Taran & Ulrich

A la rencontre d'un rebelle

Je n'ai jamais eu l'habitude de m'inquiéter pour Olga. Après tout, c'est toujours celle qui savait le mieux se débrouiller toute seule - elle a, semble-t-il, hérité de tous les atouts de combat que je n'aurais jamais. Depuis le Bal de Snowël, je la voyais de moins en moins. J'ai rapidement compris pourquoi en voyant sa photo placardée à chaque arbre de la ville. A chaque fois que son regard me dévisage, de son papier glacé, j'ai ce petit pincement au coeur, cette question qui tourne sans cesse, ce « pourquoi » incessant. Je savais que cette histoire se terminerait mal, je maudis Potté tous les jours d'avoir entraîné Olga dans sa quête contre Marraine. Et tous les jours, quand des bruits se font entendre à côté de notre maison, j'espère que c'est Olga qui daigne enfin ramener ses fesses, guimauves à la main, cookies dans la bouche, saine et sauve. Saine et sauve.
C'est tout ce que je demande. Il y a ces cauchemars, la nuit, qui me font entrevoir une vie sans ma soeur. Soyons honnête : je ne survivrais pas longtemps. J'ai longtemps sous-estimé l'importance qu'elle avait pour moi, je dois l'admettre. De toute façon, je passais plus mon temps à la faire devenir verte qu'à parler de ce qui était réellement important.

Et maintenant, je suis là, dans Ragtown. Je ne sais pas qui je cherche réellement, les seuls rebelles que je connais sont Potté et Olga. J'ai entendu parler cependant d'un autre, un certain Taran, un blond, qui a récemment été libéré... Il habiterait ici, selon les dires. Vous pouvez imaginer que, Ulrich à Ragtown, c'est surtout Ulrich qui espère ne pas se faire agresser. Je n'ai rien à faire dans ce quartier et je dénote cruellement dans cette atmosphère pesante - peut-être est-ce la même atmosphère partout, depuis l'attentat...
Cela fait une bonne heure maintenant que j'arpente ces rues et les dédales, regardant dans chaque recoin, inspectant chaque tignasse blonde. J'en ai croisé plusieurs, évidemment, mais ils ne me semblaient pas... rebelles. Oui, je compte sur mon instinct pour trouver ce Taran et, oui, j'ai peur du désastre que cela peut devenir. J'ai décidé de m'octroyer une petite pause, sur un banc qui n'a pas l'air vacciné contre la peste. Les yeux dans le vide, j'ai à nouveau ces images d'une vie sans Olga, qui me semblent à chaque seconde un peu plus réelles.

Je relève les yeux lorsqu'une silhouette blonde se profile devant moi, l'air pressé et surtout... l'air rebelle. Enfin, je crois. Je décide de la suivre sur un petit bout de chemin avant de l'aborder - je ne sais pas vraiment pourquoi, mais ça me semble être la bonne chose à faire. Je m'arrête abruptement lorsque je l'entends saluer quelqu'un et sourit de ma victoire lorsque son interlocuteur l'appelle « Taran » ! Ah, pas si mal, le Ulrich, hein ?
Je me récompenserais d'une guimauve plus tard. En attendant, je le vois repartir et je me décide à l'aborder, trottinant derrière lui. Arrivé à sa hauteur, je le dépasse un peu et m'arrête devant lui, en face à face. « Hum... Bonjour. Taran, c'est ça ? » Oui, Ulrich, c'est ça, et tu le sais ! « Désolé de vous arrêter comme ça, en pleine rue mais... »  Mais quoi ? Mais je veux savoir si ma soeur va bien parce que je pense que tu la vois plus que moi ?

Je souffle un coup et reprend ma phrase inachevée. « Je m'appelle Ulrich, Ulrich Fiersbras »  dis-je, en baissant le ton. Après tout, ma soeur est une fugitive et je ne compte pas terminer dans les cachots à sa place ! « Je... Si j'ai bien compris vous connaissez ma soeur, Olga et, hm, je voulais seulement savoir, enfin, si vous êtes au courant, savoir si elle va bien ? » Mes mains trouvent refuge sur ma tête et s'adonnent à la difficile tâche de gratter mon crâne. « Mais peut-être que vous voulez en parler un peu plus loin ? Je n'aimerais pas que... Enfin, je n'aimerais pas que quelqu'un puisse récupérer des informations sur elle à notre insu. » Oui, parce que si je ne veux pas me retrouver aux cachots, je ne veux pas l'y retrouver non plus.

Je pense qu'il aura vite compris pourquoi je n'ai pas suivi ma soeur dans les rebelles. Je dois paraître bien ridicule et surtout, assez mal à l'aise. Alors imaginez en face d'une menace... Sachant que menace pour moi commence au stade de « caniche ».

Taran & Ulrich

A la rencontre d'un nouveau Fiersbras

La fin de la matinée approche, et pour une fois elle a été remplie d'un bout à l'autre. Je ne sais pas pourquoi, mais avec tous ses clients qui se bousculent pour prendre la calèche, je n'ai pas eu le temps de souffler. Et je ne m'en plains pas, bien au contraire, ma bourse s'est sacrément remplie et je vais pouvoir m'offrir un bon repas pour fêter ça. Certains préfèrent économiser pour pouvoir partir le plus loin possible de Ragtown, mais je n'ai jamais vraiment compris pourquoi... D'accord, le quartier est un peu miteux et malfamé, mais j'aime bien l'ambiance et puis il y a plein de boutiques sympas ! Et des bars aussi ! Et je commence à connaître la plupart des gens qui vivent là. D'ailleurs, en chemin vers Arbalète Burger où j'ai décidé de goûter le nouveau burger, j'ai croisé Balaidur, le vieux monsieur qui habite au rez-de-chaussée de ma résidence. Je l'aime bien, il m'a aidé à découvrir le quartier quand je me suis installé, et je l'aide souvent à faire ses courses. J'aurais bien aimé rester discuter avec lui, mais j'ai vraiment, vraiment très envie de dépenser mon argent dans un plat bien consistant, avec un bon gros hamburger et de bonnes frites.

Je repars, ma bonne humeur renouvelée par cette rencontre, me dirigeant d'un pas décidé vers Arbalète Burger. Alors que j'allais tourner dans la prochaine rue, un jeune homme me dépasse et fait volte-face pour se planter devant moi, manquant de peu de se faire renverser, tant je suis lancé. Je le regarde avec de grands yeux ronds, surpris : d'habitude, quand on se fait accoster de cette manière par ici, c'est soit par quelqu'un qui cherche la bagarre, soit par quelqu'un qui tente de vous voler. Hors, celui qui se tient devant moi n'a pas le profil d'un voleur, ni même l'air de vouloir me voler, et il n'a définitivement pas la carrure de quelqu'un qui veut se battre. Il peut me chercher, mais il va se faire coucher en deux coups... Mais ce qu'il dit n'a rien de bien menaçant, il a même l'air plutôt gentil, en fait. L'idée de lui demander d'où il connaît mon nom ne me traverse même pas l'esprit et je ne sais pas pourquoi, mais le fait qu'il me vouvoie me fait sourire et me donne instantanément l'envie de sympathiser.

Son nom me force cependant à me reconcentrer : Fiersbras, le même nom de famille qu'Olga, l'une des rebelles les plus importantes de Fort Fort Lointain. Je ne sais toujours pas ce qu'il me veut, mais si ça a un rapport avec elle, je doute que ce soit très drôle. La suite de son discours me provoque un haussement de sourcils tout en me confirmant le sujet de notre conversation : il a besoin de nouvelle de sa soeur, ce qui est pour le moins étrange. Je n'ai pas de famille proche, mais j'imagine que lorsqu'on fait partie d'une fratrie, on a régulièrement des nouvelles, non ? Je le regarde se gratter la tête et devine qu'il se fait vraiment du souci pour elle, probablement à raison : en ce moment, il ne fait pas bon être rebelle, mais être un des rebelles avec sa tête placardée dans toute la ville ? Bonne chance. Je comprends aussi pourquoi il veut trouver un endroit plus discret, je n'ai pas du tout envie de retrouver ma cellule dans la Tour d'Argent, bien que mis à part les chevaliers-flics qui patrouillent dans le coin, personne dans Ragtown n'irait dénoncer un rebelle, parce que la plupart des gens sont contre Marraine et ses idées stupides et d'autre part parce que personne n'apprécie les balances et les lèches-bottes dans le coin.

Je réfléchis à un endroit où nous pourrions aller, sans répondre à ma nouvelle connaissance qui doit se demander si je comprends bien tout ce qu'il me dit, voir si je suis bien celui qu'il recherche, quand mon ventre gargouille si fort que tout le quartier doit l'avoir entendu. Je souris, et attrape le jeune homme par l'épaule, l'entraînant avec moi.
"Ah bin te voilà, je te cherches depuis tout à l'heure ! On va aller manger un morceau ! Arbalète Burger, ça te dit ? Je t'invites !" J'ai parlé assez fort pour éloigner ceux qui auraient pu s'intéresser à notre conversation s'en détourne, mais je continue quand même prudemment, assez fort pour ne pas donner l'impression de faire de messes basses mais assez bas pour ne pas être entendu par tout le monde. "Ecoute, je suis bien celui que tu cherches, et j'ai des nouvelles de ta soeur, ne t'en fais pas, tu peux me poser toutes les questions que tu veux, mais on va aller se prendre quelque chose à manger avant, pour s'éloigner des curieux, et parce que j'ai sacrément la dalle ! Et puis, je ne voudrais pas que la Fiersbras me tombe dessus parce que son frère ne se nourrie pas, surtout quand il prend le risque de venir me chercher dans Ragtown, alors qu'il est aussi fin qu'un cure-dent !" Je le regarde et rigole, pour le détendre en même temps que moi, parce que j'appréhende tout de même ses possibles questions...

Taran & Ulrich

A la rencontre d'un rebelle

Il est imposant, ce Taran, mais il ne me semble pas avoir peur de lui. Je préfère prendre mes précautions et être sûr avant de confirmer la chose, mais je suis presque certain qu'il n'est pas en colère contre moi. Après tout, je suis le frère d'une rebelle ; ça doit bien compter pour quelque chose, non ? Les secondes s'étirent, s'allongent et je commence tout de même à douter de lui. Peut-être qu'il va m'envoyer voir ailleurs ? Peut-être qu'il va me dépouiller, là, tout de suite, de mes deux guimauves et cinq schillings ? Peut-être... Peut-être qu'il va même me tuer pour avoir osé l'aborder en pleine rue ? Son ventre qui gargouille me coupe dans mes réflexions et taquine mon propre estomac qui, bien que toujours plein, ne semble jamais en avoir assez.

Ses premières paroles m'étonnent et je reste quelques secondes les bras ballants, me laissant traîner par les épaules, avant de me rendre compte de son jeu. C'est brilliant ! Et s'il m'invite vraiment à manger à Arbalète Burger... Je l'épouse ! Enfin. Je l'admirerais beaucoup. Je hoche donc férocement la tête, ne faisant pas confiance à mes compétences de stratège (soyons honnête, je ne sais même pas planifier un repas, alors un plan...).
Je me détends instantanément lorsque j'apprends qu'il est bien Taran, le rebelle, et qu'il a des nouvelles de ma soeur ! A son ton, je me doute que rien d'important ne doit lui être arrivé et ça me soulage quelque peu. Ajoutons à ça le fait que nous allons réellement manger un burger, et vous venez d'obtenir un ogre très heureux.

Je rigole à sa blague et admire, pour une fois, mon choix d'avoir décidé de m'orienter vers lui plutôt que vers quelqu'un d'autre. « Je dois avouer que manger un burger semble très tentant... Mais vous n'êtes pas obligés de m'inviter, je dois avoir assez sur moi ! » Je continue de le vouvoyer parce que, bon, c'est un rebelle, tout de même, et qu'il m'intimide. Sur le chemin, j'ose enfin lever les yeux et regarder autour de moi sans avoir peur de me faire agresser - je remercie la présence de Taran - et admire les alentours, prenant en compte chaque endroit où j'aurais pu me faire agresser à l'aller. Arbalète Burger se dessine enfin et, sans y réfléchir, j'accélère un peu le pas, attiré par la bonne odeur qui s'en émane. Taran et moi se plaçons dans la file et attendons nos commandes. Je dois m'empêcher de sauter sur mon hamburger dès qu'il apparaît et prend sur moi pour attendre d'être installé à une table.
Une table en particulier semble assez excentrée et Taran et moi semblons sur la même longueur d'onde puisque nous nous y dirigeons d'un presque commun accord.

Mon hamburger est englouti en deux secondes à peine et il ne me reste que ma boisson pour calmer les soubresauts de mon estomac. « Hm, Olga, donc... Elle va bien ? Elle était là, le soir du bal ? Elle a été blessée ? Vous savez où elle se cache ? » Bon... Ca faisait peut-être un peu beaucoup, non ? « Désolé... Vous êtes le premier que je rencontre qui la connaît et elle n'est plus revenue chez nous depuis l'attentat... »
Ce n'est qu'à ce moment-là que je me souviens aussi de ce que l'on m'a dit sur le rebelle en face de moi, sur ce qu'il a vécu. « Je n'ai pas non plus envie de vous replonger dans des périodes dont vous n'avez pas forcément envie de parler... » Hm, c'est compliqué. Si l'on me compare à Taran, je n'ai rien vécu et ne vivrais certainement jamais rien de semblable. En gros, je ne sais pas du tout comment me comporter pour ne pas l'offenser.

Et je n'ai même plus de burger.

Taran & Ulrich

A la rencontre d'un nouveau Fiersbras

Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'idée de manger un burger a l'air de ravir ma nouvelle connaissance. Je ne sais pas si c'est l'idée de manger gratis ou tout simplement l'idée de manger un burger, quoique j'ai comme l'impression que c'est la combinaison des deux qui le rend si heureux. Instinctivement, je peux dire que nous allons bien nous entendre tous les deux : il a l'air de bien aimer manger, ça c'est plutôt évident, et il semble apprécier ma petite blague, ce qui me change de la plupart de mes clients et connaissances de la capitale : entre les rebelles qui n'ont plus ou moins jamais le temps de se pauser pour se détendre, les clients rabats-joie et les ivrognes des tavernes que je fréquente pour avoir des informations sur la Tour d'Argent qui explosent de rire dès que je leur dis bonjour, il faut bien avouer que ma vie sociale n'est pas bien remplie. Pas par des gens comme cet Ulrich en tout cas.

Entre le moment où il m'a abordé et celui où nous nous sommes assis pour manger - plutôt dévorer dans son cas - notre repas, j'ai pris le temps de le détailler et la première conclusion qui m'a sauté aux yeux, c'est que même s'ils partagent un nom de famille, le frère et la sœur ne se ressemblent absolument pas. Si on oublie les similitudes physiques, ils n'ont vraiment pas l'air d'avoir grand chose en commun : Olga est la représentation de la combattante sérieuse, déterminée, qui a des comptes à régler alors que son frère n'est vraiment pas imposant et il n'a pas l'air non plus de trop se préoccuper des événements qui bouleversent Fort Fort Lointain. Il a l'air simple en fait. Oh, pas dans le mauvais sens du terme, bien sûr. Simple dans le sens où il n'a pas l'air de se prendre au sérieux et il vit sa vie comme elle vient. Ça ne peut être qu'une impression que j'ai, évidemment, mais c'est en tout cas ce que je perçois quand je le regarde dévorer son burger et que je vois son regard presque triste quand il contemple son plateau désormais vide. Ce qui me choque le plus, c'est le fait qu'il me vouvoie. Personne ne m'a jamais vouvoyer, et puis je pense qu'il est aussi âgé que moi, alors ça me fait vraiment bizarre...

Lorsque nous entrons enfin dans le vif du sujet, je fais signe au serveur de lui apporter un deuxième burger : c'est moi qui vais payer de toute façon, et si la conversation se révèle être dure à entendre pour lui, il aura au moins ça pour se remonter le moral. J'essaie de garder en tête toutes les questions qu'il me posent mais c'est assez difficile : on ne pourra pas dire qu'Ulrich Fiersbras ne se fait pas de soucis pour sa soeur... Je m'apprête à lui répondre lorsqu'il rajoute à la conversation un sujet que je n'aime pas beaucoup aborder. Je hausse un sourcil, en essayant de ne pas paraître trop irrité : ce n'est pas sa faute si j'ai lamentablement été capturé et fait prisonnier et il a de bonnes intentions, mais cet échec cuisant de ma part n'est jamais bon à revivre.

Je secoue la tête avant de prendre la parole, comme pour chasser mes idées noires et faire revenir ma bonne humeur de ce début de journée. "Bon, déjà, tu peux arrêter de me vouvoyer ! Je ne suis pas ton père et encore moins une personne d'influence qui mériterait une telle considération, alors détends toi sur le protocole !" Je glisse un petit clin d'oeil, histoire qu'il ne se sente pas agressé. "Ensuite, oui, j'ai des nouvelles de ta soeur, elle va bien donc ne t'en fais pas ! Enfin, elle allait bien la dernière fois que je l'ai vu, mais je ne vois pas pourquoi ça aurait changé." Je baisse la voix parce que le serveur apporte le deuxième burger qui j'espère plaira à mon invité du jour et surtout parce qu'il ne faut surtout pas que quelqu'un entende le reste de notre conversation. " Le soir du bal, elle et moi - et d'autres rebelles dont je ne suis même pas sûr de connaître le nom - avons mené l'attaque sur le château. Bon, la partie où tout à explosé, c'était pas vraiment prévu, mais c'est la faute à Potté, pas à ta soeur." Je me mords l'intérieur de la joue, conscient d'avoir laissé échappé le nom de Potté, mais j'espère qu'Ulrich ne relèvera pas, ou s'il le fait, qu'il ne s'en servira pas. "Ta soeur n'a pas été blessée, fort heureusement, et si tu n'as plus de nouvelles, c'est parce qu'elle évite la ville, tu sais, le temps que sa tête disparaisse des affiches de recherches... Par contre, je suis incapable de te dire où elle se trouve. Je la voyais de temps en temps pour mon entraînement, mais c'était toujours au même endroit et elle ne m'a jamais dit où elle vivait en ce moment..." Je suis un peu triste de ne pas pouvoir lui en dire plus, mais je ne sais vraiment rien qui pourrait lui être utile en dehors de ça... "Ça fait quelques jours que je ne l'ai pas vue, mais je suis sûr qu'elle n'a rien, il faut juste être patient, je suppose. Comment tu m'as trouvé, au fait ? Elle t'a parlé de moi ? J'imagine que non, si tu ne l'a pas revue... Est-ce que ma petite escapade à la Tour d'Argent m'a rendu si célèbre que ça ?"

Je sourie, mais le coeur n'y ait pas. J'étais si prêt du but, si prêt de Gurgi sans pouvoir le sauver... Je fixe la moitié de burger qui reste sur mon plateau, ayant soudain perdu l'appétit. C'est stupide, moi qui le voulait tellement, ce petit bout de paradis culinaire...

Taran & Ulrich

A la rencontre d'un nouveau Fiersbras

C'est toujours dans ces moments-là que je me demande si j'ai bien fait de décider de faire ce que je venais de faire ; ici, d'aller voir Taran. Olga ne semble pas être en danger de mort puisque le sujet n'a pas l'air de le troubler plus que ça - ou alors, il est un très bon menteur. Ou peut-être qu'il n'en a rien à faire, aussi. Toutes les options sont possibles. Je suis désolé de voir que mon assiette est vide. Là où trônait un bel hamburger ne reste qu'une tâche de sauce, émancipée, accompagnée de quelques miettes de pain. Spectacle désolant. C'est tout le temps la même chose, de toute façon : j'ai hâte de manger, je mange trop vite, je regrette d'avoir mangé à cette vitesse, je prie pour qu'un autre burger apparaisse devant moi. La routine.

Taran se lance enfin dans la périlleuse entreprise qu'est celle de répondre à mes questions. Je rougis instantanément quand il me demande d'arrêter de le vouvoyer - si si, je sens la chaleur dans mes joues - et m'excuse rapidement. C'est qu'il m'impressionne, un peu, et j'avais peur de le tutoyer et de le vexer. Mais bon, je suppose que ce problème est maintenant réglé ! Il commence à me parler d'Olga, en me disant qu'elle va bien, merci Merlin, mais il est interrompu par un serveur qui s'approche de notre table, un burger trônant fièrement sur son plateau.  Faites que ce soit pour moi, faites que ce soit pour moi, faites que ce soit pour moi... Oui ! Je lance un regard à Taran qui semble plutôt content de lui, comprenant ainsi que c'est lui qui me l'a commandé. « Merci ! » dis-je, avant de m'atteler à ce nouveau but dans ma vie.
Taran reprend son histoire en commençant par le soir du bal, insistant sur le fait que Potté ait été l'initiateur du projet. J'émets un son qui s'apparenterait à un sentiment de dérision, un petit grognement ogresque. Qui d'autre que Potté, de toute façon ? Depuis le début, c'est lui qui l'a entraîné dans toutes ses affaires bizarres.

Il finit de me rassurer en disant qu'Olga va bien, qu'il a pu la voir de temps en temps. Je suis assez déçu en l'entendant... Elle accorde de son temps à ses amis mais pas à son frère ? Je sais que ça n'a pas toujours été l'amour fou entre elle et moi, à vrai dire ça ne l'a jamais été, mais quand même... J'essaye de ne pas montrer ma déception en dévorant plus rigoureusement mon burger. Je le termine, essuie mes mains et m'attèle à répondre à ses questions, repérant au passage le petit regard qu'il jette au reste de son repas. Et je prie pour qu'il me le donne gentiment d'ici quelques secondes.

« Je crois bien que c'est ton séjour à la Tour d'Argent, oui, qui t'a rendu célèbre. Personne ne m'a réellement parlé de toi, mais j'ai entendu quelques conversions à droite, à gauche, et... tu étais la seule piste que j'avais pour avoir des nouvelles de ma soeur. » Je prends quelques gorgées de ma boisson et continue de répondre à ses questions. Chacun son tour, après tout ! « Quant à comment je t'ai trouvé, c'est le même principe : j'ai entendu quelques conversations et j'ai pris mon courage à deux mains pour venir ici. J'ai réussi à éviter deux agressions sur le chemin » j'ajoute, assez fier de moi. Je ne vais pas préciser que j'ai évité ces deux agressions en agrippant quelqu'un au hasard et en criant "Il est plus riche que moi !" et en partant en courant. Je ne suis pas lâche - je suis opportuniste.

« C'était vraiment... Bizarre, cette nuit du bal. Surtout que je n'y étais pas du tout, mais de chez moi, j'ai entendu l'explosion, et j'étais convaincu déjà qu'Olga était dans le lot. » Je soupire et passe une main dans mes cheveux, l'autre tenant toujours ma boisson fermement. « De toute façon, même si j'y avais été, je n'aurais été capable de rien. Je ne sais même pas tenir une épée sans me tordre le poignet... »

Je finis ma boisson, pose mes deux avant-bras sur la table. « Mais tu sais, tout le monde dit que les rebelles sont des lâches, d'avoir agi comme ça. Mais je connais Olga, et je sais qu'elle l'a fait pour une bonne cause. Vous avez certainement tous des raisons différentes, mais je sais... je sais que vous pensiez bien faire. De toute façon, ça ne pouvait plus durer, n'est-ce pas ? »

Olga et les lames de cendre devaient forcément passer à l'attaque. N'est-ce pas ?

Taran & Ulrich

A la rencontre d'un nouveau Fiersbras

Je sais que je vais bien m'entendre avec Ulrich. On dit souvent que la première impression est toujours la bonne et dans son cas, je pense que le dicton convient parfaitement : il est simple, sans que ce soit une insulte pour autant, plutôt le contraire ! Il n'est pas si différent de moi quand on y pense... Il a l'air de se contenter dans sa vie des choses simples pour faire son bonheur, et ici en l'occurrence, de la nourriture. Certes, je ne suis pas autant enjoué à chaque fois que je mange mais il n'a pas l'air de s'embarrasser des complexités de la vie et profite de ce qu'il a, tout comme moi.

J'aurais d'ailleurs continué à le regarder en souriant si nous avions parlé de tout autre chose, ses yeux brillant devant le nouvel hamburger ne pouvant qu'attiser ma sympathie pour lui. Cependant, et même s'il n'a pas vraiment l'air de s'en rendre compte, c'est à mon tour de m'inquiéter en entendant ce qu'il me raconte. Je triture mon repas distraitement, tentant de digérer ce qu'il me dit sans avoir trop l'air maussade. Bien sûr, je m'attendais à avoir un peu plus de notoriété après ma petite escapade dans la Tour d'Argent, et c'est d'ailleurs pour ça que je fais profil bas pour ne pas attirer l'attention des gardes. Mais je ne m'attendais pas à ce que les rumeurs colportent mon nom à quiconque tend l'oreille assez fort... Si ça continue, je vais carrément devoir stopper mon petit import-export de contrebande dans la calèche, et ne plus côtoyer les rebelles, du moins le temps que l'attention se porte sur quelqu'un d'autre, comme par exemple cette mystérieuse personne qui m'a bien aidé il faut dire en me sortant de ma cellule. J'ai entendu qu'elle a également fait une apparition au conseil donné par Sa Majesté Cheveux Gominés, mais depuis, plus rien, il faut croire qu'il n'y a pas que moi qui cherche à passer inaperçu...

Le reste du discours d'Ulrich me remonte un peu le moral : même s'il me rappelle douloureusement le fiasco du bal et les critiques générales adressées aux rebelles de façon plus ou moins directe, l'entendre dire que ça partait d'une bonne intention et que c'était finalement nécessaire me fait chaud au coeur. Il n'y a pas beaucoup de gens qui arrivent à faire la part des choses dans cette histoire. Je m'étais attendu à des reproches, comme tout le monde, mais pas de la part d'autant de personnes... Certains semblent oublier qu'ils étaient plutôt d'accord avec les rebelles jusque là, que Marraine était une tyrannique harpie injuste et qu'il fallait bien que quelqu'un fasse quelque chose. Vraiment, c'est à croire que les habitants de cette ville sont nés pour critiquer la moindre chose qui se bat, indifféremment du reste. Une belle bande d'hypocrites, si on me le demande.

Je pousse mon plateau vers Ulrich, pour signifier que je n'ai plus envie de mon hamburger, qui ressemble d'ailleurs plus à un amas de différents ingrédients qu'à un plat préparé, ajoutant à ça un coup d'oeil à Ulrich pour lui faire comprendre qu'il peut se servir s'il a encore faim. Je force un sourire pour lui répondre, histoire de ne pas casser l'ambiance :

"Ne t'en fais pas pour Olga, elle n'a pas été amoché pendant le bal, ou du moins pas suffisamment pour l'empêcher de s'en sortir, et comme je te l'ai dit, pour autant que je sache, elle va très bien. Maintenant, je peux lui faire passer un message de ta part, si je la croise, ou lui demander de venir te voir, si tu tiens vraiment à lui parler en personne, ce qui du reste se comprend très bien !" Malgré moi, je baisse d'un ton, conscient de ce qui se passerait si quelqu'un venait à entendre la suite. "Et oui, je pense que les choses devaient changer. Doivent changer. Faire aveuglément confiance en Potté n'était peut-être pas une bonne idée, de même que son plan d'ailleurs, mais s'il n'y avait pas d'autre moyen pour faire bouger les choses, et bien je le referais sans hésiter." C'et dur à entendre et même à dire parce que j'ai tout à fait conscience que des gens ont gravement souffert, mais j'ai déjà connu des temps plus sombres et appris bien malgré moi que dans ces cas là, il y a toujours un prix à payer pour avancer. "Je ne sais pas ce qu'il se passe en ce moment, par contre... Depuis que je suis sorti de la Tour d'Argent, tout stagne un peu pour moi qui essaie d'éviter les ennuis. Et puis, la personne qui m'a sorti de là n'a pas vraiment l'air de vouloir se montrer non plus, et je me demande bien pourquoi..." Je sirote un peu de ma boisson distraitement, perdu dans mes pensées, et décide que de s'enfoncer dans ce sujet précis finirait par achever l'ambiance, aussi je change de sujet. "Par contre, je suis sûr que tu pourrais très bien te débrouiller avec une épée, si tu étais entraîné ! Un grand gaillard comme toi, ça doit valoir quelque chose ! Et puis, ta soeur est une combattante tellement douée que tu dois forcément avoir du potentiel, tu devrais peut-être lui demander de t'entraîner à l'occasion !"

Je n'aime pas me moquer gratuitement des gens, mais à l'idée d'Ulrich et de son regard désespéré quand il finit ses hamburger trop précipitamment dans une vraie bataille, je ne peux retenir un petit rire stupide...

Taran & Ulrich

A la rencontre d'un rebelle

Je ne sais pas vraiment quoi penser d'Olga, en ce moment. Je suis partagé entre le soulagement de savoir qu'elle va bien et la déception de ne pas avoir de nouvelles directement d'elle. J'aurais pensé la voir à la maison quelques fois, me talocher un coup et repartir, mais elle semble avoir mieux à faire. Et je peux comprendre, son visage est placardé dans toute la ville, après tout. Mais la dernière fois que nous avions des problèmes, nous étions tous les deux. Et maintenant... Je ne sais même pas où elle loge. Taran me propose de lui passer un message, mais qu'est-ce que je pourrais lui dire ? Elle le sait, de toute façon, que je suis là, à attendre qu'elle revienne. Elle n'a certainement pas besoin d'en savoir plus, en ce moment. Elle doit avoir assez de problèmes.

Taran m'avoue qu'il avait aussi ce besoin de voir les choses changer et que, s'il n'avait pas d'autre solution, il recommencerait sans hésiter. J'acquiesce, conscient du sacrifice qu'il a fait pour le royaume. Il est tout de même parti à l'aveuglette, suivre un leader qui a moyennement prouvé son efficacité et participé à un attentat qui ne cesse de prendre de l'ampleur depuis. Je ne peux pas dire s'il y avait une meilleure solution - ce n'est pas comme si j'étais le meilleur stratège - mais, si ça a porté ses fruits... C'était le principal, non ?

Je rigole franchement lorsqu'il me dit que je pourrais être doué pour manier l'épée. Même si Olga l'est, je pense qu'elle a gardé tous les gênes pour elle. « Tu devrais me voir, une épée à la main... Je ne sais même pas la porter correctement, et je finis toujours par me blesser ! » Ce n'est un secret pour personne, que je suis une catastrophe sur jambes. « Tu sais, je voulais devenir chevalier, un jour... J'avais demandé à un ami, Niki, de m'aider à monter à cheval. On y a passé des heures et j'ai toujours peur des chevaux ! » Niki, qui n'est plus là. Je me demande combien de personnes je vais perdre, dans les prochains temps. J'ai la vague impression que cela ne fait que commencer. « De toute façon, j'ai peur des caniches... La seule chose que je sais manier, c'est ma hache quand je coupe des arbres et, là encore, j'ai cru perdre mes doigts plusieurs fois. Olga a hérité de tous les attraits guerriers de la famille, je crois. J'ai jamais su me défendre ! »
Je n'ai jamais eu l'occasion d'apprendre, puisqu'Olga était là. Je n'ai jamais su me défendre face à elle, je ne saurais jamais me défendre face à un inconnu. Et maintenant, pourtant...

Il y a Nina. Il y a Nina et moi, seuls dans notre chaumière, protégée seulement par les arbres autour. Je ne pense pas que nous ferons long feu, si quelqu'un vient nous attaquer. Je regarde Taran et me décide à tenter le tout pour le tout. « Mais... Enfin... Tu sais manier l'épée, je suppose et... si tu as quelques minutes à m'accorder, tu sais, de temps en temps, pas tous les jours... J'aimerais bien apprendre. Juste au cas-où ! »
Au cas-où Nina et moi faisons face à un agresseur, à un caniche. Au cas-où je décide de m'aventurer à nouveau dans Ragtown.

Au cas-où Olga ne reviendrait plus.

Taran & Ulrich

A la rencontre d'un nouveau Fiersbras

Finalement, je ris de bon coeur en voyant Ulrich rire de mes propos, et conserve un sourire enjoué en l'entendant me confirmer ce que j'ai pensé tout bas : apparemment, lui et l'art de la guerre, ça fait deux. Je pouffe en l'écoutant, pas parce que l'idée d'Ulrich en chevalier me paraît ridicule ou parce qu'il a peur des cheveux parce que c'est une peur assez répandue, mais parce qu'il a peur des caniches. Je ne m'attendais vraiment pas à entendre ça dans une vie, avoir peur des chiens de manière générale, ça reste concevable, mais des caniches très précisément, je ne savais même pas que ça existait...

Pour autant, j'oublie mon envie de rire lorsqu'il évoque sa hache. D'accord, c'est pour son travail, mais il faut un minimum d'habileté et de force pour manier une arme quelle qu'elle soit. Je pense que le jeune homme a bien plus de potentiel qu'il ne le pense, et c'est un sujet sur lequel je me trompe rarement. De plus, je me prends à penser qu'Ulrich ferait un très bon chevalier. Pas une brute épaisse qui fait ça pour le plaisir de frapper et faire respecter l'ordre à sa manière ainsi que pour la richesse et la gloire qui accompagne le tout. Un bon chevalier. C'est difficile à expliquer comme sentiment, mais bizarrement je sens que c'est une personne foncièrement bonne, sans une once de méchanceté et qui pour une raison que je ne peux pas non plus expliquer me donne envie de l'aider à atteindre son but.

Le seul soucis est que vu la manière dont il parle de cette expérience avec ce dénommé Nikki, j'ai l'impression qu'il a laissé tombé... Je m'apprête à faire un commentaire sur le sujet quand le jeune homme répond de lui même à ma question, d'une manière parfaitement inattendue, en me demandant de lui apprendre à se battre "juste au cas où". On est encore loin du rêve de chevalerie, mais c'est un bon début.

"Je euh oui, bien évidemment, ça me ferait d'ailleurs très plaisir de t'aider, et on pourra toujours revenir manger un morceau ici après les entraînements." Je me sens rougir un peu, gêné à l'idée d'entraîner quelqu'un. Je me débrouille plutôt bien avec une arme, mais je n'aurais jamais eu la prétention de pouvoir apprendre quoi que ce soit à quelqu'un. Pour m'éviter de rougir encore plus, je change de sujet en un raclement de gorge. "Mais tu sais, l'épée n'est pas la seule arme qui existe, et si tu es déjà familiarisé avec une hache, peut-être que tu peux considérer l'idée de te battre avec. Enfin, je t'aiderai quoi qu'il en soit de toute façon !"

Je glisse un coup d'oeil à une des horloges du restaurant et constate que mine de rien, l'heure avance. Aussi, je prends le reste de ma boisson et invite Ulrich à sortir de là après avoir payé. Nous marchons un moment dans Ragtown, et je sais que je vais bientôt devoir retourner à ma calèche, pourtant je ne suis pas pressé de le quitter, et engage à nouveau la conversation sur le sujet qui me tourne dans la tête depuis la fin du repas.

"Et cette histoire de devenir chevalier, c'est toujours d'actualité ? Parce que je pense que tu ferais un très bon chevalier, avec de l'entraînement." Je prends un air sérieux, pour lui faire comprendre que cette fois, je ne plaisante pas quand je dis ça. "C'est sur que c'est pas évident, mais si tu travailles je suis certain que c'est faisable ! Et puis, je sais monter à cheval, j'en ai un en fait, donc je pourrais peut-être t'aider, si tu veux bien sûr !"

Je souris en visualisant Ulrich sur Melyngar : il n'a pas vraiment l'habitude d'être monté par quelqu'un d'autre que moi, et s'il oppose une quelconque résistance, je sais qu'il suffit de lui agiter à manger devant le museau pour le faire changer d'avis. Tiens, c'est déjà un point commun avec Ulrich...

Taran & Ulrich

A la rencontre d'un rebelle

Il a accepté de m'aider ! Tout n'est pas perdu ! Un jour, je pourrais enfin affronter les monstres de la forêt et les caniches ! Peut-être ! Mais rien n'est encore fait. Il me fait remarquer que ma hache constitue elle aussi une arme, ce à quoi je n'avais jamais pensé. Je ne l'utilise que pour couper les arbres, je ne la vois que comme un outil de travail. Mais c'est vrai que je suis plutôt doué, avec... Taran regarde l'heure et se lève - je le suis et le remercie lorsqu'il paye pour mon repas. Je l'aime bien - un homme qui est prêt à me payer à manger est définitivement un ami ! Dehors, il engage la conversation sur mon rêve de devenir chevalier. « Je ne sais pas si je réussirais vraiment à devenir chevalier ! J'ai rencontré Lan... » Je ne suis pas censé dire son nom... Il est capable de me retrouver s'il apprend que j'ai révélé son identité ! « un chevalier, et il m'a un peu ouvert les yeux sur ce que ça impliquait vraiment. Je ne pourrais jamais m'attaquer à un homme, je crois. Encore moins le tuer. Je me sens déjà un peu coupable quand je tue des limaces alors bon... ». Il n'y a pas que les ogres qui tuent des limaces, si ? Les jardiniers, par exemple. Je suis sûr qu'il y en a beaucoup qui tuent des limaces. C'est courant, comme meurtre.

« Et j'aimerais bien essayer de monter à cheval à nouveau mais... Je suis nul. Très, très nul. Dans le sens où j'ai essayé une dizaine de fois, sans jamais y arriver. C'est plutôt le cheval, qui m'est monté dessus... » Je grimace en me souvenant des leçons avec Niki, et en me souvenant de Niki tout court. « Mais si ça ne te fait pas peur de me prêter ton cheval, j'accepte avec grand plaisir ! » Je trouve, pour une fois, avoir eu une bonne idée en m'adressant à Taran. Je sens que nous pouvons vraiment bien nous entendre - il ne me fait pas peur, comme les autres rebelles et il m'offre des hamburgers... Que demander de plus ? Des guimauves, certes, mais personne n'est parfait.

« En tout cas, merci beaucoup de toute ton aide. Peu auraient accepté de me parler d'Olga... J'espère juste que je la reverrais bientôt ! » Je sens qu'il est temps de le quitter. J'ai quelques arbres à couper cet après-midi et je suis certain qu'une lame de cendre doit avoir beaucoup de travail ! « Merci encore pour le repas et j'espère te revoir bientôt ! Je ramènerais ma hache ! » Je vais en profiter cet après-midi pour essayer quelques mouvements avec elle, d'ailleurs. Je n'ai rien à casser dans la forêt, Nina ne pourra pas râler ! Sur le point de le quitter, je ne peux pas m'empêcher de me répéter. « A bientôt ! » qui sonne plus comme une demande, une prière, quelque chose dans le genre. Par le cul de Shrek, qu'est-ce que je dois avoir l'air pathétique ! Je fouille dans ma poche et trouve mon petit sac de guimauves, rempli chaque matin, midi et soir, sans oublier le goûter, par mes soins et en offre une à Taran. On aura tout vu... Un ogre qui partage ses guimauves ! « Pour le dessert ! » Ou pour le repas, le casse-croûte, le goûter. Une guimauve subvient à tous nos besoins.

Dans un dernier sourire, je me remets en route pour sortir de Ragtown, évitant quelques personnes qui me paraissent douteuses. Une guimauve en bouche, je suis presque certain de me mettre à courir en entendant un aboiement qui sonnait étrangement comme celui d'un caniche... Mieux vaut prévenir que mourir.