Agnès observa d'un œil critique ce qu'elle avait sous les yeux. ''Un petit peu plus à gauche.'' ordonna-t-elle. Le nouveau vase fut tassé. Encore une fois. Elle ne voyait pas du tout en quoi c'était compliqué de le centrer avec le miroir qu'il y avait juste au-dessus. Elle l'avait dit qu'elle le voulait centré. Cette domestique en avait une drôle de notion. Cela aurait été beaucoup plus simple si elle avait daigné l'aider. Elle aurait pu passer à autre chose depuis un bon moment si elle l'avait fait par elle-même. Elle le savait. Elle savait aussi que ce n'était pas en faisant les choses à la place des autres qu'ils allaient apprendre. Puis, la dite domestique était payée, alors qu'elle fasse ce qu'elle voulait. Oui, il y avait assez régulièrement une rotation dans les employés de la maison, mais, elle aimait quand c'était fait à sa manière. Une fois le vase bien centré, elle « libéra » la nouvelle, continuant son chemin jusque là où elle gardait ses accessoires et ses bijoux de toutes sortes. Pièce où elle se rendait assez souvent. Elle aimait bien admirer ce qu'elle avait eu au cours des huit dernières années. Son mari ne manquait pas de combler ses absences en lui ramenant divers cadeaux de toutes sortes. Ce qui n'était jamais pour lui déplaire... pas comme la présence de Barbe Bleue, mais habituellement les deux allaient avec. Elle jouait donc à l'épouse ravie de revoir son mari. Huit ans, c'était un record pour lui, elle jouait très bien. S'il était plus présent, ça serait une autre histoire probablement.
Bref, assez pensé à lui. Ce n'était pas un sujet qui lui était très plaisant. Pas comme toutes les merveilles qui s'étalaient devant elle. Après les avoir regardé, elle se décida enfin sur ce qu'elle comptait porter pour son prochain invité. Oui, elle changeait selon qui elle allait voir et qui elle recevait. De cette manière, elle pouvait en porter plus sans être surchargée (ce qui était de très mauvais goût), tout en en montrant plus. Elle enleva le peigne doré ; en vrai or, qu'elle avait dans ses cheveux, tout comme le fin bracelet qu'elle portait. Elle mit un collier qui était assez coûteux, cela paraissait simplement en le voyant même quand on ne s'y connaissait pas. Il était bien en évidence autour de son cou blanc. Elle avait remonté ses cheveux pour ne pas qu'ils cachent le collier. Autant de préparation pour presque rien en réalité... elle était toujours en train d'afficher l'un de ses ornements. Là, c'était plus intentionnel que les autres fois. Son invité s'y connaissait en parures de toutes sortes... enfin, peut-être pas tant que ça en réalité. Elle verrait bien. Il devait tout d'abord être là, ce qui ne devrait pas tarder.
Pour l'instant, elle comptait aller lire dans le jardin. On viendrait la chercher lorsque Diaval arriverait. Elle s'installa sous un saule sur un banc qu'il y avait, reprenant sa lecture là où elle l'avait laissé. Quelques pages plus tard, on lui dit que son invité était arrivé. Elle se releva, tout en refermant ce qu'elle lisait, sortant de sous l'arbre, rentrant ensuite dans sa demeure, se regardant dans le miroir, enlevant une fois qui s'était aventurée jusque dans ses cheveux roux. Elle alla ensuite au hall d'entrée, accueillant Diaval, tout sourire ; est-ce qu'il allait bien ? ; avait-il fait bonne route ? Questions normales pour deux amis, non ? Sans parler de la prochaine. ''Quelque chose à boire ?'' lui demanda-t-elle, prête à faire un signe à la domestique dès que Diaval aurait dit sa réponse. Elle ne l'avait pas invité que pour le faire boire. Elle avait autre chose derrière la tête... et surtout autour du cou. Ce n'était pas obligé d'être abordé tout de suite, elle voulait voir s'il allait réagir d'une manière ou d'une autre ou encore s'il allait se comporter d'une façon différente des autres fois. Elle était fâchée contre le jeune homme, elle était loin de se douter qu'il s'agissait d'un corbeau en réalité, mais pas pour la bonne raison probablement. Elle conduit le jeune homme jusqu'à l'un des salons, s'installant sur l'un des divan. ''Des nouvelles depuis notre dernière rencontre ?'' l'interrogea-t-elle. Toujours rien de bien original, mais elle comptait bien le surprendre plus tard.
FORT FORT LOINTAIN
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Dim 12 Oct - 1:55
Il faut que ça brille !
...et plus vite que ça !
angus & julia stone - jewels and gold
Rare sont les fois où je viens à me séparer de Maléfique. Je considérais le monde comme étant bien trop dangereux pour pouvoir réellement vivre seul contre les nombreux prédateurs qui se cachent derrière les buissons, et mon existence d'enfermement éternel m'avait apprit à tel point il fallait se méfier des créatures humaines. Qu'au mieux, il fallait se lier avec l'être la plus parfaite qu'il ne pouvait exister sur cette planète pour être défendu perpétuellement, soit une fée. Elle m'avait sauvé, et elle continuait toujours à le faire quotidiennement. Mais il arrivait par moment à ce que nos chemins ne viennent à se séparer quelques temps. Bien souvent, il n'était question que d'infime minutes. Juste l'instant pour aller, par exemple, cueillir quelque chose dans les bois et faire un présent à ma nouvelle reine. Aller se baigner sans aucun vêtement et être à l'abri de son regard. Partir devant et s'assurer à ce que l'on prenne bien la direction... Tout cela avant de retourner à ses pieds. Et pourtant, c'est plus longtemps encore que j'allais m'écarter de sa compagnie aujourd'hui. On pourrait même trouver étrange à ce que je ne m'éloigne d'elle pour me rapprocher d'une autre... On oserait même s'inquiéter du fait que peut être, aurais-je le désir d'entretenir une relation avec elle en risquant de perdre Maléfique. Ce qui est pire dans tout cela, c'est qu'il m'est déjà arrivé d'y songer, mais ma gardienne sait bien qu'à chacun de mes retours, mes yeux ne cessent de briller lorsque je la retrouve. Qu'il n'y avait nul autre femme qui pouvait nous séparer. Que par l'acte héroïque qu'elle avait faite en me sauvant, elle m'avait par la même occasion sincèrement touchée et que peut être à présent, il m'arrivait par moment d'entendre mon cœur s’accélérer subitement en l'observant, cette magnifique fée... Bien évidemment, jamais je n'avais révélé mes sentiments à son égard. Je passerais pour un sot. Elle est la créature la plus sublime pouvant exister dans ce monde et je ne suis qu'un immondice qui doit se cacher grâce à un sortilège sous peine d'être exilé, ou même pire... Je n'étais qu'un corbeau, aperçu comme un monstre, doté d'intelligence mais aussi d'un corps totalement noir, pourvu de serres et de plume. Moi, je me considérais beau, mais pourquoi les autres ne me voyaient-ils pas ainsi ? Rare sont les humains qui ne me virent pas comme une cible sur laquelle on pouvait jeter des cailloux pour la détruire... Et cela devait être sans aucun doute la réponse à toute mes interrogations : je suis pas beau. Et j'avais beau ne pas accepter le fait qu'Agnès ne soit plus jolie que Maléfique, elle l'était malgré tout. Je n'étais pas dupe en apercevant l'attitude de ses domestiques. Il la désirait du regard comme je pouvais admirer ma maîtresse. Leur agissement de gêne qui suit bien souvent après l'adoration prouvait également que eux, avaient obtenu ce qu'ils avaient envié. Pas moi... Et étrangement en les voyant, je me disais que je leur ressemblais quelques peu. Moi aussi j'avais juré joué les serviteurs de Maléfique pour laquelle, je ressentais, je crois, de l'amour... Je ne voulais pas l'accepter bien évidemment. Et il me suffisait de me concentrer sur Agnès, la personne qui m'invitait pour les oublier rapidement...
La raison était tout simplement parce qu'elle n'essayait même pas cacher la richesse qu'elle possédait. Elle, elle ne vivait pas dans un nid. Je dirais même qu'elle habite dans un véritable palace. La décoration était splendide, mais ce qu'il l'était plus encore, c'était ces bijoux qu'elle portait à outrance et ces vêtements de luxe dont je ne pouvais sans doute même pas me payer. D'ailleurs, ce serait une chose que je n'aurais pris la peine d'acheter si l'on ne m'aurait pas forcé la main pour que je le fasse... Ainsi que par rapport au froid lors des journées les plus glaciales... Et puis, je me serais vite rendu compte que même avec le Charnel, je n'aurais point réussit à m'intégrer dans la société totalement nu. Cette journée même où je fus convié dans ce bel endroit que peut être la demeure d'Agnès, en me parant de mon plus beau costume et en parfaisant mon allure prouvait naturellement qu'il fallait de toute façon passer par les coutumes de ces drôle de bipèdes. Bien évidemment, peut être mes longs ongles pouvaient attiser la curiosité de quelques uns, mais sinon, il était bien évidemment dur de se douter à ce que je sois une simple bête parlante.
Adaptant une démarche presque dansante, j'avais donc accélérer le pas pour arriver un minimum à l'heure. Prouver que j'étais sérieux en fixant les dates de rendez-vous et que bien évidement, je ne pouvais me montrer aussi blessant et irrespectueux en me présentant à sa porte à une heure plus tardive. Tout cela n'était pas mit en œuvre pour prouver que je pouvais être un Apollon vivant, mais seulement pour la mettre en confiance, comme à mon habitude. Elle était si naïve... si naïve et riche aussi... Elle pensait réellement à avoir affaire à un gentleman alors qu'en réalité, je venais dans l'unique but de la dérober. Ma nature de corbeau me poussait à être attiré par toutes ces choses de valeur, qui brillent et scintillent en étant au mieux, ronde. Ainsi, j'arrivais les mains vides pour repartir avec un merveilleux bijoux en poche que je pouvais garder pour mon inventaire personnel ou offrir tout simplement à Maléfique. En apercevant ce magnifique collier exhibé comme pas permit que je remarquais dès son arrivée, j'avais déjà en tête l'idée de repartir avec... Encore fallait-il me trouver une solution pour passer ma main dans son cou dans qu'elle ne me remarque avant de le saisir. Nerveusement, je cherchais un moyen pour y parvenir en tournant la bague poison contenant le Charnel autour de mon doigt, mais en essayant de garder un visage calme et souriant en répondant à ses questions...
Je vais très bien, merci. Et vous ? A vrai dire, je passais par là, rejoindre votre demeure n'était donc pas bien difficile. Sinon, j'accepterais un thé avec grand plaisir, merci beaucoup...
Nous marchâmes jusqu'à l'un des divans du salon où je m'y installais convenablement, savourant la texture luxueuse sous mon corps, malaxant avec finesse, j'aurais pu aisément m'y endormir, mais je n'étais pas assez fatigué pour m'y laisser tenter. Lorsque Agnès reprit la parole, je lui répondais à nouveau...
Et bien, pas grand chose, je reste auprès de Maléfique, on voyage et on profite de la vie comme on peut. Et vous ?
Je pouvais bien mentir vu au point où j'étais partis, mais tout de même. A quoi bon ? Il suffisait de s'inspirer de la vérité pour qu'elle ne devienne un gros mensonge. Et puis, je n'avais pas grand chose à cacher outre ma forme originelle. Je ne perdais rien en parlant de moi en espérant en découvrir plus de son côté...
FORT FORT LOINTAIN
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Jeu 23 Oct - 2:55
Diaval se trompait sur Agnès. Cette dernière n'était pas du tout naïve. Parfois, elle pouvait laisser cette impression, mais elle était loin d'être une sotte. Elle pouvait faire semblant de l'être pour avoir plus d'informations. Elle n'avait aucune honte à agir de cette manière. Elle n'avait aucune honte d'agir comme ça avec le jeune homme, bien qu'il soit un ami d'une certaine manière. En même temps, quelle sorte d'ami la volerait ? Sur ce point, il en faisait un bien plus piètre qu'elle. Il avait commencé, elle ne faisait que poursuivre. Tout à fait normal selon elle. Il n'y avait plus qu'à mettre le tout en jeu. La première étape était en cours : les étapes normales d'une conversation. ''Bien aussi.'' répondit-elle, penchant légèrement la tête afin de le remercier de lui avoir retourné la question. Elle fit un léger signe au domestique afin qu'il aille chercher le thé. Pour deux personnes, naturellement. Elle n'allait pas le laisser boire seul. ''Vous faisiez quoi ?'' l'interrogea-t-elle à propos de ce qu'il faisait dans le coin de chez elle. La curiosité et la politesse ne faisait pas toujours un très bon ménage. Elle le savait. Au moins, les secrets étaient bien gardés avec elle. Elle ne bavassait pas. Elle voulait juste savoir... pour peut-être l'utiliser plus tard en cas de besoin. Ça faisait une menace tout dépendant du dit secret.
Une fois assisse, elle plissa sa robe, tout en enlevant une poussière invisible de sur la table près d'eux. ''Pas grand-chose non plus. Mon mari vient de repartir. Je sais pas quand il va revenir.'' Comme toujours. Diaval devait commencer à connaître la chanson à propos de son mari et de ses passages plus au moins éclair. Elle en était bien contente, mais elle le cachait. Elle avait donc pris le ton de l'épouse qui allait s'ennuyer de son mari mais qui comprenait son absence. Oui, ce ton existait. Une sorte de mélange d'ennui et de résignation. Le domestique arriva avec le service pour le thé, repartant un instant plus tard après les avoir servi. ''Il m'a offert ce collier pour se faire pardonner.'' indiqua-t-elle au jeune homme, le pointant du doigt, dès que le domestique fut parti. Juste au cas où il ne l'aurait pas vu. Il était aussi visible que son nez au milieu de la figure. Elle avait bien vu qu'il l'avait remarqué. Elle faisait tout de même comme si elle ne le savait pas. Elle ne voulait pas qu'il sache ce qu'elle avait en tête.Ça gâcherait toute la surprise pour le jeune homme et elle voulait l'éviter. Question qu'il sache que niveau vol, il avait à s'améliorer... tant qu'il ne piquait pas tout ce qu'elle avait, naturellement. En espérant qu'il n'ait pas ça en tête. Qu'il parle de la richesse qu'elle exposait. Ouais, elle l'exposait tout le temps, mais personne n'avait jamais essayé de tout voler. La réputation de Barbe Bleue devait y être pour quelque chose.
Agnès ne put s'empêcher de regarder les mains de Diaval lorsque ce dernier prit sa tasse de thé. Le seul truc qu'elle n'aimait pas du tout chez lui c'était ses ongles qu'il tenait à garder comme ça. Elle lui avait pourtant offert les services de l'une de ses domestiques expertes en ongles, mais il avait refusé. Elle avait même trouvé qu'il avait eu l'air insulté. Tout le monde avait ses manies, mais elle ne comprenait pas du tout celle-là. À chaque fois, elle essayait de ne pas trop les regarder, mais elle n'y réussissait pas tout le temps. Elle prit une gorgée de son thé, faisant comme si elle n'était pas une fois de plus fixée sur les ongles du jeune homme. Quelle malpolie elle faisait. ''Vous le trouvez comment ?'' s'enquit-elle. Elle parlait du collier, de quoi d'autre aurait-elle pu parler ? Peut-être du thé, oui. Ce dernier était parfait, sans quoi, elle l'aurait retourné. Ce n'était pas plus compliqué que ça pour elle. Elle disait quelque chose et on devait lui obéir. Elle aimait bien ça.