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(gilgalad) wait for the colours to turn to gold


FORT FORT LOINTAIN

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(gilgalad) wait for the colours to turn to gold EmptySam 4 Avr - 22:46


Gilgalad et Ebenezer
would you care for a spot of tea ?

Ebenezer soupira tout l’air de ses vieux poumons, faisant éclater par filament un nuage de buée froide sur le carreau de la calèche. L’azote passait douloureusement le barrage de sa gorge, laissant un arrière-goût de cendres humides dans son sillage. Il avait insufflé trop de poussière, à regarder Davy creuser dans le vide et le néant, à espérer un peu trop fort pour son âge, de tomber sur un trésor inédit, sur un portail pour la cité d’or, sur un peu plus qu’une canalisation rouillée ou un bloc de grès rose. Il était resté, appuyé sur sa canne, à observer le vieux marin d’eau douce, grognant dans sa barbe de trois jours, qu’ils auraient de la chance, cette fois. C’est ce qu’il disait à chaque fois, à chaque sortie, à chaque idée, à chaque pelleté. Tu verras, Scrooge, on trouvera. Et le vieux le suivait, toujours. Animé par sa chère et tendre avarice, qui le poussait à toujours en vouloir plus. Mais aussi par un sentiment plus nuancé, plus éclatant, quelque chose qu’il n’avait pas ressenti depuis bien longtemps, quelque chose qui illuminait ses nuits, quand il daignait encore lever ses orbes sur le firmament. L’adrénaline. Elle pulsait avec vigueur sa pompe à vie, faisant courir son rythme cardiaque, faisait battre ses veines au son d’une cloche joyeuse. C’était pas la grande poussée folle que les combattants perçoivent, dans leur dernier élan, au dernier coup, à la dernière parade avant de crever la gueule ouverte. C’était pas le désir brûlant d’un amant, à la simple évocation de draps froissés et de nuits longues et sensuelles. C’était pas l’effusion de bonheur quand on apprend à une femme, le teint de lait parfait, les yeux bleus océans, qu’elle va connaître le plaisir d’enfanter. C’était même pas aussi virulent que le premier Noël d’un gamin. Mais c’était déjà ça. C’était déjà mieux que les tapis d’étoiles mortes qui jalonnait son esprit grincheux. Et puis, à chercher après pas grand-chose, à tourner en rond, ça avait au moins le bénéfice de faire passer le temps. Et Dieu sait qu’il en avait à revendre, largement. Il se rendait toujours au travail, du haut de ses soixante-quinze ans, mais de façon moins régulières, plus ponctuelle, et pourtant, toujours de quoi remonter les manches de ses ouvriers, recompter mille fois ses précieuses bourses et passer un doigt sur les cercueils en exposition, poli et patinés. Le reste de son temps, il l’écoulait entre des partitions délicates de piano, des lettres jamais envoyées à un fils fuyard, des caprices et des piques acides lancées tendrement à une nièce beaucoup trop honnête pour son monde. Alors jouer à l’apprenti aventurier, ça lui plaisait bien. Ça lui rappelait la courte enfance qu’il avait eue.
Et le gosse allait justement rejoindre son comparse de toujours. Son vieux frère, celui avec qui il avait grandi. Celui qui l’avait vu naître et celui qui le verrait mourir. Il soupira derechef, en pensant que, peut-être d’ici quelques jours, quelques mois, quelques années, il finirait par s’en aller, expiant un dernier râle, les bras ballants, le teint livide, les lèvres de purpurine maculées de sang séché. Peut-être bien qu’il mourrait même avant d’arriver à destination. Les accidents en taxis-calèche avait connu un pic ahurissant, ces derniers temps –et il en savait quelque chose, de la mortalité au royaume. Mais y avait pire que mourir. Vieillir.
Les lombaires en miettes, les rotules plus basses que terre, la peau brûlée par des taches de soleil éparses, le crâne lentement dégarni, paré de quelques survivants qui s’habillaient de blanc. Le blanc du linceul, le blanc de la fin.  Couleur sans trop en être une, lumineuse et éclatante. Fade aussi. Chaque matin son reflet ridé et taillé à la serpe lui rappelait à quel point le temps s’égrainait à une vitesse folle. Que le temps n’attendait personne. Personne sauf Gilgalad. Ce petit malicieux aux yeux clairs, aux sourires en coin malicieux, à la stature effacée et pourtant rassurante, au timbre de voix chaud ; le genre d’inflexion qui vous berce en quelques mots, qui vous enchante, une fois le début du conte lancé, qui vous transporte sur une syllabe écorchée, un r roullé, des voyelles humides, des consonnes fluides, des phrases ébréchées. Il pourrait l’écouter babiller toute sa vie, Ebenezer. Gamin déjà, il faisait que ça de ses journées. Le grand Gil, celui avec les fossettes qui se creusent, quand il sourit –et diantre qu’il souriait souvent ! Celui qui était pas trop doué de ses mains, mais qui racontait toujours de folles histoires, à faire naître des constellations entières dans le fond des yeux du plus jeune. En y pensant, Ebe lâche un éclat de rire bref. Le cocher releva les yeux, un bref instant, pour jauger l’origine de ce son, si peu commun, semblait-il ? « Gardez plutôt vos yeux sur les pavés ou j’omettrais de payer la course, mon brave. » Qu’il rumina dans sa barbe de neige.
Arrivé devant l’habitation si bien connue, il tendit quelques misérables schillings au chauffeur, lui arrachant un sourire piteux, un pincement au cœur. Ce n’était jamais simple, de dire adieu.
L’air frais de l’orée des bois supplanta soudainement à la poussière et le vieillard inspira une grande goulée d’oxygène, apaisé. Les senteurs de cèdre et d’humus peignaient ses bronches, laissant une impression de fraîcheur agréable. C’était un peu comme à la maison. Mais avec plus d’arbres autour. Moins de domestiques. Et pourtant plus de vie ; plus d’éclats et de sentiments. Appuyé sur sa canne au pommeau plaqué or, il traîna sa carcasse jusqu’à l’entrée, avant de s’acharner d’un index, à maints reprises, sur la pauvre sonnette, qui pourtant n’avait rien demandé. Lorsqu’une silhouette familière lui ouvrit enfin, il haussa le menton, jaugeant l’homme d’un regard inquisiteur. « Eh bien, tu te fais vieux. J’ai bien failli attendre, Gil. » Il poursuivit son observation un bref instant encore, mimant mieux que quiconque le vieillard impudent et insolent qu’il aimait être. Puis, un sourire fendit ses lippes et il se laissa aller contre l’homme-pilier, l’étreignant du bout des bras. « Je me suis dit que te rendre une petite visite ne me ferait pas grand mal, cela faisait longtemps. » Et il avait déjà payé le taxi pour l’aller, hors de question de repartir sur le champ, si c’était pour dépenser trois schillings supplémentaire. Davantage hors de question, le retour à pied. Il avait peut-être trois jambes et une santé relativement de fer, ce n’était pas pour autant qu’il allait se risquer à un trek forestier. Il avait déjà eu sa dose d’aventure pour la semaine. « J’espère que je ne dérange pas, au moins ? »
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(gilgalad) wait for the colours to turn to gold EmptyDim 12 Avr - 17:23



Ebenezer et Gilgalad
Les cons ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît.

Ebenezer Scrooge avait toujours eu cette sale manie de débarquer quand ça n'allait pas. C'était à croire qu'il avait un détecteur à l'instar des oreilles d'elfe que se coltine encore celui de l'automne ; il arrivait quand il menaçait d'éclater, quand ça gueulait, quand une émotion trop forte lui traversait le corps. C'était indéniable, et de ça Gilgalad s'en rendait petit à petit compte. Faut dire qu'il était toujours le moyen de fuite lorsqu'il s'agissait de réparer les erreurs qu'il pouvait commettre au sein de la maison Pepindpom, en plus d'un ami il était cette échappatoire dont il avait irrémédiablement besoin pour se défaire des problèmes dont il était le plus clair du temps le fautif. En tant que fils unique, son éducation aurait pourtant dû déteindre sur ses gestes ; en rien néanmoins il ne fut plus pédant qu'un autre, si ce n'est même qu'il passait parfois pour un quelconque pouilleux qui se roulait dans les feuilles mortes pour découvrir le bonheur de la liberté de cette nature sauvage. En grandissant rien n'avait changé, il était resté son plus proche confident, son plus précieux aussi et malgré les chemins différents ils restaient unis comme les cinq doigts de la main. Finalement, il n'avait que ce jeune gaillard dans son entourage et il lui suffisait ; il était son frère, sa bonne parole comme la stupide aussi, il voyait en lui le cadet qu'il n'avait pu avoir, celui qui lui redonnait un semblant de sourire lorsque tout semblait sombrer. Jusqu'au décès de son épouse, tendre cousine à l'alchimiste, il avait même été responsable de leur rencontre et à la réalité, il ne put totalement faire son deuil puisqu'un autre s'enfonçait dans ses propres démons. Puis il avait vieilli, il était devenu aigri tout en gardant une petite flamme dans le regard. Ebenezer n'était plus le même qu'il avait connu, ou alors si mais différent sous bien des plans et lorsque l'elfe quinquagénaire se retrouve à admirer la forêt, il peut se souvenir avec une grande nostalgie les grandes aventures qu'ils pouvaient vivre dans les fourrés. Ils se créaient à peu près tout, surtout du n'importe quoi, pourtant ça leur allait ; parce que c'est bien connu que chez les enfants un rien suffit pour construire un bateau de pirates ou encore une cabane de curieux. Il y songe actuellement, c'est encore une journée passée à retourner ses affaires pour mettre la main sur ses plans ; sans aucun résultat bien probant. Alors arrêté dans sa recherche qui ne vaut plus rien - il va devoir se faire une raison - il inspire profondément tout en cherchant cet air si délicat qui lui manque, celui qui lui offrait des papillons dans l'estomac, celui qui le faisait glousser la gorge dévoilée sous un soleil de saison chaude. Pinçant sa lèvre inférieure, en fermant les yeux Gilgalad sait qu'il pourrait entendre comme si c'était hier les rires partagés avec le gérant des pompes funèbres, de cette adoration de l'existence qu'ils avaient en commun, de cette vieillesse qu'ils ne pourraient pas partager de la même manière, de ce regard qui suffisait pour partager une pensée malicieuse. Passant une main nerveuse dans sa tignasse foncée, celle-ci retombe lamentablement sur sa nuque pour la masser alors que sa tête trouve son aise en lâchant du leste vers l'arrière. Il dégage son petit souffle au coeur en s'attardant sur le plafond, si tout se mélange il essaie tant bien que mal de se concentrer sur une seule chose positive qui a bien pu lui arriver ces derniers temps ; pas grand-chose, le constat est là. Son épouse a cru bon de fouiller dans ses affaires, alors que lui a bêtement perdu ce qui aurait pu le propulser encore plus haut dans l'estime de la famille royale. Des foutaises. Il y a de ces années où rien ne va, de ces semaines où tout s'enchaîne et ne signifie que des broutilles ; en plein dedans, Gilgalad n'a plus que ses yeux pour pleurer et admirer l'étendue des dégâts. C'est avec une mollesse et une lassitude déconcertante qu'il se met à ramasser les objets jetés au sol, de la paperasse encore une fois, toutefois ne concernant pas ce qu'il cherche il range tout ceci en une dizaine de minutes. Tout semble comme avant, au moins est-il encore capable de faire illusion là où il divague complètement. Dernière pièce de son habitation, son espoir tombe à néant, ses muscles se tirent alors que son pauvre palpitant se bloque un peu plus dans son torse pâlichon. Horrible douleur, ça faisait une trotte qu'elle n'avait plus essayé de griffer tout son optimisme.

Sauf qu'il n'a pas l'occasion de pouvoir se miner, un bruit sourd, lourd le rappelle à la réalité si bien qu'il en sursaute presque et c'est d'un pas presque timide qu'il se dirige vers la grande entrée, les mains jointes dans son dos il se dit que ça ne pourrait pas être pire de toute manière, que le paroxysme du ridicule, de l'impensable a été atteint depuis une décennie déjà - si ce n'est sa propre naissance. Passant outre les peurs qui l'empêcheront sans aucun doute de dormir la nuit prochaine, il glisse lentement ses doigts fins sur la poignée et ce qui se trouve derrière la porte ne l'étonne qu'à moitié. Si quelques secondes passent avant qu'il ne le reconnaisse, c'est un rictus en coin de lèvres qui lui efface ses tourmentes - pour quelques heures au moins. Ebenezer Scrooge avait définitivement le chic pour choisir son heure. De toute sa hauteur, dans toute sa splendeur il le toise avec sa façon si particulière de juger autrui d'un haussement de sourcils, il a pourtant cette candeur de jadis qui lui fait un bien fou lorsqu'il se demande si l'humanité ne court pas à sa perte. Et il ne fait que consolider les murs fendus de la carapace de Gilgalad en l'attirant contre lui, sans pour autant être forte il se doute qu'elle se veut sincère et c'est tout ce qui compte encore un peu aux prunelles de l'alchimiste qui ne sait plus où donner de la tête, encore moins sur quel pied danser. N'écoutant que d'une oreille les paroles qui sortent des lippes de son vieil ami, il repasse sa main droite dans sa nuque pour la frotter avant de lâcher un piètre rire qui vaut autant qu'un saltimbanque cracheur de feu miteux qui arrive à se brûler. La question qui fâche, qui pique ; oh non il ne dérange pas, au contraire il le sort de sa torpeur délirante et ce n'est, quelque part, pas plus mal qu'il croise d'autres regards, de ces êtres qui ne savent rien de sa débandade. « Aucunement mon cher et hm, je suis flatté de te découvrir sur le pas de la porte. Il est vrai que le temps passe vite, plus pour toi que pour moi... Je ferais mieux de m'en souvenir. » L'être humain, si fragile dans toute sa splendeur, personnage fascinant qu'il incarne il a toujours su à sa façon titiller la curiosité de l'elfe qui saurait reconnaître n'importe quelle race venant lui faire face. Parce que les hommes eux, sont plus propices aux changements, à la destruction, ils ne sont pas dévorés par un pouvoir ; ils sont d'une banalité déconcertante. Haussant les sourcils, il ouvre un peu plus la porte imposante et tout en faisant une ridicule courbette, il propose au concerné par ce comportement de s'inviter dans la demeure. Chose faite, il referme derrière lui la sortie avant de le dépasser de quelques pas. Sourire maladroit collé sur la figure, sur l'instant il songe au fait qu'ils auraient pu être de la même famille. S'il n'y avait pas eu tout ce drame avec Louise, si seulement la perte de l'enfant n'avait pas été insurmontable. Ils auraient pu, sauf que le destin en a décidé autrement. Et depuis, de ce que Gilgalad en sait, elle est au service de son oncle qui fidèle à lui-même se veut intolérant. Machinalement, c'est avec une grande inconscience qu'il ajoute, d'un ton léger. « Comment va L - » L'alchimiste s'arrête, se rend compte de son erreur qui pourrait lui coûter un coup de canne entre les deux jambes et c'est en grimaçant qu'il réécrit sa propre réplique. « Vas-tu. Comment vas-tu ? Les affaires ? » Autant bifurquer sur un sujet qui saura dégager les pensées macabres qui s'érigent dans son crâne. L'heure n'est définitivement pas encore à se torturer, culpabiliser, il doit passer à autre chose, se dire que s'il a pu en faire une de pierre, il pourra alors en faire une deuxième. Ce plan lui plaît. Tout en prenant le chemin dans le couloir, suivi du vieux bougre, il entre alors dans un petit salon, rangé ce qu'il faut pour ne pas paraître trop louche des fouilles ayant eu lieu quelques jours plus tôt, néanmoins pas assez pour paraître sans vie, l'elfe s'arrête face à la fenêtre avant de se retourner et d'ajouter, caché derrière un petit rideau d'anxiété. « Je suis déso - enfin, disons que je n'attendais aucune visite, surtout pas une personne de ton rang poussiéreux. Il doit me rester quelques plantes pour préparer du thé si tu en souhaites un, bien sûr. »
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