela qu’il l’avait suivit dans les entrailles du château. Après tout, le cadet Cailloublanc se montrait bien plus adulte que lui en cet instant, et lui rendait même la pareille dans sa protection vaine, ce qui lui réchauffait son palpitant tailladé, mais l’exaspérait aussi, ce sentiment prenant une part trop importante sur l’autre pour être vaincu même avec toute la bonne volonté de l’univers entier. C’était son travail. Il n’avait pas à s’occuper de lui. Cela ne fonctionnait pas dans ce sens-là.
Et puis il y eut le coup de grâce. Son petit frère était un adepte.
"Mais soit, avant de divaguer, nous parlions de notre bien-aimée Dame Mort, si je ne m'abuse ? Je dois être chanceux, elle doit me percevoir d'un bon œil vraisemblablement, ou bien est-ce le revers de la pièce pour les affreuses années que nous avons passées dans cette chaumière de malheur ? Je ne saurais le dire. Quoi qu'il en soit, ne t'en inquiète pas. Aquilon me protège, c'est une partie de toi aussi qui le fait je suppose."
Elis eut un sourire sinistre. Ce genre de sourire qui faisait fuir les loups, puis ce sourire se mua en un masque froid mais assez craquelé pour laisser entrevoir ses yeux tristes qu’il releva vers son cadet, et ses mâchoires si crispées que Dragée, sûrement dans ses appartements, aurait pu les entendre grincer.  "C’est vraiment ce que tu veux ?" L’information mit du temps à monter jusqu’à son cerveau, et lorsqu’elle y arriva, Elis connut l’amertume de constater qu’il était trop tard : Il ne se calmait pas. Et Poucet continuait, encore et toujours, comme si rien ne le touchait, comme s’il n’écoutait pas – ce qui était sûrement le cas d’après les dires de son frère. Si lointain des émotions humaines, semblable à une enveloppe glacée, avec une objectivité à toute épreuve, comme si sa vie n’était pas la sienne. Ses mains se rejoignirent finalement pour s’occuper, tandis qu’il continuait à l’observer, cette étrangeté de la nature qu’il aimait et détestait, admirait et dénigrait. Ce n’étaient pas leurs différences qui les éloignaient, mais elles ne contribuaient pas, comme en cet instant, à les aider. Ils différaient tellement l’un de l’autre. Le forgeron n’arrivait pas à gérer ses émotions, positives comme néfastes pour lui comme pour les autres, tandis que le champion en faisait complètement fi, et l’amour qu’on lui apportait butait contre son armure. Et ça laissait des traces dans la chair en nous revenant au triple, parce qu’on ne pouvait pas s’empêcher d’aimer cet être singulier – du moins dans le cas d’Elis, cas désespéré qui ne donnait plus cher de sa peau à l’heure qu’il était, surtout lorsque toute son affection pour ladite personne se métamorphosait en exaspération. "Alors très bien ! Parfait ! Parlons de ta chance, ça passe le temps, et puis c’est plus simple que de parler de tout autre chose." Son ton railleur ne cherchait même pas à le tromper. Mieux, Elis désirait l’être. Ce qui le surprit, ce fut ses jambes qui le relevèrent d’elles même. Il aurait bien été capable d’aller forger une dizaine d’autres Aquilon pour le protéger un peu plus, ou peut-être aurait-il dû se faire une armure afin de se protéger lui-même. Il ignorait ici quelle était la solution à toute cette absurdité, alors continua-t-il sur sa lancée afin de les embourber un peu plus, parce qu’autant choisir la facilité.  "J’espère du plus profond de mon cœur l’avoir un jour moi aussi, ce revers de fortune, et je ne désespère pas mon frère de te voir un matin un peu plus conscient que tu ne l’es." Une facilité qui n’en demeurait pas moins âpre. Cinglante. Des deux, qui était l’inconscient ?
Ici, seul Aldred pouvait se vanter d’avoir choisi une simplicité appréciable. Vivable.
"Soit. Je veux bien te le léguer si ça peut te maintenir dans cette situation où tu te complais, et je suis heureux que ton épée te serve ici. C’est vrai, ça. Tu l’aimes, ta vie. Ça se voit, tu es si souriant avec tout ce monde de cour qui t’entoure. C’est merveilleux oui. Très chanceux, en effet. Ça me fait TRÈS plaisir pour toi, tu es si épanoui." C’était le désespoir qui parlait à sa place. Et ses yeux qui aimaient participer à cet orage de mots, pas lui. Pourtant il y prenait part. Et le ton haussé était le sien, et les dents serrées les siennes, et le cœur en miettes battait dans sa poitrine, honteux de ce qui se passait, des vérités qu’on balançait à la chaîne parce qu’il y avait bien un moment où cela devait arriver. "D’ailleurs, je tenais à te féliciter." Tu vas bientôt toucher le fond, c’est bien. Il resta à distance respectable de lui, sans trop savoir pourquoi.  "Alors, félicitations." Un hochement de tête. Une voix brisée, un calme qui ne revient pas, parce que ce serait trop beau. Elis tourna rapidement les talons pour s’engager dans les boyaux du château et sortir de cet enfer où son frère se trouvait depuis des années.
Au moins s’était-il éclipsé après avoir fait ce pourquoi il était venu. Un peu, du moins.
Et sans en être soulager.
Un cœur c’est lourd à porter. Surtout quand il est coincé sous une pierre.
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poucet ☾ we are bound together from womb to tomb EmptyVen 14 Nov - 16:21




Elis et Poucet
Mais, c’est pas un vrai suicide, soit tranquille c’est probablement rien d’autre qu’un appel à l’aide.

Cette tragédie ne mène à rien, même pas besoin de regarder le titre pour savoir que la fin sera aussi tragique que les autres fois. La populace meurt, agonise, et dans un dernier souffle une morale se suspend dans les airs. Y'en a avec ces deux-là, mais souvent répétitives, elles entrent, sortent, ne font qu'un tour dans leurs crânes butés à souhait. Ils sont différents tout en étant si proches, ce n'était pas fait pour marcher, dès le début. Pourtant Elis était resté, l'avait aidé à apprendre à parler autant qu'à marcher, il était dans son ombre lorsqu'il s'agissait de mettre une raclée à ses autres frères. Il riait quand Poucet faisait une remarque désobligeante, le prenait dans ses bras lorsqu'il s'ouvrait le genou à cause d'une chute maladroite, il était toujours là et ça, encore aujourd'hui, le maître d'armes le sait. Peu importe la situation, malgré la douleur constante qu'il remarque dans les prunelles claires de son aîné. Il veut pas lui faire de mal, c'est pas son but, il se protège comme il peut de ses autres compères qui profitent d'autrui pour avoir le pouvoir, l'argent, l'amour et qui sait encore quoi d'autre. La preuve en est avec cette donzelle qu'ils ont en commun, peut-être a-t-il un peu peur d'elle finalement, parce qu'elle est capable d'utiliser plusieurs masques pour se faire passer pour une douce brebis égarée, sous laquelle se cache un loup. Pour ce qui est du cadet Cailloublanc, il ne saurait le dire, il a simplement changé tout en restant similaire à ce qu'il était à l'origine. Ses rêves, ses idéaux n'ont pas bougé d'un poil, si ce n'est qu'il est plus réaliste, qu'il perçoit son entourage à l'instar d'un combat de chiens qui jamais ne s'arrête. Il ne sait plus où se mettre. Il ne sait plus comment réfléchir. Alors il se canalise en frappant, en tapant, en sortant sa rage qui dégouline par les pores de sa peau. Il en a trop sur le coeur, sur l'estomac, sur le corps entier, si bien qu'il traîne un boulet gigantesque derrière lui. Personne ne peut apaiser sa peine, c'est pas faute d'essayer, toutefois il y a des faits qui ont beau se faire modeler, il faut savoir mettre le coup de grâce pour que le changement devienne radical. Peut-être est-ce l'amour qui pourrait le sortir de ce mauvais pas, le fraternel ou encore le véritable, la question il ne se l'est posée que très rarement, et quand il le faisait, ça filait aussi rapidement qu'un coup de vent. Tout bonnement parce qu'il a jamais eu le chic de se dévoiler, qu'il a jamais pu tout avouer, que quand ça lui frappait les émotions, il préférait filer. Faisant qu'aujourd'hui les baisers ne sont qu'un monde à part entière qu'Elis a pu fouiller de fond en comble. Est-ce qu'il l'envie ? Parfois, souvent même, néanmoins quand il se remémore les effets d'un coeur brisé, les pulsions qui tiraillent sa chair disparaissent, anesthésiant le reste pour lui éviter quelconque déception. C'est de ça dont il a peur Poucet, souffrir. Il a déjà assez donné selon lui, il a plus assez de courage pour se jeter dans les relations humaines. « C’est vraiment ce que tu veux ? » Sauf qu'il fait du mal en retour, sans même en prendre la considération. Il l'entend, c'est le timbre de sa voix qui le trahit à souhait, il a touché la corde sensible qui menace de craquer à chaque fois qu'ils se retrouvent seuls dans une pièce. Déglutissant bêtement, ce n'est pas parce qu'il ne le montre pas qu'il n'en pense pas moins. Elis le forgeron est une véritable teigne lorsque l'énervement s'empare de lui, autant que lorsqu'une poussée de rage le fait dire des vérités que son cadet ne veut entendre. Elis il a le coeur sensible, les sentiments à vif pour tout ce qui est du petit dernier qui dans toute sa splendeur, ne se laisse jamais abattre. Il sait frapper, à sa manière toutefois, en grattant sur les cicatrices de Poucet qui se remettent à pisser le sang. C'est à croire que plus ils se blessent, mieux c'est. « Alors très bien ! Parfait ! Parlons de ta chance, ça passe le temps, et puis c’est plus simple que de parler de tout autre chose. » Plus aucun doute, il ne se calme plus. Fronçant les sourcils, la tête rousse se redresse derechef, surplombant Poucet de pas mal de centimètres. Il devrait courber l'échine, se mettre à ses pieds, à l'instar de la loi de la jungle, le plus fort gagne toujours alors que le plus petit doit se mettre au service de l'autre et vice-versa. C'est ce qu'il devrait faire, en temps normal. Sauf que depuis plusieurs années, il s'est interdit le moindre sourcillement faiblard, ce n'est plus pour lui, il se l'interdit, même s'il a raison, même si ça lui fait un mal de chien si bien qu'il pourrait en hurler, il veut être aussi géant que lui et lui prouver que cette époque est révolue. C'est terminé. Il a beau être fier de lui, passer par des stades de déception, il n'arrive plus à changer. Allons bon, ce n'est pas faute d'avoir essayé de se regarder dans une flaque d'eau pour admirer les dégâts, et s'il ne plaît à personne, il n'a plus rien à faire ici. Le but dans la vie de tout à chacun est de manière classique de fonder une famille, d'avoir une belle bicoque dans la capitale, avoir un métier qui plaît et s'extasier d'amour pour son prochain. Celui de Poucet ? Il ne l'a jamais trouvé, il fouille pourtant, se butte à se dire que chaque matin une petite voix l'aide à se lever pour une raison ou une autre. Il est condamné de toute manière. Peut-être est-ce ça son trésor caché, celui de périr à la manière d'un héros, sans pour autant avoir de statue à son effigie, juste qu'on apaise son âme torturée qui hurle tant qu'elle le peut à son oreille des termes qu'il ne peut déchiffrer. « J’espère du plus profond de mon cœur l’avoir un jour moi aussi, ce revers de fortune, et je ne désespère pas mon frère de te voir un matin un peu plus conscient que tu ne l’es. » Et quand ça gueule trop, ça donne un brouhaha impossible, improbable qui le ramène plus d'une vingtaine d'années en arrière. Il voudrait se recroqueviller sans son coin, c'est ce que sa conscience lui demande de faire en tout cas. Il fait face, reste raide comme un piquet tout en jetant un coup d'oeil à son fidèle ami à quatre pattes qui ne sait qui regarder - par chance, il l'espère, il ne comprendra pas les termes durs qui sortent des lèvres de son frère. Son frère. « Soit. Je veux bien te le léguer si ça peut te maintenir dans cette situation où tu te complais, et je suis heureux que ton épée te serve ici. C’est vrai, ça. Tu l’aimes, ta vie. Ça se voit, tu es si souriant avec tout ce monde de cour qui t’entoure. C’est merveilleux oui. Très chanceux, en effet. Ça me fait TRÈS plaisir pour toi, tu es si épanoui. » Son frère, hein ? Il a des doutes.
Qui est-il maintenant ?
Un inconnu à la répartie aussi cinglante que l'épée qui trône joyeusement à sa ceinture. Ses poings se serrent, son sang ne fait qu'un tour. Il fait face. Il prend en pleine gueule sans broncher pour le moment, attendant que le forgeron termine son long monologue qui sera balayé d'un revers de main le plus rapidement possible. Ils l'ont déjà eu cette conversation plus d'une fois, depuis que l'autre est arrivé à Fort Fort Lointain, n'importe quoi est sujet à lui rabâcher qu'il ne fait pas les bons choix, qu'il n'est pas bon tout court, qu'il devrait songer à repenser totalement son existence, devenir un jeune homme respectable qui ne vise qu'à l'amour, non pas une machine qui dégaine la lame lorsqu'il le faut. Voudrait-il alors qu'il devienne comme lui ? C'est ce qu'il voulait Poucet, quand il était petit. Il se souvient même très nettement qu'un jour, il avait pleuré dans ses bras, s'excusant de toute son âme de ne pas être quelqu'un de bien, qu'il aurait préféré être comme lui. Actuellement, s'il n'est pas fier de ce qu'il est, il reste néanmoins sceptique quant à la possibilité d'être la moitié intacte de son aîné. Il a bien des qualités, plus que de défauts, toutefois ceux-là sont si immenses qu'ils font regretter les petits qui poussent à grimacer. « D’ailleurs, je tenais à te féliciter. » Allez qu'il le tue, il en crève d'envie. « Alors, félicitations. » Coup de grâce, estomac qui se retourne, il file, disparaît. La fuite, c'est le truc à Elis ça, sa botte secrète qu'il ne révèle à personne. Un rire sec échappe des lèvres du cadet qui attrape ses vêtements utilisés pour le combat pour les mettre dans un baluchon qu'il referme et glisse dans son dos. Passant une main délicate sur la tête d'Aldred qui le suit de près, c'est en voyant Elis de dos qu'il se met à réagir. Là, une ombre parmi les ombres, un monstre parmi tant d'autres. Il ne veut pas que son bien. Il aura beau lui dire, ce serait lui mentir, lui faire croire en des chimères qui ne le quittent pas. Non, Elis Cailloublanc, sixième fils de cette immense fratrie ne cherche pas que le bonheur de son protégé. Il veut qu'il se cogne à la vie, se fasse des bleus jusqu'à ce que lui-même devienne une poupée égratignée. Il en veut pas. Il n'est qu'une bête et répond à ses instincts primaires. C'est bien de chercher mon frère, c'est magnifique de vouloir le meilleur, c'est une tout autre affaire de savoir comment faire la chose sans empirer la situation. Et c'est ce qu'il fait. Touchant le fond, il continue de creuser peu importe les injures qui fusent, pourtant, un beau matin toute la terre qu'il a amassé en un tas indescriptible lui tombera en pleine poire. Il crèvera étouffé par ses illusions. La sacoche tenant grâce à la lanière mise sur son épaule, ses mains s'entrechoquent en un applaudissement sarcastique au fur et à mesure qu'il se rapproche de son double imparfait. « Bravo, veux-tu une médaille mettant en valeur ton ironie ? Hm ? » C'est qu'il est calme pour le moment, sauf qu'il en cache bien des facettes le Poucet, si bien que la minute d'après il se dépêche pour l'empêcher de sortir trop vite, une main se passe sur son col pour le plaquer au mur. Il pourrait le tuer. Il pourrait le saigner, là, maintenant, et que Merlin lui en témoigne, sur l'instant il se sentirait plus libre que jamais. Que veut-il ? Lui montrer par a plus b qu'il faut qu'il change ? Qu'il n'a pas le droit ? Aquilon sort de son fourreau pour venir caresser la peau fine du cou de son frère, sans pour autant pousser, elle reste insensible. C'est ça qui est bien avec les armes, elles ne se demandent jamais ce qui est bien ou mal, c'est à celui qui la tient de faire le choix. « ET PUIS QUOI, ELIS ?! Que cherches-tu exactement ? Que je continue de sourire bêtement en mettant de côté mes principes ? Que pour te faire plaisir je dois oublier les horreurs qui nous taraudent l'âme ? C'est ça que tu veux ? Que je coule une petite existence paisible avec une épouse et une descendance niaise au possible ? » Ils s'enfoncent, c'est même plus dans la vase, mais dans des ténèbres qui ne laissent passer aucune once de lumière. Visage proche du sien, son souffle cassé se cogne au sien, poussant un peu plus sur Aquilon, son corps crispé à souhait. « ET OH ! PARDON MON FRÈRE. PARDON DE T'EMPÊCHER D'AVOIR TON REVERS DE PIÈCE. DE T'INTERDIRE DE VIVRE HEUREUX. C'est vrai, tu es si intouchable, si parfait que tu ne sais même pas ce que tu veux. Pardon, vraiment, je suis un obstacle à tout ce que tu souhaites. » La lame se détache, la tenant fermement au niveau du manche, c'est un autre rire mauvais qui lui échappe. Ses tempes chauffent autant que son coeur qui se liquéfie en un bruit immonde. Il l'entend, et ça le fait grimacer. Aquilon passe d'une main à une autre, de Poucet à Elis, il l'oblige à refermer son poing dessus, lui offrant sa preuve d'amour. « Alors qu'attends-tu pour me transpercer de toute part ? Pour te débarrasser de moi ? TOI, OH ELIS qui n'a rien à se faire reprocher, tu devrais le faire, là, tout de suite, en me regardant dans le blanc des yeux. A moins que tu sois lâche et que tu préfères me la planter dans le dos, je pourrais le comprendre, c'est toujours mieux de se dire que ce n'est pas grand-chose, qu'il vaut mieux commettre le crime - ou la libération peut-être ? - sans que la personne ne le remarque. Et sans même dire ouf, tu seras débarrassé de ce poison qui te fait tant souffrir. Pardon de n'être que cela, vraiment. » Il voudrait être plus doux, lui dire qu'il voudrait simplement être un frère qu'il chérit plus que sa propre existence. Il ne sait plus, il doute, il a le mérite de le mettre dans un état plutôt incroyable. Relâchant la pression pour se reculer, son chien blanc comme neige n'arrive pas, pour y remédier son timbre rauque fait écho dans le couloir.  « ALDRED ! » Il arrive en courant la seconde d'après, se jetant vers son maître qui dans toute sa rage préfère continuer sa route, lui laissant son épée protectrice entre les mains. Il pourrait en pleurer. Pas devant lui. Il le fera probablement ce soir dans son appartement, quand il se retrouvera seul avec sa personne, face à un plafond qui n'arrive plus à lui conter des histoires abracadabrantesques. Il l'aime Elis. Il l'aime un peu trop Elis. Si bien que s'il lui confirme qu'il n'est qu'une entrave à son existence, il pourra se planter Aquilon dans le coeur pour lui prouver à quel point il ne souhaite que du bien. Ce sera pas tant un suicide.
Plutôt un sacrifice répondant au nom d'amour.
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