AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
FORT FORT LOINTAIN A FERME SES PORTES.
Le Deal du moment : -40%
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 ...
Voir le deal
59.99 €

Emmène-moi au bout du monde. /PV Marie


FORT FORT LOINTAIN

Invité
Invité

Anonymous




Emmène-moi au bout du monde. /PV Marie EmptySam 29 Aoû - 4:12

Ce jour-là, la garde royale avait organisé des jeux afin d'élever les esprits et les cœurs, suite à tous les événements malheureux – cet euphémisme vous est offert par la guilde des scribes – qui s'étaient déroulés en ville. Les scribes en question, chargés par volontariat obligatoire de l'organisation des jeux, s'étaient immiscés dans la caserne afin de recruter les effectifs nécessaires aux réjouissances. Ils avaient donc comparés, discuté, et évalué les différents gardes, afin de les répartir au mieux de leurs possibilités dans les différentes épreuves que réunissaient des jeux aussi fastes. Il y avait une course en sac en duo, forcément trustée par des binômes éprouvés et malheureusement tous royalistes, une mêlée arme au poing qui promettait de belles bosses, et évidemment, forcément, l'épreuve de joute à cheval.
Cette épreuve se présentait immanquablement comme étant la cerise sur le gâteau, parce qu'elle était la plus spectaculaire. Il y avait des chevaux, des lances, des bruits de galop et des désarçonnements, tout ce qu'il fallait pour que le peuple soit au comble de la joie et de l'émotion en regardant ces preux gardes s'affronter entre eux jusqu'à déterminer qui était le plus fort de sa catégorie.
Contrairement à ce que pouvait laisser croire une discipline où on se servait de la force animale d'un cheval lancé au galop, les accidents étaient peu nombreux en joute équestre. Les différents opposants étaient durement entraînés à ne frapper qu'à la poitrine, et la chute d'un des cavaliers signait sa défaite. Cela n'empêchait parfois que d'affreux accidents se produisent, notamment des lances qui entraient malencontreusement par des visières de casque, et créaient de sacrés dégâts – toujours mortels – sur leur passage.
Tous les participants le savaient, et ça ne les empêchaient pas de continuer à se défier sur leurs destriers.

Aubin Fendlafoule, garde royal depuis une année, s'était évidemment porté volontaire pour l'épreuve de joute à cheval, parce que depuis qu'il était à l'académie, il s'y était illustré comme étant un jouteur d'un certain talent. Il lui manquait, évidemment, la force brute d'autres jouteurs, mais sa minceur juvénile le rendait difficile à viser. Et s'il n'était pas l'ami des chevaux en temps normal, lors d'une joute, il se transfigurait et faisait corps avec l'animal, qui répondait à la moindre pression des genoux. D'autres gardes avaient juré tous les dieux qu'ils connaissaient qu'ils avaient vu de leurs propres yeux un hongre rétif se plier à la volonté du lièvre alors qu'il n'aurait jamais fait ça dans d'autres circonstances. Le cheval s'était décalé sur la gauche, oh, si légèrement, permettant au lièvre de placer sa lance contre le pectoral de son adversaire, et de l'envoyer au sol dans un grand cri triomphant.
Il était fort tenu en estime pour ses victoires dans les lices de l'arène de joute équestre, et partait donc dans les favoris de cette édition. Nombre de parieurs plaçaient leurs espoirs et leurs économies sur sa personne.

Ce qui ne laissait pas de ne pas intéresser le lièvre en question. Aubin était nerveux, par défaut, parce qu'il n'avait aucun autre mode de fonctionnement. Mais ces derniers temps, sa nervosité s'était comme dissolue dans une rêverie qui n'était pas sa nature et qui avait fait jaser à la caserne. Il restait silencieux, épargnant aux autres gardes son débit trop rapide et ses idées à l'emporte-pièce, particulièrement après une intervention de leur capitaine. Il restait trop souvent plongé dans ses pensées, et ne voulait plus parler de ses conquêtes.

Bref, l'heure était grave, et si les autres gardes ne l'avaient pas encore tout à fait compris en ces termes, Aubin était amoureux. De sa supérieure directe, autant dire que le lièvre se dirigeait les oreilles en avant vers un panneau indiquant « emmerdes droit devant », et il ne pouvait pas plus s'en foutre. Il participait néanmoins à la vie de la caserne, se cognait toujours les éléments dissidents en ronde parce que lui faisait partie des meilleurs soldats, et mettait à l'épreuve son sens éprouvé de soldat d'une armée de campagne. Son boulot était bien fait, et il n'y avait pas vraiment de reproche à lui faire, si ce n'était qu'il était rêveur et pensif, et pas tout à fait à son affaire. Evidemment que dans le privé, les mêmes remarques avaient cours, mais Aubin avait une constance remarquable quand il s'agissait de les ignorer. Il se prépara aux joutes à cheval des jeux de la garde avec le soin méticuleux qu'il mettait à tout préparer depuis sa course perdue, les yeux toujours dans le vague, et ce fut à un moment indécis qu'il se décida à frapper un grand coup. La galanterie et les compliments à la va-vite, difficiles à placer lorsqu'il était en service, ne suffisaient pas. Il ne serait pas dit que le lièvre de Lieufroid marche à visage couvert.

Le jour du tournoi, tout était prêt, rutilant, magnifique. Absolument tout le personnel s'était surpassé dans l'espoir que ces événéments fassent basculer dans l'oubli de plus malheureux, et moins notables à se souvenir. Les tables étaient surchargées de victuailles compliquées à préparer et dont les saveurs explosaient le palais du moindre péquenaud. Les invitations n'avaient été distribuées qu'au compte-goutte afin d'aviver la jalousie et l'envie des vilains qui ne pouvaient venir, et l'élitisme ambiant donnait un goût de sel à l'assemblée élégante ainsi rassemblée.
La mêlée à pied, remportée par un excité originaire de Yasen qui avait passé le plus clair du temps de l'épreuve à abreuver d'injures les autres gardes, avant de leur fendre proprement le crâne. Les armes avaient beau être émoussées – on ne ne tuait pas au sein de la garde, sauf accident malheureux –, les dégâts avaient été suffisants pour que les hommes-médecine annoncent aux jouteurs à cheval qu'ils devraient y aller mollo.
Sauf pour ce qui était des chevaux, là ils avaient le droit, les vétérinaires assermentés n'étaient pas encore débordés.

Aubin, revêtu de son armure habituelle de garde, parce qu'il n'était pas du genre à parader dans ses armoiries personnelles – il n'en avait d'ailleurs pas –, monta sur sa jument alors qu'on annonçait son nom sur un ton triomphal. Il ne faisait pas grand-cas des encouragements de la foule, en fait. La plupart des gens se désintéressaient des victoires des jouteurs d'une année sur l'autre, et ne se souvenaient pas de leurs noms quand la saison revenait – en excluant les spécialistes, forcément. Il fit jouer ses épaules sous son armure, et la jument parada automatiquement. C'était une magnifique jument baie, manifestement construite typiquement pour ce genre d'épreuves ; nerveuse, à l'écoute, intelligente. Elle lui avait déjà évité des coups de lance vicieux de son propre chef. L'animal était caparaçonné sous les couleurs de son cavalier ; l'harnachement de la jument et ses plaques protectrices étaient marquées des longues pattes et de la silhouette gracile d'un lièvre en pleine course. Aubin était fermement convaincu que ces symboles lui portaient chance dans l'arène ; un lièvre avait toujours plus de chance d'éviter une charge frontale grâce à ses réflexes. Le cavalier lui-même, qui pour le moment se présentait tête-nue, était revêtu de son armure de garde, polie à l'extrême afin d'éblouir le moindre péquenaud qui oserait poser son œil dessus alors que le soleil s'y reflétait. En sa main droite, il tenait fermement sa lance de joute, instrument inmaniable pour celui qui ne s'y serait pas longuement exercé, et de la gauche, il protégeait son flanc d'un bouclier frappé de la devise « rien ne sert de courir, il faut partir à point », cuisant souvenir de sa défaite de prime adolescence.

Il laissa son heaume aux soins d'un écuyer qui le suivait à grandes enjambées sans avoir l'espoir de rattraper la jument de sang, et entra en lice en tenant les rênes d'une main, la lance calée entre son flanc et son coude, magnifique et brillant. Il salua les officiels venus à la manifestation avec le respect qu'il leur devait, et à la surprise générale, produit une rose rouge comme par magie de son armure. Affichant un sourire sûr de lui et rien bitchy sur les bords – et au plus grand étonnement de son adversaire, planté sur son cheval trop lourd –, il fit approcher son cheval de sa supérieure hiérarchique, Marie Lopaline.
Il lui tendit la rose en courbant la tête, déclenchant par là même les acclamations du public apparemment plus friand de potins que de performances sportives.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Marie Lopaline
LADY, LADY OSCAR

Marie Lopaline

Emmène-moi au bout du monde. /PV Marie Tumblr_n7g64c7ACY1s5lesdo2_250

⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : jessica de gouw
⊱ crédits : caf-pow. (ava)
⊱ arrivé(e) le : 13/09/2014
⊱ manuscrits : 474

⊱ tes licornes : princesse shéhérazade, beasthélemy, cúchulainn le maudit.
⊱ schillings : 438

⊱ ton conte : le prince casse-noisette et le roi souris
⊱ ta race : humaine, dieu merci.
⊱ métier : capitaine dans la garde royale, à fort fort lointain.
⊱ tes armes : une épée à la taille, une arbalète à la main. plus récemment, une arme à feu.
⊱ allégeance : pour, bien entendu.

Emmène-moi au bout du monde. /PV Marie Tumblr_mvatuyZyXD1rm6tpco3_250



Emmène-moi au bout du monde. /PV Marie EmptyDim 6 Sep - 0:20



Aubin, Marie
(au bout du monde)

Les tournois étaient et avaient toujours été un événement de taille. Bien que le plus souvent, seuls les chevaliers de Fort Fort Lointain s'y affrontent, ces compétitions amenaient un monde fou. Du paysan au duc, tous venaient s'agglutiner dans les jardins du château, se divertir une pinte à la main. Chacun des grands noms du Royaume se présentait alors, accompagné de son champion personnel, et ceux qui n'étaient le champion de personne concourraient sous leur titre habituel – bien que ça attire nettement moins les paris. Ceux-là prenaient place à l'entrée des jardins, où un petit homme, trapu et à la voix désagréablement cassée entassait les schillings et faisait les comptes sur son petit carnet. Ses mains étaient noires tant il gribouillait de nouveaux montants chaque minute, les joueurs affluant sans cesse.
Aujourd'hui plus encore que les autres fois, les jeux promettaient d'être beaux; les événements récents n'avaient cessé de faire fuir les citoyens tant que les touristes, et on ne pouvait les en blâmer. La Garde était étrangement silencieuse, ces dernières semaines, et pour cause : sous le règne du naimposteur, peu avaient décidé d'obéir et de faire leur boulot. Marie, à l'étonnement général, se rendait à la caserne chaque jour mais ne faisait rien des ordres qui montaient – autant dire que s'ils tenaient à leur poste, ses hommes faisaient mieux de la suivre. Chacun menait sa petite enquête pour retrouver Marraine, tous tentaient maladroitement de trouver des solutions à ce climat pesant. Autant dire qu'une journée comme celle-ci était nécessaire pour égayer les esprits.
Vêtue d'une longue robe d'un tissu blanc crème filé d'or et de perles et d'une cape toute aussi longue, Marie avançait lentement dans les jardins, prenant le temps d'observer tout ce qui s'y passait, de se délecter du paysage. Depuis combien de temps n'avait-elle pas prit la peine d'admirer la tonne de fleurs qui poussaient le long des chemins, les buissons taillés à la perfection et les statues posées çà et là de Marraine et Charmant ? Des guirlandes de papier décoraient des arches fleuries par lesquelles elle passait, bien différente du fantôme qu'elle était ces dernières semaines.
L'estomac creusé après son entraînement quotidien, qu'elle avait tenu à faire même en ce jour festif, la capitaine se dirigea naturellement en direction du buffet froid qui avait été installé dès l'aube. Volailles, crudités, desserts et boissons; le personnel royal n'avait pas fait les choses à moitié, et pour peu elle s'étonna de voir que Tracassin n'avait opposé aucune résistance. Délicatement, elle se saisit d'une coupe de champagnon et d'un amuse-bouche à la crevette, s'en allant s'adosser contre l'écorce d'un arbre, plus à l'aise à l'ombre qu'en plein soleil. Il faut dire que les peaux de Yasen, si elles sont très appréciées des jeunes hommes de la région, ont néanmoins le défaut d'être trop sensibles aux rayons du soleil. Quelques heures exposée, et Marie finirait rouge carmin.
Son amuse-bouche au fond de l'estomac, un groupe de gardes, tous capitaines comme elle, s'avança à sa rencontre; il était vrai qu'ils s'étaient donné rendez-vous peu avant le tournoi pour apprécier le divertissement ensemble. Marie se contenta d'une révérence polie pour les saluer, laissant de longues mèches bouclées se défaire de sa coiffure et tomber sur son épaule. L'un de ses collègues, Longuelame, tenta de replacer la mèche en vain, finissant par abandonner et prétexter qu'elle était plus belle ainsi; Marie en rougit légèrement, tout sourire, avant de poser sa coupe et accompagner ses camarades dans les gradins. Un garde qui s'était chargé de l'organisation de la journée s'était infiltré discrètement entre les invités, annonçant aussi distinctement qu'il en était capable et en plusieurs langues, pour les plus anciens qui ne parlaient qu'un patois mal articulé, que le tournoi était sur le point de commencer. Un attroupement prit alors place autour de la piste aménagée qui servait habituellement de piste d'entraînement, alors que Marie et le reste des capitaines s'en allait prendre place au second rang de la tribune réservée à la Garde Royale. Elle s'assit délicatement, croisant les jambes comme une grande dame sans prêter attention au regard de Longuelame qui se perdait sur elle, prenant part aux discussions qui animaient les gradins. De jeunes femmes passèrent distribuer les programmes des joutes, avec les heures approximatives de passage et les noms des participants. Chacun exprima son choix, sans certitude pour la plupart – il faut dire que même parmi les gardes, certains possédaient un champion; ils n'étaient dans ces cas-là pas un témoignage de richesse ou de noblesse, mais de l'affection qu'un gradé pouvait éprouver pour l'un de ses soldats. Quand son tour vint, Marie ne baissa pas le regard sur sa feuille mais s'exprima sans hésitation.
Je pense que le soldat Fendlafoule fera un beau jeu, mes paris sont en tout cas pour lui. Ses collègues étudièrent ce choix comme tous les précédents, avant de changer leur réflexion pour une hilarité éphémère. Tu es trop fière, Marie. Tu dis ça seulement parce que c'est un de tes hommes ! Elle sourit aux remarques, sans les prendre autant à cœur que ça aurait été le cas n'importe quel autre jour.
C'était une certitude, Marie aurait donné le nom de son soldat quoi qu'il arrive; mais cette fois-ci contrairement aux années précédentes où certains de ces hommes avaient concouru, elle croyait sincèrement en Aubin. Si les soldats de la Garde Royale sont l'élite des chevaliers du Royaume, il n'est pas rares qu'ils ne soient que des gamins qui prennent pour acquise toute réussite. Les excités, les ingrats, les malpolis et les indisciplinés qui se frayaient un chemin malgré la rigueur imposée épuisaient Marie tout comme ses collègues. Si ça n'était que d'eux, une sélection de plus serait faite parmi les éléments qui passaient dans leurs rangs chaque année, mais ils n'avaient malheureusement pas ce pouvoir-là – et comme si ça ne suffisait pas, ils se devaient tous d'être magnanimes. Il était donc naturel qu'étant obligés de supporter les plus mauvais éléments, Marie se souvienne des bons. Il y en avait un par-ci, un par-là; le talent ratait parfois une promo, et en gâtait parfois la suivante. Aubin était de ceux-là, serviable tant qu'obéissant. Un parfait petit soldat qu'elle aimait mettre au côtés des plus turbulents pour compenser et les calmer un peu. Le pauvre en voyait des vertes et des pas mûres, mais elle n'en était que plus reconnaissante de la capacité qu'il avait à se plier aux ordres. Elle en avait vu d'autres, des soldats parfaits qui n'avaient pas supporté l'idiotie des autres plus d'une semaine. Mais jusque là, elle n'avait jamais rien eu à redire à  Aubin.
On sonna trois coups à la corne, depuis la cabine royale où siégeaient Marraine, Charmant et Raiponce, avant que la foule présente ne se mette à acclamer les premiers jouteurs. Les duels étaient organisés selon l'ancienneté des jouteurs et leur grade, et Aubin qui n'était pas garde depuis plus d'un an était prévu pour le premier combat. Toute enthousiaste qu'elle était à l'idée de supporter son soldat favori, Marie applaudit de bon cœur à l'annonce de son nom, le regard rivé sur lui.
Les applaudissements ne tarissaient pas, et les derniers spectateurs errants au pied des tribunes prenaient enfin place sur les marches des escaliers, fautes de sièges libres. Croyant mourir de chaud, Marie pensa à se saisir de son programme pour s'en faire un éventail, mais un coup de coude d'un de ses voisins de tribune lui fit relever la tête en direction d'Aubin, qu'elle jurait ne pas avoir lâché du regard plus d'une seconde et demie. Elle sourit à son soldat, pas moins étonnée que les autres de le voir s'approcher des gradins avant son duel.
Elle s'apprêtait à lui faire un signe discret, sûre qu'il comptait s'adresser à l'un de ses supérieurs, avant de le voir sortir une rose de son armure. Tous les regards se rivèrent sur elle, qui constituait la seule présence féminine de cette tribune, alors qu'Aubin se penchait délicatement et tendait la rose à Marie.
Ce pouvait être étonnant aux vues du nombre d'hommes que Marie avait côtoyé dans sa vie, gardes y compris, mais on ne lui avait jamais vraiment fait la cour. Marie n'était pas de celles qui jouaient les inapprochables; si elle appréciait un homme elle le laissait venir à elle – ou s'en approchait, aidée par l'hydromel –, et elle le rejetait en douceur s'il ne l'intéressait pas. En soi, ça n'était pas bien difficile de l'avoir à ses côtés, pourvu qu'elle vous aime bien. À part avec Niki et Charmant, il n'y avait jamais eu de jeu amoureux ou quoi que ce soit dans sa vie. Elle avait toujours gardé ses sentiments à l'abri, ces deux hommes faisant exception, et personne d'autre n'avait jugé utile d'aller les chercher. Pourtant, alors qu'elle tendait la main pour attraper la rose qui lui était offerte, Marie sentit un souffle chaud la traverser. Elle porta la fleur à son visage, inspirant gracieusement son parfum, avant de reporter son attention sur Aubin. Bon courage pour votre duel. Un sourire charmé sur son visage, le rouge lui brûlant néanmoins les joues, Marie ne réagissait pas aux railleries de deux de ses collègues, placés de chaque côté d'elle.

La joute démarra enfin, et Marie ne pouvait s'empêcher malgré elle de sentir sa fleur régulièrement. Les chevaux s'élancèrent, sous les encouragements des supporters de l'un ou de l'autre, comme s'ils volaient sur le sable de la piste. Dans un gradin lointain, plantés derrière leur micro, deux analystes des joutes, anciens jouteurs eux-même, commentaient le jeu. Sans qu'elle y pense un instant, Marie serra ses doigts autour de la tige de sa rose à chaque fois que la lance de l'adversaire d'Aubin lui passait près. Les bruits des fers qui s'entrechoquaient faisaient s'élever les « ah ! » et les « oh ! » pendant ce qui paraissait être une éternité. Chacun des deux jouteurs s'était entraîné et était le meilleur jouteur de son groupe de soldats; s'ils n'étaient pas au niveau des plus expérimentés, tous s'accordaient à dire que c'était un beau duel. Les esquives bien placées étaient remarquables, les pas rythmés des chevaux admirables – jusqu'à ce qu'enfin, un dernier tintement retentisse au milieu de la piste et que l'un des deux jouteurs ne tombe à terre.
Marie retint son souffle une seconde, avant que les commentateurs n'annoncent la victoire d'Aubin. Si l'autre jouteur était au moins tout aussi doué, sa monture trop lourde lui avait fait défaut. Marie se leva, ignorant le sifflement d'un soldat qui croyait être le seul à savoir où elle allait, et s'en allait déjà hors des tribunes.
Une tente était dressée, derrière la piste de joute, pour que les jouteurs viennent se reposer et se faire soigner au besoin après leur duel. Un panel de journaliste les attendait devant le pan de tissu qui s'ouvrait régulièrement pour laisser passer de nouveaux jouteurs, alors que Marie se faufilait tout en discrétion à l'intérieur. Elle ne passa qu'un regard rapide sur le buffet dressé en récompense et l'armada de médecins agglutinés autour de quelques lits, avant d'apercevoir Aubin, dans le fond de la tente. N'adressant qu'un léger mouvement de tête à quelques personnes qu'elle reconnaissait, Marie s'avança jusqu'à lui, un sourire gracieux comme tatoué sur le visage. Vous avez fait bon combat, sir Fendlafoule. Bravo pour votre victoire, vous l'avez méritée. Adressant une révérence à son soldat, Marie porta la rose à son visage une nouvelle fois, en humant le parfum comme elle l'avait fait de nombreuses fois durant le duel d'Aubin. Et merci pour votre rose, c'était une attention des plus délicates.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Invité
Invité

Anonymous




Emmène-moi au bout du monde. /PV Marie EmptyDim 4 Oct - 12:47

Quand elle accepta la rose, Aubin eut un sourire lumineux, radieux, bref un sourire comme il n'en faisait pas souvent, habitué qu'il était à de rapides étirements de lèvres qui ne montaient pas jusqu'à ses yeux – du moins, hors de la sphère privée. Et la sphère privée chez Aubin ces derniers temps eh bien … c'était restreint.
Après un nouveau salut à l'intention de tous les supérieurs dans leur ensemble – ne pas se mettre à dos la hiérarchie était l'un des premiers commandements officieux des gardes –, le lièvre fit exécuter un demi-tour à sa jument d'une pression de genou, et prit position à l'endroit qui était prévu à cet effet.
Les sabots de sa bête de prix faisaient voler le sable de la piste alors qu'elle exprimait son impatience à commencer.
La joute en elle-même, comme d'habitude, s'enchaîna trop rapidement pour qu'Aubin puisse réellement la décrire ; ça avait sûrement à voir avec des heures d'entraînement, une maîtrise de l'animal et de son arme, mais les joutes, il ne pouvait pas les analyser, il les vivait. Et en général, il gagnait parce qu'il avait su, de façon brutale, certaine et instinctive, qu'il fallait baisser la lance de quelques centimètres, ou la décaler sur la droite.
Quand la pointe de sa lance chopa l'autre garde au défaut de l'armure, Aubin encaissa le choc en serrant les doigts sur sa lance, et les dents. Le morceau de bois plia – mais tel le roseau ne rompit pas –, et le grognement poussé par son adversaire lui ravit les oreilles. L'homme fut soulevé de selle, et l'animal finit de se débarrasser de lui d'un petit coup de cul.
Aubin leva le poing en signe de victoire alors que sa jument s'emballait jusqu'au bout de la lice. Il la fit ralentir en remontant sur les rênes d'une seule et exécuta une gracieuse volte, saluant de nouveau. Son sourire victorieux était masqué par son heaume et il dégagea la lice en même temps que son adversaire malheureux, mais lui, sur son cheval. Sitôt arrivé plus loin dans les jardins, dans ce qu'on pouvait raisonnablement désigner comme étant les coulisses du tournoi, des aides le firent descendre de cheval pour s'occuper de la jument, et de déboucler l'armure, puis le poussèrent vers ce qui tenait lieu d'infirmerie malgré ses protestations selon lesquelles il n'en avait absolument pas besoin.

On le fit asseoir sur un lit à l'écart, alors que tous les hommes et femmes dévolus aux soins s'agglutinaient autour de son adversaire – lequel protestait aussi d'ailleurs – et il resta là avec un sourire sur les lèvres, à regarder dans le vague. Il ne releva le regard que lorsque Marie entra dans son champ de vision, comme ébloui et disjoncté à la fois.
Un jour il veillerait à ne plus atteindre ce genre d'état alarmant – Aubin était un homme perpétuellement en mouvement même quand il dormait, et là comme par un foutu miracle, il s'était figé.
Un sourire illumina son visage – elle avait aimé son attention ! … oui ok il planait légèrement –, faisant briller ses yeux bleus. Il accepta le compliment avec cette grâce de ceux qui estiment que ça n'était rien, inclina la tête comme s'il avait été éduqué dans une cour, et non pas dans un village raciste et à l'armée.

« C'était un plaisir d'être votre champion, surtout. J'espère que … »

Il s'interrompit pour respirer, comme s'il prenait un peu de courage en même temps que d'oxygène. Lui donner une rose en public, sur le dos de sa jument, avait été plus simple – de façon fort étonnante, puisque tout le public regardait vers lui à ce moment-là. Mais à cet instant-là, elle avait été trop surprise pour réellement réagir et le regarder avec cet air-là.
Aubin en avait les jambes légèrement coupées – enfin, il avait cette impression-là.

« Que j'aurais l'occasion de l'être à nouveau. »

Il inclina légèrement la tête sur le côté, et cette fois, son sourire était d'une douceur à briser le cœur, parce que le lièvre pensait ce qu'il disait, bêtement sincère qu'il était. Un mouvement attira son regard sur le côté, et il perdit son expression de douceur en reconnaissant Benjamin, la fameuse tortue. Le reptile regarda successivement son plus cher adversaire et Marie Lopaline – qu'il ne reconnut pas, n'étant pas initié aux secrets de la cour et se foutant pas mal de savoir qui protégeait la loi dans ce royaume.
Aubin prit les devants afin qu'il n'ait le temps d'articuler quoi que ce soit, se méfiant des remarques pertinentes et souvent percutantes de la tortue :

« Oh, tu as pu venir finalement.
Je te présente ma supérieure, Marie Lopaline. Capitaine, voici Benjamin Pastropvite, un ami. »


Les yeux sombres et froids de Benjamin tombèrent sur la rose alors qu'il se penchait légèrement pour saluer Marie.

« Je suis, ma dame, parfaitement enchanté de faire votre connaissance. »

Il se redressa, et mû par une politesse surannée que tous les habitants de Leufroid partageaient, s'enquit auprès d'elle et non pas auprès du principal concerné :

« Alors, est-ce que notre jouteur a bien combattu ? »
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Contenu sponsorisé





Emmène-moi au bout du monde. /PV Marie Empty

Revenir en haut Aller en bas

Emmène-moi au bout du monde. /PV Marie

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Sujets similaires

-
» en garde [PV Marie]
» Ain't nobody who's as good at what I do - Marie Lopaline
» we'll carve our names as the sun goes down - marie
» marie ☾ c’était comme mourir flagellé en douceur à coups de lacets de chaussure parfumés
» ROUGE ☇le jour le plus froid du monde




Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
⊱ il était une fin :: Les RPs :: Chapitre 2-