Alexei & Blanche

« Life can only be understood backwards; but it must be lived forwards. »

« Blanche-Neige ? » Elle avait senti son coeur cesser de battre et s'était retournée, craintive, en direction de la voix. Ses prunelles examinèrent le visage de l'homme qui semblait heureux de la voir et elle eut besoin de quelques secondes seulement avant de réaliser. « Alexei...» Avait-elle prononcé dans un souffle alors qu'elle serrait celui dont elle se souvenait comme un petit garçon particulièrement énergique dans ses bras. Profitant de la proximité entre ses lèvres et son oreille, elle ne put s'empêcher de lui répéter à de nombreuses reprises qu'il ne devait dire à personne qui elle était et qu'à compter d'aujourd'hui il devait l'appeler Mira. Sa voix tremblait alors qu'elle lui demandait de lui faire cette faveur et la crainte était sans aucun doute perceptible dans sa voix. Lorsque le jeune homme lui proposa de passer une journée ensemble pour rattraper le temps perdu, elle accepta sans même hésiter.

***

Pourtant, aujourd'hui cette hésitation semblait refaire grandement surface alors qu'elle fixait la poignée de sa porte hésitant à l'ouvrir. Elle avait donné rendez-vous à Alexei à la boutique où ils s'étaient croisés, beaucoup trop craintive pour lui dévoiler où elle vivait désormais. Elle n'avait pas vu le garçon depuis plus d'une dizaine d'années et elle ignorait ce qu'il était devenu exactement. Blanche-Neige n'avait jamais revu quelqu'un appartenant à cette époque de sa vie avant aujourd'hui. Elle se rappelait pourtant encore parfaitement les fois où son père l'avait amené voir leur cirque. Ils avaient regardé le spectacle, complètement émerveillés et ce à de nombreuses reprises. La présence du duc ne passant pas inaperçue, il leur était arrivé de se rendre derrière le rideau afin de saluer les artistes et c'est ainsi qu'elle l'avait rencontré. Il n'était qu'un enfant la dernière fois qu'elle l'avait vu et elle ne l'aurait probablement jamais reconnu s'il n'avait pas attiré son attention en la reconnaissant d'abord. Un sourire se dessina sur son visage et elle prit une grande inspiration en tournant la poignée et quittant son appartement. Elle se raccrochait à l'image qu'elle gardait d'Alexei, souhaitant réellement savoir ce qu'il était devenu. Elle lui faisait confiance, après tout, déjà gamin il avait un coeur immense. Alors que ses pas la rapprochait de plus en plus de la boutique, elle se dit que c'était sans aucun doute la meilleure chose à faire de le revoir et ce peu importe comment elle retournait la question. Avoir quelqu'un de confiance à ses côtés lui ferait beaucoup de bien, mais surtout qu'en passant la journée auprès de lui à discuter, elle pourrait enfin avoir le coeur nette quant au risque que cela représentait. Elle croyait sincèrement que tout irait pour le mieux, mais en même temps, lorsque deux femmes souhaitent assister à vos funérailles, revoir quelqu'un appartenant à notre passé avait quelque chose de terriblement terrifiant.

Blanche-Neige arriva la première sur le lieu de rencontre et elle ne put s'arrêter de marcher. Ses pas la faisait aller et venir dans les environs de la boutique. Elle regardait autour d'elle, craignant presque de voir sa belle-mère apparaitre, sursautant au moindre bruit qu'elle qualifiait de "suspect". S'immobilisant complètement dans la rue, elle ferma les yeux et respira un grand coup. Calme-toi... L'envie d'utiliser la technique de son cheval lorsqu'il était nerveux - bon d'accord pas seulement lorsqu'il était nerveux - et de boire quelque verres d'alcool lui effleura l'esprit. Blanche chassa cette idée lorsqu'elle se sentit sourire, réalisant à quel point son agissement devenait ridicule. La fugitive se retourna doucement et retourna devant la porte la boutique, adossant légèrement son dos contre le mur. Elle fixait le commerce voisin, détaillant chaque détail. Une technique bien plus efficace pour elle afin de se détendre. Elle craignait de le revoir et pourtant, lorsqu'elle l'entendit arriver et qu'elle tourna son visage vers lui, un sourire des plus sincères naquit contre son visage et ses yeux brillèrent d'une lueur qu'elle croyait éteinte. Elle avait l'impression d'avoir dix ans de moins et sentait la présence de son père derrière alors qu'elle franchissait les derniers mètres les séparant. « Je suis contente de te revoir. » C'était vrai... tellement vrai qu'elle s'en surpris elle-même finalement. Il y avait bon nombre de choses dont ils devaient parler, mais Blanche ne craignait plus de voir sa belle-mère surgir à tout moment afin de mettre fin à son existence. « Alors quel est cet endroit mystérieux où tu souhaites m'amener ? » Il lui avait dit avoir quelque chose en tête tout en refusant de lui dévoiler exactement ce dont il s'agissait et elle était bien curieuse de savoir elle allait se diriger vers quel endroit où fois Romeo Drive quitté.

 

Alexei & Blanche

« Life can only be understood backwards; but it must be lived forwards. »

Si on m’avait dit un jour que je retrouverais quelqu’un que j’ai croisé quand j’étais encore un ado, je ne vous aurais pas cru. Et pour cause…Blanche-Neige quoi ! Je la connais, mais pas tant que cela au final. Elle était une fille de duc qui venait nous voir dès qu’on passait dans le duché de son père. On l’appelait « La petite Duchesse », parce qu’elle avait toutes les caractéristiques d’une duchesse sans l’être vraiment ; on ne se moquait pas, ou du moins pas méchamment, mais on aimait bien donner des surnoms aux gens qu’on appréciait. Il fallait se sentir honoré ! Elle avait vingt-cinq ans à l’époque et moi seize. Elle était discrète et timide mais d’une gentillesse sans pareille et je pense que Vaillant avait un petit faible pour elle à l’époque. Mais bon, maintenant il a trouvé LA femme de sa vie donc la question ne se pose plus. En tout cas, à chaque fois, on la considérait comme quelqu’un faisant partie de notre grande famille, même Hibernius se laissait prendre au jeu et offrait un de ses chocolat chauds dont il a le secret à la jeune femme quand elle passait (et accessoirement, un peu de sa gnôle maison au paternel, mais ça, on n’était pas sensé savoir qu’elle existait cette gnôle tant qu’on n’avait pas notre majorité…)

Mais donc, la croiser, comme ça, totalement par hasard dans Miel & Epices, alors que je réarrangeais des étagères…Je ne m’y attendais pas, mais alors pas du tout. Ce fut une excellente surprise cependant. Si bien que je ne pus m’empêcher de l’appeler une fois près d’elle (et que j’eus retrouvé son nom je dois bien l’avouer parce que c’est que ça remonte à dix ans cette histoire quand même). Elle me reconnut elle aussi car elle me serra dans ses bras, tant et si bien que pendant deux bonnes secondes je me retrouvai bête avant de la serrer dans mes bras moi aussi. Sauf que ce qu’elle me murmura à l’oreille me fit tiquer. Comment ça, l’appeler Mira ? Lorsque nous nous sommes séparé, j’ai voulu lui poser la question, mais le ton de sa voix dans sa dernière demande et son regard, plein de peur, d’anxiété, me fit ravaler ma question…pour le moment, je voulais savoir ce qui n’allait, ce qui la poussait à cacher son identité de cette façon. Mais pas maintenant et pas ici. Alors je lui proposais qu’on se revoit (ce qui a du sortir sous cette forme-là à peu près : « hey, ça te dis qu’on se voit prochainement ? Non parce que c’est pas que j’ai encore une trentaine d’étagères à ranger, mais presque et que tu dois aussi avoir autre chose à faire, donc voilà. », ouais je suis la galanterie incarnée je sais…). Ce qu’elle a accepté et qui, au final me donna une idée.

J’ai beau ne plus trop donner de nouvelles aux autres du cirque, je ne peux pas empêcher ma mère de m’envoyer des lettres et pour le coup, la nouvelle comme quoi le Cirque allait passer en ville dans la prochaine semaine était une bonne chose. Elle retrouverait un peu cette atmosphère conviviale dans laquelle on s’était rencontrés et en plus, le fait que l’on soit un peu en dehors de la ville la mettrait probablement plus à l’aise pour m’expliquer ce qui n’allait qu’en pleine ville. Enfin bref, j’allais faire d’une pierre deux coups. J’en connais trois qui seront très contents de la revoir.

On s’était donné rendez-vous devant la boutique, vu que je travaillais ce jour-là aussi. Quand j’eu fini, je pris la pomme caramélisée que j’avais mise de côté dans l’idée de l’offrir à Blanche-Neige, et sortis, après un rapide au revoir à Gretel. Elle était là, fidèle au rendez-vous, avec son allure régale et tranquille. Ah ça, c’était un contraste d’avec les trois diablotins que nous étions à l’époque (et que nous devons encore être aujourd’hui, même si deux des trois s’étaient posés avec femmes/maris et possiblement enfants). Je m’approchais d’elle et elle en fit de même vers moi.

"Ca fait plaisir aussi de te revoir. Ca fait combien maintenant ? Dix ans ?" je sortis la pomme de derrière mon dos "Tiens, c’est pour toi, pour le chemin. Ca a des avantages de bosser pour la meilleure confiseuse de la ville !" Nous nous mîmes en route et elle s’enquit de notre destination et je ris de sa curiosité toute polie "Tu verras bien, même si l’endroit en question n’est pas si mystérieux que cela…"

Je laissais volontairement ma phrase en suspens, la laissant imaginer beaucoup de choses, espérant ne pas lui faire peur du même coup. Vu la réaction qu’elle a eu quand je l’ai appelée par son prénom, je doute de ce que je fais…Ce n’est pas mon genre pourtant. C’est probablement pour cela que j’ai continué à avancer, bras dessus, bras dessous avec Blanche-Neige…Pardon, Mira. D’ailleurs, j’avais pris le temps ce matin même d’aller voir les autres du cirque afin de leur expliquer cette histoire de nom. Ils se sont tous posés la même question que moi, mais n’ont pas rechignés à s’y plier. Je vous l’ai dit, elle ferait presque partie de la famille la Blanche-Neige, même si elle n’est passée que quelques soirées en notre compagnie sous l’attention de son père.

En avançant, on a parlé de la pluie et du beau temps, n’abordant pas vraiment de sujets importants ou sérieux. On aurait tout le temps de le faire à l’abri du cirque…En parlant de cela, on commençait à voir les lumières menant au chapiteau principal. Puis, après une centaines de mètres, on commençait à entendre la clameur de la vie débordante du cirque. Et enfin, enfin, le chapiteau entra en vue et je jetais un œil vers Blanche-Neige alors qu’on passait l’arche d’entrée sur le terrain du cirque. D’un coup, des têtes se tournèrent vers nous, l’effervescence générale diminuant un instant avant d’exploser à nouveau, en direction de Mira, quand Hibernius sortit de sa tante, dans son costume violet rayé noir qu’il appréciait tant, ses larges lunettes sur le nez. Il ouvrit grand les bras, et usa de sa voix grave et portante pour tonner, avec son air paternel un peu hippie que je lui connaissais si bien.

"Mira ! Ma chère ! Quel plaisir de te revoir ici, c’est qu’il t’aurait gardé pour lui tout seul ce sacripan d’Alexei. Allez, viens par ici ma chère." Il s’approcha et serra la jeune femme contre lui et je m’écartais d’un pas, allant saluer Vaillant qui venait d’arriver à notre niveau "Bon dieu mais c’est que tu as encore embellie ma chérie. Je pense que je vais être jaloux. Allez, viens, entres, j’ai préparé du chocolat chaud."

Hey, je vous disais quoi à propos du chocolat chaud ? En tout cas, il nous mena dans une des tentes adjacentes, avec quelques autres du cirque qui vinrent avec nous. Ils voulaient tous en savoir plus sur ce qu’elle était devenue, ce qu’était devenu son père…Ils sont adorables, mais parfois, ils pouvaient s’avérer un peu envahissant.

Alexei & Blanche

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"Ça fait plaisir aussi de te revoir. Ça fait combien maintenant ? Dix ans ?" Blanche hochait la tête. Elle savait parfaitement combien de temps s'était écoulé depuis que sa vie avait pris une tournure aussi inattendue. Le jeune homme avait surement dû prendre pour acquis qu'elle était simplement partie, Blanche se demandait si son père avait continué d'aller au cirque une fois qu'elle avait été laissée pour morte ou s'il avait lui aussi tenté de ne pas trop se rappeler ces moments de bonheur. Évitant ainsi de se rappeler à quel point la perte était difficilement tolérable. Alexei avait apparemment toujours le cœur sur la main et il lui prouva en lui offrant cette alléchante pomme caramel. "Tiens, c’est pour toi, pour le chemin. Ça a des avantages de bosser pour la meilleure confiseuse de la ville !" Un sourire sincère se dessina alors sur ce visage, laissant derrière ses doutes et ses peurs. Alexei avait toujours eu un don pour entrainer la joie sur son passage. « Merci beaucoup ! Il est vrai que ses confiseries sont tout simplement fabuleuses. » Sans pouvoir résister plus longtemps, elle prend une petite croquée et ferme les yeux profitant de ce goût qu'elle adore. "Tu verras bien, même si l’endroit en question n’est pas si mystérieux que cela…" Peut-être est-ce la pomme ou l'aura que dégage Alexei, mais elle ne peut s'empêcher de se sentir en confiance. Elle était réellement soulagée de voir qu'il avait gardé une certaine... retenu pour cette sortie. Blanche n'hésita pas à venir prendre son bras lorsqu'il lui offrit et elle s'y accrocha pour la route. La route passa bien rapidement et lorsqu'ils arrivèrent près de leur destination, elle avait entièrement dévoré la pomme.

Blanche-Neige ralenti le pas en apercevant le cirque se dessinant devant elle. Sa pression contre le bras d'Alexei augmenta légèrement alors qu'elle regardait incertaine la réaction des gens qui l'apercevaient. Elle n'avait revu aucun de ses gens depuis sa fuite et quelque part elle ne pouvait s'empêcher de craindre tout ce qui avait pu arriver en dix ans. Certains d'entre eux avaient-ils une alliance avec sa belle-mère ? En profiteraient-ils pour l'éliminer une fois pour toutes ? Ce n'est que lorsqu'elle aperçut Hibernius sortir dans un habit qu'il était le seul à pouvoir porté qu'elle se sentit se détendre et qu'elle relâcha son emprise sur le pauvre bras d'Alexei. Il ouvrit les bras vers elle et elle ne put qu'accepter cette accolade qu'il lui offrait. Cet homme avait toujours été des plus accueillants "Mira ! Ma chère ! Quel plaisir de te revoir ici, c’est qu’il t’aurait gardé pour lui tout seul ce sacripan d’Alexei. Allez, viens par ici ma chère." Mira ? Elle tourna la tête afin de pouvoir adresser un regard reconnaissant à Alexei. Elle ne lui avait même pas expliqué pourquoi ce prénom était aussi important à ses yeux et pourtant il avait pris toutes les précautions nécessaires. Tous ses doutes s'évanouirent et elle se laissa transporter par l'ambiance familiale qui l'entourait. Il y avait tellement longtemps qu'elle avait ressenti cela. « Je suis contente de te voir. J'ai l'impression que ça remonte à une éternité.» Blanche attendit qu'il desserre son étreinte et elle porta son regard sur celui qu'elle reconnut rapidement comme étant Vaillant. Elle lui adressa un sourire, sincèrement heureuse de le retrouver, de tous les retrouver. "Bon dieu mais c’est que tu as encore embellie ma chérie. Je pense que je vais être jaloux. Allez, viens, entres, j’ai préparé du chocolat chaud." Elle baissa les yeux, ressentant toujours cette légère gêne dès que quelqu'un la complimentait. Elle regagna toute son assurance lorsqu'il lui promit un chocolat chaud. Elle parvenait encore à se rappeler le goût qu'il avait et l'idée lui mettait l'eau à la bouche. « Je ne pourrai jamais refuser un de tes chocolats chauds, ce sera avec grand plaisir. Merci »

Blanche les suivis et vint s'assoir aux côtés d'Alexei. Son regard se balada sur la salle et elle sourit aux autres venants les rejoindre. Certains ne lui éveillaient malheureusement aucun souvenir, mais ne voulant les blesser par son manque de mémoire, elle se contentait de leur adresser le plus sincère des sourires. Lorsque le chocolat chaud arriva devant elle, elle huma la fumé qui s'en dégageait et lécha légèrement ses lèvres. « J'ai l'impression que rien n'a changée ici... Ça me fait réellement plaisir d'être parmi vous à nouveau. » Elle souffla doucement sur le liquide brulant afin d’accélérer l'atteinte de la température idéale. Blanche-Neige sentait le regard des gens sur elle, elle était consciente qu'ils attendaient de savoir d'où venait cette demande étrange de se faire appeler Mira. Elle leva les yeux afin de les regarder tour à tour et elle était consciente que de leurs dévoiler une telle information risquait de les mettre en danger et c'était bien une chose qu'elle ne pouvait tout simplement pas supporter. « Vos spectacles sont surement toujours aussi populaires ! Je veux tout savoir, j'ai l'impression d'avoir vécu sous terres et d'avoir tout manqué. » C'était peut-être une façon maladroite de retirer l'attention d'elle, mais Blanche voulait sincèrement savoir tout ce qui leur étaient arrivés. Son regard se porta alors vers Alexei.

 

Alexei & Blanche

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Je n’ai trop compris sa réticence par rapport au cirque au départ. Elle avait passée de bons moments avec eux, au cirque, non ? Il y avait définitivement anguille sous roche et je me fis la promesse de découvrir ce qu’il s’était passé pendant ces dix dernières années pour que Blanche-Neige angoisse autant à l’idée de revoir des gens qu’elle a connue et appréciée autrefois. Ce n’était pas que pour ma curiosité personnelle par ailleurs. Je voulais savoir pour pouvoir l’aider si elle avait des problèmes. On ne se connaissait pas tant que cela, pourtant. Mais je ne pouvais m’empêcher de la considérer comme une amie et surtout, elle était une personne infiniment gentille, je ne pouvais pas imaginer qui pourrait vouloir du mal à quelqu’un comme elle. Malgré sa réticence, je continuai d’avancer, l’emmenant avec moi. Elle avait besoin de se changer les idées, c’était certain, alors on irait voir les autres du cirque. Autres qui avaient bien respecté mes consignes et qui l’appelait Mira comme demandé…Je sentis la pression sur mon bras s’effacer doucement et je lui offris un sourire amical quand nos regards se croisèrent. Oui, la soirée allait bien se passer, surtout si Hibernius commençait comme ça, sur les chapeaux de roue avec une proposition de chocolat chaud en prime !

"Ca nous fait plaisir de te revoir aussi, Mira. Tes visites nous ont grandement manqué, tu le sais. Surtout à Vaillant…" Hibernius n’était pas méchant mais il aimait bien taquiner. Surtout son trio infernal préféré, à savoir Vaillant, Betsy et moi ! Vaillant ouvrit la bouche d’un air offusqué avant de se tourner vers Mira, en pointant un doigt accusateur à Hibernius.
"Ce vieillard – Aïe " oui, il s’est reçu une claque à l’arrière de la tête pour la peine "Ne racontes que des bêtises. Je suis marié et heureux de l’être, merci bien. Mais c’est vrai, ça fait plaisir de te revoir."

Moi j’observais ça tranquillement, d’un œil amusé devant les chamailleries toujours aussi banale et communes entre membres du cirque. Il manquait cependant un nouveau maillon pour terminer cette chaîne et c’était Betsy. Elle n’était nulle part aux alentours et je commençais à me demander si elle était seulement encore dans le cirque, elle aussi. Ayant arrêté assez rapidement ma correspondance avec elle, je n’ai pas eu trop de nouvelles…Mais passons, pour l’instant, l’attention se portait sur Blanche-Neige, et je voulais, tout autant que mes camarades, en savoir plus ; sans même parler de cette histoire de nom, simplement savoir ce qu’elle était devenue depuis le temps.

D’ailleurs, avant qu’elle ne reçoive la moindre question (un truc qui n’a pas changé c’est le temps que ces gens mettent à se décider sur qui parlera en premier…Tout se passait dans les regards mais ça prenait toujours un temps fou), elle fit un habile détournement de sujet en retournant l’attention…Sur moi. Je lui offris un regard qui voulait dire « toi, tu n’attends rien pour attendre », totalement amusé et joueur, et croisa les bras sur son torse avant de prendre une grande inspiration pour lui répondre.

"Eh bien…Je me fais loger par une femme que j’ai aidé – oui Vaillant, au prix de nombreux bleus et hématomes divers et variés" le grand blond explosa d’un rire tonitruant que je fis mine d’ignorer superbement pour reprendre mon discours "Et j’ai trouvé un job dans LA boutique de confiserie de la capitale, Miel&Epices. Alors, fier de votre Alexei ?"
"Ouais, encore faut-il que tu ne manges pas toute la marchandise au lieu de la vendre, Lexou." Je me figeais sur ma chaise en entendant cette voix. Eh bien la voilà la troisième pièce du trio : Betsy, en chair et en os. J’eu du mal à me remettre suffisamment pour me retourner mais je le fis pourtant.
"Betsy ! Helloouah !" je venais de baisser les yeux, non pas vers sa poitrine, bande de pervers, mais vers son ventre qui me sauta aux yeux. Bon sang, il aurait peut-être fallu que je continue ma correspondance avec elle, ne serait-ce que pour ne pas frôler la crise cardiaque en découvrant sa grossesse, et me rassis promptement sur mon siège "Eh bah…Toi tu ne fais pas semblant au moins !"

Je la taquinais, et elle me le rendit bien avec un tirage de langue bien senti avant de s’asseoir de l’autre côté de Blanche-Neige. Je me tournais de nouveau vers la table, mon sourire toujours en place, mais je me sentais comme anesthésié. Je pensais qu’avec le temps, qu’avec toutes les rencontres que j’avais pu faire, la douleur de la savoir avec un autre serait moindre. Pourtant, elle revint avec une vengeance quand j’ai posé les yeux sur elle, sur la nouvelle preuve qu'elle en imait un autre. D'un coup, j'aurais aimé avoir autre chose à boire qu'un chocolat chaud..Un petit vin de fleur peut-être...Heureusement, l’attention était toujours portée majoritairement sur Blanche et, maintenant, Betsy.

"Désolé pour le retard Mira chéri, mais j’ai l’impression de passer ma vie aux toilettes depuis un mois et demi ! Alors, racontes-moi tout, comment tu vas, qu’est-ce que tu deviens ? As-tu rencontré ton prince charmant ?"

Elle offrit à Blanche-Neige un haussement de sourcils suggestif. Faites confiance à Betsy pour mettre les pieds dans le plat sans jamais tourner autour du pot. Elle avait cette franchise et cette façon si directe d’aborder les choses…On aurait plus pensé cela de Vaillant et de sa carrure de porte de prison plutôt que d’une jeune femme menue et fluette (plus tant que ça en ce moment, m’enfin) comme Betsy…Et pourtant, Vaillant est un excellent médiateur, il était d’ailleurs le médiateur entre les deux autres membres du trio infernal, les deux autres ayant un caractère bien trempé…Oui, oui, je m’inclus donc dans le lot. Si seulement nous avions la moindre idée de ce qu’avait traversé Mira avant de se revoir, on se serait passé de la question sur le prince charmant…

Alexei & Blanche

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Blanche ne put s'empêcher de retourner ce sourire amusé à Alexei bien qu'on pouvait facilement y lire une once de culpabilité. Elle ne voulait surtout pas le forcer à parler si il n'en avait pas envie, mais elle était entrée dans un certain mode de panique quand était venu le temps de tenter de retirer l'attention de sur elle. Après tout, elle ne devait pas être la seule dont la vie avait été peuplée de mésaventures ces derniers temps ! Et certains devaient en avoir de biens moins dangereuses à raconter, du moins elle l’espérait.  Elle l'écouta raconter ce à quoi sa vie ressemblait aujourd'hui, elle en avait eu un très bref aperçu lors de son passage chez Miel&Épices et elle ne pouvait que confirmer qu'il s'agissait de la meilleure confiserie en ville après avoir gouté à certains de leurs produits dont cette pomme caramel qu'il lui avait offert ce matin. "Ouais, encore faut-il que tu ne manges pas toute la marchandise au lieu de la vendre, Lexou." Le regard de Blanche bifurqua d'Alexei pour aller se planter sur la nouvelle venue dans la pièce. Ses yeux ne parvinrent pas à fixer son visage pendant longtemps et à en juger la réaction d'Alexei, elle n'était pas la seule. "Betsy ! Helloouah !" Betsy... Son sourire s'agrandit en découvrant la seule personne qui manquait à ses souvenirs.  Eh bah…Toi tu ne fais pas semblant au moins !" Et ce n'était pas peu dire bien qu'elle aurait trouvé un moyen plus flatteur de s'exprimer. Elle regarda avec émerveillement le ventre bien rond de la jeune femme à qui la grossesse allait à merveille.  « Tu es magnifique, la grossesse te rend particulièrement rayonnante. » Ce n'était pas peu dire.

"Désolé pour le retard Mira chéri, mais j’ai l’impression de passer ma vie aux toilettes depuis un mois et demi ! Alors, racontes-moi tout, comment tu vas, qu’est-ce que tu deviens ? As-tu rencontré ton prince charmant ?" Les joues de Blanche-Neige prirent une teinte légèrement pourpre et elle eut l'impression qu'il faisait particulièrement chaud tout d'un coup, comme si un feu de camp venait tout juste d'être allumé à quelques centimètres d'elle. Elle était consciente que la jeune femme n'avait pas la moindre idée de tout ce qu'elle avait traversé et c'est pourquoi elle ne voulait surtout pas qu'elle ait une culpabilité de lui avoir posé la question. Betsy était peut-être maladroite dans ses propos, mais Blanche-Neige savait bien qu'il n'y avait aucune mauvaises intentions derrière ses paroles, seulement une certaine curiosité sympathique qu'elle pouvait comprendre. Elle était consciente qu'elle leur devaient certaines explications, mais elle ignorait comment le faire sans les impliquer dans ce problème qui n'était pourtant pas le leur. « Hmmm et bien disons que j'ai déménagé souvent depuis qu'il me soit arrivé un... soucis familial. J'ai travaillé quelques années comme assistante pâtissière à Yasen et je suis cantatrice depuis mon arrivée à Fort Fort Lointain. » Tout ce qu'il y avait de plus normal après tout même si ce n'était surement pas ce qu'ils voulaient entendre. Blanche sentait son coeur accélérer à la simple idée de devoir parler de Charmant. « Et oui.. j'ai rencontré le prince charmant dont j'avais toujours rêvé seulement... je n'étais pas sa princesse. » Elle avait laissé échapper les derniers mots dans un murmure. Charmant était celui qu'on lui avait promit depuis son enfance, celui qui avait hanté chacun de ses rêves depuis ce moment. Jamais aucun homme n'avait fait battre son cœur de cette façon et plus le temps passait, plus elle doutait qu'il soit tout simplement possible de trouver un homme qu'elle pourrait aimer avec autant de sincérité et d'intensité. Elle avait préféré rester vague, consciente que de parler de façon imagé serait beaucoup moins pénible pour elle et permettrait quand même aux autres dans la pièce d'avoir la réponse à la question. Blanche s'accrochait à l'idée qu'elle avait fait la bonne chose et que Charmant était plus heureux aujourd'hui, après tout, sa mère était Reine et il a ce que les gens racontaient, il avait une fiancée magnifique. Oui... elle avait fait le bon choix et ainsi il pouvait être heureux.

Consciente qu'elle gâchait déjà l'ambiance avec cette réponse, elle se dit que de préciser qu'elle demandait à être appelé Mira comme certaines personnes lui voulaient du mal n'était peut-être pas la meilleure suite possible. « Et toi alors ! Tu vas bientôt être maman, ce n'est pas rien. Je veux tout savoir. » Une histoire heureuse permettrait de venir raviver un peu la bonne humeur de tout le monde. Blanche avait un doute sur l'identité du père de cet enfant, mais elle n'avait pas osé faire un rapprochement afin de ne pas entrainer un nouveau malaise.

 

Alexei & Blanche

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Déménagée souvent ? Tiens, ça me rappelait quelqu’un…Oui je sais, je manie l’ironie très mal, ce n’était pas ma faute, j’étais plutôt du genre franc et vanneur, plutôt qu’ironique et cynique, que voulez-vous. En tout cas, je sentais bien que plusieurs personnes dans l’assemblée souhaitaient lui poser des questions sur son père, cet homme bon et agréable qui avait, par ailleurs, sympathisé grandement avec Hibernius. Car elle ne venait jamais sans son père et le fait qu’elle parla de soucis familiaux laissait supposer qu’il s’était passé quelque chose en rapport avec son père, ce qui inquiétait beaucoup de gens, surtout Hibernius qui l’écoutait sagement, mais les lignes de son front de mentaient pas ; il voulait en savoir plus, mais respectait ce que Blanche voulait bien dévoiler…Pour le moment. Je pouvais presque voir les rouages de son cerveau fonctionner à plein régime, dans la tête du vieux. Je décrochai cependant mes yeux de celui qui sert de père à ce Cirque, pour les porter sur Blanche avec un air surpris.

"Yasen ? Sérieusement ? Je viens de là-bas ! Enfin, j’y suis né, après j’ai fait comme les autres du cirque, mais là n’est pas la question, c’est fun. Il faudra que tu me montres ce que tu sais faire en pâtisserie alors !" je plantais un regard amusé sur Betsy "Ouais, je suis un gourmand, et alors ?"

Je me tus alors et laissa Blanche-Neige continuer, alors qu’elle répondait à Betsy…vaguement. Je pouvais sentir la frustration de Betsy de ne pas avoir plus de détails sur cette affaire, mais le changement de conversation fut radical et après avoir posé un rapide regard sur son ventre rond, Betsy afficha un immense sourire. Ah ça, on pouvait dire qu’elle était heureuse et…Même si c’était douloureux de l’admettre, c’était mieux ainsi.

"Il y a un peu plus d’un an maintenant, George, le dompteur de fauve, m’a fait sa demande. On s’est mariés et quelques mois plus tard…Tadaaa." Déclara-t-elle en désignant son ventre "Je peux dire que je l’attendais…A force de voir Vaillant avec ses bambins de tous les côtés…" Vaillant l’interrompit
"Je n’en n’ai que deux Betsy, n’exagérons rien."
"Bientôt trois je te rappelle, encore six mois et tu es bon pour retourner pouponner mon chou. Tu le sais. Mais on sait tous que tu adores ça. Je te jure Mira, tu devrais le voir avec Liam, son fils aîné, c’est un vrai papa poule. Et avec Jean, oh mon dieu. Il gagatise !"
"Betsy…"
"Oui, bon, bon, j’arrête !" elle reporta son regard sur moi "Il ne manque plus que toi Lexou, pas de mini Alexei en préparation quelque part dans cette grande ville ?" j’explosais de rire
"On avait fait un pacte dont je ne me souviens pas, genre ‘faut qu’on ait tous un gosse avant qu’on atteigne les trente ans ?" j’étais vraiment amusé, parce qu’avec les autres, on ne s’était jamais posé la question de savoir si on voulait ou non des enfants et voilà Vaillant avec trois (presque) et Betsy attendant son premier. "Non, pas de mini-moi en préparation ni de prévus. T’imagines en plus, des mini-moi ? Ca serait l’horreur, déjà le tiens, il risque de pas être triste niveau caractère, bon, ceux de Vaillant, je ne m’inquiète même pas, ils seront parfaits, comme leur père. Mais alors moi…tu veux mettre Fort Fort Lointain à feux et à sang ?" L’assemblée explosa de rire, Betsy y compris.
"Tu n’as pas tort Lexou !"

Sur ces bonnes paroles, les discussions continuèrent à bon train, chacun racontant une petite chose. Le temps passait et les gens quittaient peu à peu la table, retournant à leurs occupations diverses et variées. Ne restaient maintenant autour de la table que Hibernius, Vaillant, Blanche, Betsy et George (qui nous a rejoint durant la conversation) et moi, bien évidemment. Nous discutions du bon vieux temps quand Hibernius se leva finalement, reprenant la parole.

"Mira, ma chère, est-ce que vous seriez d’accord pour que nous continuions cette conversation dans ma tente ? Alexei, Vaillant, venez aussi, vous avez du temps à rattraper."
"Et moi ?"
"Toi Betsy, tu n’es pas sensé passer autant de temps hors du lit et tu le sais. Donc tu y retournes, hop, hop."

Betsy n’était pas ravie et ça se voyait, mais elle connaissait aussi ses limites, surtout dans sa situation. Cependant, quelque chose clochait ; qu’Hibernius veuille discuter encore un peu avec Blanche et moi était compréhensible, mais qu’il l’ait proposé à Vaillant me semblait un poil étrange. Ce n’était pas illogique en soi, mais il est vrai que je sentais que le vieux manigançait un truc…

Alexei & Blanche

« Life can only be understood backwards; but it must be lived forwards. »

Blanche se mordit légèrement l'intérieur de la joue heureuse de ne pas avoir félicité Vaillant également pour cet enfant à venir. Elle ne pouvait dire pourquoi exactement, mais elle avait sincèrement cru que les deux membres restant du trio d'enfer avait pu tomber sous le charme l'un de l'autre. Elle ne voulut pas rire, craignant de blesser quelqu'un qui ne pourrais comprendre tout ce qui se passait dans sa tête et préféra garder cette réflexion pour elle-même. L'ambiance de camaraderie qui régnait était réellement particulière et on ne pouvait que s'attacher à ses gens merveilleux. Pour Betsy tout comme pour Vaillant, elle ne doutait pas un seul instant qu'ils étaient et seraient des parents merveilleux. Blanche-Neige reconnaissait cette lueur qui brillait dans leur regard pour l'avoir vu dans les prunelles de son père il y a déjà plusieurs années. Comme tous les gens dans la salle, Blanche ne put s'empêcher d'éclater de rire alors qu'Alexei les laissaient imaginer ce que serait Fort Fort Lointain s'il était père. Blanche continua ensuite de boire son chocolat chaud, ne pouvant tout simplement plus se passer de l'effet réconfortant qu'il apportait. La discussion était toujours aussi joyeuse et elle ne se rappelait tout simplement pas à quand remontait la dernière fois qu'elle avait autant rigoler. Elle avait oublié à quel point le cirque lui avait manqué et ce moment resterait certainement gravé dans sa mémoire. Elle s'en voulait même légèrement de ne pas avoir proposé d'amener Astor, il y avait tellement longtemps que son pauvre cheval devait endurer son humeur maussade qu'elle aurait aimé lui offrir un moment plus amusant et familial, mais elle comptait bien se reprendre un jour.

"Mira, ma chère, est-ce que vous seriez d’accord pour que nous continuions cette conversation dans ma tente ? Alexei, Vaillant, venez aussi, vous avez du temps à rattraper." Blanche ne put retenir une légère surprise devant cette proposition, mais elle hocha la tête, adressant un sourire navré à Besty. La cantatrice se leva afin de suivre Hibernius et en profita pour serrer la jeune femme dans ses bras, lui précisant à quel point elle avait sincèrement été heureuse de pouvoir la revoir après toutes ses années et lui souhaitant tout le bonheur du monde avec cet enfant à venir. « Je vous suis.» Blanche ignorait ce dont l'homme désirait lui parler exactement, mais elle avait confiance en lui tout comme elle avait confiance en Vaillant et Alexei. Elle lui suivi donc en direction de sa tente, saluant les gens qu'elle croisait et s'assurant qu'Alexei n'était pas bien loin. Elle tenta de le questionner du regard, mais il ne semblait pas en savoir d'avantage sur ce qui les attendait. Elle attendit qu'on l'autorise a entrer et elle vint s'asseoir à l'intriguer indiqué. Blanche laissa ses prunelles se balader et s'arrêter sur chaque homme dans la tente. Elle aurait pu tout simplement attendre qu' Hibernius commence à parler, mais sa curiosité était apparemment beaucoup trop grande. « Il y a quelque chose en particulier dont tu voulais me parler ? Ou plutôt nous parler ? » Blanche se doutait bien qu'elle risquait d'avoir des questions concernant l'incognito qu'elle souhaitait conserver et maintenant qu'elle était seules avec ces trois hommes, elle se sentait beaucoup plus à l'aise d'en dévoiler davantage, mais elle était également grandement consciente du danger que représentait le fait de raconter ce qui lui était arrivé et elle ignorait jusqu'à quel point elle était réellement capable de se dévoiler.

[quote="Alexei Trainesavate"]

 

Alexei & Blanche

« Life can only be understood backwards; but it must be lived forwards. »

On a suivi, Blanche, Vaillant et moi, Hibernius jusqu'à sa tente personnelle. Loin d'être la plus grande d'entre toute, elle était cependant d'un rouge sombre assez visible pour savoir que c'était lui le chef. Combien de fois y étions-nous entrés, Betsy, Vaillant et moi, pour nous faire remettre à notre place quand on avait fait une énième bêtise? Pourtant cet endroit ne m'a jamais inspiré la peur, au contraire. Je me suis toujours senti en sécurité dans cet endroit, alors que ce n'était qu'une tente par bleu! Une simple toile tendue et retenue par des piquets et des cordes contre les avaries climatiques et humaines. Je ne m'étais d'ailleurs jamais poser de questions quant à pourquoi, alors que j'allais me faire rouspéter, je me sentais à l'aise dans cet endroit...mais passons. Nous étions là parce que Hibernius voulait parler à Blanche-Neige et non pas me remonter les bretelles.

D'ailleurs, la susnommée posa LA question qu'on se posait tous. Je ne sais pas trop pourquoi maintenant mais j'eu une illumination quant au pourquoi du comment. Il voulait savoir pourquoi elle souhaitait garder l'anonymat...j'aurais dû y penser avant! Je connaissais suffisamment Hibernius pour le deviner bien plus tôt que cela! Argh. Stupide! Stupide! Stupide! Je suis stupide! Hibernius, ce grand défenseur de la liberté, qui voulait aider quelqu'un qu'il avait accepté comme l'un des membres du cirque à part entière, et qui, par conséquent était comme son enfant à ses yeux...alors en plus accompagné de Vaillant, ce chevalier en armure scintillante métaphorique...je lancai un regard à celui que je considérais comme mon grand père, le suppliant de ne pas mettre Blanche dans cette situation, mais il fit comme s'il ne m'avait pas vu et prit la parole.

"En effet, il y a quelque chose dont je voudrais qu'on discute, Blanche..." il ne laissa qu'une seconde mais je retins mon souffle quand même "Ne t'en fais pas; la toile de cette tente est ensorcelée afin que personne de l'extérieur ne puisse entendre ce qu'il se passe à l'intérieur. Tu peux parler sans crainte" J'ouvris de grands yeux à cette information. Comment ça ensorcelé? Où? Quand? Comment? Par QUI? Avant que je n'ai le temps de dire quoi que ce soit, il reprit, alors je me contentai d'échanger des regards avec Vaillant, qui ne semblai pas en savoir plus que moi à ce sujet. "Si tu as du revenir à Fort Fort Lointain sous une fausse identité, c'est que quelque chose, ou quelqu'un, ici t'y oblige. Ce qui veut dire qu'à un moment donné, tu t'es retrouvé dans des ennuis d'une manière ou d'une autre, crois-moi, je parle d'expérience. Par merlin, dis-moi que ton père va bien, je regretterais de perdre un si grand adversaire aux dames..." ah, du Hibernius tout craché ça, à placer une petite touche si anodine dans un sujet grave pour détendre l'atmosphère. "En tout cas, je veux que tu saches, Blanche chérie, que tu peux nous en parler; tu nous connais depuis le temps. Je peux t'assurer qu'ici, ton secret sera bien gardé, et que si jamais tu en avais besoin, tu pourras toujours et aussi longtemps que ce cirque tiendra debout, venir nous voir si tu as besoin d'aide. Quelle que soit l'aide, on ne te fermera jamais nos tentes." Au moins j'étais pleinement d'accord avec lui. Je vins m'asseoir près de Blanche-Neige et passa un bras autour de ses épaules.
"Il a raison Blanche. Quoi qu'il arrive, tu fais partie de la famille maintenant. Que tu le veuilles ou non, vas falloir nous supporter comme ta fratrie parfois un peu trop envahissante!" Bon sang, je tourne Hibernius... "Tu peux tout nous dire; jusqu'à quel point on pourra t'aider, cela dependra, mais on fera toujours notre possible pour le faire." Je me tournais ensuite vers Hibernius "Au fait papy, comment ça la tente est ensorcelée? Par qui? Quand? C'est quoi ce délire?"
"Je suis curieix de le savoir aussi, je dois bien l'admettre..." Vaillant, t'es un chef! Hibernius soupira, avant de sortir sa pipe et son tabac qui sent le pain d'épices.
"Je suis un sorcier blanc, les enfants, c'est moi qui ait lancer les enchantements qui protègent ma tente et le cirque de manière générale. Maintenant, si vous le voulez bien, revenons à Blanche-Neige; je vous expliquerez tout plus tard, mais il y a plus urgent."

Hein, que, quoi?! Je restais bouche bée devant cette confession et lançait des regards aux autres pour essayer de voir si j'étais le seul à trouver cela choquant. Vaillant eut un instant de battement puis haussa les épaules, comme si Hibernius venait simplement de nous annoncer qu'il n'étais pas le créateur de son fameux chocolat chaud. Quant à Blanche...

[HJ: Désolé pour le retard monstrueux que j'ai pris O__O]

Alexei & Blanche

« Life can only be understood backwards; but it must be lived forwards. »

Une tente ensorcelée ? La jeune femme se sentit légèrement rassurée de savoir que personne d'autre que ces trois hommes allaient entendre ce qui allait se dire dans cette tente si seulement elle parvenait à dire le moindre mot. Blanche-Neige baissait le regard alors qu'Hibernius résumait assez bien la situation dans laquelle elle se trouvait. Si seulement c'était quelque chose de tout simple ! Elle aurait aimé s'être enfuie suite à une dette d'argent énorme qu'elle aurait contracté, il lui aurait suffi de trouver plusieurs boulots et de travailler heures après heures afin d'amasser la fameuse somme, elle serait revenue et aurait tout payé avant de pouvoir se sentir libre à nouveau. Savoir que la Reine n'hésiterait certainement pas à la tuer si elle apprenait qu'elle était de retour à Fort Fort Lointain était d'un tout autre ordre. Cette pensée la fit réaliser entièrement la véritable crainte qu'elle avait, sa propre protection n'avait qu'un faible poids dans la balance de sa décision de garder le secret. C'était surtout l'idée d'entrainer des problèmes à ces gens merveilleux qui la bloquait. Ils ne pouvaient rien pour elle si ce n'est que d'être une présence et un réconfort. Entendre parler de son père fit monter les larmes à ses yeux et elle garda le regard encré au sol afin de ne rien montrer. Ce n'est que la remarque sur les dames qui lui décrocha un minime sourire en coin. Elle aurait tant aimé qu'ils aient plus d'informations qu'elle à ce sujet, d'entendre quelqu'un lui dire avoir vu son père dernièrement et qu'il se portait bien. Elle détestait l'idée de le savoir sous le même toit que son affreuse belle-mère et aimerait tant pouvoir trouver un moyen de le libérer de son emprise. Toujours perdue dans ses pensées, elle avait néanmoins conscience de ce que l'homme disait, lui promettant de lui donner toute l'aide qui serait possible, il y avait si longtemps qu'elle avait cessé de songer à une solution que l'idée lui fit l'effet d'un baume apaisant contre son coeur. Elle aurait aimé le croire plus longtemps, mais la difficile vérité venait toujours briser ses plus beaux rêves.

La cantatrice réalisait qu'Hibernius avait terminé de parler seulement lorsqu'elle senti le bras rassurant d'Alexeï venir encercler ses épaules. Elle leva son regard vers lui et lui adressa un sourire triste. Jamais encore n'avait-elle autant eu envie de parler. Elle savait qu'elle pouvait leur faire confiance, peut-être que d'en parler à voix haute à quelqu'un d'autre que son cheval parlant lui ferait le plus grand bien ? Malgré toute cette hésitation qui ne la quittait pas, elle ne put retenir un rire sincère et se sentir plus légère lorsqu'Alexeï questionna l'aîné dans la pièce concernant la nouvelle information qu'il venait de découvrir. C'était exactement ce qu'elle aimait autant ici, cette facilité de passé d'une émotion à l'autre en une fraction de seconde. Elle se sentait pleinement vivante en leur compagnie et en parfaite sécurité. Elle aurait adoré entendre les mille et une questions qui devaient toujours habiter les deux jeunes hommes concernant cette grande révélation lorsqu'elle sentait l'attention revenir immédiatement sur elle. Consciente qu'elle craignait particulièrement de raconter la partie concernant sa rencontre avec Charmant, elle décidait finalement de se confier, ne serait-ce que sur une partie de l'histoire. «Il m'est effectivement arrivé plusieurs ennuis et ... je ne veux pas que tout ceci vous apportes des problèmes, tout ce que je vous demande c'est de ne rien faire sans m'en parler d'abord... Je ne me pardonnerai jamais s'il vous arrivait quoi que ce soit et je ne crois pas qu'il existe une quelconque solution... » Elle laissa une nouvelle fois son regard parcourir les trois hommes dans la pièce, le déposant en dernier dans celui d'Alexei toujours auprès d'elle. « Les choses sont devenues très difficiles depuis que mon père s'est remarié et... » Blanche-Neige soupirait, réalisant qu'il était complètement inutile de cacher les mots qu'elle trouvait difficiles dans de grandes phrases, elle choisissait finalement d'être beaucoup plus direct et d'enlever d'un coup ce voile qu'elle gardait sur ce secret. « Elle a engagé un chasseur pour me tuer et j'ai passé les années suivantes cachée au fond des bois... Je n'ai jamais eu de nouvelles de mon père depuis. » Blanche avait tout balancé sans prendre le temps de respirer. Pourtant maintenant qu'elle avait dit tout ceci à voix haute pour la première fois depuis des années, elle se sentait plus légère.Bon ce n'était que l'une des deux personnes qui souhaitait voir la vie quitter ses yeux, mais il y avait un début à tout.

 

Alexei & Blanche

« Life can only be understood backwards; but it must be lived forwards. »

Bon, on avait réussi à lui tirer un rire, c’était déjà un bon début, n’est-ce pas ? Ca ne répondait pas au quart de la moitié des questions que Vaillants et moi se posions à propos d’Hibernius, et encore moins à ce qui arrivait à Blanche-Neige. Ce qui était effectivement le plus important pour le moment. On aurait tout le temps d’en discuter plus tard avec Hibernius. Sans compter que, concrètement, ça ne changeait pas grand-chose. Papy était un sorcier blanc ? Tant mieux pour lui. C’est vrai qu’il a toujours eu un petit côté hippie, alors au fond, ça ne me choque pas plus que cela. Nan et puis sérieusement ? Bon sang, avec Vaillant et Betsy on le connaît depuis qu’on est nés…C’est notre Papy NiuNius à nous, même si techniquement ce n’est pas notre grand-père. Il est une figure paternelle à tout le cirque de toute façon et il le resterait à vie quand bien même il serait une hirondelle alcoolique sous Charnel (ce qui serait compliqué étant donné qu’on le connait depuis bien avant que le Charnel soit mis en place m’enfin, passons). Donc pour ce qui était du vieux, on verrait plus tard, la priorité était Blanche-Neige.

Blanche-Neige qui prit, enfin, la parole et les trois hommes l’écoutèrent silencieusement, presque religieusement. Je crois qu’on a créé la synchro du siècle en hochant tous la tête en même temps, presque à la seconde près, pour lui signifier que non, on ne ferait rien sans lui en parler avant. De toute façon, aussi tête brûlée et indépendant puissé-je être, je ne vais pas interférer dans la vie des gens en défonçant des portes…Ou presque pas. Bon, d’accord, je serais tout à fait capable de le faire, y a qu’à me voir avec Gretel. Cependant c’était de Blanche dont on parlait et je la respectais bien trop pour ne pas respecter cette simple condition. D’autant plus que ce n’était pas un refus de nous laisser agir, elle voulait simplement un droit de regard sur ce que nous pourrions faire, ce qui était tout à fait normal quand on y pense. Elle nous raconte ce qu’elle peut, car je sens bien que ce n’est pas toute l’histoire, je finis par savoir la lire notre petite Blanche, mais je ne dis rien, tant ces première révélations me font mal pour elle.

Elle, qui est une personne aussi douce que gentille, incapable de faire du mal à qui que ce soit, se retrouver traquer, tel un animal. Je resserrais mon bras autour de ses épaules, pour lui faire passer tout le soutien que je pouvais lui offrir dans ce simple geste. Le silence s’étira pendant un moment puis Hibernius soupira, avant de parler.

"Bon, je pense qu’on a tous besoin d’un remontant…" il alla à un petit placard dans un coin de sa tente et en sortit une bouteille de liquide ambré (Rhum ou whisky, je ne saurais le dire), et alla ensuite prendre quatre verres qu’il déposa sur la petite table basse autour de laquelle nous nous trouvions assis, et servis un verre à chacun de nous. Ah, Rhum bien vieilli. "Je comprends mieux ton besoin d’anonymat. Bon sang, si j’avais eu vent de cela…Je serais retourné voir ton père directement. De fait, je ne l’ai pas revu depuis plusieurs années maintenant, mais j’en ferais notre prochaine étape et t’enverrais une lettre pour te donner de ses nouvelles. Pour ce qui est de tes problèmes…Si tu souhaites rester à Fort Fort Lointain, libre à toi, je suis certain qu’Alexei se fera un plaisir de veiller sur toi et de t’aider de quelque façon que ce soit…" je hochai vivement la tête.
"La question ne se pose même pas. Si tu as besoin de quoi que ce soit, n’hésites pas à passer à la boutique ou bien à laisser un message si tu préfères que je passe te voir chez toi…"
"Mais dans le cas où tu voudrais quitter Fort Fort Lointain ou si jamais ce Chasseur te retrouvait et que tu doives fuir de nouveau, n’hésites pas à nous le faire savoir. On t’accueillera avec plaisir parmi nous. On a pas de chanteuse, maintenant que j’y pense." Il offrit un grand sourire rassurant à la jeune femme et vint serrer ses mains des siennes, agenouillé devant elle "Je suis désolé de ne pas avoir pu être là avant pour t’aider…"
"Ton chasseur, tu sais ce qu’il est devenu ? Il a simplement perdu ta trace ou bien…"

Pour le coup, ce fut Vaillant qui parla, et il alla au point qui posait problème. Le chasseur. Enfin, le problème de fond était la belle-mère de Blanche, mais si on devait partir de là…enfin bref.