« Robin ! ROBIN ! Bonté divine veux tu bien te dépêcher un peu ?! » La voix de Gilbert était aussi mélodieuse que le bruit d'un vieux moulin à vent rouillé. Il ne cessait de me brailler dans les oreilles dès que je n’exécutais pas ses moindres désirs dans la seconde. Traînant les pieds et marmonnant entre mes dents , je remonta le chemin en terre qui menait jusqu'à la maison forestière , les bras chargés de bois pour le feu. Deux années...Deux longues années que ma tutelle lui avait été confié. Pourquoi lui ? Pourquoi diable m'avait on conduit chez Gilbert Le Forestier, cet homme bourru qui vivait tel un ermite dans sa maison bordélique ? Que celui qui en à la réponse s'approche et me l'a dévoilé. Je suis fort curieuse de savoir. « ROBIN ! » Une nouvelle fois sa voix m'arrache une grimace et d'un coup d'épaule , je cherche une position plus adéquate pour porter mon fardeau. Robin ci , Robin ça , Robin ici , Robin par là. Comment diable avait il pu se débrouillé avant mon arrivé ? Avant que … Avant ça. En apercevant sa haute silhouette se détacher en haut du chemin , je chasse les tergiversations qui hantent mon esprit comme on se débarrasse d'une mouche un peu trop collante. Ce soir, si je ne suis pas trop fatigué, j'aurais tout le loisir de songer à tout ça. Mais pour le moment, mes corvées m'attendent et Gilbert n'aime pas quand je traîne. Il faut que je me hâte. « Tu es bien long pour aller chercher quelques bouts de bois ! Te serais tu perdus en route ?! » me demande-t'il lorsque j'arrive à sa hauteur. Il use bien mal du sarcasme à mon goût et je me mord l’intérieur de la joue pour ne point lui répondre. Je ne dois pas être impoli. Je ne dois pas devenir comme lui, alors je marmonne un non tout en poussant du pied la porte de la maison. Ma vie d'avant semble bien loin maintenant. Je courbe l'échine et se range sans un mot de plus le bois à coté de la cheminée où un feu crépite joyeusement sous l'énorme marmite en fonte. A l'odeur , je devine que du lapin mijote doucement à l’intérieur et mon ventre gronde. Dire que Gilbert est un mauvais cuisiné serait un horrible mensonge ! C'est un aussi bon cuistot qu'il n'est fin chasseur ! Oui , je le critique souvent , ce brave forestier , mais il n'est pas si mauvais dans le fond...Une fois le bois bien à sa place , je me laisse tomber dans mon fauteuil , m'étirant de tout mon long comme un chat après une longue sieste. Le soleil commence à descendre derrière la cime des arbres , et je me plais à le regarder disparaître dans des lueurs de cramoisi et doré. Encore un jour qui s'achève. Ce n'est que le 732 èmes …Assis sur mon lit, je fais rouler entre mes doigts le pendentif en forme d'empennes , le regard perdu dans le vague. Deux années viennent de s'écouler , cette pensé m'a frappé avec force avant le repas alors que je ramenait le bois. Déjà si longtemps. En fait , j'avais à la fois l'impression que cela c'était passé dans une autre vie et hier à la fois. Lorsque je tentais de me souvenir de cette journée, les images s'échappent et me glissent entre les doigts. Mais le soir, quand j'attends le sommeil en regardant le ciel , elles reviennent , plus réelles que jamais. Une étoile file à toute allure au dessus de ma fenêtre pour se perdre dans le lointain et quelque part dans ma tête , j'entends la voix de ma mère dire « fais un vœux » puis celle de mon frère qui se moque derrière. Ma joue se pose contre mon genoux replié et le pendentif danse toujours dans ma main. Il y a 732 jours à présent , ma vie prit un tournant auquel jamais je ne me serais attendu. D'ailleurs, ni Robert ni moi n'avions la moindre idée que pareille chose puisse se produire. Il se moquait souvent de mon immaturité mais il qui se disait beaucoup plus sage que moi , pourquoi n'a-t'il rien vu venir ? Mais comment ? Comment l'aurait il deviné alors que notre Père lui même n'avait rien vu venir. Poignardé dans le dos , lâché et abandonné par ceux qu'il croyait être ses alliés. J'ignorais et j'ignore encore tout de la politique mais je sais ce qu'est une trahison. Et mon père en fut victime. Ma famille en subit le prix. Ce n'est pas à défaut de fouiller dans ma mémoire , de tenter de raviver un souvenir de ce jour , mais rien n'y fait. Je me suis couché un soir , comme de nombreux soir avant et puis plus rien. Juste des brides , des sons confus et des images abstraites. La voix de ma mère criant mon nom , une odeur qui piquait le nez et une chose qui m’empêchait de respirer. Aujourd'hui je sais que c'est un incendie qui engloutit ma vie d'avant. Mais de ce brasier je n'ai comme souvenir d'une trace dans la nuque et je ne connais que ce que Gilbert daigne me raconter. Qui ? Pourquoi ? Juste des rumeurs et des hypothèses en guise de réponse. Des Lockley , suis-je le dernier ? Qu'est il advenu de mon frère ? Je sais mon père disparu car j'ai ouie dire cela au village en bas et je ne me fais guère d'illusion sur le sort de ma tendre mère. Je me demande juste Pourquoi ? Trop de questions se chamboulent dans ma tête ce soir et je désespère de voir que le sommeil est bien long à venir. Alors je me couche sous mes draps , tirant celui qui gratte le moins jusque sous mon menton et je remets a l’abri autour de mon cou le dernier souvenir palpable et réel qu'il me reste. Je ferme les yeux et marmonne en silence l'histoire qu'elle me racontait pour que je m'endorme. J’essaie de me souvenir de toutes les phrases et de tout les passages. Avant j'étais Robin de Lockley. Maintenant je suis Robin. Juste Robin.

« Oyez, oyez ! Par décret du roi, Robin de Locksley, également connu sous le sobriquet de Robin des Bois, et tous ceux qui l'aideront ou lui donneront asile, sont déclarés hors-la-loi en ce royaume ! Tous leurs biens seront confisqués et tout loyal sujet de Sa Majesté devra les abattre sans sommation. » J’entends Tuck pouffer à ma droite , le visage bien à l’abri de son capuchon d'ecclésiaste . Sans même le regarder , je devine bien son petit sourire a la fois amusé et agacé car le même se dessine sur mes lèvres. Le crieur publique enchaîne sur les autres annonces alors qu'une affiche est placardée sur un poteau en bois devant nous. « Tiens , on dirait que cette fois , tu as droit à un portrait bien saillant de ta personne Rob ! » ricana Tuck en s'approchant du décret fraîchement sortie de la cervelle de ce bon vieux Sherif . Il en sortait bien un par année , parfois plus si les activités de mes compagnons et de moi-même lui couraient un peu trop sur le haricot. Je ne m’inquiétais plus trop à présent de ce que le Sherif pouvait bien inventer afin de nous empoissonné la vie. Non au contraire , je prenais un malin plaisir à trouver une manière encore plus agaçante de lui pourrir la sienne en retour... Alors il pouvait bien s'égosiller le jeune crieur, je savais que dans ce village là, je pouvais me flâner à ma guise à visage découvert sans être embêter par un chien à la solde de ce bonhomme là. Il avait ses partisans. J'avais les miens. Cela me faisait drôle à chaque fois que je me disais que j'avais des partisans... Moi, Robin des Bois, le Proscrit qui détroussent les riches qui tentent de traverser Ma Foret. Je ne comprend pas vraiment en réalité. Sûrement à cause du fameux passage où je vole pour rendre aux pauvres. C'est pas totalement faux , mais loin d'être vrai. Voler n'est pas non plus le terme approprié : c'était plus un impôt ou un droit de passage proportionnelle à la fortune du voyage, en contre partie d'une protection durant la traversé de la Foret. Car non , Elle n'est pas mienne et bon nombres de véritables Hors-La-Loi en profitent pour commettre leurs méfaits...Et bien souvent cela me retombe sur le coin du nez. Huit années maintenant que j'ai fais de cette foret ma maison et comme à chaque fois qu'une chose se passait dans ces bois , la faute me revenait. Oh je ne doute point que le Sherif et ce Guy de Gisborne n'y sont pas étranger mais j'en viens à me demander s'ils n'ont pas fait de cette histoire de tête mis à prix La priorité de leurs vies. Quoiqu'il en soit , depuis deux ans maintenant que Guy est à mes trousses, je dois être de plus en plus méfiant dans le moindre de mes déplacements, ça en deviendrait presque agaçant.  « Rob...Hé ho , Roooob ! » la voix de Tuck me tire de mes pensées alors que celui ci agite une main devant mes yeux « Tu veux bien cesser de fixer ces dames avec cet air là ? » « Quoi de. ..Quoi ?! Je ne fixe personne voyons ! » « Non ? Alors je devrais m’inquiéter de voir que tu ne regardes pas ces charmantes demoiselles qui souries depuis toute à l'heure... » Je leva les yeux au ciel devant son air faussement inquiet et lui fit signe de ne pas s’inquiète « Détends toi, Frère , je...réfléchissais juste. » Il croisa les bras contre son torse, ôtant son capuchon avec une moue soudainement beaucoup plus sérieuse que précédemment. « olala , dois-je craindre le pire ? Que tu commences à réfléchir c'est signe qu'on va devoir encore mettre un truc sur pied... » Avec un grand sourire , je lui donna une claque sur l'épaule avant de reprendre notre marche « Tout juste Tuck ! Tu souviens tu de ce qu'Allan nous à rapporté la semaine dernière ? Hum ? Et bien voilà une occasion parfaite ! Nous ferrons d'une pierre deux coups ! » « Non Rob...Ne me dis pas que tu comptes ...Non non non non et non ! Ce serait de la folie ! » « Voyons Tuck, c'est l'occasion rêvée ! » « Robin...Non ! » « Frère Tuck, oui ! Nous allons enlever la futur belle fille ce bon vieux Sherif ! »