Il était une fois, dans une contrée éloignée de Fort Fort Lointain, naquit un petit garçon de noble lignage. Il s'appelait Lancelot. Rapidement cependant, Vivianne Dulac - appelée aussi La Dame Dulac - une sorcière blanche qui avait de grands projets pour cet enfant, l'enleva. Elle n'était pas mauvaise, pourtant, et bien que cela lui brise le cœur de devoir séparer une mère de son enfant, elle se devait de mettre cet enfant sur sa destinée coûte que coûte. Elle partit avec l'enfant dans sa maison près d'un immense lac et commença son éducation dès qu'il fut en âge. Il apprit à être un homme bon et juste, bien que droit et féroce envers ses ennemis. Il apprit aussi à respecter la gente féminine, pour leur valeur et leur aide si précieuse à la création de la vie, cette vie que Vivianne chérissait tant. Il grandit seul avec Vivianne, avec pour seule idée, celle d'accomplir sa destinée. Son but ? Devenir Chevalier.

Si Vivianne avait de grands projets, elle n'était cependant pas presciente et ne pouvait savoir à l'avance l'amour qui unirait son protégé et une jeune fille. Il la rencontra lors d'une promenade dans la forêt. Il savait qu'il y avait un couvent non loin, mais on lui avait expliqué que les gens vivant-là ne sortaient que peu. Ce fut donc par un concours de circonstances heureux que le chevalier en herbe trouva cette jeune fille, visiblement de son âge (une quinzaine d'années, environ), qui allait à la cueillette aux champignons et sur le point d'en cueillir un venimeux. Sans réfléchir, Lancelot s'élança vers elle et stoppa promptement sa main avant qu'elle ne touche le champignon. La jeune fille fut effrayée par une telle surprise et se figea net. Le jeune homme, se rendant compte de sa brusquerie, relâcha son poignet, et s'excusa.

"Désolé, je ne voulais pas vous effrayer, mais vous alliez cueillir un champignon venimeux. Il aurait été dommage que vous tombiez malade..." la jeune fille plissa les yeux, comme pour tenter de juger si elle pouvait lui faire confiance ou non. Finalement, elle relâcha la respiration qu'elle retenait et sourit timidement au jeune homme.
"Merci. J'aurais eu l'air d'une belle imbécile si j'avais rendu malade la moitié du couvent..." à ces mots, Lancelot fit deux pas en arrière, ce qui intrigua la jeune femme "Que se passe-t-il? Je vous effraie ?" Elle semblait blessée et il prit soin de rectifier la situation.
"Non, Milady. Mais vous êtes du couvent et j'ai cru comprendre que vous n'étiez pas à approcher de trop près un homme. Je respecte les vœux que vous avez pu prononcer."
"Une attitude qui vous honore Monsieur...?" Quand il ne répondit pas tout de suite, elle reprit "Ne puis-je pas connaître le nom de mon sauveur?"
"Lancelot."
"Eh bien Messire Lancelot, vous fûtes d'une grande aide, mais maintenant, je dois retourner à ma cueillette." Elle fit deux pas avant de se retourner "Au fait, je me nomme Guenièvre." Sur ces quelques mots, elle partit en courant vers le couvent et Lancelot repartit vers la maison de la Dame Dulac.

Au fil des deux années qui suivirent, les deux jeunes gens se retrouvèrent toutes les semaines, le temps d'une cueillette ou d'une balade et un amour clair et pur naquit entre eux. Jamais aucune action inappropriée ne fut échangée entre eux, à peine un baisemain échangé, mais Lancelot était sûr de ses sentiments envers elle. Quand Vivianne voulut savoir ce qu'il se passait, le jeune chevalier lui expliqua qu'il était amoureux. Ce à quoi elle répondit avec enthousiasme qu'il devait chérir ces sentiments, car l'amour est la force la plus puissante, ce n'était pas pour rien que la plupart des enchantements se résolvent ou s'annulent grâce à un baiser d'amour véritable...il ne révéla pas l'identité de la demoiselle à Vivianne. Ce qu'elle comprit. Peut-être aurait-elle dû insister à cette époque...

Vint le temps de quitter Vivianne pour accomplir sa destinée: devenir Chevalier auprès d'un seigneur. La sorcière lui remit une chevalière pour lui porter chance et lui laissa la journée pour préparer ses sacs et se divertir une dernière fois ici avant qu'il ne parte. Il se dirigea directement dans la clairière où Gwen et lui se donnaient rendez-vous et l'attendit. Il ne pourrait pas partir sans lui dire au revoir (même s'il se doutait que ce soit des adieux). Quand elle arriva, le grand sourire qu'elle avait aux lèvres se dissipa devant la mine sombre de son ami.

"Qu'y a-t-il Lancelot? Un problème?"
"Je dois partir Gwen."
"Comment? Quand? Et pourquoi?!"
"Pour accomplir ma destinée. Je vais devenir chevalier. Je pars demain à l'aube." Il pouvait voir des larmes poindre dans les yeux de la jeune femme.
"Gwen..." elle le coupa d'une main et sortit quelque chose de sa poche avant de le tendre à Lancelot.
"Prends ce pendentif. Ainsi, tu ne m'oublieras pas." Le chevalier en devenir fit ce qu'on lui indiquait et se saisit du pendentif, l'observant un instant avant de l'ouvrir, découvrant des petites fleurs pressées à l'intérieur, sous une fine plaque de verre. Il haussa les sourcils à leur vue. "Ce sont des Myosotis...Dans le langage des fleurs elles veulent dire « ne m'oublies pas »"
"Une signification fort appropriée pour un tel cadeau." Peut-être se serait-il douté que quelque chose clochait s'il n'avait pas été aussi submergé par des sentiments contradictoires. "Je suis désolé, je n'ai rien à t'offrir...je n'ai pas eu le temps..." il grogna "Je peux cependant te promettre de ne pas t'oublier. Jamais."
"Dans ce cas, je n'ai pas besoin de plus de preuves." Elle observa le soleil descendre doucement sur l'horizon et soupira "Il te faut rentrer, je suppose..." il hocha la tête et se releva, tendant une main à la jeune femme pour l'aider. Elle en profita pour l'enserrer dans une étreinte emplie d'émotion "Fais attention à toi, Lancelot Dulac..."
"Je te le promets, Guenièvre."

Il rentra chez lui, fit ses bagages et, le lendemain à l'aube, partit avec la bénédiction de Vivianne.

Avant de devenir un véritable chevalier, il lui fallait passer des épreuves. Morales, physiques, de valeurs...La plupart dont il ne pensait même pas être des épreuves. Être un chevalier ne veut pas seulement dire savoir manier une épée ou encore savoir gagner une guerre quand on en a besoin. Ça veut aussi dire être Juste. Honnête. Loyal. Bon...Lancelot avait appris à être tout cela, mais il avait aussi ses défauts. L'impulsivité, sa franchise parfois mal placée... Pourtant il passa ses épreuves au long de son voyage et, après un an de voyage, parvint au château du Seigneur Arthur. L'homme que lui avait indiqué Vivianne.

À son arrivée, il se présenta comme Lancelot Dulac, chevalier errant et sans attaches, cherchant à rencontrer Arthur. Une audience lui fut autorisée et il rencontra Arthur, seul. Ce qui ne l'étonna pas, bien qu'il ait entendu la nouvelle de son récent mariage. Ses capacités furent testées, aussi bien à l'épée qu'au corps-à-corps ainsi que ses valeurs. Tout se passa comme le voulait Vivianne, il devint un chevalier de la Table Ronde. Jusque-là, bien que demandant, tous les tests étaient attendus du jeune homme. Pourtant, son plus grand test l'attendait encore. Ce fut le soir, au banquet d'accueil, que cet ultime test se présenta.

"Ah, il ne manquait plus que vous Milady. Lancelot, je vous présente mon épouse, Lady Guenièvre." S'il avait été en train de boire, il était certain qu'il se serait étouffé en entendant le nom. Il se leva, par respect pour la femme de son seigneur, et reconnu celle qu'il aimait. Il resta figé un instant avant de s'incliner en une révérence formelle.
"Un honneur, Milady."

Il ne dit pas un mot de plus dans la soirée. Feignant une joie qui n'était plus. Oui, il avait réussi à entrer comme chevalier au service d'Arthur, mais rien au monde ne l'avait préparé à cette douleur. Le soir même, Guenièvre demanda à le voir dans un des salons du château. Seuls à seuls, bien que tous pensent qu'il y aura forcément la dame de chambre. Dire que l'ambiance était tendue était un euphémisme. Lancelot ne savait pas quoi dire. Elle n'était plus cette jeune fille du couvent qu'il avait connu, elle était la femme de son Seigneur et il ne pouvait se permettre les quelques familiarités qu'ils avaient eues auparavant. Plus maintenant. Ce fut donc Guenièvre qui prit la parole la première.

"Je suis désolée Lancelot. Je n-"
"Le saviez-vous ?" elle cligna des yeux. Le vouvoiement était de rigueur maintenant et elle sembla triste un instant avant de se recomposer. "Saviez-vous que vous deviez vous marier, quand je suis parti ?"
"Oui." Il serra les poings si fort que ses phalanges blanchirent sous ses gants "Mais vous partiez. Qu'aurais-je dû faire ?"
"Rien, je suppose..." il se sentit abattu par cette évidence. Comment aurait-elle su qu'il deviendrait un chevalier au service de son futur mari ? Et même, qu'aurait-elle fait ? "Je pense que, pour notre bien à tous, il vaut mieux oublier tout ce que nous avons vécu avant d'arriver dans ce château..."
"Oui. C'est plus sage."
"Si vous n'avez besoin de rien d'autre Milady...Je vous laisse retourner auprès de votre époux."

Il quitta la salle après une courte révérence. Pour le moment, il devait s'éloigner, se calmer et raisonner logiquement à tout cela. Cette nuit-là, Lancelot faillit jeter au fond d'un lac le pendentif qu'elle lui avait donné, mais il ne put le faire. Malgré son omission et cette découverte douloureuse, il l'aimait toujours. C'est ce qui lui fit prendre cette résolution de toujours chercher à la protéger, coûte que coûte, quitte à donner sa vie pour elle, même si elle ne pouvait jamais retourner les sentiments qu'il lui offrait.

Des années s'écoulèrent ainsi. Riches en quêtes, en batailles, en manigances déjouées, mais aussi en joies, en festins et en rencontres...Tout aurait pu continuer ainsi durant des années, lui et Guenièvre restant sur une relation tout à fait platonique et appropriée pour un chevalier et la femme de son seigneur. Puis elle fut enlevée. Pendant des années, Lancelot est resté calme, réservé, même auprès de ses compagnons d'armes et laissant Guenièvre vivre la vie qu'elle méritait, même si ça le tuait intérieurement. Mais lorsque la nouvelle de son enlèvement lui parvint, il vit rouge et entra en trombe dans la salle de la Table Ronde où siégeaient déjà Arthur et quelques autres chevaliers.

"Je vais la chercher Arthur. Je ne peux pas laisser un tel crime envers toi impuni" ou la laisser aux mains de malfrats, lui susurra sa voix intérieure. Arthur le jaugea un instant et sourit.
"Je n'en n'attendais pas moins de toi Lancelot. Pars et emmène Kay et Gauvain avec toi. D'après ce que j'ai découvert, c'est Méléagant qui l'a enlevée."
"Un des nôtres ?! Le rat !" puis un détail l'intrigua. "Vous ne venez pas Messire Arthur ?"
"Je ne le peux. Mon fief est en situation délicate avec nos voisins, je dois rester ici...mais j'ai une confiance absolue en toi Lancelot. Si quelqu'un peut sauver Guenièvre, c'est toi." Il sentit une pointe de culpabilité l'envahir en entendant ces mots. S'il savait les véritables raisons qui le poussent à aller sauver sa femme...
"Je la ramènerais saine et sauve, ou je mourrais en essayant."

Ils se mirent en chemin vers le fief de Gorre, fief de Méléagant, le vile qui a osé enlever la femme qu'il aimait. Tous connaissaient Lancelot comme un homme féroce avec ses ennemis, mais il était juste. Ici, il n'était pas dit qu'il soit juste. Uniquement féroce ; ou plutôt, impitoyable...Sur la route, plusieurs épreuves se posèrent à eux et Gauvain en rata une, l'obligeant à les laisser. Par la suite, Kay se fit capturer par les hommes de Méléagant. Lancelot se retrouvait seul, mais loin de se décourager, il usa de subterfuges pour se dissimuler et arriva à s'introduire dans le fief sans se faire repérer. Il arriva dans le château et Méléagant et s'engagea dans un combat pour la libération de la reine. Jusque-là, le chevalier garda son identité secrète. Seulement, le duel se fit interrompre et Lancelot fut contraint de révéler son identité, ce qui résulta en son emprisonnement.

Durant la nuit, Lancelot réfléchissait à un moyen de se sortir de là quand il entendit des pleurs de l'autre côté de la grille qui séparait sa cellule de l'autre. Les cellules étaient sombres, il n'avait pas remarqué qui était dans la cellule adjacente à la sienne...

"Guenièvre ? Est-ce toi ?!"
"Lancelot ?!" elle se rapprocha de la grille et le vit, dans la même situation que lui "Mon dieu Lancelot, toi aussi tu t'es retrouvé enfermé ici...Par ma faute..." et si elle ne fit pas un bruit, il savait qu'elle pleurait.

Il avait pu voir les traces que les lourdes larmes avaient déjà laissées sur ses joues. Il n'avait qu'une envie, la faire arrêter de pleurer. Il observa la grille, et remarqua des barreaux mal scellés dans la pierre. Il les fit sortir de leur scellage et s'introduit dans la cellule de sa Dame. S'il avait compté simplement la réconforter, rien ne se passa comme prévu et ils finirent par faire ce qu'ils s'étaient promis de ne jamais faire : agir sur les sentiments qui les animaient tous les deux. Ils ont commis l'irréparable et ce fut encore une chance qu'ils se réveillèrent avant que les gardes ne viennent apporter le maigre repas auquel ils avaient droit. Il était retourné dans sa cellule, mais il y avait des preuves indéniables qu'il s'était passé quelque chose. De ce qu'avait vécu la Dame durant la nuit et il fut tout à fait logique pour Méléagant d'assumer que Lancelot était la partie manquante de l'équation. S'il avait raison, aucun des deux ne l'avoueraient. Ils avaient leur honneur à préserver et Lancelot, tout particulièrement, ne voulait pas priver Guenièvre de son mari pour une faiblesse qui n'aurait jamais dû avoir lieu. Même le père de Méléagant lui avança que ce n'était que des sornettes. Cependant, Lancelot y vit là un moyen de libérer Guenièvre, Kay et lui-même.

"Je te propose un duel Méléagant. Si je gagne, l'honneur de Milady est sauf et tu relâches Milady Guenièvre et Kay. Si je perds...Tu feras de moi ce que tu souhaites."
"Très bien Lancelot, voyons si tu es aussi fine lame que ta réputation te le prête."

Un duel s'engagea alors, sous les yeux inquiets de Guenièvre et ceux, inquisiteurs, du père de Méléagant. Un duel au premier sang versé, habituel et non-mortel, bien que l'envie d'embrocher cette infâme créature de son épée soit plus que présente chez le chevalier. Lancelot remporta le duel et le perdant le prit assez mal. Cependant, sur insistance de son père, Méléagant fut contraint de relâcher Guenièvre et Kay qui retournèrent vers le fief d'Arthur. Lancelot allait les suivre quand il fut emprisonné à nouveau.

"J'ai dit que je relâcherai Guenièvre et Kay, je n'ai jamais mentionné ton nom, Lancelot Dulac..."
"Tu n'as donc aucun honneur !"

Il ne fut pas gratifié d'une réponse, mais il n'en attendait pas, pour être honnête. Il n'était plus temps de faire dans la finesse. Il usa de ruse et de force brute pour sortir de sa cellule et, finalement, s'échapper du château. Alors qu'il allait partir à cheval (volé à Méléagant, bien évidemment), il lui donna rendez-vous chez Arthur, s'il voulait sa revanche. Méléagant n'étant pas homme à refuser un duel, surtout pour son honneur, il prit la route du fief d'Arthur lui aussi et lança des hommes à la poursuite de Lancelot, afin de le retarder voire de l'arrêter et briser son honneur face à toute la Table Ronde. Et il fut bel et bien retardé, son cheval, blessé à la patte postérieure droite ne put pas faire un pas de plus et il dû finir par d'autres moyens.

Pendant ce temps, Méléagant était arrivé à la Table Ronde et bien qu'Arthur le sache coupable de l'enlèvement de Guenièvre, le fait qu'il vienne réclamer un duel lancé par Lancelot l'empêchait de l'enfermer sur-le-champ. Méléagant pensait avoir réussi à faire perdre suffisamment de temps à Lancelot – voire à le tuer dans l'idéal – qu'il s'exclama, fier et pompeux.

"Je vois que Lancelot tiens encore moins à son honneur qu'au respect qu'il doit à son seigneur..." mais Lancelot arriva dans la salle à ce moment-là.
"Je vais faire comme si je n'avais rien entendu, Méléagant. Et t'entendre parler d'honneur me rend malade."

Méléagant jura dans sa barbe et ils entamèrent un nouveau et ultime duel. Il ne fut pas facile. Lancelot était fatigué par le voyage qu'il venait de faire et n'avait pas correctement dormi ni mangé depuis plusieurs jours déjà. Il crut un instant qu'il allait perdre ce duel, mais un seul regard vers Guenièvre et la pensée de ce que ce rat avait fait à sa Dame lui donnèrent la force nécessaire pour le battre et alors qu'il était au sol sur les marches menant aux trônes, Lancelot hésita une seconde à simplement le tuer. Cela éviterait beaucoup de problèmes aussi bien à lui qu'à Guenièvre. Pourtant, malgré le cri de rage qu'il poussa, il se contenta d'une écorchure à la poitrine de son adversaire avant de tourner le dos et de quitter la pièce. Il avait gagné son duel, il n'avait pas besoin des félicitations de quiconque, il n'était pas là pour la gloire.

De retour dans sa chambre, Lancelot fut surpris d'entendre des coups à la porte. Sa surprise grandit en voyant entrer Gwen quand il donna l'autorisation d'entrer.

"Tu ne devrais pas être là Gwen..." il n'avait pas la force de prétendre, pas maintenant, pas quand ils étaient seuls, après ce qu'ils avaient vécu chez Méléagant.
"Je sais. Pourtant ma raison ne semble pas prompte à me conseiller ce soir..." ils s'observèrent un instant avant de se jeter dans les bras l'un de l'autre dans une étreinte soulagée, cachés, il semblerait, des yeux indiscrets "J'ai eu si peur pour toi Lancelot. Je ne te voyais pas arriver..."
"Shh...tout va bien maintenant..." elle remarqua le pendentif qui pendant autour de son cou.
"Tu l'as gardé...Tu as toujours les Myosostis..."
"Je t'avais promis de le conserver, n'est-ce pas ?"

Ils restèrent en compagnie l'un de l'autre encore plusieurs heures, sans que rien de plus que cette étreinte ne soit échangée, mais cela suffit à alimenter, à cause d'une servante un peu trop curieuse, de nombreuses rumeurs sur les deux amants. Guenièvre avait demandé à Lancelot de ne pas chercher à laver son honneur à elle, car cela ne ferait que confirmer les dires. Alors il encaissa en silence les regards, les murmures sur son passage, se renfermant un peu plus chaque jour passant. Arthur était toujours aussi prompt à prendre sa défense et à défier quiconque oserait insinuer que sa femme soit infidèle. Il semblait au chevalier Dulac qu'Arthur en savait plus qu'il ne le laissait paraître sur toute l'histoire, mais il cachait bien son jeu et de toute façon, personne n'osait contredire ouvertement le Seigneur des lieux. Cependant, ces rumeurs pesaient sur le château et Lancelot prit alors la décision de quitter Arthur et la Table Ronde.

"Est-ce là ta décision finale mon ami ?"
"Oui Arthur. Je ne veux pas risquer que l'honneur de Lady Guenièvre soit un peu plus salit à chaque jour que je passe dans ce château. Ce fut un véritable honneur de te servir Arthur, et j'espère que ton règne durera encore longtemps."
"Ce fut un honneur de t'avoir comme chevalier et comme ami, Lancelot Dulac. Puisse la bénédiction des dieux être avec toi durant ton voyage."

Guenièvre lui fit savoir qu'elle attendrait de ses nouvelles. Il ne répondit pas. Il ne comptait pas garder contact avec elle, ce serait à la fois trop douloureux et trop dangereux pour elle. Il partit à l'aube, comme en ce jour fatidique il y a 12 ans déjà. Son voyage fut long mais peu mouvementé, hormis pour quelques brigands de grands chemins qui tentèrent de le voler, mais bien mal leur en pris. Il finit par arriver à Fort Fort Lointain, où il n'hésita pas une seconde à entrer dans les services d'ordre. Cependant, il avait pris la décision de cacher qui il était réellement et se faisait passer pour un simple manant sachant se servir d'une épée et voulant aider son Roi et sa Reine. Il alla par le nom de Lance.

Quand la Reine Fée arriva au pouvoir, rien ne changea vraiment pour Lancelot et cela fait à présent deux ans qu'il vit à Fort Fort Lointain, loin de son Seigneur légitime et loin de Gwen.