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EBE ⊱ my mind was a fog, my heart became a bomb


FORT FORT LOINTAIN

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EBE ⊱ my mind was a fog, my heart became a bomb EmptyMer 25 Fév - 17:34









Ebenezer Scrooge
from ashes to ashes
CONTE : un chant de Noël  ÂGE : soixante-quinze ans et d'autant plus de rides. SENTIMENTALEMENT : veuf depuis maints hivers. OCCUPATION : bien qu'il ait été horloger pendant ses premières années, il s'est ensuite lancé dans un commerce plus controversé, mais bien plus fructueux, celui de la mort. Gérant de la Morte-Tête, maître funéraire et thanatopracteur, le plus réputé de toute la capitale -et en réalité, le seul et l'unique. RACE : un vieil humain aux traits taillés par le temps et à la langue acérée.CARACTÈRE : habile, tenace, organisé, franc, méticuleux et perfectionniste, arrogant, avare, froid, très peu versé dans le tactile et les effusions de joie et grossier en plus d'être facilement agacé. Un (très) vieux grincheux, en somme.GROUPE : live and let die AVATAR :  donald sutherland  :beuh: CRÉDITS : tumblr, eden memories
 
Ebenezer aime les belles choses. Il attache une attention toute particulière à être bien apprêté, à ce que son manoir soit décoré avec goût et bien entretenu. Pourvu que ça ne coûte pas excessivement cher, bien évidemment. Malgré son âge, il est toujours en activité. Il est un bourreau du travail incapable de décrocher ; enfin, c'est l'excuse qu'il se donne. Dans le fond, il a du mal à supporter que quelqu'un d'autre puisse accomplir son travail, et il cherche toujours à grogner et pester lorsqu'il n'effectue pas lui même certaines tâches. On est jamais mieux servi que par soi-même, après tout. Bien qu'il y soit forcé de par sa profession et son statut, Scrooge n'aime pas particulièrement se balader en ville. Trop de peuplade. Il y préfère le faux calme de sa maisonnée, même si ça signifie supporter les bavardages de Victoria à longueur de journées. Ebenezer est très versé dans l'art et notamment la musique ; c'est un grand amateur du classique qui ne se lasse jamais de quelques accords de violon et de harpe. il est très méticuleux et a tendance à remarquer les moindres petites imperfections qui l'agacent ; du simple accroc sur une veste au cadre bancal en passant par les traces d'usures sur sa calèche. il ne boit que du thé ou des infusions, il ne supporte pas le goût amer du café et encore moins ses vertus énergisantes. Passés les soixante-ans, on dort plus aussi bien. Il est né gaucher, mais les maîtres à l'école l'ont forcé à apprendre à écrire de la main droite -incompréhension de l'ancienne génération. Il est ainsi devenu ambidextre avec le temps. Plus jeune, il rêvait de voyages et de découvertes et voulait explorer les contrées lointaines ; mais avec le temps, l'envie lui est passée. La seule chose qu'il explore aujourd'hui, ce sont les comptes en banque. lorsqu'il a du temps libre et allume son miroir, il n'a cesse de pester contre les émissions de télé-réalités et le soaps-navets qui passent à longueur de journée. Mais il ne zappe pas quand même. Depuis le début de ses crises d'insomnies, il se sent plus faible qu'auparavant, comme s'il avait pris dix ans de plus en une nuit. Et en plus de dormir moins et d'être plus irritable, il se dit que les hallucinations et les délires qui le prennent le soir ne sont que des effets secondaires de son âge, rien à voir avec un quelconque message subliminal des dieux.
TU PENSES QUOI DE LA NOUVELLE RÉGENTE ? Du haut de ses soixante-quinze ans, et depuis les tous premiers jours de sa vie, il a vu passer trois générations de régents différents ; et comme à chaque couronnement précédent, il a affiché cette même mine faussement hypocrite et politiquement correcte. Il n'en pense rien, il ne s'occupe pas des affaires de l'état. Sa principale préoccupation concerne les morts, pas les vivants. T'ES CONTENT DE LA SITUATION ACTUELLE ? Comment ne pas l'être ? Quoi qu'il advienne du royaume, et quand bien même celui-ci courrait à sa perte, lui aurait tout à y gagner. Le marché funeste qu'il préside est ouvert à tout nouveau client, et la situation politique actuelle du royaume ne l'accapare pas plus que d'utilité. Il s'y fait, voilà tout.TU PENSES QUE SHREK ET FIONA REVIENDRONT UN JOUR ? Peut-être que oui, peut-être que non. A vrai dire, Scrooge est trop nombriliste pour se préoccuper de la fin heureuse des autres ; à ceux qui lui posent la question, il répondrait alors, dans toute sa magnanimité, que notre destin nous appartient. TU PORTES LE CHARNEL N°5 ? Si en porter un lui permettrait de recouvrer de sa fougue et de sa jeunesse, il serait prêt à débourser quelques dizaines de schillngs dorés ; mais l'objet ne répondant pas à ses désirs, et sa qualité d'humain faisant foi, il n'en a aucune utilité. CES HISTOIRES D'ANARCHIE, ÇA TE FAIT PAS PEUR ? Bombant le torse et réajustant sa barbiche, il répondrait d'un haut et fort non ; persuadé que sa fortune et son influence le protège du chaos qui scinde la ville. Mais si on creuse au-delà du masque, on se rend compte que la peur a germé, lentement. Pas pour lui, il a passé bien des années à survivre, se dit qu'il a eu malgré tout, une vie bien pleine. C'est pour les autres, qu'il craint doucereusement. Même s'il ne l'admettrait pas une seule seconde. LES LAMES DE CENDRES ET LEURS IDÉAUX, T'EN PENSES QUOI ? Le capharnaüm anarchique, ça lui va bien deux minutes, mais le groupuscule rebelle, il trouve ça d'un ridicule des plus total. Le royaume s'est forgé il y a bien des siècles, et a connu d'autres crises largement plus difficiles que celle-ci, alors ce n'est pas une dizaine de marginaux qui vont réussir à semer la pagaille dans son entreprise.
 
PSEUDO : aeternalis PRÉNOM : Anna ÂGE : 17 COMMENT T'ES ARRIVÉ(E) JUSQU'ICI ? c'une longue histoire en fait :hm: ET T'EN PENSES QUOI DE CE PETIT MARAIS ?  EBE ⊱ my mind was a fog, my heart became a bomb 2300028946  CEY QUOUA LE MOT MAGIQUE ? validé  :pierre:  UN DERNIER PROUT, UNE CASSEDEDI ? LOUISE, OU ES MON THÉ ?  :beuh: sinon, je vous aime   :red:   :charming:  

⊱ far far away ⊰
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FORT FORT LOINTAIN

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EBE ⊱ my mind was a fog, my heart became a bomb EmptyMer 25 Fév - 17:35






L'épopée de ta vie
je m’étonne que la plus part des hommes aient si peur des spectres, eux qui acceptent si facilement de parler aux morts dans leurs songes.

   

 

fantômes du passé
la mémoire de la plus part des hommes est un cimetière abandonné, où gisent sans honneur des morts qu’ils ont cessés de chérir


(sweet and softly) Ebenezer Scrooge a toujours aimé les histoires. Gamin déjà, il fermait les yeux pour ouvrir son cœur sur un monde imaginaire dont il était empereur. Les voix des conteurs rythmaient le pas de ses armées, le ballet de son épée ; il se laissait facilement emporter dans les récits d'aventures et de magie comme les traités de philosophie et les poèmes d'essayistes des contrées lointaines. Le sujet lui importait peu, c'étaient les mots et leurs sens qu'il admirait. Il se pensait roi de la flore entre les lignes d'un sonnet, vieux loup solitaire entre deux syllabes écorchées, roi déchu, artiste maudit, amoureux transi, pirate véreux dans la courbe des lettres soufflées. Sa tête était un animal sauvage aux pattes tachées d'encre et à l'échine bardée de songes, toujours plus affamé de découvertes et de paysages invisibles. Il était chevalier littéraire, porteur des insignes de la liberté d'âme et d'expression, brandissant fièrement le blason de l'imaginaire et de la raison ; il était sorcier du monde, acteur de la naissance céleste et amateur de ces étoiles qui se réverbéraient dans le fond de ses yeux. Il était jongleur de mots, peintre des sons et maestro d'un orchestre de couleurs ; il voyait la vie en nuances d'or et de jonquilles. Mais ce qu'il aimait plus encore que les histoires, c'était ce qui les contenait. Comme les vieux livres que gardaient ses parents sur les étagères du fond ; reliés de cuir, aux titres tannés, compressés de suie, aux coins cornés et aux pages jaunies d'amour. Comme les tableaux qui étaient suspendus dans la salle à manger, au cadre vieilli, aux teintes défraîchies. Comme la petite commode de sa chambre, façonnée et travaillée à la main, à la ligne rustique, mais aux incurvations discrètes, à la patine ancienne qui couvrait le tout. Comme les horloges qu'il confectionnait. C'était un travail bien méticuleux que de se savoir maître du temps. Il s'étonnait tous les jours un peu plus de son habilité, et surtout celles de ses gros doigts, qu'il avait toujours pensé trop indélicats pour un tel ouvrage. Mais en y mettant un peu d'âme, tout fonctionne. Même les rouages de fer et d'or s'emboîtent et s'encliquettent sans encombre, sans faux sens, sans faux mouvements. Il passait ses journées, à couvert, enfermé dans son petit atelier. Il bricolait, soudait, tournait, vissait, réglait. Et il inspirait l'air rance de la pièce, et il insufflait la vie à la petite aiguille. L'horlogerie, c'était une profession bien rodée, un mécanisme bien huilé, pas d'inquiétudes particulières, ni de peur à avoir. Et Ebenezer préférait se tenir à l'écart de la surprise. Même si celle-ci avait tout juste trois ans, deux jambes instables et une bouille d'ange. D'un geste, il attrapa le bambin qui déjà s'aventurait dans la pièce, explorateur en herbe. Ses boucles brunes noyées dans sa nuque démangeaient son derme comme la caresse d'une plume. Sa peau lisse et blanche contre la sienne lui apportait bien plus de chaleur que n'importe quel foyer ardent, n'importe quel immense brasier. Et son rire, l'éclat de sa petite voix, ses petits gloussements, ils étaient la plus belle chanson qu'il ait jamais entendue ; son prénom, la plus belle histoire qu'on lui ait jamais contée. Callum. « Tu n'es pas censé être là, où diable est encore passée ta mère, mh ? » Les deux lueurs qui animaient son palpitant en une même phrase. Il fixa le petit, qui lui rendit son regard plein de douceur et piqué de curiosité. Il avait toujours eu ce quelque chose dans le fond des yeux, Callum. Dès le moment où il a ouvert ses paupières sur le monde, Ebenezer l'avait remarqué. Un scintillement presque imperceptible, le cœur qui bat face à l'âme pure, l'écho de ses rêves, la nitescence de l'amour. « Tu fais quoi ? » Trois petits mots, trois brèves syllabes suffisaient à voler un sourire en coin au père. L'aura que dégageait le bambin n'était que lumière et candeur. C'était fou de croire qu'une si petite chose puisse avoir une si grande emprise sur un être. L'homme se détourna alors de la porte vers laquelle il s'était dirigée, pour s'en retourner à son établi. Il s'était juré de préserver autant que possible sa femme et son fils des méfaits des métaux, le sang des elfes coulant leurs veines bleutées en transparence su r le diaphane de leur peaux. Mais même le plus noble des hommes, le plus loyal des chevaliers, le plus droit des compagnons n'aurait pu résister à pareille requête ni à pareil demandeur. « Juste cette fois, alors. » Ebenezer s'installa sur son siège, son fils sur ses genoux, maintenant leur étreinte réconfortante d'un bras. De l'autre, il saisit l'objet de son travail, qu'il posa à plat sur le pan de table face à eux. C'était une masse dorée, à peine plus large qu'un galet, et aux formes arrondies. Elle était couverte de gravures d'arabesques et de fleurs, d'un tableau presque complet de l'œuvre de Mère Nature. Et elle était là, face à leurs quatre pupilles, tenant sur ses quatre petits pieds. Et le plus âgé tira la petite manivelle de sa main libre. Les notes ne tardèrent pas à s'évader, douces et vives à la fois, enchanteresses et mystérieuses. Aux gammes s'accompagnaient l'ouverture de la boîte, révélant, à l'envers du capot, un portrait en miniature, celui d'Iris. L'air musical était entrecoupé par les gloussements qu'expirait l'enfant devant l'objet. Et le visage d'Ebenezer était scindé par le sourire qui étirait ses lippes. « On appelle ça une boîte à musique. » Un horloger n'avait pas besoin de se cantonner simplement aux montres tout comme un mari et un père se devait de jouer les deux rôles simultanément. Ebenezer n'était pas certains de correspondre parfaitement aux exigences que ces responsabilités incombaient, mais il était prêt à essayer. Il était prêt à tout. Et à ce moment précis, il le perçut, le bourdonnement de son cœur contre sa cage thoracique, l'envolée agitée des oiseaux entre ses côtes, la joie et la fierté qui battaient ses artères. Silencieusement alors, il se promit de veiller au bonheur de son foyer. Et il scella ce pacte par un baiser déposé sur la tempe de sa chair et de son sang. Pour toujours, Callum. Et à jamais.

⊱ ⊰

(waiting between two worlds) Il avait peur de la briser entre ses doigts, comme une délicate coupe de cristal aux  traits émaciés. Il avait peur qu’elle lui échappe d’entre les mains, et qu’elle coule comme le temps dans un néant infini et sombre. Qu’elle ne revienne plus jamais. Au fond de lui, il savait. Il savait que, quelque part dans son cœur, quelque chose s’était fêlé, et qu’elle était déjà partie. Mais la peur restait là, lovée au fond de ses entrailles, bien ancrée entre ses organes. Et elle cravachait, elle fouettait la moindre parcelle de sa peau, la moindre veine battant à ses tempes. Mais il n'en pouvait plus, de cette angoisse perpétuelle qui l’habitait depuis des jours et des mois. Et il supportait encore moins la douleur qui accompagnait ses craintes. C’était comme perdre un bout de soi-même, un morceau de son âme, de lui, d’avant. Alors il se raccrochait à la bouée, naufragé de l’amour. De son amour. Et elle était là, juste devant lui, allongée sur son lit. Son lit de mort. Elle respirait certes encore, mais faiblement, avec un sifflet presque silencieux mais si porteur de sens qu’il lui brisait les tympans. Il savait, Ebenezer. Il savait qu’elle en avait plus pour longtemps, sa douce Iris. Il l’avait vu dépérir aux fils des jours. Lentement, comme une fleur depuis trop longtemps coupée, qui a beau être plongée dans l’eau la plus claire et limpide, se fane avec le temps, pâle reflet d’elle-même. Le truc avec Iris, c’est qu’elle laissait rien transparaître. Elle était de ceux qui se battent, de ceux qui résistent, de ceux qui croient aux miracles. Et de ceux qui en font. Iris, elle guérissait les gens, mais elle parvenait pas à se guérir, elle. Elle les soignait avec des mots, avec des sourires. C’est comme ça qu’elle a conquis le cœur d’Ebenezer, par un sourire. Il lui en fallut un, un seul, pour qu’il tombe de sa comète vacillante. Et puis, elle a toujours été jolie, Iris. Elle avait des boucles sombres comme la nuit et la peau claire comme la lune ; elle avait des yeux bleus comme les plus purs des océans et des taches de rousseurs pleins les joues. C’était comme le négatif d’un paquet d’étoiles disséminé sur son visage. C’était comme si toute la beauté du monde était réunie dans une même enveloppe charnelle, comme si tous les dieux passés et présents s’étaient concertés autour d’une table pour décider de la venue d’un nouvel divin enfant. Il avait de la chance, Ebenezer, d’avoir une femme pareille. Elle était l’infini à elle-seule. Et elle sentait toujours bon la vanille. Même après des jours entiers sans sommeil, passés à manquer de crever dans des draps de coton, elle dégageait toujours ce parfum réconfortant d’amour et d’épices. Mais c’était la seule chose normale. Son corps ne suivait plus le rythme de son cœur et de ses rêves. Elle avait fondu comme neige au soleil et ses paupières noires peinaient à se soulever, pour ouvrir son regard sur l’homme à ses côtés. Mais ses pupilles ne brillaient plus comme avant. Quelque chose, une lueur contre sa rétine, s’était éteinte. Ebenezer, lentement, souleva sa main et leurs doigts s’entremêlèrent. Sa peau n’était plus diaphane, mais transparente. Iris n’était plus tout à fait Iris. C’était un spectre sans couleurs, et pourtant ; pourtant, toujours et à jamais, son âme se battait contre la vie, contre la mort, contre tout. Son thorax se cambra soudainement, et elle fut prise d’une quinte de toux. A chaque gorgée d’air, le nouveau dirigeant de la Morte-Tête craignait qu’elle n’éclate en mille morceaux. Il souffrait pour elle, de la voir, les sourcils froncés, la gorge serrée et les bronches tapissées de fer. Et tout ça, c’était de sa faute. Entièrement de sa faute. Il s’était pourtant montré prudent. Il savait que les Elfes ne supportaient pas les métaux ferreux. Et pourtant, il s’était obstiné, jusqu’à la déclaration de la maladie. Affection qu’aucun médecin, qu’aucun guérisseur, qu’aucune sorcière dans tout le royaume ne savait distinguer, et encore moins guérir. Les uns après les autres proposaient leurs remèdes. Souvent coûteux, parfois farfelus. Mais Ebenezer espérait, il était prêt à tout pour trouver remède au trouble. Même à se lancer dans des affaires de macchabées. Et cette entreprise avait porté ses fruits pendant quelques temps. Des mois durant, il avait le sourire aux lèvres, persuadé que son Iris était sur la voix de la guérison. Son teint était redevenu de lait et ses lèvres roses. Habiter une grande maison, aérée, proche de la nature et dénuée de toute trace de fer semblait avoir été un bon choix également. Mais la vie est ainsi faite, en deux-temps. D’abord, elle anesthésie, puis elle atrophie, elle coupe le bourgeon dès la racine. Et il s’en voulait, dieu sait à quel point il s’en voulait. Iris savait, elle aussi. Elle pressa alors sa paume contre la sienne, pour attirer le regard vide de son mari sur le sien. Il avait la gorge nouée, des larmes au coin des yeux et des picotements au bout du nez. Que deviendrait-il, sans son oxygène ? Pourrait-il encore admirer les étoiles ou devra-t-il se contenter de polluer le ciel ? Le souffle de sa bien-aimé se faisait distant, moins régulier. C’était pour bientôt, c’était pour tout de suite, il le sentait. Il avait laissé Callum à la gouvernante. Il ne voulait pas qu’il assiste à pareille scène. Il ne voulait pas qu’il voit la victime et l’assassin partager leurs derniers émois, leurs derniers aveux. En écho à celle de sa femme, la respiration du quarantenaire se faisait elle aussi de moins en moins régulière, plus saccadée, entrecoupée  de hoquets et de sanglots évanouis. Ne lâche pas. Pas maintenant. Pour elle. Elle. Elle, elle lui sourit. Elle avait l’air paisible, finalement. Comme si elle faisait abstraction de tous les maux, comme si elle entrevoyait cette lumière flamboyante dont parlait les anciens. « Je vous aime, tous les deux. » Ebenezer ne pouvait détacher son regard du sien. Il ne supportait pas l’idée de perdre, ne serait qu’une seconde de la vie de sa femme. Il pressa une dernière fois sa main, alors qu’elle expiait son dernier souffle. Et là, assis à son chevet, les yeux clos sur le cadavre encore chaud de sa moitié, il laissa les larmes perler le long des vallées de son visage. Il resta un long moment dans cette même position, à hurler en silence, à se vider de son essence. Il aurait pu mourir avec elle, sur le champ, que l’idée ne l’aurait pas dérangé. Son cœur saignait, comme jamais auparavant. Même la plus acérée des lames n’aurait pu ainsi meurtrir son palpitant qui peinait à pulser ; trop de plaies, trop de cicatrices qui ne se refermeront jamais. Mais pas de douleur. Il ne sentait rien, Ebenezer. Il ne sentait que le néant qui envahissait chaque pore de sa peau. Il ne sentait rien, Ebenezer. Pas même la main sur son épaule, de son plus vieil ami. « Ebe, je- » Silence. Y avait que le silence, partout. Au dehors, au-dedans. Il s’infiltrait comme le poison. Mais Ebenezer ne bougeait pas, muré dans sa torpeur, le voile du deuil déjà tiré sur le visage. Puis, une autre paire de prunelle, vivantes cette-fois, se substituaient à la défunte et la main de l’ami lui prit la sienne. « Viens. » Iris était morte, et avec elle s’était envolée une partie de lui.


spectres du présent
je savais que le bien comme le mal est affaire de routine, que le temporaire se prolonge, que l'extérieur s'infiltre au-dedans, et que le masque, à la longue, devient visage

(morning mood) Mille-six-cent-dix-huit. Mille-six-cent-dix-neuf. Mille-six-cent-vingt. Ebenezer était plus concentré que jamais. Ses doigts jonglaient avec précision sur les pièces d'or qui roulaient d'une paume à l'autre avec une grâce presque irréelle. Il les répartissait par contenant de cent dans des bourses qui s'entassaient de l'autre côté du bureau. Il analysait au préalable chacune d'elle, s'imprégnait de sa rondeur infinie et de son éclat de soleil qui illuminait son regard depuis tant d'années déjà. Mais au final, qu'étaient les schillings, sinon quelques grammes de métal précieux compressé sous le poids des flammes ? Pour Scrooge, ils étaient tout. Tout ce qu'il lui restait, tout du moins. Tout son monde avait fui. Iris était partie. Callum était parti. Mais pas les schillings. Ils lui étaient fidèles, revenaient toujours à leur digne et véritable propriétaire. Et, pour sa bonne conscience, Ebenezer se disait qu'il avait assez ardemment travaillé pour mériter telle consolation pécuniaire. Il expira son soulagement et son bien-être en un souffle, continuant ses comptes. Mille-six-cent-soixante-quatorze. Mille-six-cent-soixante-quinze. Mille-six-cent-soixante-seize. Coup de sonnette. Grognement. Mille-six-cent-soixante-seize. Mille-six-cent- Nouveau tintement du carillon. Nouveau grognement. « Où en étais-je ? Ah oui. Mille-six-cent-soixante-seize, mille-six-cent soixante-dix-sept, mille-six- » Jamais deux sans trois. L'improviste à la porte semblait s'impatienter et jeter son dévolu sur le pauvre tintinnabulement qui ne méritait pas pareil sort. Interrompu dans son activité favorite, Ebenezer pesta contre les dieux, posa avec violence son poing sur la table et s'écria « VICTORIA, OUVREZ DONC CETTE PORTE. » Pas de réponse. Et où était-elle donc encore passée, cette bonne ? Incapable. Il n'y avait que ses chers écus, qui le comprenaient. Il lança un regard doux à ceux-ci, comme pour s'excuser de sa brusquerie. Les pauvres chatons. Un énième ding-ge-ding-dung-dong le tira de sa torpeur, et de son calme précédent. « Par les sept enfers ! Ne peut-on pas vivre sa vie d'honnête gens en paix dans ce royaume ! » S'extirpant de son siège, le vieux Scrooge quitta son bureau d'un pas lent. Son dos lui faisait amèrement regretter chaque jour un peu plus d'avoir fait construire un manoir si grand, et des escaliers si hauts, si longs, si douloureux pour ses vieilles articulations. Et sa bourse lui faisait amèrement regretter chaque jour un peu plus d'avoir fait construire un manoir si cher à entretenir. Il aurait dû prévoir tout cela il y a bien des années. Mais la fougue de l'âge a le pas sur la raison semble-t-il. Sur tout le chemin qui le menait au hall d'entrée, il ne cacha pas son agacement, au contraire, il prit bien soin de l'extérioriser, comme à son habitude. Alternant grognement primitif et soupirs frustrés. Si l'invité surprise devant sa porte n'avait pas une raison valable pour venir le déranger en pleine journée, en pleine semaine, alors qu'il fait soleil au-dehors et richesse au-dedans, valait mieux qu'il soit dans une meilleure forme physique que l'hôte et possède deux belles et rapides gambettes. Il avait pas l'air, comme ça, le vieux Scrooge, mais il pouvait se montrer menaçant, à agiter sa canne comme un épouvantail pour faire fuir le peuple aigri de Fort Fort Lointain. De toute façon, l'enfer, c'est les autres, c'est bien connu. Arrivé devant la porte, il grimaça quand il perçut le craquement de son genou puis recouvrit sa mine impassible au moment d'ouvrir le portant. Une jeune femme à l'allure fort charmante se tenait debout face à lui, un éclat radieux sur le visage et bagages à ses pieds. Avec son teint clair, ses prunelles marron glacé et les reflets de l'astre solaire sur sa chevelure, elle avait un air vaguement familier. Au moment où leurs prunelles se croisèrent, elle offrit un sourire timide au vieillard. « Bonjouuuur je— » Et Scrooge referma la porte aussi sec. Tout en tournant les talons, s'apprêtant à regagner sa suite, il déclama, assez fort pour que la demoiselle sur le porche puisse l'entendre : « J'ai déjà assez de tapis chez moi, je n'en veux pas, merci, au revoir. » C'était aberrant, la propension des inconnus à se rendre chez vous, sans même prévenir, pour vous vendre vos babioles. Mais on la faisait pas à Ebenezer. Il était dans les affaires depuis trop longtemps pour qu'on essaie de lui revendre des babioles contrefaites. « Vous avez fait tomber votre bourse ! » Il se figea net. Un dixième de seconde durant, il ne broncha ni n'osa respirer. Ses mains calleuses passèrent sur son veston, sous celui-ci, de droite à gauche, de haut en bas, en transversal, dans les poches, sous les poches, sur les poches. Son précieux ! La bougresse ! Immédiatement, comme un réflexe inné, il rebroussa chemin et ouvrit la porte à la volée, presque soulagé de constater que la jeune femme était encore devant la poterne. « Bonjour, mon oncle. » Ah. C'était donc ça, l'impression de déjà-vu. Il examina le minois de la blonde avec plus d'insistance. Il ne savait véritablement qui blâmer, sa mémoire de sexagénaire qui défaillait avec le temps ou son désintérêt quasi-total. « Ah, une de mes nièces donc. Mh, Gerda ? Gisèle ? Germaine ! » Il joignit aux paroles un levé d'index et de sourcils, persuadé d'avoir fait mouche. Et dans le même temps, il s'aperçut également du stratagème que celle-ci avait mis en place pour attiser la curiosité d'Ebe. Vicieux mais ingénieux. Elle avait peut-être plus de gènes familiaux qu'il n'en doutait. Ladite nièce se mordait la lèvre, les yeux hauts vers le ciel. « Louise, je suis la fille de Magdela, votre soeur, vous vous rappelez ? » Si le maître funéraire se rappelait avoir une sœur ? Mais évidemment, pour quel odieux personnage le prenait-elle ? Même s'il était vrai qu'il ne pouvait autant s'avancer quant à la descendance de sa cadette. Il se rappelait vaguement que l'une des deux enfants était misérablement décédée dans des conditions mystérieuses, mais à ce propos-ci la seule chose dont il avait mémoire était que les coûts du trajet, de l'hébergement et des fleurs étaient largement supérieurs à celui de l'envoi d'une carte. Inutile de s'y rendre donc. « Ah. » Louise, Louise, Louise. Mh, laquelle des deux pouvait-ce bien être ? « Ah ! Louise ! Vous êtes donc venu vous défaire de votre dette ma chère ? » C'était dont celle-ci. « En quelques sortes, oui. C'est pour cette raison que je suis ici, mais je pensais, que nous pourrions peut-être en discuter à l'intérieur plutôt que sur le pas de la porte, cher oncle. » L'homme n'était pas entièrement convaincu par la petite. Il arqua un sourcil méfiant en sa direction ; toutefois, il ne pouvait lui donner complètement tort. Non seulement, il ne lui plaisait de traiter affaires aux yeux de tous, mais il était aussi prêt à toutes les belles manières et autres mondanités lorsqu'il savait qu'à la clef, il obtiendrait quelque chose en retour. D'autant plus qu'avec un peu de chance, les valises qu'elle transportait contenaient son remboursement en liquide. Et si c'était vraiment son jour et cette enfant vraiment de son sang, elle aurait ajouté les dommages et intérêts à la somme empruntée. La brave. « Ma foi, très bien. Suivez-moi, très chère, je vous en prie. » Il traversa le hall, le pas plus guilleret qu'à l'aller, ne s'assurant même pas que sa nièce lui emboîtait le pas. Arrivé au bout de celui-ci, et avant de pénétrer dans le grand salon par la double porte qui était face à eux, il prit soin de faire appeler sa gouvernante. Enfin, de la siffler comme à chaque fois, plutôt. « VICTORIA ! VICTORIA ! AYEZ L'IMMENSE AMABILITE DE PREPARER LE THE JE VOUS PRIE. » Sa voix était rauque, mais le ton mielleux, à croire que cette entrevue imprévue était la plus belle chose qui lui soit arrivée de la semaine, depuis la parvenue de sa rente. Il entendit de légers bruits de pas de l'autre côté du couloir, signe que la domestique avait cette fois compris sa demande, ou daignait y répondre. C'était difficile de trouver de la main d'œuvre qui soit à la fois qualifiée, obéissante et distante. Lui, outre quelques hommes de main, le cuisinier et le jardinier, n'avait que Victoria, pipelette invétérée. Une fois passés dans le salon, il invita Louise à prendre place et s'assit face à elle. Les iris animés par le désir avare qui consumait son cœur, Ebenezer alternait des regards sur la jeune femme puis ses bagages, déposés à proximité. « Ainsi, très chère ? Quel est le motif de votre venue dans mon humble demeure ? » Qu'il était beau parleur et rapace de sucre et de miel quand il se donnait la peine ! Il fixait avec attention les traits juvéniles de sa sorcière de nièce, qui elle semblait plus intéressée par une Victoria indiscrète s'affairant autour d'eux, avant de reporter sa raison sur son oncle. « Vous avez été si bon avec moi mon oncle, plus que je ne le méritais, j'en ai peur. Mais je voudrais me racheter, et surtout rembourser la dette que je vous dois. » Ebenezer accepta d'un air détaché la tasse fumante qu'on lui tendit et remua machinalement la cuiller à défaut de pouvoir se frotter les mains entre elles et de se lancer dans un concours de rire démoniaque. Cela aurait été malpoli, et beaucoup trop évident. « Je suis un homme généreux, j'en ai conscience. Mais faites, faites, je vous en prie ! Nous serons bientôt quittes, ma nièce. » Il n'attendait que le dénouement final de ce mélodrame fructueux. La petite Louise quant à elle, savait ménager les pauses et les paroles. Elle dégageait ainsi d'une grande éloquence, à siroter son infusion à la pivoine comme s'il s'agissait de son dernier breuvage. « J'aimerais travailler pour vous, dans votre demeure. Une dette payée en services. Une chambrière durant autant de temps qu'il faudra pour que nous soyons quittes. » La nouvelle tomba. Tout comme la petite cuiller, imitation argent qui s'effondra sur le faux tapis afshinois dans un son amorti. Aussi atrophié et évanoui que le crissement d'effroi qui cherchait à s'évader de la gorge du sexagénaire, lequel, pour masquer son embarras et reprendre contenance, se gratta la gorge. « Une...une dette payée en service ? » Il tendit son bras, ballant de surprise, et masqua une grimace de douleurs lombaires, pour récupérer le couvert qu'il déposa sur la table avec son thé au lait. « C'est-à-dire... Pas de schilling ? Je veux dire, pas de rémunération à vous fournir donc ? » Cette proposition était fort étonnante, et sur le fond, ne lui plaisait guère. Mais l'avis ne semblait pas être partagé par l'autre parti prenant à l'affaire. Louise lui offrit d'ailleurs un nouveau sourire, dévoilant ses canines de fine penseuse sur ses lippes ourlées. « Je comprends votre désarroi, mon oncle. Mais oui, c'est exact, je travaillerai pour vous sans aucuns frais, pour vous remercier de ce que vous avez fait pour moi. Cette maison est immense, elle a besoin de main d'œuvre et l'idée que la mienne soit gratuite vous suffit, j'espère. Je serais irréprochable, je peux vous l'assurer. » Décidément, de mieux en mieux. Plus Ebenezer pensait aux bourses remplies qui ne faisait que l'attendre patiemment à l'étage, plus il avait le sentiment que la situation lui échappait indéfectiblement. Mais sa nièce avançait là un argument conséquent et non-négligeable. Il avait récemment licencié deux de ses anciens valets jamais jusqu'à alors remplacé, les lois des offres et de la demande jugées trop défavorables par le vieux grincheux qu'il était. Mais le manque d'aide se faisait ressentir, il était évident que Victoria elle-même ne cracherait pas sur un peu d'aide. Sachant que le salaire moyen s'élevait à sept cent schillings le mois, frais non déduits ; et que nourrir et coucher une bouche de plus ou de moins ne reviendrait pas plus cher, il lui paraissait évident qu'engager une bénévole ne serait qu'une bonne affaire. Il dévia de sa torpeur et de son air hagard, perdu dans le vide et ses pensées mathématiques pour enfin répondre à la requête établie. « Bien. J'accepte le compromis, mais sachez que je le fais uniquement parce que vous êtes la fille de feu cette chère Magdela. » La belle excuse de la famille. Au fond, ce n'était pas tout à fait mentir ; par respect et par éthique, il ne pouvait laisser un membre de sa famille s'endetter à son compte. Ce serait mal vu. Mais l'arrangement financier était d'autant plus intéressant à prendre en compte. Le sourire de Louise se fit plus éclatant encore et les étoiles dansaient dans ses yeux. Presque un instant durant, Ebenezer perçut un pincement qui lui tordait le cœur. « Merci mon oncle, vous ne le regretterez pas. Ma mère serait très reconnaissante, autant que je le suis. » Et soudain, arriva une dernière péripétie qu'il n'avait pas calculée. À croire que la mystérieuse enfant d'Oz était pleine de ressources et de surprises. Ses bras autour de la nuque du vieillard, elle l'étreignit alors que Scrooge conservait les yeux écarquillés sur la fenêtre face à lui, les tendons crispés, les membres figés. Le contact physique n'était pas ce qu'il préférait au monde. Une fois n'est pas coutume, il se racla la gorge. « Ahem ahem, puis-je ? Pouvez-vous ? Pouvons ? Ahem. » Louise Gemeraude se défit dans l'immédiat du lien pour se redresser, la joie dans le fond des pupilles. « Je commence tout de suite ! » acheva-t-elle alors avant de disparaître dans un nuage de rose pailleté et de licornes en guimauves. Quant à Ebenezer, il restait stoïque comme le soldat de plomb, enfoncé dans son fauteuil de velours, peinant à analyser la situation dans laquelle il était tombé sans véritablement réussir à s'en dépêtrer. La seule chose qu'il parvint à distinguer dans le brouhaha de ses songes fut le gloussement de la gouvernante qui passait son plumeau sur les étagères. « Eh bien, mon bon monsieur Scrooge, cela faisait trop longtemps qu'on avait pareil présence dans la maison. » Elle ne fit pas si bien dire.

⊱ ⊰

(the way) Tout était noir. Il ne distinguait rien d’autre que la pâleur de ses mains tendues devant lui, cherchant à se repérer à tâtons dans ce néant obscur. Ses veines étaient apparentes, dans un relief de purpurine froid noyé par la vieillesse. Et il était là. Debout au milieu d’un vaste monde qui lui était inconnu. Un silence lourd pesait sur ses épaules, uniquement entrecoupé de sa respiration bruyante, comme si un ventilateur endommagé remplaçait sa glotte. Et soudainement, une bulle de lumière éclata au-dessus de sa tête. Nitescence grise et néfaste, berceau de démons qu’elle relâchait dans un souffle alors que le vieux Scrooge se fendait en deux pour échapper à l’emprise d’un spectre malveillant. Les ectoplasmes de crème fondaient autour de lui, détraqueurs du temps et de l’âme, prêts à aspirer son cœur. Ils entamaient une ronde sabbatique et tourmentée autour de sa carrure ancienne, l’obligeant à tourner la tête vers chacun d’eux, jusqu’à lui faire perdre l’équilibre précaire qui le tenait sur ses deux jambes. Ebenezer ne comprenait pas ce qui lui arrivait, et ne pipait mot, son esprit drapé des mêmes ténèbres que l’atmosphère. Puis, comme de l’encre diluée dans un verre d’eau, les formes s’estompèrent avec violence, dans un long râle semblable au cri d’un enfant pris dans une chute terrible. Il reprit lentement maintien de son corps et son visage marquait l’incompréhension la plus totale. Il releva alors les yeux, et il le vit. Callum.
Ou plutôt, un pâle reflet de son fils. Il avait les traits émaciés et pourtant, ce même port robuste qu’il arborait depuis toujours. Ses boucles étaient tombées mais son regard, son regard, perdu dans le lointain, n’avait pas changé. Il affichait une mine impassible et lisse ; aucune imperfection ne venait masquer les traits de son visage d’enfant-homme. Ebenezer n’en revenait pas. Les lèvres entrouvertes, aucun son ne sorti de sa gorge. Était-ce réellement son fils ? Sa propre chair ? Celui qu’il avait abandonné à sa vie, celui qui entachait son nom ? Scrooge fit un pas en avant. Il fallait qu’il sache. Il fallait qu’il essaie. Il s’approcha de la silhouette et tendit le poignet. Et l’hologramme s’évanouit dans les ténèbres qui l’avait vu naître. Les paupières closes, il laissa retomber son bras le long de son corps, le cœur dépité. Le silence était retombé. Et pourtant, il ne tarda pas à être une nouvelle fois brisé, par une voix somme toute familière, qui résonnait dans son dos. « Alors ? Qu’est-ce que ça fait, Ebenezer ? » L’intéressé, lentement, tourna sur lui-même. Droit devant, avachi sur un Chesterfield noir capitonné, un homme sirotait une tasse de thé, un rire sans éclat fendant ses lippes.  « Gilgalad ? » Sa voix sonnait étrange, sonnait faux. Tout la mise en scène semblait fausse. Même le trois-pièce sombre que son ami portait comme un duc yasenois semblait être différent qu’à l’accoutumée. Comme si on avait découpé son portrait d’un vieux tableau et collé sur un neuf. Comme s’il faisait tache. « Tu n'as pas répondu vieille branche. Qu'est-ce que ça fait ? De tout perdre ? De n'avoir rien de plus si ce n'est quelques pièces auxquelles se raccrocher ? Dis-moi, qu'est-ce que ça fait ? Ça fait mal hein ? Ça doit faire mal, très, très mal... » Gilgalad affiche un sourire mauvais, comme s’il se délectait de tous ces mots noirs qu’il débitait. Ebenezer ne savait que répondre, son orgueil entaché par un air si condescendant et lugubre à la fois. Qu’arrivait-il à son vieux frère pour qu’il lui adresse pareil ton et paroles ? Ebe arqua un sourcil, l’air passablement innocent. « Je ne vois pas de quoi tu veux parler. » Ses yeux étaient rivés sur la glace qui transparaissait dans ceux de son interlocuteur. Si bien qu’il ne remarqua même pas la disparition du service à thé et du fauteuil, englouti dans l’ombre. Gilgalad se tenait à présent debout, les mains jointes, dos à lui. « Callum, Iris, tous ont filé aussi vite qu'ils ont pu. Il faut dire ce qui y est, ce n'est pas tous les jours faciles d'être confrontés à un monstre tel que toi. Ma cousine, elle ne voulait plus de toi, sais-tu qu'elle s'est confiée à moi ? Se plaignant que tout est de ta faute ? Je l'ai entendu pendant que tu dormais, elle avait hâte de partir loin de l'homme qu'elle avait épousé. Tout est de ta faute. » Le nephilim crachait les mots sans se soucier de leur répercussion. Mais ils étaient tellement nocifs que, même sans son, Scrooge en aurait souffert tout autant.  Tout était de sa faute. De sa faute, tout. Un chœur malsain reprenait le refrain à l’endroit, à l’envers, des voix sépulcrales, caverneuses, sorties de nulle part que seul l’humain semblait entendre. « Mal, mal, MAL, qu'est-ce que ça doit faire mal de perdre tout ceux qu'on aime, du moins... Es-tu seulement capable d'aimer, Ebenezer Scrooge ? »  Il chercha des yeux l’origine de ces bercements tortueux, incapable de la définir. Il était perdu. Perdu dans la nuit qui l’entourait et l’obscurité qui noyait ses boyaux jusqu’à la point de ses orteils. « C’est faux. Tu mens. J’aimais Iris. J’aimais Callum et je— » Gilgalad se retourne aussitôt. Sa silhouette se déforme alors, rejoignant l’immensité du ciel invisible qui planait sur leur tête. Il se pencha sur le vieux et petit Scrooge qui osait à peine le défier des yeux. « TU ES INCAPABLE D'AIMER. TU N'AIMES PERSONNE. Personne, si ce n'est l'argent, et qu'Est-ce que l'argent ? De l'or fondu, des cliquetis dans les oreilles, un manoir... vide. Le néant. Quoique... » Sa voix était rauque et sauvage, animée d’une flamme pécheresse et indomptée, comme parvenue tout droit du septième cercle des enfers. «  La solitude  rempli assez bien tout cet espace, la preuve en est qu'elle dégouline des murs semblable au pus d'une plaie. Seul, seul, seul, aaaah mon cher Ebe, TOUT SEUL. Tu es né la cuillère en argent dans la bouche, tu mourras la gueule ouverte dans ton lit gigantesque qui n'accueille plus personne, même lui ne veut plus de toi. Personne. PER-SONNE, rentre bien ça dans ta petite tête. L'amour est réservé aux gens biens, toi ? Qu'est-ce que tu es exactement ? J'ai comme un doute... » Une enflure, un enfoiré, un démon remonté trop tôt de sa cage d’os et d’avarice. Mais un démon guerrier, qui ne se laissait pas écraser si facilement par le poids de mots durs. « COMMENT OSES TU TEN PRENDRE AINSI A MOI ? Tu ne vaux pas plus au fond, Gilgalad. Toi, le si brillant alchimiste qui pour l'heure n'a rien découvert d'autre que le plaisir d'anéantir ma famille entière. » Le ton acerbe, langue de vipère. Il pouvait cracher, il pouvait siffler, mais il ne tiendrait pas. Son cœur aux mille-et-une plaies saignait déjà trop. La bougie dans son thorax, vacillait avec crainte, à deux doigts de s’éteindre. Simultanément, sa main se mit à trembler et le frisson envahit le reste de son corps alors qu’il tentait vainement de lutter. De lutter contre lui-même, conflit intérieur qui le consumait comme l’herbe au soleil. Sauf que Scrooge, c’était pas la chaleur qui le brûlait, c’était la noirceur qui l’envahissait. « TA FAMILLE ? TA FAMILLE ? TU N'AS PAS DE FAMILLE EBE. PERSONNE. ILS VEULENT TA MORT. ILS VEULENT TA TOMBE. ILS VEULENT DANSER SUR TON CADAVRE POURRISSANT. Le royaume n'a pas besoin de toi, et certainement pas ton fils, ni ta femme, ni ta nièce... Ni moi. La peur te dévorera tout entier, si ce n'est pas déjà fait... » Il ferma les yeux, comme si clore ses iris sur ce territoire hostile allait l’en délivrer. Il ne supportait plus ces regards de jugement qu’on lui coulait, cette inflexion qui le brisait en fragment de lui-même à chaque syllabe lancée comme une gifle. La parole n’était pas qu’une arme, elle était poison létal. Le vieil humain, fragile et faible qu’il était se recroquevilla sur lui-même, les larmes perlant aux coins de ses yeux, la gorge nouée de sanglots.  « Assez, assez, faites que cela cesse. Foutaises, assez ! » qu’il murmura, qu’il implora. Il voulait que cela cesse, il voulait qu’on le laisse enfin dans la paix qu’il avait tant espéré conquérir. Il se souvint, gamin, qu’il avait les mêmes réflexes lorsque empreint de peur, à s’enterrer dans sous sa couette, à sursauter au moindre bruit. «  REGARDE EBE. REGARDE TOUT CE QUE TU AS PERDU. REGARDE CE QUE TU ES DEVENU. REGARDE EBE. ET DIS-MOI, DIS-MOI CE QUE CA FAIT. DIS-MOI ! » Il perçu la voix de Gilagad juste devant lui, à quelques centimètres à peine de ses traits. Il reconnaîtrait presque l’odeur de son eau-de-cologne, qui lui brûlait les bronches. Les tremblements continuaient à lui secouer l’échine. Puis il rouvrit les yeux. Mais Gilgalad n’était plus là. Il n’y avait que l’obscurité environnante face à lui. Plus même un bruit. Comment ? Il releva un peu plus la tête, en quête de l’alter-ego démoniaque de l’elfe de l’automne. Alors, une lame lui trancha la gorge.
Et il se réveilla en sursaut, haletant, une sueur froide lui coulant le dos et une main noueuse sur sa gorge intacte.


visions du futur
déjà certaines portions de ma vie ressemblent aux salles dégarnies d'un palais trop vaste, qu'un propriétaire appauvri renonce à occuper tout entier

(see what i've become) Le noir revint.
Mais le décor n’était pas le même. Ebenezer n’était pas le même.
Il était debout, encore et toujours. Mais, pieds-nus, l’acier froid brûlant le grain de sa peau, maculée de sang séché et de boue sombre. Sa veste n’avait plus qu’un bras déchiré, sa chemise tenait du gris vieilli plutôt que blanc et les revers de son bas étaient retroussés, comme s’il avait plongé les orteils dans l’eau. Comme s’il était parti à la pêche aux cadavres. Dans une mer souillée de rouge, de sang. De son sang. Sauf qu’il voyait pas la mer, Scrooge. Il était au bord d’une falaise de fer, bercé d’un crépuscule noir de suie. Il distinguait rien, pas même une constellation à demi-éteinte, en demi-teinte. De l’autre côté non plus, il voyait rien. C’était qu’un néant uniforme et flou, barré d’un brouillard léger. Puis, soudainement, sans crier gare, de ce même brouillard s’est mouvé une silhouette. Elle se détachait lentement du fond, comme une image en noir et blanc, et s’avançait lentement jusqu’à lui. Ebenezer comprenait pas comment il pouvait apercevoir les traits de son visage, il faisait si sombre. Il comprenait pas non plus que c’était simplement une machination de son esprit, pour le tourmenter plus qu’il ne l’est déjà. La première chose qu’il reconnut furent ses yeux. Bleus. Bleus comme l’océan un matin brumeux, bleus comme le ciel sans nuage, bleus comme les myosotis qui fleurissent au printemps. Bleus comme Iris. Bleus comme la tristesse. Bleus pour Callum. Ils se jaugeaient en silence, l’un debout face à l’autre. L’enfant s’était arrêté, à quelques mètres  à peine de son père. Suffisamment près, pour que le parfum de fraise mentholée qu’il dégageait depuis toujours lui parvienne jusqu’aux narines. Il s’en délectait, le vieux Scrooge, de cet effluve qu’il n’avait plus perçut depuis de trop nombreux hivers. Mais c’était plus la même saveur. Elle avait ce goût amer qui restait dans le cœur, ce goût d’avant qui faisait mal. Sa mâchoire tremblait. Il fixait le cadet, ses pupilles stagnant dans les siennes, incapables de s’en défaire. C’était un aimant. Mais un aimant détraqué, une charge positive qui rejette l’opposé au lieu de l’attirer. « Callum, je— » Il ne savait pas quoi dire. Il pensait qu’un simple pardon, c’était pas assez. Pas assez pour toutes ces années passées sans lui, à le fuir. Parce que Callum c’était Iris, et qu’Iris était morte. Il pouvait pas s’empêcher de la reconnaître dans chacun de ses sourires, dans chacune de ses prunelles, dans chaque mouvement, dans chaque intonation. Et ça lui faisait mal. C’était mourir lui-même un peu plus chaque jour. Alors, parce qu’être lâche et renoncer, c’était simple, il a fui l’innocent. Il s’est caché derrière les collines d’or et d’argent, derrière des excuses non-valables, derrières des « j’ai pas le temps, Victoria s’occupera de toi ». « Je—» Toujours incapable de formuler le moindre son, la moindre pensée cohérente. Il se sentait pris au dépourvu, comme si c’était lui le gamin. Soudain, en écho à la syllable évacuée, le spectre de Callum avança d’un pas. Le regard du vieux Scrooge passa alors du sommet de son crâne à la pointe du sol. « Callum, va-t-en ! C’est du fer ! Va-t-en ! » Nouveaux mots, nouveaux pas. Lui restait stoïque, les prunelles écarquillées devant la carrure de son bambin devenu grand. Il affichait un air si sérieux, si impassible. Comme s’il ne l’entendait pas. Comme si la morsure ferreuse n’avait pas d’effet sur son petit organisme. Mais l’idée même était trop insupportable pour Ebenezer. « Je t’en prie, arrête. Tu te fais du mal. » Et puis, il comprit. Le brouillard qui pesait autour d’eux n’était pas du brouillard. C’était de la fumée. Celle-là même qui s’émanait du feu intérieur de son fils, celui qui le consumait jusqu’à faire de son cœur un tas de cendre. « Callum, arrête. » Il en avait les larmes aux yeux, à voir son fils pris dans le piège, à faire comme s’il ne sentait pas la douleur. A faire comme Iris. A mourir. Ebenezer ferma les paupières, les lèvres tremblantes de désespoir et de peur. « Je t’en prie. » Encore un pas. Il était dorénavant en face à face avec sa progéniture. Sa chaire et son sang. Celui à qui il avait donné la vie. Celui qui lui donnerait la mort.
Sans un mot, Callum leva son bras, la paume tendu vers la poitrine du thanatopracteur. Sous le contact électrique de leur deux peaux, Ebenezer sentit les plaies de son cœur qui se rouvraient. Puis il tomba.
Il tomba.
Tombe.
Sépulture. Sa dernière résidence. Il ne tarderait pas à la rejoindre. De sa chute, les bras en l’air sous le poids de l’apesanteur, il distinguait de moins en moins les traits de son fils. Il ne lui en voulait pas. Ce n’était que justice.
Une mélodie trop familière le tira de sa torpeur ensommeillée. Du cauchemar il passa à la réalité. Mais celle-ci était pire encore. Les notes se succédant ne faisait qu’enfoncer plus profondément le pieu installé dans son palpitant, le réduisant un peu plus en miettes sous chaque pression.
La boîte à musique.
Iris.

Ebenezer ne parvenait à comprendre. Il était sorti de ses songes, assis dans son lit noir, dans sa chambre noire, dans son ma-noir. Et la boîte avait depuis longtemps disparue. D’où provenait ce son, bien trop familier, bien trop lugubre, bien trop douloureux ? Un frisson le parcourut lorsque, entre deux gammes écorchées, il entendit une voix. Celle de sa défunte. « L’avenir est ce que tu en fais, Ebe. »
Puis, il se réveilla pour de bon.
« Foutaises. »

⊱ ⊰
(love and loss) Les rayons du soleil transparaissaient au travers des rideaux crème suspendus aux fenêtres de son office. Ils couvraient jusqu'à la moitié de son corps, et pourtant, sa peau restait froide et vieille. Il y a déjà longtemps que Scrooge était Scrooge et qu'il ne connaissait plus la chaleur de quoi que ce soit. Il était assis à son bureau d'ébène et de cuir, dos à la porte, dos au monde. Et seul. Il avait besoin de l'être, certains jours. Quand il n'arrivait plus à se supporter lui-même, plus généralement. Alors il s'asseyait et, contrairement à son habitude, ne comptait pas des pièces d'or édifiées à la tête d'une fée. Il observait la page blanche, une plume dans sa main tremblante. Des instants durant, des semaines auparavant, lorsqu'il y pensait, il forgeait des phrases, des tirades, des monologues complets en faveur de sa rédemption, en dépit de son avarice. Mais une fois décidé à coucher les pensées sur le papier, il n'y avait plus que son plus proche ami, le vide, pour l'épauler. Il soupira, agacé de sa propre incapacité à assembler la moindre idée cohérente.
De petites foulées résonnèrent dans le couloir et il pria silencieusement pour que celles-ci passent leur chemin et ne viennent l'importuner dans un tel moment. Mais les dieux ne semblaient pas avoir entendu sa requête. L'avaient-ils seulement entendu un jour ? « Monsieur Scrooge, on vous-- » « Non. » Dorothée était restée sur le pas de la porte, coupée net dans son élan. Ebenezer ne parvenait à distinguer ses traits, mais il la savait habituée, depuis le temps qu'elle séjournait ici, à ses sautes d'humeurs qui le rendaient un peu plus irritable chaque jour. La petite blonde se racla la gorge, avant de reprendre, visiblement déterminée. « On vous demande à l'entrée, un certain Magnus Piebavarde souhaite s'entretenir avec vous. » Le vieil homme ne peut retenir un semi éclat de rire de jaune. « Faites comme toujours, refermez donc la porte, petite sotte ! » Pensait-il véritablement revenir ainsi, comme un fleur tout juste éclose, alors qu'il a envoyé son propre et ignoble fils dilapider sa fortune quinze ans auparavant ? Quel maroufle, ce Magnus. Prétendre à une entrevue avec le plus fortuné des hommes du royaume alors que la seule étiquette qu'il devrait porté est celle de traître et non d'ancien ami. Quel compère vous oblige à engager un marmot tout juste pubère qui ne cherche qu'à ruiner votre entreprise et à remplir ses poches trouées sur votre dos, pourtant si blanc et honnête ? De Cecil à Magnus, tous les oiseaux de cette maudite famille ne sont que charognards arrogants et manipulateurs. « Mais » « Il n'y a pas de mais. Pourquoi vous ai-je prise sous mon aile, Dorothée ? Pour que vous obéissiez à mes ordres, petite naïve. »  Le ton était monté de plusieurs étages et il revêtit cette même inflexion acerbe qui lui servait de bouclier depuis ce qui lui semblait être des millénaires. « Qu'attendez-vous donc ? PARTEZ ! » Dorothée n'était peut-être qu'une enfant, mais ce n'était pas la sienne. Une fois la porte à nouveau close, il tacha de retrouver un rythme respiratoire régulier. Il n'était plus bon pour son cœur de s'emporter si souvent. Les valves de cette grenade rouillée finiraient un jour par céder. Il expira donc par la bouche l'air poisseux de la pièce avant de grimacer en changeant sa posture sur son trône de roi des enfers. La vieillesse était une épreuve qu'il ne souhaitait à personne. Mais à y réfléchir de plus près, et c'était ce qui rendait la chose plus désolante encore, parmi tout son entourage et ses connaissances, il était bel et bien le seul à en souffrir. Soixante-ans que Gilgalad arborait ce même sourire malicieux, moitié moins que Louise affichait les mêmes traits délicats et lisses que dans sa jeunesse. Ebenezer se désespérait de déperir un peu plus chaque jour, alors que la moitié de sa famille et belle-famille incluse s'embellissaient chaque année davantage que la précédente. Ils étaient un bon cépage qui prend du goût avec l'âge, lui n'était que poussière et redeviendrait poussière. Chaque nuit passée sans songes étaient une trahison supplémentaire que son corps lui infligeait. Il pensait ne jamais faillir, il pensait être résistant comme aucun autre, mais rien ne pourra jamais changer sa misérable condition d'humain. Mais certaines choses l'effrayaient davantage que la mort.
Le visage à couvert entre ses mains calleuses, il releva légèrement la tête et croisa ses paumes, soutenant son menton. Ses prunelles ne savaient trop quel point invisible fixer. Son âme elle même ne savait vers quelle rocher s'échouer.
Enfin, il reprit la plume entre ses doigts et la trempa dans l'encrier. « Mon cher Callum » Les lettres cursives s'ajoutaient les unes aux autres, dans une calligraphie aussi chevrotante que sa poigne. Que pouvait-il bien écrire ? Quels maux encore pouvait-il bien avouer ? Il ferma les yeux, un bref instant, et déglutit, pour tenter en vain de faire redescendre le nœud logé dans sa gorge. « Callum,  
Les hivers ne défilent sans que je ne pense à toi. Je croise tes pupilles océan dans le moindre flocon de neige. Et j'en admire d'autant plus la majesté de la nature et sa couverture de soie blanche sur un sol si maudit. Ta mère aussi, chérissait l'hiver. Elle avait toujours préféré un paysage de blanc ivoire immaculé à l'or brûlé des champs d'été. Elle me rappelait sans cesse que l'hiver était nécessaire à tout, qu'il était la première mort avant une seconde vie. Et quelque part, je pense qu'elle reliait son avis à ton souffle. De tous les hivers passés avec elle, elle n'avait jamais autant paru heureuse que le premier en ta présence. Celui de ta naissance.
 » Sa main tremblait encore plus sur la fin de la phrase tandis que ses yeux s'embuaient d'un voile flou. Ses expirations retrouvait leur pas saccadé. « Je pense qu'elle s'en doutait depuis le début. Je pense qu'elle était lucide sur toute l'affaire alors que moi-même je me résignais à la cécité et à l'obstination du travail. Mais je veux que tu saches, Callum, que tu comprennes, que j'aime ta mère, que je l'aimerais toujours. Je voulais tout accomplir pour l'aider, pour lui rendre la lumière qui l'a toujours habitée. Mais j'ai failli à ma tâche. Et au mari incompétent s'ajoute le père indigne. Quel homme suis-je, pour ôter sa mère à un enfant de telle sorte ? » Il avait de plus en plus de mal à formuler des phrases correctes, à rester stable sur son expression et son écriture. Il avait de plus en plus de mal à faire face à la réalité. « Je ne sais si tu trouveras en toi la force de me pardonner un jour. Mais en dépit de tout ce que j'ai pu dire, de tout ce que j'ai pu commettre, sache qu'aussi douloureux que cela puisse paraître, tu restes mon fils, et je resterais ton père. Pour toujours, et à jamais, Callum. »
Il déposa la plume dans son étui. Ravalant une larme qui menaçait de perler le long de ses joues, il replia la lettre qu'il glissa dans une enveloppe. Lentement alors, il déverrouilla le tiroir gauche de son bureau, celui-là même où il conservait les traces de ses comptes et quelques bourses remplies. Il  passa le bras au fond de celui-ci, et, à tâtons, parvint jusqu'à une boîte qu'il extirpa de son compartiment.
Et il rangea la lettre avec toutes les autres.

  

   
⊱ far far away ⊰

   

   
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Cúchulainn Forgéteinte
C'PAS MOI M'SIEUR SEGUIN JE JURE

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EBE ⊱ my mind was a fog, my heart became a bomb Tumblr_n4ymsuWYVJ1sn22kzo5_250

⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : travis fimmel.
⊱ crédits : prout (ava.)
⊱ arrivé(e) le : 04/01/2015
⊱ manuscrits : 392

⊱ tes licornes : shéhérazade, marie, barthélemy
⊱ schillings : 310

⊱ ton conte : cúchulainn, le chien du forgeron.
⊱ ta race : bête parlante. un énorme loup blanc.
⊱ métier : combattant dans un des recoins du marché noir. celui sur lequel on mise généralement.
⊱ tes armes : une hache, camil, un bouclier. sa bestialité.
⊱ allégeance : il n'a jamais aimé les fées, celle-ci ne fait pas exception.

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EBE ⊱ my mind was a fog, my heart became a bomb EmptyMer 25 Fév - 19:27

Tu sais que t'es le papy le plus beau du monde ? :*-*: REBIENVENUE SCROOGE QUE J'AIME DEJA D'AMOUR :red:
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EBE ⊱ my mind was a fog, my heart became a bomb EmptyMer 25 Fév - 19:28

TONTON :pedo:  :kale:  :potté:  :uni:
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EBE ⊱ my mind was a fog, my heart became a bomb EmptyMer 25 Fév - 20:09

gil, t'es plus vieux que moi je te rappelle :uou: :laugh:

mathmath, je t'aime aussi d'amour :*-*:

potté, tu viens nettoyer ma chambre quand tu veux darling EBE ⊱ my mind was a fog, my heart became a bomb 2300028946

merci les bichons :ivil: :kale: :pierre:
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EBE ⊱ my mind was a fog, my heart became a bomb EmptyMer 25 Fév - 20:17

sale vieux :laugh:
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EBE ⊱ my mind was a fog, my heart became a bomb EmptyMer 25 Fév - 22:42

ispèce de jeune voleur :was: :ivil:
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EBE ⊱ my mind was a fog, my heart became a bomb EmptyMer 25 Fév - 22:44

DONAAAALD :bwag:
SCROOOOOOOOOOOOGE :red:
JOTEM MAIS CA TU LE SAIS DEJA PAS VRAI ? :pierre:
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EBE ⊱ my mind was a fog, my heart became a bomb EmptyMer 25 Fév - 22:46

hihi oui je le sais :pierre:
jtm aussi, c'est quand tu veux pour enterrer des cadavres pas cher :ivil: suffit d'appeler :laugh:
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EBE ⊱ my mind was a fog, my heart became a bomb EmptyMer 25 Fév - 22:49

Tu seras numéro un sur ma liste d'urgence :hansel:
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Suzy Rubanrose
BICHON DE COMPETITION

Suzy Rubanrose

EBE ⊱ my mind was a fog, my heart became a bomb Tumblr_mlmyn07cQv1qhhn2no5_r1_250

⊱ pseudonyme : Jet
⊱ tête mise à prix : Alexandra Breckenridge
⊱ crédits : Songbird, Tumblr
⊱ arrivé(e) le : 25/02/2015
⊱ manuscrits : 119

⊱ tes licornes : le serpent et le blond au sang-chaud
⊱ schillings : 104

⊱ ton conte : Lambda
⊱ ta race : Bête Parlante
⊱ métier : Sans emploi
⊱ tes armes : Un charme certain, avouons-le. Et une dague.
⊱ allégeance : Rien à faire, laissez moi tranquille

EBE ⊱ my mind was a fog, my heart became a bomb Tumblr_mlmyn07cQv1qhhn2no1_250



EBE ⊱ my mind was a fog, my heart became a bomb EmptyMer 25 Fév - 23:01

Hihihihihihihihihihihihihihihi Soooo coooooooool ! Je t'aime, je l'aime, c'est parfait :hanw: :bril: :yay: :fire:

Rerererererererererererererebienvenue, je sais même plus combien de fois il faut mettre de re mais OSEEEEEEEF C'EST TROP PARFAY
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EBE ⊱ my mind was a fog, my heart became a bomb EmptyJeu 26 Fév - 8:23

Oh mon Dieu, ce combo parfait :bavee: Rebienvenue :kikou:
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EBE ⊱ my mind was a fog, my heart became a bomb EmptyJeu 26 Fév - 17:59

je vous aime aussi, fort fort :*-*:
puis c'est trop de compliments pour toutes mes ridules stap it :ivil: (nan en vrai continuez sur cette lancée :uou: )
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EBE ⊱ my mind was a fog, my heart became a bomb EmptyDim 1 Mar - 17:12

Pour un archéodendrite - oui cherche c'que ça veut dire :laugh: - t'es quand même fort en feels. :kyu: :charming:
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EBE ⊱ my mind was a fog, my heart became a bomb EmptyDim 1 Mar - 17:39

vieille branche toi-même, monsieur je consulte insultesavantetrares.com :uou:
mais allez, jtm quand même :kyu:
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Iseut Sautemouton
TU SAIS OU J'VAIS LES RENTRER MES MOUTONS ?!

Iseut Sautemouton

EBE ⊱ my mind was a fog, my heart became a bomb Tumblr_nrjscwzawK1rjjr2to5_250

⊱ pseudonyme : Lady Furiosa
⊱ tête mise à prix : Katheryn Winnick
⊱ crédits : elf & tumblr ♥
⊱ arrivé(e) le : 27/12/2014
⊱ manuscrits : 510

⊱ tes licornes : Belle Yeuxdevelours & Raiponce Cheveuxdor
⊱ schillings : 671

⊱ ton conte : La bergère et le ramoneur
⊱ ta race : Statuette de porcelaine vivante
⊱ métier : Bijoutière ¤ Propriétaire de sa propre boutique, on commence à connaître son nom à Fort Fort Lointain ¤ Seconde au sein des Lames de Cendres
⊱ tes armes : Un bâton de bergère & une épée nommée Sybelle (fabriquée par son bestah 4eva, Jeiran) : elle manie le premier mieux que la seconde mais elle maîtrise pô mal quand même.
⊱ allégeance : Jolèmpa. Même que je rêve d'arracher ses petites ailes d'usurpatrice.

EBE ⊱ my mind was a fog, my heart became a bomb Tumblr_nrjscwzawK1rjjr2to6_250



EBE ⊱ my mind was a fog, my heart became a bomb EmptyLun 2 Mar - 13:31

:bwag:

Rebienvenue chez toi avec ce perso qui poutre :coeur:
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Shéhérazade Fildor
CAY LA DANSE DU BIBOUDE

Shéhérazade Fildor

EBE ⊱ my mind was a fog, my heart became a bomb 289254tumblrniuza7qYnz1qiyullo4250

⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : aishwarya rai
⊱ crédits : avatar, moua. gifs, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 29/08/2014
⊱ manuscrits : 470

⊱ tes licornes : marie la catin, barthélemy l'assassin, cúchulainn le loup.
⊱ schillings : 851

⊱ ton conte : les mille et une nuits
⊱ ta race : humaine
⊱ métier : diseuse de bonne aventure; arnaqueuse de première. reine d'afshin.
⊱ tes armes : une dague en permanence sur elle. quand elle est à afshin, elle a parfois un sabre.
⊱ allégeance : sans avis.

EBE ⊱ my mind was a fog, my heart became a bomb Tumblr_npxrx5TOZ51s9wolfo1_250



EBE ⊱ my mind was a fog, my heart became a bomb EmptyLun 2 Mar - 20:35




fécilitations
t'as poussé ton premier greuuuh !

BRAVO A TOI PETIT OGRE, TU REJOINS LES

live and let die

jeeeeeeeee sais pas si je pourrai survivre à un rp. (deux secondes, j'évacue la morve, les larmes et mon âme en même temps, c'pas facile :tombe:)
c'est tellement rare de voir des vieux bonhommes sur les forums, mais alors des comme ça. :kyu::kyu: jsuis encore plus fan de toi qu'avant si c'est possible, t'écris trop bien, jtm, épouse-moi, faisons des bbs, allons élever des cailloux en jamaïque on sera heureuses.
tout ça pour dire :pierre:, t'es parfaite, autant qu'ebe est un connard. et ebe est un connard autant qu'il est parfait. fin bref. taconpri. :charming::aw::hug:


BRAVISSIMO, tu as passé la première étape du beau monde de Fort Fort Lointain. Tu croyais que ça allait s'arrêter là hein ? Et ben tu rêves, une fois n'est pas coutume de te faire subir les pires tortures, je vais te rassurer en t'affirmant que cette fois-ci ce sera différent, une partie de plaisir même après la longue écriture de ton histoire.   Déjà, tu vas me recenser ta belle tronche et ton petit conte, si conte il y a btw. Ensuite, tu vas pouvoir te glisser dans la partie administrative de ton damoiseau/damoiselle/travelo qui s'passe da ! Et hm, que je réfléchisse. AH OUI, te lier avec les autres ça peut être pas mal je pense, surtout si ton voisin s'avère être un âne qui parle.   Du reste, techniquement tu devrais plus trop te prendre la tête, pas besoin de te lier le lieu des scénarios et tout l'toutim, c'est pas sorcier.  

SUR CE. Le staff de FFL te souhaite un très bon amusement dans le royaume, de t'éclater bien comme il faut et de respecter autrui même si c'est un ogre.      

⊱ far far away ⊰

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