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FORT FORT LOINTAIN

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⊱ why are you trying so hard to fit in when you were born to stand out ? EmptyMer 22 Oct - 12:43




Poucet & Dragée

Parfois j’ai peur. Je ne le reconnais plus, le petit garçon aux yeux semblables à des perles d’eau douce, émerveillé devant la beauté du monde et la magie que je lui offrais. Je ne reconnais plus cet enfant qui pleurait sur mon épaule, priait pour chaque vie éteinte, chaque vie enlevée. Il était si pur, ce petit être que j’aimais protéger, celui à qui je me suis liée pour l’éternité. Il était mien. Désormais je le sens m’échapper, glisser de mes mains  tel un oiseau blessé, sauvage et désireux de s’envoler. Mais au lieu de se hisser, il tombe, il perd pied. Parfois j’ai peur de ce qu’il devient, de ce que j’ai créé. Une machine de guerre, un homme au coeur de pierre. Ses rétines se sont imbibées d’un marécage de pétrole épais, l’aveuglant devant la moindre beauté. Il ne distingue que le chaos et la souffrance, le tourment et la brûlure de toute chose, à travers ses yeux si noirs, si vides. Lui qui a pourtant vu tant de belles choses, parcouru tant de pays magnifiques. Lui qui savait m’apaiser. Mon petit Poucet. Parfois j’ai peur oui. Peur de lui. Mon champion se relève, le visage boursouflé et rouge de hargne. Il se bat comme s’il était né pour ça, comme s’il devait mourir comme ça. Vivre et mourir, en guerrier.

Mes doigts se crispent sur l’accoudoir, mes ongles me brûlent alors qu’ils tentent de déchirer la soie et de pénétrer le bois. Je relève le menton, mais mes yeux ne quittent pas l’arène, plus bas. Il est blessé. Chaque fois que Poucet prend un coup, c’est une bourrasque de vent glacial qui caresse mon coeur, pour le frigorifier plus qu’il n’est déjà glacé. Une larme de sang goutte le long de son bras et m’assène de frissons. Je perds mes moyens à la vue du sang, mais alors, lorsqu’il s’agit de mon propre sang, j’ai ai les tripes retournées. Poucet est mon sang, mon filleul, mon enfant, mon frère, mon ami. Quand on lève la main sur lui, c’est une attaque envers moi. Qu’on a tant fait de regretter. « Suffit ! L’entraînement est terminé. » Personne n’ose s’opposer aux ordres d’une duchesse et aussitôt que j’ai prononcé ces mots, l’adversaire de mon champion se met à genoux face aux gradins, baissant les yeux pour faire face à la terre. Les dames de la cour à mes côtés me dévisagent curieusement avant de susurrer des plaintes entre elles. Je fais mine de les ignorer, et me concentre de toutes mes forces pour me contrôler. À la moindre erreur, mes ailes changeraient de couleur. Je me lève lentement de mon siège et descend les marches des gradins sans quitter Poucet du regard. Il est déçu, contrarié, je peux sentir la désapprobation dans son regard. Mais il ne dit mot et n’attend pas que je sois en bas pour entrer dans la tente des champions. Passant près de l’adversaire toujours à genoux, je pose doucereusement ma main sur son épaule et lui murmure qu’il peut disposer. Je tire le rideau et entre à mon tour dans la tente, relâchant toute la pression accumulée. « Je t’interdis de m’en vouloir d’avoir écourté le combat. Tu sais que je ne supporte pas que tu sois blessé. » J’approche lentement de lui, sondant son visage à travers le miroir auquel il fait face, me renvoyant un reflet aussi sombre que peut l’être le ciel au solstice d’hiver. Ma voix cherche à paraitre pleine d’assure mais ma démarche me trahit, et le silence qui nous envahit laisse planer un malaise. Pourtant je sais qu’il me pardonnera, comme à chaque fois. J’enlève le gant de soie sur ma main gauche et attrape son bras las pour y apposer ma paume. Une légère décharge se fait sentir et je puise dans mes forces pour soulager la douleur et cicatriser sa plaie. « Tu n’as pas été assez prudent, tu aurais pu éviter ça. » Sans que j’y puisse quoique ce soit, une image me revient en mémoire. Un souvenir d’enfance. Je me rappelle de ses escapades, quand il venait trouver refuge chez moi après une altercation avec son père. Je le revois, couvert de bleus, les lèvres fendues. Déjà à l’époque je ne supportais pas le voir ainsi, mais aujourd’hui, ça brise littéralement quelque chose en moi. Je sonde ses yeux, cherchant à discerner quelque pensée, mais il ne me donne rien. La plaie refermée, je la nettoie d’un chiffon imbibé d’eau et remet mon gant. « Tu pourrais faire une pause pour aujourd’hui, et reprendre les entrainements demain, non ? » Je sais qu’il ne va pas apprécier mon conseil et bouder de plus belle, mais j’aurais tenté. Machinalement, j’enfouie mes doigts dans sa tignasse et descend lentement caresser sa joue pour déposer un baiser sur son front, telle une maman, telle une marraine.
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⊱ why are you trying so hard to fit in when you were born to stand out ? EmptyMer 22 Oct - 21:00




Dragée et Poucet
Le plus dur c’est pas la chute, c’est l’atterrissage.

La mort est là. La mort est partout. La mort tinte dans les lames qui se frottent, se claquent, dans la sueur qui coule sur leurs fronts, dans leurs coeurs qui frappent au même rythme. Ils sont deux dans l'arène, deux à se crever comme des chiens galeux ou ce qui y ressemble le plus. Poucet est dans son élément. Il s'y sent bien comme jamais. Il a trouvé en la possibilité de se battre un exutoire, en plus d'être une manière de se défendre à l'instar d'une autre plus douce. La violence est en lui depuis qu'il est marmot. La douleur c'est son oxygène, le jetant dans la gueule du loup sans même qu'il puisse regretter une seule seconde. Son corps il l'a forgé, son esprit il m'a martelé, tout son être a changé, il a évolué. En bien ou en mal ? Il ne saurait le dire. Il n'a pas d'avis là-dessus, ne veut pas se confronter à ce qu'il déteste le plus : son reflet dans le miroir. Il s'évite, se cache de son propre être qui le dégoût parfois, surtout le soir quand il entend les râles étouffés des gamines qu'il a assassiné sans se dire qu'elles avaient elles aussi le droit de vivre. Poucet n'est plus crédule. Poucet n'est plus un enfant. Il a grandi, mûri, pourri sans aucun doute jusqu'à la moelle, si bien que son bonheur il l'offre qu'à ceux qu'il considère comme dignes. Cependant est-il, lui, un bon représentant des émotions ? Alors qu'il ne se trouve clairement pas bon sur ce sujet ? Là-haut il peut sans même la regarder, sentir les prunelles de sa bonne fée détailler ses mouvements aussi aériens que bourrins, passant d'un coup de vent à une véritable tornade, son adversaire ne semble pas vouloir lâcher le morceau. C'est qu'un entraînement dit-on, rien de plus. En revanche, ça a beau être un combat dit à la loyale, il n'empêche que ce sont de vraies armes qui s'entrechoquent à en faire frissonner le jeune garçon aux cheveux de jais. Indomptable. Insondable. Ce doit être ça qui rend à chaque fois son interlocuteur de plus en plus perplexe, le fait que la peur ne puisse se voir, encore moins se sentir. C'est pas qu'ils se transpercent comme des barbares, ils se mettent tout bonnement tout à terre. Toutefois, tomber c'est similaire à mettre un pied dans la tombe. Entre deux gestes précis il aperçoit son chien Aldred, posé comme à son habitude non loin d'un mur gigantesque, il admire son maître en pleine action - ou désespère de devoir supporter ce spectacle. Les sourcils froncés, le souffle de plus en plus saccadé, c'est une blessure qui l'arrête dans son élan. Une plainte retenue dans sa gorge tremblante, Aquilon reste entre ses doigts crispés alors qu'il recule, prêt à lui donner la plus belle raclée de toute son existence. C'est dans ses projets, et c'est sans compter sur Dragée qui de sa voix aigu arrête le maître d'armes dans son élan. « Suffit ! L’entraînement est terminé. » Et là c'est le drame. L'affront. L'ultime chose à ne pas faire devant un animal enragé qui veut ce qui lui appartient. Pestant contre sa protectrice, il se remet tout droit pendant que l'hypothétique perdant se met à genoux. Bien sûr, de ça, lui, il n'en a pas besoin. Grimaçant sous la plaie superficielle, il jette une oeillade dépitée à la duchesse tout en pressant le pas pour se retrouver dans la tente dite des champions. Héros de qui ou de quoi ? Il est sous ses ordres, c'est tout. De là à ce qu'il se considère comme tel, une marge est visible, un fossé si grand qu'il ne pourra pas sauter pour atteindre l'autre bout. Pas avant qu'il se pardonne. Pas avant qu'il s'accepte. Pinçant sa lèvre inférieure, sous le coup de la colère, le dernier Cailloublanc s'avère capable des pires folies. Inspirant longuement pour calmer toute cette rancoeur qui lui bouffe le ventre, il n'est qu'une bombe faite de chairs pouvant exploser à la moindre contrariété qu'il considère aberrante. Debout devant une glace, l'étendue des dégâts se montre à lui, logique, évidente. Ce n'est rien de grave. C'est juste que ça pique, pas de quoi en faire une maladie, encore moins une cicatrice. « Je t’interdis de m’en vouloir d’avoir écourté le combat. Tu sais que je ne supporte pas que tu sois blessé. » Remettant une couche qui n'était pas nécessaire, la bourgeoise se glisse dans le dos de Poucet qui n'ajoute rien de plus. Que marmonner après tout ? Si lui est capable de se laisser empaler sans broncher, il faudra d'abord passer sur le corps de Dragée pour le faire. Toujours là, toujours présente, et ceci depuis près d'une vingtaine d'années. Les sourcils haussés, il n'ose pas toucher sa crevasse, se doutant pertinemment qu'elle va se mêler de sa ridicule agonie. Cette image lui refile des frissons, celle de deux êtres qui s'aiment vraisemblablement, toutefois alors qu'une lui montre toute sa compassion, l'autre n'y arrive pas - en revanche, elle sait ce qu'il éprouve, de fait elle n'a pratiquement jamais ô grand jamais besoin de lui demander un poème déclarant sa flamme ardente. Après tout, Poucet, il en a plus de feu à l'intérieur. Ou alors loin d'être de joie, il s'est consumé en un tas de cendres poussant à une moue révélatrice et un plissement de nez. Son étreinte se relâche sur le manche de sa lame qui tombe à même le sol dans un cliquetis révélateur. Leurs prunelles se croisent. Elle est vraiment inquiète. Et l'ancien marmot poissard a beau se faire passer pour le plus insensible, face à elle tout son être se dévoile - ou ce qu'il en reste.
Il est désolé.
Pas désolé comme on peut l'être en ayant brisé un objet de valeur. Pas désolé comme on peut l'être face à un drame. Non, il l'est vraiment, sans pouvoir laisser les termes faire tout le travail. Il voudrait ouvrir son torse souvent le Poucet, gueuler contre ceux qui pensent qu'il ne les apprécie pas, leur aboyer voyez je suis un homme comme vous, je souffre, j'ai peur, je pleure, je me protège d'autrui. Pinçant systématiquement sa lèvre inférieure à cette pensée, toute son attention se pose sur ses bottes souillées par le temps. Gémissement éteint derechef par son estomac crispé, une douce et désagréable chaleur lui arrache la peau au niveau de l'endroit atteint par l'épée aiguisée. Il se rappelle. Il avait quinze ans, elle en avait à peine plus. Il avait mis ses belles pompes rouges de sept lieues pour la retrouver, et bon sang qu'il avait craqué face à la belle fée irréelle. Frappé deux jours auparavant par son paternel ne supportant plus ses gueulantes, c'était le début de sa chute. Son géniteur l'avait poussé dedans, si certes Elis avait été présent, il n'avait pas pu retaper toute son enfance brisée avec quelques clous et du bois. Il avait rien pu faire. Alors il était venu, la gueule cassée par des poings plus conséquents que les siens. « Tu n’as pas été assez prudent, tu aurais pu éviter ça. » Coupé dans son souvenir qui lui arrache des traits déconfits, il reste coincé dans son mutisme. C'est la meilleure chose qu'il puisse faire. Poucet sait se faire entendre, il sait se taire aussi. Que peut-il lui reprocher de toute manière ? De se donner corps et âme pour un personnage qui n'en vaut peut-être pas la peine ? Après la chaleur, le froid le fait frémir bien plus. De l'eau, c'en est déjà terminé. Si la reine castratrice a donné à ses congénères une réputation de pestes superficielles, le combattant est le digne chanceux d'être tombé sur un être gracieux plein de bonne volonté. Ayant cependant, comme tout à chacun, des bêtes noires. Celle de Dragée porte des tas de prénoms, un coup c'est Alexandr Lerat, l'autre c'est Plumosucre, pour finir sur la famille Cassenoisette. Rien de bien étonnant dans tout cela. Mais, le cadet sait tout, voit tout, ne laisse pas son venin s'étaler certes, en revanche il peut menacer de le faire. Les iris clairs de sa duchesse s'étant posés sur son frère aîné quelques jours auparavant, ses manières n'étaient pas anodines. Ils avaient été heureux fut un temps, Elis et Dragée, jusqu'à ce qu'elle y mette un terme brusquement, laissant derrière elle la moitié d'esprit de Poucet totalement dévastée. Déglutissant difficilement en ressassant la scène, elle va lui porter le coup de grâce. « Tu pourrais faire une pause pour aujourd’hui, et reprendre les entrainements demain, non ? » A quoi il rétorque bêtement un haussement d'épaules nonchalant. Des doigts maladroits passent sur ce qui semble être maintenant un vieux souvenir, intérieurement il ne ressent plus rien. Disparu. Comme si de rien n'était. Au moins personne ne pourra lui dire de tout arrêter sous prétexte qu'il est trop amoché. Grâce à Dragée, il peut mentir ouvertement. Reniflant un peu, c'est en même temps que son palpitant descend d'un rythme à un autre, le sang tapant auparavant dans ses tempes se calmant progressivement. C'est bon de se laisser aller un petit moment. « Si tel est votre souhait, madame. » Jouant sur le côté ironique, il ajoute une touche en plus en faisant une courbette plus que risible face au grand morceau de verre reflétant son âme dévastée. Pas un sourire ne se colle sur son visage, il se recule, se retire de quelques pas pour mieux s'affaler sur une chaise encore robuste. Mains jointes, coudes posés sur ses genoux, la tête redressée ce sont des bruits réguliers qui accaparent sa réflexion. Il les connaît. Aldred n'est pas resté seul en sachant que son unique frère a été frappé par les foudres de la maladresse. Le chien aux poils blancs immaculés se glisse furtivement dans la tente, la langue bien pendue probablement prêt à se jeter sur Poucet. Étonnamment il ne le fait pas, se glissant uniquement au niveau de ses jambes. « Crois-tu que je devrais l'écouter ? » Le questionnant du regard, le canidé ne peut lui offrir réponse à sa question à son plus grand dam. Aldred est une bête comme une autre, avec une noblesse encore inégalée. S'il ne peut en aucun cas aider son supérieur, il s'affale à côté de lui, le maître d'armes se penchant un peu plus pour le caresser derrière les oreilles. Et depuis le début de la journée, ce doit être la première fois que Cailloublanc dernier du nom se permet de sourire un peu. C'est tout juste visible. C'est pas grand-chose. Mais, pour les seules personnes qui creusent un peu à travers cette carapace, ils se doutent que si c'est bien beaucoup par rapport à ces dernières années. Obnubilé par son meilleur ami, il en oublierait presque la présence de son ange gardien, sa sauveuse ou encore son bourreau. Dragée Plumosucre mériterait tellement de titres - qui bien évidemment ne lui iraient pas, Poucet en est convaincu, on ne peut égaler sa personnalité en un rang minable. « D'ailleurs, il y a bien longtemps que tu ne m'as plus soigné. Si je ne m'abuse, cela remonte à une éternité - à peu de chose près. » L'adolescence ça remonte, le temps candide aussi. Tout ça c'est loin derrière, là où le passé se pavane en lui plantant des aiguilles dans les ongles, en le dépeçant progressivement. Le passé c'est Poucet. Le passé c'est Elis. Le passé c'est Dragée. Le présent c'est les trois réunis sous un même soleil et face à un futur incertain. C'était y'a longtemps. Une éternité, oui.
Quand il se sentait digne d'être aimé.
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⊱ why are you trying so hard to fit in when you were born to stand out ? EmptyJeu 23 Oct - 0:28




Poucet & Dragée

Je me suis octroyé mes propres droits sur Poucet comme sur une chose. L’amour presque maternel qui parfois s’apparente plus à une inquiétante possessivité envers son objet favori. J’ai sans cesse peur qu’il ne disparaisse, une crainte effroyable qui me prend aux tripes, me susurre son venin, murmurant qu’il va m’être enlevé comme chaque chose, chaque être que j’ai aimé. Mais cette fois c’est différent. Poucet, j’en ai fait ma chair et mon sang. J’ai scellé un pacte entre nos âmes pour l’éternité, il m’est lié, jusqu’au millimètre carré qui compose mon corps entier. S’il s’en allait, mon désespoir hanterait chaque parcelle de mon coeur jusqu’à ce qu’il ne soit plus que noirceur. Il est la dernière chose à laquelle je tiens encore, la dernière porte pour mon salut. La dernière chose qui me relie à l’innocence de notre enfance, et à Elis. S’il me quittait, j’en serais brisée. « Si tel est votre souhait, madame. » Je ne m’attarde pas plus longtemps sur les douceurs. Son ton me fait lever les yeux au ciel, et je rétorque d’une moue quand il me fait la révérence la plus hypocrite que ce royaume ait connu. Pourtant je ne peux lui en vouloir, ou penser à quelque pique pour démonter ses frasques. Je suis vulnérable quand il s’agit de lui, laissant tomber le voile de la cruauté et du mensonge pour m’abandonner complètement. Mes lèvres tremblent légèrement sous mon soupir de lassitude. Je connais la chanson, avec Poucet c’est toujours à pile ou face. Mais peu importe de quel côté retombe la pièce, il gagnera, prêt à asséner le dernier mot du sarcasme et de l’indifférence. Sourd et glacial. Plus froid encore que des stalactites de gel gouttant sur le verglas. Insensible.

« Crois-tu que je devrais l'écouter ? » Il évite tout contact, préférant le regard et les conseils de son chien aux miens. Envahi de fierté, obstiné comme un adolescent qui aurait refusé de grandir plus longtemps. Je ne m’avance pas plus, comprenant qu’il a changé de place pour garder une certaine distance, et caresse d’une main incertaine le col de mon aile gauche, comme pour me rassurer qu’elles sont toujours bien là, ces elytres, prêtes à me retenir si je tombe. Mais je sens bien mes chevilles se dérober, face à cet homme que je ne reconnais pas, que je ne reconnais plus mais qui, lui, me connait si bien qu’il sait comment me déstabiliser. Je n’ose lui faire véritablement face, je préfère encore le regarder à travers le miroir. Là, dans un coin de la tente, je vois son ombre s’allonger, s’accroître à des sommets inexplorés. Où sont passés les deux enfants que nous étions, si emplis d’espoir qu’ils n’avaient pas besoin d’accessoires pour s’envoler. Ailes ou bottes, il suffisait d’y croire. Où s’est enfuit ce gamin qui courrait après les lucioles, les joues grattées par la boue, et ne repartait que tard la nuit, ne craignant ni le froid ni l’obscurité. C’est ce Poucet là, qui m’a été enlevé, et quant bien même j’essaie, jour après jour de le retrouver, il reste de marbre, tel un stoïque soldat de plomb. « D'ailleurs, il y a bien longtemps que tu ne m'as plus soigné. Si je ne m'abuse, cela remonte à une éternité - à peu de chose près. » Mon coeur émet un sursaut comme une note de musique grave, comme un pas de danse maladroit, réalisé par une ballerine quelque peu désabusée. Des souvenirs qui se nouent, mènent bataille sans armes et pourtant sont capables du pire, sans faire couler de sang. On peut subir toute sorte de guérison, car il existe une multitude de mal. Les maux ne peuvent se suffire à être physiques, il faut qu’ils aient de plus grandes ampleurs. Un père assassiné ou un père qui bat son enfant. Ce sont des douleurs qu’on ne peut effacer, des questions qui restent sans réponse. Une petite fille qui panse des blessures artificielles, des plaies et dissimule des bleus. Mais, incapable de soigner l’âme, impuissante face au supplice lancinant d’un coeur en peine, d’un enfant lésiné, oublié. « Et j’aimerais que la prochaine fois n’arrive pas avant une éternité. » C’est à moi-même que je fais face, toisant mon propre regard à travers ce morceau de verre, sondant les fenêtres grandes ouvertes de mon âme. C’est alors que j’aperçois mes ailes prendre une légère teinte bleu clair semblable à celle de mes prunelles. Ma gorge se serre et je peine à déglutir. Je secoue brièvement ma tête, accompagnée par une danse voluptueuse de ma chevelure et ferme un instant les yeux. Je me retrouve dans le noir complet, envahie de ténèbres je me dégage de toute onde, de tout mal qui chercherait à perforer ma bulle, ma carapace. Mon esprit met de l’ordre et les range bien au frais dans leur boîte, chez Pandore. Ce n’est que la respiration forte et régulière d’Aldred qui me ramène à la réalité, et quand je rouvre les yeux, il n’y a plus aucune trace d’émotion sur mes ailes. Seul mon regard, pourrait encore me trahir. Je tourne les talons, et m’approche lentement de Poucet pour m’agenouiller aux côtés de l’animal blanc. La chaleur et la douceur de son pelage agrippent alors ma peau pour raviver mon coeur. Mes doigts glissent naturellement entre ses poils longs, tandis que je pose ma tête contre son oreille. « Tu crois peut-être que ta vie n’est pas si précieuse, mais tu oublies combien tu es aimé, par moi, par ton frère… J’ai parfois l’impression que tu prends tout ça pour un jeu, et que tu ne t’arrêteras pas avant d’être rassasié. » Mais si cela signifie tomber pour de bon, une fois pour toute et la dernière, je ne te laisserai pas faire.
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⊱ why are you trying so hard to fit in when you were born to stand out ? EmptyJeu 23 Oct - 20:53




Dragée et Poucet
Le plus dur c’est pas la chute, c’est l’atterrissage.

Après la pluie vient le beau temps, après la tempête vient le calme tant attendu. Après quelque chose intervient un truc, c'est ça la morale de l'histoire. En général dans les chapitres qui succèdent et font une personne, il y a toujours le retour de pièce, la bonne partie qui fait plaisir à voir quand elle pointe le bout de son nez. Poucet pourrait dire, mentir à autrui qu'après sa fuite de chez l'ogre avec ses six frères, il n'en a été que trop mieux. Si certes il en a eu une fierté loin d'être dissimulée durant un temps, il n'empêche que la suite ne fut pas des plus belles, repassant au rang du marmot qui définitivement, n'aurait jamais dû naître. Est-il donc une erreur ? Une horreur qui est à peine plus petit que la normale ? Sa vengeance il la prend à sa manière. C'est pas tant qu'il fait couler le sang, encore moins qu'il se complaît dans le malheur de ses congénères. Toutefois, il fait comme si, se joue d'un masque qui s'est accroché progressivement à sa peau blafarde pour ne plus le lâcher. Il a fait avec. Il s'en est accommodé, l'apprécie particulièrement. Il se protège comme il peut des autres hommes qui peuplent le royaume de Fort Fort Lointain, n'est plus capable de mettre son coeur battant sur un plateau d'argent pour une bonne âme qui dissimule un loup redoutable. Il a peur. C'est un fait, Poucet est un froussard qui préfère se faire passer pour la pire des ordures plutôt que d'en baver un peu. Selon lui, son quota de tolérance a été dépassé depuis si longtemps qu'il ne compte plus les jours. Une décennie sans aucun doute. Et ça a commencé par des injures, se terminant par un départ déchirant face à son frère aîné qui se doutait que la meilleure chose à faire était de disparaître. De là à se retrouver seul, il sait, voit qu'il est très bien entouré, à commencer par son fidèle ami de toujours. Aldred n'a pas débarqué dans sa vie de manière très anodine. Encore une fois, Elis avait mêlé son grain de sel dans le rouage complexe du dernier des Cailloublanc, lui tendant la bestiole avec un sourire fier. Donner un si petit être à un gaillard renfermé pareil, c'était se prendre une belle question en pleine figure : qu'est-ce que tu veux que j'en fasse ? C'était tout ce qu'il avait trouvé, en tenant par la peau du cou la boule de poils blanche qui chouinait à outrance. Actuellement, il ne regrette pas de l'avoir, pouvant lui conférer une niaiserie enfantine qu'il pensait perdue à jamais. Puis il y a la duchesse Plumosucre, au regard aussi tentateur que provocateur, elle a un pétillement là-dedans qui pousse à l'admiration. De cela, il n'en doutera jamais, surtout pas de la confiance qu'elle a posée entre ses mains. Certes son caractère n'est plus le même, bien sûr que oui il se perd, il ne pourra malgré tout jamais manquer aux principes qu'il s'est imposé dès son plus jeune âge. L'une étant de ne pas abandonner ceux qui se sont fait une place de choix dans son palpitant cabossé. « Et j’aimerais que la prochaine fois n’arrive pas avant une éternité. » Il jurerait entendre une once de colère émanant des lèvres de la belle. Haussant les sourcils, une main toujours calée à caresser le chien âgé de deux ans, il ne sait qu'en dire de plus. Une éternité ça peut durer combien de temps exactement ? Ce terme lui paraît si abstrait qu'il n'arrive pas à savoir. Leur dernier morceau d'éternité lui est désagréable, lui refile des frissons qui hérissent les poils de ses bras. Il veut plus s'en souvenir. Pourtant c'est présent, en lui, ça lui taraude l'esprit et représente ses cauchemars les plus profonds. Il avait chouiné dans ses bras, il s'était effondré en avouant que le chef de son malheur avait le même visage que le sien ou presque, qu'un sang aussi rouge coulait dans ses veines comme dans les siennes. C'était la fureur d'un père. C'était la rage d'un géniteur qui avait poussé le bouchon aussi loin que possible, à l'instar de Poucet qui n'avait pas été tendre, l'adolescence l'ayant rendu plus agressif que jamais. Il l'avait ouverte sa grande gueule pour ne pas la refermer. Dans la maison, la grosse fratrie l'avait entendue beugler face au patriarche qui n'en avait rétorqué qu'une gifle, celle-ci se transformant en poings. Et il s'était battu, défendu en puisant dans ses dernières ressources pour ne pas crever dans la boue. Inspirant longuement, c'est dans un plissement de bout de nez qu'il remarque la teinte claire s'étaler sur les ailes longues et filiformes de sa bonne fée. Le bleu, que signifie cette couleur déjà ? Tristesse, peine, désolation.
Agonie.
Le maître d'armes pince sa lèvre inférieure, la torturant pour se faire souffrir autrement. Physiquement c'est rien comparé à une blessure à l'intérieur du crâne, à un tel point que le caractère s'en modifie. Il serait un bon exemple. Passant du solaire au lunaire, de la lumière aux ténèbres. Déglutissant un peu, il se redresse correctement, revenant à sa position initiale, pour quelques secondes après, s'étaler sur le dossier, les jambes tendues et les bras croisés sur son torse. Dragée quant à elle, elle pense. Beaucoup. Si y'a une chose que Poucet aimerait bien avoir, ce serait de lire dans l'esprit des autres. Il aime pas l'attente, il déteste les moments de silence qui cassent le temps pour le modeler. De ça il n'en montrera jamais rien, en revanche ce n'est pas pour rien qu'il en peste. La sylphide se rapproche jusqu'à à son tour, porter toute sa douceur envers Aldred qui tel un roi se laisse faire, faisant gigoter sa royale queue touffue d'un sens à un autre, les paupières closes. « Tu crois peut-être que ta vie n’est pas si précieuse, mais tu oublies combien tu es aimé, par moi, par ton frère… J’ai parfois l’impression que tu prends tout ça pour un jeu, et que tu ne t’arrêteras pas avant d’être rassasié. » Quand l'un veut écourter, l'autre souhaite continuer. Ils sont contradictoires. Pourtant fut un temps où ils pouvaient sans conteste se compléter, à l'instar de jumeaux se sentant irrémédiablement reliés par le biais d'un fil invisible. Grâce à lui, elle avait rencontré un premier amour - ou ce qui s'en rapprochait - et grâce à elle il avait trouvé une amie chez qui il pouvait s'écrouler sans qu'elle ne le juge. Relation basée sur un respect commun, il ne saurait dire si c'est toujours ainsi aujourd'hui. Qui est-il pour elle ? Le combattant aux muscles saillants capable d'ignominies ? L'adulte ayant toujours en lui une âme candide ? Fronçant les sourcils, sa tête tombe allègrement en arrière pour mieux fixer le plafond fait de tissu rougeâtre. Généralement Poucet, il préfère voir les étoiles, se sentir encore plus minuscule qu'il ne l'est déjà. Petit Poucet, ces deux mots ensemble, ça le résumait bien marmot. Dorénavant il est juste tel qu'il est, aussi imparfait que possible, campé dans ses positions - il veut plus de jugements, plus de tortures. « Crois-tu que je suis assez débridé pour adorer les corps inertes ? » Les ténèbres s'emparent de sa vision, son souffle il essaie de le modérer pour ne pas repartie dans une furie incontrôlée. Il parle avec un certain recul, ne se rend pas compte de toute la douleur qu'il peut entraîner par le biais d'une voix cassante. Il est plus si réceptif que ça et se veut jeté dans un réalisme qui le dépasse. C'est quoi mourir ? C'est quoi partir ? C'est comme dormir, sauf que ça dure, un rêve éveillé qui ne prendra fin qu'au moment où l'âme se décidera à lâcher le cocon charnel. Un rire sec lui échappe des lèvres, les rayons timides de l'astre refont surface dans son horizon, tapotant légèrement du pied, signe d'une émotion qui déraille, c'est sans jeter une seule oeillade à sa protectrice qu'il continue. « Et ma vie... ma vie, je ne sais ce qu'elle vaut exactement. Probablement pas plus que les sept que j'ai enlevé. » Il pourrait en vomir rien qu'à en citer le chiffre. Sept c'est maudit. Sept c'est pas bon. Sept c'est lui asséner le coup de grâce. On est au courant dans la capitale, de tout, surtout la donzelle à l'apparence d'une biche farouche. Elle sait pour lui, pour sa mésaventure, pour ce qu'il a subi et se dévore encore. Elle connaît Poucet, encore mieux que lui-même - si bien qu'elle se craquelle en songeant au fait qu'elle le perd. Sept frères. Sept couronnes. Sept lieues. Sept vies pour une qui ne trouve pas comment la combler. « Tu devrais le savoir Dragée, personne n'est aussi proche de la vie que quand il frôle la mort, et vice-versa. Comment veux-tu que je l'apprécie alors que je ne connais plus son sens ? J'essaie, je cherche, et j'ai beau le faire je n'ai rien trouvé de plus concluant que les lames. » La recherche de l'amour viendrait en tête à quiconque de normalement constitué, ayant eu une éducation plus que classique. L'amour. Le miracle cherché par les hommes. L'amour. Ce doux poison qui dérobe à petit feu. Soupirant délibérément de manière très peu discrète, ses muscles se détendent enfin alors qu'il reprend son courage à deux mains pour oser voir la bourgeoise dans toute sa splendeur, cherchant la porte ouverte vers son âme avec le plus grand intérêt.  « Pour ce qui est d'aimer, ma douce, tu ferais mieux toi aussi d'éclaircir ce brouillard qui gangrène ton coeur à la vue d'Elis. » Les rôles s'inversent en un claquement de doigts. Comme ça. La mère est passée dans l'autre camp, celui qui fait la morale n'est plus celle à l'apparence enchanteresse mais l'homme taillé dans la pierre. Une main distraite passe dans sa tignasse bouclée pour retomber sur sa nuque, la massant vaguement. Même de l'intérieur tout est figé. Alors, c'est quoi le but dans tout ça ? Se lancer la pierre pour mieux s'ouvrir la peau sous des coups loin d'être voulus ? La vérité ne doit pas se terrer six pieds sous le sol, elle doit venir, fière et butée d'imposer sa justice. Et la réalité veut qu'un adieu déchirant n'a pas été suffisant pour cette femme ailée, qu'au final elle n'a pu oublier cet adolescent à la tignasse rousse tout comme Poucet qui loin d'être dupe, ne veut plus ramasser les morceaux éclatés de son frère.
Quitte à fracasser celui de Dragée en retour.
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⊱ why are you trying so hard to fit in when you were born to stand out ? EmptyJeu 30 Oct - 16:46




Poucet & Dragée

Le métal hurle. J’entends ses cris qui jaillissent au dehors de la tente, comme des morceaux d’acier qu’on éparpille et se fracassent dans l’air, résonnent et trouvent refuge dans la chair. J’en frissonne, chaque pore de ma peau dégage un brouillard de froid glacial qui contracte ma colonne vertébrale jusqu’à paralyser mon échine. Mais en rouvrant les yeux je m’aperçois qu’il est toujours là, planté sur son siège, fermé comme une porte de marbre à la poignée brisée, qui s’effrite au moindre contact. Il en joue, sur sa mine, dans chaque mot qui échappe à ses lèvres. Il s’en amuse. Comme s’il attendait mon accord, comme si j’étais le seul obstacle entre lui et sa vie. Mais il se trompe. Je suis celle qui le maintiendra en vie, même lorsqu’il ne voudra plus se relever et se battre, même lorsqu’il sera prêt à tout abandonner, je serai là, je ne lui laisserai pas le choix. Comme je ne lui ai pas laissé quand j’ai apposé ma marque sur lui. J’aurais pu choisir n’importe qui d’autre, ce n’est pas les opportunités qui ont manquées. Mais c’est Poucet, qui a atteint mon coeur. Le petit garçon, pas plus haut que trois pommes, qui survolait le monde de ses grandes bottes rouges. Il aurait pu être insaisissable, inatteignable à côtoyer seulement les nuages. Pourtant, une main, qui aurait du être la plus tendre, le ramenait toujours au sol pour l’y retenir prisonnier. Poucet était une évidence. Encore aujourd’hui, quand je le regarde je sens une grande fragilité en lui, elle ne l’a pas quitté. Profondément enfouie, cachée derrière un mur de pierre et des pupilles plus sombres, plus tourmentées que l’oeil même du cyclone. Je vois. Quand bien même il se planque, tente de se dissimuler derrière sa tignasse, je le vois. Mon petit Poucet. Il est mien, il m’appartient.

Il regarde le plafond, fuit mon regard comme on fuit la peste. Comme jamais il ne m’avait fuie avant. J’ai parfois la désagréable impression d’être devenue un boulet pour lui, son geôlier, gardienne de sa cellule dorée. C’est une pensée qui me traverse l’esprit bien souvent, plus que de raison, et m’effraie. Ce n’est que grâce à la chaleur qui émane d’Aldred que je supporte cette distance, cette indifférence et mon incapacité à sonder son esprit brumeux. Ce n’est que grâce aux rêves, aux souvenirs d’enfance que me renvoient les sens que je tiens la gravité. « Crois-tu que je suis assez débridé pour adorer les corps inertes ? » Son souffle se moue en un rire sec, cassant. Il veut me faire croire qu’il a le contrôle, qu’il sait parfaitement ce qu’il fait. Mais j’entends son coeur qui cogne contre sa poitrine, rugit et gueule sa peur, son envie de sortir, de déchirer en lambeaux sa prison charnelle. J’entends ses craintes, ses incertitudes à travers les notes funestes de sa voix rauque. Je le connais. Je l’ai vu grandir, je l’ai vu changer. « Et ma vie... ma vie, je ne sais ce qu'elle vaut exactement. Probablement pas plus que les sept que j'ai enlevé. » Mes paupières se ferment, comme pour échapper à ce souvenir qui me hante. Mais elles ne peuvent faire barrière plus longtemps. Mon coeur se contracte à la pensée de cette histoire, répétée sept fois. Le mécanisme gonfle et resserre les boulons pour les retenir d’exploser. Ces sept vies ne nous laisseront jamais en paix. C’est une malédiction, une épée qui flotte au dessus de la tête de Poucet, lui susurre des mots vicieux, corrompus, qui tentent de le persuader qu’il est un monstre, et qu’il doit vivre avec cet effroyable regret. Ces sept vies ne cesseront de le pourchasser, et tenteront de me l’enlever. « Tu devrais le savoir Dragée, personne n'est aussi proche de la vie que quand il frôle la mort, et vice-versa. Comment veux-tu que je l'apprécie alors que je ne connais plus son sens ? J'essaie, je cherche, et j'ai beau le faire je n'ai rien trouvé de plus concluant que les lames. » Le métal hurle. J’entends ses cris qui jaillissent au dehors de la tente, comme des morceaux d’acier qu’on éparpille et se fracassent dans l’air, résonnent et trouvent refuge dans la chair. Dans ma chair. Rien ne l’arrêtera, pas tant qu’il n’aura pas fait la paix avec lui-même. Rien n’arrêtera Poucet d’être un guerrier, un héros qui affronte la mort pour mieux la repousser. Mais ce petit jeu, combien de temps pourra-t-il durer ? Quand on s’amuse avec le feu, on finit toujours par être brûlé. Je ne tiens pas à ramasser tes cendres, Poucet. Je refuse que tu me sois enlevé. « Pour ce qui est d'aimer, ma douce, tu ferais mieux toi aussi d'éclaircir ce brouillard qui gangrène ton coeur à la vue d'Elis. » Désormais, c’est mon coeur qui hurle, pour étouffer le sien, empoisonner mon sang et ronger mes os. Je relève les yeux pour remarquer qu’il a maintenant son regard planté dans le mien, lourd de sens, écrasant de mots. Il m’a eue, cette fois. Il me tient, dans sa main pleine de sueur et de sable. J’aimerais garder le silence, me cacher derrière un mur moi aussi, mais je suis la seule fautive. J’ai lancé tout ça, et je dois le combattre, ou l’arrêter. Comme je l’ai fait à l’époque. Je ne peux me permettre aucune erreur, aucun faux pas. Il ne doit pas voir, ce qui pourrit mon coeur. « Je t’en prie ne me parle pas de lui. Il n’y a rien à éclaircir, c’est du passé. Je ne perdrai pas la face Poucet, je ne me perdrai pas. » Pourtant il est bien trop tard, je me suis déjà perdue. Dans ses yeux, dans son souffle. Je le veux, le désire tout entier. Depuis qu’il est ici je ne pense qu’à lui, je l’observe, l’espionne quelque fois, par moi-même ou par le biais d’un sous fifre. Je sais. Je sais que je n’en ai pas le droit. Sa simple vue me dévore le coeur, la simple évocation de son nom me fait peur. Mais je ne peux confier mes doutes, mes maux les plus secrets à Poucet, celui qui pourtant écoute et accepte tout de moi. Je ne peux lui avouer mon terrible désir d’aimer son frère, celui que j’ai déjà brisé. Parce que j’ai peur de Poucet, j’ai peur qu’il ne m’ait pas pardonnée. Je ne perdrai pas la face Poucet, je ne me perdrai pas. Je ne te perdrai pas. Je n’arrive plus à affronter son regard, et plonge le mien dans la blancheur du pelage d’Aldred, me retient à cette vue pour ne pas m’évader. « C’est au lendemain qu’il faut croire. Je veux seulement que tu sois prudent, que tu n’oublies pas que la mort est plus forte que toi. » Ma main se glisse entre les poils soyeux de l’animal, et mes pupilles tentent une nouvelle approche envers mon champion. Plus adroite, plus mesquine. Je dois reprendre le dessus. « Il y a maintes façons d’apprécier la vie, à commencer par aimer. Alors, n’y a t-il pas une élue parmi toutes tes prétendantes ? Une femme, qui t’en ferait oublier sept. »
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⊱ why are you trying so hard to fit in when you were born to stand out ? EmptyDim 2 Nov - 18:32




Dragée et Poucet
Le plus dur c’est pas la chute, c’est l’atterrissage.

Les histoires se rejoignent, se mêlent, un vieil adage raconte même que le monde est assez petit pour que tous les êtres se connaissent d'une manière ou d'une autre. C'est que ça a été le cas avec les deux frères Cailloublanc et la fée au regard de biche. Elle était sa protectrice, elle était sa sauveuse, un jour il avait eu la bonne idée de la laisser venir avec lui dans la vieille bicoque qui leur servait d'habitation, Elis en rage avait failli se jeter sur elle avant de prendre en considération l'aura qu'elle dégageait. C'était bien la première fois que le cadet avait vu son aîné tomber amoureux en une seule seconde, et intérieurement, il se disait qu'elle était la bonne pour lui, qu'ils formeraient un beau couple et qu'il serait présent leur jour de leurs fiançailles. Finalement, il avait au tort, complètement, si bien qu'il avait dû ramasser sa tête rousse à la petite cuillère, progressivement son coeur avait cicatrisé, cependant, et encore aujourd'hui Poucet le sait, les deux êtres qu'il chérit le plus au monde n'ont pas pu tourner la page. Faudrait être bête pour pas le voir, oh certes le maître d'armes a perdu sa candeur ainsi de son esprit infantile, cependant il voit bien que muré dans un silence qui lui appartient. Les regards ne trompent pas, ainsi que les gestes anodins, le regret il peut le voir dans les muscles de sa marraine la bonne fée, dans son sang qui coule, panique et fait changer la couleur de ses ailes diaphanes. La douleur, il ne veut plus la voir chez son frère qui bien qu'il ne le montre plus, a une place bien plus conséquente que celle de Dragée. Cette mine déconfite, des larmes, tout cela, le combattant n'en a pas besoin. Déjà qu'une fois son amour a été mis à rude épreuve, il ne saurait supporter une seconde déception venant d'une personne pour qui il pourrait sacrifier jusqu'à sa vie. Parce que le contrat est ainsi, l'un se donne à corps perdu à l'autre, dans un respect commun et dans une totale sincérité qui ne sera jamais à remettre en cause. On aura beau lui critiquer, lui dire que les mots se choisissent, Poucet préfère dire les faits tels qu'ils sont. A quoi bon tourner autour du pot quand il est possible de guérir la plaie tout de suite ? Progressivement ce n'est pas bon, semblable à un poison ça pourrait les tuer dans leur sommeil, les emmener droit dans la gueule des enfers. Il y a des règles à s'instruire dans la vie, et celle de la vérité constante, c'est une philosophie qu'il veut tenir le plus longtemps possible. Quoi de pire après tout qu'un mensonge ? Celui-ci petit à l'origine, peut devenir de plus en plus grand, infectant, pourrissant tout ce qui peut bouger, allant même jusqu'à exploser en morceaux un être vraisemblablement intouchable. C'est ce qui pourrait lui arriver, concrètement. Et il le sait, surtout qu'il ne voudrait pas baisser sa garde une dernière fois. Jamais plus. « Je t’en prie ne me parle pas de lui. Il n’y a rien à éclaircir, c’est du passé. Je ne perdrai pas la face Poucet, je ne me perdrai pas. » Elle esquive, préfère la simplicité de la fuite plutôt que le combat de front. Hein Dragée que ça fait mal quand une aiguille triture la flaque de sang qui se propage sur la peau ? Hein que ça rend fou quand on te balance les évènements tels qu'ils sont ? Elle ne veut rien voir la belle bourgeoise, elle se cache les yeux en plaquant ses mains dessus. Joue l'enfant. Des deux, si Poucet peut se révéler aussi capricieux qu'un marmot, la pire doit être son interlocutrice qui préfère partir dans un autre univers plus délicat plutôt que de jouer son rôle de femme forte à la cour. Elle ment. Elle se ment à elle-même. Son champion peut le discerner à travers les parures qui rehaussent son teint de pêche, à l'intérieur de cette apparence d'adulte révoltée, se trouve une petite fille apeurée qui ne demande qu'une chose : être protégée. C'est son travail à lui, autant physiquement que moralement, il doit l'aider à tenir debout pour ne plus retomber sur des mauvaises personnes. Elle veut tout récupérer la charmante Plumosucre, alors qu'elle pourrait se contenter de ce qu'elle a déjà, il lui en faut plus. C'est la vengeance qui tape, qui cogne, lui retire les entrailles, la rendant inhumaine. « C’est au lendemain qu’il faut croire. Je veux seulement que tu sois prudent, que tu n’oublies pas que la mort est plus forte que toi. » Son unique obstacle pour la vie éternelle. Toute personne la voudrait, ce doit être beau de respirer jusqu'à ce que le royaume décline, même plus encore. En revanche du côté du concerné, les avis divergent autant qu'ils se dissipent. Le voudrait-il réellement ? Exister en bon impuissant de ne rien pouvoir faire pour ses proches ? Le supporterait-il ? De braver l'interdit rien que pour lui ? A moitié seulement. Il en a peur autant qu'elle le fascine, un cadavre a le mérite d'attirer les foules, bien plus qu'une naissance qui s'avère aussi répugnante que possible. La faucheuse dans toute sa splendeur, laissant derrière elle une peau qui se décroche, des yeux vitreux penchés vers un horizon sans lumières. L'immortalité, on veut tous y croire, on en voudrait tous un bout, cependant, que serait la vie sans ses peines ?
Un ennui mortel.
L'attention toujours posée sur Dragée, plus aucun sourire ne vient à se glisser sur son visage, il analyse simplement ses gestes sur Aldred, qui bien évidemment ne s'en plaint absolument pas. Se faire cajoler lui convient plus qu'autre chose, c'est un chien comme un autre, souhaitant l'amour pour vivre, celui d'un maître qui lui donne que lorsque les regards ne s'attardent pas sur son cas. Inspirant longuement, ses bras croisés sur son torse lui donnent une dégaine impassible sur laquelle il apprécie jouer lorsqu'il en ressent le besoin. Tout repose sur l'allure lui avait appris un client aux bouclettes soyeuses et dorées. Si vous montrez vos faiblesses, votre adversaire dans cette joute verbale tapera dessus pour vous faire pleurer dans toute votre splendeur. « Il y a maintes façons d’apprécier la vie, à commencer par aimer. Alors, n’y a t-il pas une élue parmi toutes tes prétendantes ? Une femme, qui t’en ferait oublier sept. » Pire qu'un coup de poing, c'est une dague qu'elle lui assène en plein coeur, faisant tomber ses armes par la même occasion. Prunelles écarquillées fixant un point inexistant sur le sol, sans même y réfléchir plus longtemps, le gaillard se redresse brutalement, souhaitant rire nerveusement - sauf qu'il n'en a pas le courage. Le pétillement de ses iris définitivement éteint, il se surprend à faire quelques pas sans raison particulière si ce n'est de retravailler la phrase de sa duchesse trop bavarde. Pinçant sa lèvre inférieure, bras tombant le long de son corps, il zieute le fin filet de lumière qui passe à travers l'ouverture de la tente sans rien ajouter de plus. L'amour. Lui il y connaît pas grand-chose à ce sujet, quand bien même l'avait-il presque été une fois ou deux, il avait préféré se taire, se butant à croire que l'élue de son coeur trouverait meilleur parti. Après tout, qu'est-ce qu'il a à offrir si ce n'est un palpitant ravagé par un passé omniprésent, personne ne souhaite s'acoquiner d'un fantôme qui fait son possible pour s'en sortir. Y'a seulement la nuit qu'il prend possession de son corps, le poussant aux larmes, aux cris brisant le miroir du silence. « Quand je vois les résultats de l'amour et de l'oubli, je n'ai guère envie de m'offrir à une autre. » Ton accusateur, il prendrait presque parti de la défense d'Elis, c'est son esprit de petit frère vaillant qui souhaite mettre en garde la vilaine sorcière. Ne lâchant pas pour autant du regard ce bout de soleil, c'est en secouant ses bouclettes qu'il sort de sa pensée bien trop poussée pour être naturelle. Au pire, Poucet finira seul n'aura jamais eu la chance de connaître le bonheur - dit-on - de deux corps qui se frôlent, se touchent et s'unissent pour n'en donner qu'un. Probablement trop fleur bleue sous cette carrure de brute, il n'est pourtant pas au stade de s'illusionner à réaliser quelconque mariage de rêve qui pourrait rendre toute une assemblée envieuse. Le maître d'armes veut faire dans le simple, l'authentique, jusqu'à pourquoi pas en finir coupable d'en avoir trop consommé. « Je tiens  simplement à ce que tu saches que je ne suis pas aveugle et que à l'allure où vont les choses, je me doute que tu ne tiendras pas longtemps avant de retomber dans ses bras. Cependant, je ne garantis pas de garder mon sang-froid si la tournure de cette histoire en revient à la même fin. » Vole mon âme, dégage mon esprit, bouffe mon coeur si tu en as tout bonnement l'envie, toutefois laisse mon aîné de côté tant il ne mérite pas un sort aussi funeste que d'avoir tout ce qu'il est de brisé à cause d'une unique personne. Voix froide et cassante, c'est le monstre qui dirige les fils qui font bouger Poucet. Celui-ci s'évade sur le pelage de son très cher ami qui redresse la tête, les oreilles bien dressées. Il sent qu'il y a de l'orage, une tempête qui se prépare sans pour autant être dévastatrice, elle pourrait être bien pire que cela. « Tes raisons étaient louables, je ne remettrais jamais cela en cause, cependant les lui cacher s'avère une tâche plus compliquée et qui continue de l'être au fil des années. Je n'ai pas à te faire la morale, tu n'es plus une enfant, tu prends tes décisions comme tu le souhaites Dragée. » Profonde inspiration, un petit geste de main discret et le canidé se redresse pour se lover contre ses jambes. « Mais je peux t'assurer qu'en ce qui me concerne, je ne serais pas présent pour prendre ta défense. Elis est mon frère, nous sommes liés par le sang, et quelque part je lui appartiens bien plus qu'à toi. » Serait-ce un sous-entendu pour souligner le terme de cassure ? Serait-ce une sorte de menace ? Un peu, seulement dans la mesure où les choses prendraient un tournant qui déplairait au champion des lames plus qu'autre chose. Il veut qu'elle le voit, qu'elle se rende compte qu'une erreur de trop ne lui suffira pas, qu'il ne restera plus et partira pour prendre la défense qu'un autre, que leur lien se brisera envers et contre tout à cause d'un amour fraternel exacerbé qui a encore du mal à voir le jour. Toutefois, il le sait, ce qui est un début, en son for intérieur il l'affirme envers et contre tout, Elis est son point d'accroche, d'attache, un père, un meilleur ami, un frère qui pendant toutes ces années n'a pas pu lui faux bond, endossant le rôle des cinq autres sans même s'en rendre compte. Dragée doit être ce qu'il y a de pire dans une relation fraternelle, elle enlève l'un pour laisser l'autre à son propre sort. Peut-être qu'il la hait autant qu'il l'aime, peut-être ne peut-il pas s'en séparer tout bonnement parce qu'un fil invisible bien plus fort qu'à la base, continue de les ramener l'un à l'autre. C'est diabolique, addictif.
Qui a dit que la mort se cachait seulement derrière une cape noire ?
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⊱ why are you trying so hard to fit in when you were born to stand out ? EmptySam 29 Nov - 15:03




Poucet & Dragée

Yasen a laissé un trou béant dans mon coeur, l’a rempli d’un pétrole noir qui se propage dans mes veines, s’y loge et y dort depuis toujours. Ce sont des souvenirs auxquels je dois faire face chaque jour, des souvenirs qui laissent un arrière goût amer dans la bouche, un battement délicat dans le corps. Pourtant, si j’avais le pouvoir de m’en débarrasser, je ne le ferai pas. Parce que je suis plus forte aujourd’hui que je ne l’aurais jamais été si les choses s’étaient passées autrement. Yasen me rappelle l’injustice et la cruauté de ce monde. La destruction d’une famille, par jalousie et désir de vengeance. Yasen me rappelle que c’est mon silence qui a permis mon ascension, mon accomplissement. Mais plus encore que de remuer le couteau dans la plaie profonde, de décortiquer les os, la chair, Yasen me rappelle d’où je viens. Cette petite fille qui sommeille en moi, qui aimait sentir le froid embrasser ses joues, qui dansait un ballet avec les flocons blancs et ne s’arrêtait que lorsque ses jambes et ses ailes fléchissaient. Celle qui ne jurait que par l’odeur du chocolat chaud au matin, ou du musquat qui se dégageait de ses boucles dorées. Il y a eu du bon, malgré tout, dans les ténèbres qui ternissent mon nom et celui du casse noisette. Il y a eu de la chaleur où je pensais ne jamais en trouver, il y a eu de l’innocence et de la bonté. Dans les bras de ma mère, cette femme qui s’est battue jusqu’au bout, qui a porté tout le poids du remord sur ses épaules toute sa vie durant. Dans les yeux admiratifs des fidèles, et dans ceux désespérés de celui dont la moitié de sang qui coule dans ses veines est mien. Il a su briser des vies avant même d’avoir pu donner son premier souffle, et le monde le lui a rendu. Niki est le fruit d’une erreur, le rebut qu’il méritait d’être, tandis que je suis exactement là où je dois être. Pour tout ça, je ne me risquerais pas à l’effet papillon, je ne défierais pas le destin. Je ne changerais rien.

Est-ce que Poucet ferait parti de ma vie ? Si je n’avais jamais été si seule, aurait-il été présent ? Aurais-je eu la même affection que j’ai pour lui aujourd’hui ? Mon protecteur, mon protégé. Qui peut me dire qu’il se serait arrêté devant mon palais, pour m’annoncer de tristes messages, pour me montrer de vilaines blessures. La souffrance est ce qui nous a liés. C’est le chagrin qui nous a présentés, l’affliction qui nous a caressés. La peine, qui nous a unis. Deux coeurs candides dans l’adversité, qui ne demandaient qu’à respirer un peu de tendresse et de liberté. Nos mains ne se sont jamais lâchées, mais peut-être est-ce elles qui entretiennent la douleur désormais. Au fond, je ne sais pas si nous nous faisons du bien mutuellement, si nous nous apaisons, maintenant que nous sommes grands. Mais je ne veux pas découvrir ce qui arriverait si l’on se séparait. Je ne veux pas savoir, je ne veux pas qu’il parte. J’ai peur, sans cesse, sans répit. J’ai peur qu’il ouvre les yeux un beau matin et réalise que je ne suis qu’un fardeau pour lui, que je le retiens en cage et le détruis petit à petit. J’ai peur comme une mère qui repousse le jour où l’oiseau quittera son nid. Car, quelque part, je ne lui ai pas laissé le choix, quand je l’ai choisi. Je n’ai pas d’autres options, je fais tout mon possible pour le garder près de moi, quitte à prendre de mauvaises décisions qui resteront en travers de ma gorge. Quitte à vivre avec des regrets, des questions sans réponses sur mon identité, sur la nature de ma personnalité. Quitte à jouer avec ses fils, pour rester en position de force, et dominer. « Quand je vois les résultats de l'amour et de l'oubli, je n'ai guère envie de m'offrir à une autre. » J’ai touché un point sensible, j’ai piqué l’aiguille plus profondément encore qu’elle n’était logée, et il me le rend bien, jouant sur les mots, lettre par lettre, empattement pointu. Prenant plus de distance encore, il s’est levé, fait quelques pas sous la tente tandis que je le suis du regard, restant dissimulée derrière la chaleur d’Aldred. Je n’ai pas l’intention de briser la muraille, le champ de force qui nous sépare. Je reste à ma place, lui à la sienne. L’amour ne se marie pas bien avec l’oubli. Poucet peut me reprocher ce qu’il veut, je sais qu’il sait au fond de lui, que je n’ai pas oublié, mais que j’y ai été forcée. « Je tiens  simplement à ce que tu saches que je ne suis pas aveugle et que à l'allure où vont les choses, je me doute que tu ne tiendras pas longtemps avant de retomber dans ses bras. Cependant, je ne garantis pas de garder mon sang-froid si la tournure de cette histoire en revient à la même fin. » Tu n’as pas le droit Poucet, comment oses-tu. Si tu laissais cette porte fermée, tu n’aurais pas à t’en soucier. Tu n’aurais pas à te battre à mes côtés pour éviter de commettre les mêmes erreurs que dans le passé. Je ne veux pas entendre ces mots, je ne veux pas même y penser. Je ne veux pas de ce regard que tu me lances, ce regard noir qui me renvoie un affreux reflet. « Tes raisons étaient louables, je ne remettrais jamais cela en cause, cependant les lui cacher s'avère une tâche plus compliquée et qui continue de l'être au fil des années. Je n'ai pas à te faire la morale, tu n'es plus une enfant, tu prends tes décisions comme tu le souhaites Dragée. » Je ne peux plus affronter ce regard. Ce regard qui n’assène que des mots justes et lourds de sens, lourds d’accusation méritée. Je sens que le chien échappe à mes doigts pour retourner se frôler contre son maître. Un soupir échappe à mes lèvres, et mes ailes défaillent face à un courant d’air invisible, mais pas moins brutal. Mes yeux se perdent sur le sol tapissé de sable, mes genoux sont si lourds. La Duchesse ressemble bien peu à ce qu’elle devrait être désormais, recroquevillée sur elle-même, n’osant même pas affronter Poucet du regard. Comment, en un si court laps de temps, ai-je pu perdre tout contrôle, tout pouvoir. « Mais je peux t'assurer qu'en ce qui me concerne, je ne serais pas présent pour prendre ta défense. Elis est mon frère, nous sommes liés par le sang, et quelque part je lui appartiens bien plus qu'à toi. » Alors c’est ainsi, il s’agit de moi, et non plus de toi, non plus d’un nous. Mon coeur explose dans ma poitrine. Tes mots résonnent contre mes tempes, brouillent ma vision. Je suis la mère qui assiste au détachement brutal, à l’émancipation de son enfant. Tout ce que je craignais au plus profond de moi, prend vie, là maintenant sous mes yeux. Peut-être que ne brises pas le lien maintenant, mais tu t’y prépares, et c’est pire encore. Je ne vais cesser de craindre, dans l’attente certaine que tu me seras un jour enlevé. Ce sera une appréhension angoissante jour après jour. Poucet, tu es une partie de moi, tu ne peux m’être enlevé. As tu si peur de moi que tu ne supportes plus ma vision sans y voir autre chose que de la noirceur ? Tu sais que ce n’est pas vrai, que c’est une carapace sans quoi je m’effrondrais. Dis le moi, rassure moi comme quand nous étions enfants. J’ai besoin que tu crois en moi. « Nous sommes liés nous aussi, ne l’oublie pas. » Mes yeux t’affrontent enfin. Mais ils sont désarmés, sans défense face à tes rétines sombres. Je ne cherche pas le conflit, Poucet, regarde, je ne suis que la gamine qui réchauffait tes mains lorsque tu étais frigorifié sous la neige. N’oublie pas. Je bats délicatement des ailes pour me remettre debout, et puise dans mes forces pour te tenir tête, les pieds enfoncés dans le sable. Je devrais lever le menton fièrement et quitter la tente. Je devrais. Mais quelque chose me pousse à m’abandonner totalement, quelque chose de bien plus fort que moi. Mon esprit lâche prise, mon coeur se fend en deux et soupire. Mon corps entier s’élance et se jette sur toi, dans l’attente que tes bras le serre. Je ne retiens pas les larmes, aujourd’hui. Pas devant toi, qui connait tout de moi. Mon visage se cache contre ton torse, dans une respiration murmurée, mes bras enroulent ton cou. « J’ai déjà perdu un Cailloublanc, je ne veux pas que le deuxième me soit enlevé. J’ai besoin de toi, j’ai besoin que tu crois en moi. » Comment pourrais-je croire en moi si toi même tu ne m’accordes plus aucune confiance, plus aucun espoir ? Comment pourrais-je me regarder en face si tu me hais jusqu’à la moelle ? « Je sais que j’ai fait une erreur, et je regrette. Mais je lui appartiens encore moi aussi.  Il faut que tu m’aides, Poucet, j’ai besoin de toi. » J’ai éloigné deux frères, deux âmes. Je me suis accaparé leurs coeurs et je les aient trahis. Il est temps d’ouvrir les yeux, de réparer les fautes. Il est temps de faire un choix, et sans toi je n’y arriverai pas.
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⊱ why are you trying so hard to fit in when you were born to stand out ? EmptyDim 30 Nov - 20:30




Dragée et Poucet
Le plus dur c’est pas la chute, c’est l’atterrissage.

Dans une autre vie, dans d'autres circonstances, c'est un fait indéniable : Poucet Cailloublanc aurait pu sincèrement aimer Dragée Plumosucre. D'un amour ardent comme on en voit peu, d'un amour qui dévore, qui rend fou, qui prend place si simplement dans le coeur qu'il est difficile de le déceler. Il aurait pu l'aimer comme il aime se battre, l'aimer comme elle se le doit, telle la reine qu'elle ne sera jamais - parce que après tout, même ses magouilles n'ont pu la mener là où elle aurait voulu être. Plusieurs facteurs ont fait que sa compassion pour elle s'arrête assez rapidement, le premier étant tout bonnement Elis. Une histoire entre ces deux êtres, une amourette qui s'est terminée aussi vite qu'elle est venue, poussant le cadet à ramasser les morceaux brisés étalés sur le sol de son aîné. Le second étant qu'elle a changé au fil du temps, qu'elle n'est plus cette petite fille qu'il a connue, que certes elle a gardé les prunelles de cette donzelle, autant que sa grâce, toutefois son âme s'est obscurcie. Si elle n'avait pas si radicalement pris un autre chemin, il se serait dévoilé. Et pour finir, ce qu'il a vécu. Si Poucet n'avait pas été Poucet, il aurait pu demander sa main, lui faire voir le monde d'une autre manière ainsi que lui murmurer à l'oreille que, même si elle n'est pas dirigeante, elle reste celle qui s'est bâtie un empire en son être tout entier. Cette éventualité, souvent il y a pensé, se disant que de toute manière, on peut changer le passé, encore moins le présent et s'imaginer ne serait-ce que le futur serait pure folie. Il subit ce qu'il peut, parfois rêvant d'autres éventualités, de baisers échangés qui ne lui feront jamais rien parce qu'il n'est pas capable d'aller plus loin qu'il ne l'est déjà. Il ne surpasse pas ses limites. C'est pas tant qu'il a pas le courage, c'est plus que la foi s'en est allée voler avec les hirondelles, haut, si haut qu'il ne pourra la récupérer avant une décennie - au moins. Il se contente de faire ce qu'il fait le mieux : défendre des causes invisibles, qui tiennent seulement à coeur cette fée au regard clair comme de l'eau. Inspirant profondément, bien que l'énervement prenne petit à petit une place considérable sous sa peau, il garde la face. Enfin, c'est ce qu'il croit. « Nous sommes liés nous aussi, ne l’oublie pas. » Pas par le sang, c'est vrai. Par d'autres liens qui ne se voient pas à l'oeil nu, c'est vrai, il ne pourra pas lui dire qu'elle ment parce que peu importe la situation, il sera toujours relié directement à cette femme bornée et possessive. Certes, ce n'est pas aussi violent que cela peut l'être avec Elis, toutefois, elle est de son histoire, de sa nouvelle, de tout ce qu'il est et a contribué à le rendre ainsi sans même le remarquer. Elle était là pour panser ses plaies, pour sécher ses larmes glaciales, à l'instar de son aîné qui a fait du mieux qu'il a pu. Là où la Duchesse se démarque des autres, c'est tout bonnement parce qu'elle ne souffre plus tellement de le voir agir d'une telle manière. Bien sûr que son pauvre palpitant s'est fracassé, il est logique que son corps ait suivi cette descente aux enfers. Toutefois, contrairement à la tête rousse qui lui sert de frère, son interlocutrice, elle, elle accepte ceci sans broncher - oh parfois bien sûr, ça s'effrite, ça s'effiloche, ça devient même un petit peu mélancolique en repensant aux années derrière, cependant, suffit d'une belle claque pour que ça remarche droit. Elle s'y fait, la belle Dragée. Pourquoi n'est-il donc pas capable de dire que oui, il est fier d'elle actuellement ? Peut-être parce que en bon être humain, il reste contradictoire, fait des morales que parfois, il ne peut lui-même essayer. Poucet a jamais dit qu'il était parfait, il est juste ce qu'il a toujours été, un personnage profondément tapé de l'intérieur, qui à force de passer sous les lames coupantes, n'est plus qu'une bouillie infâme, un miasme noir prenant forme à peu près humaine. L'est-il seulement encore ? « J’ai déjà perdu un Cailloublanc, je ne veux pas que le deuxième me soit enlevé. J’ai besoin de toi, j’ai besoin que tu crois en moi. » Croire en une politique qui le dépasse ? C'est ça qu'elle lui demande, d'avoir un peu foi en elle, d'avoir confiance en ses agissements qui sont de plus en plus douteux. Dans l'enceinte du royaume, elle peut faire comme bon lui semble, il ne sera pas derrière à lui dire ne fait pas ceci ou ne fait pas cela, après tout, n'étant ni son père, ni sa mère, il ne peut se permettre de l'éloigner de son but ultime étant bien sûr, d'avoir sa vengeance. Toutefois, il y a des choses sur lesquelles il se permet de butter. En l'occurrence dans ce cas présent il s'agit d'Elis Cailloublanc, un sujet bien problématique en sachant qu'il y a de ces personnes qui restent. Il a beau se mettre sur la tronche avec lui, souhaiter parfois sa mort ou encore vouloir lui balancer Aquilon sans vergogne, il reste ce qu'il a de plus cher en ce bas-monde. Il ne serait pas complètement faux de se dire qu'il jalouse sa protectrice, tout bonnement parce qu'elle a voulu le lui enlever. Il doit lui en vouloir quelque part, en son for intérieur, là où des pensées saugrenues viennent à voir le jour, étant le résultat de sentiments qu'il veut taire. C'est ça son souci, chez ce fameux petit Poucet, il veut les dégager, les fuir en fait au lieu de les affronter comme il se le doit. A trop donner il a fini par se brûler les ailes, pauvre oisillon aux yeux plus gros que le ventre, il a sauté de son arbre et dorénavant, il se mord les doigts de n'avoir pu battre majestueusement de ses petites ailes. Sur ses griffes, il s'enfonce dans la terre, des mains l'aident généralement à se retrouver enseveli sous les insectes pourris.
Il doit être un peu jaloux.
Ce terme, il le déteste, pour lui la jalousie est un moyen comme un autre pour quelqu'un de hurler haut et fort, qu'il n'est pas bien dans sa peau. Pour lui, c'est quelque chose de réservé aux femmes, au risque même de paraître totalement misogyne. Pour lui, la jalousie, c'est pour ceux qui sont faibles et qui veulent enfermer l'autre dans une cage dorée. Si chez lui ce n'est pas aussi probant, il n'empêche qu'une certaine douleur fait trembler le bout de ses doigts. Le minuscule garçon a peur de voir partir son modèle bien plus grand, pour des plaisirs qui lui sont interdits, pour de la chair mise à mal, pour des corps qui se déploient et des bouches qui se découvrent petit à petit. Mais la question radicale est, est-ce qu'il envie l'un ou l'autre ? Est-ce qu'il déteste son frère parce qu'il lui a volé son amie d'enfance ? Ou au contraire, il hait cette jeune femme qui lui a piqué ce pilier ? Il ne veut plus y penser, il veut s'en débarrasser, il ne veut même pas en parler. Il n'a même pas remarqué qu'il y a quelques secondes, Dragée s'était jetée dans ses bras dans un élan de désespoir. Elle le serre avec une force méconnue, elle chouine telle la gamine à qui il avait donné une missive délicate, annonçant des condoléances pour ses géniteurs. « Je sais que j’ai fait une erreur, et je regrette. Mais je lui appartiens encore moi aussi.  Il faut que tu m’aides, Poucet, j’ai besoin de toi. » L'appréhension retombe pour laisser place à une culpabilité qui est, de toute manière, omniprésente à chaque instant de son quotidien risible. Elle veut un peu d'empathie, elle souhaite qu'on la comprenne et, même si Poucet ne pourra jamais se buter à se le dire, il est le seul à pouvoir discerner le bien du mal chez Dragée, ainsi qu'un des rares à pouvoir poser ses mains sur ses plaies qui pissent le sang. Il reste un instant ridiculement bête, sans savoir quoi faire - outre le fait de passer ses mains autour d'elle. Il voudrait la rassurer, lui dire que tout ira bien, que oui, elle pourra épouser son frère, qu'il sera Duc et qu'ils règneront comme des chefs sur leur petite parcelle de terre à Yasen, qu'il sera bien sûr oncle de leurs enfants et qu'il leur apprendra à se battre, jusqu'à ce qu'il meurt au combat. Il voudrait la bercer d'illusions. Mais comment le faire, quand même lui n'est plus capable de rêver ? Inspirant profondément, ses bras passent sur son dos, ses mains se posent à plat sur sa robe et il la tire contre elle dans une étreinte longue, qui confirme bien des rumeurs à propos de leur relation. Il a déjà entendu dire dans la cour qu'il était l'amant de cette fée sublime, qu'ils ne se montraient pas pour ne pas attiser la haine de son courtisan presque aussi riche que marraine la bonne fée. Toutefois, même s'il ne l'est pas, il serait capable de bien des choses que seul un amant pourrait faire à son égard. Comme le fait de passer outre ses obligations, de lui dire parfois des paroles qui ne font pas que du bien - lui faisant plus de mal qu'autre chose. Le terme s'ouvrir chez le maître d'armes, c'est similaire à prendre des aiguilles et les planter dans le poignet, ça fait un mal de chien, pourtant une fois posées, on y fait plus attention, on arrive à faire des gestes normaux. Un jour ça lui arrivera peut-être, depuis plusieurs années même il se tente à se redonner un minimum d'humanité, sans grand succès. « Que veux-tu que je fasse ? » La sentence tombe, tout comme la réalité qui éclate leur bulle de principes bafoués. « Je ne suis pas bon en cela, je dois même être le dernier à pouvoir te prodiguer des conseils. De plus, je n'ai pas envie de faire partie de cette reconquête incertaine, je ne veux pas participer à ce qui pourrait achever mon frère une bonne fois pour toutes. Libre à toi d'agir comme bon te semble, tu n'es plus une petite fille après tout. » Il déglutit, sa chaleur traverse la sienne, leurs corps se répondent mutuellement dans des frissons qui s'étalent ici et là. Il ferme les yeux quelques secondes, profitant presque de cette preuve d'amour inconnu. Si ça dure un instant, la séparation est du même gabarit, plutôt lente, il ne se débarrasse pas totalement de sa petite martyre qui souhaite un peu de tendresse. Ses mains retombent le long de son corps, une seule vient à se poser sur une de ses joues, enlevant par extension quelques larmes qui roulent à foison. On dirait un masque. Une partie s'écroule, l'autre quant à elle essaie de faire face peu importe la situation. Elle est ainsi après tout la duchesse des bonbons, elle agit sur deux pôles, si bien que parfois deux entités se confondent. Qui est-elle ? Une sorte de menteuse professionnelle, doublée d'une sentimentale qui ne sait plus ce qu'elle veut. « Mon choix est déjà tout fait, tu ne peux m'obliger à faire l'impasse dessus Dragée. Je ne te demande pas la lune, encore moins le soleil, juste de faire attention à ce qu'il est. Il ne mérite pas de souffrir autant... » Murmure aussi bas qu'un secret, il semblerait qu'un point de suture fait sur son coeur vient d'éclater. Personne ne mérite d'en baver, personne ne mérite un tel traitement, si le mal n'existait pas, alors le royaume n'en serait pas là. « Quitte à m'enfoncer dans la noirceur à mon tour - si ce n'est pas déjà fait. » La salive dans sa gorge lui brûle la peau, si c'était vraiment le cas, il aurait déjà un trou à force de sentir son coeur tambouriner violemment. Bon sang, il est déjà fatigué de se laisser aller. « Malgré tout je suis là, et tant qu'il n'est pas trop tard, je ne transgresserais pas la promesse muette que je t'ai faite. Je me battrais à tes côtés si c'est ton souhait, je serais l'épaule où tu pourras poser ta tête trop pleine si telle est ton envie, je deviendrais ton bouclier si besoin est. » Le chevalier discute avec sa princesse, il manque seulement le genou à terre pour qu'il puisse lui demander sa clémence. « Je suis là. » Et pas ailleurs, c'est tout ce qui compte pas vrai ? Aldred de son côté s'impatiente quelque peu, il ne doit pas très bien comprendre la scène qui se déroule sous ses yeux, donnant des coups de museau sur la jambe de son maître il voudrait des explications. Le champion n'en a cure, il plonge ses prunelles dans les siennes, là où l'éternité s'allonge, là où le ciel n'a pas de nuages et que les limites deviennent de la brume. Il est là oui, juste là, bêtement là. Mais être là, c'est quelque chose de bien conséquent quand on le connaît, parce que généralement il part sans se retourner, faisant dos à tout ce qui compte pour lui. Que fait-il ? La bête semble reprendre sa condition de mortel, les grognements font place aux rires et les canines aiguisées à des dents joliment montrées. C'est moche d'être un monstre.
Ça l'est encore plus d'être un homme.
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⊱ why are you trying so hard to fit in when you were born to stand out ? EmptyLun 8 Déc - 17:22




Poucet & Dragée

On est tous la proie et le prédateur de quelqu’un. La nature est faite ainsi, et c’est un cycle qui se répète sans fin. On se cache, on se dissimule tel un caméléon, pour mimer notre environnement afin de nous défendre ou, nous nourrir. Mais dans un environnement moins sauvage, humanisé, où la nature a perdu ses droits, se dissimuler revient à devenir semblable aux autres. Personne ne veut se faire bouffer, et pourtant tout le monde s’y soumet. Nous ne sommes qu’une unité dans un groupe, un simple numéro dans une société codifiée, quel que soit notre rang. Et finalement, se cacher aux yeux des autres est le propre de l’atteinte à notre liberté. Nous sommes tous la proie d’un prédateur qui nous dépasse, la civilisation. On n’imagine pas tout ce qui nous passe sous les yeux, sous prétexte qu’on a peur. Nous sommes les pions de l’échiquier, avançant case par case, lentement, dans un but ultime qu’est de protéger le roi, sachant qu’on sera forcément dévoré d’un moment à un autre pour que celui-ci soit sauvé. Mais qu’est-ce qu’il se passerait, si on échappait à la règle ? Si seulement on prenait notre courage à deux mains, et qu’on sautait, qu’on s’envolait en dehors du plateau. Pour se sauver soi-même. Simplement pour se trouver, marquer la différence. Qui en reviendrait vivant, pour nous le dire, finalement ? Nous sommes notre propre proie, et notre propre prédateur. Il n’y a pas de bon et de mauvais. Chacun de nous possède la part des deux, et ce sont nos choix qui nous différencient. J’ai choisi il y a longtemps, j’ai fait les mauvais choix. Aujourd’hui ma route est toute tracée, et je pose pied sur chaque case qui me rapproche du roi. En sens inverse, proie de la peur, prédateur du passé. Je suis le chemin de la vengeance, de la justice. Mais quelle justice ? Je ne suis qu’un pion, une poussière dans l’infini de ce bas monde qui n’appartient qu’à lui, et je regarde les autres se faire bouffer. La culpabilité me ronge, souvent, et pourtant je suis déjà allée trop loin pour regarder en arrière.

Poucet est peut-être l’unique chose que j’ai fait de bien dans ma vie. Me séparer de lui reviendrait à me détacher de ce qui me reste encore d’humanité. Je ne cherche pas la pitié, je n’en ai aucune pour moi-même. J’aurais pu accepter mon destin, devenir quelqu’un de bien. J’aurais pu être celle qui aurait rendu son trône à un prince, sans remords. J’aurais pu lui donner la main de celle qui était faite pour lui, et leur montrer à chacun les merveilles de Yasen. J’aurais pu rendre la lumière sur mon pays, tâché de sang sur son lit blanc. Le conte aurait été merveilleux, une légende hivernale, finissant sur une belle note. Mais j’ai choisi un tout autre dénouement, et j’en fais pâtir de nombreux gens. Non. Je ne mérite aucune compassion. Mais si Poucet m’est enlevé, je n’ose imaginer ce que je deviendrais. Un monstre ? « Que veux-tu que je fasse ? » Je ne sais pas. Si d’ordinaire, j’ai toujours su ce que je voulais, aujourd’hui je ne sais plus. J’ai simplement besoin de toi, près de moi. « Je ne suis pas bon en cela, je dois même être le dernier à pouvoir te prodiguer des conseils. De plus, je n'ai pas envie de faire partie de cette reconquête incertaine, je ne veux pas participer à ce qui pourrait achever mon frère une bonne fois pour toutes. Libre à toi d'agir comme bon te semble, tu n'es plus une petite fille après tout. » Tu ne veux pas, mais malgré toi tu as toujours fait parti de ce lien qui me lie à Elis. Tu en es la racine, et il en sera toujours ainsi. Tu te trompes, Poucet, je suis toujours cette gamine, celle qui ne sait pas ce qu’elle veut, qui prend les mauvaises décisions, qui avance à tâtons dans le noir et s’accroche à ton épaule pour ne pas tomber. Tu es tout ce qui me retient, tout ce que j’ai de vrai. Mon filleul, mon enfant, l’authentique partie de ma vie. C’est tellement contradictoire, que ce soit moi qui s’effondre en pleurs dans tes bras, alors qu’il n’y a pas si longtemps, tu te réfugiais chez moi en pleurant. Les rôles s’inversent si rapidement. Je sens ta main si chaude caresser ma joue, et les larmes s’écraser en dessous. C’est une libération, de te savoir encore là, prêt à tout entendre, tout voir pour moi. Une libération, de laisser tomber le masque, de temps en temps. « Mon choix est déjà tout fait, tu ne peux m'obliger à faire l'impasse dessus Dragée. Je ne te demande pas la lune, encore moins le soleil, juste de faire attention à ce qu'il est. Il ne mérite pas de souffrir autant... Quitte à m'enfoncer dans la noirceur à mon tour - si ce n'est pas déjà fait. » Ma tête se repose encore sur son torse, mes yeux sont fatigués d’affronter ce regard. Il est pourtant rare de le voir si pur et aimant, à se laisser aller. Je suis une des rares personnes qui a eu la chance d’y être confrontée. Mais je n’aime pas y voir mon reflet, si laid, non méritant de tout ce que Poucet a à offrir. Mes paupières se ferment et mon corps bouge au rythme des tambours de son coeur. Il est parfois bon de se laisser aller, en oubliant le reste. Mais qu’importe où on soit, sur qui on se repose, les mots assèneront toujours des morceaux épais de verre dans la mécanique du coeur, bloquant les écrous, empêchant à la machine de tourner comme il faut. Il faut toujours faire face, se cacher, se dissimuler. Combattre. « Malgré tout je suis là, et tant qu'il n'est pas trop tard, je ne transgresserais pas la promesse muette que je t'ai faite. Je me battrais à tes côtés si c'est ton souhait, je serais l'épaule où tu pourras poser ta tête trop pleine si telle est ton envie, je deviendrais ton bouclier si besoin est. » Je sens mes lèvres se tirer, mes pupilles se mettent à fixer dans le vide. Mais pour combien de temps encore ? Comment puis-je avoir la certitude que tu ne t’en iras jamais ? Tant qu’il n’est pas trop tard… Je suis à deux doigts de changer le court des choses, alors. J’ai face à moi plusieurs portes et tout dépendra donc de la poignée que j’ouvrirais. Tu me suivras dans l’une d’elle, c’est ta promesse. Je n’ai pas le droit à l’erreur. « Je suis là. » Dans une autre vie, dans d’autres circonstances, peut-être que nous aurions été heureux ensemble. Peut-être que nous n’aurions pas eu à nous faire du mal en nous tenant les mains. Mais nous n’avons qu’une vie. Je me dégage de son étreinte, le visage séché de toute humidité, quoiqu’un peu rosi et gonflé. Ma main vient replacer une mèche derrière mon oreille et l’autre glisse lentement de celle de Poucet pour s’en séparer. Mon ventre est noué, je suis épuisée de m’être autant dévoilée et j’ose imaginer à quel point il est dur pour lui de se laisser autant emporter par les sentiments. Mais les choses sont ainsi, on se cache, on se dissimule, et de temps en temps, on laisse tomber le voile entre nous. Comme les enfants que nous étions, on s’abandonne l’un à l’autre. C’est dans ces moments que je remercie le ciel qu’il ne me déteste pas encore totalement. Il lui reste de l’amour pour moi, et c’est tout ce dont j’ai besoin. Mes mains se posent délicatement sur ses joues et je lève mes prunelles dans les siennes. « Le mal est déjà fait. Plus jamais il ne souffrira par ma faute. Je préfère me taire et mourir en silence plutôt que de le briser une nouvelle fois, et te perdre toi. » Doucement je m’approche de ses lèvres pour y déposer un léger baiser, dénué d’arrières pensées, infime, significatif de l’affection d’une mère pour son enfant. Comme j’ai toujours fait. « J’accepterai la sentence s’il veut se venger, je me tairai s’il veut m’oublier. Je n’ai pas peur. Tant que tu es là, je n’ai rien à craindre. » Je ferai le bon choix, si tu ne m’abandonnes pas. Je me racle la gorge en passant une main sur ma joue, et lui délivre mon plus frais des sourires qui cherche à se faire pardonner. Poucet n'est pas dupe, mais je sais qu'il ne s'en plaindra pas. Je caresse sa barbe et décortique son visage. « D'ailleurs, j'espère que tu ne seras pas contre le fait de danser à mes côtés au bal. Il faudra juste me raser cette barbe, et te faire faire un costume. Je refuse de tenir le bras d'un guerrier en armure. » Le masque a repris sa place initiale. Se cacher, se dissimuler. Le flocon laisse place à la duchesse, et la vie reprend son cours.
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⊱ why are you trying so hard to fit in when you were born to stand out ? EmptyDim 14 Déc - 1:11




Dragée et Poucet
Le plus dur c’est pas la chute, c’est l’atterrissage.

La malédiction ne s'arrêtera donc jamais. Elle s'étale un peu plus chaque année, et à y réfléchir plus sérieusement, Poucet ne saurait dire exactement quand elle a vu le jour. Forcément, il pourrait faire très simple et se dire qu'il a été malchanceux dès sa venue au monde. Néanmoins, ce serait mal connaître le destin, et bien sûr, la réalité est bien plus complexe. Il faudrait se demander dans ce cas, quand exactement l'existence se retourne contre vous ? Quand est-ce que le royaume ne marche plus droit mais se veut à essayer de trouver une route sur les plafonds ou dans le ciel ? C'est naïf, c'est même totalement logique. C'est tout bonnement quand on se décide à voir les choses de cette manière. C'est un choix qu'il a fait le petit Poucet le jour où il est rentré intact de sa mésaventure dans les bois. C'est venu petit à petit, subrepticement à l'instar d'un serpent souhaitant trouver domicile sous sa chemise. Sans même le remarquer, sans même qu'il se dise un jour que c'est de sa faute. Si bien sûr, le décès des fillettes lui reste à l'esprit, il n'arrive pas à se dire qu'il est le commanditaire de cette gigantesque mascarade qui poussera sans aucun doute ses proches vers la fin qu'ils attendent les bras levés en l'air. S'il n'avait pas été présent dans le ventre de sa mère, que serait le présent aujourd'hui ? Sans lui, il est convaincu qu'Elis n'aurait pas croisé le regard de gel de sa protectrice aux ailes volumineuses, il n'aurait pas eu le coeur brisé, au moins, ç'aurait été un point non négligeable. Malgré tout, que serait-il ? Le bon forgeron au sourire franchouillard ou une raclure se contentant de tailler du bois en pestant contre la populace de la ville ? Il ne saurait le dire. Il penche pour l'un, pour l'autre, il n'arrive pas à assez modifier son frère pour se l'imaginer dans une tout autre existence. Mais, pour ce qui est de Dragée, il n'y a pas de brouillard. Il le sait, son arrivée n'a rien changé de bien conséquent dans sa vie, outre le fait qu'il lui fait gagner successivement des combats, il n'a pas été un tournant décisif, encore moins un pilier sur lequel se reposer. Elle aurait trouvé un autre gaillard aux muscles saillants pour porter son honneur avec fierté, elle aurait toujours gardé son air impassible, toutefois elle n'aurait pas connu la joie de passer ses doigts dans les bouclettes rousses de son aîné, et qui sait, son coeur serait peut-être encore plus pourri qu'il ne l'est maintenant. Il y a encore un espoir, une petite lueur si infime que la remarquer serait digne du plus grand connaisseur en son genre. Cependant, et même si sa tête est plongée toute entière sous un lac noirâtre, il peut l'apercevoir. La Duchesse n'est pas trépassée, vive la Duchesse Plumosucre. Il n'est donc qu'une infime parcelle de son âme, celle qui la complète - ou la divise probablement ? Oui, ce serait plus probable. Il estime plutôt être comme une tempête, qui ne sachant comment réagir face à un sublime paysage, préfère le détruire. C'est pas logique, c'est pas bien beau, il devrait songer à se faire une remise en forme quelque part entre les quatre murs du château, là où la garde royale se fait endoctriner dans une politique totalitaire, appréciée par la reine elle-même. Mais non, Poucet il sait pas agir autrement. C'est pas faute d'essayer d'enjoliver ce qu'il frôle, il fait que détruire. A croire qu'il continue de payer la dette du sang. Souffrance par souffrance, et vice-versa. Ah, bon sang, quel présent glorieux. « Le mal est déjà fait. Plus jamais il ne souffrira par ma faute. Je préfère me taire et mourir en silence plutôt que de le briser une nouvelle fois, et te perdre toi. » Quel choix à faire ? Le jeune ou le vieux ? Le sans coeur ou le trop de coeur ? Quel cruel dilemme. Toutefois, il semblerait que son interlocutrice n'a pas réfléchi très longtemps avant d'affirmer un tel fait, qui contre toute attente, a le mérite de faire gonfler en lui une émotion non pas nouvelle, mais redondante qui lui refile des sensations au bout des doigts. Un peu de fierté, un mélange d'amour, et surtout une méfiance voilée sous de la confiance. Comment faire pour survivre avec tant de contradictions ? Tout homme ne saurait le faire, mais son champion le fait. Pour ses beaux yeux ou encore pour lui-même, la réponse n'est pas si évidente qu'elle n'y paraît. Il se sent étrangement bien, toute la pression, l'énervement retombe à l'instar d'un gâteau qui n'a pas assez cuit au four. Peu importe sa dégaine, ça ne veut pas dire qu'il est répugnant à l'intérieur, il suffit seulement de tailler au couteau pour le vérifier. A première vue, c'est ce qu'elle veut faire la jolie fée hypocrite, sans encore trouver ce qu'il y a de mirobolant au fond de cette carcasse dénuée de compassion. Toutefois, elle garde le courage, en se disant que si, elle tombera un jour ou un autre sur le trésor tant convoité. Celui de son coeur dégonflé. Les mains de la sylphide se glissent sur ses joues encore un peu rougies par l'effort de toute cette entrevue, et puis sans même qu'il puisse réagir, ses lèvres se posent délicatement contre les siennes. Un baiser aussi innocent que celui de deux enfants qui ne veulent pas se dire qu'ils s'aiment. Il veut rien dire et tout dire à la fois. Il lui refile un frisson. Probablement parce qu'elle est cette première à avoir su passer la barrière de ses lippes, et certainement la dernière. Il profite de cette seconde de bonheur charnel le plus possible, jusqu'à ce qu'elle s'en dégage. « J’accepterai la sentence s’il veut se venger, je me tairai s’il veut m’oublier. Je n’ai pas peur. Tant que tu es là, je n’ai rien à craindre. » Il prend sa vengeance comme il le peut, aux côtés de sa marraine et jusqu'à la fin de ses jours, ce sera ainsi. Il sera présent dans l'ombre pour asséner le coup de grâce à l'assassin qui voudra lui planter un couteau dans la nuque, il lui prendra la main lorsqu'elle menacera de s'écrouler, il la prendra dans ses bras lorsqu'elle aura besoin de réconfort, et surtout il la regardera démolir son propre avenir sans ciller. Il ne doit pas avoir d'avis sur le sujet.
Il sera là.
Il sera toujours là, c'est tout. Faire office de présence ne paraît pas si capital, après tout, c'est ce que font certains futurs chevaliers lorsqu'ils vont à l'académie sur l'île de Graooul, ils sont présents simplement pour ne pas se faire rouspéter par leurs parents déçus. On peut être à un bal juste par demande, même dans la rue, on marche juste pour montrer à une entité céleste, que oui, nous sommes encore là, bien vivants. Mais, chez le combattant, être là pour quelqu'un prend une tout autre dimension. Lui qui d'habitude fuit le contact, lui qui à l'accoutumée ne souhaite pas croiser le regard accusateur de quelqu'un, s'acoquinant seulement de son métier pour continuer de manger à sa guise. Lui, ce qu'il fait, Poucet, c'est qu'il donne des ordres, c'est tout, il est réglé comme sur du papier à musique, et faire plus que cela, ça demande une certaine force insoupçonnée que même ses aînés ne voyaient guère lorsqu'il était à peine plus haut que trois pommes. Il est là, pour peu. Il est là, pour elle. Il est là, et c'est déjà énorme. « D'ailleurs, j'espère que tu ne seras pas contre le fait de danser à mes côtés au bal. Il faudra juste me raser cette barbe, et te faire faire un costume. Je refuse de tenir le bras d'un guerrier en armure. » Il aurait été idyllique, ou même suicidaire qu'elle continue sur la lancée des confessions sur un oreiller invisible. Il la connaît, ça correspond à son personnage, à ce qu'elle laisse transparaître. On aura beau dire ce qu'on veut, Dragée Plumosucre confirme le fait que parfois, les apparences font absolument tout, y compris sauver la mise d'esprits qui errent sans but. Si celui de sa douce est la vengeance, il redoute que le jour où elle l'aura enfin, elle soit vraiment heureuse. Il a comme un sixième sens pour comprendre qu'elle ne trouvera pas chaussure à son pied, à l'instar de Cendrillon et sa pantoufle de verre. Elle, c'est un autre cas de figure, c'est une histoire bien plus sanglante qu'on ne raconte qu'aux enfants qui veulent se filer les chocottes devant un feu de bois. On pourra dire que s'ils ne sont pas sages, la femme ailée assoiffée viendra les dévorer durant la nuit, et Poucet ne doute pas du fait qu'elle serait un superbe déguisement pour la fête des citrouilles. Passant une main sur sa nuque qu'il masse à peine du bout des doigts, en pleine réflexion, il ne peut pas lui dire non, pas pour un tel évènement. L'exhiber devant tout le gratin bourgeois de Fort Fort Lointain semble une aubaine, après tout, elle se vante lorsqu'elle le peut d'avoir un guerrier redoutable. Toutefois, il n'est pas si bon danseur, et s'il est capable de faire des efforts au niveau vestimentaire, son attitude stoïque décourage toute demoiselle voulant une valse en sa compagnie. Il ne pense pas au pire, en fait, il ne pense pas du tout. « Il serait indigne de moi de refuser d'y venir avec toi, même si tu sais que j'ai encore du mal à supporter les gloussements incessants des serpents qui te tournent autour. » Haussement d'épaules, son bras retombe le long de son corps, l'autre se glisse sur le manche d'Aquilon fièrement reposée dans son fourreau. « Mais soit, je serrerais les dents et ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour ne pas déguerpir en claquant l'immense porte d'entrée. » Un petit rire sec, Aldred remue la queue à côté en signe d'un apaisement soudain. Oui, il est heureux à la place de son maître, comme quoi tout peut s'arranger, peu importe si des zones ombragées persistent à troubler son horizon. Pinçant sa lèvre inférieure, il ne sait qu'ajouter de plus, outre le fait de se dénigrer en lui affirmant qu'il lui écrasera ses petons pour cause de maladresse. D'ici là, avec un peu de bonne volonté, il aura appris à se tenir, qu'elle puisse être digne de son cavalier ce jour-là. Oui, il le fera, elle ne sera juste pas au courant de son initiative. Cette douce accalmie se veut courte, puisque son adversaire plus doué qu'il ne le pensait, ose s'aventurer dans l'entre du duo. « Veuillez m'excuser de mon intrusion Sir Cailloublanc, mais je souhaitais savoir si nous allions reprendre l'entraînement ? » Poucet interloqué hausse les sourcils, aborde un sourire mesquin en coin de lèvres totalement incontrôlé. « Tu ne devrais même pas y songer. Je te rejoins. » Hochement de tête, il disparaît fissa dans une certaine excitation d'affronter encore une fois cet homme qu'il a failli vaincre. Prenant ainsi la même route que son prédécesseur, il s'arrête néanmoins à la limite des deux mondes. L'un de violence, l'autre d'agonie. Il lui jette un dernier regard plein de malice éteinte, jusqu'à se faufiler sous la lumière du jour. Le rideau se ferme, l'acte est bouclé. Mais dans les coulisses, les personnages continuent de s'entre-tuer. Qui périra le premier ? Qui se jettera la première pierre ? Peu importe qui, le monde entier se doute que ça ne se finira pas si bien.
Ça ne peut que se finir dans la désolation.

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