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sinbad ☾ and i'd sing a song, that'd be just ours but i sang 'em all to another heart


FORT FORT LOINTAIN

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sinbad ☾ and i'd sing a song, that'd be just ours but i sang 'em all to another heart EmptyDim 7 Déc - 20:04




Sinbad et Hansel

j'étudie la mécanique de son cœur avec passion, je tente d'en découvrir les serrures bloquées, avec des clés douces. mais certains endroits semblent fermés à jamais

Ce fut le froid qui le réveilla. Difficilement, puisqu'il s'y reprit à deux fois avant d'extirper de son sommeil un Hansel qui frissonna tout doucement, comme si la température hivernale était bien la dernière qui pouvait réussir à lui faire ressentir quelque chose. Il mordit dans sa peau d'albâtre, les canines sorties comme pour lui arracher la chair et le rendre un peu plus nu qu'il ne l'était déjà, et un instant le matelot se débattit avant de rendre les armes et d'ouvrir les yeux sur l'aube naissante, le lieu où il se trouvait et la situation en général. Il voulut les refermer tout de suite pour ne pas réfléchir, mais bien entendu, c'était sans compter son cerveau embrumé qui essaya immédiatement de ramasser les pièces du puzzle sur le sol, sans réellement y parvenir. Dans la hâte, certaines s'étaient perdues quelque part dans la cabine du capitaine, et si Hansel pouvait faire sans, il ne put s'empêcher de se dire qu'il lui manquait tout de même des éléments afin d'affirmer si ce qu'il pensait s'était bien passé, ou s'il n'était pas encore parfaitement réveiller – il l'était, à peu de chose près, le corps meurtri, les yeux bouffis, le cœur bien à sa place, contrairement aux couvertures qui avaient glissées et qu'il essaya de reprendre tant bien que mal en ne déplaçant ses membres qu'un par un, afin de ne pas mourir frigorifié – c'était un éventualité à ne pas écarter, pourtant il doutait fortement mourir sur le champ. Du moins une deuxième fois. Il avait eu son quota de grande expérience, après tout. Clignant des yeux, il se rendit compte qu'en effet, ça s'était bien déroulé, que non, ce n'était pas un rêve, et que même en y pensant simplement, il réussit à en rougir. Il irait en prison pour tout ça, ou juste pour juste avoir rougi tel un enfant de cinq ans. N'était-ce pas normal, après tout ? Pourquoi les cachots devraient-il être son tombeau ? Une étrange sensation dans le creux de ses entrailles lui prouvait tout de même qu'il en avait peur. A présent, il ne pouvait plus rien nier. Ils ne reviendraient pas en arrière. Plus rien ne serait comme avant. Et cette nouveauté était terrifiante, autant qu'elle le charmait totalement, car quoi de mieux que de se dire que plus aucune réflexion à propos de leur légitimité ne se formerait d'entre leurs lèvres ? Parfois, les gestes rassuraient bien plus que les paroles. Et quoiqu'Hansel pouvait bien ressentir à l'heure qu'il était – l'heure où les ivrognes rentrent chantonnant chez eux, ou s'endorment sur les quais, l'heure où les bonnes gens s'en vont travailler, où les bambins se réveillent pour leur premier déjeuner, où la lumière de la lune est remplacée par celle du soleil (qui ici n'était pas de la partie) – Sinbad l'avait rassuré. D'une manière que beaucoup aurait apparenter à celle du diable, mais c'était leur manière, et tant pis s'ils ne faisaient pas dans les règles du royaume. Hansel savait comment ce dernier les verrait, s'il savait. Un capitaine et son matelot. Inconcevable. Deux hommes. Punissable. Lui ne voyait que deux êtres. Et puisqu'ils ne savaient pas, seule sa propre vision importait, celle qui lui remplissait le cœur et le faisait légèrement sourire dans la semi-obscurité.
Inspirant légèrement, tandis que ses prunelles s'habituaient à la lumière tamisée qui s'infiltrait dans la pièce, il en observa les recoins, propriétés d'un capitaine qui semblait avoir vu tout ce que le monde avait à lui montrer, antre emplie de trésors ramenés de ses voyages, tous différents les uns des autres. Ici Hansel pouvait voir des tapisseries venus tout droit d'Afhsin, à n'en pas douter, là, on remarquait des vases faits à Saay – dont un tanguait étrangement, comme s'il avait été témoin d'un doux ouragan – des dizaines de livres étaient disposés sur le sol, comme si Sinbad n'avait pas pris la peine de ranger. Pourtant, un seul de ces trésors retint son attention plus de quelques secondes. Un trésor qu'il pouvait effleurer du bout des doigts rien qu'en avançant le bras, même si ce dernier était échoué bien loin à l'autre bout de la couche, et pourtant à ses côtés, comme s'il pouvait être deux choses en même temps, ce dont Hansel ne doutait pas. Il l'avait compris, au bout de quelques mois à observer, à écouter, avec les gestes, les yeux, les mots, c'était selon. Sinbad était à l'instar de l'océan, calme, puis tempête. Réfléchi, ou totalement guidé par l'instinct, parfois les deux, souvent même. Comme la soirée précédente, qui s'était allongée jusqu'à tard dans la nuit alors qu'elle n'aurait dû se dérouler qu'en l'espace de quelques instants  – le temps d'amener un livre avec un cœur dedans. A moins que cela devait se dérouler ainsi. Maintenant qu'Hansel y repensait, il ne trouvait pas que cela jurait avec le personne qu'était son capitaine – son capitaine, son ami, son amant, il l'appelait comme il le voulait – mais c'était bien ce même capitaine qui avait dérapé, se rattrapant aux lèvres de son cadet. Il y avait réfléchi. Puis l'instinct avait repris le pas sur l'homme. Peut-être. C'était du moins ce qui s'était passé pour l'ancien confiseur, qui s'était posé des questions, pour finalement baisser la garde, parce que ce n'était pas bon de toujours réfléchir, surtout en compagnie de Septmers.
En posant son regard sur son corps endormi, il se dit que tous les trésors n'étaient pas d'argent et d'or.
Ce fut à ce moment, tandis que ses pensées pouvaient toutes être accaparer par une seule vision qu'il les remarqua. Comme les objets rassemblés en cette cabine, elles témoignaient de la vie d'une seule personne. Elles le définissaient.
Parce que c'était le rôle des cicatrices.
Hansel avait pu les apercevoir lorsque son capitaine s'était retrouvé entre la vie et la mort, et qu'il avait passé cinq jours et cinq nuits à agoniser, sous les yeux de son matelot. Des cicatrices qui renvoyaient à l'esclavage, aux coups portés par la haine, par la guerre, par les accidents de route, car l'existence de Sinbad en avait été emplie – il le savait. Tout le monde le savait. Mais tout le monde ne les avait pas vu, ces blessures qui certaines fois étaient presque invisibles, d'autres fois encore bien trop récentes pour être acceptées par Denougatine. Ce dernier avait tout le loisir de les observer, en compter jusqu'à la dernière, ce qu'il ne s'amusa pas à faire, son attention étant retenue par quelques unes en particulier, comme les lacérations qui parsemaient ses omoplates, ou encore les énormes morsures qui s'étendaient sur ses épaules comme si elles avaient voulues prendre toute la place et imprégner sa chaire pour l'éternité – ce qui était réussi. Il ne put détacher ses yeux de ce spectacle d'horreur, obnubilé par ce corps scarifié, et pourtant si paisible maintenant qu'il avait renoncé à cette bataille charnelle où personne ne gagnait, seulement le temps. Les entrailles nouées à l'idée que ce sentiment qui l'assaillait lorsqu'il le regardait – ou juste quand il était là, un peu plus quand il n'était pas là - ne s'en irait pas, Hansel continua donc à l'observer, perdu dans les draps souillés. Sa tignasse sombre se découpait dans le paysage aux couleurs de sa contrée, et elle dodelina avant de se retourner, suivi par cette enveloppe de chair qui avançait toujours malgré les coups du sort. Le cœur du matelot se tordit en essayant de ralentir ses battement saccadés, sans y arriver, et il le sentit prêt à s'arrêter sur place quand les prunelles du capitaine s'ouvrirent. A n'en pas douter, Sinbad était bien barbare, pour faire ressentir à un être aussi minuscule qu'Hansel, des sentiments si forts – tellement qu'il le tiraillait de partout et menaçaient de le réduire en miettes. Il se demanda un instant s'il n'avait pas entendu ses pensées faites de chimères, et attendit un signe de sa part, tout en redoutant ce face à face qui les dévoilait comme de nouvelles personnes l'une pour l'autre. On ne lui avait pas expliqué comment se comporter dans ces moments-là où la gène se mélangeait à d'autres sensations qui lui avaient jusqu'alors été étrangères. Pourquoi personne ne le lui avait dit ? Résultat, il devait se débrouiller seul, et si c'était peut-être ce qu'il avait voulu en s'engageant dans sa nouvelle vie, cela n'y changeait rien : il se sentait comme un nouveau-né qui n'y connaissait rien. C'était exactement ce qu'il était, par ailleurs. Cela pouvait être attendrissant pour certains ou affligeant pour d'autres, pour Hansel, c'était juste très gênant, et cela l'obligeait à improviser au fur et à mesure. C'était éreintant, d'être amoureux. Ça lui prenait tout son temps, d'ailleurs. Et puis c'était comme marcher sur une route faite de braises, qui n'en finissait pas. On ne savait pas où on allait comme ça, et si on y parviendrait, mais on continuait, et c'était la seule certitude qu'on pouvait tirer de tout cela.
Il se mit à frissonner, pourtant sous les couvertures, et son chemin décida de l'amener jusqu'aux bras de Sinbad, où il se blottit bien à l’abri contre son torse, pour la simple et bonne raison qu'il en avait envie, et qu'il le pouvait. "Il fait froid." dit-il dans un murmure, un mensonge qu'il crut lui-même. Mais peut-être que certains mensonges méritaient de vivre. Malgré leur réputation néfaste, et le démon qu'on voyait en chacun d'eux.
Et c'était peut-être pareil avec certains amours.
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FORT FORT LOINTAIN



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⊱ pseudonyme : elf
⊱ tête mise à prix : luke evans.
⊱ crédits : swan, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 01/01/1970
⊱ tes licornes : poucet, cam et gil.
⊱ schillings : 0

⊱ ta race : pauvre mortel fragile.
⊱ allégeance : ni oui, ni non, tant qu'elle vient pas l'emmerder hein.

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sinbad ☾ and i'd sing a song, that'd be just ours but i sang 'em all to another heart EmptyDim 7 Déc - 23:07




Hansel et Sinbad
Pouvoir et désir vont de pair. Ils sont faits de la même substance maudite. Le deuxième dépend du premier, et vice versa.

De la chair qui se consume, de la peau qui se frotte, des êtres qui s'unissent sous une lune qui n'en a que faire, des baisers qui se perdent ainsi que des murmures éteints grâce au bois craquant. La bêtise à l'instar de bien des choses se voit sous plusieurs manières, toutefois concernant celle-ci elle se mélange à d'autres émotions, y compris l'amour qui dégouline par les pores de la peau, ne se voit pas mais se ressent grâce à des frissons et une chaleur qui grimpe petit à petit. Ils se sont perdus dans des méandres qui ne peuvent être dégagés. Ils ont fait ce qu'ils n'auraient pas dû faire, dans le plus grand secret, dans une cabine à priori classique où rien ne se déroule, si ce n'est un travail acharné sur de la paperasse qui s'empile dans un coin et dans un autre. Ils ont franchi le pas c'est tout. Ils l'ont fait, ils sont affalés, ils s'enlacent dans une danse qui les dépasse, mêlant désir et pulsions animales qui définissent si bien les êtres qu'ils sont. Ils répondent à ce qu'ils savent le mieux, et quand bien même les mots ne veulent pas sortir d'une bouche trop fermée, les gestes eux, ne mentent pratiquement jamais. Le son, il n'y fait plus attention, plongé dans son rêve noir où rien ne se passe, il récupère d'une soirée déroulée aussi rapidement qu'un tapis rouge. Le temps passe comme il veut. Le temps, c'est le peuple qui décide comment il doit tourner. Chez l'un c'est lent, chez l'autre c'est à une vitesse ahurissante et dans tout ça, il a presque oublié ce qui a bien pu se passer. Là où des vêtements se sont effondrés sur le parquet grinçant, là où tout ressentiment s'est vu dégagé par des caresses. Inspirant profondément, c'est un frisson qui le tire de sa profonde torpeur, ses prunelles agressées par la lumière du jour lui ordonnent de refermer les paupières. Ce qu'il fait. Le matin il est comme n'importe qui, adieu la légende des sept mers, bonjour le dormeur effréné qui lorsqu'il ne passe pas ses nuits sur le pont, se contente d'un repos bien mérité. Tantôt sur le ventre, tantôt sur le flanc, c'est son corps qui décide de la marche à suivre sans qu'il puisse le contrôler à sa guise. Les demandes sont trop longues pour que l'information passe dans son crâne, quoi qu'il en soit c'est dans un froncement de sourcils qu'il se retrouve sur le dos à reposer toute son attention sur le plafond tabassé par les méfaits du vent glacial. Il hausse les sourcils. Il n'est pas seul - ou plutôt plus seul. Un autre être à ses côtés se ménage pour bouger un temps soit peu sous les draps immaculés, il le fixe, il s'effraie à la vue de ses prunelles vertes pendant que Sinbad prend un temps considérable pour remettre ses idées en ordre. C'est pas tant qu'il s'en souvient pas, c'est peut-être qu'il voudrait s'en débarrasser, il doit s'en vouloir quelque part, et ce doit être ce quelque part qui le pousse à éviter de se souvenir. Et pourtant, oublier c'est pas pour lui. Pour sûr qu'il n'a pas mis aux ordures cette nuit, encore plus qu'il a pris grand soin de son cadet - ou du moins du mieux qu'il a pu. Deux corps nus dans un cocon, une bulle increvable sauf si quelqu'un daigne frapper contre la porte qui se situe quelques mètres plus loin. Il est trop tôt, ils sont à quai et la plupart de ses hommes sont rentrés chez eux l'espace de quelques jours. Mais, le capitaine lui, il a pas de jolie bicoque sur la plage, encore moins d'appartement à Rollywood, il s'acoquine bêtement des entrailles du navire qui le dévore petit à petit. Abordant un sourire en coin de lèvres, il n'a pas le temps de marmonner quelque chose, qu'Hansel en profite pour se lover contre lui. C'est vrai, il peut se le permettre, il pourrait même le tutoyer que ça ne le choquerait plus. Un énième frisson lui traverse les bras. Serait-ce le froid ou bien l'amertume d'une quelconque tromperie ? Est-ce qu'il joue ? Est-ce qu'il est sincère ? En se remémorant son dérapage sous une tente écarlate, il n'est plus sûr de rien. Le voilà déjà assaillit de questions qui tiraillent ses pensées, ça en devient un miasme, ça devient moche, laid, ça ne devrait pas tant attirer son attention. Après tout, il est assez grand pour savoir ce qu'il fait, comment agir et peu importe si au passage, des coeurs sont brisés. Sauf que le corsaire, il a comme qui dirait la culpabilité facile, et peut-être bien sûr, que si son matelot avait été une pure ordure, il aurait agi sans envisager les conséquences. Mais, là, il y pense, et plus les images sont nettes, plus son coeur se serre douloureusement dans sa cage thoracique. Bon sang, qu'il voudrait l'arracher et le refiler à la bouche du diable, qu'on lui lâche enfin la grappe, qu'il puisse agir sans penser au lendemain ni à la veille. Ah oui, qu'il serait bon de n'avoir aucune mécanique interne, de pouvoir la régler comme on veut, un jour sur un mode impassible et l'autre sur un mode amoureux transi. Qu'il serait doux de décider. Qu'il serait doux d'être autre chose qu'un homme. Pinçant sa lèvre inférieure par automatisme à sa pensée maladroite, une petite voix s'élève dans les airs, le sortant radicalement de sa petite torture personnelle. « Il fait froid. » Où donc ? Intérieurement ou extérieurement ? Un petit rire lui échappe, aussi léger que le vol d'un oiseau, dévoilant sans aucun doute son humeur matinale qui n'est pas aussi mauvaise que prévue. Encore une fois, le plus jeune se donne une bonne raison d'agir comme il le fait. Encore une fois il se justifie.
A quoi bon le faire ? Il n'est plus son capitaine.
Quel serait son rang dans de cas ? Un amant défendu par la loi ? Un fantasme idéalisé, si bien qu'il a fini dans la même couche que celui qui rêve ? Il ne saurait le dire, il ne veut pas le savoir de peur d'être déçu ou apeuré. Sa main vient à se glisser sur le dos lisse d'Hansel, le caressant du bout des doigts il remonte jusqu'à sa nuque et enfin, se glisse dans ses cheveux pour jouer quelque peu avec ses bouclettes dans des mouvements chronométrés - comme sur du papier à musique. Il sait pas quoi en dire. Y'a rien à dire. Surtout sur ce qui a bien pu se passer entre ces quatre murs. Il recommence à divaguer sur ses propres décorations, avec des étoffes qui traînent, des bibelots qui sont censés lui apporter la chance, même un squelette miniature d'animal trône royalement sur son bureau à peine plus loin. C'est que c'est étroit dans une cabine, au moins rien ne se perd - si ce n'est les songes. « Si cela peut te rassurer, je ne compte pas te jeter dans les roses. » Qu'il arrête juste de jouer l'enfant timide, qu'enfin il puisse voir autre chose que la renommée royale qu'il se coltine depuis maintes années et que même les bardes chantent lors de soirées arrosées. Continuant de torturer sa lèvre inférieure, il la relâche en étirant un peu son dos ainsi que ses autres articulations, histoire d'être bien réveillé. Un premier pas vers la guérison de la maladie que Denougatine lui a refilée. C'est pas pour autant qu'il arrête de glisser ses doigts dans sa tignasse, bien au contraire. C'est tendre, presque un peu trop à son goût. Et des deux, Sinbad se fait plus peur à lui-même qu'autre chose. Il est son unique ennemi, avec bien sûr l'accord du destin pour lui jouer de sales tours. Ami, amant, amour ? Trop de A pour lui, trop de A qui signifient trop et pas assez. Pourquoi ça le mâche à ce point ? Pourquoi ça veut pas le recracher ? Pourquoi ? Tout simplement. Il attend une réponse. Il n'a rien, si ce n'est les vagues qui font tanguer quelque peu la bicoque flottante. « Je crois même que donner des explications est devenu totalement inutile. Tu ne crois pas ? Non pas que ça me dérange, mais étant donné qu'il n'est plus question de dirigeant et dirigé, ça me paraît, disons, hm, de mise ? » Haussement d'épaules, il se redresse quelque peu, ne souhaite plus retourner dans sa léthargie. Il finit même par s'assoir à moitié sur son lit de fortune, la couverture s'arrêtant à peine sous son nombril. Il frémit, peste contre le mois de Décembre qui vient toquer à sa porte avec une joie loin d'être dissimulée. Ses prunelles se perdent sur le corps caché de son amant à la mine curieuse, il ne connaît rien à la vie de marin. De ça, il peut le juger seulement en regardant en détail ses bras, puis son torse et du reste, il a déjà assez eu le temps d'explorer de fonds en comble la moindre parcelle de sa peau. Aucune cicatrice. Aucune fêlure. Aucune cassure. Il n'est pas comme lui. Le cassé et le réparé. L'aventurier et l'inconscient. Du rêve à la réalité il n'y a qu'un pas, c'est presque tristement qu'il se surprend à redétailler les cicatrices qui ornent ses bras tapissés de soleil. Sinbad hausse un sourcil, puis un autre. Le mercenaire a gardé sur lui des traces indélébiles de ce qui a engendré sa célébrité muette. Chaque trace porte un nom, chaque trace est une tombe qu'il a creusée pour son équipage. « Maintenant que j'y pense, je devrais peut-être taillader ton squelette au couteau, vu ainsi, tu n'as pas l'air d'avoir bravé la tempête ou la misère. » Et il aura beau se répéter, pour lui, sa place serait probablement sur le balcon d'un château en compagnie d'une jolie donzelle pouvant le combler de bien des manières possibles. Pas avec lui, dans ce petit lit, dans cette petite pièce et dans ce petit bout d'océan. Il rajoute à sa parole une note amusée en riant un peu, son sourire ne s'efface pas - faut croire qu'il aura beau faire ce qu'il veut, il veut plus se faire la malle, pas en compagnie de l'ancien confiseur - et le regret revient comme il repart. Pourvu que ça ne dure pas, pourvu que ça se stoppe dans sa lancée, comme ça, avec de la chance il pourrira moins vite et ça se verra beaucoup moins sur son visage de trentenaire. Oh, Hansel il a peut-être pas été contre bien des choses, il s'est battu contre un troll à ses côtés, il a pu admirer la mer se déchaîner, l'a vu se faire planter par un bandit de grand chemin, c'est peut-être pas flatteur, c'est peut-être pas aussi gros que de tuer des serpents géants, toutefois il est sauf. Contrairement à son aîné qui, attrapé par des mains inconnues, se fait entraîner dans des abysses turquoises. Foutre. Il sature déjà. Il veut se permettre d'idéaliser. Oui, c'est ça, rêvasser comme son interdit le fait, partir loin de cette fatalité qui colle à la peau. Se tirer sur le dos d'une bête invisible, loin de tout, loin d'eux, des spectres qui hantent leurs nuits difficiles. D'ailleurs, ceux qui ne partent jamais, se sont pour une fois décidés à lui accorder la paix. Pour une union, pour des mains qui se serrent derrière un cadenas rouillé. Imprudent, irresponsable, indigne, mauvais, empoisonné, mais c'est un peu passionnel aussi.
Juste assez pour attirer les chimères.
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sinbad ☾ and i'd sing a song, that'd be just ours but i sang 'em all to another heart EmptyLun 8 Déc - 21:46




Sinbad et Hansel

j'étudie la mécanique de son cœur avec passion, je tente d'en découvrir les serrures bloquées, avec des clés douces. mais certains endroits semblent fermés à jamais

Quoi de mieux que de se sentir rassurer quelque part ? Dans un endroit précis, dans les bras d'une personne chère, ou simplement dans une vie. Hansel comprenait ce que signifiait cette idée, à présent. Il l'avait comprise petit à petit, parce que c'était difficile, de trouver sa place dans un monde dont on ignorait pratiquement tout. Les questions rhétoriques, il leur avait brisé les ailes, de ses mains autrefois si frêles, qui aujourd'hui avaient changées, comme son être tout entier. Et à l'instar de Sinbad, cette affirmation s'était imposée à lui, d'abord doucement, puis d'un coup. Il ne regrettait pas, malgré tout ce qui pourrait encore lui causer du tord et toutes les blessures qu'il apercevait à l'horizon, menaçantes, en attente, parce qu'il fallait bien occuper le destin qui se riait de ces hommes qui avaient pour la plupart plus l'air de monstres inconscients que d'humains. Durant un instant, là, bien à l'abri à l'intérieur d'un cocon qu'il voulait voir durer une éternité, Hansel se prit à penser qu'il réussirait à ne pas avoir peur de ce qui arriverait. Pourquoi diable s'occuper de l'avenir alors que le présent était si plaisant à regarder comme à vivre ? Ce fut ce que le jeune homme se dit, parce que Sinbad était réveillé, et qu'il lui faisait des promesses cachées dans d'autres, et que puisqu'il entendait ces dernières, cela voulait dire que tout irait bien, un temps du moins – mais seul ledit temps importait, ainsi que le rire du capitaine, puisqu'il était doux à l'oreille, comme l'instant qui lui donnait envie de se rendormir, paisible après l'ouragan de sensations oubliées, déterrées, redécouvertes, mais aussi de rester bien éveillé afin de continuer à observer la scène qui se déroulait sous ses yeux embrumés et pourtant bien conscients de la beauté discrète qui s'en dégageait. "Si cela peut te rassurer, je ne compte pas te jeter dans les roses." Se rassurer. Se dire que tout ira bien, parce qu'il ne peut pas en être autrement, pas dans une situation pareille. Hansel essayait de le faire lui-même, à sa façon, en y arrivant plus ou moins, mais c'était plus simple quand c'était Sinbad qui le lui disait. Sa voix emplit la pièce en même temps que les oreilles du matelot, qui l'écouta s'étendre chaudement – comme un frisson – tandis que le cœur palpitant paisiblement contre le torse qu'il avait élu comme oreiller, se plaisait à ponctuer ces paroles de battements réguliers visant bien sûrement à le bercer, car c'était là ce qu'il faisait. Il ignorait qu'un cœur qui avait tant vécu, tant vu, et qui s'était évidemment fait lacérer plusieurs fois, puisse être aussi tranquille et apporter avec lui cette sensation, au lieu de simplement tout détruire sur son passage à force de mots trop durs et d'épreuves insurmontables. Pourtant c'était bien ainsi qu'étaient leurs cœurs, bien accrochés dans leur poitrine, juste entre deux, pressés par leurs corps étendus, oppressés par le temps. Hansel resta un moment ainsi, pataugeant dans cette illusion d'éternité brisée tout doucement par le capitaine qui avait cessé ses caresses pour se redresser. Hansel se retrouva donc tout seul dans une couche bien trop grande, et ses yeux furent obligés de se rouvrir afin de pouvoir continuer à vivre l'instant, non pas dans un noir apaisant mais à travers les couleurs de la pièce, et les cicatrices de Sinbad qui se découpaient nettement dans l'obscurité essayant toujours malgré le jour venu de rester un peu plus longtemps que prévu, comme si elle n'avait pas eu envie, elle non plus, que cette nuit se termine. L'ancien confiseur était sûrement le premier à ne pas le vouloir, ainsi il attendit. Il ne sut pourtant pas quoi. Le déluge, une embrassade, le bruit significatif de quelqu'un qui toque à la porte – ça ne l'aurait pas étonné, on anéantissait si facilement des moments éphémères comme ceux-ci, et le plus souvent les leurs. Un marin, le jour, Eleanor, Marraine la bonne fée, Gretel, le diable en personne – pléthore de créatures pouvaient surgir à tout moment pour réduire en miettes leur temps à eux, si précieux. Pourtant personne ne vint les déloger de leur nid douillet, si douillet qu'Hansel aurait bien aimé y creuser sa tombe, et ce fut des paroles qui brisèrent le silence qui s'était installé. "Je crois même que donner des explications est devenu totalement inutile. Tu ne crois pas ? Non pas que ça me dérange, mais étant donné qu'il n'est plus question de dirigeant et dirigé, ça me paraît, disons, hm, de mise ?" Ce n'était pas de simples paroles. Le jeune homme le comprit tout de suite. C'était parfois compliqué, de savoir ce que Septmers vous disait, parce qu'il aimait cela, torturer son entourage, ne semer que doute sur son passage. Pourtant, ici tout était fichtrement clair aux yeux de son soupirant. Tout concordait en une seule affirmation qui visait à ne laisser aucun mystère sur la nature de leur relation – non pas qu'ils savaient parfaitement ce qu'elle était, ils ne le sauraient probablement jamais, mais au moins savaient-il ce qu'elle n'était pas. - Un petit sourire vint naître aux bordures des lèvres du mousse. Son cœur se mit à battre plus fort, parce qu'on effaçait jamais totalement les bonnes habitudes, comme les mauvaises. Ainsi il n'y avait pas d'explications à donner, pour la simple et bonne raison qu'elles étaient inutiles ici. On donnait des raisons pour qualifier ses actes à un supérieur, un parent, un maître. Pas ici. Pas maintenant.
Parce que la raison n'était pas de mise pour justifier la conquête d'un océan.
Hansel resta allongé, perdu sous des draps qui ne l'empêchèrent pas de l'observer se mouver, maintenant assis et pourtant instable, légèrement courbé, ce qui permit à son cadet de voir se former son échine sous sa peau torturée, tandis que l'autre l'observait aussi. Ils s'évaluaient tous deux du regard, comme  s'ils avaient pour devoir de déceler en l'autre quelque chose qu'ils n'avaient pas déjà vus, une minuscule cachette dissimulée sous des couches de chairs qui ne servaient à rien pour protéger ces cadenas usés. Pour sa part, Hansel en remarqua des dizaines, cachés là, dans un corps trop mis à contribution. Cela ne l'étonnait toujours pas, et s'il espérait pouvoir résoudre les mystères du cœur de Septmers un jour, peut-être, et surtout en avoir le temps, il savait aussi que certains lui seraient toujours inaccessibles, parce qu'après tout, c'était un des nombreux devoirs de l'océan : Il visait à faire peur. Il faisait de la peine. Il donnait l'espoir, il nous rendait l'amour, ou  le gardait pour lui, à tout jamais. Et puis il devait rester secret. "Maintenant que j'y pense, je devrais peut-être taillader ton squelette au couteau, vu ainsi, tu n'as pas l'air d'avoir bravé la tempête ou la misère." La douleur, cela vous cadenassait un homme à double tour. Hansel l'avait déjà ressenti, cette vile sensation qui trouait la peau, brisait les os, pour vous changer du tout au tout. Il en avait subi les envies, en restant prisonnier de cette dernière durant des semaines – ou du moins du sentiment qui l'avait pris aux tripes pour ne plus jamais s'en dégager : celui qui lui répétait qu'il pourrait la connaître, cette douleur, et plus rapidement qu'il ne le pensait, parce que le four n'était pas loin, et que la souffrance y irradiait de toute la force dont elle était capable. Cela n'aurait pas du pouvoir se passer. Un enfant n'a pas le droit de penser ne serait-ce qu'un instant que le four de la vie lui tomberait dessus pour l'avaler entièrement. Il vit au jour le jour, il se délecte des petits plaisirs simples et si le chagrin est parfois là, il s'éloigne rapidement pour lui laisser du répit, parce que c'est le principe. Un principe qui avait été bafoué, dans le cas d'Hansel. Jeter sur le sol, piétiné, jusqu'à en faire sortir l'essence même de l'enfance. Heureusement, il n'avait ressenti que la crainte. La crainte du jour suivant. Hansel, il n'avait pas réellement connu la misère.
Il était juste né de cette dernière.
Le rire du capitaine le tira de ses songes, et il plissa légèrement les yeux pour observer son regard vert, si profond – autant qu'un puits sans fonds – qu'il en était noir. Il réussit à le faire sourire, par ses mots comme par son expression amusée, qui pouvait réchauffer un être bien plus rapidement que mille et unes couvertures venues des contrées nordiques. Ce fut au tour du plus jeune de se redresser, peut-être un peu plus rapidement qu'il ne l'aurait voulu – il cacha sa grimace, et le flou qui s'installait dans son esprit se dissipa, le laissant un peu plus libre de ses mouvements qu'auparavant. Son mal aise se transforma en petit sourire qui n'avait rien à envier à celui de Sinbad, et bientôt il se retrouva agenouillé sur le lit qui les avait accueilli, eux et leur amour encombrant. L'horizon tanguait un peu, comme après une soirée alcoolisée, mais il mit cela sur le compte de la douce houle qui balançait l’Écorchée d'un côté comme de l'autre. Son visage se glissa, comme animé d'une vie propre, sur l'épaule lacérée du plus âgé. Ses lèvres, elles, se déposèrent à l'endroit même où était née une ancienne balafre, qu'Hansel embrassa, comme s'il avait le pouvoir de faire quelque chose pour réparer cet être qui lui avait causé tant de mal, mais dont il n'en voulait plus – il le voulait juste tout entier. "C'est trop tard pour y penser, puisque c'est déjà fait." murmura-t-il, légèrement amusé, même si ses propres morsures qui parsemaient sa chair seraient difficiles à dissimuler. Si la vie avait user de ses dents aiguisées contre Sinbad, elle ne l'avait pas laissé en reste. Soupirant doucement, son souffle chaud se répercutant contre l'épaules du pirate, il garda le silence planer un instant, presque apaisant, avant de reprendre de la même manière ses paroles qui signait l'arrêt de mort de l'ancien Hansel. Et oui, je pense que c'est mieux aussi. Dorénavant je ne donnerais d'explication à aucun de mes actes, et je ne te demanderais plus jamais ta permission pour me comporter de telle ou telle manière. " Il lui jeta un coup d’œil pour voir s'il le regardait. Ses canines mordillèrent sa peau, et ce geste simple d'être celui qu'il voulait être lui serra les entrailles, tandis que ses yeux pétillaient de malice. C'était étrangement délicieux. D'être ainsi, juste Hansel l'inconscient, un peu idiot, un peu vacillant. Et surtout avec lui.
Avec le palpitant des enfers, et le goût de la liberté qu'il avait désiré durant ce qui semblait lui être une éternité.
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⊱ pseudonyme : elf
⊱ tête mise à prix : luke evans.
⊱ crédits : swan, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 01/01/1970
⊱ tes licornes : poucet, cam et gil.
⊱ schillings : 0

⊱ ta race : pauvre mortel fragile.
⊱ allégeance : ni oui, ni non, tant qu'elle vient pas l'emmerder hein.

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sinbad ☾ and i'd sing a song, that'd be just ours but i sang 'em all to another heart EmptyMar 16 Déc - 15:54




Hansel et Sinbad
Pouvoir et désir vont de pair. Ils sont faits de la même substance maudite. Le deuxième dépend du premier, et vice versa.

Il est si frustrant et si bon à la fois de ne pas savoir. Il est si doux de profiter de l'instant présent sans se demander de quoi demain sera fait. C'est ce qu'il veut en ce qui concerne Hansel. Il ne veut pas se torturer l'esprit en se demandant quelle est la nature exacte de ses sentiments. Après tout, il ne sait pas très bien les gérer, il fait comme un blocage quand on lui demande et la seule personne vivante capable de lui soutirer une déclaration reste Kale. Ah ce second qui aura sa peau jusqu'à son sang. Du reste, il veut juste fermer les yeux, ressentir des frissons jusqu'à ce que ses poils s'hérissent, se lover contre ce lit de misère et recommencer leur erreur décisive. Sinbad doit être un accro aux galères. Il les collectionne comme on peut adorer avoir des tas de lampes ou pourquoi pas des boutons de veste. Depuis gamin ça le suit, c'est évident, c'est logique, ça va avec son prénom ainsi que son nom de famille. A dix ans déjà il ne pouvait fouiller les poches de quelqu'un sans qu'il se fasse attraper et que ceci se termine en une course mémorable. A douze ans il se perfectionnait un peu, néanmoins ce n'était rien de bien mirobolant. Et a quatorze ans il avait connu la joie de finir dans des cachots, pour sûr, son meilleur ami n'avait pu le sortir de là et il avait préféré tomber avec lui. Ce n'était que quelques jours certes, pas la mer à boire, toutefois à côtoyer les rats il avait fini par avoir des grimaces, le pire dans tout cela était le manque du soleil qui passait tout juste à travers la ridicule fenêtre disposée en hauteur. Le meilleur malgré tout était à venir, avec l'arrivée de son voyage, de son chiffre sept maudit et de ses pertes aussi longues que son bras. Sinbad il le fait pas exprès, il doit être un aimant à karma douteux, tout bonnement parce que si quelque chose de grave arrive, sans aucun doute ce sera pour sa pomme, et ça peut prendre bien des formes, tantôt délicat comme les formes d'une danseuse du désert, tantôt brut comme les éléments qui souhaitent sa perte, quelque part, là-haut, un personnage doit souhaiter qu'il décède dans les plus brefs délais. Heureusement pour lui, il n'est pas tant maladroit et il a toujours su se sortir de situations complexes, sans épiloguer pourtant sur le cyclope ou les serpents géants, son coeur lui donne la force de se relever ainsi que ses espoirs éteints. Le marin expérimenté aura beau essayer de se buter du contraire, ses rêves omniprésents donnent de l'ampleur à son sang qui tambourine sous sa peau, ils lui permettent de voir dans les nuages des formes inattendues et croire que dans l'eau des paroles se murmurent. Il est resté l'enfant, mélangé à la perfection avec l'homme changé qui, dans toute sa splendeur, ne veut rien de ce qui touche au passé, de son père trépassé tout comme sa mère partie bien trop tôt. Un gamin des rues, un marmot laissé pour compte, un débrouillard aux prunelles malicieuses qui découvraient à chaque fois. Quand bien même ce pétillement diablotin ne se voit que très peu de fois dorénavant, il est encore là, caché dans l'obscurité. Qui sait, son cadet pourrait être le prochain à avoir la chance de l’apercevoir ? Son sourire aux lèvres gardé, le froid agresse sa peau avec des tas de petites aiguilles toutefois ce n'est pas le pire, puisque des baisers s'écrasent sur son épaule le poussant alors à fermer les yeux. Il profite du peu qu'il peut avoir, en l'occurrence un amour inconsidéré qu'il ne pourra protéger des méfaits du temps et bien d'autres choses. Glissé dans son dos, le matelot prend plus que ses aises, ce qui à la réalité, n'est clairement pas pour lui déplaire. Inspirant profondément d'aise, il se demande s'il ne cherche pas à le faire retomber dans ses bras, reprendre ce qui a été fait, refaire naître en eux une passion interdite avouable par la chair. « C'est trop tard pour y penser, puisque c'est déjà fait. » Oh vraiment ? Pourtant cette nuit, en ayant exploré la moindre parcelle de sa peau il n'a remarqué aucune cicatrice aussi grosse que les siennes. Sur l'instant, ça ne lui revient pas, mais un bref rire sec s'échappe du coin de sa bouche quand il se remémore du fait que parfois, il use un peu trop de ses canines. Une petite moue sur sa mine tout juste réveillée, il ne saurait être concrètement désolé. Cependant avoir vu ses membres lisses dans leur totalité a eu le mérite d'aiguiser la curiosité de l'aîné, qui, connaissant un peu l'histoire du chasseur de sorcières, s'étonne de ne pas avoir croisé une quelconque marque de l'affreuse dévoreuse d'enfant qui eut la bonne idée de capturer les Denougatine. Il n'en sait pas plus. Il a entendu dire à gauche et à droite comme quoi une cage avait été utilisée, que la mégère avait été brûlée, qu'ils avaient marché, beaucoup marché, sans retrouver leurs parents. Ils sont de la même trempe, les délaissés de l'existence, elle qui ne les trouvait pas assez parfaits pour les garder plus longtemps. Jetés dans la fosse aux lions, aujourd'hui encore ils se battent contre des carnivores invisibles mais présents, ceux de Sinbad prenant la forme de nymphes cristallines et ceux d'Hansel ? Peut-être sa forme, ou bien des bonbons qui pousseront son âme inconsciente à la pure folie. « Et oui, je pense que c'est mieux aussi. Dorénavant je ne donnerais d'explication à aucun de mes actes, et je ne te demanderais plus jamais ta permission pour me comporter de telle ou telle manière. » Avec un tutoiement de surcroît ? Paupières ouvertes, il se concentre sur un point invisible, assimilant ses paroles anodines comme importantes. Très bien, en plus de faire comme chez lui, il tutoie son supérieur sans aucune gêne, d'ici peu l'aventurier du désert ne s'étonnera même pas de l'entendre prononcer son prénom. Un tournant décisif.
Un point d'honneur.
Ou peut-être un point final ? L'ancien confiseur prend sa vengeance sur son amant, tabassant sa peau avec ses dents d'une douceur telle qu'il préfère s'en accommoder un peu plus. C'est qu'il pourrait apprécier cette affectueuse agonie. Il en bouge pas, reste de glace, stoïque, même si intérieurement ça se réchauffe progressivement, ça bat, ça frappe, ça existe tout simplement comme ça peut le faire. Dévorant sa lèvre inférieure en profitant de sa caresse voulue sauvage, un gloussement de gorge lui échappe. « Oh, et maintenant je suis tutoyé ? Serait-ce un nouveau Hansel qui voit le jour ou bien une manière de me provoquer ? » Qu'il harmonise d'un ton moqueur. Il ne lui laisse pas le temps de continuer son travail mordant, il se retourne tout juste pour avoir son visage proche du sien. Il sent son souffle, son odeur, ses cheveux qui tombent agréablement sur ses épaules, ses muscles fatigués mais qui répondent encore à l'appel du large, et surtout ses mains calleuses. Selon Sinbad, celles-ci définissent une personne, séparant le fainéant du travailleur. La preuve en est avec son interlocuteur qui à son arrivée semblait sortir du ventre de sa mère, il n'avait pas le courage, mais il avait la détermination et ce qui avait tranché le choix du Septmers impassible. Petit à petit, à force de lui donner des tâches aussi ingrates que possible, tout son métabolisme avait suivi l'horrible cadence qu'il lui imposait. Encore maintenant, faire des cadeaux ce n'est pas son type, et si certes il ne se retrouve plus tant à passer une serpillère sur le bois souillé par des bottes anciennes, il n'empêche que l'huile de coude est toujours mise en avant et ce, peu importe la faveur, peu importe ses lèvres qui appellent à la damnation. Détaillant ses traits comme si c'était la première fois, assez rapidement il scelle son âme à la sienne dans un baiser aussi court que délicieux, ça lui refile la même impression à chaque fois, ça fait du bien, un bien si incroyable qu'il paraît sortir des chimères les plus élaborées sur ce royaume. « En tout cas, ce n'est pas bien déplaisant, toutefois n'oublie pas que si quelqu'un peut te mener la vie dure, c'est bien moi. » Menace qui en plus d'être vraie, perd de sa splendeur en sachant qu'il ne peut s'empêcher de rire. Ah, rire bêtement ça ne lui est pas arrivé depuis longtemps, naturellement surtout. Généralement, quand il se marre c'est surtout quand il a un verre dans le nez ou encore qu'il est avec son bras-droit et qu'ils s'échangent des joutes verbales digne d'une émission sur miroir. Envers Hansel, ce n'est jamais tant arrivé, utilisant sa hiérarchie pour le pousser quelque peu à bout. Pour son bien qu'il se disait, et encore maintenant ça n'a pas tant changé, quand il voit l'évolution de son protégé, il n'en est que trop fier. S'il y a encore des faits qui peuvent être améliorés, il ne cherche pas à le dénaturer, juste à lui faire rendre compte que dans les illusions il y a aussi les cauchemars, et que l'un ne peut exister dans l'autre, à l'instar du soleil et de la lune, de l'eau et du feu, de la terre et du vent. Restant proche de son visage, un second baiser se glisse sur son front, symbole d'un futur incertain. Il voudrait le posséder encore, jusqu'à la fin, jusqu'à ce qu'il en crève de bonheur, que rien ne puisse exploser ce cocon dans lequel ils se sont empêtrés en sachant pertinemment qu'un jour ça se terminera. « Pour ce qui est de tes marques, je ne parlais pas de ce genre, tu dois bien t'en douter. » Son souffle chaud se répercute sur sa peau à peine bronzée. « Disons juste que pour un homme borné et utopiste comme toi, je m'attendais à croiser la route de cicatrices témoignant de mauvaises chutes ou de mésaventures avant que tu ne montes sur ce navire. Pour un idéaliste chevronné, tu ne sembles pas prendre tes aspirations à la lettre. » Qu'est-ce qu'il cherche à faire ? A creuser un peu sans aucun doute, il veut en savoir plus, connaître ses plaies, les panser si besoin et pouvoir dresser un portrait sans failles de ce qu'il est. Il va de surprises en surprises, lui qui apprécie l'imprévisibilité de l'océan, il est servi avec cet être tout à fait exceptionnel, en ne faisant pas fi de leur immense dispute ayant causé plus de dégâts que voulut. Il lui vole une dernière embrassade vive avant de se retirer de la couverture, pour lui faire regretter son geste un sifflement de dents témoigne de son mécontentement quant à l'arrivée de l'hiver. Heureusement qu'il ne neige pas autant qu'à Yasen, sinon pauvre de lui, il serait obligé de mettre en suspens ses activités et les vagues ne seraient plus qu'un immense reflet gelé. De dos à Hansel, il ne cesse néanmoins pas de parler. « Mais dis-moi... » Qu'il commence en attrapant son pantalon en tissu brun, arrêté dan son élan il l'enfile pour vêtir le bas de son corps et concentré sur la ceinture en cuir sombre permettant sa fermeture, c'est une fois l'habit enfilé qu'il repose toute son attention sur le bellâtre encore bien encré dans le matelas. « N'as-tu donc rien de plus intéressant à faire que de rester avec un vieux marin d'eau douce comme moi ? Hm ? » Ajoutant à ceci une mine réjouie aussi intéressée que taquine, il reprend sans lui laisser le temps de réagir. « Après tout, il te reste peu de temps avant de devenir un véritable enfant de la mer, aussi goguenard et détestable. Tu devrais profiter du peu d'innocence qu'il te reste. » C'est ce qu'ils sont. Prendre le rang de marin c'est se faire à l'idée que la vision d'autrui change à l'égard du concerné, étrangement la compassion se transforme en un étrange dégoût surtout quand il s'agit de commercer dans l'illégal comme le fait ce pirate de malheur. Être marin c'est se faire aux légendes, être marin c'est accepter l'idée que la mort peut frapper à chaque seconde, être marin c'est se marier avec une immense étendue d'eau qui restera à jamais une alliée comme une ennemie. Il est devenu héritier du sel, et Hansel est sur la bonne voie pour rencontrer à son tour une entité qui fera pousser en lui l'exquise envie d'en avoir toujours plus. C'est une manière de vivre, de penser, de s'épanouir et un choix transcendant. La mer tue, la mer fait peur, la mer émeut, et surtout la mer sait.
Elle sait quand un de ses gosses s'amourache d'un autre.
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sinbad ☾ and i'd sing a song, that'd be just ours but i sang 'em all to another heart EmptyLun 22 Déc - 1:27




Sinbad et Hansel

j'étudie la mécanique de son cœur avec passion, je tente d'en découvrir les serrures bloquées, avec des clés douces. mais certains endroits semblent fermés à jamais

Il n'avait plus froid. Cela le fit légèrement sourire, tandis que ses canines mordillaient une peau déjà bien abîmée par les années, dans le seul but de lui laisser d'autres marques, qui elles ne témoigneraient pas en faveur de la violence. Hansel, il en avait assez de cette violence qui parcourait les rues sans foi ni loi, qui prenait hommes, femmes, et enfants sans faire le tri, sans prendre en compte l'innocence des uns, l'inconscience des autres. Elle le dégoûtait, Hansel. Il l'a voyait beaucoup trop sur l'épiderme de son pirate, et à chaque regard porté sur Sinbad il pouvait la remarquer, tapie dans le noir, ombre parmi les ombres qui demeuraient toujours, jusqu'à engloutir le monde. Ici, elle n'avait même pas de nom, du moins l'ancien confiseur ne le connaissait pas, car il savait bien que de chaque blessure faite au fer rouge ressortait une histoire, un fait étendu dans le temps, ou écourté par une fuite. Un voyage. Ou juste la moitié d'un, car Septmers avait reçu plus de sept coups. Un instant, son matelot voulut tout faire pour le protéger d'autres méfaits, en sachant pourtant que c'était impossible. Après tout, qu'était-il ? Un petit homme de pacotille. Un enfant parmi tant d'autres, un cœur trop gros pour une cage thoracique peinée de tout ce mal qu'on infligeait, qu'on s’infligeait, et qu'on ne pouvait pas parer. Un bouclier inutile. Un corps dans la masse. Pas unique pour un sou. Il ferma les yeux afin de ne pas voir le spectacle, et s'employa à continuer d'attribuer ses propres marques afin de cacher les autres, les immondes, celles qui faisaient le chagrin, et vous détruisaient de l'intérieur. Il se jura que si c'était la seule manière qu'il avait de le défaire de ces maux-là, alors il le ferait, et tant pis si cela prendrait du temps. De toute façon, son amour était bien assez grand pour survivre à ce sablier vicieux. Hansel, il n'avait pas la force de le défendre en attaquant de front, mais il pouvait panser ses plaies à vif, même celles appartenant à un autre âge – les pires, car elles ne s’effaçaient jamais complètement et vous restaient dans la peau, invisibles mais encore bien présentes, assez pour vous tourmenter encore et encore vous humilier. Oui, il pouvait cela. Il en était convaincu. Il n'était pas quelque chose de très grand, mais il essayerait tout de même, parce que sinon, comment savoir si on aurait pu le faire ou non ? Il préférait les remords aux regrets, Hansel. Il préférait être là que ne pas l'être du tout, que ne l'avoir même jamais été. Il ne se repentit d'ailleurs pas aux paroles de celui qu'il malmenait tendrement, gardant même son sourire suite au rire qui résonna dans la pièce, et le réchauffa un peu plus encore. Il n'aurait plus jamais froid. "Oh, et maintenant je suis tutoyé ? Serait-ce un nouveau Hansel qui voit le jour ou bien une manière de me provoquer ?" Un nouvel Hansel. L’intéressé se mit à réfléchir à la question presque sérieusement, puisque c'était exactement cela, finalement. Le nouvel Hansel. Comme s'il avait attendu tout ce temps pour faire son apparition, ayant du passer par des étapes différentes qui l'avait forgé chacune, parfois par un coup de marteau parfaitement ajusté, d'autres fois un peu plus maladroitement, comme si la vie avait ripé, manquant de détruire complètement son ouvrage, mais qu'un nouveau battement avait réussi à rattraper les erreurs, Un battement de cœur. Celui qu'il rata à nouveau de lui-même, quand Sinbad se retourna pour lui faire face, si proche qu'il ne put que se faire dévorer du regard par le matelot, avant de se faire dévorer tout court par ses lèvres accrochées aux siennes. Un baiser qui était trop peu, mais si savoureux qu'il ne put se résoudre qu'à l'aimer, en profitant pour passer sa paume de main sur l'une de ses joues, ses traits creusés par l'océan et le sel qui semblait avoir façonner le pirate, à croire qu'il était né pour faire parti du grand large, et qu'il n'était bien que sur ces eaux ténébreuses. Si Hansel n'avait jamais su pourquoi certains hommes étaient appelés par ce désir de monter sur un navire, maintenant il comprenait. Un peu plus qu'hier, un peu moins que demain. L'océan était enivrant. Certains plus que d'autres. De cela il en était certain. Petit sourire amusé aux lèvres, presque narquois dans sa manière de s'être glissé juste en coin, il lui fit face, parce qu'il n'en avait plus peur, de l'océan. Plus vraiment. "La provocation n'est plus de mise depuis longtemps." répliqua-t-il, alors que le rire du capitaine se faisait encore entendre. C'était bon, de le voir rire. C'était peut-être même le mieux. Hansel se disait souvent qu'il n'y avait plus assez de rires dans le monde pour raviver un peu les couleurs des choses, qui se ternissaient petit à petit pour ne devenir que noirceur. Alors peut-être que l'amusement de Sinbad n'était parfois que de la moquerie, ou que ses fous rire étaient peu être du à l'herbe à chat, mais ici tout était différent. A bien réfléchir, tout l'avait été depuis le début. "En tout cas, ce n'est pas bien déplaisant, toutefois n'oublie pas que si quelqu'un peut te mener la vie dure, c'est bien moi." Même les promesses avaient un autre goût. Son sourire ne cessa pas de lui manger la moitié du visage, l'autre étant grignoté par ses prunelles brillantes. Septmers restait son capitaine, quoi qu'il arrive. Peut-être plus, parfois moins, mais il y aurait toujours cette facette polie le concernant qui lui donnerait le rang de supérieur, et Hansel l'acceptait déjà, parce qu'il ne pouvait pas faire autrement, de toute manière. C'était ainsi. Et à moins de démissionner, la dernière chose qu'il aurait désiré sur cette maudite terre, la situation demeurerait intacte. Le matelot n'avait pas peur. Il n'était peut-être pas tout à fait prêt, mais cette image ne l'effrayait pas. Elle lui faisait juste un peu de peine, parce que cela paraissait idiot, au fond, de ne pas pouvoir faire comme tout le monde, au moins une seule fois dans sa vie. Comme si Denougatine y parviendrait un jour.
Il n'eut pas le temps d'ajouter quelque chose que Sinbad reprenait déjà la parole, et n'en trouva même pas l'utilité. Il se borna donc à le regarder le cœur chamade et les yeux trop grands. "Pour ce qui est de tes marques, je ne parlais pas de ce genre, tu dois bien t'en douter. Disons juste que pour un homme borné et utopiste comme toi, je m'attendais à croiser la route de cicatrices témoignant de mauvaises chutes ou de mésaventures avant que tu ne montes sur ce navire. Pour un idéaliste chevronné, tu ne sembles pas prendre tes aspirations à la lettre." Murmures qui le firent légèrement frissonner, en l'atteignant plus qu'il ne l'aurait imaginé. C'étaient des mots pour comprendre, plus que pour énoncer un fait inévitable. Ils restèrent bien ancrés dans l'esprit de l'ancien confiseur, qui protesta d'ailleurs beaucoup moins fort qu'il ne l'aurait cru lorsque le marin se détacha finalement de lui pour sortir de leur couche de fortune et se vêtir. Sa paume  revint simplement à sa place initiale - son genou, et ses dents vinrent attaquer ses propres lèvres puisque Sinbad n'était plus à porté de main. Quant à ses yeux, ils s'attardèrent sur le corps du capitaine, et vinrent altérer ses pensées qui s'éternisaient sur son passé si miséreux qu'il n'en avait gardé aucune trace pour témoigner. L'ironie du sort. Les cicatrices étaient dangereuses, certes, et viles, au pouvoir incertain, mais elles avaient au moins pour elles cette utilité qu'était d'aider à se souvenir, pour mieux prendre du recul et non pas oublier mais atténuer la colère. Hansel, il n'avait pas ça. Il était juste à vif. Il avait oublié trop vite, et  la haine était revenu en force bien plus tôt que prévu. C'était ainsi qu'on faisait les enfants instables. Ceux qui fermaient leur clapet pendant des années pour le rouvrir après coup, en implosant par la même occasion.
Songeur, le jeune homme continua à observer sans discrétion aucune son amant, du haut de son crâne surmonté d'une toison brune et ondulée, jusqu'à ses pieds dénudés de ses bottes abîmées. Ils avaient finalement beaucoup de points communs. Tout deux représentaient la violence, de différentes manières, qui revenaient pourtant toute en un même point. La violence de la vie, la violence de leurs existence. Mais il y avait quelque chose d'autre chez Sinbad, qui retenait l'attention du cadet, parce que c'était beau, de voir qu'émanait de lui, outre son aura de légende, une certaine douceur qu'il lui apportait, lui tordait le ventre, et lui brûlait les joues. Hansel ignorait s'il pouvait faire ça, lui aussi, s'il pouvait rendre quelqu'un ainsi, mais il  espéra de tout son cœur être ça pour le capitaine, car c'était la plus belle façon d'être soigné. "Mais dis-moi..." L'interpellé cligna des yeux, et les releva, faisant le chemin inverse jusqu'à son visage caché, qu'il pouvait deviner pourtant, même de dos. Les traits faits par le sel et la nuit, cela ne s'oubliaient pas. "N'as-tu donc rien de plus intéressant à faire que de rester avec un vieux marin d'eau douce comme moi ? Hm ?" Ses prunelles lui réapparurent, et il put lire dans ces dernières la taquinerie qui le caractérisait tant. Le matelot cessa pourtant de sourire, du moins essaya, afin de se donner une mine des plus sérieuses, pourtant mise à l'épreuve quand Sinbad conclut, à sa manière, celle qui vous donnait le pouvoir de voler. "Après tout, il te reste peu de temps avant de devenir un véritable enfant de la mer, aussi goguenard et détestable. Tu devrais profiter du peu d'innocence qu'il te reste. "  Hansel retint un ricanement en l'entendant, et ne fit que lever les yeux au ciel. Il doutait qu'être un enfant de la mer voulait dire se montrer abominable, imbuvable, tellement que c'était là la raison qui avait poussé le capitaine à rester sur l'océan car on ne l'acceptait plus sur terre, avec la populace normale, les gens de bonne famille. Les honorables. Ceux qui possédaient encore l'innocence, mais qui n'étaient rien à leurs yeux, juste une masse, un peu plus froide à Yasen, un peu plus idiote à fort fort lointain.
Hansel n'en faisait plus parti. Il n'était pas alors qu'un corps dans la masse. Il était. Tout simplement.
Il se laissa retomber vivement sur le dos, drapé d'une maigre couverture qui lui arrivait au bas ventre, et d'un sourire de brigand rêveur. "Non !" dit-il d'une voix assurée, si bien couché qu'il aurait été d'accord d'y passer une éternité. "Je n'ai absolument rien de prévu pour les prochains mois." Juste être là. C'était déjà bien assez, d'après lui. Et sur le moment, il ne trouva rien de plus important à faire. Ses yeux rencontrèrent le plafond qui ne tanguait même plus. L’Écorchée était une maison – non. L’Écorchée était un palais. Et la cabine du capitaine, une chambre de prince.
Le prince du désert.
Celui qui n'avait pas de couronne, et qui n'en réclamait même pas.
"Ou peut-être me faire une ou deux cicatrices, qui sait. Tu pourrais même m'apprendre, tu as l'air d'être compétent en ce domaine." Lèvres pincées, cœur ouvert. De travers. Hansel continua à arpenter de ses prunelles les planches de bois sous leurs têtes. Elles semblaient tenir en équilibre précaire, comme ses mots, qui espéraient dire les choses sans passer pour curieux, ou peinés par cette triste fatalité. Les mésaventures connaissaient Sinbad bien plus que son matelot ne pouvait se vanter. Elles lui collaient à la peau, si fort qu'il en était presque jaloux, et s'il voulait connaître le passé du capitaine, qui en parlait un peu, un peu plus que lui en tout cas, il ne savait pas s'il était prêt à l'entendre, comme Sinbad à le révéler. Il se rendit soudain compte qu'en effet, le marin ne savait presque rien de sa personne, du moins pas grand chose. Il avait juste été témoin et acteur de ces six derniers mois, mais pour le reste, rien. De la poussière. Du néant. Le cœur d'Hansel se mit à battre plus rapidement. Si on voulait tout savoir de quelqu'un sans lui dire ne serait-ce qu'un petit bout de nous, ce n'était pas du jeu. C'était de la triche. Et Hansel n'était pas un tricheur. "C'est vrai que ma peau en manque. Pourtant ce n'est pas faute d'avoir essayé..." continua-t-il donc, un peu plus doucement, les iris maintenant dans le vague. Il racontait comme dans un souvenir. En faisant des pauses. En omettant des faits. C'était flou. C'était lui. Mais pour Sinbad il voulait bien faire l'effort. "Comme quoi la chance a une étrange façon de faire le tri parmi ses priorités. A chacune de mes chutes elle était là pour me remettre sur pieds, mais elle s'est aussi bien jouée de moi." C'était peut-être finalement bien, de parler. Un peu. Pour commencer quelque chose. S'embrasser et se parler. C'était mieux que de se battre et se déchirer. "Elle ne sait pas doser. Elle t'a laissé dans le doute, et moi elle m'a poussé à m'en sortir. Ce n'est pas juste."  Non, ça ne l'était définitivement pas. Mais on pouvait toujours changer la donne,
et quitter la maison de pain d'épices ensemble.
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sinbad ☾ and i'd sing a song, that'd be just ours but i sang 'em all to another heart Tumblr_nu0srp6YEl1rjl6wko2_250

⊱ pseudonyme : elf
⊱ tête mise à prix : luke evans.
⊱ crédits : swan, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 01/01/1970
⊱ tes licornes : poucet, cam et gil.
⊱ schillings : 0

⊱ ta race : pauvre mortel fragile.
⊱ allégeance : ni oui, ni non, tant qu'elle vient pas l'emmerder hein.

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sinbad ☾ and i'd sing a song, that'd be just ours but i sang 'em all to another heart EmptyMar 23 Déc - 20:08




Hansel et Sinbad
Pouvoir et désir vont de pair. Ils sont faits de la même substance maudite. Le deuxième dépend du premier, et vice versa.

L’Écorchée semblable à un fantôme continue son agonie longue et douloureuse, contenant en son ventre des marins qui ne savent plus comment la dompter. Semblable à une femme, la surface faite de bois s'avère aussi mélangée de bien des mystères, de bien de vécu et surtout d'un nom qui en révèle énormément sur le capitaine - ainsi que son second. C'est une longue léthargie qui résume à peu près son existence, bien sûr que les bateaux perdus en mer ont eu des prénoms, des nominations aussi glorieuses que peu crédibles. Malgré tout, et à force de ces sept voyages, Sinbad en a conclu une chose ; il ne faut jamais mentir sur une renommée qui ne se fera jamais. Un jour il en était de l'invincible, de l'autre l'insubmersible, ils étaient des monstres des océans qu'aucune bouche du diable ne pouvait faire tomber dans ses abysses. Et pourtant, ce n'est qu'après sept dures années qu'il s'est rendu compte que rien n'est éternel, certainement pas une bicoque flottante qui au moindre coup de vent se veut dévorée par le temps. Des morceaux, il n'en reste que des bouts croqués par les poissons, voire des cendres dans bien des cas. En ce qui concerne cette réadaptation de souvenirs, ce navire de malheur, voilà depuis près de six ans qu'il tient joyeusement la route, en ayant bien sûr eu quelques cicatrices à l'instar de son propriétaire qui ne cesse de les collectionner. Les compter ? Est-ce qu'il en a déjà eu ne serait-ce que l'idée ? Parfois, en revanche le courage pour le faire il ne l'avait jamais eu, et approximativement il dirait qu'une belle dizaine de marques s'installent sur son corps - grandissant au fil du temps. La chair marquée à vif, la peau lacérée, le fer traversant les os tout comme les dents qui se sont accrochées à ses avant-bras, si le corsaire ne voit plus aucune utilité à son existence, il se donne cette peine pour les âmes damnées qu'il a jetées directement dans la gueule du loup, sans même leur laisser le choix. Il le fait pour eux, pour ces autres prénoms inscrits dans son crâne, pour ces visages qui ne cessent de chanter leur oratorio, probablement pour faire regretter à ce supérieur de pacotille d'avoir eu la langue bien pendue. Venez, qu'il avait dit, venez je vous promets de l'or, des soieries précieuses ainsi que des épices ! Vous reviendrez riches, qu'il avait ajouté un grand sourire sur la face. Il n'avait pas menti, il avait évidemment ramassé le magot avec son ami d'enfance, mais à quel prix ? Celui de vies gâchées, de femmes veuves et d'enfants laissés sur les quais. A ne pas en douter, si Sinbad avait de l'audace, il aurait certainement adopté ces marmots orphelins, aurait joué le rôle du père oublié jusqu'à ce qu'ils deviennent adultes. Faut croire que la fuite est dans son sang, le déni aussi, il fait selon les priorités et sous la lune, il a juré ne plus encourir de perte aussi quelconque soit-elle. Malgré tout, une question peut se poser, qui est le fautif dans cette histoire ? Est-ce réellement cette malchance donnée à sa naissance ou bien lui-même qui cause les drames ? A la réalité, Sinbad ne saurait pas répondre à cette question, il se contenterait seulement de hausser les épaules, certainement de peur de connaître la réponse. Il ne veut pas faire de mal, ce n'est pas dans ses principes, auquel cas il devrait tuer un homme, ce serait pour la bonne cause, sa survie ou celle d'un autre, il ne fait rien sans rien, et pas pour le plaisir de tuer. Quand il détruit, c'est plus par maladresse, par envie de partage et de donner son rêve à ceux qui veulent bien poser un pied dans son univers bourré d'aventures abracadabrantesques. Hansel l'a voulu. Hansel le fait. Hansel a même jeté sa carcasse tête la première, ne voyant que le bon et pas le mauvais dans cette histoire mêlant tout et n'importe quoi. C'est même pas que son souffle qui est en péril, c'est son coeur entier - qui risquerait de se briser en deux temps trois mouvements à cause du prince du désert. « Non ! Je n'ai absolument rien de prévu pour les prochains mois. » Les prochains mois ? Les choses dites ainsi paraissent étranges, comme si son cadet songeait réellement à passer ses prochains temps ici ainsi que le reste de sa petite vie ennuyeuse. Fronçant les sourcils, l'estomac du forban se tord de manière indélicate, si bien qu'il en grimace et pose une attention toute particulière au parquet. Sinbad, il a toujours eu cette habitude de zieuter ailleurs quand il aime pas trop ce qu'il entend, quand ça lui refile la trouille et que ça le pousse par extension à chercher une façon de se rassurer. S'éloigner de la réalité, le plus possible. Le plus déplorable, c'est que évidemment, étant capable de donner des ordres, de cracher à la figure d'un traître et vice-versa, il ne peut même pas s'occuper d'une ridicule amourette qui ne mènera pas large selon sa conscience trop mauvaise. Quand ça touche les émotions, ça fait mal. Il devrait sérieusement penser à filer sur une île déserte entourée de requins blancs, attendant le moment décisif pour jeter leurs dents sur cet homme maigrichon qui se meurt, lui qui jadis avait une si grandiose renommée. « Ou peut-être me faire une ou deux cicatrices, qui sait. Tu pourrais même m'apprendre, tu as l'air d'être compétent en ce domaine. » Sourire pauvre sur la trogne, sa joie s'amenuise progressivement, et bien que planté sur le sol, il a l'impression de voler vers d'autres horizons, là où les sujets fâcheux ne se murmurent que très peu. Ah ! Si seulement le passé était réellement mis de côté, si seulement personne ne s'attardait sur ce qu'a pu faire un être mais bien sur son présent et rien d'autre, si seulement beaucoup de choses finalement. Tout cela équivaudrait à changer la nature humaine, et si Sinbad est capable de bien des miracles, il ne peut encore prendre la place d'une entité magique.
Néanmoins, que serait le résultat alors ?
Nul doute qu'il en résulterait un pur massacre, le royaume de Fort Fort Lointain ne serait pas aussi paisible, et lui en tant que dirigeant ne serait pas aussi bon. Diriger une vingtaine d'hommes n'est pas comme avoir une pression immense sur le dos, en devant gérer l'argent du royaume, organiser des fêtes et qui sait quoi encore ? Non, non, définitivement, Sinbad Septmers n'est pas fait pour refaçonner l'univers à sa guise. Autant qu'il reste dans son coin, avec sa douleur, ses mésaventures et son amant dans son lit, affalé et pas prêt de partir. « C'est vrai que ma peau en manque. Pourtant ce n'est pas faute d'avoir essayé... » Si l'on parle de ses entraînements, il est vrai qu'Hansel n'a pas encore reçu de traitement de faveur, toutefois, il faut croire qu'il se débrouille assez bien pour ne pas avoir été percé de membres en membres comme une passoire. Même sur le terrain, quand bien même a-t-il provoqué une presque chute de cette petite famille, il n'a pas été touché - si ce n'est psychologiquement par son petit temps en prison. Est-ce qu'il parle seulement de ça ? L'aîné en doute, reste penché sur le bois craquant, accordant une attention toute particulière au timbre de sa voix, si doux que ça lui refile des frissons le long de l'échine, loin d'être désagréable.  « Comme quoi la chance a une étrange façon de faire le tri parmi ses priorités. A chacune de mes chutes elle était là pour me remettre sur pieds, mais elle s'est aussi bien jouée de moi. » Là, il arrive sur un terrain beaucoup plus dangereux. Celui de l'avant, même pas celui de l'hypothétique après, loin de là, c'est une époque révolue qui revient à la surface. Il est vrai que du peu qu'il en sache, il y aurait eu un litige avec une sorcière dévoreuse d'enfants, de ce qu'il en sait, les deux gosses Denougatine se sont enfuis sains et saufs, en revanche, il n'a jamais été dit ouvertement ce qui s'est réellement déroulé dans l'enceinte même de la petite maisonnée en pain d'épices. Qui s'est débarrassé de l'affreuse peau verte ? Qui a eu une idée de génie ? Là, c'est l'oubli, le point noir qui le pousse à froncer les sourcils, perplexe, tout en passant ses mains sur ses hanches, faisant craquer par extension ses épaules dans un mouvement lent. « Elle ne sait pas doser. Elle t'a laissé dans le doute, et moi elle m'a poussé à m'en sortir. Ce n'est pas juste. » Petit rire qui apparaît à la surface, encore une fois. C'est adorable de se dire que parfois, certaines personnes aimeraient prendre votre place. Est-ce qu'il aurait lui, survécut à tant de misère ? Est-ce qu'il aurait eu la force de corps de tenir sous le fouet d'un marchand d'esclaves ? Est-ce que sa peau aurait supporté les morsures des serpents géants ? Est-ce que même, il serait sorti indemne des chutes que Septmers a vécues ? Il en doute, grandement. Non pas qu'il n'ait pas le gabarit pour, mais il suppose plutôt que s'il a la malchance, il a la chance aussi, et quand bien même il souhaiterait mettre fin à toute cette lumière, une force conséquente lui en empêcherait. Elle veut juste le marquer au fer rouge, lui faire regretter d'avoir voulu prendre en mains son propre destin. Haussant les épaules par automatisme, il cherche du regard sa chemise, en à peine quelques secondes il la retrouve balancée sur son bureau. Il l'attrape, l'enfile rapidement tout en remontant ses manches tel un travailleur prêt à se prendre la ristourne de sa vie. Laissant un silence planer, c'est quand enfin il se pose sur le rebord du lit qu'il reprend le fil de cette conversation qui, il en est sûr, rouvrira plus que des sutures. « Si la vie était juste, cela se saurait. Je ne pense pas qu'il y ait quelconque justice en ce bas-monde. Regarde simplement autour de toi, des femmes vendent leurs corps pour quelques pièces, d'autres meurent de faim dans les caniveaux, j'estime à mon humble avis que nous sommes quelque part chanceux. En quoi, je n'en ai pas la moindre idée. » Coudes posés sur ses genoux, il se penche vaguement vers l'avant, passant son menton entre ses mains, s'il est obnubilé par la porte de sortie, sa vision se trouble assez vite, il repose tout sur le bellâtre encore un peu endormi. Il lui adresse un autre sourire, une mine presque heureuse, bien que mêlée à la mélancolie la plus pure. « Ce qui veulent vivre sont obligés de mourir, et ceux qui veulent mourir sont obligés de vivre. C'est ainsi, et je ne souhaite pas que tu endures un jour ce que moi j'ai pu traverser, parce que je peux t'assurer une chose... Les nuits ne sont plus si reposantes, bien au contraire. » Tapotant son index sur son menton en signe de réflexion, il se redresse derechef, le dos bien droit et la tête penchée en arrière par automatisme, il laisse un suspens. Un instant, quelques secondes, si courtes qu'il ne peut s'empêcher de les rattraper avec des traits déconfits. « C'est le prix du sacrifice, de la sincérité qui finalement n'a pu que conduire au mensonge. » Le sacrifice. Vraiment ? Est-ce cela qui convient ? A en juger par le chiffre sept qui pend joyeusement au-dessus de sa tête, ce serait exactement ça le bon terme. Le sacrifice. Donner une centaine d'âmes pour rattraper la nôtre, donner plus pour garder quelques années qui ne se résument qu'à un vide gigantesque. Le sacrifice qui s'est imposé. Ceux qui se sont fait trucider pour un homme qu'ils considéraient comme un chef. Il n'est pas un conquérant, il n'est rien de plus qu'un rêveur aux vêtements et ambitions bien trop grandes pour sa petite tête. « Qui plus est, être marqué extérieurement ne veut pas signifier forcément quelque chose. Par contre, intérieurement, c'est une autre paire de manches et je suis convaincu que de ce côté-ci, tu me bats sans même avoir besoin de sortir les armes. » Il s'éloigne du sujet principal, de son unique confession qui aurait pu pousser Denougatine à faire la moue, si ce n'est le plaindre d'une certaine façon. Il n'en veut pas, il ne souhaite pas le peiner, préférant certainement le rôle d'un libérateur ou quelque chose dans ce registre. Pourquoi pas un sauveur, tiens ? C'est que ça le changerait. Adieu la légende morne, bonjour le sauveur étincelant. Il reprend un peu forme, glisse son mollet droit sous sa cuisse gauche, laissant pendre une jambe dans les airs. Il en vient à passer ses doigts sur une mèche de cheveux de l'autre tête bouclée, la plaçant d'un côté pour empêcher sa vision d'être troublée - ou bien plus profond, souhaitant tout bonnement une caresse, un contact avec sa peau trop parfaite. L'autre main quant à elle, se laisse glisser sur la chaîne en argent qui orne son cou halé, descendant jusqu'au pendentif pierre de lune. « Hm ? » Pour ponctuer sa morale d'un questionnement. Qu'il parle, qu'il le rassure ou au contraire l'enfonce dans ses retranchements. Qu'il lui affirme que non, il est pas seul, qu'il ne l'a jamais été, que la poisse c'est pas que pour les autres, que les pertes sont nombreuses et qu'elles ne se résument pas à d'autres hommes, bien au contraire, il en est de la perte d'un bout d'âme, d'un être qui a voulu se construire, mais qui dans sa quête s'est planté si bien que tout a été changé. Qu'il lui démontre que lui aussi a autant égaré, qu'il lui offre une certitude que l'enfer n'est pas tant les autres.
Et qu'ils sont eux seuls, leurs propres démons.
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sinbad ☾ and i'd sing a song, that'd be just ours but i sang 'em all to another heart EmptyLun 29 Déc - 2:13




Sinbad et Hansel
j'étudie la mécanique de son cœur avec passion, je tente d'en découvrir les serrures bloquées, avec des clés douces. mais certains endroits semblent fermés à jamais

Le jour se levait péniblement sur leurs souvenirs impérissables, tout doucement, comme pour ne pas les interrompre dans leurs murmures faits par les mots comme par les gestes, comme avait pu le vivre le plus jeune, maintenant allongé ici-même, dans ce lit-là, dans cette cabine qui n'était pas la sienne. Cela l'étonnait encore, mais il doutait être le plus surpris de tous si d'autres se rendaient compte de cette ignominie. Un instant d'ailleurs il songea à ce qui se passerait lors de ce moment fatidique, cauchemar germant dans le creux de son esprit pour ne plus jamais en repartir, car il fallait bien tourmenter un peu les rêveurs. On ne pouvait pas dire que l'ancien confiseur était très professionnel, à l'instar de son capitaine, et cette faute serait utilisée contre eux, bien plus importante que le statut de légende de l'un, et le cœur de l'autre. Après tout, qu'étaient-ils pour le monde ? Et que pouvaient-ils être de manière légale ? Des hommes qui avaient vécus, en commettant des erreurs qu'ils se traînaient toujours à travers les intempéries de leur existence. De simples marchands, et pas les meilleurs. Des frères, des fils pour d'autres âmes, en d'autres lieux. Des silhouettes qui revenaient parfois, repartaient souvent. Ils deviendraient des parias, s'ils ne l'étaient pas déjà. D'humains ils passeraient à l'état de monstres à éliminer, erreurs de la nature, malades de naissance, parce que la différence faisait peur, et qu'on préférerait savoir que c'était le loup qui avait tué la fillette que le contraire. Il fallait faire dans l'ordre des choses. C'était la clé, pour une existence paisible et sans anicroches. La jeune fille devait se taire, puis hocher la tête, et se marier avant d'avoir des enfants à nourrir, car c'était là la vie qu'on avait tracé pour elle, depuis des générations, et qu'elle n'était pas autorisée à la transgresser pour des passions passagères, et des idées tout aussi saugrenues. En se basant sur ces faits qui dictaient une armée d'esprits poussiéreux, Hansel avait fait plus que transgresser les règles de bonne conduite demandées. Quant à Sinbad, il n'était pas mieux loti. Ils avaient au moins le mérite de tous les deux l'avoir choisi. Et s'ils n'auraient pas du se trouver ensemble dans cette cabine aux couleurs du soleil, ils l'étaient tout de même. Hansel avait même décidé d'y rester, corps et âme. Un an ou quinze. Une éternité ou deux. Parfois pourtant, il sentait qu'il ne l'avait toujours pas quittée. La maisonnette faite en pain d'épice, l'antre sucrée de la dévoreuse. Et quoi qu'il pouvait en dire pour parfaire ses paroles toutes faites, ses je vais bien ne t'en fais pas qu'il déclamait à la pelle, il avait réellement laissé quelque chose là-bas. Un petit bout de son âme, un morceau de son être, celui qui, perdu, le rendait vulnérable, comme si l'enfant qui était mort dans le feu brûlant revenait toujours le hanter, malgré le temps qui filait pour le semer. Il avait beau tenté de le refouler, de lui briser les dents, lui arracher sa peau chimérique, le fantôme demeurait, intact et tranquille, ombre dans la nuit qui visait à lui remémorer tout ce qui s'était passé. Et Hansel resterait donc toute sa vie l'orphelin. Un de ces abandonnés qui peuplaient la surface de cet univers définitivement incompatibles à leurs songes misérables. Il continuerait jusqu'à la fin à rêver d'aller de l'avant, le sourire aux lèvres, en attendant que son destin lui tombe sur le coin du nez, sous la forme d'une porte à ouvrir, d'un navire qui prend la mer, mais toujours son cœur resterait enfoui quelque part sous les décombres de la maison. Palpitant mal géré qui lui faisait de la peine, et le privait de sa lucidité. Il pouvait le sentir à l'heure qu'il était, les yeux accrochés aux échardes du plafond. Le défectueux se tordait dans tous les sens pour espérer repartir sur le bon pied, mais il n'en était pas moins le même qu'à l'abandon des Denougatine, battant la chamade, et priant pour se faire rattraper au vol après coup, afin de ne plus être le laissé-pour-compte. Il fallait se sentir aimer pour pouvoir aimer.
Et c'était là l'éternel soucis des abandonnés, qui hurlaient leur désespoir à s'en écorcher la gorge, ou se taisait jusqu'à plus soif, jusqu'à ce que même leurs larmes ne soient plus adressées qu'à eux-même.
Hansel ne voulait pas être de ceux-ci. Jamais.
Il voulait s'ouvrir, lui parce que c'était là la meilleure manière de ne pas souffrir.
Mais il n'avait jamais trouvé le bon moment pour le faire.
"Si la vie était juste, cela se saurait. Je ne pense pas qu'il y ait quelconque justice en ce bas-monde. Regarde simplement autour de toi, des femmes vendent leurs corps pour quelques pièces, d'autres meurent de faim dans les caniveaux, j'estime à mon humble avis que nous sommes quelque part chanceux. En quoi, je n'en ai pas la moindre idée." La justice. Il esquissa une grimace, tandis que ses oreilles entendaient le pirate qui cherchait ses affaires échouées ici et là, témoignage amusant de la nuit passée, puis finir de s'habiller – sans le voir pour autant puisque ses pupilles fixaient toujours le plafond comme si elles avaient voulues le transpercer pour observer le ciel dans ses plus beaux effets. Lui qui recherchait toujours de l'air dans les discussions à cœur ouvert, ici il n'essayait même pas de sortir du lit, car il y était bien, et comme il l'avait promis silencieusement, il y avait élu domicile. Les paroles du capitaine le rendaient tout de même moroses, car ce n'était pas là des mots qui faisaient plaisir à entendre.  On se voilait toujours la face. Tous. On croyait à une justice, alors qu'il n'y avait rien hormis eux. Des humains pataugeant dans leurs propres enfers. Malades de naissance. Un soupir se forma à la bordure de ses lèvres rosées, et ses songes n'eurent pas de mal à brosser le tableau que décrivait Sinbad. Les chanceux n'existaient finalement pas. Du moins pas ici, sur cette terre. C'était ce qu'Hansel aurait murmuré s'il avait été un pessimiste.
Mais il ne l'était pas.
Derechef il reposa son regard sur Septmers, comme pour intercepter son sourire tissé dans la mélancolie. Un moment il voulut se déplacer vers lui car le pirate semblait distant, pour se reprendre et le laisser continuer, puisqu'il commençait à savoir comment la mécanique de son cœur fonctionnait. Il avait mis du temps à cerner difficilement le personne qu'était son capitaine, mais maintenant il pouvait le dire sans douter, il parlerait encore, et cela le tuerait encore. Et toujours, il l'espérait du moins. "Ce qui veulent vivre sont obligés de mourir, et ceux qui veulent mourir sont obligés de vivre. C'est ainsi, et je ne souhaite pas que tu endures un jour ce que moi j'ai pu traverser, parce que je peux t'assurer une chose... Les nuits ne sont plus si reposantes, bien au contraire.' Au moins disait-il les choses comme il l'entendait. Hansel y décela une pointe d'amertume, et il eut envie de lui demander ce qu'il avait endurer, réellement, pour savoir enfin, et non pas brasser de l'air pour rien. Comment guérir quelqu'un de maux dont on ignorait tout ? Même en étant aussi obstiné que Denougatine, la chose était impossible à faire, et même à penser. Chacune de ces cicatrices qu'il pouvait voir dans les yeux du capitaine resteraient donc un poison incurable, jusqu'à ce qu'on veuille bien lui donner un nom. Et c'était pareil pour le cœur du matelot, qui peinait à suivre la cadence. Hansel ne put empêcher une certaine tristesse de l'envahir doucereusement. L'humain ne pouvait-il donc jamais se sentir vraiment bien quelque part ? Il fallait toujours qu'il se rende l'existence difficile, jusqu'à la pourrir lui-même, suppliant du même fait les autres de le faire pour lui. Cela peinait le cadet, qui espérait autre chose de l'avenir dangereux mais aimable, qu'il voyait prendre forme petit à petit, à mesure que les journées défilaient sous ses yeux. "C'est le prix du sacrifice, de la sincérité qui finalement n'a pu que conduire au mensonge." Un sacrifice qu'il voyait dans chaque estafilades présentes au rendez-vous. La sincérité elle, se trouvait dans cette phrase qui happa le matelot sans vergogne, et le mensonge aurait conduit ce dernier à se terrer dans son coin pour faire la sourde oreille devant des paroles aussi peu idéalistes, ce qui n'était pas lui. Cela l'aurait ainsi définit comme une imposture qui ne désirait nullement savoir pourquoi ces mots-ci avaient été choisis à la place d'autres, alors que c'était douloureusement le cas. Sinbad avait des allures d'un vieil ouvrage secret trouvé sans aucun hasard, et ici pour être découvert de la première page à la dernière, recelant de mille trésors – mille et uns, peut-être. Il s'était offert à Hansel, qui ignorait par où commencer sa lecture, car chaque ligne racontait sa propre histoire, enlacées les unes aux autres. Et il savait comme les histoires les définissaient. Comme elles les faisaient se trouver, puis se retrouver, éternellement. Elles forgeaient les âmes, elles les unissaient dans l'encre, et de ce fait dans le temps. Il resta immobile, le regard ne déviant jamais autre part que dans les yeux de son pirate. "Qui plus est, être marqué extérieurement ne veut pas signifier forcément quelque chose. Par contre, intérieurement, c'est une autre paire de manches et je suis convaincu que de ce côté-ci, tu me bats sans même avoir besoin de sortir les armes. Pirate qui continuait à malmener son amant, en réussissant à l'atteindre sans pour autant le détruire, comme les hommes avaient l'habitude de faire entre eux. Il sentit sa peau effleurer la sienne afin de remettre sa chevelure indomptable en ordre, et cette caresse éphémère le fit frissonner agréablement. Il était réveillé, à présent. C'était un fait indéniable, comme celui qui disait que son cœur battait encore la chamade, et qu'il ne s'arrêterait plus jamais maintenant qu'il avait trouvé une bonne manière d'exister. "Hm ?" Son sourire revint se faire une place sur son visage où la douceur transparaissait clairement, comme si elle avait voulue répandre partout une poignée de pigments colorés, mais surtout sur les songes de Sinbad, pour les laver de ses doutes et faire regretter à la noirceur d'être entrée dans la brèche qui s'était offerte à elle à chaque coup reçu – ou porté.
Hansel l'observa un instant, puis se décida à se relever, brusquement, pour faire taire la mélancolie qui l'envahissait. Un coup de pied dans la fourmilière des rouges souvenirs, des heures noires du passé. Il s'assit donc sur le lit, les jambes rabattues sur le côté de manière à ce que leurs visages puissent demeurer face à face, proches l'un de l'autre, car le matelot ne pouvait faire autrement. Son sourire le rendait plus malicieux qu'il ne l'était, ou peut-être pas finalement, il n'aurait su le dire avec exactitude, mais ses paroles le firent pour lui. "Oh." Il haussa les sourcils, puis passa l'une de ses mains sur celle du capitaine, qui retenait son pendentif qu'il avait eu le loisir d'observer un peu plus tôt. "Alors c'est ce que tu souhaites ? Qu'on compare nos existences ?" continua-t-il pour interpeller, le faire réagir, ne plus le voir seul dans sa douce tristesse qui n'en était pas moins vicieuse. Il fallait prendre cela comme un jeu. Car la vie l'était, d'une certaine manière. On se faisait tous secouer pendant quelques mois, puis les dés étaient lancés, et on faisait avec en essayant de perdre le moins de points possibles. Ce n'était pas juste du tout, certes, et certains étaient encore de la partie sans le mériter tandis que d'autres s'étaient fait avoir alors qu'ils auraient voulus continuer. "Je doute que tu sois de ceux qui sont morts alors qu'ils voulaient vivre, mais j'ignore si tu désires réellement la mort tandis que la vie t'est encore accordée." Lèvres pincées, le matelot plissa les yeux, et rapprocha un peu plus encore son visage du sien, comme pour déceler le moindre reproche en lui. Il en possédait à la pelle, Sinbad. Dans ces moments-ci, ils se voyaient nettement, se découpant dans sa chair comme dans ses yeux brillants. Mais ils n'avaient pas le droit de lui gâcher l'existence. Hansel se dit que personne n'en avait le droit. "Je ne peux pourtant pas l'affirmer sans risquer de me tromper, la seule manière d'être franc est donc de me dire si j'ai tort, ou raison." Paroles un peu plus empressées que les autres, ses mots vinrent s'accrocher aux oreillers qui gardaient bien des secrets. Apprends-moi. Le capitaine lui avait enseigné le combat, la navigation, l'assurance. Maintenant Hansel voulait apprendre à le connaître entièrement. Tout savoir.
Ses lèvres vinrent effleurer la bouche avenante du capitaine, tandis que ses doigts s'entremêlaient aux siens. "Je ne pourrais pas y arriver tout seul, Sinbad. Et tes paroles sont distantes... Comme les miennes." murmura-t-il avec un sourire doux. Il devait paraître idiot, là, nu comme un vers, à essayer de trouver des combines pour rendre son prince heureux.
Mais il n'en avait cure.
"C'est pourquoi je vais remédier à cela en comparant mes malheurs avec- hm, disons ce qui parsème ton corps, puisque j'ignore encore ce que cela signifie. Pas la pilosité, je veux dire, tes cicatrices." Très sérieux, en plus de cela. Le rôle qu'il s'était trouvé ne devait pas oublié de l'être. Une mèche de ses cheveux s'était une nouvelle fois retrouvée dans son champ de vision, et il l'en chassa tout en réfléchissant, les yeux perdus sur l'enveloppe charnelle de l'autre, qui devait le laisser parler à présent. Hansel ne faisait pas cela tous les jours après tout, et dans ces conditions, mais il était fin prêt à le faire, au moins pour une personne. "Après tout, je suis un égoïste, cela passera très bien. Allez, Denougatine." Des paroles pour se donner du courage là où il en aurait étrangement besoin, pour lui-même plus que pour le marin qui devait le prendre pour un fou – et surtout le laisser parler. Relevant légèrement les yeux vers lui, il finit par souffler, et commença, un peu plus décidé. C'était un jeu. Il fallait montrer ses cartes. Il fallait faire confiance en notre adversaire, ou notre compagnon d'infortune. C'était le jeu.
Passant ses doigts sur l'une des énormes morsures souillant les épaules et les omoplates de Sinbad, il commença en fronçant légèrement les sourcils, concentré sur son but. Le matelot essayait de faire deux choses à la fois : s'imaginer le récit de cette aventure-ci, et se remémorer sa propre histoire, enfouie depuis trop longtemps. "Ça. La sorcière. J'avais dix ans, et je pense que ma vision d'enfant a beaucoup joué sur le fait que je la vois toujours comme je l'ai vu en chaire et en os : gigantesque, verte, effrayante avec ses dents énormes et aussi tranchantes que le fil d'une épée. J'imagine qu'elle aurait pu me faire la même marque qu'à toi, sauf que dans ce cas-là, je ne serais pas ici à l'heure qu'il est, ou du moins pas sous cette forme." Petit sourire triste, lèvres qui cherchaient les mots justes sans réellement les trouver. Il fit une courte pause, puis reprit un peu plus bas. "Non en fait je ne serais pas là du tout, à bien y réfléchir. Juste un tas d'ossements dans son jardin où elle aurait enfermé d'autres enfants pour les manger de la même manière. Elle continuerait encore si Gretel ne l'avait pas poussée dans son four. Heureusement qu'elle l'a fait d'ailleurs, car je ne pouvais pas tuer beaucoup de sorcières dans ma cage." Son rire rejoignit le récit, qui s'échappait de la ligne de mire, en devenant tantôt une confession, tantôt une histoire rocambolesque. Il se souvint Gretel, et son ingéniosité – leur intelligence à tous les deux, et le courage dont elle avait fait preuve. Elle avait tant fait pour lui. Ils avaient été des enfants. Se mordant l'intérieur de la lèvre, Hansel se surprit à l'observer, afin d'avoir sa réaction. "Je continue ?" demanda-t-il doucement après coup, un peu gêné finalement, le cœur demandant de l'aide, et la gorge sèche de s'être défaite d'un poids, qui entraînait tout le reste.
Continue. Il voulait le lui dire encore, comme il l'avait fait la nuit précédente, parce que c'était ce qu'il désirait.
Continuons.
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sinbad ☾ and i'd sing a song, that'd be just ours but i sang 'em all to another heart EmptyMer 31 Déc - 0:44




Hansel et Sinbad
Pouvoir et désir vont de pair. Ils sont faits de la même substance maudite. Le deuxième dépend du premier, et vice versa.

Bien des choses sont laides chez l'homme. En contrepartie, d'autres faits sont beaucoup plus beaux à regarder. La preuve en est du bien qu'il peut laisser derrière lui, certes on se souvient beaucoup plus du mal parce qu'il a une certaine pratique concernant sa mise en scène, néanmoins tout le bonheur dont il est capable, il se traduit par des gestes, des paroles, des innovations. Et Fort Fort Lointain n'est pas un royaume en marge de la société, bien loin de là. Il est possible d'en témoigner, même si au fil du temps tout disparaîtra à cause d'une quelconque guerre qui conduira ce morceau de terre ridiculement petit à sa propre perte. L'humain dans toute sa splendeur est fascinant dans sa manière de marcher parce que tout bonnement, à commencer par le moment de sa naissance il se met à parler, et ce jusqu'à ce qu'il tombe dans le cercueil, il n'a de cesse de faire claquer sa langue sur son palais ! Et s'il n'y arrive pas, ce n'est pas bien grave il trouvera un autre moyen pour communiquer. Parce que les histoires, c'est quelque chose qu'adore le mortel, tantôt les inventées, tantôt les réelles, celles qui titillent le plus la curiosité sont celles qui forgent les autres. On entendra alors parler du pauvre petit Richard victime de son père alcoolique, souvent battu mais gardant cependant un sourire sur son visage parsemé de taches de rousseur, toujours. Plus tard il deviendra qui sait un grand chevalier reconnu de tous, épousera une princesse digne de ce nom et aura de beaux enfants qui courront dans l'herbe à côté de sa bicoque semblable à un palais. On peut aussi passer à un autre registre, en prenant l'exemple de la mignonne petite Anne qui pourrie gâtée jusqu'à la moelle en plus d'être capricieuse, ne gardera des autres qu'un amour faux. Plus tard, finissant probablement triste mais aussi riche que possible, elle fermera les yeux sur un souvenir bordé dans ses propres cris. Tout y change, tout y joue, une certaine éducation, les aléas de la vie, ses malchances et parfois ses coups du sort. A la réalité, si Sinbad n'avait pas eu son père comme commandant durant une partie de son adolescence, il n'aurait pas été ce pillard ayant encore un peu de principes - assez pour ne pas tuer les innocents. Il serait devenu sans aucun doute un bandit des grands chemins, aussi agile que cupide, ne voulant des autres que de l'or, toujours de l'or, et si les schillings sont une motivation considérable, il n'aurait pas eu tout cela. Il n'aurait pas eu Kale en premier cas, pas de Lorcan, pas d'Hansel, ni même de Shéhérazade. Inconsciemment, ils ont tous participé à l'homme, peu importe s'ils ont connu l'enfant - parce que avant eux, il n'était qu'une page vierge attendant qu'on écrive, qu'on la froisse pourquoi pas mais surtout qu'on la travaille pour avoir un résultat. Est-il bon ? Est-il mauvais ? Le capitaine ne saurait le dire, ne voulant se considérer comme digne d'éloges ou de compliments. Il est ce qu'il est. Continuant de jouer un peu avec son collier qui ne quitte jamais son cou, il penche sa tête sur le côté en voyant son amant se redresser avec une certaine fougue, si bien qu'il ne prend pas attention à sa première parole. Néanmoins sa seconde affirmation paraît bien plus intéressante - quoiqu'un peu définitive. « Je doute que tu sois de ceux qui sont morts alors qu'ils voulaient vivre, mais j'ignore si tu désires réellement la mort tandis que la vie t'est encore accordée. » Simplement pour rendre honneur aux fantômes du passé, rien de plus. Est-ce qu'il tient tant à son souffle que cela ? Il devrait essayer un jour de se passer la corde au cou, d'attendre sur une chaise et de fixer le vide en se demandant s'il fait le bon choix ou non. Ce n'est pas dans ses plans, qui sait même si cela pourrait marcher ? Il serait encore capable de se rater parce qu'une force incompréhensible le tire toujours vers la lumière. Il en roule des yeux à s'imaginer le corps flottant dans le vent, la nuque brisée et le regard vitreux s'élevant vers un ciel sans nuages. Les lèvres d'Hansel bougent, malgré tout les mots ont un mal de chien à passer dans ses oreilles, comme transporté par ses propres idées macabres, c'est le doux frisson de ses lèvres se frottant dangereusement aux siennes qui le sortent de son rêve éveillé. « Je doute que tu sois de ceux qui sont morts alors qu'ils voulaient vivre, mais j'ignore si tu désires réellement la mort tandis que la vie t'est encore accordée. » De but en plus, il devrait lui avouer que certains passages dans un livre ne sont pas agréables pour la santé du lecteur, et le pire c'est qu'il n'y a pas plus véridique. Comment prendrait-il le fait qu'en plus d'avoir poussé ses équipages à la perte, il ait tué de son propre gré sans malédiction aucune ? Il le verrait autrement, plus une légende, plutôt un rang qu'on ne préfère pas nommer, synonyme d'assassin ou de lâche. Il préfère coudre ses lèvres, jouant pour une fois le rôle du bambin qui assis sur l'immense tapis de la salle principale, écoute le plus grand de la famille posé confortablement sur son fauteuil, pianotant sur ses jambes pour maintenir le suspens jusqu'à son plus haut point. L'un veut savoir, l'autre aussi. Mais l'un des deux ne dira presque rien pour protéger celui qui doit être mis à l'écart de ses fautes les plus innommables. Il baragouine des comparatifs, des cicatrices, toujours là au rapport pour lui rappeler qu'il existe pour le meilleur et pour le pire. Il ne peut s'empêcher de jeter un coup d'oeil discrets à ses avant-bras, il peut se souvenir parfaitement de l'instant où le serpent géant a arraché sa chair sans lui laisser le temps de hurler, il avait été étonnamment silencieux et épargné par son poison, du reste il n'en a été plus du sang, du sang, toujours du sang, le sang qui coule partout, sur les pierres, celui des bêtes, celui des siens, sur son visage et les vêtements souillés de Kale. Puis son sabre, sa si belle arme qui goutte sur ce paysage de carnage. Sa gorge se serre, sa respiration passe un peu moins bien, il pince sa lèvre inférieure pour revenir à la réalité qui elle seule peut le rassurer autant que l'effrayer. « Ça. La sorcière. J'avais dix ans, et je pense que ma vision d'enfant a beaucoup joué sur le fait que je la vois toujours comme je l'ai vu en chaire et en os : gigantesque, verte, effrayante avec ses dents énormes et aussi tranchantes que le fil d'une épée. J'imagine qu'elle aurait pu me faire la même marque qu'à toi, sauf que dans ce cas-là, je ne serais pas ici à l'heure qu'il est, ou du moins pas sous cette forme. » Le coup de poker l'a attrapé à la gorge bien assez tôt. Il frémit à cause de ses mains qui passent sur sa peau, restant complètement enfoncé sur le bord de sa couche, il boit ses paroles comme il peut engloutir une bouteille d'hydromel en quelques minutes. Ne le lâchant pas du regard, il y perçoit une certaine nostalgie mêlée à un soulagement. Il n'a donc pas été mordu ou croqué par cette gente dame, bien qu'il aurait pu lui arriver le pire des sorts. Il est toujours là, pas vrai ? Un peu sonné, un peu dévoré par cette terrible expérience, mais bel et bien fidèle à ce qu'il a toujours été, non ? Sa mine de plus en plus perplexe met en valeur sa curiosité insatiable pour ce charmant fléau.

La suite de son récit n'en est que plus lugubre. Coincé dans une cage qu'il imagine perchée dans les airs, la drôle de femme lui offrant des sucreries à sa guise et sa pauvre soeur... Qu'en est-il de Gretel ? Il se retient de poser la question, après tout des deux Denougatine un seul a bien retenu son attention aussi fermement que possible, ayant même quelque part atteint le plus profond de son corps. Cet instant semble suspendu dans le temps, complètement irréel tant il est bien dit avec le ton exact. Hansel n'a définitivement pas choisi la bonne carrière, après celui de confiseur et de marin, il ferait mieux d'écrire des romans, pourquoi pas des ouvrages pour enfants ? Qui se terminent évidemment par une morale. Dans celle du petit duo, il serait question de gourmandise ainsi que de naïveté. Pour ce qui est de Sinbad ? Un peu du même registre, toutefois la gourmandise n'est pas pareille, elle voit le jour sous une envie de voir le monde. Bon sang qu'ils seraient pitoyables à vouloir faire la leçon à des bambins qui se contentent de faire ce qu'ils savent le mieux ; s'illusionner. « Je continue ? » Très peu sûr, pour ne point changer. Il était une fois c'est toujours comme ça que l'histoire d'un homme commence, en revanche la fin il n'est jamais bien convaincu de ce qu'elle pourra donner. Dans son esprit il sera question d'une ligne déjà toute tracée, qu'il aura une famille, une bonne situation sociale avec en bonus avec un animal de compagnie, malgré tout la réalité est tout autre, réservant des surprises qui enveniment une situation qui devait être au départ si idyllique. La preuve en est, même Septmers se surprend parfois à s'imaginer un futur qui n'existera certainement pas. Quand il était en compagnie de son premier amour, il voyait déjà la scène de l'instant où il allait faire sa demande en mariage, qu'elle allait lui dire oui, et qu'en plus son très cher père allait accepter tout sourire. Il est bon parfois de se dire que notre présent n'est peut-être pas aussi parfait qu'il n'y paraît, et avec de la chance, si tout recommence il pourra refaire ses choix un beau matin, retracer à l'encre de Saay ses choix les plus complexes pour avoir une incidence. Quelle folie ! Quelle dérision ! Le mercenaire devrait se faire enfermer pour pensées et actes désobligeants. « Si c'est un calvaire pour toi, alors il vaut mieux que tu arrêtes de faire saigner tes plaies avec du sel. » Un doux murmure qui se répercute contre les lèvres de son interlocuteur, il en profite pour passer sa main libre sur sa joue - l'autre n'ayant définitivement pas quitté son pendentif - pour caresser sa barbe de trois jours. Il inspire profondément, pousse un petit soupir puis ses traits s'adoucissent. Profondément il est touché par cet aveu qui est bien loin de le laisser de glace, à l'intérieur c'est toute une cavalcade qui s'est mise en marche.  « Je ne souhaite pas exhiber les souffrances qui nous habitent pour savoir qui a été le plus infortuné. Mais sache que je suis comblé d'en savoir un peu plus sur ta personne. » Un petit rire de coin lui échappe, il se redresse à peine pour le surplomber et déposer un baiser entre ses deux yeux. Le contact humain ça le tuera bien plus tôt qu'il veut le dire. Haussant les épaules, sa main sur sa joue vient à se reposer sur sa jambe quelques secondes, le temps d'un léger repos et elle repart bien vite se poser sur son propre avant-bras, désignant l'attaque des bêtes écailleuses. « Elles me viennent de ma troisième escale. Des serpents gigantesques dotés d'un appétit redoutable, ils n'ont pas laissé le choix à beaucoup de mes hommes, s'attaquant à toute âme qui avait posé les pieds sur leur île jonchée de roches. » Il les fixe, hypnotisé par cette chair un peu bombée comme rosée qui tranche avec sa peau ensoleillée. Il pince sa lèvre inférieure en ne voulant plus se remémorer leur sifflement, et pourtant. Leurs belles langues striées, leur peau verte à en faire pâlir d'envie une sorcière noire, Lemiraculé et Septmers avaient eu leur vengeance sur ces monstres empoisonnés. Déglutissant quelque peu, il en vient à se relever et reprend son habillage comme si de rien n'était. Ses doigts glissent sur sa chemise bouffante pour la rentrer dans son pantalon, il la ressort, la traficote de sorte qu'elle ne paraisse pas plus étrange que d'habitude. Une fois ceci fait, il lui adresse un regard bourré de tendresse et de malice. « Du reste, tu sais déjà qu'il y a eu sept voyages, donc sept équipages. En sachant qu'un groupe est formé au moins d'une quinzaine d'hommes, tu peux en conclure que j'en ai poussé une centaine vers une mort incontestable et jamais, ô grand jamais mon corps ne pourra supporter tant de marques. Alors certaines sont plus grosses pour signifier deux ou trois êtres en plus, néanmoins ma dette du sang continuera toujours de se suspendre au-dessus de ma tête, attendant l'instant judicieux pour m'asséner le baiser de notre belle dame en noir. » Comment fait-il pour parler d'un cimetière de façon aussi reculée ? Il l'a appris, de la manière la plus concrète du monde en se faisant à cette idée qu'il faut tout accepter dans ce choix de vie, même les trépassés. Fronçant les sourcils, c'est une petite recherche qui s'impose. Un instant aussi inutile que ridicule, voilà ses bottes qui trônent sous son bureau qu'il attrape avec dextérité et enfile avec la grâce d'un unijambiste. Grimaçant un peu en enfilant la dernière qui ne se laisse pas si facilement faire, il zieute d'un air absent sa chère redingote qui lui tiendra chaud cet hiver il en est convaincu. « Tu devrais songer à t'habiller, non pas que nous ayons aujourd'hui un départ pour un voyage d'une petite semaine mais c'est à peu près ça. » Ponctué d'un sourire aussi large qu'un croissant de lune. « De plus, tu n'es pas sans connaître les habitudes d'un dénommé Lorcan qui arrive toujours le premier et vient te réveiller quand il en a l'occasion... » Passer d'un cas à un autre reste sa plus grande spécialité. Il n'est pas tant un si grand baratineur que cela, disons plutôt qu'il évite les sujets fâcheux quand il n'est pas bon pour lui de se mettre dans la panade - et surtout quand il ne veut pas voir une flamme s'éteindre dans les prunelles d'un autre. Alors, ça fait quoi exactement d'être un sacré monstre ? D'avoir été le plus grand mensonge que l'humanité ait connu ? Que des barbes aient chantés ? Que des enfants aient fantasmé ? Qu'est-ce que ça lui refile comme sensation de n'être qu'un imposteur ? C'est acide, ça brûle les pores de sa peau petit à petit, commençant par les extrémités pour ne pas trop le ménager. Ah ! La légende qui perdure mais devrait laisser sa place au bourreau qui vêtu comme sa très chère soeur la mort, ne peut s'empêcher de collectionner les esprits qui volent vers un horizon incertain. C'est un collectionneur le Sinbad. S'il n'ingère pas les âmes, alors il bâfre les sentiments. Pire qu'une bête, il est l'un des leurs et se fond si bien dans cette masse que plus personne ne fait la différence. Faut juste ouvrir son torse.
On voit bien qu'il n'y a plus que le néant.
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FORT FORT LOINTAIN

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sinbad ☾ and i'd sing a song, that'd be just ours but i sang 'em all to another heart EmptyJeu 1 Jan - 23:43




Sinbad et Hansel
j'étudie la mécanique de son cœur avec passion, je tente d'en découvrir les serrures bloquées, avec des clés douces. mais certains endroits semblent fermés à jamais

Le silence. Des yeux qui se rencontraient timidement, pour dire l'imprononçable, parce qu'il fallait bien que quelqu'un s'en charge après les aveux déjà difficiles à articuler. Il n'avait pas l'habitude, Hansel. Il n'était pas de ceux qui se confiaient, puisqu'il ne savait pas le faire, ou du moins pas très bien. En règle générale, les humains n'aimaient pas le faire, parce que cela voulait dire s'ouvrir aux autres, ôter l'armure qu'on s'était forgé durant toute une vie afin de ne pas se blesser, et que bien généralement notre interlocuteur n'écoutait pas le moins du monde, pour la simple et bonne raison qu'il se fichait bien de notre malheur. L'homme était une créature égoïste, et s'il s’amourachait d'autres parfois pour perpétuer son espèce, il n'en demeurait pas moins aussi égocentrique qu'à ses débuts. Toujours seul, parce que c'était la meilleure manière de ne pas souffrir. Il usait d'hypocrisie, il faisait croire aux autres et à lui-même qu'il les comprenait, alors qu'il ne savait même pas ce qui l'habitait – un monstre de sentiments contradictoires qu'il utilisait mal, puisqu'on ne lui avait pas appris à le faire correctement, et que c'était là un exercice dangereux où il échouait tout le temps, malgré les essais. Ici pourtant, dans cette petite cabine, dans ce petit monde périlleux et chaleureux à la fois, il y avait quelqu'un pour écouter. Quelqu'un qui hochait la tête sans fourberie aucune, c'est du moins ce que songea Hansel lorsqu'il observa le visage du pirate, qui en cet instant n'en était pas un. Le matelot ignorait de quoi il avait l'air, mais il n'était pas le forban qu'il connaissait, ni le prince qui faisait battre son cœur, ni le voleur au rire moqueur. Il était un regard compréhensible, un esprit qui savait gardé les secrets, même les plus douloureux, un palpitant qu'il pouvait sentir en effleurant sa chemise mise de travers, ce qui le rendait un peu plus attachant encore – mais pas comme un homme. Ni comme une légende. Il n'y avait plus d'homme ou de légende qui tenait, à bien y réfléchir. Plus maintenant en tout cas. C'était des termes qui auraient provoqué l'arrêt de mort d'Hansel, accusé par la loi, et ils n'étaient pas de la partie ici. Sur ce lit de fortune, dans ce monde d'infortune, tandis que l'aube s'installait et que le froid faisait son travail, il y avait deux âmes. Et c'était tout. "Si c'est un calvaire pour toi, alors il vaut mieux que tu arrêtes de faire saigner tes plaies avec du sel." Une pratique bien répandue chez les guérisseurs des terres glacées étaient de saigner les personnes dans le mal le plus profond. Ils incisaient la peau, et nettoyait le corps en lui ôtant son sang empoisonné. Hansel connaissait les méfaits de cette technique ancestrale qui avait causé de nombreux dégâts jusqu'à ce jour. Il avait lu des ouvrages parlant de ceci, s'intéressant à un peu près tout ce qui existait en ce monde, afin de combler un peu son existence vide jusqu'à ces six mois de voyage. Les saignées ne menaient à rien d'après plusieurs précurseurs qui cherchaient au-delà du déjà fait, mais elles faisaient parti de ces méthodes toujours employées et reconnues dans tout le royaume. Le matelot avait assez de jugeote pour comprendre qu'il fallait contester ceci, mais en cet instant il se sentait comme un mourant à qui on avait ouvert des plaies afin de le guérir, et c'était bigrement apaisant, de laisser le sang s'écouler, un peu, rien qu'un instant, se laisser aller dans un total oubli des règles qu'on s'était fixé, comme celle qui disait qu'au grand jamais on ne mettrait en avant nos souvenirs misérables du passé – ou qu'on finirait dans le même lit que notre employeur. Le cadet secoua donc légèrement la tête, sans pour autant trouver le courage de continuer. C'était un fait, de dires certaines choses. Pour le reste il faudrait attendre, car il n'était pas prêt de parler des véritables débuts. De l'origine du mal. Peut-être était-ce sa pudeur qui l'obligeait à se taire à nouveau, pourtant il en doutait réellement aux vues de son état présent. C'était quelque chose de différent, autre que les bonnes mœurs du moment, car les rues écumaient bien de personnes déplorant leurs soucis à la pelle – les gens adoraient s'adonner à ce genre de spectacle, et continuaient à le faire puisqu'il n'y avait personne pour les écouter. C'en était juste question de Denougatine, qui préférait connaître les maux des autres que les siens, car ils étaient peut-être plus simples à guérir, même si ceci ne s'appliquait pas dans ce cas-là, car s'il avait encore des choses à découvrir à propos de lui-même, Sinbad lui devait aussi quelques explications. Il les attendait d'ailleurs, assis sur le lit, oubliant le froid de l'hiver qui venait mordre sa peau nue par endroit, puisque le drap était encore jeté sur son corps malmené. Il les attendait même de pied ferme, le cœur battant, les lèvres entre ouvertes encore marquées par leurs baisers. Ou pas. Il n'en savait plus trop rien. Le monde semblait s'étendre au dessus de leurs têtes rêveuses, prêt à être découvert en long en large en travers, à deux, sur les eaux ténébreuses des océans déjà explorés ou non. Il y avait un semblant d'après, un petit quelque chose qui serrait ses entrailles et qui lui disait, ne t'inquiète pas, vous avez le temps, vous pouvez vous permettre des silences, vous pouvez vous permettre de vous sourire sans ne rien dire, de repartir et puis de revenir. Mais il y avait aussi l'empressement dans ces paroles murmurées. Parce qu'il n'y aurait peut-être pas d'avenir, finalement. Il n'y aurait peut-être qu'un rien du tout. Il ne put s'empêcher d'y songer, et se hâta donc d'assimiler les paroles qui venaient, car avec Sinbad, on ignorait toujours si c'était les dernières qu'il prononcerait, ou s'il y aurait encore tant d'autres mots, tant d'autres temps par la suite. "Je ne souhaite pas exhiber les souffrances qui nous habitent pour savoir qui a été le plus infortuné. Mais sache que je suis comblé d'en savoir un peu plus sur ta personne." reprit donc le marin, pour ensuite déposer un baiser sur le front de son amant qui eut un petit sourire en entendant sa phrase comme son rire. Hansel voulait le connaître, et cette envie était réciproque. Il n'y avait rien de plus beau que quelque chose de partagé – n'importe quoi, l'amour, les souvenirs, même la guerre si on en venait à ceci, car tout se superposait pour ne donner qu'une seule et même essence : l'existence. L'ancien confiseur se sentit rassuré. Il resta donc tout près de lui, tandis que Sinbad s'observa, imité par l'autre qui avait déjà vu les cicatrices de ses avants-bras lacérés, mais les redécouvrait encore. "Elles me viennent de ma troisième escale. Des serpents gigantesques dotés d'un appétit redoutable, ils n'ont pas laissé le choix à beaucoup de mes hommes, s'attaquant à toute âme qui avait posé les pieds sur leur île jonchée de roches." Sa voix était celle du récit, à l'instar d'Hansel un peu plus tôt. Ce dernier releva ses yeux pour observer son visage tandis qu'il lui racontait. Il imprima dans son esprit son expression, sa manière à lui de se rappeler. Ses mots le firent légèrement frissonner. La sorcière contre les serpents géants. Les dévoreurs de chair. Les démons qu'ils avaient vaincu, au prix de leur passé souillé. Son imaginaire réussit à encrer dans sa tête immobile une représentation des monstres de mer. Il les voyait immenses, plus encore que le navire. Ce dernier lui était étranger, à l'instar des hommes qui s'y trouvaient, hormis Kale et son capitaine, qui luttaient pour leur survie. Ce n'était pas l’Écorchée. Ce n'était pas ce voyage-là. Ça ne faisait pas parti de ce temps-ci. Mais c'était tout de même le passé de l'homme qui se tenait devant lui, en chair et en os, et qui se relevait pour continuer à s'habiller du mieux qu'il pouvait. Hansel le regarda trouver ses bottes, et les mettre assez difficilement, alors qu'il continuait son sinistre récit qui glaçait le sang au plus jeune, pris dans les souvenirs d'un autre, qui les observait avec détachement presque. L'endormi ignorait comment on pouvait dire de telles choses en faisant une action si banale, et si peu compatibles. Il s'y fit, tout de même. Il le fallait bien. "Du reste, tu sais déjà qu'il y a eu sept voyages, donc sept équipages. En sachant qu'un groupe est formé au moins d'une quinzaine d'hommes, tu peux en conclure que j'en ai poussé une centaine vers une mort incontestable et jamais, ô grand jamais mon corps ne pourra supporter tant de marques. Alors certaines sont plus grosses pour signifier deux ou trois êtres en plus, néanmoins ma dette du sang continuera toujours de se suspendre au-dessus de ma tête, attendant l'instant judicieux pour m'asséner le baiser de notre belle dame en noir." Cent hommes. Une centaine de Lorcan dévoués à leur capitaine. Hansel les vit distinctement sur son dessin de mort. Ils y restèrent pendant quelques secondes. Puis ils disparurent. Il ne restait que Kale et Sinbad. Il n'y avait même plus de bateau. Il n'y avait même plus d'espoir. Il le voyait bien, sur leur visages émaciés, sur leur bras tremblant d'avoir tant de fois usé de leur lame. Le jeune matelot souffla de la fumée hivernale, tandis que la couverture glissait à nouveau. Sinbad avait fini de mettre ses bottes. Il s'était rhabillé, enfilant son costume de régent, remplaçant de la même façon celui du blessé. Il demeurait pourtant, et demeurerait éternellement, à la seule différence qu'à présent, Hansel savait qu'il était là, caché sous des montagnes de responsabilités. Il pouvait voir le fardeau qu'il portait tous les jours, les cadavres qui le suivaient partout où il allait, peut-être même où ils étaient allé hier soir, ce que l'ancien confiseur déplora puisqu'il aurait voulu que ces maux ne soient plus en sa présence, un vœu bien prétentieux il le savait, mais qui lui tenait à cœur – qui lui tenait même le cœur. Dans le creux d'une main invisible, celle du pirate sans aucun doute, qui avait le pouvoir de vie ou de mort sur lui, d'une manière bien différente de tous les hommes qu'il avait conduit aux pieds de la dame en noir, comme il l'a nommait. "Tu devrais songer à t'habiller, non pas que nous ayons aujourd'hui un départ pour un voyage d'une petite semaine mais c'est à peu près ça." Hansel intercepta son sourire qui illumina la pièce, et qui faisait un peu peur après ces révélations, mais qui le rassura un peu plus, parce qu'il était encore en mesure de sourire, même après tout ça. Il était maintenant question de voir si le matelot était encore en mesure de s'habiller ou non. Il aurait bien aimé pouvoir dire « encore cinq petites minutes de plus » malgré tout ce qui avait été dit, fait, et omis. Il avait donc devant ses yeux un tueur. Il tombait amoureux d'un meurtrier. Cela lui effleura l'esprit. Une demi-seconde, et contrairement à ce sentiment qui lui brûlait les entrailles, cela repartit aussi vite que c'était arrivé. Les hommes faisaient de nombreuses erreurs, souvent sans le vouloir. Les âmes aussi. "De plus, tu n'es pas sans connaître les habitudes d'un dénommé Lorcan qui arrive toujours le premier et vient te réveiller quand il en a l'occasion..." Une petite grimace s'installa sur son visage, et il secoua légèrement la tête sous l'amusement. Sinbad, le prince funeste lui faisait perdre la raison, autant qu'il la lui redonnait en de courtes périodes de répits – c'était l'un de ces moments. Le plus jeune se leva donc non sans aucune difficulté, et se prit à chercher ses vêtements du regard, comme il avait cherché ses mots. Il avait voulu prendre son temps, car il sentait qu'il l'avait, mais une voix lointaine et non pas moins forte vint rapidement se frayer un chemin jusqu'à ses oreilles, et une des chansons de Lorcan se fit entendre, ce qui le fit légèrement sursauter et accélérer sa manœuvre. Pantalons enfilés, il chercha sa chemise et la retrouva près du pirate, ce qui le fit s'approcher un peu plus, toujours. Il se rendit compte qu'il ne le voyait ni comme une légende, ni comme un tueur. En enfilant son vêtement, un sourire de promesses vint naître sur visage, à l'adresse d'une seule personne – peut-être pas une personne.
Rien qu'une âme.
Avant de partir, Hansel se dépêcha de prendre le visage du pirate entre ses deux mains pour un dernier baiser empressé, énonciateur de beaucoup d'autres. "Merci." murmura-t-il.
C'était tout ce qu'il avait à dire, après tout.
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