Raconte nous ici ta petite histoire, en un minimum de 20 lignes. La forme est libre, portée à ta convenance. Surtout, n'oublie pas de consulter notre petite annexe sur la construction de son personnage à Fort Fort Lointain  Merci de faire attention à l'orthographe et la syntaxe, une petite relecture ou un passage sous reverso orthographe ne peut pas faire de mal, certes personne n'est parfait malgré tout il y a un stade à ne pas dépasser.
   BON COURAGE PETIT COEUR, ON TE LOVE D'AVANCE ET PATATE ET LICORNE ET PAPAYE ET VODKA SUR TA PETITE FACE DE KOALA A FESSES DE PARESSEUX.    


Il n'y avait pas plus paisible endroit que celui où Morphée Bacàsable et sa femme, Rose Fleurduvent, avaient choisi d'élire domicile. Simple village au milieu des dunes brulantes sous le soleil de la journée, la vie allait simplement pour le tout jeune couple, heureux de son mariage et de sa vie. Travaillant au village dans l'auberge comme simple serveur, Morphée amène de quoi subvenir aux maigres besoins de sa petite famille. Âgé à peine de dix-huit ans, il est quelqu'un d'apprécié dans le village, charmeur et vif, il est le meilleur serveur qu'ai jamais eu le tavernier, ses propres paroles !

Pourtant, Morphée doit se contenir, ce village n'ayant qu'un défaut pour lui : sa haine, viscérale, inébranlable, envers les sorciers et les sorcières, qu'ils soient bons ou mauvais. Or, Morphée a grandi, vécu son enfance, en compagnie d'une sorcière blanche, sa mère, qui lui transmis quelques unes de ses astuces. Si le thé de Morphée est si bon, c'est grâce à son don particulier pour choisir ses plantes. Si le village se repose si bien la nuit, c'est grâce au don unique de M. Bacàsable : il possède le pouvoir d'endormir les gens. Un don simple mais très efficace. Okay, droguer un village complet pour qu'il passe une nuit de sommeil sans soucis, ça part d'une bonne intention, mais dans les faits, c'est un peu moins glorieux.

Deux années passèrent sans qu'il n'y ait le moindre soucis, sans que la supercherie sur l'identité de Morphée ne se révèle. Aimés tous deux du village, travaillant bien et concoctant des thés toujours meilleur, ainsi que Rose, sa femme, attentionnée, bonne avec les enfants et toujours souriante, la vie de Morphée bascula quand la maladie frappa sa tendre épouse.

Longue fut l'année suivante, longue de sacrifices pour Morphée, perdu sans sa moitié. Longue, épuisante pour lui qui ne dormait plus, lui qui adorait la nuit et le sommeil. C'est à cette époque également que le sommeil si bénéfique disparu du village. Nul thé ne sortait plus de chez le sorcier, nul éclat de rire ni même de sourire. Couchée sur le lit du couple, Rose sent que sa vie s'éteint peu à peu, malgré les efforts de son mari, amaigri et ronchon, travaillant d'arrache-pied pour trouver le remède miracle afin de la sortir de là. Mais que peut un jeune sorcier novice face à l'impétueuse Mort ?

Il se moque, désormais, de cacher ce qu'il est. Il s'en moque et ne se cache plus, renversant tables et meubles lorsque la potion échoue, ce n'est d'ailleurs plus rare de voir voler à travers la fenêtre sans vitre un chaudron pour ensuite voir sortir le jeune brun en grognant que c'est le seul qu'il lui reste et qu'il ferait mieux de ne pas l'abîmer.

La nuit est sombre et derrière les volets, il peut entendre le souffle des paysans qui attendent, qui se demandent ce qu'il est advenu de ce jeune couple plein de vie. Ils partent finalement quand le violon de Morphée élève sa triste complainte, devenue coutume. Ce soir, cependant, le mouvement est lent, plus triste qu'à l'habitude. Ce soir, Morphée va exaucer le dernier rêve de sa femme. Qu'elle parte.

Les cordes se pincent lentement tandis qu'elle boit le thé que lui a confectionné son mari, un thé beaucoup trop fort. Il ne la quitte pas du regard, il pleure et ne peut s'en empêcher. Elle non plus, ne le quitte pas du regard, elle le fixe, de son plus beau regard, d'un regard apaisé après cette année longue de souffrance. Lorsque enfin, elle clos ses yeux, il ne veut pas la quitter, Morphée refuse. Lâchant le violon et agrippant la main de sa femme, il s'y refuse.

Le sommeil est quelque chose de puissant, cette nuit-là fut révélatrice pour Morphée qui n'avait alors pas compris l'étendue de ses pouvoirs. Déchiré par ses émotions, il dévoila une particularité de son don pour endormir les gens. Les rêves, source infinie de bonheur, cachant l'horrible vérité à celui qui y vit.


Le vent soulève le sable qui balaye les habits abimés de Morphée. Il erre, sans but, sans chemin défini, depuis la mort de sa douce femme. Tout est ensuite parti en vrille. Désespéré et enfermé sur lui-même, le sorcier ne tenta pas de se disculper des charges de sorcellerie qui pesaient sur ses épaules. Acceptant sans réticente sa condamnation (le bûcher, on est des paysans anti-sorciers ou on ne l'ait pas !), il n'alla pas jusqu'à accepter de flamber comme du petit bois. Au jour d'être brulé vif, une enfant, dont l'esprit n'était pas encore envenimé comme celui de ses parents, apporta un coffret de lettre à Morphée, sur sa demande. Il pu ainsi parcourir les lettres que lui et sa dame avaient aimé s'échanger au cours des années et la dernière qu'il trouva lui arracha un sourire en même temps qu'elle fit couler sur ses joues quantité de larmes.

Mon tendre Morphée,

Si tu lis cette lettre, et je pense qu'elle sera la dernière, c'est que la maladie a finalement eu raison de ma passion pour toi. Je suis fatiguée et mal-portante, pourtant je ne peux que m'attrister de te voir ainsi, moi qui te connais enjoué et souriant. Mon amour, ne laisse pas ma mort te priver de ta vie. Continue pour moi, mon doux sorcier. Continue à rire, pleurer, parler, aimer, partager, aider.

Comme j'aimerais que jamais tu ne lises cette lettre, mon bel époux, mais je ne suis pas sotte. Cette nuit, je te demanderais d'en finir, de me jouer ta dernière mélopée. Tu le feras, j'en suis sur, car depuis toujours tu as toujours su faire ce que tu pensais le mieux pour moi. Ne t'en veux pas, ne te blâme pas pour ce que tu n'as pas pu réussir aujourd'hui, car tu n'es pas un guérisseur, pas de le sens où tu l'entends. Chaque nuit que j'ai passé avec toi, je les ai passé dans le plus beau des pays, celui des rêves, et chaque fois, tu étais là. Peut-être n'en as-tu pas conscience, mon tendre et aimé époux, mais tu possèdes un don rare.

Promets moi, Morphée, aux mille rêves, promets moi que tu ne te laisseras pas mourir pour me rejoindre, car jamais je ne te quitterais, je serais pour toujours dans tes rêves.

Celle qui fut et qui sera pour toujours tienne,  Rose.

PS : Et n'oublie pas de te laver, je sais que tu n'aimes pas ça, mais le désert, c'est quand même dégoutant.


Ni une ni deux, la lettre eu l'effet d'un électrochoc pour le sorcier. Qu'est-ce qu'il était en train de faire, à se morfondre ainsi ? Remerciant l'enfant qui était restée avec lui le temps de la lecture, il décida se s'enfuir, de partir loin de cette ville qui lui reprochait d'être qui il est, et de tenter sa chance là où il passerait.

C'est comme ça que l'on se retrouve dans le désert sans vivre, sans eau et sans idée d'où l'on veut aller. S’agrippant à une caravane de marchand, Morphée se fit accepter d'eux, ses talents de sorcier blanc accepté (ils n'avaient pas de guérisseurs), et avec eux, Morphée trouva une seconde famille qui l'accompagna aux quatre coins du royaume. Sans but, sans chemin défini, il accompagne les marchands, il apprend des peuples, il perfectionne son art du thé (pas des gâteaux malheureusement...) et apprend à comprendre cet étrange don pour les rêves.


« - Bois cela, mon cher, et tu passeras une bonne nuit. Répond d'un ton tranquille Morphée tandis que le client le regarde d'un air soupçonneux.
- Vous êtes sûr ? Je veux dire, c'est juste... Du thé. » Le soupir de Morphée en dit long sur ce commentaire qu'il a entendu à chaque fois qu'un nouveau client venait dans l'heure qu'il réserve à sa demeure afin de vendre ses produits légaux et naturels permettant aux personnes de dormir. Sa spécialité, faire dormir les gens, il est naturellement doué pour ça, depuis toujours. Cela l'a sauvé plus d'une fois, les gens ayant souvent eu tord de s'en prendre à lui alors qu'il n'était armé que de guenilles et de plantes. Sorcier blanc de son état et de son éducation, jamais il n'ôte la vie, même si les séquelles de sommeils prolongés peuvent être lourd de conséquences.

« - Tu peux me faire confiance, le meilleur thé pour dormir, mieux que n'importe quoi d'autre. Son ton se veut amical, mais il est sec. Il ne faut pas pousser Mémé dans les orties, voilà vingt minutes qu'il hésite à acheter son produit. Bon, tu le prends ou pas ? La patience, qui n'a jamais été une vertu pour l'homme, s'effiloche au fil des secondes, il n'est pas prêt d'oublier le temps perdu avec cet énergumène qui ne sait pas ce qu'il veut.
- Oui... Je vais le prendre... Merci. »

La porte claque lorsqu'il quitte la pièce, Morphée n'en a rien à faire. Une bonne chose de fait, il va pouvoir se détendre un peu après la journée, plutôt mauvaise, passée à la Flute de Hamelin. Tous ses clients, qu'ils aient été là pour la musique ou le sommeil, n'ont été que des casses pieds finis. Il a cru que ce n'était qu'un mauvais tour de son patron pour voir s'il savait gérer une crise, mais lorsque celui-ci était sorti rouge pivoine de son bureau en gueulant que c'était la journée des cons, Morphée a compris que non, ce n'était pas une ruse vile de celui qui l'emploie actuellement.

Vendeur depuis quelques années désormais, lui et son boss n'ont pas les meilleurs relations du monde mais Bacàsable n'est pas fainéant et il fait le boulot, c'est tout ce qui compte. A la fin de la journée, il fut même remercié du calme qu'il avait parvenu à maintenir tout le temps qu'avait duré cet interminable jour.

Assis face à la fenêtre à contempler les étoiles, Morphée pense à Rose, disparue depuis si longtemps. Il a fait le deuil de sa mort, de son unique meurtre, mais sa mémoire s'estompe et il ne parvient plus à se souvenir de cette époque lointaine, du rire de son épouse, de la façon dont elle replaçait ses mèches derrière ses oreilles, qu'elle jugeait trop grande d'ailleurs. Il oublie et c'est peut-être pour le mieux, mais ce n'est pas ce qu'il veut, il veut se souvenir d'elle. Il sait qu'elle n'aurait pas accepté ce mode de vie, cette tyrannie de Marraine et qu'elle aurait voulu rejoindre les Lames des Cendres. Morphée, lui, se contente de ce qu'il a. Depuis trop longtemps, la flamme de la combativité a disparu de son regard et il ne fait que se bercer de doux espoirs, d'illusions fragiles quant à l'avenir.

Elle aurait surement demandé « Quand arrêteras-tu d'hésiter et passeras-tu enfin à l'action ? Tes pouvoirs doivent servir à quelque chose d'autre que d'arrondir tes fins de mois !». Plus de combattivité, plus d'espoir. La défaite, purement et simplement.

Si l'espoir subsiste, il n'a pas encore frappé à la porte de Morphée, et en est probablement loin. Sur ces pensées obscurs et défaitistes, le sorcier s'endort sur son siège, il retourne là où il est heureux, dans son songe, la longue litanie de l'homme qui veut mourir et vivre en même temps.

« Fichtre, j'ai encore oublié de me laver. » grogne-t-il en soupirant une dernière fois avant de s'endormir.