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potté ☾ je peux quand même le dégommer à l’arbalète ?


FORT FORT LOINTAIN



potté ☾ je peux quand même le dégommer à l’arbalète ? Tumblr_nu0srp6YEl1rjl6wko2_250

⊱ pseudonyme : elf
⊱ tête mise à prix : luke evans.
⊱ crédits : swan, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 01/01/1970
⊱ tes licornes : poucet, cam et gil.
⊱ schillings : 0

⊱ ta race : pauvre mortel fragile.
⊱ allégeance : ni oui, ni non, tant qu'elle vient pas l'emmerder hein.

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potté ☾ je peux quand même le dégommer à l’arbalète ? EmptyLun 26 Jan - 18:22



Potté et Sinbad
Parce que, quand on aime vraiment, on est capable de détester.

« CAPITAINE ! » Hurle le jeune Emil en déboulant dans sa cabine, le souffle court et les yeux terrifiés. Penché sur son bureau à la recherche d'un papier concernant le marché noir, le capitaine bien trop occupé à penser plus qu'à travailler sort très rapidement de sa léthargie à cause de cette voix bien trop forte à son goût. Fronçant les sourcils, Sinbad pousse un soupir dépité avant de se redresser convenablement tout en jetant bien sûr une oeillade furieuse à son cadet qui pour peu se mettrait à suer à grosses gouttes. Pas besoin de parler, sa mine perplexe veut déjà tout dire et il redoute ce qu'il a à lui raconter. « Et bien parle, je t'écoute. » Qu'il lance en roulant des prunelles de manière à lui faire comprendre que rentrer sans toquer, ce n'est pas bien poli. Le gamin à la peau hâlée - le plus jeune de son équipage - mordille frénétiquement sa lèvre inférieure en tapotant du pied, il regarde dedans puis dehors, pas trop sûr de l'agissement qu'il doit avoir. D'une maladresse déconcertante, s'il est habitué aux gaucheries de certains hommes de sa petite famille, celui-ci l'est bien plus qu'à l'accoutumée et forcément, ça a le mérite de le rendre nerveux. Se préparant à lever le ton pour qu'il crache le morceau, il se fait couper lamentablement l'herbe sous le pied en entendant les raisons d'une telle panique. « La garde royale, elle souhaite monter sur le navire et vous v- » Ne lui laissant guère le temps de finir sa phrase, le flibustier fonce derechef vers l'extérieur en ayant eu le geste de trop envers son matelot, un coup de coude qui fait cogner son dos contre la porte. Que veulent-ils ? Il est pourtant dit que dans les rues, la milice ne se donne clairement plus la peine de défendre la veuve et l'orphelin, que d'autres préfèrent se bourrer la trogne dans une taverne plutôt que de sortir les armes face aux rebelles - ce qui est de toute manière plaisant pour les affaires. Sentant le froid mordre sa peau, Sinbad secoue sa tignasse ayant largement poussé depuis ces derniers mois, et c'est lorsqu'il croise la petite tripotée de gens en armures que la réponse lui apparaît telle une évidence. Machinalement il pose son attention quelques secondes sur la porte menant vers les cales, là où son fugitif se cache entre les épices et les soieries précieuses, arrivé quelques heures plus tôt, le suppliant d'encore une fois mettre sa tête à l’abri, Potté attend avec impatience la nuit pour se faufiler dans d'autres lieux. Il souhaite confier son fardeau à quelqu'un d'autre, inconsciemment il a dû vouloir le faire avec Septmers sans aucun succès puisque de la bombe il n'était clairement pas au courant de ses plans. Devrait-il le sermonner pour avoir eu un éclair de génie aussi idiot ? Pas tellement, ce n'est pas son existence ni celle de ses proches qui a été mise en danger, alors les soucis d'autrui ne concernent que trop peu le plus sage des deux qui évite à tout prix d'attirer l'attention sur lui. Croisant ses bras sur son torse, il s'approche du bastingage en dévisageant clairement les êtres qui doivent lever la tête pour l'apercevoir. « Sinbad Septmers ? » Crache le plus âgé du quatuor, ce à quoi l'écumeur surenchérit un sourire étirant ses lippes rosées. « Capitaine Sinbad Septmers. » Il laisse un petit silence planer, histoire de se moquer discrètement de ces ignares aux iris vitreux. « Lui-même, en quoi puis-je vous aider ? » La politesse a le mérite de sauver des miches en toutes circonstances, alors ne manquant pas à cette règle tout en ayant un air pédant lui collant à la peau, il redoute clairement ce qu'il va lui dire. L'autre racle sa gorge en passant ses mains sur ses hanches, souhaitant sans aucun doute se donner contenance pour l'impressionner. C'est raté. Il a déjà bien plus peur de son compagnon sous sa forme de chat roux qu'autre chose. « Nous avons ordre de fouiller tous les bateaux à quai. » « En quel honneur ? » « Nous cherchons un fugitif, la pire crapule connue à Fort Fort Lointain. L'avez-vous déjà vu ? » Pour pousser sa demande le plus loin possible, il déroule entre ses mains un parchemin contenant une horrible image soulignée d'un état d'arrestation. Mort ou vif est-il dit, si en plus son prénom est que trop visible, ce qui l'étonne c'est l'agencement de ses cheveux ainsi que cette moustache trop bien taillée pour lui. Est-ce donc ce bon vieux Potté qu'il voit là ? Retenant un rire plus que sincère, il ne lâche pas du regard le bout de papier qui bouge quelque peu sous les courants d'air qui passent au port. « Doutez-vous bien que si j'avais croisé un personnage aussi ridicule je ne l'aurais pas oublié. Je ne le connais pas. » Quel beau mensonge, et surtout que ne faut-il pas faire pour un compatriote de contrée. Se préparant à filer le plus rapidement possible sans leur donner le luxe de douter ne serait-ce qu'une minute, un autre stoppe le capitaine dans son élan en tapant causette. « Peu importe, nous avons ordre de f- » L'agacement grimpe, il le coupe directement en affichant des traits plus qu'horripilés de cet interlude superflu. « Les ordres vous les avez, mais avez-vous le droit de le faire ? Je ne vois rien entre vos mains qui prouve que vous pouvez poser un seul pied sur mon rafiot. Non pas que je doute de vous, mais comme vous le savez les temps qui courent sont plutôt dangereux, et rien ne me dit que vous n'êtes pas des pillards déguisés. » Glissant ses mains derrière son dos, le coeur serré par une excitation qui lui fait autant de bien que de mal, il fini par arriver sur la passerelle qu'il descend avec lenteur alors qu'un des gardes se prépare à sortir sa lame - il est arrêté assez rapidement par un de ses collègues qui ne veut pas de bagarre. Air serein, il attrape la tête mise à prix qu'il enroule en un mouvement de doigts. « Vous pourrez bien évidemment revenir lorsque vous aurez ce que je vous demande, en attendant je garde ceci ! Sait-on jamais si ce vagabond croise ma route, je viendrais bien sûr vous le livrer, quel citoyen serais-je sinon ? » Un beau coup de patriotisme dans la figure suffit à les rendre irrités, ils reviendront d'ici un petit temps mais pour le moment et connaissant plus que quiconque les lois qui permettent à Fort Fort Lointain de tenir debout - ou presque - il ne compte pas leur offrir son ami sur un plateau d'argent. Remontant sur le pont, les précieux bouffons finissent par se résigner en continuant leur chemin.

Quant à Sinbad, il ne se laisse pas plus de temps pour descendre dans les cales, l'estomac se dénouant petit à petit. Nom d'un chien, c'était moins une. Soufflant pour calmer ses nerfs triturés à outrance il passe une main incertaine sur sa nuque pour la masser, l'autre tenant fermement le parchemin ayant fait perdre toute crédibilité au mercenaire qu'il cache. Combien de temps est-ce que cela va durer ? Il n'en a pas la moindre idée, pas longtemps il l'espère bien qu'il ne lui dira jamais d'aller voir ailleurs, c'est plutôt dangereux - même en sachant que les chevaliers protecteurs du royaume se font de plus en plus rares. Inspirant profondément la seconde d'après, les escaliers grincent sous son poids jusqu'à ce qu'il arrive dans le fondement même de l’Écorchée. Passant en long large et travers son horizon d'un regard, il trouve rapidement son allié vers lequel il s'avance, mécontent. S'il n'avait aucune éthique, il aurait déjà égorgé l'ancien félin au regard de braise pour avoir osé le jeter sur le fil du rasoir. Un jour il se coupera, mais pas demain. Quel crétin. En plus de devoir se glisser dans l'ombre, c'est son très cher collaborateur qui doit s'occuper du marché noir, seul parce que sinon ce ne serait pas très amusant - et quitte à mettre la populace royalement dans la merde autant bien le faire, une doctrine que Potté devrait lourdement adopter puisqu'elle lui va si bien au teint. S'accroupissant face au bretteur aguerri, il déroule le bout de papier jauni comme l'a fait l'homme en armure d'argent quelques minutes plus tôt. « Pour commencer, je ne sais quoi penser de ceci. Non pas que te voir la corde au cou m'étonne, disons plutôt qu'ils ne t'ont pas pris sous ton meilleur profil, quand était-ce donc ? Dans mes souvenirs je ne t'ai jamais croisé vêtu et coiffé ainsi, tu es risible mon ami. » Et encore, le terme n'est pas assez fort, heureusement pour Sinbad il est assez pompeux pour ne pas s'esclaffer à en faire trembler le parquet. Pinçant sa lèvre inférieure, un sourire malicieux se glisse sur son masque de froideur qu'il casse en moins de deux. Même quand les temps sont alambiqués, il n'est pas encore capable de lui écraser son poing en plein dans la joue - pour le moment. Au moins est-ce rassurant pour lui qui s'attend à recevoir toute la peine du monde sur ses épaules, pauvre poseur de bombe poissard. « Ensuite... Tu as de la chance que j'ai quelques tours dans ma poche, au prochain coup je ne peux te promettre qu'ils resteront sur terre. Te rends-tu seulement compte dans quelle situation tu me mets ? » Les ennuis commencent, il fallait bien après tout qu'il agisse comme un bon comparse se le doit, en lui faisant la morale tout en continuant à avoir confiance en lui. Pelageroux le poussera à sa perte d'une manière ou d'une autre, s'il ne le rend pas déjà chèvre en lui refilant la griffe marine. « Tant que je peux te protéger, je le ferais tu le sais... Néanmoins mettre la vie de mon équipage en péril remet en question toute la loyauté que j'ai envers toi, Potté. » Entourlouper les autres, c'est quelque chose, essayer de s'incruster un fait qui n'est même pas croyable en est une autre. Il le dit, mais serait-il seulement capable de l'échanger pour d'autres ? Serait-il seulement capable de faire ne serait-ce qu'un choix ? Ah, c'est à cause de telles questions que ses nuits sont agitées, parce que c'est toujours trop difficile de prendre ceci ou cela, noir ou blanc, ciel ou terre, feu ou eau. Il l'aime, il le déteste, les amitiés sont sujettes à divers débats comme ce lien qui peut craquer aussi facilement qu'il est arrivé. Cependant, avec lui il est convaincu que ça ne pourra que s’effriter sans jamais lui exploser à la figure. Pourquoi ? Il ne veut même pas savoir. Il y a des secrets que parfois il ne vaut mieux pas percer sinon la magie se perd, et quand c'est tout ce qu'il reste à cette humanité courant vers sa fin, il vaut mieux laisser les idéalistes dans leur bulle d'abracadabra.
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potté ☾ je peux quand même le dégommer à l’arbalète ? EmptyDim 1 Fév - 21:45



Sinbad et Potté

Si tu savais Shrek. C’est fou comme un rien, une infime petite idée peut devenir quelque chose de grand, trop grand pour son essence même. Elle en vient à être déformée, fragmentée, défigurée jusqu’à l’éclatement. C’est cette confiance en l’être qui est sans cesse remise en cause, face à sa sauvagerie, sa barbarie. Une idée peut déshumaniser le monde. Une idéologie propre n’est pas universelle. Elle n’est pas comprise par tous et c’est la perception de chacun qui compte et fait pencher la balance. La potence. Si j’étais né homme, ou chat, les choses auraient-elles été différentes ? Je suis une bête, un entre-deux, un monstre. On ne peut pas enlever son humanité à un être qui n’en a jamais eue. Tu devrais être le premier à le savoir. Mais on peut lui voler son identité, son ambition, ses idées. Ecrasées, essoufflées. On peut me juger, me descendre, m’éliminer. Mais je regrette. Je n’ai jamais voulu ça. Je n’ai jamais souhaité blesser quiconque. Depuis ton absence, j’ai cherché, j’ai trouvé comment, et par qui te remplacer. C’était divertissant, au début. Comme un jeu, un rêve dont on est persuadé qu’on se réveillera, quand la réalité viendra frapper. Les choses sont différentes, le temps se fait plus long à mesure que ton silence pèse et la réalité résonne tout autour de moi. Je ne suis plus le même. Je pensais le savoir, avant. J’avais des convictions. Il ne se passe plus un jour désormais, sans que je me demande qui je suis réellement. Cette prison charnelle ne fait que resserrer ses boulons à travers moi, à travers nous tous, pauvres mortels devenus reflets de leurs propres ombres. Les rouages cognent, grincent et perturbent la mécanique jusqu’à arrêter le cours de la  circulation, battement après battement. L’apparence est trompeuse. Si tu pouvais nous voir. Des leurres, des mirages qui nous font oublier. Un peuple a besoin d’un chef, d’un roi. Une unité ne se forme que par la croyance. Mais nous avons tous perdu la foi, sans toi. Notre groupe s’est disloqué, évaporé dans les méandres d’une attente, d’un espoir trop vain. J’ai cherché une main ailleurs, parmi les hommes. Je suis tombé épris d’une femme. J’ai écumé les mers auprès d’un pirate. J’ai hurlé. J’ai hurlé contre l’injustice de ce régime, accompagné d’ogres et autres blessés. Nous voulions la révolution. Nous voulions brandir le métal et l’acier en signe de rébellion. Nous voulions une justice. Il n’était pas question de faire couler le sang. Les conséquences remettent tout en question. Je commence à croire qu’il est peut-être temps pour moi de m’écraser, me laisser couler sous le poids de cette fatalité. Me fondre dans la masse, comme si le passé était derrière nous, évadé, perdu à jamais. Tu n’as pas idée comme cette idée m’effraie.

Une reine disparue.
Le monde est en suspend. Il retient son souffle en appréhendant chaque minute, chaque seconde. Nous n’avons jamais connu de temps plus sombres. Nous voulions simplement leur faire peur et rendre justice, mais tout s’est passé si vite. Un fils ignare sur le trône, et voilà que le royaume se retrouve en de plus mauvaises mains qu’avant. Qu’allons nous devenir ? Des têtes mises à prix, privées de leur droit de parole. Privées de liberté. Je n’ai pas d’autres choix que me cacher. La fuite a un goût amer sur mon palais mais celui de la défaite serait bien pire encore. « Pour commencer, je ne sais quoi penser de ceci. Non pas que te voir la corde au cou m'étonne, disons plutôt qu'ils ne t'ont pas pris sous ton meilleur profil, quand était-ce donc ? Dans mes souvenirs je ne t'ai jamais croisé vêtu et coiffé ainsi, tu es risible mon ami. » Un soupir rauque m’échappe des lèvres quand je me redresse sur mes pattes pour dévoiler ma silhouette derrière ces tonneaux poussiéreux. Si Sinbad est ici, c’est que la voie est de nouveau libre, la patrouille de garde est passée à autre chose et je vais enfin pouvoir souffler. Je ne lance pas même un regard au parchemin, sachant parfaitement quelle absurdité s’y trouve. J’engage un sourire moqueur de dérision envers mon capitaine, sans perdre mon assurance. « Je ne l’ai jamais été, voyons. Je suis vexé que tu m’aies reconnu dans ce croquis. Je suppose que celui qui est à l’origine de ceci est un troll borgne, mais il a au moins le mérite d’être un cocasse. » L’honteuse vérité est que j’ai dû ressembler à ça de près ou de loin aux tout débuts du charnel, et qu’il est ainsi que le gouvernement se rappelait de moi. Quant à Sinbad, il n’aura pas de mal à deviner que c’est quelque chose que je préfère oublier, afin de garder une meilleure image de moi. Une main vient plaquer mes cheveux humides sur mon crâne, avant de s’appuyer contre un tonneau de rhum sur lequel je m’assied. Je sors silencieusement une lame de ma poche pour venir la frapper à coups précis et réguliers sur le bois. En d’autres temps, j’aurais su comment combler le silence et nourrir nos rencontres de vannes plus pourries et ambiguës les unes que les autres. J’aurais caché mes remords, mes maux derrière des sourires bien ficelés et moqueurs. J’aurais été le chat. Aujourd’hui je ne suis que l’homme. « Ensuite... Tu as de la chance que j'ai quelques tours dans ma poche, au prochain coup je ne peux te promettre qu'ils resteront sur terre. Te rends-tu seulement compte dans quelle situation tu me mets ? » Je n’arrête pas encore la mélodie effrénée de ma lame, tout en prenant soin de ne pas croiser le regard du grand Sinbad Septmers. Est-ce une mise en garde, une menace ou une simple lassitude de sa part ? L’un ou l’autre je ne peux renier ses raisons plus que justes. Je préfère épouser le mutisme plutôt que m’enfoncer un peu plus dans des mensonges censés me sauver. J’écoute simplement le clapotis cadencé de l’écume qui martèle le bâtiment en résonnant dans les cales. Mon regard se perd sur les moisissures fraiches qui grattent les planches. Mes pupilles décèlent des détails dans les ombres, stimulis qui me rappellent quel animal je suis, derrière cette enveloppe de chair humaine. « Tant que je peux te protéger, je le ferais tu le sais... Néanmoins mettre la vie de mon équipage en péril remet en question toute la loyauté que j'ai envers toi, Potté. » Nous y sommes, enfin. La patience n’est pas une de ses fameuses vertus, au marin qui a pourtant cavalé les sept mers. Si quelque chose lui taraude l’esprit, il ne passera pas par quatre chemins, ne prendra pas des pincettes pour exprimer ses pensées. Pourtant il n’y a que lui qui pourra les formuler de la manière la plus sage qu’il soit. Je suis bien conscient des conséquences dont je suis la cause. Moi, et moi seul. J’ai embourbé les Lames de Cendres avec moi dans quelque chose dont ils n’avaient pas idée. C’est eux, et le royaume entier qui en paie maintenant les frais. S’il arrivait malheur à l’équipage de l’Ecorchée par ma faute, ma culpabilité n’en serait que plus terrible. Pourtant, j’ai bien du mal à supporter qu’il pose une pièce sur ma tête. « Tu crois que j’ai voulu tout ça ? » Ça, ça s’est joué à pile ou face. Fortune ou misère, l’existence nous apprend qu’il faut savoir prendre des risques pour ne pas finir aveugle face à notre destin. Mes mots à peine murmurés ricochent contre la bicoque du capitaine, semant une pointe d’amertume qui se met à glisser sur ma peau sale. Mes paupières restent plus longtemps fermées qu’il ne le faudrait, tandis que mes canines saignent mes lèvres. Je n’ai jamais voulu tout ça, et je n’ai que trop de difficulté à en accepter le contrecoup. « Si je suis là c’est parce que je te voue un respect et une confiance immenses Sinbad… mais tu n’aurais jamais remis en cause ta loyauté envers un de tes marins s’il était à l’origine de ce cataclysme, n’est-ce pas ? C’est parce que c’est moi. » La danse brutale de ma lame se stoppe radicalement, tandis que mes doigts restent crispés. Nos pupilles sombres se rencontrent enfin, se confrontent dans une provocation non désirée. Si le pirate et le voleur doivent en arriver à une conclusion, je dédaigne que ce soit maintenant.
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potté ☾ je peux quand même le dégommer à l’arbalète ? EmptySam 14 Fév - 15:21



Potté et Sinbad
Parce que, quand on aime vraiment, on est capable de détester.

Dehors, c'est le néant, le chaos constant, peut-être pas aussi horrible que les conséquences d'une guerre néanmoins il reste semblable à une folie qui se propage à une vitesse plus que considérable. La populace sort, se fiche de tout et de n'importe quoi, les soldats n'ont plus aucune autorité et surtout des clans se forment dans tout ce bordel ambiant qui amuse plus qu'il ne fait peur. Il y a les rebelles qui continuent d'oeuvrer dans leur coin, les profiteurs qui commettent des vols ou s'attisent la sympathie des bourgeois affaibli par la situation pour mieux leur piquer leur argent et puis il y a ceux qui subissent les méfaits de cette bombe explosée en plein vol. Sinbad ne saurait réellement où se situer, peut-être un peu des trois sans pour autant tomber dans les révolutionnaires en culottes courtes qui beuglent après l'anarchie comme si cela était leur nouvelle religion. Il fait avec ce qu'il a fait, fait son job dans le plus grand respect de la tradition qu'il s'est imposée avec le mercenaire au pelage roux. Bien évidemment, il n'aurait clairement jamais songé à ce qu'un jour leur empire prenne une telle place, une telle grandeur si bien que l'on ne parle que de lui dans les ruelles glauques et sombres de la capitale. On cherche après le marché noir, tant pour ses drogues que pour son alcool, tant parce qu'il cache des fugitifs que parce qu'il peut offrir tout ce que l'on veut. Encore mieux qu'une bonne fée, tout est à portée de main il faut juste en payer le prix qui est celui d'une bourse plutôt lourde. Impossible à négocier, encore moins à échanger, acheter à la griffe marine c'est faire confiance au revendeur qui de son plus grand sourire peut faire découvrir à l'acheteur un panel impressionnant d'objets pouvant servir bien des chemins, bons ou mauvais, tout ce qui est dans ce lieu y reste et ce qui en découle en dehors ne concerne personne sauf les cargaisons qui arrivent à foison. Là, les deux flibustiers se retrouvent dans une bulle où personne ne peut les trouver, néanmoins elle reste si fragile qu'une pointe d'épée peut la faire disparaître les dévoilant à la face du monde, et Dieu seul sait que la milice souhaite une chose et une seule : la tête de Potté sur une pique, ce que le capitaine ne saurait permettre. En plus d'être un élément indispensable ou presque à son équipage, il se veut un ami, un espoir parmi tant d'autres qui lui permet de croire en ce futur totalement incertain. Il est important, à sa manière bien sûr, mais important tout de même et intéresse le natif de la contrée ensoleillée pour ses principes, ses paroles et surtout sa détermination qui le pousse à se laisser naître des ailes dans le dos. Il s'y est brûlé, s'approchant trop fort de l'astre gigantesque, il s'est mesuré à plus gros que lui et s'en mord les doigts. De plus, sachant pertinemment que sa dulcinée a été blessée durant l'attaque, il ne peut s'empêcher de se dire que sa peine doit être immense ainsi que sa colère qui pourrait le dévorer plus que de raison. La preuve en est qu'il s'amuse avec une dague, la lançant, la reprenant et vice-versa sans se lasser de la chose ce qui a le mérite de désespérer le corsaire qui en roule des yeux, l'écoutant seulement à moitié les premiers temps et au second coup, c'est tout son ouï qu'il s'accapare. « Tu crois que j’ai voulu tout ça ? » L'hostilité se ressent dans sa voix, même ses gestes beaucoup moins fluides trahissent les battements de son coeur qui paniquent et se serrent en même temps. Cette histoire ne peut réellement bien se terminer, et ça il le savait le jour où cette tête de mule avait posé les pieds sur son bateau, prenant son second pour lui et allant jusqu'à le combattre pour démontrer sa force. Ils avaient ri, bon sang ce qu'ils avaient ri et se moquaient de l'univers, vivaient dans leur coin et se contentaient des petits bonheurs. Jusqu'à aujourd'hui où tout part à volo, ce n'est pas tant que de sa faute, c'est à cause de tous qu'ils en sont à s'arracher un vieil os à l'instar de chiens galeux qui n'ont plus rien à perdre. C'est véridique, ils n'ont plus rien à perdre. Baissant les yeux un quart de seconde il pince sa lèvre inférieure en attendant le pire, ce n'est qu'une petite gifle qu'il se prend, à quand le poing qui le fera tomber lamentablement au sol, ne permettant peut-être même pas qu'il se relève avant un sacré temps de compréhension. Ne peuvent-ils donc pas se prendre dans les bras l'un de l'autre et passer outre tout ce foutoir ? Ce serait trop beau pour être vrai, ce ne serait pas eux et les conflits ne font que renforcer les liens a dit un jour un vieillard sénile. Il n'entend plus la lame frotter contre le bois ce qui le pousse à relever la tête, le visage complètement fermé de Pelageroux ne fait faire qu'un tour à son sang salé par les sept mers explorées. « Si je suis là c’est parce que je te voue un respect et une confiance immenses Sinbad… mais tu n’aurais jamais remis en cause ta loyauté envers un de tes marins s’il était à l’origine de ce cataclysme, n’est-ce pas ? C’est parce que c’est moi. » Minable, pitoyable, Septmers aborde un rictus amusé autant que déçu. Si tu veux la paix, prépare la guerre.

Et c'est ce qu'il fait actuellement, il n'est pas sûr d'utiliser l'arbalète ou le sabre, les deux sont pratiques seule la technique est différente. Dans l'un il faut sortir de l'ombre, dans l'autre on peut y rester autant de temps que l'on veut, se percher dans un arbre ou encore derrière un mur, le projectile une fois parti ne s'arrête plus, peut se louper comme la lame brillante et sanglante, c'est seulement une question d'expérience et Sinbad en a. Réfléchissant à la manière la plus saine d'aborder le sujet sans lui coller son poing en pleine face, il se met à tapoter délicatement des doigts sur ses genoux avant de décider à se relever pour poser son séant quelques secondes après sur un tonneau poussiéreux mais tenant encore la route. Croisant ses avant-bras sur ses cuisses, ses bottes foulent le sol et il hoche la tête sans réellement savoir pourquoi, comme si enfin maintenant il prenait en conscience ce que son ami vient de lui dire. Oh non, ça a fait le tour depuis bien longtemps et il trouve ceci tellement dérisoire qu'il n'arrive pas à être aussi sur la défensive que son interlocuteur. « Une fois sur le pont nous sommes tous égaux, une fois sur cette galère nous sommes tous au même niveau même si le capitaine s'occupe de donner les ordres, il n'y a pas de traitement de faveur. » Et peu importe si le supérieur hiérarchique a sa propre cabine, quand la famine les attaque ils ont tous le ventre creux, quand il faut boire c'est à la même bouteille et quand il faut se battre c'est pour se protéger, tous. Ils sont des frères offerts par la nature, adoptés par le trentenaire qui fait de son mieux pour les récompenser à chaque fois pour leur dur travail, pour cette passion qu'ils ont et surtout cette confiance aveugle envers le malchanceux des voyages. « Peut-être que oui, les affinités me poussent parfois à être plus laxiste sur certaines choses. Néanmoins tu fais partie de ceux qui ont marqué mon esprit, de ceux pour qui je veux bien me battre, me donner corps et âme. » Passant le bout de son muscle rose sur ses lippes asséchées, il ressent à nouveau la morsure du froid qui fait tanguer en même temps que les petites vaguelettes la coque du bateau. Frémissant quelques secondes, ses paupières se ferment sous la sensation et il est presque désolé de voir qu'il puisse avoir affirmé une telle chose le Potté. Le doute doit être la pire émotion de toutes avec la rancoeur, elle oblige parfois un être - peu importe sa race - à tout remettre en question, à avoir un mélange de peur dans les questions qu'il se pose pour que finalement il finisse seul, abandonné de tous dans les caniveaux ou un cachot délabré. Ils finissent de la même manière. Et il serait plus qu'insoutenable que son partenaire de crime se retrouve dans une telle situation. Inspirant profondément, les effluves gelés brûlent un peu ses poumons, il retient une vague toux puis se reprend en plongeant ses prunelles dans les siennes. « Libre à toi de me croire ou non, j'estime qu'au bout de six mois de bons et loyaux services il n'y a plus aucun besoin de se méfier. Je préfère disons, seulement prévenir plutôt que guérir et même si je te suivrais jusqu'au bout de ce royaume il y a des principes auxquels je ne peux déroger. » Comme tout mettre en danger pour un idéal qui prend actuellement feu. C'est complexe les relations, c'est même plutôt étrange puisque l'amour grandissant pousse parfois à faire des idioties. Qui sait, peut-être que si Kale aurait été le commanditaire de cet attentat la discussion ne serait clairement pas pareille et surtout, qui sait si Sinbad aurait déblatéré des paroles comme celles-ci ? Il n'en sait rien, il ne veut pas y penser. Oui il l'aime, juste à une certaine dose suffisante pour qu'il garde encore un peu de lucidité. A cette pensée son pauvre palpitant se craquelle, lui fait mal, pas de façon à ce qu'il puisse agoniser mais assez pour qu'il en grimace et passe une main fébrile dessus. C'est soit parce qu'il se fait clairement vieux, soit parce qu'il est touché là où il ne devrait pas l'être. « Reste ici tant que tu voudras, même si je doute que tu puisses supporter pendant une décennie cette situation de tête d'affiche. On ne parle plus que de toi, certains t'adulent pendant que d'autres veulent te voir te faire écarteler sur la place publique. » Le plus désopilant c'est qu'il doute qu'il puisse finir en morceaux un jour, il trouverait toujours un moyen de se sortir des situations les plus délicates comme Sinbad l'a toujours fait, avec des cicatrices certes mais après tout, c'est beaucoup mieux que de se faire arracher les muscles par des chevaux enragés. « Pensons au bon côté de cette révolution qui est en marche, la reine n'est plus là, l'argent coule à flots même s'il n'achète pas tout et la liberté se bat sans cesse avec l'ordre, que demander de plus ? » Dégageant du tonneau pour s'enfoncer dans la cale, quelques mètres plus loin il tombe sur des caisses remplies d'hydromel, de rhum, d'alcools indispensables sur des navires semblables à ceux de l'Ecorchée. Il attrape une bouteille puis la lance derechef vers Potté qui l'attrape avec une adresse qui lui est propre. En prenant une à son tour, sa main libre passe dans la poche de sa redingote écarlate pour la mettre bien au chaud et pour bifurquer sur une teinte plus légère, il ajoute naturellement. « Tiens, tu mérites bien ça après tes mésaventures dignes d'une épopée. » Qui n'aura jamais de fin tant qu'il n'aura pas décidé d'y mettre un terme.
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potté ☾ je peux quand même le dégommer à l’arbalète ? EmptyMar 17 Fév - 16:19



Sinbad et Potté

Peut-être ai-je passé trop de temps à mentir, toute ma vie durant. Peut-être ai-je été trop laxiste sur les conséquences de mes actes. Raison pour laquelle j’en paierais le prix aujourd’hui. La ruse et le mensonge m’avaient toujours souri, jusqu’alors. Il y a très longtemps, je rendais riche un pauvre et l’honorai d’un titre, je dévorai un ogre dans une peau de lion. Parfois même il me suffisait de dilater mes pupilles sombres pour que l’or, et les femmes, me tombent dans la main. Je me sortais d’affaires dangereuses, toujours. J’étais un truand, un mercenaire, un hors la loi. Mais je le faisais bien. Si quand bien même on m’attrapait, je m’évadais. Je n’ai jamais été digne et honorable, mais ça me suffisait. Sauver ma peau, toujours. Silencieux, furtif, maudit j’étais. Pourtant je vivais sans regrets. Même quand j’ai tourné les talons à ma patrie, et à l’amour, je n’avais jamais été plus sûr de moi qu’en cette période. J’ai la sensation que c’est ce poison qui m’enveloppe d’un corps humain qui me fait douter comme l’un d’eux. Faible et lâche, bourrés de failles, je comprends désormais ces détails du contrat. Assassin. Je ne me sens plus maître de moi, et ça m’effraie plus que je ne le crois, ou ne le montre. J’étais censé être un mythe, une légende de passage, mais le temps a ses raisons. On ne peut suivre qu’une seule voie alors qu’une existence ne tient qu’à un cordage qui se balance au dessus de vagues scélérates. C’est exactement ce qui se vit au dehors. Nous sommes tous les figurants d’un désastre ambulant, d’un chaos grandissant qui fend les hommes et autres créatures qui peuplent ce monde. Les idéaux se confrontent et se massacrent pour une cause perdue. J’ai lancé cette bataille, je suis à l’origine de cette mascarade qui aurait pu être évitée. Fauteur de troubles. Je prône la sagesse et la patience alors que j’ai toujours, et agirai toujours sur l’instinct, et l’instant. Mutinerie. Je voulais une révolution, j’ai obtenu plus grand, plus cinglant. Des innocents qui n’ont pas leur place dans ce combat ont été touchés et c’est ce contre quoi je me suis heurté. Mais je l’ai mérité. Si seulement les choses s’étaient passées différemment, si seulement. Nous sommes maintenant tous des exilés, naufragés.

Mais j’ai entraîné le grand Septmers avec moi, dans une lutte qui n’est pas la sienne. Il pourrait me dégommer à l’arbalète que je ne lui en voudrais pas. Quels blâmes pourrais-je lui reprocher ? C’est la colère contre moi-même qui me soulève, me pousse à lui cracher des horreurs pour mieux supporter les miennes. La réalité, c’est que si le capitaine n’était pas là pour me tempérer, je ne serais qu’un vulgaire bon à rien. Je retrouverais cette notoriété qui n’avait pas de sens, ni de but. Je retrouverais cette vie de solitaire, de scélérat. Je lui dois beaucoup, bien plus que je ne le reconnaitrais jamais. Mais il le sait, il est assez malin pour deviner. J’ai accompli grand à ses côtés, ensemble nous avons agrandi un commerce qui couvre le royaume entier, foule les frontières et dirige la mer. Nous avons permis aux meilleurs comme aux pires de survivre, et ce qui nous motivait à continuer, à prospérer. Je me suis découvert des talents cachés, et surtout, j’ai caressé cette eau qui me faisait tant peur. J’ai aimé me souler au rhum avec ces marins maudits, j’ai aimé me battre sur cette bicoque sale, rire avec Lorcan, insulter Hansel et rendre Kale et Sinbad désespérés à ma seule vue. J’ai aimé grimper sur le mat et sentir les voiles me fouetter le visage sous le vent de la tempête. S’il avait pu me suffire, je n’aurais pas commis d’erreurs irréversibles. La vérité c’est que je suis envahi de fureur et de haine à l’idée que Sinbad soit déçu. C’est idiot, mais c’est typique d’un animal après tout, chercher l’approbation et la fierté de son maître. Je ne me suis jamais caché d’être dépendant d’un supérieur, malgré mon sentiment de liberté. J’aime à être félicité, pour ma loyauté. « Une fois sur le pont nous sommes tous égaux, une fois sur cette galère nous sommes tous au même niveau même si le capitaine s'occupe de donner les ordres, il n'y a pas de traitement de faveur. Peut-être que oui, les affinités me poussent parfois à être plus laxiste sur certaines choses. Néanmoins tu fais partie de ceux qui ont marqué mon esprit, de ceux pour qui je veux bien me battre, me donner corps et âme. » J’ai été con, et il me le fait bien sentir. Imbécile, impulsif comme la bête. Il est trop malin pour se laisser entrer dans ma ruse, et se jouer de mots que nous pourrions regretter. Nous ne sommes plus ces badauds enfermés dans une cage, non, il n’y a plus que moi derrière les barreaux. Seul sur ce coup. Il garde la tête froide, comme toujours. Comme se le doit un capitaine après tout. Arbitre et neutre, mais il sait faire justice quand il le faut. Je suis malhonnête, de parler ainsi à celui que je me suis promis de suivre, alors qu’il aurait pu me foutre dehors d’un coup de pied à tout moment. Je n’ai jamais fait réellement parti de cette joyeuse bande de matelots déchus, mais Sinbad a toujours fait en sorte qu’il en soit ainsi, que je m’y sente à ma place. Je ne peux me cacher indéfiniment sur l’Ecorchée, mère de tous ces fantômes ayant tous une raison de fuir. Je ne peux mettre en danger plus de gens. Je pousse un soupir rauque, laissant traîner le silence plus longuement, avant de lancer une fois pour toute ma lame dans le bois épais du bâtiment. Ma tête penche en arrière, tandis que mon regard se perd sur le plafond humide. « Libre à toi de me croire ou non, j'estime qu'au bout de six mois de bons et loyaux services il n'y a plus aucun besoin de se méfier. Je préfère disons, seulement prévenir plutôt que guérir et même si je te suivrais jusqu'au bout de ce royaume il y a des principes auxquels je ne peux déroger. » Ce sont de nobles paroles et de nobles pensées. On entendrait presque un père parler à son fils aîné. C’est ce que je suis, au fond. J’ai toujours eu un comportement d’enfant insouciant. Je ne comprendrais jamais par quels maléfices j’ai pu attendrir la légende Septmers, tout comme d’autres avant moi ne l’ont pas compris et ne le comprendront pas. « Je n’ai pas mesuré mes paroles, je te demande pardon, j’ai parlé sous le coup de la colère. La colère contre moi. Je suis conscient que je vous mets tous en danger et l’idée ne m’enchante guère. » Je baisse le menton pour dévoiler mon regard à nouveau face au sien, quelque peu caché par l’ombre et la tignasse ornant mon visage sombre. Mes doigts libérés du couteau s’en prennent alors au tonneau qui me supporte, le serrant machinalement jusqu’à y enfoncer les ongles. Je regarde le capitaine sans réellement percer ses défenses, restant à la surface, là où le réconfort prend le dessus, juste assez pour me rassurer. « Reste ici tant que tu voudras, même si je doute que tu puisses supporter pendant une décennie cette situation de tête d'affiche. On ne parle plus que de toi, certains t'adulent pendant que d'autres veulent te voir te faire écarteler sur la place publique. » J’esquisse un sourire en coin, quelque peu niais d’une satisfaction qui ne vaut pas un clou. Aimé et craint à la fois, c’est souvent le rôle que doit tenir un dirigeant, et ce n’est pas ma place finalement. Je n’ai pas les épaules pour. Ma tête mise à prix n’a jamais été un problème en soi, mais ça comptait quand je cavalais des déserts ambulants. Ici je suis pris au piège entre quatre murs et ça, Sinbad l’a bien compris. Ce qu’il me faudrait, c’est un miracle, quelqu’un de plus ambitieux que moi. Quelqu’un qui pousserait Charmant du trône juste assez longtemps pour qu’il n’ait pas l’occasion de me trancher la tête. « Pensons au bon côté de cette révolution qui est en marche, la reine n'est plus là, l'argent coule à flots même s'il n'achète pas tout et la liberté se bat sans cesse avec l'ordre, que demander de plus ? » Mais après la reine, qui prendra la relève ? Pour sur il y aura encore des causes pour lesquelles il faudra prendre les armes, rien n’est acquis dans un royaume où la différence fait peur. Mais si nous avons contribué ne serait-ce qu’un peu à soulever la colère du peuple pour qu’il trouve le courage de se battre pour sa liberté, je suis reconnaissant. Mes rétines se mettent à suivre attentivement le capitaine qui se lève et fait quelques pas dans la cale battante, il fait volte face pour me lancer une bouteille de rhum que je suis heureux de réceptionner dans ma main, avant de la déboucher d’un coup de dents. « Mon épopée ne ressemble en rien à celles que tu as vécues, hein ? » Je me laisse aller à un rire gras grâce à ce réconfort qu’il annonce, sentant même la chaleur de l’alcool descendre dans mon gosier pour atteindre mes organes les plus touchés. « J’espérais un peu plus que ce soit le rhum et les femmes qui coulent à flots, plutôt qu’un or que je ne peux voir et toucher. Mais tu me connais, j’aime bien m’attirer les emmerdes, ça a plus de saveur que la gloire. » Après une nouvelle gorgée, je tape le tonneau du cul de la bouteille et reprend un air sérieux sur le visage. Ma main vient gratter ma barbe broussailleuse, puis frotter mon front avec une force désireuse d’y faire exploser mon cerveau à même dedans. « Je parie que tu ne t’attendais pas à un collègue si peu responsable, capable de te laisser dans une merde royale. Tu dois sûrement regretter le jour où tu m’as laissé mettre un pied sur ton paquebot, ah, maintenant tu dois t’en tenir à tes principes fermes. La griffe, ma part, tu vas t’en sortir le temps que je me dépêtre de ce merdier ? »
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FORT FORT LOINTAIN



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⊱ pseudonyme : elf
⊱ tête mise à prix : luke evans.
⊱ crédits : swan, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 01/01/1970
⊱ tes licornes : poucet, cam et gil.
⊱ schillings : 0

⊱ ta race : pauvre mortel fragile.
⊱ allégeance : ni oui, ni non, tant qu'elle vient pas l'emmerder hein.

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potté ☾ je peux quand même le dégommer à l’arbalète ? EmptySam 21 Fév - 18:44



Potté et Sinbad
Parce que, quand on aime vraiment, on est capable de détester.

Autour d'un verre, d'un feu, d'une table, il faut réunir les éléments, les facteurs déterminants qui pourront faire que les coeurs s'apaisent progressivement. C'est ce que Sinbad fait ou plutôt tente de faire en sortant la carte de l'alcool qui a la capacité de donner une hilarité à quiconque s'en servira au goulot, une fois celle-ci terminée, elle ne présage qu'une fin de soirée plaisante, avec y compris le lendemain matin une superbe gueule de bois. Ils n'iront pas jusque-là, c'est simplement pour empêcher qu'ils se tuent sur le plancher, que le sang coule pour très peu et que la révolution s'arrête à cause d'un capitaine trop colérique. Il doit savoir faire la part des choses, ce qui, en soi est le plus complexe à réaliser dans sa passion mordante. Vouloir dompter l'océan c'est une chose, savoir manipuler des hommes, attirer et garder leur confiance, c'en est une autre. A son arrivée, Pelageroux était encore sauvage, brute de décoffrage qui bien qu'ayant des bases en combats, n'avait certainement pas les principes que Septmers lui a inculqués au fil des mois passant sur le navire aplatissant les vagues. C'est un long travail, complexe, à l'instar d'un bestiau à peine né qui doit comprendre ce qu'il fiche ici, quel est son but et surtout la façon dont il doit marcher, sur deux ou quatre pattes, en avant ou en arrière, comment il doit hurler et vice-versa. Ce fut long, parfois désespérant, néanmoins aujourd'hui le capitaine peut le dire, il a une certaine fierté en voyant le corsaire à la peau tapissée par les rayons du soleil. Il n'était qu'un crétin déboussolé, il est devenu un chef au poing de fer qui ne recule devant rien pour permettre à ses idéaux de voir le jour. Ce qu'il respecte bien sûr, voire même parfois il le pousse dans ses pulsions jusqu'à ce qu'il commette des erreurs, et même si celle du bal de décembre fut monumentale, au moins le commanditaire de ce fiasco a retenu la leçon et s'en mord les doigts - il les a déjà dévoré, en fait. A son tour, l'aîné se baisse pour attraper une bouteille qu'il ouvre sans se faire attendre et même sans chercher à voir si Potté a déjà bu, il boit une gorgée salvatrice qui inconsciemment le fait soupirer d'aise après coup. Dire que fut un temps, ça lui brûlait l'oesophage, ça faisait crier son estomac qui clairement n'avait pas l'habitude d'une telle violence, surtout pas quand on a passé son enfance à manger des mets délicats plus les uns que les autres, que l'adolescence fut pimentée en alcool par des vins hors de prix. Non, décidément, il n'était pas fait pour la bourgeoisie ce mouflet qui voulait connaître la crasse, la peur, le doute. Concernant son interlocuteur, son passé reste un véritable mystère qu'il aimerait résoudre en un claquement de doigts. Que sait-il à son sujet ? Peu de choses, si ce n'est qu'il vient de San Ricardo, un village encore plus perdu que Port-aurore, qui, à ce qu'il en sait, s'entasse sous la poussière et la chaleur ambiante, beaucoup apprécié par les orphelins qui cherchent de quoi piller. Dans la misère, c'est indéniable, il n'ose se dire que son meilleur élément ait pu naître avec une cuillère en argent dans la bouche, toutefois, c'est bien connu ; les apparences sont pires que trompeuses et sa dégaine de prince déchu pourrait embrouiller quiconque voudrait lire dans ses yeux cette histoire qui se répète en boucle dans son esprit dépravé. Qu'est-ce qui vous forge un homme ? Ou plutôt, qu'est-ce qui vous forge un chat ? « Mon épopée ne ressemble en rien à celles que tu as vécues, hein ? » Après les excuses penaudes, voilà le retour des anecdotes qui piquent mais qui font du bien lorsqu'elles sont dites, surtout en présence d'un ami cher qui comprend mieux que quiconque les démons qui grattent la surface rugueuse d'un coeur bouffi. Non, c'est sûr, son épopée n'est en rien similaire à la sienne puisque même s'il y a eu des blessés, voire un mort ou deux, ça ne l'a pas touché personnellement, ça ne l'a pas totalement détruit et pour cela Pelageroux devrait être reconnaissant pour cette bonne action qui a mal tourné. Chez Sinbad, lui aussi tout partait d'une envie de découverte et ça ne s'est soldé que par une centaine d'hommes décédés, dévorés, arrachés, croqués, battus à mort. Frémissant à cette unique pensée, il hausse les épaules à l'instar d'une réponse vague tout en reprenant une place de choix à côté de son comparse. Et puis, sans vouloir répondre à la bienséance il se laisse glisser le long d'une caisse, une jambe bien tendue sur le sol, quant à l'autre elle est pliée et le brun reprend une gorgée légère, non pas pour se donner du courage, simplement pour cette ivresse d'existence qui lui manque tant. « J’espérais un peu plus que ce soit le rhum et les femmes qui coulent à flots, plutôt qu’un or que je ne peux voir et toucher. Mais tu me connais, j’aime bien m’attirer les emmerdes, ça a plus de saveur que la gloire. » Oh ça, la richesse ne vous permet pas d'être réputé partout, peut-être sur le présent, mais est-ce que le futur se souviendra du vieil aigri qui était riche à foison ? Contrairement à tout ce qui peut être murmuré, c'est totalement faux. On chantera plutôt les louanges d'un rebellé, les déboires amoureux d'un assassin aux pulsions insatiables. Parce que le monde se fout bien de ceux qui sont parfaits sous tous les angles, il veut les débauchés, les brisés, les cassés, ceux qui ne peuvent plus se réparer, ceux qui explosent sous un ciel sans nuages, ceux qui marquent l'éternité à leur manière. Les légendes. S'attirer des ennuis va donc de pair avec cette envie de se faire remarquer, d'être reconnu, de tapisser les murs avec son prénom et celui de Potté s'étale progressivement au-delà des contrées les plus hostiles de Fort Fort Lointain. Même après sa mort on le chantera, même après sa mort on aura une pensée futile pour lui, même après sa mort des irréductibles continueront de vénérer sa liberté sauvage.

Jetant une oeillade à son complice, il arbore un sourire plus que sincère en coin de lèvres et mis à part l'hostilité vite dégagée, il n'y a rien de plus beau qu'une journée qui se termine sur une note aussi légère ou presque, parce que de toute façon le prince du désert se doute que tout sera abordé, d'une manière plus agréable certes toutefois tout y passera. Laissant l'arrière de son crâne tomber contre la surface en bois, il pousse un soupir tout en humectant ses lippes du bout des lèvres pour la énième fois. Sa soif ne sera jamais éteinte, pour ne serait-ce qu'essayer de le faire il devrait être un géant, avaler l'océan salé qui le rendrait fou. D'aventure, de tout, même quand le pire est arrivé, il sait de source sûre que le pire ; c'est ce que le pire est toujours à venir.  « Je parie que tu ne t’attendais pas à un collègue si peu responsable, capable de te laisser dans une merde royale. Tu dois sûrement regretter le jour où tu m’as laissé mettre un pied sur ton paquebot, ah, maintenant tu dois t’en tenir à tes principes fermes. La griffe, ma part, tu vas t’en sortir le temps que je me dépêtre de ce merdier ? » C'est beau ce fichu lien qui arrive à les relier, c'est magnifique cette évidence qui leur pend au nez et qu'ils aperçoivent sans pour autant en parler. Raclant sa gorge lacérée par le froid il laisse un silence s'installer tout en réfléchissant à ce qu'il va bien pouvoir lui dire. Quel homme serait-il s'il se plaignait de cette situation ? Après tout, la griffe marine, avant d'être aux révolutionnaires et aux marchands douteux, elle est surtout à eux tout comme l’Écorchée appartient à Kale et lui. C'est leur création, leur enfant qui prend de l'ampleur jusqu'à écraser de son pied vengeur les nobles qui gloussent en sentant l'odeur de l'onium qui leur caresse les narines. C'est à eux, tout ça, ce n'est pas au peuple, c'est à eux et ils ne font que devenir de plus en plus puissants, jusqu'à quel point du moins ? Jusqu'à où faut-il avoir peur ? Ne serait-ce pas justement le temps de s'arrêter alors que la dégénérescence est à son paroxysme ? L'argent ça ne donne rien, l'argent ça ne sauve pas des vies, l'argent ça aide à avoir de beaux habits, une belle maison, mais l'argent ça achète pas l'amour, ça engendre la haine par contre. Se mettant à rire de façon franche, il reprend d'attaque les prunelles du curieux qui cause beaucoup d'un seul coup. « Tu ne devrais pas te poser cette question. Je vais m'en sortir, comme toujours, selon Kale de toute façon je suis maudit à me sortir des situations les plus douteuses et celle-ci en est une ! Parfois je suis fatigué je te l'avoue, toutefois je ne regrette rien, certainement pas notre collaboration qui fera de nous... » Les hommes les plus riches du royaume ? Les forbans les plus aimés ? Que de titres à donner, aucun ne lui paraît logique. « J'en sais foutrement rien, qui vivra verra ! Nous pourrons mettre des mots dessus quand tu seras enfin totalement sorti de ta cachette poisseuse. Du reste, mes hommes m'aident comme ils le peuvent, je n'hésite pas à leur demander d'y mettre un peu d'huile de coude, en particulier mon second, Lorcan se veut être un bon élément, et tu ne seras pas étonné ni même ravis d'apprendre qu'Hansel est des miens, qu'il n'est pas négligeable, qu'aucune main ne l'est. » Il peut entendre déjà sortir de ses lèvres fines des injures envers ce matelot. Heureusement pour lui, il n'est pas au courant de la relation qu'il entretient avec son supérieur, sinon nul doute que les critiques fuseraient encore plus que maintenant. Il a ses mauvais côtés, lui aussi, ils sont humains plus que quiconque et il ne souhaite en aucun cas se défaire des deux têtes de mule qui passent un temps plus que considérable à se crêper le chignon à l'instar de deux bonnes femmes qui veulent une robe. « Mathilde aussi, étant donné qu'elle est connaisseuse des cargaisons que nous ramenons à la capitale. Je crois qu'à la fin de ce joyeux pétrin ils auront tous une prime, si ce n'est une année sabbatique pour se tuer à la tâche, je les obligerais à finir sur une île les pieds en éventails face au grand large. Quant à toi, tu reprendras la suite parce que bon sang, tu auras de quoi rattraper ton retard ! » Quelle belle expérience de solidarité, on a beau dire ce qu'on veut ; les truands entre eux connaissent la définition de ce mot, certes ils ne sont pas des samaritains qui vont aiguiller la veuve et l'orphelin, cependant ils sont une grande famille qui se protège, qui reste dans son joli cocon et ce n'est pas plus mal ainsi. Reprenant sa bouteille dans la bouche, il se vide encore du liquide avant de la reposer sur le bois craquelant de la cale qui laisse passer peu de lumière si ce n'est celle de la trappe qui mène à l'escalier les ramenant ici. « Aussi, il est vrai que ce n'est pas les aventures que moi j'ai pu vivre. Encore une fois, je n'ai aucune raison de regretter les choix qui m'ont mené jusque-là, parfois j'ai bien envie de te trancher la gorge, de danser sur ta carcasse en décomposition... » Quel glorieux tableau. « Seulement parfois, ce n'est pas la peine de pâlir comme ça ! Au moins vous êtes tous sains et saufs, c'est tout ce qui compte à mes yeux, que l'équipage entier respire à l'unisson, que nous ne formions tous qu'un seul foutu coeur pissant le sang. » Serait-ce les effets secondaires de l'alcool qui agissent sur son esprit ? Peut-être que non, qu'un élan de poésie macabre s'occupe de le manipuler à sa guise jusqu'à ce que Potté le prenne pour un dégénéré qui mérite de se faire faire un tour chez les guérisseurs. Il rattrape le rhum, tend la bouteille dans les airs en ajoutant tout en se marrant dans sa barbe de trois jours. « Hissons le drapeau noir comme dirait l'autre, yo-ho ! » Et il repart en enfance, il oublie son statut d'adulte, laisse aller sa véritable identité qui cachée sous les problèmes de grands n'arrive plus à se faire un passage. Elle y est arrivée, en poussant avec frénésie les fondements de ce navire, elle est là en lui et lui permet de respirer avec une grande facilité. Son attention totalement accaparée par l'ancien félin, c'est un élan de bêtise et de lucidité qui le traverse. Bon sang, que ça peut être bon d'être stupide ne serait-ce que quelques secondes, arrêter de réfléchir, juste se sentir vivre, oui, c'est ça la phrase juste. Se sentir vivre, écouter les poumons se gonfler, le palpitant frapper, les organes se tordre, les yeux admirant un rien qui peut vite devenir merveilleux. Alors, quitte à être idiot, autant l'être avec un autre.
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potté ☾ je peux quand même le dégommer à l’arbalète ? EmptyMar 21 Avr - 23:45



Sinbad et Potté

Ah c’était bon. La jeunesse, l’insouciance, c’était si bon. Quand avons nous grandi si impunément ? Il ne suffit pas de faire semblant pour retomber en enfance. Si c’était le cas ce monde serait foutrement plus beau, et nous serions ivres à ne plus savoir quoi faire. Mais il n’y a aucune potion magique pour remonter les horloges du temps, aucun remède contre la mécanique, les rides et la maturité qui nous gagne. L’univers gonfle à chacune de nos respirations, agrandit son territoire en même temps que nous pourrissons le notre. Le tic-tac incessant résonne sans cesse, faisant grincer nos os si frêles à chaque frôlement. Non, faire semblant ne suffit pas. Porter un masque ou une cape pour cacher notre arrogance nous dévoile en fait bien plus que nous le pensons. Se mettre à nu, dans un espoir vain de se couvrir du mal. Si le rhum était le remède, je serais gris depuis longtemps. Mais je suis là, plus sobre que jamais. Ivre seulement de culpabilité, terré dans une cale qui empeste l’alcool et la sueur de l’homme. Moi qui haïssait cette race plus que toute autre. Aujourd’hui pourtant je suis l’un des leurs. Je porte leur corps, marche comme eux, me bat comme eux. Je n’ai plus rien d’un chat, si ce n’est un maigre pendentif qui pend chaque jour à mon cou, plus lourd encore qu’une épée. Plus lourd que l’amertume. J’ai été maudis à la naissance, et j’ai scellé mon sort dès que j’ai rencontré l’Ogre. Peut-être que tout aurait été différent, si je n’avais jamais quitté Afshin. Peut-être que je vivrais encore avec la certitude de savoir qui je suis, ce que je veux. Peut-être. Mais j’aurais tant loupé. Terminé des liens avant même qu’ils n’aient commencé. Je n’aurais peut-être jamais rencontré tous ceux auxquel je pense aujourd’hui en me réveillant chaque matin, en inspirant chaque souffle, en prenant chaque décision. En arpentant chaque pavé de cette foutue ville. Sinbad, il est exactement l’image qui manquait cruellement à mon existence. La façade froide et distante qui n’avouera jamais ce qu’il ressent, me laissant l’opportunité d’en jouer encore et encore, attendant ses remontrances cruelles et hypocrites, qui ont toujours cet arrière goût amusé et reconnaissant. Pour autant ça ne s’explique pas, ça se vit. Il était là au bon endroit, au bon moment. Et j’ai comme le pressentiment que si j’étais dans la merde, il serait toujours là, au bon endroit, au bon moment.

Son rire ricoche contre le parquet humide de graisse et de rhum. Son rire arpente les murs de bois et remonte jusqu’à la surface, narguant l’horizon. Quand il rit, Septmers se fout de tout et de tout le monde. Donnant cette agréable impression que rien n’a d’importance si ce n’est ce palpitant qui gronde dans la cage thoracique. Ce souffle de vie qui nous pousse à continuer sans nous poser plus de questions. « Tu ne devrais pas te poser cette question. Je vais m'en sortir, comme toujours, selon Kale de toute façon je suis maudit à me sortir des situations les plus douteuses et celle-ci en est une ! Parfois je suis fatigué je te l'avoue, toutefois je ne regrette rien, certainement pas notre collaboration qui fera de nous... » Il marque un temps, réfléchit sûrement à la suite qui aura une répercussion s’il ne prend pas garde aux mots qui sortiront de ces lèvres. Pourtant je ne crains pas ses dires, je ne crains pas ses pensées. La seule et unique chose que je pourrais possiblement craindre, c’est qu’il me laisse croulant sur le bitume, lui aussi. « J'en sais foutrement rien, qui vivra verra ! Nous pourrons mettre des mots dessus quand tu seras enfin totalement sorti de ta cachette poisseuse. Du reste, mes hommes m'aident comme ils le peuvent, je n'hésite pas à leur demander d'y mettre un peu d'huile de coude, en particulier mon second, Lorcan se veut être un bon élément, et tu ne seras pas étonné ni même ravi d'apprendre qu'Hansel est des miens, qu'il n'est pas négligeable, qu'aucune main ne l'est. » Non je n’ai pas peur. Parce que quand Sinbad tient la barre, je sens que je peux franchir n’importe quel obstacle et surtout m’en sortir avec une belle histoire à raconter. Son insouciance poussée par le rhum donne en fait du baume au coeur qui dérouille et laisse bientôt s’échapper les clous mal vissés. Les rôles peuvent s’inverser si vite, si facilement. Si d’ordinaire je suis l’idiot du voyage, le marin qui saute sur la table pour chanter une comptine salace à l’équipage en me foutant de tout et surtout du lendemain, aujourd’hui c’est bien le sérieux capitaine réfléchi qui rit aux éclats et me lance ce regard pétillant révélant qu’il ne craint ni la douleur, ni la mort. Seulement la solitude. Parce que son équipage est tout ce qu’il a de plus précieux, et qu’il donnerait sa vie pour l’un des siens, sans même y songer un instant. « Mathilde aussi, étant donné qu'elle est connaisseuse des cargaisons que nous ramenons à la capitale. Je crois qu'à la fin de ce joyeux pétrin ils auront tous une prime, si ce n'est une année sabbatique pour se tuer à la tâche, je les obligerais à finir sur une île les pieds en éventails face au grand large. Quant à toi, tu reprendras la suite parce que bon sang, tu auras de quoi rattraper ton retard ! » Je prends une nouvelle gorgée de rhum, m’attardant un peu plus longtemps pour savourer ses effets, et bondit du tonneau pour aller récupérer ma dague coincée entre deux planches. Mon rire vient bientôt répondre au capitaine, tout en se gardant. Discret, nerveux, et ma lame vient caresser mes haillons pour enlever toute poussière avant de se ranger dans son petit fourreau. « Au moins j’aurais de quoi m’occuper. » Je me rabats sur mon tonneau pour y retrouver ma place, imitant nonchalamment Sinbad, comme une habitude involontaire de suivre ses mouvements. « Aussi, il est vrai que ce n'est pas les aventures que moi j'ai pu vivre. Encore une fois, je n'ai aucune raison de regretter les choix qui m'ont mené jusque-là, parfois j'ai bien envie de te trancher la gorge, de danser sur ta carcasse en décomposition... Seulement parfois, ce n'est pas la peine de pâlir comme ça ! Au moins vous êtes tous sains et saufs, c'est tout ce qui compte à mes yeux, que l'équipage entier respire à l'unisson, que nous ne formions tous qu'un seul foutu coeur pissant le sang. » Je ne pourrais lui donner plus raison. Quand bien même je m’octroie le droit de grimacer à son insolence, il a plus que raison. Et les années qui passent nous apprennent bien à relativiser les épreuves mises sur notre chemin. J’ai seulement besoin de temps, pour me remettre les idées en place. Mais ce petit discours aura eu raison sur bien des points. Et quant bien même j’aimerais lui dire que ça m’aide, je n’en ferais rien. Quel fou aurait l’audace de se dévoiler ainsi alors qu’il n’a même pas eu la force d’être aux côtés de son ami quand celui-ci en avait le plus besoin ? Ce serait une nouvelle chute, une nouvelle fuite. Encore. « Hissons le drapeau noir comme dirait l'autre, yo-ho ! » Son goulot flotte en l’air, tandis que ses lèvres se jouent d’un rire sans conséquence. Et lorsqu’il porte la bouteille à ses lèvres, mon regard le suit, le détaille, cherche une faille. Mais je ne vois qu’un mur insubmersible, et c’est peut-être mieux comme ça. Alors je ris à mon tour, glorieusement, quoiqu’un peu amèrement tout en portant le goulot de ma bouteille à mes lèvres sèches, laissant le poison exécuter ce qu’il sait faire le mieux. « J’ai une entière confiance en toi, tu es d’ailleurs le seul en qui j’ai réellement confiance. Je ne me fie pas aux femmes, ce sont des succubes qui retournent le cerveau. J’ai peur pour ma peau. Je sais qu’avec toi cette entreprise prendra plus d’ampleur qu’elle n’en a déjà. Nous pourrions gouverner ce royaume, tu sais. Je suis certain que dans quelques temps, nous aurons plus de ressources pour le peuple que le château, qui perdra tout dans ses reconstructions. Cela pourrait laisser du temps aux Lames d’arbitrer une nouvelle attaque. » La bouteille reste sagement posée près de moi, comme si elle pouvait s’échapper je garde un oeil passif dessus, observant les reflets qu’offrent les bougies encore allumées de la cale. « Mais je ne sais pas réellement, j’ai besoin de temps et de recul. D’ailleurs j’ai plus besoin d’avoir la Reine entre mes griffes que de nouveau du sang sur les pattes. Je sais que tu sauras quoi faire, quoi dire en mon absence, et comment rallier les troupes. Oh, bien des gens vont tourner le dos aux Lames, mais j’ai confiance en toi, tu ferais un bien meilleur dirigeant que moi si nous avions les mêmes idéaux. » Pour une fois, on entend bien un compliment sincère expirer de mes lèvres, se frayer un chemin jusqu’à nous, subrepticement. Peut-être est-ce moi, peut-être ai-je du mal à le reconnaitre mais Sinbad saura que c’est réellement ce que je pense, et qu’après tout, ça ne change pas grand chose. J’attends simplement quelques secondes avant de redécouvrir ses prunelles marquées de sagesse, ses prunelles qui me quittent rarement de leur champ de vision. « Pour ce qui est d’Hansel, s’il fait son travail et tant que je n’ai pas à croiser ce merdeux, tout ira bien. C’est toi qui commande Septmers. Ce qui m’inquiète le plus c’est sa soeur, et Shéhérazade. On a beau être là à picoler comme de joyeux lurons dans ta vieille bicoque, tu sais comme moi que ces femmes causeront notre perte. Je ne voyais qu’une place pour Gretel, auprès de son frère. Maintenant, avec ce qui est arrivé et ce qu’il va se passer, je doute qu’elle ait sa place ici. Et ta Princesse qui a bien failli me trancher la gorge, ça ne m’étonnerait pas qu’elle retourne faire du grabuge à Afshin. »


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