Mowgli & Lancelot

You don't talk to me like that boy

Ce petit allait le rendre dingue un jour. Bon sang, Lancelot en avait connu des têtes brûlées, mais il y avait deux options : soit ils quittaient la garnison au bout de quelques mois (de leur plein gré ou non, ceci étant une autre histoire), soit ils rentraient dans les rangs. Mais pas lui, pas Mowgli Messua. Oh non…Parce que ce type, il fait du bon boulot sur l’ensemble et le chevalier doit bien lui reconnaître cela. Cependant les méthodes qu’il utilise ne sont pas exactement…classiques. Cela ne plaisait pas tellement aux officiers chefs de la Garnison et afin de remédier à ce léger souci sans avoir à se séparer d’un bon élément (merlin sait qu’ils avaient besoin de tout l’effectif possible en ces temps de crise), ils avaient fait en sorte que le jeune homme soit mis ne binôme avec Lancelot aussi souvent que possible. En effet, il était connu de toute la garnison que le chevalier soit un élément respectant les procédures, tout en oubliant pas l’aspect humain de chaque situation. Il avait même fait en sorte de modifier certaines procédures afin d’aider encore mieux les gens, sans pour autant refondre tout le système.

Mais même lui commençait à se dire que ce gamin était une peine perdue en terme de rester dans les clous de la procédure. Il se demandait encore pourquoi il continuait à prendre autant à cœur de le faire rentrer dans les dis clous. Après tout, il pourrait très bien faire ce que lui demandait ses chefs, à savoir plus ou moins baby-sitter Mowgli, et laisser aller le cours des choses. Sauf que ce n’était pas le cas. Peut-être que c’était le fait de ne pas aimer rater quelque chose, un défaut qu’il avait et qui le mettait parfois dans des situations pas possibles, ou peut-être était-ce parce qu’il voyait un potentiel certain dans ce jeune homme. Oh oui. Ce garçon avait l’étoffe d’un grand chevalier, à commencer par avoir le cœur bien placé. Cependant il se laissait bien souvent emporter par ses émotions, ce qui n’aidait pas le fait qu’il ait déjà du mal à respecter les procédures. Donc quelque part, Lancelot trouvait dommage qu’un tel talent se laisse perdre à un tempérament qui pourrait être mis à profit au contraire. Alors c’est sans relâche que le chevalier rabâchait les mêmes choses au jeune homme.

"Bon sang Mowgli ! Je t’ai déjà dit de ne pas foncer dans le tas quand il y a une émeute. D’une part c’est le meilleur moyen pour te blesser, voire blesser des citoyens, mais en plus ça a tendance à énerver les émeutiers, ce qui n’est pas le but de la manœuvre !"

Il était rare de voir Lance perdre son calme comme ça, mais ce type avait le don de faire ressortir ce côté énervé chez lui. Ce n’était pas non plus de la colère, cependant, on sentait clairement que le chevalier perdait son calme et c’était assez rare. La plupart du temps, ce qui lui permettait de rester calme était la distance qu’il mettait automatiquement entre lui et le reste du monde. Ici, cela touchait suffisamment proche de lui pour que sa patience ne s’amenuise doucement mais sûrement.

Mowgli & Lancelot

You don't talk to me like that boy

La première fois que j'ai vu Lance, j'ai vraiment eu un choc. Jamais je ne lui dirai, mais l'espace de quelques secondes, j'ai eu l'impression de me retrouver devant la version humaine d'Akela, l'ancien chef de ma meute. C'est absurde, parce qu'Akela est mort dans mes bras il y a bien longtemps, pendant la guerre contre les chiens rouges. Et pourtant, je me suis posé la question : était-il vraiment mort ? Aurait-il prit le Charnel pour se faire oublier et partir dans la ville à la première occasion ? Lance dégage cet aura qu'avait Akela, celle qui permet de savoir au premier coup d’œil que c'est lui le chef et qui fait baisser les oreilles des louveteaux. Il en impose quoi. Mais moi, j'ai jamais baissé les oreilles, même devant Akela. Déjà parce que physiquement c'est plutôt difficile pour un humain, mais surtout parce que je partais avec un handicape : ne pas être un loup. Pour me faire respecter du reste de la meute, je devais me faire respecter de leur chef. Et pour cela, je devais avoir le culot de lui tenir tête. Je sais qu'au fond, Akela m'a toujours considéré comme un membre à part entière de sa meute, mais j'avais besoin de faire mes preuves parce que ce n'était pas l'avis général. D'ailleurs, je pense que les autres loups ne m'ont considéré en tant que tel qu'après la bataille contre les chiens rouges. Le jour où leur chef est mort. Le jour où la meute a cessé d'en être une pour devenir le Peuple Libre. C'est ce jour là que je suis devenu un loup.

Et aujourd'hui, je dois redevenir un homme. Le choc a été brutal quand j'ai percuté que je devais tout recommencer à zéro. Je savais en arrivant en ville que ça ne serait pas facile, mais pas à ce point. J'étais seul, totalement dépaysé, entouré de personnes aux coutumes complètement cinglées à mes yeux et je devais retrouver mon frère. C'était ma seule attache, mon unique point d'encrage et il était horriblement vacillant. Par où commencer mes recherches ? J'étais perdu. Et puis je me suis rappelé les paroles de Baloo : plus tu te rapproches de ton ennemi, plus tu peux en apprendre et plus tu peux agir contre lui. La solution à mon problème, c'était le problème lui même. Car qui est mieux placé que l'ennemi lui-même pour dévoiler ses plans ? Je devais m'infiltrer parmi les hommes de confiance de Marraine la Bonne fée. Et pour cela, il me fallait passer par sa garde. J'ai tout de suite postulé pour devenir chevalier-flic et mon intégration n'a pas été longue. Fort Fort Lointain est en pleine crise, le moindre élément est bon à prendre. Et je sais qu'à leurs yeux, je suis un bon élément. Lance le sait aussi. C'est pour ça qu'il ne m'a pas encore dégagé à coup de pompe dans le cul. Parce qu'avec toutes les fois où j'ai tiré sur la corde raide en participant directement aux bagarres pour défendre les plus faibles ou en laissant des rebelles s'échapper "par mégarde", il a eu plus d'une fois l'occasion de péter un plomb contre moi. Il s'énerve souvent, je dis pas le contraire. Mais jusqu'ici il a jamais essayé de m'étriper. Je pense qu'il m'aime bien au fond.

C'est cet aspect de lui qui me fait le plus penser à Akela : le côté bourru, à la fois détaché et impliqué. Le genre qui fait un bon chef parce qu'il sait faire la part des choses et juger avec justesse. Je le respecte beaucoup pour ça. Il a le tempérament d'un vieux loup et ça me rassure de voir que des hommes comme lui existent. Même si il a le don de me rendre dingue : pourquoi un homme avec autant de prestance que lui, quelqu'un qui a un sens de la justice comme lui n'essaye t-il pas d'agir contre le régime actuel ? Ça me dépasse. Je pense d'ailleurs que c’est l'une des raisons qui me poussent à lui mener la vie dure : une sorte de vengeance pour son indifférence. C'est un peu puéril mais ça me fait du bien. Et puis je manque pas d'occasions pour lui en faire voir de toutes les couleurs puisqu'il passe son temps avec moi. Pire qu'une maman louve celui là, je peux même plus pisser tranquille. Mais je vois bien que ça l'éclate pas non plus. A mon avis, il n'a pas trop le choix. Le pauvre, je le plains.

Aujourd'hui, on a dû se taper une nouvelle émeute. J'adore ça : voir les gens s'énerver, protester, redevenir des animaux... c'est grisant pour moi qui vient de la jungle. Mais ça l'est moins pour Lance. Je me suis encore fait passer un savon parce que j'ai appliqué la méthode OFDLT (On Fonce Dans Le Tas). Ça marche du tonnerre ça dans les milieux sauvages mais les gens civilisés ils aiment pas trop. Enfin surtout Lance. Parait que c'est dangereux. Je roule des yeux en écoutant son sermon puis réponds en tentant de contenir au maximum mon insolence :

« J'm'en tamponne le coquillard avec une peau de banane d'être blessé, c'est pas ça le plus important! Y'a des gens qui sont pris dans l'émeute et si tu fonces pas dedans, tu peux pas les en sortir et ils finissent par se faire piétiner. Si faut que je me prenne deux trois coups pour les aider, pas de problème pour moi ! »

Je jette un regard à la foule en colère. Les gens sont furieux. Et ils ont de quoi l'être. Moi aussi je suis en pétard quand je vois au quotidien toutes ces personnes qui vérifient 15 fois par minute que leur Charnel fonctionne correctement. Moi aussi j'ai envie de tout péter quand je pense à mon frère qui est quelque par Merlin sait où et que les responsables de sa disparition sont ceux qui dirigent le pays.

« Que tu sois un homme, une fée ou je sais pas quoi d'autre, il y a toujours un animal qui sommeil en toi. Les animaux aiment pas être en cage. Et depuis que Marraine est là, tout le pays est une cage. »

Je me tourne de nouveau vers Lance, conscient d'avoir avouer à demi mot ne pas soutenir le régime actuel. Je sais qu'à partir de là, je pourrais avoir de gros problèmes. Mais je prends le parti de lui faire confiance. Je sais pas trop pourquoi, peut être parce qu'au fond je me dis que lui n'en a rien à s'couer de mon avis.

« Là on joue sur un terrain que je connais mieux que personne : c'est la loi de la jungle. Crois moi, on a pas fini de voir les gens s'énerver. »

Mowgli & Lancelot

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Parfois, Lancelot se demandait si Mowgli le faisait exprès. Ou s'il n'écoutait tout simplement pas ce qu'il lui disait. Il en avait encore la preuve ici, quand le petit défendait sa facon de faire, avec l'argument des civils pris dans les émeutes, comme si le chevalier errant ne le savait pas! Oh bien sûr qu'il le savait, et, même s'il ne lui dirait jamais, il avait déjà utilisé sa méthode, une fois: pour sortir Elwenn d'une émeute. Mais les circonstances étaient bien différentes; il était seul à ce moment-là, cette émeute n'avait même pas été relayée à la garnison, et il y avait quelqu'un à qui il devait beaucoup qui se retrouvait dans la ligne de feu. Il n'avait pas eu beaucoup de choix. Cependant il comprenait le point de vue du jeune homme, bien plus qu'il ne le croyait...mais devoir abandonner votre chez soi à cause de votre propre stupidité et perdre l'une des rares choses à laquelle vous tenez a tendance à ne plus vous faire croire à grand chose. Une des raisons principales pour laquelle Lancelot ne cillait pas un instant aux vues du régime actuel. Il s'en fichait, purement et simplement. Il n'était qu'un soldat de plus ici, plus vraiment un homme à proprement parlé. Il répondait aux ordres de Marraine, mais il ne la considérait pas comme sa reine, le seul qui possédait ce titre dans son esprit, bien qu'il ne soit que Duc, était Arthur. 

Le chevalier se tut, laissant le jeune homme finir de parler pendant qu'ils séparaient les quelques émeutiers restant. Chaque fois qu'ils calmaient une émeute, Lance savait que ce n'était qu'une solution provisoire; Mowgli avait raison: ils n'avaient pas finis d'entendre parler d'émeutes, ni de gens en colère. C'est bien pour cela que l'attitude du jeune homme rendait dingue le chevalier (et il sentait comme une espèce de rancune dont il n'avait aucune idée de l'origine venir de Mowgli, mais il verrait ça plus tard). En revanche, il lança un regard inquiet vers ses collègues quand le petit prononça des mots qui pourraient, surtout en ces temps troublés, être vu comme de la trahison pure et simple. En théorie, Lancelot devrait le dénoncer à ses chefs pour avoir tenu de tels propos; mais il savait parfaitement bien qu'il tenterait de le défendre au maximum, expliquant comme quoi il était jeune, une pierre encore brut qui pourrait dévoiler bien plus avec le temps, tout cela afin de lui éviter la prison. Alors à quoi bon?

De manière générale, le chevalier avait de de plus en plus tendance à être laxiste avec le sujet des rebelles. Pas au point de sciemment les laisser échapper, ils avaient tout de même fait sauter le château en blessant de nombreux civils, mais il avait de plus en plus de mal à trouver des arguments contre leurs agissements. Ou plutôt contre leur envie de renverser le pouvoir en place. Quand il est arrivé à la Capitale, le chevalier errant n'avait pas cherché plus loin, enfermant son esprit de justice et sa conscience au fond de son esprit, dans l'idée de simplement exécuter les ordres. Chassez le naturel il revient au galop comme on dit. Son sens de la justice était si bien ancré en lui qu'il a fini par refaire surface petit à petit, creusant toujours un peu plus dans sa conscience, surtout parce qu'il savait que Guenièvre n'aurait jamais approuvé d'un tel régime. Mais il continuait, se voilant la face en se disant qu'il n'y avait plus rien qui pourrait le faire changer maintenant, qu'il n'était qu'un soldat de plus; même si la réalité était qu'il voulait attraper les rebelles pour ce qu'ils avaient fair lors du bal, pas pour leurs ideaux en soi. Mais allez expliquer cela vous, à un gosse qui retrouve le monde civilisé après des années passées dans la jungle...Quoi que...

L'émeute étant maîtrisée, Lancelot prit le parti de se dire qu'il était sauf de partir avec Mowgli. Il avait une idée, mais ce n'était pas le lieu pour cela. Aussi se tourna-t-il vers le jeune homme et lui fit signe de le suivre.

"On rentre. Il n'y a pas grand chose de plus que l'on peut faire pour le moment. On reviendra pour la prochaine de toute façon" Sur le chemin, le silence s'installa un temps, avant que Lance ne prenne la parole sa semi-colère avait complètement disparue "Je suis d'accord sur le fait que l'on doit aider les civils, plus que n'importe quoi d'autre. Cependant, on ne peut pas se permettre qu'un de nous ne se retrouve dans l'incapacité de travailler, pas en ce moment. Alors c'est vrai, pour le moment, tu n'as ramassé que quelques bleus, de légères blessures tout au plus, mais que se passerait-il si l'un d'eux avait un couteau et se trouverait dans ton dos, pendant que ton attention est tourné vers l'avant?" Il laissa un temps pour que cela ne prenne place dans l'esprit du jeune homme, qu'il accepte ou non son point de vue n'avait pas d'importance à ce moment "Tu ne peux pas faire cavalier seul Mowgli. Si on nous impose des binômes, c'est qu'il y a une raison: Afin de se protéger les uns les autres. Afin de pouvoir assurer, autant que faire se peut, d'être toujours là demain pour le peuple..."

Jamais dans son discours il ne parle de Marraine, ou de Charmant, parce qu'il avait bien senti que le jeune homme se fichait bien des têtes couronnées.

Arrivé à la Garnison près de la Tour d'Argent, Lancelot entra et, dans la cours intérieure où se trouvaient deux autres chevaliers rassemblé devant un repas, commença à retirer son équipement. Ses armes, ses gants, l'épaulette qui le marquait comme un garde de la ville et enfin, sa veste. Puis il se tourna vers Mowgli.

"Je vais te montrer comment on fait pour gérer des émeutes ET sortir les civils de parmi les émeutiers avec le moins de risques possible pour tous. Attaques-moi." D'un peu plus loin, un sifflet d'encouragement pour cette confonrtation retentit et Lance jeta un regard noir aux deux autres Gardes présents, dont un rebaissa directement la tête vers son assiette. Puis il se tourna de nouveau vers Mowgli. Il n'avait pas de certitude absolue de remporter cette bagarre, on ne peut jamais le dire, mais ce n'était pas la victoire le but, c'était la leçon à retenir.

Mowgli & Lancelot

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Une fois l'émeute dissipée, Lance me fait signe de le suivre pour rentrer à la Tour. Je le suis sans broncher pour une fois. Au fond de moi, je suis encore un peu en pétard mais pas contre mon partenaire cette fois : c'est à moi-même que j'en veux. Et quand, sur la route, Lance commence son sermon sur l'importance de ne pas agir tête baissée et d'avoir l'esprit d'équipe, je me sens encore plus en colère parce que je sais qu'il a raison. Mais il faut me comprendre aussi : j'ai vécu toute ma vie dans la jungle, un endroit où c'est la règle du chacun pour sa peau qui prime. Devoir tout d'un coup laisser quelqu'un surveiller mes arrières, c'est totalement nouveau pour moi. J'ai confiance en Lance parce que je sais que derrière ses airs de soldat super froid, c'est un super partenaire et qu'il laissera jamais personne me planter dans le dos, mais je peux pas m'empêcher non plus de me retourner pour voir si il est toujours là. La jungle nous apprend à nous méfier de tout le monde. Je me sentais en confiance aussi avec les singes du roi Loui quand j'étais petit et j'ai fini dans une grotte froide et humide pendant plusieurs jours, à deux doigts de crever de faim.

Mais Lance a raison : on peut pas se permettre en ce moment de perdre des chevaliers-flics. La plupart sont des crétins, mais on a besoin d'eux pour calmer les émeutes qui peuvent elles aussi devenir très dangereuses pour les civils qui n'ont rien demandé. On continue de marcher et après une bonne minute de réflexion je suis vraiment tenté de m'excuser pour mon comportement pas très prudent de tout à l'heure. Mais au fond de moi, ma fierté me stoppe. En plus, je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'Akela m'aurait probablement envoyé balader en me disant quelque chose comme « J'en ai rien à s'couer de tes excuses, contente toi de pas refaire l'imbécile la prochaine fois, petit d'homme. » Je détestais quand il m'appelait comme ça, ça sonnait comme une insulte à mes oreilles. J'aurai mille fois préféré qu'il me traite de sac à puces ou de chien galeux, comme il faisait avec les autres louveteaux. A partir du moment où on me rappelait mes origines humaines, je le prenais comme si on m'excluait de la meute et c'était particulièrement dur à vivre. Mais au fil des années, ce type d'attaque a baissé jusqu'à totalement disparaître. Akela a fini par me considérer comme un membre à part entière de la meute et le sujet n'a plus jamais été remis sur le tapis. Du coup, je me pose la question : est ce que Lance me considère comme un louveteau ou comme un petit d'homme ? Suis-je un animal à éduquer ou un homme à part entière à ses yeux ? J'aurai plutôt tendance à opter pour la première solution, mais si je me trompais ?

Je secoue la tête pour me débarrasser de toutes ces sales pensées et je remarque que nous sommes déjà arrivés à la Tour. Nous entrons à l'intérieur et nous dirigeons vers la cour intérieure pour nous débarrasser de nos équipements. Je m’apprête à aller me prendre quelque chose à grailler (parce que j'ai vraiment la dalle là) mais Lance me retient en me proposant de me montrer comme gérer une émeute proprement. Je fronce les sourcils, un peu surpris mais c'est comparé à la tête que je dois tirer quand il me demande de le frapper. C'est quoi ce délire ? Dire que j'ai jamais eu envie de le castagner ce serait mentir mais quand même ! Derrière nous, il y a quelqu'un qui siffle pour nous encourager et ça me réveille d'un coup de mon hébétude. Je retire ma veste pour me retrouver en chemise et me poste devant lui. Après tout, si c'est lui qui le demande... Avant d'attaquer, je lui dis quand même :

« J'ai un peu observé comment se battent les hommes mais je peux pas te promettre de respecter vos... codes. »

Par là, j'entends que moi quand je me bats, j'utilise tout : les poings, les pieds, mais aussi les dents. Jusqu'ici j'ai jamais vu un homme mordre son adversaire en pleine bagarre, même dans les bars où je traîne le soir quand j'ai envie de voir un peu d'animation. Frère Gris disait souvent que je me battais comme un singe parce que je grimpais partout à chaque fois et que je tirais toute ma puissance de frappe dans mes pieds. Il avait pas tord : ce que j'aimais le plus, c'était me pendre par les bras à la branche d'un arbre et repousser le plus fort possible mes adversaires en les frappant du plat des pieds en pleine poitrine (ou en pleine gueule quand c'était contre Shere Khan). Mais là, on est dans une petite cour et il y a pas d'arbre. Je prends donc le temps d'étudier rapidement mon environnement des yeux pour voir ce qui pourrait m'être utile en cas de besoin. J'ai bien conscience que Lance veut simplement me donner une leçon mais si notre combat devait devenir plus sérieux, je préfère être prêt.

Quand je me sens paré, je hoche la tête en direction de mon partenaire pour lui faire comprendre que j'y vais. Puis je m'élance vers lui, les deux poings serrés. Avant d'en abattre un contre son épaule, je me rappelle d'un conseil que m'avait donné Baloo il y a longtemps : analyser la constitution de l'ennemi avant de faire quoi que ce soit, pas seulement l'environnement. J'avoue, je le fais jamais parce que je me dis que de toute façon, quelque soit l'endroit où je frapperai, ça fera forcément mal à l'autre. Mais là j'ai pas envie de défoncer la gueule de Lance non plus, du coup j'évite le visage. En plus, je sais que les dents des hommes se barrent vachement plus rapidement que les crocs des animaux donc je fais gaffe. Mais au fond de moi, je peux pas m'empêcher de me dire que si jamais les choses dégénèrent, je pourrai rapidement devenir incontrôlable. J'adore me battre justement parce que je deviens un animal quand je tabasse quelqu'un. Mais maintenant, je suis censé rester un homme en toutes circonstances. Il faut que je me maîtrise. Que je refoule le loup.

Je frappe donc en plein dans l'épaule droite de Lance et, profitant de mon élan, je me baisse pour me laisser glisser par terre avant qu'il ne puisse me rendre mon coup. Je me retrouve alors derrière lui et me redresse rapidement pour me remettre en position de combat. Je peux pas empêcher un sourire de s'étaler sur mon visage. La vache, ça fait du bien quand même !

« Alors papy, on a un p'tit coup de mou ? »

Finalement, ça promet d'être marrant.

PS:

Mowgli & Lancelot

You don't talk to me like that boy

Vu la tête que fait Mowgli, il ne s'attendait pas à cela de la part de Lance. En même temps, il faut avouer que le chevalier n'est pas celui auquel on pense en premier quand une bagarre éclate. Lui qui est toujours si calme et posé, réfléchi même, on ne l'imagine pas se perdre corps et âme dans une bagarre sans nul autre but que de relâcher la pression. Pourtant, ça lui arrive, au grand damn de Jeiran, quand ils se retrouvent avec Ali. Ali, cette montagne d'homme qui est une personne très sympathique avec un coeur gros comme ça, mais qui, malgré tout, possède cette violence en lui qui reflète celle qui sommeille en Lance, et quand ils se battent...ils ne retiennent pas leurs coups. Ils savent que l'autre a besoin de se défouler et surtout, que l'autre peut encaisser et rendre aussi fort. Sinon ils ne le feraient pas. Le chevalier peut avoir l'air d'un homme avec un code un peu vieillot, sachant surtout utiliser une épée plus que ses poings et ses pieds, mais il n'en n'est rien. Il sait se battre au corps à corps, il n'a simplement pas souvent recours à cette façon de faire. Ici, il ne va pas exactement retenir ses coups, mais il ne va pas non plus y aller tête baissée; il va d'abord voir ce que peut faire Mowgli, l'analyser un peu, puis il rentrera vraiment dans le combat, avec ce qu'il faut pour lui faire passer la leçon qu'il veut.

Mowgli se remet vite de la surprise initiale et se lance. Il est rapide, agile, et astucieux. Rien qu'avec ce coup à l'épaule, (qui lui tire un grognement, parce que, soyons honnête, ça fait mal) Lance a compris tout ça. Ça se voit dans sa façon de se mouvoir et son déplacement pour éviter un retour de coup. Il est malin, mais l'astuce ne va qu'un temps. Le chevalier ne répond pas à la provocation, se contentant de feinter un coup de coude haut pour ensuite en donner un plus bas, le touchant au niveau des basses côtes. Pas assez pour vraiment lui faire mal, mais suffisamment pour lui donner le temps de se retourner et de lui faire face.

Ils continuèrent leur bagarre un moment. Pendant un temps, Lance répondit aux coups tout en parant. Son but? Fatiguer suffisamment Mowgli pour que sa concentration baisse et qu'il puisse reprendre le dessus. Lui faire croire qu'il avait le dessus, en encaissant des coups qu'en réalité il aurait pu éviter. Il entendait déjà Mathilde lui dire qu'il devrait faire un peu plus gaffe. Mais tant pis; il s'en remettrait. En attendant, il arrivait, doucement mais sûrement, à ses fins. Ce n'était pas facile car le petit savait très bien se battre, même si c'était parfois un peu confus comme façon de se battre, il connaissait les points à atteindre. Puis vint le coup de grâce de sa part. Une feinte, deux feinte et le voilà derrière Mowgli, un bras retenant les siens, un bras autour de son cou, serrant suffisamment pour lui faire comprendre qu'il le tenait, mais pas assez pour lui couper la respiration.

"Un petit coup de mou, gamin?" Il avait repris ses mots par pure esprit de provocation, rien de plus. Sans un mot de plus, il le relâcha, puis lui fit signe qu'ils avaient finis, que le petit ne pense pas devoir répondre à sa provocation. "On ne va pas aller plus loin. Premièrement parce que le but n'est pas de savoir lequel de nous deux peut gagner, mais aussi parce que sincèrement, après l'émeute, je ne suis pas en état de continuer bien longtemps." Il alla s'asseoir à une table de libre et servit deux verres d'eau "Est-ce que tu vois ce qu'il s'est passé ici, Mowgli?" Il lui laissa un temps de réponse avant de reprendre "ce qui m'a permit de reprendre le dessus; ce n'est pas seulement ma connaissance du combat au corps à corps et ma force physique. C'est la stratégie sur le long terme" il vida son verre et s'en resservit un "Si tu ne fais que repérer les points faibles de ton adversaire en te disant que frapper le plus fort possible finira par te donner l'avantage n'est pas quelque chose de viable sur le long terme. En général, une personne connaît ses points faibles et fait en sorte de les protéger au maximum. Alors que si tu en tiens compte, mais que tu essaies de retourner ses points forts contre lui tout en essayant d'élaborer la meilleure stratégie selonnton but...là tu as l'avantage à coup sûr. Tu vois ce que je veux dire?"

HJ:

Mowgli & Lancelot

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Quand on était petits avec les autres louveteaux, notre passe temps préféré c'était de nous taper dessus. Évidemment, mon partenaire de jeu, c'était Frère Gris, parce que de toute la portée, c'était déjà celui avec lequel je m'entendais le mieux, en plus d'être le plus gros. Que je le veuille ou non, je reste un homme, pas un loup, et les enfants humains deviennent rapidement plus grands que ceux des loups de la jungle. Il me fallait un adversaire à ma taille dans tous les sens du terme et Frère Gris était tout désigné pour l'être.

Depuis que je suis arrivé en ville, j'ai pris l'habitude de côtoyer les bars quand je m'ennuie, juste dans l'attente d'une bonne bagarre entre ivrognes, histoire de pouvoir taper un peu sur tout le monde, pour ensuite jouer au flic consciencieux et séparer la populace soûlarde (ou au moins prétendre avoir essayé quand d'autres flics un peu plus consciencieux que moi déboulent...). Mais là, ce combat avec Lance, c'est pas pareil : il me rend pas mes coups comme le ferait un type beurré comme un p'tit Lu, là c'est assez étrange, j'ai comme l'impression qu'il laisse les choses traîner. Ses coups ne sont pas rudes comme quelqu'un de sa carrure pourrait en donner et je m'acharne à essayer de le déstabiliser au maximum en enchaînant les coups, les galipettes et les sauts pour éviter qu'il ne me touche. Mais au bout d'un moment, mon corps dit stop. Je ne suis pas un singe comme le roi Loui, je me fatigue plus vite et, trop rapidement à mon goût, je sens que mes bras s'engourdissent et deviennent de plus en plus lourds. Je perds au fur et à mesure en agilité et, pour compenser cette perte, je tente de frapper plus fort aux points stratégiques. Mais Lance est malin et se protège bien. Il se protège tellement bien qu'il n'a même pas l'air fatigué. Et là, je comprends enfin : je me suis fait avoir comme un bleu. Je suis super énervé contre moi-même de l'avoir laissé m'épuiser comme ça sans me rendre compte que c'était ça son but justement, alors je tente le tout pour le tout et m'apprête à tout donner pour la fin de notre match. Mais Lance est plus rapide : j'ai même pas le temps de dire « banane flambée » que déjà il se plaque derrière moi et me neutralise d'une clé de bras ultra balèze. Putain, la loose là. Je pousse un grognement d'énervement quand il me renvoie en pleine tronche ce que je lui ai dit tout à l 'heure. Ah ouais, super drôle. J'ai l'air malin moi maintenant. D'un regard assassin, je fais comprendre aux autres chevaliers-flics qui se marrent pas loin que si ils la bouclent pas fissa, je les défonce à coup de bambou. Le message a l'air de bien passer parce qu'ils se taisent et enfoncent leur nez dans leurs assiettes sans faire plus de commentaires.

Lance se décide enfin à me lâcher et je remue un peu les bras pour les remettre d'aplomb (c'est qu'il a une sacré poigne le papy !) pendant qu'il m'avoue ne pas être sûr de pouvoir tenir encore très longtemps en combat contre moi si on devait continuer. D'un côté, je suis plutôt content qu'il le reconnaisse, mais une partie de moi n'est pas réellement convaincue. J'aime gagner, mais gagner pour de vrai. Supposer que j'aurai éventuellement sur un malentendu gagné, c'est pas gagner, je dirai même qu'il y a un monde entre les deux. Parce que je sais qu'il aurait facilement pu me défoncer sur ce coup là si il avait décidé de s'y mettre à fond. Il va vraiment falloir que je reprenne mes entraînements et que je les adapte à la ville. Avant, je faisais du saut de liane, des courses d'obstacles entre les arbre et les rivières avec Bagheera et des bagarres intensives avec Frère Gris... Mais seul, c'est quand même vachement moins drôle. Et puis, j'aime pas me battre à l'épée. Je sais que Lance voudrait que je me perfectionne là dedans mais c'est vraiment pas ma tasse de café à moi.

On va tous les deux s'installer à une des tables et je l'écoute attentivement lorsqu'il m'explique ce qui ne va pas dans ma tactique de combat. C'est vrai qu'en général, ses sermons me font chier et que je suis souvent tenté de faire genre que je pionce quand il commence à me sortir ses longs speech. Mais je suis pas totalement con non plus et j'aime me dire que je progresse. Là, Lance me donne justement les moyens de m'améliorer, je vais pas cracher dessus. Rapidement, j'analyse ce qu'il me dit et je me remémore notre combat. Quels étaient ses points forts ? Ses faiblesses, je les ai détecté au premier coup d’œil : il est plus lourd, donc moins rapide que moi. J'ai donc tout misé sur mon agilité et mon aptitude à m'adapter à mon environnement. Mais je ne me suis pas non plus demandé ce qui pourrait me faire réellement obstacle dans sa façon de se battre. Je fronce les sourcils, bois une gorgée d'eau puis lui dis :

« Tes points forts, ce sont ta défense et ton endurance nan ? J'me suis excité tout seul et toi t'en as profité pour me mettre à terre en encaissant mes coups. C'est pas une façon de se battre qu'on a dans la jungle pour ma défense. »

Je dis pas ça par mauvaise fois : nous les loups, on fonce dans le tas, ça va pas plus loin. Les hommes sont plus calculateurs, plus prévoyants. C'est pour ça qu'ils ont déjà manqué d'exterminer la race des loups il y a très longtemps. Je relève la tête de mon verre et demande à Lance :

« Toi tu pourrais m'aider si je veux m'améliorer en... tu sais, en combat d'homme ? »

Ça me fait un peu mal au cœur de demander ça parce que toute ma vie, j'ai toujours tout fait pour m'éloigner de l'homme que je suis réellement et afin de me rapprocher du loup que j'ai toujours voulu être. Mais là, je sens que j'ai pas le choix : je suis ici chez les humains maintenant, c'est à moi de m'adapter à leur mode de vie, pas l'inverse. Et si je veux les protéger, il va falloir que je le fasse à leur façon si je veux pas me faire démolir.

LE PS DE LA FIN :

Mowgli & Lancelot

You don't talk to me like that boy

Bien, Mowgli semblait comprendre où Lance voulait en venir. Ce qui était une bonne chose s’il voulait progresser. Et qui lui prouvait que le gamin avait beau être fier, il savait quand il devait faire preuve d’humilité. Ce qui était une bonne chose, définitivement. Le chevalier laissa le jeune homme parler, comprendre par lui-même ce qu’il s’était passé et il essaya même de se défendre. Lance eut un sourire amusé avant de prendre la parole.

"Correcte. Si tu vois que ton adversaire utilise ce genre de tactiques, repères les points faibles de sa garde. Il y en a toujours, on ne peut protéger tout son corps en même temps. Apprends des feintes, si tu vises ses jambes, par exemple, il va parer, et si au final tu montes ton poing à son visage, il n’aura pas le temps de parer ce coup-là. Tu vois ce que je veux dire ? Essayer de briser sa garde. Oh, et il faut que tu t’économise. Ici, on ne se bat pas comme dans la jungle, effectivement, et il serait fâcheux que tu te retrouves épuisé sans avoir pu mettre à terre ton adversaire."

Jusque-là, Mowgli gardait les yeux sur son verre, probablement par fierté blessée. Personne n’aime se faire battre et encore moins par quelqu’un qui est plus vieux que soi. On pense souvent, à tort, que la jeunesse promet plus de force et de vigueur, ce qui n’est pas faux dans l’absolu. Ce à quoi les gens ne pensent pas toujours, c’est le fait que les personnes plus âgées ont aussi et surtout plus d’expérience, plus d’aisance à voir les stratégies parce qu’elles en ont vues et utilisées tant. Lance fait partie de ces « anciens » qui ont vu beaucoup de choses et qui en tirent toujours quelque chose, en bien ou en mal.

Aussi, lorsque le jeune chevalier-flic lui demanda, officiellement, son aide, le chevalier resta bête un instant. Il ne s’y était pas attendu. Il lui avait déjà donné de nombreux conseils, mais étant donné qu’il n’avait pas semblé tenir comptes de ces derniers, il s’était dit qu’il n’en ferait qu’à sa tête, comme d’habitude. Alors qu’il lui demande de l’aider à s’améliorer…Le plus âgé eut un sourire fier. Mais pas envers lui-même, envers Mowgli, qui voulait sincèrement s’améliorer. Il hocha la tête et reprit.

"Ce sera un honneur Mowgli. Mais il va falloir me laisser un peu de temps. Parce que tu veux apprendre le combat d’homme, certes, mais je pense que, le mieux pour toi, est simplement d’adapter ta façon de faire." Il se leva et prit la ceinture armée de Mowgli pour l’observer "Tu n’es pas à l’aise à l’épée et…j’ai eu tort de vouloir t’y contraindre. Mais tout comme tu es habitué à un mode de bataille, moi j’en ai un autre. Donc l’épée, même si tu seras obligé de la porter parce que c’est le règlement, tu peux t’en passer. En revanche, je peux t’apprendre à te servir correctement de ta main gauche" il désigna une lame, plus petite se trouvant à l’arrière de la ceinture quand elle est portée "C’est une arme qui nous sert initialement à parer quand on affronte plus d’un adversaire à l’épée, mais étant une arme plus près du corps, tu pourrais t’en servir à la fois pour l’offense et la défense au corps à corps. Par contre, quelque chose qu’il va falloir définitivement revoir : ton habitude à utiliser les murs et autre structures. Ce n’est pas une mauvaise chose en soi, surtout vu ton agilité, cependant, étant donné l’état actuel des choses, on risque de bientôt se trouver bientôt avec plus de ruines que de bâtiments et il serait dangereux pour toi de compter dessus. Mais ton agilité est un point fort, définitivement." Il reposa ses yeux sur le plus jeune, un petit sourire défiant au visage "Qu’en dis-tu, Mowgli ?"

Mowgli & Lancelot

You don't talk to me like that boy

J'aime bien sortir le soir. C'est super rare que je mange chez moi, le midi je suis toujours à la Tour et pour le dîner, je vais dans des restos ou des bars. Les restos, c'est pour draguer des serveuses et éventuellement (c'est à dire tout le temps) en ramener une chez moi pour passer une petite nuit sympathoche et les bars, c'est pour voir les vieux marins complètement cuits se taper dessus. C'est pas que j'aime la violence ou que ça me fait plaisir de mater des gens se faire du mal hein ! C'est juste que je trouve ça marrant de les voir se bagarrer, et surtout j'essaie de voir comment ils font. C'est clair, on peut pas dire qu'un mec bourré comme un coin, ce soit l'exemple idéal pour apprendre à se battre, mais c'est justement quand ils sont ivres comme ça qu'ils montrent les techniques de combat les plus... surprenantes. Souvent elles me font rire à m'en pisser dessus, mais maintenant que j'écoute Lance, je me demande si se battre comme un soûlard sans avoir un gramme d'alcool dans le sang ça pourrait donner quelque chose de bien. En tout cas niveau surprise, j'pense que ce serait du high level.

Lance a vraiment l'air content que je lui demande de devenir mon prof de baston et je sais pas trop pourquoi mais ça me fait plaisir de voir qu'il est aussi enthousiaste à l'idée de m'enseigner un truc que j'ai vraiment envie d'apprendre (parce que bon, il a déjà commencé à m'apprendre comment me servir d'une épée mais ça définitivement, j'peux pas, y'a pas le bon feeling entre le gros cure dent en fer et moi). D'ailleurs, quand il commence à s'excuser d'avoir essayé de me forcer la main avec cette histoire d'escrime, j'en reste littéralement sur le cul. Littéralement parce que j'étais sur le point de me lever pour le rejoindre et que là, avec le choc de la surprise, je me laisse retomber d'un coup sur le banc. Bah ça... J'l'avais pas vu venir ! Mais j'suis content. Au moins j'ai pas l'impression d'avoir été un sale môme capricieux : il reconnaît que c'est pas mon truc et l'accepte, c'est cool. Par contre, je suis curieux de voir ce qu'il va m'apprendre à présent. Je fronce les sourcils en le voyant pointer du doigts la petite lame qu'il y a à l'arrière de ma ceinture qu'il a dans la main.

« J'l'ai jamais utilisé celle là, je précise. J'sais même pas à quoi elle sert en fait. »

Lance se met alors à m'expliquer son utilité et je hoche la tête, concentré sur ce qu'il me dit. Le fait qu'il me donne l'autorisation de l'utiliser pour mes combats à bras le corps me rend vachement content d'un coup et je souris en lâchant un petit « Yes ! ». Mais ma joie est de courte durée parce que quand il précise qu'il va falloir que je stoppe mes cabrioles quand je me tabasse avec quelqu'un, ça m'fout un peu les glandes.

« Pfff... Ça c'est à cause de l'autre Nain d'jardin qu'a encore tout défoncé là... je marmonne dans ma barbe en boudant. »

Bon ok, là pour le coup j'ai sûrement l'air d'un sale môme capricieux mais sans déconner, moi j'adore sauter partout quand je me bagarre ! J'ai choppé cette technique en regardant les singes de la jungle se défendre et j'ai trouvé que c'était super ingénieux. Mais Lance a raison : on peut faire ça sur des arbres et des lianes, mais pas sur des murs qui partent en miettes à la moindre pichenette. Bon. Au moins il a reconnu que mon agilité était utile, c'est déjà ça. Je décide donc je cesser mon instant de boudin et hoche la tête quand il me demande ce que j'en dis.

« Bah j'en dis que j'ai hâte de commencer à apprendre tout ça, je m'exclame en me levant. C'est vrai que je suis pas très à l'aise avec ma main gauche, j'suis pas... merde comment vous dites déjà... euh amphitrextre. Voilà, j'suis pas amphitrextre, je sais que me démerder avec ma main droite. Enfin je sais attraper une liane avec la gauche aussi mais j'suis pas sûr que ça me sera archi utile dans l'coin donc bon. »

Je m'étire un petit coup et fait craquer les muscles de mon dos et de mes épaules avec des petits claquements secs. La vache, ça fait du bien de se décoincer tout ça ! Une fois que je suis tout détendu, je m'apprête à me mettre en position de combat pour montrer à Lance que j'suis prêt à attaquer l'entraînement, mais un appel m’interrompt d'un coup : celui de mon ventre. Arf. Je plaque mes mains sur mon bide et dis à mon partenaire :

« Euuh avant de commencer, ça te dit qu'on aille bouffer un truc ? Un resto ça te tente ? Si tu veux, j'accepte même de t'offrir mon épaule pour que tu t'y appuies le temps d'y aller. »

Je souris avec un aire de petit con. Je suis vraiment reconnaissant envers Lance pour tout ce qu'il fait pour moi et en plus j'ai conscience que c'est lui qui m'a mis une dérouillée et que j'devrai pas trop la ramener mais c'est plus fort que moi, faut quand même que je trouve le moyen de le faire un peu chier. Boarf. Comme dirait l'autre con, « Qui aime bien châtie bien ! »

Mowgli & Lancelot

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Au moins, Mowgli n’essaie de faire comme s’il savait déjà tout. Ce qui est une qualité que Lance apprécie ; il admet volontiers ne pas savoir à quoi l’autre lame sur sa ceinture lui sert et ça, le chevalier s’en était douté. Mais le fait qu’il l’admette confirmait au moins une chose : le petit voulait apprendre. C’était bien. Essayer d’enseigner quoi que ce soit à quelqu’un qui n’en n’a pas envie ne sert à rien ; c’est une perte de temps et d’énergie. Donc ça le rassurait et…L’inquiétait un peu. Lance n’avait jamais été professeur jusque-là et il n’était pas certain d’être le mieux placé pour cela, m’enfin, on verrait bien. Il ne put retenir le sourire qui le prit en voyant la moue boudeuse de Mowgli quand il lui annonça que les cabrioles, c’était raté.

"La question n’est pas de savoir à qui la faute, même si on s’en doute tous, mais de faire en sorte que tout le monde reste en un seul morceau le plus longtemps possible."

Et c’était là que résidait le pourquoi initial de ce petit entretien. Faire en sorte que Mowgli suive un mouvement simple et clair : aider la population, oui, mais surtout, rester en vie pour pouvoir le refaire demain. Parce que sinon ça ne sert pas à grand-chose, il faut bien l’avouer et le nombre de gens volontaires pour rejoindre les rangs des chevaliers-flics n’était pas franchement positif, alors s’ils pouvaient perdre le moins d’effectif possible, ça serait bien.

En tout cas, une chose est sûre, ce petit avait le don d’amuser Lance au plus haut point. Cette histoire de ne pas savoir se servir de sa main gauche le faisait bien rire intérieurement et il s’empressa de rectifier le jeune homme.

"On dit ambidextre, et je ne le suis pas non plus. Ne t’en fais pas, c’est appelé une main gauche parce que c’est utilisé par la main ne tenait pas l’épée principale. Comme la plupart des gens sont droitier, la main qui reste est donc la gauche. Mais tu peux l’utiliser de ta main droite. En tout cas ton enthousiasme fait plaisir à voir"

On pouvait dire ce que l’on voulait sur Lance, mais avec les gens qui ne lui cherchaient pas des noises et les jeunes recrues, il était quelqu’un d’avenant. Pas très causant, on ne le cache pas, mais avenant néanmoins. Pas très doué pour réconforter les gens cependant. Il n’est, de manière générale, pas très, très doué avec les gens. Mais passons. Parce que pour le moment, son futur élève lui proposait d’aller manger un petit quelque chose et son propre estomac approuvait cette idée. Grandement. Moins démonstrativement que celui de Mowgli, mais le chevalier sentait la faim qui se faisait connaître, doucement mais sûrement. Il ne retint même pas de lever les yeux au ciel au dernier commentaire de Mowgli. Il pourrait peut-être lui apprendre à moins faire n’importe quoi sur place, mais pour ce qui est de l’attitude…peine perdue il semblerait.

"Ca me va. Autant prendre des forces avant l’entrainement de toute façon. Et ce n’est pas toi qui aurait besoin qu’on t’aide à trainer la patte, gamin ?"

Sur ces quelques mots, Lancelot se leva et ébouriffa les cheveux du jeune homme en passant. Puis il renfila sa veste sans la fermer, son épée à la taille.

"Bien, une idée de où on irait manger ?"

Mowgli & Lancelot

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Au moment où Lance m'ébouriffe les cheveux comme si j'étais un môme, je roule des yeux et me remets la tignasse en place mais au fond, je sais pas trop pourquoi je me rends compte que ça me gêne pas tant que ça. Même si il me fait chier, il reste mon mentor et ça me rappelle un peu l'époque où Akela, le chef de la meute loup dans laquelle j'étais avant de retourner à la vie humaine, me donnait des coups de tête parce que j'avais ramené du bon gibier. Bon, là Lance me fait ça après m'avoir salement taclé mais en même temps, j'l'ai un peu cherché aussi donc je suppose qu'on est quitte. Je récupère ma ceinture sur la table et l'attache autour de mes hanches en réfléchissant à l'endroit où on pourrait aller grailler tous les deux. Puis je me rappelle d'une petite échoppe que j'ai vu il y a pas longtemps dans Romeo Drive et qui m'avait fait de l’œil (enfin surtout la serveuse qui se recoiffait dehors mais c'est un ensemble quoi : si la serveuse est bonne, le menu doit l'être aussi en principe, ça me semble assez logique...). Du coup je propose :

« Je sais plus le nom mais j'avais vu un resto qui avait l'air bien pas très loin, on peut y être en 15 minutes je pense. Et puis comme on devra traverser Ragtown, ça nous permettra d'être sûrs qu'il y a pas deux trois kékés qui auraient décidé de foutre encore plus le bordel en ville... »

J'ouvre la marche, pressé d'arriver à bon port non seulement parce que je crève littéralement la dalle mais aussi parce que la jolie blonde au service va probablement finir la journée dans mon lit et ça, définitivement, ça me plaît. Les mains dans les poches, je me tourne vers Lance et lui raconte :

« Putain d'ailleurs, j'vais devoir passer comme garde personnel à mi temps au château pendant une période indéterminée. J'te jure, la gonzesse que j'me suis mise à dos est pas commode, je sens qu'elle va salement me pourrir la vie celle là... Ça promet d'être bien chiant comme il faut ! »

Je pousse un soupir, la prochaine fois, j'y réfléchirai à deux fois avant d'aller au château de l'autre Marraine à la con. Je suis sur le point d'ajouter une remarque bien sentie sur comment ça pète plus haut que son cul quand ça devient un peu trop proche de la couronne quand j'entends un bruit de poubelle renversée dans une rue pas très loin. Je fronce les sourcils et demande à mon mentor :

« T'as entendu ça toi aussi ? »

Sans attendre qu'il me réponde, je me dirige vers la source du bruit et tombe sur un type qui embrasse une nana contre un mur. Bah putain, y'en a qui s'emmerdent pas ! Dans le genre discret on repassera mais bon, c'est marrant les gens qui font des cochonneries dans la rue, si j'étais pas chevalier-flic j'pense que ça me tenterait bien d'avoir une expérience en mode sauvage dehors dans une petite ruelle... Une seconde. J'ai entendu un truc là.

« Lance, elle vient d'appeler à l'aide la nana on est d'accord ? »

Putain est ce qu'il la force ?! Mais c'est totalement insensé, c'est quoi encore ce délire d'humain là ! Sans réfléchir, je me jette sur le type et l'écarte de la nana qui pleure toutes les larmes de son corps. Putain je suis complètement largué, il se passe quoi là ? J'ai jamais vu un truc pareil, normalement elle devrait être consentante si il font des choses ensemble non ? Je jette un regard perdu en direction de Lance. Et colle une beigne dans la poire de l'autre type. Je comprends pas ce qu'il se passe là, mais quand on fait pleurer une fille, on mérite une patate dans le pif. Bordel, je sens que mon éducation à la jungle me rattrape. Je pensais avoir vu les pires aspects de l'homme et pourtant, ça je m'y attendais pas.

Spoiler: