Despereaux & Lancelot

Autrement cela reste une utopie

Avec le retour de Marraine, les choses s’était calmée, et ce n’était pas plus mal parce que toute la garnison que Chevalier-Flic commençait à être un peu sur les rotules, pour être honnête. Lance le sentait bien aussi, malgré sa volonté d’acier à ne pas se laisser faire par un peu de fatigue, il devait bien admettre qu’avoir des rondes plus calmes ne faisait pas de mal du tout. Cependant, il restait toujours des émeutes éparses, des délits, des crimes même. Bref, il ne fallait chômer pour autant. Surtout qu’en plus de tout son travail de Chevalier-Flic, Lancelot avait aussi en tête que Méléagant pouvait débarquer à n’importe quel moment pour essayer de régler leurs différends. Chose qui d’un côté plaisait au chevalier car au moins, tout cela sera fini une bonne fois pour toute, mais d’un autre côté, il risquerait de faire des dégâts conséquents dans sa vie actuelle, même si son meilleur ami ici présent, alias Jeiran, était maintenant au courant de toute l’histoire. Il n’était plus seul, c’est bien ce que lui avait dit Jeiran. Cette pensée le fit sourire une seconde avant qu’il ne se reprenne et ne continue sa ronde dans Ragtown.

Ronde qui se fit vite interrompre par du grabuge un peu plus loin et s’y rendant, Lance put constater qu’une bagarre avait ou allait commencer dans le restaurant la Louche Dorée. Bon sang, il fallait vraiment que les badauds ne trouvent rien de mieux à faire que de se battre en plein milieu d’autres personnes innocentes. Ou pas si innocentes, mais tout de même. Pas en plein milieu d’un restaurant enfin ! Lance entra alors, bien décidé à, au moins, les faire sortir. Il avait envoyé un messager à deux autres de ses collègues de patrouille pour qu’ils viennent récupérer ces énergumènes quand il aurait réussi à les faire sortir. La situation était assez claire : deux hommes avaient décidé d’en venir aux mains et le reste de la salle tentait de rester en dehors de la bagarre autant que faire se peut.

"Police de Fort Fort Lointain, séparez-vous tout de suite !"

Il savait bien que les mots seuls ne serviraient pas à grand-chose, mais c’était pour que le reste ait entendu, au cas où un des deux attaquants ne décide de porter plainte contre lui par la suite, pour une raison X ou Y. Ils avaient bien vus et entendues que le chevalier leur avait fait une sommation avant d’entrer plus physiquement dans l’histoire. Ce ne fut d’ailleurs pas simple. Les deux hommes semblant faire front commun contre lui dès qu’il a annoncé qui il était. Il y eu même une personne du staff du restaurant qui manqua de se prendre un coup, mais Lance le sortit de la ligne de feu juste à temps, récoltant, pour sa peine, un coup de pichet en terre sur l’arrière du crâne, le sonnant un peu. Secoué, il eut pourtant de la chance, ses collègues arrivant pour embarquer les deux bagarreurs déjà bien fatigués de leurs actions même si pas K.O encore.

Lance, quant à lui, s’était appuyé contre un mur, le temps d’attester que sa blessure était sans gravité, avant de se tourner vers l’homme qu’il a aidé juste un peu plus tôt.

"Tout va bien ? Rien de cassé ? Hormis ce pot…Je vous dédommagerais pour cela."

Despereaux & Lancelot

Autrement cela reste une utopie

La louche Dorée était un restaurant sans prétention qui luttait pour se maintenir la tête hors de l'eau dans un monde remplie de restauration franchisée. Fort heureusement, l'établissement retrouvait petit à petit sa réputation perdue depuis que la soupe était revenu au menu. En temps normal, les seules disputes provenaient des cuisines où les deux cuisiniers débattaient avec passion de leurs points de vue opposés sur ce délicieux breuvage. Pour les habitués, cela équivalait à une animation sympathique en attendant son repas. Cependant, ce calme relatif ne régnait pas toujours. En de rares occasions, les clients en venaient aux poings.

Tel un marin voyant tous les signes d'une tempête sans pouvoir éviter que cette dernière ne s'abatte sur son navire, Despereaux avait contemplé, impuissant, le début de la bagarre. Il avait essayé de calmer le jeu. D'émettre un avertissement et des objections sur un ton si faible qu'il fut automatiquement noyé par le bruit ambiant. Il avait levé timidement le doigt pour réclamer l'attention des fautifs, en vain. Pendant ce temps, la bagarre prenait de l'ampleur. Le reste de la clientèle essayait de se trouver à une distance de sécurité tout en ne voulant pas rater une miette de ce spectacle.

Puis, Despereaux croisa le regard désespéré de l'autre personne s'occupant du service, PetitPois, accessoirement l'élue de son coeur. Cette vision lui donna un élan de courage. L'ancienne sourit bomba le torse en prenant une grande respiration et était bien décidé à se faire entendre, cette fois... Quand, soudain...

"Police de Fort Fort Lointain, séparez-vous tout de suite !"

Despereaux resta bouche bée devant cette interruption. Il était très tentant de se pincer pour vérifier qu'il ne rêvait pas. La police de Fort Fort Lointain ? Ici ? Et ce n'était pas n'importe quel chevalier-flic qui venait de prononcer cet avertissement ! C'était le chevalier Lance ! Honneur ? Exaltation ? Aucun de ces termes n'était assez fort pour retranscrire les émotions qui traversèrent l'ancienne souris devant ce spectacle. Voyant que les deux bagarreurs étaient bien décidés à s'allier contre son héros, Despereaux s'était avancé pour intervenir... et avait manqué de se prendre un coup si le chevalier Lance ne l'avait pas retiré de la trajectoire du pichet en terre. Lance se prit le coup à sa place sous le regard horrifié du serveur.

Oh non ! À cause de lui, le chevalier avait été blessé ! Le temps qu'il réalise avec horreur cette constatation, les renforts arrivèrent et l'histoire était finie. Presque aussi vite qu'elle avait commencé. Si rapidement que Despereaux en resta abasourdi. Wow, il venait d'être témoin de l'efficacité des chevaliers-flics entrant en action.

Ce n'était pas la première fois qu'il avait l'occasion de constater ce fait de ses propres yeux. Sans les chevaliers-flics qui étaient venus saisir toutes les bêtes parlantes pour appliquer la loi concernant le Charnel n°5, Despereaux aurait certainement été réduit en charpie par ce chat avec qui il s'était retrouvé coincé dans ce maudit tonneau vide. Depuis cette aventure, l'admiration que la souris portait aux représentants de la justice avait quintuplé... Au minimum. Aujourd'hui, un de ces héros se retrouvait appuyé contre le mur du restaurant où il travaillait. C'était trop beau pour être vrai, certainement un rêve. D'une minute à l'autre, on allait l'extirper de son sommeil. Obligé !

"Tout va bien ? Rien de cassé ? Hormis ce pot…Je vous dédommagerais pour cela."

Le serveur sembla s'être transformé en statue de pierre, le temps que son cerveau assimile le fait que, non, il ne rêvait pas et que, oui, c'était bien à lui que le chevalier parlait.

"Oh... Le pot ? Ce n'est rien. Ne vous en faites pas." Assura-t-il avec empressement. Avec un temps de retard, il réalisa qu'il n'avait pas répondu aux premières questions. "Je n'ai rien. Grâce à vous." Continua-t-il avec un sourire béat sur le visage et une reconnaissance qui dégoulinait littéralement de ces quelques mots prononcés. Vite, vite, il devait continuer de parler sinon il allait pousser un cri de joie devant la présence d'un de ces héros à quelques centimètres de lui. Mais, surtout, il devait dire quelque chose d'autres que de demander si Lance voulait lui dédicacer sa brochure de l'Académie. Si ces deux cas de figure venaient à se produire, il perdrait le peu de crédibilité qu'il lui restait ! Il devait vraiment trouver quelque chose d'intelligent à dire. "Je... Je m'excuse. À cause de moi, vous vous êtes pris un coup." Il tordait nerveusement le bout de sa chemise au point qu'il avait l'impression que sa chevalière contenant le précieux Charnel n°5 allait s'enfoncer dans son doigt. Un éclair d'inspiration le traversa. "Commandez ce que vous voulez en échange, c'est la maison qui offre !"

Pas sûr que le propriétaire des lieux partage l'élan d'enthousiasme de l'ancienne souris. Surtout que le serveur avait un peu trop tendance à se montrer généreux quand il était question de soupe gratuite. Cependant, dans ces cas précis, c'était le minimum à faire en présence du héros qui avait épargné bien des dégâts au restaurant.