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Odette ¤ Il suffira d'un cygne...


FORT FORT LOINTAIN



⊱ pseudonyme : Corleone
⊱ tête mise à prix : Lee Pace
⊱ crédits : Mes mimines et teumbleurre
⊱ arrivé(e) le : 01/01/1970
⊱ schillings : 0

⊱ ta race : Cygne parlant, drama-queen
⊱ allégeance : Par pur pragmatisme et intérêt politique pour vivre dans une relative sérénité.

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Odette ¤ Il suffira d'un cygne... EmptyVen 30 Jan - 16:01

Odette ¤ Il suffira d'un cygne... 17

Gracieux allait certainement voir le Lac des Cygnes au moins une fois par semaine, et c’était nier l’évidence que de dire que le ballet avait comme un goût particulier pour lui. Nostalgie était un mot qu’il n’admettait pas (“Bah, juste une manière de se morfondre dans le passé!”), mais il savait pertinemment qu’il lui rappelait ses quelques années avant l’arrivée de Marraine au pouvoir. Il connaissait chaque tableau par coeur, chaque pas, chaque note de musique, et notait mentalement les erreurs des danseurs, ne pouvant s’empêcher de grincer des dents lorsqu’une danseuse ratait un infime pas, erreur invisible pour un oeil non averti. Dans son carnet, il inscrivait chaque nom des interprètes, ne manquant jamais, en fin de représentation, d’ailler seriner le metteur en scène si la prestation n’était pas à la hauteur...Il va sans dire qu’il était rare que notre cygne soit entièrement satisfait et une mauvaise soirée pouvait le rendre grincheux pour une partie de la semaine.

Mais ce soir-là était sans nul doute marqué du signe de la chance.
Installé sur le même siège que d’ordinaire, son carnet ouvert sur les genoux, plume à la main, il n’avait pourtant rien pu écrire, tant la danseuse qui tournoyait sur la scène le subjuguait depuis le début de la représentation. Cette élégance, cette grâce, ce visage poupin étaient absolument parfaits, mais son regard était surtout rivé sur cette plume blanche qui ornait le corset de la jeune étoile. Une plume immaculée, pure, longue et fine...une plume telle qu’il les connaissait: une plume de cygne. Il jeta un regard au programme: Odette Plumedeneige...la bien nommée!
Il joua distraitement avec le pendentif qui contenait la fiole de Charnel, comprenant qui devait être la jeune danseuse et un mince sourire apparu sur son visage. Il lui fallait cette jeune femme pour sa prochaine campagne, c’était bien trop évident, ça crevait bien trop les yeux! Elle était absolument parfaite pour incarner Magic Perfect, la nouvelle huile pour visage, poils, plumes ou écailles.

Le rideau venait à peine de tomber que Gracieux s’était levé de son siège, avait dérangé ses voisins (“peu importe”) et s’était rendu jusqu’aux loges où il se heurta à une sorte d’ogre humain d’au moins une tête de plus que lui.
-C’est pour quoi, grogna la bête, tirant une grimace à notre cygne.
-Je souhaiterai rencontrer la demoiselle Plumedeneige, osa Gracieux dans un large sourire, dans un but inutile de séduire le placard humain. La tentative fut vaine et une très longue seconde de silence s’installa, pendant laquelle l’ogre planta son regard torve dans celui de Gracieux.
-Je sens un certain malaise, fit-il d’une voix ironique pour tenter de détendre l’atmosphère.
-Pas la peine d’insister… Troisième loge à gauche, grogna l’autre en se poussant, laissant un minuscule passage dans lequel Gracieux se faufila sans demander son reste.
-Et dites pas merci, hein, cria le monstre derrière, lui faisant friser les plumes de terreur. Il agita vaguement la main en guise de réponse et ne perdit aucune seconde à toquer à la porte de la danseuse, attendant sa réponse pour pousser le battant.

-Mademoiselle Plumedeneige, s’exclama-t-il en voyant enfin de près la jeune femme! Vous m’avez subjugué, ce soir, vous êtes d’une perfection sans nom!
De la manière la plus courtoise qu’il avait pu apprendre, il pris la main d’Odette Plumedeneige pour la saluer. Pardonnez-moi de n’avoir prévu un seul bouquet pour vous féliciter, je ne m’attendais pas à avoir une telle apparition en venant ce soir!
Il marqua une pause, le temps de laisser la jeune femme se remettre de cette déclaration surprise de la part d’un total inconnu...mais selon Gracieux, qui ne le connaissait pas encore?
-Pardon de cette introduction, reprit-il, laissez-moi me présenter...Gracieux Becnoir, je travaille pour Leroyal, et de toutes les perfections qui m’ont été données de voir, vous êtes bien en haut, sur le trône!
Dans un sourire satisfait, il leva un doigt sentencieux, absolument sûr et certain de ce qu’il avançait, et n’admettant surtout aucune objection à son avis.
-Puis-je vous parler un instant? En vous voyant danser ce soir, il m’est venu une chose en tête, mais si je vous dérange, je peux revenir dans quelques minutes! Ce que je veux vous proposer ne vous prendra pas toute votre soirée, mademoiselle, soyez sans crainte.
Il avait tiré son petit carnet pour noter d’autres lumières qui lui venaient en tête et espéra que la danseuse accepte de l’écouter un moment. Il était bien trop heureux de l’avoir découverte qu’il ne voulait pas laisser filer une telle perfection et était près à se saigner bec et plume pour qu’elle l’écoute une seule petite minute. Il la voyait déjà vêtue d’une superbe robe Versachery dessinée par Thédose Lafay, présentant Leroyal divinement...et dans ce royaume, il ne pouvait nier que refuser la compagnie d’un cygne serait une insulte à son espèce!  

-Si vous refusez ce soir, je vais devoir appeler un chevalier-détective pour vous retrouver, dit-il d’une voix enjouée et amusée! Ne perdons pas ce temps précieux, n’est-ce pas?
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FORT FORT LOINTAIN

Odette Plumedeneige
IL SUFFIRA D'UN CYGNE

Odette Plumedeneige

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⊱ pseudonyme : Chameau
⊱ âge : 29
⊱ tête mise à prix : Emily Browning
⊱ crédits : songbird, giphy, tumblr
⊱ arrivé(e) le : 29/12/2014
⊱ manuscrits : 513

⊱ tes licornes : Gretel Denougatine, Nina Têtedure & Eleazar Coeurfané
⊱ schillings : 590

⊱ ton conte : Le Lac des Cygnes
⊱ ta race : Humaine
⊱ métier : Ballerine
⊱ tes armes : Mes chaussons ?
⊱ allégeance : Pour, si elle peut me protéger

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Odette ¤ Il suffira d'un cygne... EmptySam 31 Jan - 18:28




Gracieux & Odette


Et quand la musique se lève doucement, entamant les premiers accords du célébrissime Lac des Cygnes du tout aussi illustre Piotr Illich Chaînedeski, Odette n'est plus personne. Elle n'est plus rien que du tulle blanc, les lacets immaculés des chaussons neufs et les mouvements gracieux d'un ancien cygne au cœur brisé. Non, Odette n'est plus, elle s'efface pour laisser place à la poésie d'une main qui se lève doucement, à la fragrance douce et saupoudrée de sucre d'un entrechat qui se pose à nouveau sur la scène noire ébène. Elle offre son corps, Odette, elle offre son corps et toute la fragilité qu'il contient à des centaines de personnes qui sont venus ici pour voir le ballet. Pas pour la voir elle, non, quelle idée. Pour voir de la danse. Et c'est ce qu'est Odette, elle n'est que danse, mouvement, contrebalancements dans l'air et marionnette envoûtée par les coups d'archets et les accords parfaits. Elle ne ressent rien d'autre qu'une grande douceur, une délivrance, et ce qui se passe dans son petit cœur meurtri s'apparente à la sensation que l'on éprouve lorsqu'on atteint le firmament étoilé. Elle se sent à nouveau cygne, cette carapace protectrice de son cauchemar, carcan de plumes douces et légères qui lui permettait de danser avec le vent et de caresser les étoiles. Sa plume est là, sa plume à elle, celle qui vient réellement de son passé et qui lui appartient rien qu'à elle-même. Aujourd'hui elle est humaine, mais là, en cet instant précis, elle n'est plus que la brise légère qui porte le cygne et le fait chavirer doucement sur le lac tranquille. Le Lac des Cygnes, c'est sur cette pièce qu'elle a dansé pour la première fois avec Dimitri, c'est sur cette pièce que le vieux maître à danser l'avait testée la toute première fois pour évaluer son niveau, et elle connaissait la pièce par cœur la petite Odette, parce que c'était sur cette pièce que son cœur avait chaviré la première fois, et qu'elle avait su que sa vie se ferait dans le tulle et les chaussons de ballerines. Et elle était bien, en parfait accord avec elle-même, et les douces mélodies de la musique reprises en cœur par sa sœur, la petite Odile bien au chaud dans son petit corps de danseuse, la faisait se sentir intacte, pleine et vide à la fois, et heureuse. Juste ça. Heureuse. Le cygne brisé revenait à la vie, et elle dansait avec son mari, sur les chants magnifiques de sa sœur, pour sa mère partie trop tôt qui la regardait de tout là-haut.

Le rideau tombe, la pièce est terminée. La ballerine redevient Odette. La transe douce et opalescente s'achève doucement sous les applaudissement et les saluts. Elle revient doucement à elle dans les bras de Dimitri. Parce qu'il sait, Dimitri, que le retour à la réalité est terrible, qu'il lui faut maintenant revenir sur terre et que son cerveau fonctionnera à nouveau, alors qu'il venait de se taire pendant quelques heures. Il ne dit rien, Dimitri, il la serre juste contre lui en plantant ses yeux vert pastel dans ceux de sa petite femme, autrefois d'un bleu éclatant, terni par les épreuves et les souffrances. Il les regarde ces prunelles redevenir foncées, il les regarde reprendre conscience, et il sait que le paradis est terminé. Il dépose un baiser léger sur les lèvres de sa femme et la laisse partir. Dans sa loge. Seule. Comme tous les soirs.

Et le maquillage coule sur les joues. L'éponge dorée efface, fait disparaître le blanc du cygne pour faire resurgir la pâleur de la peau de la danseuse, un peu rougie la peau cependant à cause de l'effort, mais sa propre peau tout de même. Chair usée, rapiécée, pleine de marques hideuses que l'inconnu ne voit pas à l’œil nu. Hématomes sur la peau, mais ecchymoses à l'intérieur, dans la chair, tâche de peau qui ne s'en va pas lorsqu'on la gratte, mais qui apparaît toujours plus, toujours plus foncée. Dos au miroir, la ballerine, parce qu'elle ne supporte pas son reflet dans la glace. "Tu sais, Odette, chaque soir je crois que tu seras parfaite... Mais chaque soir tu es plus belle encore." Sa cadette la regarde timidement, dans son dos, reflet imaginaire mais tellement présent, présence rassurante et pourtant tellement insupportable. Comme une vieille image du passé dont on veut se débarrasser mais qui nous colle à la peau, qui colle à nos os. Et elle l'aime, sa sœur, elle aime Odile de tout son cœur. Elle aime son visage si semblable au sien, mais visage du remord aussi, de la culpabilité qui grignote peu à peu la chair, le sang, les muscles et la peau. Elle se consume de culpabilité Odette, parce qu'elle le doit, elle le sait. Mais elle donnerait tellement pour que le feu intérieur la fasse devenir cendres plus rapidement.

Trois coups. Trois coups lancés à sa porte. Mais elle n'a pas le temps de répondre qu'un grand inconnu à la chevelure étourdissante de clarté fait son entrée majestueuse dans la petite loge d'Odette. Il ressemble à un énorme dahlia de plus entouré de tous les bouquets qui jonchent tables, meubles et tabourets dans la pièce personnelle de l'étoile de Fort Fort Lointain.
"Mademoiselle Plumedeneige Vous m’avez subjugué, ce soir, vous êtes d’une perfection sans nom! Pardonnez-moi de n’avoir prévu un seul bouquet pour vous féliciter, je ne m’attendais pas à avoir une telle apparition en venant ce soir!" Elle ignore complètement qui est cet homme, mais il a l'air de penser réellement ce qu'il dit, et surtout de s'y connaître dans les ballets. La petite ballerine, extrêmement gênée par tant de compliments, plonge dans une révérence gracieuse tout en remerciant l'inconnu. "Je vous remercie de tant d'égards, monsieur. Ne vous embarrassez pas de bouquets de fleurs, je pense qu'il y en a suffisamment dans cette loge pour ne pas y ajouter une autre composition qui se fanera aussi rapidement qu'elle a été offerte." Cet homme a de très bonnes manières, et son maintient ôte tout doute à Odette quant à sa provenance. Il fait sans aucun doute parti de la Cour, bien qu'elle ne l'ai jamais vu auparavant. Il faut dire que faire la conversation au gratin de Fort Fort Lointain n'était pas vraiment sa tasse de thé.

En parlant de thé... Elle n'a pas le temps d'en proposer à son interlocuteur qu'il recommence à déverser un flot de paroles considérable, sans qu'Odette ai le temps de dire quoi que ce soit.
"Pardon de cette introduction, laissez-moi me présenter...Gracieux Becnoir, je travaille pour Leroyal, et de toutes les perfections qui m’ont été données de voir, vous êtes bien en haut, sur le trône! Puis-je vous parler un instant? En vous voyant danser ce soir, il m’est venu une chose en tête, mais si je vous dérange, je peux revenir dans quelques minutes! Ce que je veux vous proposer ne vous prendra pas toute votre soirée, mademoiselle, soyez sans crainte." Gracieux Becnoir, bien sûr qu'elle en avait entendu parler. Toute la Cour ne parlait que de l'excentricité de cet homme et de son charme. Beaucoup de demoiselles semblaient en avoir fait le champion de leur cœur, et manquaient de tomber en pâmoison chaque fois que son nom était prononcé. Alors c'était lui, le bourreau des cœurs de Fort Fort Lointain et empereur de la mode au Palais ? Odette comprenait mieux beaucoup de choses. Mais pourquoi cet homme semble si intéressé par elle ? Certes, il travaille dans un endroit prestigieux et l'avait qualifiée de... "perfection", mais que peut-il bien lui vouloir ? Voilà qu'il sort maintenant un calepin et un stylo, ce qui donne des raisons à Odette de croire qu'il est bien décidé à rester un bon moment. Mais le moment après le spectacle n'est pas réellement le moment propice pour une conversation sérieuse avec la ballerine, exténuée, mortifiée d'être toute seule avec cet homme somptueux dont l'aura remplissait toute la pièce qui semblait pourtant trop petite pour la contenir toute entière. Odette ouvre alors timidement la bouche pour s'excuser et lui demander de prendre congé, quand Gracieux reprend la parole. "Si vous refusez ce soir, je vais devoir appeler un chevalier-détective pour vous retrouver ! Ne perdons pas ce temps précieux, n’est-ce pas?"

Paniquée, les genoux d'Odette se dérobent sous elle et elle tombe nonchalamment sur son fauteuil. Ça y est, elle a vraiment peur cette fois. Il n'a pas l'air menaçant pour un sous, aussi reprend-elle ses esprits assez rapidement. Elle se cherche une contenance quand la voix d'Odile résonne dans sa tête : "Ne t'en fais pas, ça va aller. Ecoute sa proposition et il partira bien gentiment !" Odette sait très bien que sa sœur a raison. Aussi elle désigne d'un petit geste de la main un autre fauteuil en face du sien pour inviter l'homme à s'asseoir. Elle se doute bien que les négociations ne seront pas de courte durée.
"Eh bien, je suppose que nous pouvons nous éviter ce dérangement. Je vous en prie, asseyez-vous." Elle se tourne vers la table à sa droite et sers une tasse de thé bien chaude pour son invité surprise. "Du thé, monsieur Becnoir ?" Elle attend que Gracieux soit confortablement installé et bois elle-même une gorgée de thé bien chaud. Pour se donner du courage se dit-elle. Mais si le thé était effectivement pour le courage, elle devrait en boire deux tonneaux.
"Vous semblez assez déterminé, monsieur. Aussi, j'écoute votre proposition. Vous avez toute mon attention."
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Odette ¤ Il suffira d'un cygne... EmptyMer 4 Fév - 0:23




Gracieux & Odette


Durant toute sa jeunesse, Gracieux n’avait jamais songé à quoi pouvait ressembler ce que l’on nommait “beau”. Il avait connu dans de mésaventure, tant d’endroits sordides et mal famés, il avait tant volé et traîné ses plumes grises, qu’il n’avait jamais vraiment su ce que pouvait être la plus pure des beautés. Lui que l’on repoussait à cause de sa mine grisatre ne pouvait un jour imaginer être admiré, comme il l’était aujourd’hui.
Ce que l’on nommait “beauté”, Gracieux ne le découvrit que bien tardivement, lorsqu’il rencontra enfin sa véritable destinés, lorsqu’il mit une image sur une notion qui lui était alors totalement inconnue. Depuis ce jour et cette rencontre, il avait mis un point d’honneur à honorer ce que l’on nommait “beau”, à valoriser la magnificence des choses, à rendre agréable le désagréable, à redorer un blason terni par le temps. C’était bien plus qu’une simple revanche, c’était devenu son moto, son art de vivre.
Mais lorsque l’on vivait dans ce monde étrange et fait de dorure qu’était le monde de Gracieux, on oubliait parfois de voir au-delà de l’apparence, et cette leçon frappa le cygne de plein fouet lorsqu’Odette lui jeta un regard doux, presque perdu, n’osant le couper dans sa longue diatribe. Il s’était habitué à ce que les artistes se sentent honorés de la présence d’un nom de Leroyal - même s’ils eussent préféré Ledésirable en personne - il attendait même quelques petits compliment en retour pouvant flatter son innocent orgueil, mais jamais il ne s’était préparé à voir des joues rosies, un visage presque gêné et des manières intimidées. Quel idiot! N’avait-il pas pu, pour une fois, se montrer moins volubile et moins exhubérant?

Il se retint de s’avancer lorsqu’il sentit la jeune femme s’affaler dans son fauteuil et à défaut de la retenir, il se mordit la langue, s’empêchant d’ajouter quoi que ce soit. La pauvre danseuse était évidemment épuisée, n’avait-il pu attendre quelques minutes! Il fallait toujours qu’il agisse avec impulsion, pensant chacun à son écoute, prêtant divinement l’oreille à ce qu’il allait annoncer. Pas une seule seconde, depuis qu’il était entré dans la loge, il ne s’était préoccupé de la jeune femme! Silencieusement, il l’observa discrètement. Elle n’était pas seulement gênée, elle devait être terriblement lasse, peut-être même agacée de voir un inconnu débarquer ainsi dans sa loge, alors que sa seule envie après une telle représentation, devait être de se changer, de passer d’autres vêtements, d’ôter ce maquillage pour reprendre son identité. Les yeux clairs de la jeune femme parlaient pour elle et Gracieux n’osa faire un geste de plus, qui pouvait être déplaisant pour elle.
Il s’approcha néanmoins de la table, attrappa un verre d’eau qu’il remplit, lui tendant doucement. Il sentit de nouveau une pointe de culpabilité lorsqu’elle lui tendit la main pour désigner un fauteuil sur lequel il s’assit doucement, n’osant plus faire un seul geste qui ne lui fut dicté par la danseuse.
-Eh bien, je suppose que nous pouvons nous éviter ce dérangement. Je vous en prie, asseyez-vous.

Il lui rendit toutefois un sourire contrit, réalisant alors qu’il tenait toujours son carnet, dans le cas d’une idée lumineuse. La page restait vierge, la plume n’avait livré son secret et jetant un nouveau regard vers Odette Plumedeneige, il rangea le carnet noir dans la poche de sa veste brodée. La jeune femme se servi un thé, offrant une coupe à son invité qui refusa.
-Je me suis invité sans avoir été annoncé, je ne vais pas finir votre thé, mademoiselle. Il aurait également pu la laisser seule, fermer la porte derrière lui et lui demander un entretien pour une autre fois, mais il était dans la place, et malgré tous les événements qui pouvaient arriver, s’il y avait une chose qui caractérisait notre cygne, c’était sa ténacité. S’il avait baissé les ailes une seule fois dans sa jeunesse, il ne serait ici à cet instant précis, portant un tout autre nom, ou mort peut-être, battu par des canards pour avoir été trop laid. Gracieux ne lâchait jamais une idée, même mauvaise. Il préférait récupérer les morceaux cassés et les recoller un à un.
-Vous semblez assez déterminé, monsieur. Aussi, j'écoute votre proposition. Vous avez toute mon attention.

-Pardonnez cette intrusion, c’est une fâcheuse habitude chez moi, commença-t-il d’une voix plus calme, sans perdre son sourire. Mais je ne vous avais encore vu, et j’ai eu peur de vous voir vous envoler ce soir, après la représentation, sans avoir la chance de vous revoir après ce soir.
Il finit par prendre la tasse tendue par la jeune femme et se servit un peu d’eau chaude avant de remuer le thé fumant.
-Ne croyez pas que je sois l’un de ces admirateurs qui espèrent vous voir à son bras, je ne suis pas de cette pâte! Non...plutôt, je souhaiterai que votre talent puisse être connu de tous, et que Fort Fort Lointain découvre la parfaite créature que vous êtes.

En utilisant le terme de “créature”, Gracieux ne se dévoyait pas. Il n’avait pas perdu de vue la plume épinglée au corset de danseuse de la jeune femme et si proche d’elle, il ne pouvait que confirmer son doute quant à la provenance. Et à ses yeux, il ne pouvait exister un animal plus parfait que le cygne, bien qu’on lui ai soudent répété que son caractère pouvait être détestable (“Bah, des rumeurs!”). Nul autre qu’un cygne, devenu humain ou non par cette potion, ne pouvait incarner la femme Leroyal. Charmant Ledésirable ne pourrait refuser un tel visage.
-Est-ce bien une plume de cygne, mademoiselle? Il n’y a rien de plus immaculé que ces plumes, fit-il d’une voix songeuse, se rappelant combien son propre plumage lui manquait.

Car c’était aussi cela qui animait Gracieux: retrouver l’un des siens, partager ce qu’il avait pu vivre avec eux...les migrations vers Afshin lorsque l’hiver s’annonçait rude, les voyages au-dessus des dunes, au-dessus des déserts ensablés, avant de revoir la douce campagne de Fort Fort Lointain. Ces voyages ne pouvaient se comprendre sans qu’on les ai vécu, et malgré toute la vie palpitante qu’il vivait depuis l’avènement de Marraine la Bonne Fée, il n’avait jamais pu s’épancher sur ces expéditions. Odette Plumedeneige représentait tout ce qu’il avait été et ce qu’il ne pouvait plus être sans risquer la potence. Mais en l’observant, ce soir, boire son thé avec ses grands yeux intimidés, il ne pu que sentir son coeur se serrer paternellement. Elle semblait presque fragile, n’osant peut-être même pas lui demander de partir alors qu’il l’avait clairement dérangé!
Chez Leroyal, elle pourrait se découvrir, être découverte! Et pour une toute autre raison qu’il n’allait évidemment avouer à personne - sauf peut-être à Théodose qui le comprenait si parfaitement - avoir cette perle délicate dans son entourage était comme avoir un trésor dont il n’en serait jamais l’entier possesseur. Mais Gracieux était ainsi depuis qu’il avait découvert qu’il était autre chose qu’un vilain caneton gris: prendre une revanche, obtenir ce que nul ne lui avait donné.
-En des termes plus clairs, mademoiselle, expliqua-t-il après s’être tut quelques instants, voilà ce que je souhaite vous proposer: cela fait de longues semaines que je cherche la parfaite incarnation de la gamme féminine de Leroyal, et en vous admirant ce soir, j’ai eu l’une de ces révélations qui ne viennent que dans ces parfaits moments de pur beauté artistique. Je ne vois que vous! Il leva les mains et, sans toucher le visage d’Odette, l’entoura comme pour visualiser la scène sur une prochaine affiche. Je sais que cela vous effraie, reprit-il d’une voix compréhensive, et je ne suis pas celui qui vous obligerai à ce choix! Mais, acceptez une proposition plus simple...acceptez de me rendre visite, chez Leroyal ou au château, acceptez que chacun puisse découvrir une danseuse merveilleuse qui peut-être, si elle le souhaite, sera le prochain visage de toutes les beautés.

Il se tut enfin. Un sourire presque rêveur aux lèvres, jetant un regard plein d’espoir sur la jeune femme. Il avait préféré cesser le jeu précédent, craignant de la repousser, et était prêt à devenir un véritable agneau pour que ce petit bouton de rose qu’il voyait, éclose.
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FORT FORT LOINTAIN

Odette Plumedeneige
IL SUFFIRA D'UN CYGNE

Odette Plumedeneige

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⊱ âge : 29
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Odette ¤ Il suffira d'un cygne... EmptyDim 15 Mar - 23:56




Gracieux & Odette


Décidément, ce n'était vraiment pas le moment pour parler affaires. Ce n'est pas qu'Odette refusait d'écouter Gracieux, bien au contraire. L'aura que dégageait cet homme était à vous faire tourner la tête, et sa conversation - bien que la discussion n'a jamais été le fort d'Odette - était réellement délicieuse. Un véritable orateur, voilà ce qu'il était. Un homme capable de faire un long discours en vous noyant sous pléthore de compliments afin que vous ne puissiez que dire oui à la fin de sa diatribe. Et pourtant... Pourtant Odette ne pouvait se résoudre à trouver une once de méchanceté dans les yeux clairs du majestueux personnage. "Non, il n'a rien de méchant. Il est un peu... exubérant, certes, mais tu ne coures aucun danger." Odile... Toujours dans un coin de sa tête pour la rassurer, la consoler, ou simplement faire acte de sa présence si rassurante. Si Odile le disait, alors Odette devait la croire. Et elle faisait bien de lui concéder la raison.

Gracieux semblait avoir deviné qu'Odette était gênée par son intrusion. Mais comme le petit oiseau l'avait pressenti, ce n'était pas une raison suffisante pour qu'il prenne congé. Cependant, il eut la décence de présenter ses excuses à la ballerine.
"Pardonnez cette intrusion, c’est une fâcheuse habitude chez moi. Mais je ne vous avais encore vu, et j’ai eu peur de vous voir vous envoler ce soir, après la représentation, sans avoir la chance de vous revoir après ce soir." - "Moi ? M'envoler ?" Il y avait tellement longtemps qu'Odette n'avait plus penser à ce qu'elle ressentait lorsqu'elle volait. Elle se souvient comme ses membres lâchaient prise, comment elle se laisser planer, emportée dans le vent, frêle oiseau qu'elle était, comme une feuille dans un tourbillon d'automne. Elle se souvient combien elle se sentait libre et loin de tout, même loin d'elle même et de sa conscience. Sa tête se taisait enfin, et la douleur, et le désespoir, tout cela n'étaient plus que des mots prononcés dans une langue dont elle ne comprenait plus le sens. Machinalement, Odette caressa sa plume encore accrochée à son corsage, seul vestige des secondes de liberté qu'elle a jamais connu dans sa triste existence. Ce petit bout d'elle-même qu'elle ne quitte jamais, qui fait s'envoler son cœur comme le faisait son corps il y a bien des années maintenant.

Elle entendait le bourdonnement des paroles de Gracieux, mais ce n'est pas sa tirade sur son talent qui la ramena sur terre, mais une question. Une simple question, toute bête, toute innocente, et pourtant capable de fêler encore plus son esprit si fragile.
"Est-ce bien une plume de cygne, mademoiselle? Il n’y a rien de plus immaculé que ces plumes." Et son cœur de se faner encore davantage. Et les larmes de poindre à ses yeux brillants. Elle attrape rapidement sa tasse de thé et fit mine de boire, afin que les perles de son amertume s'écoulent dans le breuvage tiède au lieu de finir leur course sur ses genoux, devant un parfait inconnu. "Oui, c'en est bien une. N'est-ce pas la plus belle chose au monde, un blanc si éclatant ? On dirait que leur plumage jamais ne se souille..." Odette ne pensait pas que sa plume éveillerait tant d'émotion chez Gracieux. Et elle ne s'attendait certainement pas à ce que ses yeux éblouissants se perdent aussi rapidement dans une langueur réminiscente si évidente. Elle profita de l'absence du personnage pour le détailler avec plus de précision. Oui, il était très beau, cela allait sans dire. Il aurait fait un cygne absolument parfait, majestueux au possible et plein de leur confiance feinte si caractéristique de leur espèce. Elle ne put s'empêcher de noter qu'il portait ce qui semblait être une chaîne assez lourde autour du cou. Un charnel ? Odette savait bien qu'une telle potion existait, mais elle n'en avait jamais vu auparavant. Elle se prit à penser qu'elle donnerait cher pour en posséder un. Cela signifierait qu'elle était toujours un cygne, et qu'elle pourrait le redevenir quand bon lui semblerait. Elle imagina alors Gracieux comme étant l'un des siens, et le bonheur que cela devait être de pouvoir abandonner le bijou pour redevenir soi-même.

Dans le même élan, les deux créatures reprirent leurs esprits, et Odette adressait à présent à son interlocuteur un sourire un peu moins craintif. Même si Gracieux n'était pas du genre à perdre le nord.
"En des termes plus clairs, mademoiselle, voilà ce que je souhaite vous proposer: cela fait de longues semaines que je cherche la parfaite incarnation de la gamme féminine de Leroyal, et en vous admirant ce soir, j’ai eu l’une de ces révélations qui ne viennent que dans ces parfaits moments de pur beauté artistique. Je ne vois que vous!" Il approcha ses mains du visage d'Odette et il semblait être subjugué par ce mouvement qu'Odette ne comprenait pas. Comment cela, incarner la gamme féminine de Leroyal ? La danseuse ne comprenait rien à ces choses là. Mais vraiment rien du tout. "Je suis au regret de vous dire, monsieur Becnoir, que je n'entends rien à ce que vous essayez de me dire..." - "Je sais que cela vous effraie, et je ne suis pas celui qui vous obligerai à ce choix! Mais, acceptez une proposition plus simple...acceptez de me rendre visite, chez Leroyal ou au château, acceptez que chacun puisse découvrir une danseuse merveilleuse qui peut-être, si elle le souhaite, sera le prochain visage de toutes les beautés."

Le... prochain... visage ? L'imaginaire d'Odette fit à nouveau des siennes, et elle imaginait son visage placardé dans tous les recoins de la ville, même dans les villages alentours. "Odile, Odile je ne peux pas faire cela ! Et si.. s'il me voyait ?" - "Rothbart est loin Odette, et crois-moi, s'il voulait te retrouver il n'aurait nullement besoin d'une campagne de publicité ! Calme-toi je t'en prie !" Mais son coeur s'était déjà emballé. D'un réflexe trop rapide, elle s'était levée de son fauteuil, manquant de renverser la table au passage. Mais elle était devenue maîtresse dans l'art de faire passer ses sentiments complètement inaperçus. Elle se tourna vers le miroir et fit mine de simplement vouloir détacher ses cheveux. Elle enleva les pinces une à une tout en essayant de réfléchir. Elle voyait le visage de Gracieux qui la regardait et qui attendait une réponse. Ses cheveux tombaient mollement sur ses épaules, complètement décoiffés pour entourer son visage trop blanc de ses boucles dorées. Elle s'éclaircit la gorge et retourna s'asseoir dans son fauteuil, face à son invité impromptu. Les mains tremblantes, mains qu'elle joint maintenant sur ses genoux pour les contrôler. Le cœur qui bat à tout rompre, cœur qui la supplie de s'envoler loin d'ici mais qui ne peut abandonner un hôte ainsi. La gorge serrée, mais qui va une fois de plus prendre sur elle pour parler.
"J'accepte de passer un jour prochain chez vous. Mais je veux d'abord savoir quelle sera la nature du contrat qui est susceptible de nous unir. Je n'ai pas pour habite de... m'envoler à la moindre contrariété. Aussi je vous demande dès à présent d'en venir au fait, monsieur, afin que je puisse dès à présent vous donner une réponse qui nous satisfasse tous les deux. Qu'en pensez-vous ?"

L'allusion à l'oiseau était maladroite, certes, mais nécessaire. Odette voulait savoir à qui elle avait réellement affaire. Pourquoi sa fascination pour la danse, pourquoi son obsession pour les cygnes, et surtout, qui il était réellement. Elle ne savait pas encore si elle allait le regretter ou non, mais si Odile lui disait qu'elle n'avait rien à craindre, que risquait-elle, après tout ?
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FORT FORT LOINTAIN



⊱ pseudonyme : Corleone
⊱ tête mise à prix : Lee Pace
⊱ crédits : Mes mimines et teumbleurre
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⊱ ta race : Cygne parlant, drama-queen
⊱ allégeance : Par pur pragmatisme et intérêt politique pour vivre dans une relative sérénité.

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Odette ¤ Il suffira d'un cygne... EmptyLun 23 Mar - 1:08




Gracieux & Odette


“-On dirait que leur pelage jamais ne se souille.”
Gracieux ne devait peut-être même pas remarquer le sourire qui se dessina rêveusement sur son visage. Odette comprenait parfaitement ce qu’était ce plumage si unique dont il était absolument jaloux. C’était bien plus qu’une fierté, c’était son orgueil, l’orgueil d’un cygne dans tout ce qu’il y avait de plus animal. Et lorsqu’il quittait son rôle, ce jeu d’humain qu’il s’obligeait à jouer avec ce Charnel n°5, il redevenait ce qu’il avait toujours été. Entendre ces mots de la jeune femme lui fit être de plus en plus certain de ce qu’elle pouvait être, et il resta de nouveau en silence, comme pour attendre une réaction d’Odette. Il n’avait pas lancé cette allusion sans attendre aucun signe en retour, dès lors qu’il avait aperçu la plume crochetée sur son corsage.
Leroyal méritait la perfection, et celle d’Odette éclipserait bien largement celle ce Charmant.

Il sirota une gorgée de thé, aboservant le regard doux de la jeune femme chercher une réponse, mais alors qu’il allait reprendre, craignant de nouveau avoir manqué de tact et de retenue, Odette se leva brusquement, repoussant sa chaise pour se tourner vers le miroir.
Il ne pu retenir un léger soupir contre lui-même. Son problème était là, évident et lui faisait de nouveau perdre ce qu’il pensait pouvoir gagner. Il y avait toujours cette volonté de contrôle, de possession, de garder pour soi ce qu’il y avait de plus précieux et de plus délicat. Comme une sorte de revanche sur ce qu’il n’avait jamais eu, il profitait de ce nouveau statut pour obtenir ce qu’il désirait le plus chèrement, sans se soucier des conséquences. Odette Plumedeneige n’était pas seulement une danseuse admirable, un visage des plus parfaits, et peut-être, le pensait-il de plus en plus, un des siens; elle était aussi libre que cette petite plume le symbolisait sur son corsage. Un être qu’il ne pouvait tenir en cage et à qui demander de voler à sa convenance. Il pouvait demander une telle allégeance à son assistant, à Alice Lidell qui se serait coupé en cinq pour lui, et même peut-être à son imbécile de chat, mais Odette Plumedeneige, alors qu’il l’observait dans le reflet du miroir, ôter une à une ses épingles, libérant ses cheveux qui tombaient sur ses épaules, Odette n’était pas un de ces jouets qui peuplaient son univers de Leroyal.
Mais son instinct le poussait à la garder près d’elle, comme si la laisser s’éloigner lui ôterait l’ultime sensation d’avoir non loin un être comme lui.
Il préféra ne rien ajouter, se doutant que ses derniers mots demandaient réflexion, et qu’il avait bien assez parlé; mais surtout, il perçu le regard de la jeune femme dans le miroir; un de ces regards qui cherchaient une réponse, une porte de sortie peut-être, et il se sentit un moment coupable de l’avoir acculée, en lui forçant la main. A nouveau, sa fâcheuse habitude de vouloir posséder ce qui était cher à ses yeux, venait certainement de lui faire perdre Odette Plumedeneige.

Elle se retourna enfin, le visage calme, mais il perçu le léger tremblement de ses mains sur ses genoux et reposa sans un mot la tasse de thé qu’il avait terminé. Plus cet entretien avançait, plus il avait la sensation de non pas la déranger, mais de la troubler, comme s’il représentait une chose, une personne, une vision qui pouvait l’inquiéter, l’effrayer, lui rappeler un souvenir à oublier. Il avait croisé tant de visages qu’il reconnaissait la crainte sur les traits, et s’il sentait qu’Odette n’avait pas peur, il y avait toutefois un trouble qu’il ne parvenait encore à déceler, mais qui l’intrigua.

"-J'accepte de passer un jour prochain chez vous, lui répondit-elle enfin, lui tirant un nouveau sourire. Mais je veux d'abord savoir quelle sera la nature du contrat qui est susceptible de nous unir. Je n'ai pas pour habitude de... m'envoler à la moindre contrariété. Aussi je vous demande dès à présent d'en venir au fait, monsieur, afin que je puisse dès à présent vous donner une réponse qui nous satisfasse tous les deux. Qu'en pensez-vous ?"
Gracieux joua distraitement avec un anneau qui ornait son doigt - vestige d’une vieille bague à oiseau - et nota mentalement les mots qu’avait choisi la jeune femme. S’envoler? Devinait-elle qui il était, ou plutôt...lui laissait-elle entendre ce qu’elle était, elle? Il éluda cette partie de sa réponse, n’osant de nouveau jeter le trouble.
”-Je suis réellement enchanté que mon idée puisse vous plaire, mademoiselle, répondit-il en se retenant d’être trop exhubérant. En règle générale, ces contrats sont du ressort de mon assistant, qu’heureusement je n’emmène pas avec moi. Je ne souhaite pas lier les gens par des contrats qui nous attachent parfois trop à des paperasses administratives, soyez donc rassurée, un contrat n’existera que si vous acceptez de prêter vos traits à Leroyal. Il balaya distraitement l’air d’une main vague. Nous vous demanderons simplement quelques discrétions sur la nature du travail, sur les produits, mais nous serons également à l’écoute de ce que vous ne souhaiteriez pas faire. Je suis particulièrement soucieux de chaque personne travaillant pour nous et je tiens à conserver chaque caractère. Par ces quelques mots, il sous-entendait surtout qu’Odette Plumedeneige pouvait se rassurer: son visage ne perdrait aucun de ces traits qui le rendait absolument parfait. Il était si naturel, dans sa pâleur et dans cette fatigue de la soirée, qu’il ne pouvait se résoudre à le cacher sous d’épais fards, comme il le faisait régulièrement pour Charmant. Nous pourrons parler une autre fois des ennuyeuses clauses financières, dans un endroit plus propice à ces discussions pécunières. En réalité, Gracieux détestait tout ce qui touchait de près ou de loin aux questions financières et préférait laisser cela à son assistant. Ce soir, il avait simplement succombé à une envie soudaine, comme ces pulsions qui poussent à quelques folies dont on se réveille bien plus tard.
Prenant une petite plume de costume qui était sur la table de maquillage, il joua distraitement avec, caressant chacune des petites plumes pour les lisser.
”-Contrairement à ce que l’on dit de moi, je vous laisse totalement libre de refuser de venir lors de réceptions, ou de soirées...Je crois m’être montré trop insistant, ajouta-t-il sur un ton d’excuse en inclinant la tête pour s’amender. Pardonnez-moi, et soyez libre de refuser, nous n’avons encore rien signé, ajouta-t-il dans un sourire.

La jeune femme avait accepté de le rencontrer, il avait finalement obtenu ce qu’il désirait lorsqu’il avait toqué à la porte de la loge. Mais il n’avait pas imaginé faire une telle rencontre, et en regardant la petite plume tourner dans ses doigts, il ne pu s’empêcher de reprendre l’allusion de la jeune femme.
”-Je laisse toujours les gens voler de leurs propres ailes, si cela vous inquiète, mademoiselle. J’ai un jour également eu cette crainte d’être attaché, et je ne souhaite pas que vous le ressentiez. Il est important pour Leroyal que chacun laisse parler sa véritable nature.”...même si cette idée peut déplaire à la régence, se retint-il d’ajouter d’un ton amer.
Le poids de ce Charnel n°5 pesait parfois lourd sur cette chaînette, et la plume tournoyant dans ses doigts lui rappelait combien cette sensation lui manquait, et que la régente n’avait fait que le ramener en arrière, à l’épque où il se croyait être quelqu’un d’autre. Si cette forme humaine lui donnait de toutes autres possibilités, elle n’en restait pas moins chargée d’amertume.
”-Ce soir, vous avez été absolument parfaite sur scène, mademoiselle, et je vous promet de vous apporter un bouquet à la hauteur de votre prestation la prochaine fois que je viendrai à l’opéra. Il trouvera une place parmi ceux de vos nombreux admirateurs!”

Sentant et observant les traits fatigués de la jeune femme, il ne préféra pas abuser de sa patience. Il s’était presque montré aussi détestable qu’il savait l’être dans son travail, et se demandait presque comment elle n’avait trouvé le courage de le faire sortir. Une autre fois, il l’espéra, il pourrait lever ce voile sur ce mystère qu’elle avait elle-même entretenu, sur cette plume de cygne qui ornait son corsage et sur cette petite phrase, anodine pour une oreille peu avertie, mais chargée de sens pour la sienne.
”-J’ai largement dépassé mon temps auprès de vous, mademoiselle, mon impatience m’a certainement rendu impoli, et je ne voudrais pas abuser de votre temps.” Il se leva pour prendre la main d’Odette et la saluer courtoisement, avant de reposer la petite plume sur la table.
”-Prenez bien soin de cette de votre corsage, même si je pense que cette demande est vaine! Ces plumes sont rares de nos jours. Merci pour votre accueil, mademoiselle, n’hésitez surtout pas à me déranger comme je viens de le faire, je saurais me libérer à toute heure!”

Remettant sa chaise en place, il rouvrit la porte, aperçevant quelques visages qui cherchaient à saluer la danseuse étoile, et refermant la porte, parvint à se faufiler au dehors, entre les bouquets et les paquets cadeaux.
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Odette Plumedeneige
IL SUFFIRA D'UN CYGNE

Odette Plumedeneige

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⊱ pseudonyme : Chameau
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⊱ tes licornes : Gretel Denougatine, Nina Têtedure & Eleazar Coeurfané
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⊱ ton conte : Le Lac des Cygnes
⊱ ta race : Humaine
⊱ métier : Ballerine
⊱ tes armes : Mes chaussons ?
⊱ allégeance : Pour, si elle peut me protéger

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Odette ¤ Il suffira d'un cygne... EmptyJeu 26 Mar - 16:52




Gracieux & Odette


Elle ne savait l'admiration qu'elle avait suscitée chez le cygne, ni les regrets qu'elle avait réveillés en lui. Mais Odette se rendait compte petit à petit que, malgré sa fatigue et le fait qu'elle aimerait être seule dans sa loge, la présence de l'importun ne la dérangeait plus du tout. Elle aimait voir son visage se radoucir, aller de la prestance, de la majesté, à la sensibilité volontairement dissimulée d'un homme qui cache une fêlure. Sensiblement, les deux créatures étaient semblables. Mais la différence est que Gracieux aura toujours des ailes et un plumage s'il enlevait ce bijou qui pendait à son cou. Odette elle, était coincée pour toujours dans un corps trop étroit, meurtri, plein des griffures de la perversité d'un père qui l'a brisée à tout jamais.  

Un corps trop étroit, trop petit, qui revenait à la bonne dimension de son âme quand elle dansait. Auparavant, la première fois qu'elle avait été enfermée dans le corps du cygne, elle se sentait rapetisser, s'amoindrir, disparaître, et être à l'étroit dans une enveloppe de plumes. La carcasse d'animal lui manquait aujourd'hui, celle qui la protégeait de la menace paternelle, qui la faisait se sentir autre qu'elle-même, ce moi qu'elle détestait. Aujourd'hui, elle retrouve sa légèreté et son envol divin dans la danse, exercice douloureux et difficile mais qui purge les passions de son corps martyrisé.

Le regard illuminé de Gracieux quant à la réponse positive du petit oiseau enchanta Odette qui le regardait s'emballer dans de la paperasse imaginaire en gigotant sur son siège. Elle ne savait pourquoi il tenait tant à ce qu'elle accepte, mais il semblait avoir trouver en elle la  beauté qu'il recherchait. La beauté. Concept inconnu d'Odette, elle qui se voit comme la pire des horreurs, qui ne peut faire s'en aller les cicatrices de sa douleur passée. Cicatrices toutes aussi imaginaires que les idées de contrat de Gracieux, mais qu'elle ne peut s'empêcher de frotter, frotter et frotter encore, ces traces imaginaires du mal qui lui ronge la peau sans que jamais elles ne partent.

”-Je laisse toujours les gens voler de leurs propres ailes, si cela vous inquiète, mademoiselle. J’ai un jour également eu cette crainte d’être attaché, et je ne souhaite pas que vous le ressentiez. Il est important pour Leroyal que chacun laisse parler sa véritable nature.” S'il savait, le cygne, si seulement il savait à quel point cette sensation d'être prisonnière, Odette l'a connue, la connait et la connaîtra jusqu'à la fin de sa vie.
"Je vous sais gré de votre gentillesse, monseigneur, ainsi que de votre compréhension. Être attachée, n'est-ce pas un sentiment affolant ?" Question rhétorique qu'elle se posait à elle-même, la ballerine, que ne se souvient plus de ce que ça fait de se sentir libérée. Son coeur n'en appelle qu'à oublier, et elle cherche un instant désespérément Dimitri des yeux. Il n'est pas encore arrivé dans sa loge, mais cela ne saurait tarder.

”-Ce soir, vous avez été absolument parfaite sur scène, mademoiselle, et je vous promet de vous apporter un bouquet à la hauteur de votre prestation la prochaine fois que je viendrai à l’opéra. Il trouvera une place parmi ceux de vos nombreux admirateurs!” La gentillesse de Gracieux intervient une fois encore à ses oreilles, et elle commence à être véritablement charmée par le personnage qui se livre désormais à elle. Oui, elle espérait réellement que la pièce lui ait plu. Elle avait envie de l'émerveiller, de lui donner la perfection qu'il attendait, parce qu'il était de ceux qui s'émouvaient encore de la danse et des mouvements d'un corps qui n'en appelle qu'à raconter son histoire. "Je vous l'ai déjà dit, les fleurs sont pour moi un meuble inutile qui fane avant même que l'on puisse en saisir toute la beauté. Revenez nous voir, et rendez-moi à nouveau visite. Cela m'enchantera bien plus que de simples plantes éphémères. Mais la fois prochaine, annoncez-vous." répondit la danseuse avec un doux sourire. Elle dansera pour lui, la prochaine fois qu'il se trouverait dans la salle. Elle vient de se le promettre.

”-J’ai largement dépassé mon temps auprès de vous, mademoiselle, mon impatience m’a certainement rendu impoli, et je ne voudrais pas abuser de votre temps. Prenez bien soin de cette plume de votre corsage, même si je pense que cette demande est vaine! Ces plumes sont rares de nos jours. Merci pour votre accueil, mademoiselle, n’hésitez surtout pas à me déranger comme je viens de le faire, je saurais me libérer à toute heure!” Prendre soin de la plume ? Bien sûr qu'elle le ferait. Vestige de l'abandon, souvenir de la douceur, soupir de l'enchantement. Elle lui rappelait constamment qui elle était et la sensation délicieuse de jouer à cache cache avec les nuages. Elle aimait comme elle s'abandonnait entre les zéphyr et les alizés. Comment oublier tout cela ? D'une main négligente, elle caressa la plume de sa propre aile, et pria une fois de plus pour connaître un jour à nouveau la jouissance d'être portée par le vent et de ne plus contrôler rien de son corps. "C'est une promesse que je suis obligée de vous faire. Je n'hésiterais pas à venir à Leroyal un jour prochain, comptez sur moi !"

Et l'apparition majestueuse s'évapora comme elle était arrivée, mais cette fois drapée de promesses d'un lendemain plus tendre encore.




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