Les Catacombes

C'est l'heure de faire du grabuge

« J'en reviens pas, Melyngar, ce soir, c'est le grand soir ! Ça fait pas longtemps qu'on est arrivé à Fort Fort Lointain, et pourtant il y a déjà de l'action ! Dire que les rebelles se réunissent ce soir dans les catacombes du château ! Le soir du bal ! Je me demande bien ce qu'on va faire ! En tout cas, j'espère qu'il va y avoir un peu de baston, ça fait longtemps que j'ai pas tapé sur quelqu'un ! Oh, tu peux hennir autant que tu veux, tu ne m’empêcheras pas d'aller m'amuser un peu ! Souhaites moi bonne chance, je risque d'en avoir besoin ! »

... « Souhaites moi bonne chance je risque d'en avoir besoin ! » Si j'avais su ! Comment je suis censé lutter avec les rebelles contre Marraine si je peux même pas trouver l'entrée de ces foutues catacombes ? Bon sang, je t'en foutrais moi, des passages cachés ! C'est sûr que les gardes ne risquent pas de nous trouver si même nous on est incapables de trouver le lieu de rendez-vous ! Ça doit faire quoi ? Dix minutes que je cherche, peut-être ! Et pas moyen de me repérer, en plus ! « L'entrée est cachée parmi les feuillages »... C'est sûr qu'elle est bien cachée, y'a des feuillages PARTOUT !

Ça m'énerve, tiens ! Si ça se trouve, je suis déjà passé devant l'entrée depuis un bon moment ! Il aurait pu laisser un mot quelque part, l'autre félin ! Ah bin non, ça sert à rien je sais pas lire... Zut, zut et zut ! En plus c'est pas évident de se balader avec une torche dans une main et l'épée dans l'autre ! Surtout qu'il faut pas que je perde ma boîte d'allumette ! Sinon, je vais pas pouvoir allumer ma torche, et déjà que c'est pas simple de se repérer dehors, alors dans les catacombes...

Bon, ça sert à rien de tourner en rond comme ça, je suis en train de m'énerver tout seul de toute façon. Je sais pas trop quoi faire, du coup... Rebrousser chemin et rentrer, tant pis pour cette fois ? Non, hors de question, en plus, Melyngar va probablement se payer ma tête ! Attendre que d'autres rebelles se pointent ? Pas bête, je peux pas être le dernier, j'étais tellement excité que je suis parti en avance ! Et puis j'ai rien à perdre maintenant, j'attends une petite heure, et si personne ne vient je rentrerais. Voilà, je vais faire ça ! Je vais m'adosser là et...

Et l'entrée des catacombes, c'est là, en fait. Je viens de me payer une bonne chute qui va me valoir une ou deux bosses pour le savoir, mais au moins, j'ai trouvé. Par contre, pour le côté discret, c'est loupé... Mon rire résonne un bref instant entre les murs de pierre froids, puis je me force à me taire, reprenant conscience de l'endroit où je me trouve. Ça non plus, c'était pas très discret, mais que voulez-vous ? Moi, quand il se passe quelque chose de drôle je rigole ! Et ma chute, bien que douloureuse, était ridiculement drôle, il faut l'avouer !

Je me relève tant bien que mal et m'apprête à allumer ma torche, lorsque je m'aperçois que je n'ai plus ma boîte d'allumettes... C'est bien ma veine, tiens  ! Elle a dû tomber durant ma chute... Je me retrouve donc à quatre pattes, tâtonnant le sol à la recherche de ma précieuse boîte. Je dois avouer qu'à cet instant précis, je suis bien content de ne pas voir ce que je touche : mes doigts n'arrêtent pas de frôler des trucs froids et visqueux.

Je n'ai toujours pas trouver l'objet de mes recherches lorsque des pas raisonnent dans les couloirs. J'aperçois la lueur d'une torche – quelle ironie – qui se dirige immanquablement vers moi. Plus le temps de se cacher, je saisis Dyrnwyn hors de son fourreau et pointe la lame en direction de l'inconnu. Moi qui voulais de l'action, ça commençait plutôt bien !

les Catacombes

le silence est de mort, les morts ont toujours tort.

Remontant sur sa tête l'ample capuchon de toile sombre; la jeune femme cacha ses yeux alors qu'elle penchait la tête vers le sol, tentant d'éviter au maximum d'accrocher les regards des personnes entre lesquelles elle glissait, telle une ombre flottante sur l'herbe. Ses mèches de braise d'ordinaire lâchées, se voyait pour une fois disciplinée en une natte vive qui courrait le long de son épaule; seule touche d'éclat dans sa tenue des plus sobre et terne. Elle se souvint alors, avec un léger rictus moqueur, de la découverte du subtil message que Potté avait glissé dans la parution de Marraine pour l'annonce de sa soirée. « Moustaches rousses n'attend pas, on va cuisiner des nouilles dans les catacombes. Rejoignez-moi là-bas le soir du bal. » Il lui fallut négocier de longues heures avec Adam pour qu'il accepte enfin de la laisser participer à ce mystérieux rendez-vous qui, dut moins l’espérait-il, ne serait pas trop dangereux, sous peine qu'il vienne lui même la chercher pour l'enfermer à double tour dans leurs appartements. Mais comme toujours, elle avait le dernier mot; la grosse bête à poils et son égoïsme n'étant plus qu'un souvenir dans leur vie conjugale... Lorsque les premières lueurs de cette journée déclinèrent, la jeune femme se glissa dans les rues de Fort Fort Lointain, encapuchonnée dans une large capeline qui la recouvrait de pied en cape. — Allons-y ! J'espère que Potté ne va pas nous faire une entourloupe... —

Les minutes s'écoulèrent où, tandis que le ciel se parait de ses plus précieux et lumineux atours, la rebelle se mouvait dans les ténèbres, incognito. Cherchant du regard un indice sur l'entrée des catacombes, c'est lorsqu'elle tomba sur un porte légèrement entrouverte et recouverte de lichen qu'une grimace d'inquiétude peigna ses traits jusqu'alors d'une neutralité à toutes épreuves. Attrapant dans son dos la torche qu'elle avait prévu pour l’événement , elle l'alluma sans trop de soucis avant de pousser fébrilement l'entrée des souterrains. L'obscurité qui régnait se trouvait être bien plus profonde et intense que ce qu'elle aurait jamais pensé, tandis qu'elle s'engouffrait dans les profondeurs en descendant les marches étroites et glissante d'humidité. Heureusement pour Belle, la mousse n'avait pas réussi à s'implanter sur l'escalier sans quoi, elle se voyait déjà en bas, les fesses douloureuses d'une chute brutale et violente... Lentement, une marche après l'autre, la jeune femme se voyait aspirée par la sorgue ambiante. Un craquement sourd lui arracha un cri d'effroi qui résonna au travers des pierres séculaires, un long frisson glissant le long de son échine tandis qu'elle ôtait son pied de l'investigateur de sa peur soudaine. Se penchant pour illuminer l'accusé, elle découvrit une petite boîte d'allumettes, maintenant dans un sale état; qu'elle glissa dans sa manche; on ne sait jamais ce que les flammes des torches pouvaient réserver... Quelques instants plus tard, elle foula le parterre de l'hypogée royal. Pensant être la première à y avoir pénétrer, le bruit sourd et régulier d'une respiration semblait la pétrifier sur place... Mais reprenant ses esprits, en tentant vainement de ne pas imaginer ceux qui semblaient errer ici-bas, elle s'avançait dans le dédale des catacombes. La lueur de la torche droit devant elle, le reflet d'une lame pointée en sa direction lui fit arquer un sourcil interrogateur: Depuis quand, les squelettes pouvaient tenir une épée de leurs mains ?! Tendant la flamme au dessus l'estoc, le visage livide d'un jeune homme se dessinait alors. — Taran ?! Veux-tu bien baisser cette plommée ! — Se détendant en découvrant l'identité de son compagnon d'infortune, Belle ne put cependant s'empêcher de conserver l'air inquiet qui marquait son visage. — Tout va bien ? Tu as l'air... Perdu ? — Autour d'elle, aucune autre source de lumière ne semblait présente. Ils étaient seuls, avec une unique flambée...

J'ai longuement hésité après avoir découvert le message de ma participation. J'ai vécu assez de guerres pour en éviter une autre mais je dois avouer que l'homme soldat au fond de moi n'attendait que ça. Cette trépidation, cette adrénaline... Le seul réel problème, c'est que je ne sais pas du tout à quoi m'attendre. En même temps, que peut-on entendre par un message tel que « moustache rousse n'attend pas, on va cuisiner des nouilles dans les catacombes. Rejoignez-moi là-bas le soir du bal » ? Voilà, je n'en ai aucune idée. Xu, ma fidèle épée est évidemment accroché à ma taille ; pour l'occasion, je me suis même munie de mon arc et des mes flèches, et c'est avec toute la confiance que j'ai pu accumuler que je me faufile jusqu'au château. Où trouver l'entrée des catacombes par contre, c'est une autre question... Je crois que je n'ai même jamais vu ce château de près ! Y entrer, encore moins. Mais je n'abandonne pas - après tout, je me suis connue plus téméraire.

Les pierres de l'immense bâtisse se dessinent enfin devant moi et je garde mon regard vers le bas, tentant de déceler une quelconque entrée. Là, une porte presque entièrement ouverte me fait face. Bon, pour la discrétion, on repassera. J'espère au moins que je ne serais pas la première, me retrouver seule dans un endroit comme celui-là... Soudain, je m'arrête et vérifie dans mon carquois que ma torche se trouve bien ici. Parfait. Je décide de ne pas l'allumer tout de suite ; je l'allumerais une fois que je serais sûre qu'aucun danger n'est présent. A l'aveuglette, j'entre donc et referme un peu la porte derrière moi. Je tâte les murs et avance prudemment, ne sachant pas vraiment où aller. Je me décide à suivre le mur à ma droite, technique pour ne pas se perdre dans les labyrinthes. Ça me mènera forcément quelque part.

Je n'entends pas le bruit de mes pas qui résonnent ni ma respiration. Je suis née pour ça. Ma discrétion est certainement mon plus grand atout. Soudain, j'aperçois une lueur venant d'un couloir. Reprenant du courage, je continue mon avancée, jusqu'à entendre des voix. « Tout va bien ? Tu as l'air... Perdu ? » Bon, elle n'a pas l'air hostile, la demoiselle. Sûrement sont-ils là pour la même chose que moi. Mais, étant donné que je ne connais presque personne, je ne peux vraiment pas en être sûre... Doucement, je m'approche d'eux et arrive à les distinguer : un homme et une femme. Bon, il faut que je fasse connaissance avec mes deux coéquipiers. Mais d'abord peut-être, m'assurer que nous sommes là pour la même chose...

« Heu... Vous aussi, vous venez cuisiner des nouilles ? »

Les catacombes

tout ce que veulent les contes, c'est une fin heureuse. pour qui ? ils s'en fichent.

Il avait froid. Ce fut la seule certitude qu'il lui était donné de posséder lorsqu'il pénétra dans les catacombes, même si cette impression avait déposé ses bagages de froideur bien avant, à la vue même de ce château de malheur. La dernière fois que le forgeron y était allé, il avait manqué de se faire tuer par son frère. Ce soir-là, les risques n'en demeuraient pas moindres. Mieux, ils accroissaient à mesure qu'il s'avançait plus profondément encore dans les entrailles du palais royal, accompagné de son épée et de Cinead, son chien qui cette fois-ci lui paru bien petit, peut-être trop. C'était dans le danger qu'on s’apercevait de sa faiblesse. Heureusement, il pouvait encore combattre la noirceur environnante avec sa torche, un feu qui était le même qu'à la forge, mais qui semblait lui aussi des moins vivace. L'hiver ne pardonnait pas. Comme Potté, qui avait embarqué des personnes dans ses envies de vengeance. Elis n'était pas de ceux qui désignait ce matou comme un héro, mais il n'était pas à ses yeux un bandit non plus. Il le voyait simplement comme un moyen de mettre Marraine à terre, fée aussi vile que les autres, et peut-être qu'il partageait un peu de sa haine, car il en brûlait, au fond de lui. Simplement, il ne le montrait pas. Car ce n'était pas ce qu'on attendait de sa personne.
Cela faisait un bon moment déjà qu'il avançait lorsqu'il remarqua une bifurque à droite, et s'y engouffra, pensant trouver le fabuleux - ou miteux, il n'en attendait pas moins du personnage - endroit où Potté les attendait tous. Eux. Les- les quoi au juste ? Le roux ne savait toujours pas de quelle manière nommer leur assemblée de fortune, mais il ne cherchait pas non plus à le faire. Ils étaient juste des personnes. D'ici et d'ailleurs. Des bêtes parlantes, des hommes, des inconscients, des rêveurs. Une diversité fascinante, qui lui donnait du baume au cœur, un peu, parce qu'il y avait encore des êtres sur cette terre qui croyait en cette même diversité, symbole de richesse, mille fois plus importante que tout l'or amassé par la régente. Elis continua à se concentrer sur la route plus que sur la décoration intérieure, qui laissait à désirer. Au moins frissonnait-il à cause du froid, et non pas des os jonchant le sol. Cinead en avait d'ailleurs extirpé un de ces amas douteux, et trottinait devant lui presque content d'être ici, le reste d'il ne savait quoi dans la gueule. Cela lui permis peut-être de rester silencieux lorsqu'il cessa sa marche canine pour tendre les oreilles et écouter les bruits qui découlaient des catacombes. Son maître se stoppa aussi, et fronça derechef les sourcils. Une vague discussion s'amorçait entre quelques personnes, un peu plus loin, il en était convaincu. Et son chien aussi. Ce dernier s'élança et Elis n'eut d'autre choix que de le suivre. Il grommela pourtant moins contre son ami que contre tous ces gens de la haute qu'il avait aperçu en venant au château. "... venez cuisiner des nouilles ?" "Oui. Mais pas ici." dit-il doucement, en arrivant derrière une silhouette féminine. Il se stoppa une nouvelle fois, et rappela son chien qui était venu reniflé la seule autre présence masculine dans ces couloirs interminables. Cinead avait toujours eu un goût prononcé pour les hommes.  "Il faut avancer, sinon le froid va vous dévorer." Il balaya du regard les visages des personnes présentes. Une femme aux traits fins, une autre tout aussi délicate, et un jeune homme, robuste, ô joie. Ce n'était pas des guerriers. Ni les uns, ni les autres. Encore moins une armée. Si Potté voulait réellement frapper, il lui faudrait beaucoup de courage. Elis le lui souhaitait. "Et on aura besoin de tout le monde, j'imagine." Petit sourire énigmatique aux lèvres, pour se donner lui aussi le bravoure qui lui manquait en ces heures sombres, et pour atténuer ses paroles dont la fatalité ne laissait pas à désirer, il hocha la tête comme pour lui-même, et se remit en marche. Il fallait être au cœur de l'ennemi pour espérer l'atteindre, de cela il était convaincu. Il l'avait déjà vu par le passé. Et puis il n'allait pas attendre d'être transformé en Elis de neige, le comble pour un forgeron.

   

les catacombes

une révolution se joue sur tous les fronts, même six pieds sous terre

« Si j'attrape celui qui a construit ces catacombes, j'm'en vais le cuir à la broche avec du persil dans le nez et les oreilles ! » Olga ? Perdue ? Pensez vous ! Elle avait beau apprécier les endroits humides et putrides comme toutes ogresses qui se respectent, on ne pouvait pas dire que se retrouver dans un labyrinthe pareil était ce qu'elle préférait au monde. Vraiment, qui pouvait bien avoir l'idée de construire des endroits pareils ? Les seuls points de repère qui existaient étaient les crânes des pauvres hères qui avaient eu le malheur de se retrouver ici. Tapant du pied dans l'un d'eux par inadvertance, la jeune femme se figea net et retint son souffle, attendant de voir une quelle conque réaction d'une quelle conque créature vivante qui se trouverait également ici pour une quelle conque raison - stupide ou non. Après de longues minutes à se concentrer sur les vapeurs glacées provoquées par sa respiration et le crépitement de sa torche, la brune finit par reprendre sa marche aléatoire. Tournant tantôt à gauche, tantôt à droite, elle piquait une crise de nerfs toutes les dix minutes qui se calmait avec une avancée rapide et forcée droit devant elle. Non, vraiment. Olga n'était pas faite pour déambuler dans les catacombes. Si ses envies de vengeance n'étaient pas aussi fortes, jamais on ne l'aurait trouvée dans un lieu pareil ! Olga était née pour vivre en plein air, au milieu des arbres et des fourrés, et non pour perdre la tête à essayer de trouver son chemin dans un tel dédale de ténèbres.

Réajustant son carquois sur son épaule, le pas plus déterminé, Olga s'enfonçait au milieu des pierres gelées et des toiles d'araignées. Il y avait une chose qu'elle avait du mal à digérer : le fait que Potté ne lui ait rien dit, qu'il ne lui ait pas faire part de son plan, si même du simple fait qu'il en avait un. Ce n'est pas qu'elle était susceptible, disons plutôt qu'elle se pensait assez digne de confiance pour qu'on lui fasse part de ce genre de détails. Ruminant son agacement, la jeune femme donna un énième coup de pied dans une pierre. C'est à ce moment qu'elle distingua des voix. Des gens étaient en train de discuter. Étant donné le lieu et la situation, elle doutait fortement que ce soit des convives perdus, ni même des gardes opérant une ronde surprise, comme s'ils s'amusaient à traîner dans le coin pour le plaisir. Avançant prudemment, les bribes de phrases qu'elle réussit à distinguer confirma ses doutes. Des rebelles. Mis à part le fait qu'elle ait tourné en rond pendant plus d'une demie heure, trouvé des compatriotes lui gonfla les poumons d'espoir et d'optimisme. Au moins il y avait des volontaires. Bon, pas des masses, il faut l'accorder, mais c'était toujours mieux que rien. Postée à l'autre bout d'un couloir, éclairée par sa seule torche, telle la tant redoutée "lumière au bout du tunnel", Olga interpella le petit groupe déjà formé, toujours occupé à tailler une bavette. « Alors ? On prend le thé ou on se décide à trouver la boule de poils qui nous sert de chef cuistot ? » Son sourire franc aux lèvres, la brune attendit que les autres se mettent à avancer pour en faire de même. Tout allait bien pour le moment, aucun signe de gardes, ni de revenants d'outre-tombe, ni même d'un Potté. Le calme plat, mort. Jamais de catacombe n'avait aussi bien porté son nom ! Jusqu'à ce bruit étrange, pas vraiment naturel, peut-être des pas ? Se raclant la gorge, elle appela d'une petite voix. « Potté ? » Pas de réponse. Rien. Ce qui rendait le tout encore plus sinistre et inquiétant qu'au départ. Elle se mit à chuchoter encore plus doucement. « Moustaches rousses ... »

Les Catacombes

C'est l'heure de faire du grabuge

Bon, je suppose qu'on est au complet, ou du moins je l'espère parce que la brune qui vient de se joindre à nous n'a pas l'intention d'attendre quelqu'un d'autre. Elle s'est engagée dans les couloirs des catacombes, et nous avons tous suivi sans poser de questions. Remarque, je n'ai pas la moindre question à poser : si je suis là, c'est avant tout pour la baston et créer un maximum de soucis à Marraine, donc le plus tôt sera le mieux.

Je me rapproche de Belle, qui est l'unique personne que je connaisse. Je ne sais pas quelles sont ses motivations pour être là, mais ce qui est certain, c'est qu'elle n'est pas taillée pour le combat, alors si jamais on tombe sur un ennemi, je me dois de la protéger. Pour les autres, par contre, rien à voir ! La deuxième femme qui a rejoint le groupe est armée jusqu'aux dents, de même que la brune que nous suivons pour l'instant. Mon unique camarade masculin a lui aussi l'air de savoir se défendre, et il a apporté une aide supplémentaire : son chien qui a l'air de bien m'apprécier.

C'est bien beau d'avoir un groupe bien préparé, encore faudrait-il savoir où nous allons : la jeune femme qui ouvre la marche n'a pas l'air bien sûre d'elle, et ses appels au dénommé « Potté » - qui doit être le fameux « Moustaches rousses » de l'annonce aux rebelles – ne tardent pas à confirmer mes doutes.

Nous marchons donc sans trop savoir ce qui nous attend au détour des nombreux couloirs. Des trop nombreux couloirs, même. Ce ne sont plus des catacombes, mais un labyrinthe ! Je ne sais pas qui est celui qui a eu l'idée de ce lieu de rendez-vous, mais il aurait pu être plus précis, ou même laisser un mot à l'entrée des catacombes, un autre code. Je ne sais toujours pas lire, mais je suis sûr que Belle aurait pu nous aider sur ce coup là.

Au fur et à mesure qu'on avance dans le dédale, je me rends compte de son côté hautement sinistre : des ossements jonchent le sol et à certains endroits, des taches de ce qui est de toute évidence être du sang éclaboussent les murs. En plus de ça, un relent d'égout – et pourvu que ce ne soit que l'odeur des égouts – est omniprésente, ce qui ne rend pas le trajet moins pénible. Plusieurs fois, il m'a semblé distinguer des bruits de pas autres que les nôtres, et je me suis déjà retourné deux fois pour vérifier que nous n'étions pas suivis. Alors que je me retourne subitement une troisième fois, je trébuche sur un crâne et me rattrape sur une paroi suintante pour ne pas finir par terre. Énervé à la fois par ma maladresse et par notre évidente incapacité à atteindre notre point de rencontre, je décide de stopper le groupe.

« Bon ça suffit, on ne va pas tourner en rond comme ça pendant une éternité ! Est-ce que quelqu'un à la moindre idée de l'endroit où nous sommes, ou même celui où on est censé aller ? Parce que si c'est pour tourner en rond toute la nuit, on ne va pas lui faire grand-chose, à la régente ! Et puis de toute façon, non sommes suivis, alors autant s'occuper de ça maintenant. »

Je me retourne en tirant Dyrnwyn de son fourreau et indique le tournant précédent de la pointe de ma lame. Un premier garde pénètre dans le couloir, et je sens l'excitation monter : « C'est parti ! »

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le silence est de mort, les morts ont toujours tort.

Le groupe se retrouvait finalement au complet après plusieurs minutes d'une interminable langueur. Après avoir retrouvé, par hasard et par glissade, Taran dans l'ombre des catacombes; trois autres personnes se joignirent à eux dans la moiteur affreuse. Deux jeunes femmes, un charmant rebelle et... un chien ?! La bête à quatre pattes s’avançait encore vers son acolyte aux cheveux de miel que son maître le rappelait déjà à l'ordre près de lui. La présence de l'animal apaisa instinctivement la jeune femme qui avait sursauté aux multiples interventions des nouvelles voix de ses camarades de résistance. — Alors ? On prend le thé ou on se décide à trouver la boule de poils qui nous sert de chef cuistot ? — Haussant les épaules, Belle s'engouffra à la suite de la petite troupe, suivant la silhouette aux courbes complaisantes de la brunette aux yeux d'azur. Elle semblait, de prime abord, la plus au courant des projets qui se tramaient sous le poil roux de Potté et ainsi, la plus à même de diriger l’expédition dans cet antre lugubre où le tigré les avait engouffré... Mais après quelques tournants malhabiles et un infime bruit suspect, sa voix hésitante résonna fébrilement. — Potté ? Moustaches rousses ... — Décidément; c'était, avouons-le, très mal entamé pour le petit groupe, qui continuait malgré tout à aller de l'avant. Au fur et à mesure que leurs pas s’enchaînaient dans l'ignorance, Taran se rapprochait de la rouquine, probablement dans l’hypothétique hypothèse d'une attaque de gardes sur leurs pauvres personnes. Cette attention toucha la jeune femme autant qu'elle l'a fit sourire. Cette soirée promettait d'être vraiment haute en couleurs et riche de rebondissements !

Au devant de cette paire inédite; la brunette aux yeux d'azur, le maître canin et l'asiatique semblaient tout aussi perdus qu'eux à ainsi déambuler dans ce dédale infernale de pierres suintantes de terreur et de malheur, à fouler le sol craquant de restes -humains ou pas, allez savoir- et à tenter de n'y voir plus clair qu'à la faible lueur des quelques torches les accompagnants dans ce périple dès plus farfelus. Resserrant son emprise sur le manche de bois, la bouquiniste se promit à elle même que, lorsqu'ils mettraient enfin la main sur le chaton à la poésie douteuse, elle se ferait un plaisir de tâter de son pelage à coups de grandes caresses à rebrousse-poil ! Le félin investigateur savait pourtant que, attendant ses ordres pour agir, de nombreux rebelles n'avaient pas les qualités expertes des grands combattants; et Belle n'aurait jamais demandé son reste si, sous ses airs faussement ingénus, elle n'avait pas habilement dissimulé quelques tours qu'on ne lui aurait soupçonnés... Perdue dans le fil de ses pensées hargneuses envers le Potté dont elle rêvait déjà sa velue vengeance, elle ne remarqua pas les rapides et méfiants coups d’œil que Taran jetait au dessus de son épaule, guettant un bruit qui ne lui semblait guère normal, lorsque, brusquement. — Bon ça suffit, on ne va pas tourner en rond comme ça pendant une éternité ! Est-ce que quelqu'un à la moindre idée de l'endroit où nous sommes, ou même celui où on est censé aller ? Parce que si c'est pour tourner en rond toute la nuit, on ne va pas lui faire grand-chose, à la régente ! Et puis de toute façon, non sommes suivis, alors autant s'occuper de ça maintenant. — La troupe se stoppa, à l'unisson de cette déclaration subite tandis que la haute stature d'un garde se profilait dans l'ombre descendante projetée par les flammes des torches. — C'est parti ! — Soupirant devant cette apparition qu'elle aurait préféré ne pas devoir croiser, la jeune femme fit glisser sa jambe en avant, remontant élégamment les pans de sa robe pour découvrir une jarretière meurtrière emprisonnant une estoc finement ouvragée et parfaitement adaptée pour sa porteuse. Tirant la lame de son fourreau de frivoles dentelles, Belle pointa son arme vers le visiteur impromptu. — Comme c'est attentionné de la part de Marraine de nous fournir le gibier... Ce soir, c'est pottognaise aux boulettes de sentinelle ! —

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tout ce que veulent les contes, c'est une fin heureuse. pour qui ? ils s'en fichent.

Ils n'étaient pas beaucoup. Lorsque la dernière personne arriva, une jeune femme qu'il avait déjà vu aux ruines flamboyantes bien armée et surtout bien bruyante, Elis s'en rendit compte, et cela le rendit assez nerveux. Qu'est-ce que Potté voulait faire avec ça ? Bon sang, même s'ils avaient des armes, jamais ils ne viendraient à bout de la régence, ni même de quelques gardes s'ils en croisaient dans ces couloirs poussiéreux et malodorants. Ils allaient se faire massacrer en essayant d'entraîner des personnes dans leur chute. Pauvres jeunes âmes en perdition. Le forgeron soupira lorsque la dénommée Olga - il s'était remémoré son prénom, dans la bouche de Dragée, et il eut une bouffée de reconnaissance envers cette jeune brune qui avait du courage, contrairement à certain(e)s - se remit en marche avec la ferme attention de trouver leur hôte. Il laissa Cinead partir devant lui aussi, et pourtant dans son champ de vision grâce aux torches présentes qui constituaient leur assemblée déterminée et complètement hétérogène. Elis se trouvait devant avec Olga, conscient qu'il faudrait découvrir la cachette du matou aussi vite que possible, et les deux semblaient vouloir foncer tête baissée quand l'autre présence masculine du cortège se retourna, imité par la rousse qu'il semblait avoir pris sous son aile. Fronçant les sourcils, le forgeron l'observa se précipité en arrière, et passa l'une de ses mains dans le pelage de son chien afin de le garder près de lui. Un garde se fit entrevoir, et il fallait s'attendre à ce qu'il ait un compagnon de route, car tout le monde le savait, aucun garde royal ne se promenait dans les catacombes seul, ou pour le plaisir. En voyant que la rousse voulait se battre, Elis décida finalement de desserrer son emprise de son ami, qui se mit à grogner et s'élança avec la rapidité de l'éclair en arrière, à travers les jambes de ses compatriotes pour sauter sur leur deuxième ennemi - pauvre homme. Se battre dans des endroits aussi étroits à plusieurs n'étaient pas la bonne solution, c'est du moins ce que le roux avait appris. Et puis il fallait avancer. Avancer ou périr. Et tandis que son ami faisait le travail, son maître posa cette fois-ci sa main sur l'épaule d'Olga afin de ramener quelqu'un vers l'avant. "Il faut continuer à chercher." Il hocha la tête, sourcils haussés, et se remit en marche une énième fois, une douce peur lui vrillant l'esprit, celle de ne pas trouver le chat potté, de se faire attaquer encore une fois à cause du bruit qu'ils avaient fait, ou de perdre quelqu'un à l'arrière - ou pire, son chien. Il ne l'écouta tout de même pas, préférant serré la torche entre ses doigts, et dégainer son épée pour avancer dans l'obscurité et atteindre le but qu'ils s'étaient tous fixés.

   

les catacombes

une révolution se joue sur tous les fronts, même six pieds sous terre

Si la petite troupe avançait sans broncher, ils n'étaient pas au bout de leur peine ! Leur expédition était même mal partie, étant donné le mystère de l'endroit exact où se situait leur point de rendez-vous. D'ailleurs, savaient-ils seulement où eux-mêmes se trouvaient ? Personne ne soulevait le problème à haute-voix, mais il n'était pas impossible que celui-ci hante les pensées de chacun des cinq compères qui déambulaient dans ces catacombes. Des quatre qu'elle avait trouvés, Olga ne reconnut qu'un des deux hommes du groupe, l'ayant croisé lors de la chasse aux dents de dragon, pour ce qui était des autres, c'était le mystère total. Pas de quoi la déranger plus que ça, après tout, s'ils étaient ici, c'était dans le même but. Et comme qui dit, les ennemis de mes ennemis sont mes amis, alors autant appliquer ce proverbe à la lettre. Marchant au-devant, prenant la tête de l'expédition sans s'en rendre compte, Olga sentait l'impatience monter. Ils n'allaient pas tourner en rond pendant des heures tout de même ! Où pouvait bien se cacher ce maudit chat ? Oh oui, Olga le maudissait sérieusement. Non seulement, il ne l'avait mise au courant de rien, mais en plus, il conviait les rebelles dans un endroit où il était impossible de se repérer, et monsieur refusait de montrer le bout de ses moustaches. Non, vraiment. Ça n'allait pas. Olga sentait la moutarde lui monter au nez, quand le blondinet stoppa la troupe et mit en avant la présence de gardes. Il ne manquait plus que ça tiens ! Sur les nerfs, la brune observa la scène d'un œil méfiant, prête à utiliser les couloirs qui se croisaient afin de les prendre à revers. Chose qui ne se révéla pas utile. La rouquine en tenait déjà un - elle cachait plutôt bien son jeu d'ailleurs - et le second fut pris d'assaut par le chien de sa seule connaissance. Le maître en question posa une main sur son épaule, comme pour la rappeler à l'ordre. « Il faut continuer à chercher. » Le fixant un instant, incrédule, elle le vit continuer son chemin, suivit par son compagnon à quatre pattes. Il marquait un point, ils ne devaient pas s'attarder. Rebroussant tout de même chemin, elle passa entre ses compagnons de fortune, une corde sortie de son sac à la main. Mieux vaut prévenir que guérir, c'était un des dictons fétiches de sa mère. Posant une main sur la tête du garde coincé par la rouquine, elle le poussa contre le mur, l'assommant d'un seul coup. Elle coupa ensuite sa corde en deux, avant d'attacher mains et pieds du malchanceux, tel un gibier qu'on se préparait à mettre à la broche. S'approchant ensuite de son comparse, elle put l'entendre gémir et se plaindre de ses blessures. Le pauvre avait eu moins de chance, les crocs ne pardonnent pas. Elle n'eut cependant aucun scrupule à l'assommer lui-aussi, avant de l'attacher à son tour. Se relevant, elle frotta ses mains l'une contre l'autre avant de récupérer sa torche et d'inciter les autres à avancer. « Aller ! Il faut bouger d'ici, et vite ! » D'un pas décidé, la brune passa devant - plus à cause de la vitesse de son allure que pour autre chose - et finit par rejoindre leur compère partit en reconnaissance. Sans s'arrêter, Olga fonçait droit devant, s'enfonçant de plus en plus au cœur des catacombes. Rongeant ses freins, l'ogresse serrait les dents, plus déterminée que jamais. « Potté, t'as intérêt à te montrer rapidement, ou la révolution, on la fera sans toi ! »

Je ne suis pas trop rassurée. Il faut dire que les catacombes ne sont pas faites pour être rassurante, mais tout de même ! Je sens qu'il va se passer quelque chose, quelque chose qui n'était pas prévu. En même temps, nous sommes là pour ça, et nous-même ne savons pas ce que le fameux « moustache rousse » nous a prévu. Si on le savait, ce ne serait pas marrant. Soudain, l'homme accompagné de son chien remarque deux gardes qui s'aventurent vers nous. Mon arc à la main, je me tiens prête à décocher quelques flèches, mais son chien est plus rapide. Le temps de prendre conscience de l'action, la rousse s'est occupée du deuxième. Très bien - j'ai assez de mort sur la conscience, de toute façon. Je range mes flèches et me rapproche du groupe qui s'est un peu dispersé sous la menace. 

« Aller ! Il faut bouger d'ici, et vite ! » dit la femme brune. Je suis plus que d'accord. Elle prend la tête du groupe et nous mène à travers les dédales d'un pas décidé. Je la suis rapidement et reprend ma place au sein du petit cortège.
Introuvable, vraiment. Ce n'est pas faute d'avoir cherché ! Je ne sais pas depuis combien de temps on tourne en rond, mais je pense qu'il ne vaut mieux pas savoir. Les histoires ne raconteront pas ça, nous aurons qu'à dire que le plan était parfaitement fignolé dans les moindres détails et que tout le monde savait quoi faire le moment venu. 


Je ne sais pas si beaucoup le croiront, par contre. La brune perd patience - je peux la comprendre. Nous continuons à avancer quand soudain, le couloir dans lequel nous arrivons semble habité. De faibles bruits se font entendre. Serait-ce enfin...? « Moustache rousses ? » Oui, bon, je ne connais pas son prénom.

Les catacombes

tiger! tiger! burning bright in the forest of the night

Pour tous ces oubliés, tous ces rebuts jetés comme des déchets, regardés comme des souillés. De la racaille, des frimousses sales. Pour ceux qui n’ont pas cessé de respirer, de se battre pour ce en quoi ils croient. Pour ceux qui gardent espoir et n’ont pas peur d’une cage. Pour les Lames de Cendres. Pour Shrek. Pour Fiona. Pour la reine. Pour le roi. Pour Fort Fort Lointain. Potté se dirige d’un pas léger vers le château, sa capuche rehaussée et un foulard contre sa bouche et son nez, dissimulant ce visage trop connu dans les environs. Il se mêle à la foule d’invités toute bien sapée qui s’apprête à danser au bal. Vif comme un chat, il rebondit de dalle en dalle pour se frayer un chemin et disparaitre du champ sans être remarqué. Une des entrées secrètes des catacombes. Le mercenaire s’immisce subrepticement dans le trou de pierres bien caché par les feuillages et s’accroupit au sol. Il frôle, longe les murs comme si son corps y était aimanté. Ses bottes tapent dans des cadavres de rats et de bouteilles, des résidus, des flaques de boue et d’hydromel. Cet endroit sent la mort. Le chat plisse les yeux, ses pupilles se dilatent. Quatre gardes, un jeu d’enfant. Il sort de sa ceinture deux grenades fumigènes qu’il lance dans leur direction. Des râles, des jurons résonnent contre les parois suintes des catacombes. « Soyez sur vos gardes ! » Le mercenaire avance dans l’ombre, utilisant son flair et sa vision animale. Il se poste derrière le premier, attrape son arc planqué contre son dos et l’étrangle silencieusement avec, juste assez pour que ce dernier s’évanouisse dans un sommeil. Deux autres restent ensemble, tournent sans voir. Potté avance toujours accroupi, se jette sur eux et cognent leurs deux crânes ensemble si fort qu’ils s’endorment dans l’instant. Le dernier l’a entendu. La fumée se dissipe. Potté dégaine son épée et le duel d’acier fait rage, résonne contre les pavés du sol. Quelques secondes plus tard, il voit une ouverture et plante sa lame dans le pied du garde, avant de lui asséner une droite puissante. Le dernier homme tombe et le silence règne de nouveau dans les catacombes, pour ne laisser entendre que le feu crépitant des torches.

Le mercenaire se redresse, dégage son visage de ses vêtements et caresse finement le bout de sa moustache. Il ne faut pas perdre de temps. Son sac toujours bien accroché à ses épaules, il avance, prenant au passage une torche au mur. Il s’enfonce, de minute en minute, toujours plus profondément dans les dédales sombres et obscurs des caves du château. Puis, il s’arrête. Il sort la carte volée des catacombes et inspecte. Il est à l’endroit exact, juste en dessous de l’immense salle de bal. Juste où il faudra taper, vite, et fort. Potté pose délicatement son sac par terre et en sort des flasques, des flacons de potions attitrées d’une mention Made in Merlin et illustrées d’une belle tête de mort. Le mercenaire ne sait pas exactement ce qu’il tient dans ses mains, mais il est sûr d’une chose; le royaume ne sera plus jamais comme avant. Il débouchonne une à une les potions qu’il vide toutes sur les talus de paille, disposant celle ci un peu partout pour combler la grande pièce.  Il défile alors une longue corde, des talus jusqu’à un couloir éloigné, d’où il attend. Quand, ils arrivent enfin. Les Lames de Cendres. « Si peu… si peu d’entre vous sont venus. » Il ne reconnaît qu’Olga, son bras droit et n’a jamais vu aucun des autres visages. Mais après tout, ce sont de ceux qui passent soit par l’ogresse, soit par la bergère. Le maître chat a trop à faire avant d’aller rencontrer toutes ces recrues. « Mais cela suffira. » continue-t-il sur sa lancée, se montrant plus mystérieux que d’ordinaire. Le chat se relève sur ses pattes et leur fait face, le bout de corde toujours dans sa main. « Félicitations d’abord pour avoir décodé le message et être venus. Je ne connais pas encore les trois quarts d’entre vous, mais je vous porte déjà en estime. Car ce soir mes amis, vous ferez parti d’un mouvement, d’une révolution. Ce soir est notre soir. Nous allons enfin être pris au sérieux, nous allons être craints. Fort Fort Lointain ne sera plus jamais comme avant. Oye ! Pedazo de carne con patas, es nuestra gloria ! » Il se stoppe dans son élan, se racle la gorge. Un silence place, et il se souvient alors que tout le monde ne parle pas sa langue natale. Gênant. « Ahem. Nous allons leur faire peur, rien de plus, rien de moins. Je ne veux pas de sang, je ne veux pas de morts. Je ne veux pas la tête de Marraine sur une pique, je la veux toute entière dans une cage. Nous sommes en dessous de la salle de bal, et je tiens dans ma main des explosifs. Une fois que le feu agira, nous aurons peu de temps pour nous cacher des flammes et remonter par la brèche qui va se créer. Nous repartirons par les entrées, en se cachant dans la foule. L’objectif principal est Marraine, nous devons l’attraper. Quelqu’un doit se charger de sa baguette et de Charmant, les autres s'occupent des gardes. Olga, avec moi, sur Marraine ! VENGA ! » Potté craque alors une allumette contre le mur sans leur laisser le temps de souffler, et allume la mèche de la corde. Tiger ! Tiger ! Burning bright in the forest of the night.