Bal de noël

winter's tale

C'est à croire que le temps répond aux évènements que Fort Fort Lointain veut bien organiser. La neige tombe, et, à peine a-t-il passé la grande porte en compagnie de sa bonne fée que ses narines se font agresser des odeurs alentour, alors que la musique s'occupe de perturber ses oreilles, le faisant jusqu'à grimacer. « La Duchesse Plumosucre accompagnée de Poucet Cailloublanc ! » Bigre, lui qui ne voulait pas se faire remarquer - trop tard pour filer en douce. C'est qu'il en a fait des efforts malgré tout pour être présentable le maître d'armes ! De violet foncé vêtu de la tête aux pieds pour changer des habitudes, son épée bien glissée dans son fourreau paraît de mise puisqu'en plus de servir de cavalier à la Duchesse Plumosucre, il semble malgré lui chargé de surveiller ceux qui sont soupçonnables de perturber cette mise en scène grotesque de la reine pour se faire apprécier de tous. Sa chevelure, elle, pour une fois n'est pas si sauvage, surmontée en un chignon pour rendre son visage encore plus visible, sa mine reste stoïque alors que sa compagne paraît sortir d'un rêve. Sa robe blanche contraste bien avec la créature de la nuit qu'il est, et les dorures mettent en valeur ses richesses. Bon sang, c'est à en rire jusqu'à s'étouffer, tout ici a de la signification, et bien sûr tous les honneurs reviendront au bourgeois le plus clinquant de cette soirée. Pinçant sa lèvre inférieure dans un ultime supplice, quelques convives dansent déjà au milieu de la salle pendant que d'autres préfèrent se goinfrer de petits fours et de sucreries. La décoration ne semble pas tant l'intéresser, bien que à ne pas en douter, la famille usurpatrice ait tout mis en oeuvre pour que jamais ô grand jamais ce rendez-vous pédant ne soit oublié. Poucet en gardera une certaine amertume, c'est un fait indéniable, s'avançant un peu dans la foule en compagnie de Dragée, celle-ci reçoit quelques salutations auxquelles elle répond poliment un petit hochement de tête. Il n'est pas là depuis cinq minutes qu'il souhaite déjà se faire la malle. Malheur, l'immense porte d'entrée blanche semble déjà lui affirmer que c'est trop tard. « Je commence à penser que tu devrais me payer pour t'avoir accompagné ici. » Qu'il murmure le plus bas possible en évitant soigneusement de croiser son regard perçant. Faire office de présence est déjà un début, et pour ce qui est de guincher ? Par Merlin, il prie pour ne pas subir tel supplice ! Non pas qu'il ne sache pas utiliser ses bottes, les arts de la guerre étant une danse à eux-même, il sait très bien qu'un, deux, et trois ce n'est pas fait que pour calculer. Toutefois, se mettre en scène comme le font des couples lui déplaît lourdement, même si à la réalité, les violons ne sont pas si ragoutant que cela. « Je suppose, assurément, que tu ne me laisseras pas le bénéfice du doute quant à la danse ? » Pourquoi donc est-ce qu'il se donne la peine de poser la question ? Connaissant sa protectrice, elle usera d'un battement de cils pour le faire tomber à la renverse. Les femmes, qu'elles sont hypnotisantes, surtout quand elles jouent un double-jeu. Son regard en croise des autres, des Comtes, des Marquises, des rangs bien plus haut que l'enfant de la terre qu'il est. Fronçant les sourcils, il semblerait que la capitaine de la garde n'a pas été épargnée elle aussi, en revanche elle paraît bien plus détendue que le combattant. Définitivement, la soirée risque d'être longue. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour avoir droit à de la gratitude, tout de même. Léger sourire de façade, il se donne le droit de porter un masque comme le reste des invités qui se cachent derrière du maquillage pour éviter de mettre à nu leurs visages démoniaques.
Et Poucet se dit que ça ne pourrait pas être pire.

Bal de Snowel

And there were stars in her eyes, so much it blinded the night sky

Un bal…Un bal ?! Comment ça la reine organisait un bal pour Noël ? Enfin, vous me direz, ce n’était pas aussi surprenant que cela. Moi et les autres du cirque avions plusieurs fois participés à des bals organisés par des grands châtelains et toute leur petite cours afin de les divertir. Eh bien pour ce bal-là, la Reine Fée pouvait aller se brosser avec du crin de licorne si elle le voulait, ce n’était pas moi qui irait faire le pitre pour faire plaisir aux gens. Surtout que vu la personne, ça aurait encore demandé des milliards de détails, des paillettes partout et des trucs et des machins je ne savais pas trop quoi encore. Alors merci, mais non merci. Les paillettes ça ne m’allait pas, de un, et de deux, un artiste a son propre style et devoir l’envoyer en enfer pour en refaire un complet uniquement pour faire plaisir au commanditaire, non. Ce n’est pas comme cela qu’on travaillait, que je travaillais en tout cas. Le fait que je sois contre le règne de cette Fée ne devait y être pour rien d’ailleurs, mais ceci était un tout autre sujet. Je n’irais pas, de toute façon ; un message pour les rebelles venait de paraître et je ne pouvais pas ne pas y répondre.  

Enfin, c’était ce que je comptais faire, jusqu’à ce que Vassilissa ne vienne me voir, toute heureuse, avec l’invitation dans la main. Elle me parla en long et en large comme quoi elle rêvait d’y aller, qu’elle aimait les bals et danser…Bref, la totale. Pour être tout à fait honnête, je la voyais très bien dans ce genre d’évènement. Elle avait la grâce, la beauté et la prestance pour se trouver dans un château et dans un bal sans avoir l’air hors contexte. Je ne la connaissais pas tant que cela et en savais encore moins sur son passé, chose qu’elle gardait farouchement pour elle. Je n’allais pas mentir, la curiosité était bien présente d’en savoir plus sur elle, mais je n’étais pas un goujat. Rustre sur les bords, complètement (je suis un homme brut, vous voyez), mais pas un goujat et jamais je ne voudrais la forcer à me dire quoi que ce soit, elle qui était si gentille avec moi. C’est pour cela que je lui ai dit que oui, j’irais avec elle.

Quoi ? Elle me logeait gratuitement, je pouvais bien lui accorder une soirée de ma vie de rebelle. Moi qui comptais m’habiller avec ma tenue habituelle, je me suis vite ravisé sur l’idée en voyant l’expression d’horreur sur le visage de la blonde. Ah. Parce qu’il y avait un code vestimentaire en plus ? J’ai eu beau lui faire tous les yeux doux du monde, elle campait sur ses positions. Elle nous ferait des tenues dans les couleurs de l’évènement un point c’est tout. J’ai bien tenté de lui faire voir que ça allait lui demander beaucoup trop de travail pour qu’elle soit en état de profiter de la soirée dans ces conditions, mais elle me fit vite comprendre qu’elle prenait le risque. Bien. Nouvelle tenue ça serait donc. En attendant, je lui préparerais un de ses plats préparés, ne serait-ce que pour lui donner courage pour cette tâche longue et pas facile.

En tout cas, si je devais reconnaître une grande qualité de Vassilissa, c’était bien sa détermination. Et son talent avec une aiguille. Quand j’ai vu la tenue, j’ai haussé les sourcils, pour deux raisons. Premièrement, je me voyais pas tellement dans ce genre de tenue, ça n’était pas vraiment moi. Deuxièmement, oh mon merlin, elle avait fait un travail de folie. Si le pantalon noir et la chemise restaient simples, la veste/tunique (je n’étais même pas sûr de comment s’appelait ce vêtement mais j’étais trop effrayé pour demander) était d’un mauve doux et absolument magnifique. Il ne nous restait que deux heures pour être prêt et arriver au bal alors elle m’envoya filer m’habiller. Ce que je fis sans demander mon reste. Bon, le pantalon, la chemise, la tunique et l’écharpe à placer artistiquement autour du cou, je voyais comment ça se montait et je les enfilai sans trop de soucis. Cependant, il me restait une pièce d’habit avec laquelle je ne savais pas quoi faire…C’est pour cela que retournais dans le salon pour demander de l’aide à Vassilissa.

"Euh…Vassi…C’est censé être qu-" je fis un arrêt net en arrivant dans le salon. Elle se tenait devant le miroir au mur, se coiffant, dans une magnifique robe blanche. Je clignais des yeux deux trois fois avant de me ressaisir "Wah…tu es…Wah." Oui je sais, j’étais l’éloquence incarné en cet instant. Je m’éclaircis la gorge et repris "Tu peux m’aider avec ça ?" je lui désignai l’étoffe de tissu dans ma main et elle vint m’aider. Aaaah, c’était donc une ceinture large. Fallait le savoir tout de même.

Enfin, nous arrivions au Château de la Reine Fée et faisions à présent la queue pour entrer. Après s’être fait inspecter de la tête aux pieds pour voir si nos tenues étaient suffisamment bien pour sa majesté, nous sommes invités à entrer.

"Mlle Vassilissa Labelle et M. Alexei Trainesavate !"

Ouais, bah pour la discrétion on repassera. Bon sang, les tenues qu’elle avait confectionnées étaient magnifiques, mais je n’étais pas franchement à l’aise dedans. Surtout le pantalon, j’avais l’impression de l’avoir enfilé à l’envers, pourtant j’avais bien demandé à Vassilissa si j’avais tout enfilé correctement. On avançait doucement dans la salle, elle observant le tout avec des yeux brillant d’étoiles, moi an lorgnant sur le buffet. Je me penchais vers ma cavalière pour lui dire à l’oreille.

"Au moins on mangera bien ce soir…"

Avant de tenter de replacer pour la centième fois, et le plus discrètement possible, mon pantalon afin d’y être plus à l’aise. Heureusement que la musique était trop assommante pour me donner envie d’y emmener Vassi danser, sinon j’aurais du mal à danser correctement là-dedans…

Le bal de Gnowël

Goûtons voir si le vin est bon

Des flocons de neige tombaient lentement autour de la foule amassée devant les grandes portes du château. Perceval ne put s'empêcher de resserrer dans un geste qu'il espérait discret sa cape autour de lui pour se couvrir. Depuis l'affreuse semaine passée qu'il avait passé alité à Yasen, il avait le froid en sainte horreur. Il avait hâte de rentrer dans la salle de bal. Il imaginait déjà le buffet croulant sous le poids de la multitude de délicieux mets et de nombreuses boissons.

Perceval avait déjà assisté à des bals royaux comme celui-là, à l'époque où Harold et Lillian siégeaient sur leurs trônes, en tant que chevalier du château. Serait-ce la même chose ou Marraine la Bonne Fée avait-elle voulu faire quelque chose de totalement différent ? Enfin, tant qu'il y avait de quoi boire et de quoi manger, Perceval serait content.

La foule avançait lentement comme chaque invité voyait sa tenue vérifiée et son nom appelé avant de pouvoir entrer finalement au cœur même de la fête. Perceval n’avait pas prévu d’arriver si tard. Au contraire, il se souvenait de la manière dont ça se passait et il avait essayé de venir le plus tôt possible pour éviter la grosse foule. Hélas, il s’était rendu compte au dernier moment que son pantalon était troué sur l’arrière, et bien qu’il comptait garder sa cape, il avait préféré prendre le temps de recoudre le maudit trou au cas où. Et ne parlons pas de ses cheveux ! Perceval ne prenait jamais trop le temps de les coiffer, juste un coup de brosse le matin pour défaire les gros nœuds et puis c’était bon. Mais il avait voulu faire un effort pour l’occasion et c’était escrimer à bien nettoyer et démêler sa crinière blonde. Pour se retrouver à se les geler.

Le chevalier regardait autour de lui, ignorant les bruits des conversations autour de lui. Il remarqua quelques différences dans le château depuis la dernière fois qu’il y était venu il y a plusieurs années déjà.

Enfin Perceval atteignit les grandes portes du château, et pouvait apercevoir celles de la salle de balle. Il pouvait déjà sentir ses doigts gelés se réchauffer à la chaleur du hall et il ne put retenir un soupir de soulagement.

Les modifications apportées par la Marraine la Bonne Fée étaient plus visibles à l’intérieur même du château, et Perceval le constata avec grand étonnement. Il semblait que toute trace des rois et reines précédentes avaient été effacées pour laisser la place à la Marraine et son fils Charmant. Perceval n’était pas certain de trouver ça de très bon goût…

Tout à sa contemplation, il ne remarqua pas la jeune femme qui se précipitait vers la sortie et se fit heurter de plein fouet par la demoiselle.

Perceval la retint instinctivement d’une main sur son bras et remarqua qu’elle rougissait tandis qu’elle s’excusait, le regard baissé.

Il laissa échapper un petit rire et secoua la tête.

« Ce n’est pas de votre faute, assura-t-il de son habituelle voix calme. J’aurais dû faire plus attention et vous laisser passer. »

Il se pencha légèrement, essayant de croiser le regard de la jeune femme. Il vit alors qu’elle semblait être dans un grand état de détresse.

« Vous allez bien ? Que s’est-il passé ? ne put-il s’empêcher de demander. »

Après tout, sa mère l’avait bien élevé, et Perceval ne pouvait pas ne pas secourir une demoiselle dans un tel état.

Le grand soir. Enfin. Tu balançais entre impatience et appréhension depuis que tu étais revenue du travail, invitation à la main. Un bal. Toute la Cour serait présente, et la reine, avec toute sa générosité, vous avait autorisés, vous pauvres gueux, à y assister. Tu avais pris ta journée pour vous confectionner, à toi et Alexei, des tenues digne de l'événement ; tout n'était qu'une question d'apparence, que ce soit les habits que les convives portaient, ou les sourires hypocrites qu'ils affichaient pour faire impression. Pour la majorité des couturiers que tu connaissais, réaliser une robe et un costume de bal en une journée relevait de l'impossible. Mais tu te savais plus douée lorsque tu étais sous pression. Alors certes, l'idée d'arriver mal habillée au bal était moins fâcheuse que celle de se faire croquer si l'ouvrage n'était pas réaliser dans les temps, mais que voulez-vous, on fait avec ce que l'on peut. Et à en juger par la réaction qu'avait eu Alexei en entrant dans le salon alors que tu finissais de te préparer, tu pouvais dire sans trop te vanter que tu avais fait du plutôt bon travail.

Tu avais beau ne pas être une fervente admiratrice de Marraine, force était d'avouer qu'elle savait organiser un bal. Rien à voir avec ceux qu'organisait feu ton époux à l'époque où tu habitais encore Yasen. Tu devais avoir autant d'étoiles dans les yeux qu'un enfant entrant dans la première fois dans une confiserie. La salle de bal était splendide, recolorée de mauve et de blanc pour l'occasion. Un immense sapin attirait votre regard tandis que la douce musique de l'orchestre, démuni de tout musicien, vous berçait dès votre entrée. Tout était parfait. Trop parfait. Une mauvaise langue aurait dit que Marraine tentait d'acheter la sympathie du peuple en organisant un tel événement. Tu te contentais de le penser.

« Mademoiselle Vassilissa Labelle et Monsieur Alexei Trainesavate ! » Tu grinças des dents. Toi qui ne supportais pas d'attirer l'attention, tu venais de faire une arrivée des plus discrètes. Les convives déjà installés ne semblaient guère prêter attention aux nouveaux arrivant. Sauf si le nom de ces derniers était précédé d'un titre ; les célébrités passionnent toujours plus les autres que le commun des mortels. À croire qu'un compte en banque bien rempli suffit pour rendre votre vie palpitante.

Tu jetas un rapide coup d’œil autour de toi. Tu ne pus t'empêcher de penser que tu faisais tâche au milieu de tous ces invités si richement vêtu. Il te semblait que tous pouvaient voir que tu venais à peine de terminer de coudre ta robe. Une remarque chuchotée d'Alexei te fit redescendre sur terre. Un léger rire s'échappa de tes lèvres. C'est sûr que ce festin allait vous changer des quelques légumes que vous mangiez tous les soirs. Quoiqu'il était un brin mesquin de ta part de te moquer de la cuisine de la cuisine d'Alexei. « Fais attention, elle a peut être versé dans les plats une potion qui ne tue que ses opposants politiques. » Un sourire en coin pris place sur ton visage. Tu étais parfaitement au courant qu'il était contre le régime de Marraine. Et tu partageais pleinement ces opinions. Autant les taxes à outrance que le port obligatoire du charnel pour certains individus te déplaisaient.

Tu l'observas un instant du coin de l’œil se démener avec son pantalon avant de lever les yeux au ciel de lui taper sur la main comme une mère le ferait pour empêcher son enfant de goûter une tarte tout juste sortie du four. « La prochaine fois je te ferais un slip en toile de jute, là tu auras une raison pour te trémousser comme un ver. » Puis tu ris à nouveau. Tu te balanças sur tes deux pieds, regardant à nouveau autour de toi, avant de te retourner vers Alexei, hésitante. « Tu veux danser ou tu préfères aller toute suite vérifier si la nourriture est empoisonnée ou non ? »

   

Grand bal de Snowël

la boite à musique

Des bals, Marie en avait vu. Ceux de Yasen tout d'abord, auxquels elle avait toujours assisté, dans les jupons de sa mère puis plus tard au bras de Niki. Tout était si délicat là-bas, le blanc finissait par devenir synonyme de bonheur à ses yeux tant ces soirées l'enchantaient. Puis elle a connu les bals royaux d'Harold et Liliane, plus simples et banals. La musique y était plus actuelle que classique, de petits écarts étaient permis et personne ne se choquait pour un problème d'organisation – après tout, avec un ogre dans la famille royale... -. Mais ceux qu'elle avait le plus aimé – jusqu'à celui de trop – c'était ceux qu'organise Dragée. Elle réussirait à transporter dans le plus pourri des placards la plus grande élégance dont était capable le peuple de Yasen. Ils avaient ce quelque chose propre à eux, qu'elle n'avait pas pu trouver chez quiconque autre. L'invitation reçue par Nemo pour ce Noël-ci l'emplissait plus d'espoir que jamais. Marraine avait une chance de faire un bal plus grandiose encore que les autres, un dont on se souviendrait longtemps. Un bal historique, c'est ce que Marie attendait.
Elle avait passé la journée à se préparer pour celui-ci, n'ayant pas eu à travailler aujourd'hui. Sa tenue de capitaine restait posée sur le mannequin en bois qu'elle avait dans un coin de sa chambre, et elle avait été chercher une robe du bleu nuit le plus profond pour l'occasion. Ses cheveux étaient exceptionnellement bouclés – elle dormait avec des nattes depuis trois jours – et son maquillage des plus délicats était celui des grands jours. Sa peau plus blanche et ses yeux plus givrés que jamais, elle avait impatiemment attendu jusqu'au soir pour entendre Nemo venir la chercher. Lui aussi était bien plus élégant que jamais, et son sourire trop grand pour n'être que poli en disait long sur ce qu'il pensait de sa cavalière.

Ils étaient dans les premiers à arriver, la calèche les laissant à quelques pas tout au plus de l'entrée du château. Un bras accroché à Nemo, la seconde main de la capitaine relevait légèrement sa robe pour lui éviter la honte de tomber – ses hauts talons étaient déjà une épreuve pour ne pas en ajouter une seconde. La porte s'ouvrit sur l'immense salle de bal, d'ordinaire banale mais divinement décorée pour le bal de Snowël. Marie portait son plus beau sourire pour son entrée, son regard s'attardant sur le moindre détail. Demoiselle Marie Lopaline et son cavalier Nemo Quatrevents ! ils avancèrent le long des tapis de velours, jusqu'à apparaître devant Marraine et la gratifier d'une courbette respectueuse. Elle passa délicatement jusqu'au grand sapin, accrochant deux décorations à une des branches les plus basses – une vieille tradition qu'elle avait pris, petite, aux bals de Snowël qu'elle avait connu à Yasen. Sa main s'attardait quelques instants sur le petit soldat en argent puis sur la ballerine de cristal, avant que les prochains invités ne soient annoncés. Elle laissa Nemo l'entraîner jusqu'à un bout du buffet, laissant le centre de la salle et la piste aux nouveaux arrivants. Chacun d'entre eux était gratifié d'un léger signe de tête par la capitaine de la garde, bien serrée contre son cavalier jusqu'à ce que soient annoncés Dragée – sa Duchesse préférée – et Poucet – son meilleur adversaire. Elle lâcha le bras de son marin, avançant doucement en leur direction, un grand sourire poli jusqu'à faire une révérence devant ceux qu'elle pensait être un des couples les plus glamour de la soirée. Poucet, Milady. Je suis enchantée de vous croiser ici. Plus qu'une réelle conversation, Marie n'engageait que des politesses et ne souhaitait que signifier sa présence – la politesse n'aurait pas voulu qu'il en soit autrement. Elle entrouvrait déjà la bouche pour parler une nouvelle fois, mais le garde chargé d'annoncer les prochains convives la coupait dans son élan. Son regard se dirigea sur la paire d'immenses portes blanches, scrutant quiconque allait arriver.

le bal de snoël

frozen

Quelle merveille. Tout est exactement comme je l’avais imaginé. Les décorations lumineuses de l’extérieur nous transportent déjà dans l’ambiance givrée qu’on trouve dans la salle de bal. Une fois à l’intérieur, nos noms chantés, le pourpre cristallin des napperons et rideaux enchantent les yeux. Le buffet s’étale de long en large, si bien qu’il est impossible d’en voir une fin. Les odeurs de caramel, de marron, de poire et de chocolat nappent l’air et on verrait presque leurs effluves flotter jusqu’au plafond enchanté d’étoiles. Le grand lustre qui surplombe la salle éclaire toute la ribambelle d’invités. Des cornets, habillés sur leur trente et un, et chaque tête ornée est comme une boule de glace vanille parsemée de copeaux de chocolat. Mon Poucet s’est vêtu d’un costume violet, ses boutons de manchette sont en or et sa chemise uniquement laisse apparaitre du blanc, en clin d’oeil à ma robe. Seules mes boucles aux oreilles sont prunes, en rappel au thème. Du reste, je porte des coutures dorées sur ma robe et de la feuille d’or dans les cheveux. « Je commence à penser que tu devrais me payer pour t'avoir accompagné ici. » Mon cavalier ronchonne, mais aucun de ses bougonnements ne m’étonne. J’ignore poliment sa critique. Je m’y attendais, je m’y étais préparée à vrai dire. Mais rien ne me contrariera ce soir. Rien ne pourrait enlever ce sourire satisfait de mon visage. Tout est parfait.

« Je suppose, assurément, que tu ne me laisseras pas le bénéfice du doute quant à la danse ? » Comme si la question attendait réellement une réponse. Un regard narquois envers lui, légèrement détaché, et il comprend. Je bouillonne à l’intérieur d’un feu de joie qui n’attend qu’à sortir, s’évaporer entre les flocons. Cette soirée est la plus belle que j’ai organisée depuis des lustres, la plus significative, la plus proche de celles que j’avais l’habitude de faire, à Yasen. « Evidemment, il faut que tous les yeux soient sur nous chéri. Cela incitera les invités à se lancer sur la piste. Mais chaque chose en son temps, il faut d’abord saluer quelques personnes. » Notamment la reine et Charmant qui trônent avec grâce sur leurs sièges en contemplant l’assemblée. Puis les ducs, les comtes, les acteurs, les gens de la haute société. Mes yeux papillonnent d’invité en invité, quand j’aperçois ma douce capitaine de la garde habillée tout de bleu s’avancer vers nous. « Poucet, Milady. Je suis enchantée de vous croiser ici. » Marie Lopaline enchaîne d’une petite courbette et tourne déjà son regard vers les grandes portes de marbre en entendant les noms des nouveaux arrivants. Mes paupières se plissent tandis que mes prunelles distinguent un léger désarroi sur les joues de ma guerrière. Attendrait-elle la venue de quelqu’un en particulier ? « Le plaisir est partagé Marie, et qui est donc ce charmant cavalier ? » Nul besoin de la laisser aller à ses pensées pour le cassenoisette ce soir. Mes mains se resserrent sur le bras de Poucet, lui seul sait.

Bal de Snowel

Souris, une soirée ne dure pas si longtemps

Nous y voilà. Le grand bal de Noël de Marraine est, comme à son habitude, une réussite plus grandiose que jamais.

"Demoiselle Gretel Denougatine !" hurle le chambellan. Si je n'étais pas si concentrée pour retrouver le buffet derrière lequel je devais me tenir, je lui aurai volontiers fait ravaler son bâton et son "Demoiselle". Merci pour mes tympans en tout cas.
Lorsque je passe le pas de la grande porte qui mène à la salle de bal, je suis éblouie par tant de beauté. Je cligne plusieurs fois des yeux en essayant de ne pas marcher sur les pieds des convives tant je suis aveuglée par toute cette lumière. J'avance tant bien que mal pour atteindre mon fameux buffet, trop heureuse d'avoir quelque chose d'utile à faire pendant cette soirée. Je crois apercevoir au milieu des invités Alexei qui gigote dans tous les sens au bras de Vassilissa, à qui je dois la merveilleuse robe que je porte ce soir, blanche aux motifs violets. C'est une véritable oeuvre d'art, et je déplore mon manque de goût vestimentaire qui m'empêche d'en faire des éloges bien plus que méritées. Je ne me risque pas à les saluer, je ne voudrais pas me faire réprimander par la Duchesse... qui vient justement d'entrer au bras d'un homme annoncé comme étant Poucet Cailloublanc. J'ai entendu dire qu'il était le champion de Dragée, mais comme je ne suis pas réellement une habituée de la Cour, je ne l'ai jamais rencontré. Je devrais aller saluer la Duchesse Plumosucre et la remercier encore une fois de m'avoir confié le buffet, mais elle s'entretient maintenant avec Marie Lopaline et Nemo Quatrevents, mes compagnons d'un jour lors de cette fameuse quête, il y a quelque mois...

Je souris sans le vouloir à l'évocation de cette journée en mer, qui avait été relativement désastreuse. Je me suis particulièrement ridiculisée ce jour-là, et j'ai donné la preuve à Nemo et Potté que j'étais réellement inutile à leurs desseins, et à la réussite de la mission. D'ailleurs, je doute que ni l'un ni l'autre ne souhaite me revoir : nous ne sommes toujours pas partis en voyage avec Nemo, donc je suppose qu'il ne veut plus de moi. Quant à Potté...
Je regarde machinalement au milieu des danseurs si je ne peux pas apercevoir un morceau de sa tignasse en bataille, un minuscule reflet de ses yeux, ne serait-ce que l'ombre furtive de son sourire... Mais je secoue la tête et me reconcentre sur mon buffet. Potté ne viendrait jamais à une manifestation telle que celle-ci. Plutôt mourir. Et pas avec moi, qui plus est...

Pourtant, quel bonheur ce serait d'arriver à son bras, peut-être même de... danser ?
Mais redescends sur terre Gretel. Ni toi ni lui ne voulez cela. Cela ne ressemble à aucun de vous deux. Bien que, finalement, tout le monde ait droit à son Heureux pour Toujours, non ?
Non, bien sûr que non. Tu sais bien que cela ne t'arrivera pas.

"Mademoiselle ? Mademoiselle ! Pourrions-nous goûter à ces cupcakes ?"
"Oh, oui bien sûr, excusez-moi !" Je tends une assiette avec deux cupcakes banane-chocolat à l'homme tout endimanché qui me regarde d'un air désapprobateur. "Voilà pour vous, passez une bonne soirée !"
"Mmh."

Un goût désagréable envahit ma bouche. Bravo Gretel, tu n'es vraiment pas douée. J'ai recommencé à mordre ma lèvre et j'ai enlevé tout ce satané rouge à lèvres sur lequel j'avais bien passé vingt minutes pour le mettre à peu près correctement.
J'essaye de mettre un peu d'ordre dans le buffet que les invités dérangent régulièrement en se servant nonchalamment. Il ne manquerait plus que Dragée me réprimande en public. Et puis, cela m'occupera, je suis là pour ça. Je ne compte pas danser, je ne compte pas m'amuser. Je suis ici pour travailler, et je ne connais personne qui songerait à me demander une valse de toute manière. C'est une soirée de travail habituelle, durant laquelle il ne se passera rien.
Respire, Gretel, concentre-toi. Après tout, une soirée, ça n'est pas très long.

Nemo s'était apprêté pour le grand soir, où ainsi était-il appelé dans le royaume. Ce n'est pas qu'il s'en fichait, non, mais sa présence était plus politique que cordiale. Le bal était organisé par Marraine, il ne pouvait décemment pas refuser son invitation. Naturellement, il avait invité Marie - qui d'autre ? - et il n'avait pas été déçue. Sa robe bleue nuit et ses cheveux bouclés la rendaient parfaite. Le trajet n'avait pas été silencieux mais plutôt plein de banalités. Cela allait très bien au capitaine. Il n'était pas dans une euphorie quelconque à l'idée de supporter une soirée telle que celle-ci ; il se demandait à quelle heure il serait convenable de la quitter sans paraître impoli. Cependant, il ne pouvait nier que sa soirée n'était que plus agréable avec Marie à son bras.

Enfin, ils arrivèrent devant le château et Nemo aida sa cavalière à descendre de la calèche. Plaçant son bras sur le sien, ils firent leur entrée dans l'immense salle de bal et furent naturellement annoncés. « Demoiselle Marie Lopaline et son cavalier Nemo Quatrevents ! » Un petit sourire narquois prit place sur son visage, l'ambiance pesante qui régnait ne lui échappait pas. Et puis, l'annonce des couples était risible. Comment ridiculiser un homme ou une femme non-accompagné mieux que cela ? Ils firent rapidement leurs salutations à Marraine ; après tout, c'était pour elle qu'il était là. Il aperçut Marie accrocher deux petites figurines au sapin mais il ne s'y attarda pas. Bientôt, ils furent devant le buffet où il reconnut Gretel. Marie cependant aperçut des connaissances et Nemo se sentit obligé de la suivre. Le cupcake sur lequel il avait louché attendra.

« Poucet, Milady. Je suis enchantée de vous croiser ici. » Elle ne se concentra pas plus que cela sur la conversation néanmoins et le capitaine aperçut son regard dévier sur la porte. Il était certain d'une chose : Marie n'était sûrement pas là pour lui, ce soir. « Le plaisir est partagé Marie, et qui est donc ce charmant cavalier ? » entendit-il la-dite "milady" demander. Rapidement, il prit la main de la femme et y déposa un baiser, avant de serrer la main de Poucet. « Enchanté, Nemo Quatrevents, chef en titre de la marine marchande royale. »

Il ne pensait pas que la conversation irait plus loin que cela, ainsi se permit-il de prendre congé discrètement. Marie à son bras - il n'allait tout de même pas la laisser pantoise devant la porte d'entrée, son cavalier mystère arriverait bien assez tôt - il se remit en quête du cupcake. Il salua Gretel. « Je ne suis pas parti en expédition depuis notre dernière rencontre, mais j'en ai une de prévue après les fêtes, si vous êtes toujours intéressée. » Il espérait bien qu'elle serait toujours intéressée, après la soirée qu'elle lui avait fait subir ! Le cupcake trouva rapidement le chemin jusqu'à sa bouche et du coin des yeux, il détailla la foule.

Cela allait être une longue, très longue soirée.

Bal de noël

winter's tale

Bal est synonyme de malchance, bal veut dire aussi véritable désolation. Qu'est-ce qui lui prend exactement de se rendre vers l'immense château de Fort Fort Lointain, vêtu de ses plus beaux vêtements ? Il n'en a pas la moindre idée. Probablement un besoin de se changer les idées, ou alors de voir de nouveaux visages, qui sait avec de la chance croiser sa douce capitaine de la garde - et avec plus de malheur, il verra l'horrible Duchesse Plumosucre. Grimaçant rien qu'à l'idée de croiser ses yeux félins, il inspire profondément à la vue des immenses portes qui ne mènent pas directement vers la salle de bal. Il faut marcher un peu, suivant le monde et en profitant même pour les regarder de haut en bas, il se rend compte que le thème est respecté à la perfection. Un mélange de violet et de blanc, plutôt original pour un Noël qui généralement prend des allures écarlates et vertes. Sourcils haussés, mains jointes dans son dos, la petite troupe s'amasse devant d'autres portes en marbre, et c'est en grimaçant qu'il écoute les prénoms des hôtes, hurlés par un homme raide comme un pique. Pinçant sa lèvre inférieure dans un ultime tic nerveux, c'est quand son tour vient qu'il glisse son prénom à l'oreille de l'autre. « Niki. » « Plaît-il ? » Répond naturellement l'autre. Il est vrai qu'il manque un nom de famille à cette équation complexe. Roulant des yeux, comme désespéré de cette question, il n'hésite pas une seule seconde de plus. « Dragibus. Niki Dragibus. » Menteur un jour, menteur toujours, son identité restée scellée en son coeur, en cette soirée il n'est plus le prince qu'il était mais bel et bien un gueux parmi tant d'autres, essayant tant bien que mal de se donner convenance pour épater la galerie. « Monsieur Niki Dragibus ! » Quelques-uns jettent un oeil, d'autres se fichent de sa présence. Tant mieux.

De blanc habillé de la tête aux pieds, il arrive à se fondre dans la masse, toute cette mascarade lui rappelant amèrement le jour du déclin, de sa transformation en un jouet dérisoire, il se débarrasse de cette pensée le plus rapidement possible, tout en cherchant activement une trogne familière. Un jeune garçon dans l'assemblée se tortille dans son pantalon, sa cavalière semble lui faire passer un savon le sourire aux lèvres. Cette situation l'amuse, dommage qu'il n'ait eu l'initiative de quémander la main d'une jolie demoiselle pour qu'elle vienne à cette soirée en sa compagnie. Leur accordant un geste de tête en signe de politesse, il continue son chemin sans trop savoir où aller. Tantôt vers la musique, tantôt vers le sapin, son coeur s'emplit d'une certaine nostalgie, le ramenant des années auparavant quand encore son oncle ne prévoyait pas de le faire tuer. Ne cessant de torturer sa lèvre inférieure, un instant de doute l'envahit en remarquant une femme de dos. Cette robe, il la connaît, cette chevelure foncée aussi, comme cette peau diaphane qui ne saurait être plus transparente encore. Cherchant du courage durant une dizaine de secondes, il se pose des questions, se demande si la déranger la mettra mal à l'aise ou encore s'il n'est pas si bien attendu que cela. Foutaises, Marie ne saurait l'envoyer dans les roses - si elle l'avait voulu, elle l'aurait fait au moment de leurs retrouvailles. Ses bottes cirées claquent un peu contre le sol, il se rapproche, frôlant le bout de ses doigts à ceux de Lopaline, il penche sa tête sur le côté sans accorder quelconque attention aux autres énergumènes, il souffle en restant stoïque - ou presque. « Il y a longtemps que je ne t'avais plus vu dans une robe. C'est assez plaisant, après tout, la rareté rend cette tenue encore plus belle qu'elle ne l'est déjà. » D'une politesse comme une autre, il se permet d'attraper sa main, se pencher en avant dans une courbette et de déposer ses lèvres sur son dos. Juste pour Marie. Toutefois, son espoir de la savoir seule se dissipe peu à peu. Qu'il est ridicule, bien sûr que le dandy à ses côtés est son cavalier, bien sûr qu'il vaut mieux que lui, et à ne pas en douter il doit être de haut rang. Reculant seulement de quelques pas, il ne préfère pas s'éterniser, ayant fait ce qu'il trouve juste - plutôt de mise à la réalité -, Niki préfère s'enfoncer dans cette joyeuse populace, jusqu'à se concentrer sur le buffet coloré, plein de desserts et gardé par une sylphide au regard de biche. Accordant un sourire sincère à la concernée, il ne peut s'empêcher de toiser la masse de travail réalisée, que de pastel en plus ! Comme quoi, rien n'est fait au hasard, et marraine la bonne fée ne semble pas décidée à permettre des écarts. « Est-ce vous qui avez fait tout cela ? C'est somptueux, vraiment, je n'ose imaginer le temps que vous avez pris pour avoir un tel résultat. »

Bal de Snowel

the weather outside is frightful but the fire is so delightful

Charmant adorait les fêtes de fin d'année. Le froid qui s'invitait lentement entre les sillons des murailles, la neige qui tombait à petits flocons, recouvrant avec légèreté le sol d'une fine tenture de soie blanche, les bougies qui nimbaient la capitale entière dans une atmosphère propice à la fête et à la détente ; il y avait aussi le traditionnel sapin, les décorations enchanteresses, les biscuits à s'en faire déborder le gosier et les cadeaux. Mieux encore, la sortie du top cent des meilleurs brushings du royaume, par le magazine Vanity Hair, le nommant premier des charts depuis quelques années, pour le bien de son ego poli comme un diamant. Mais cette année, tout serait différent. Plus beau, plus magique, exalté par la puissance d'une couronne sur sa soyeuse chevelure et d'un trône de velours sous son royal popotin. Son premier Noël en tant que prince. Hihiii, il en frémirait presque d'excitation, comme un petit Elfe devant un panier de fruits frais, s'il ne s'obstinait à conserver une mine faussement désintéressée, pour insuffler le mystère et la séduction, comme le lui intimait le nom de sa nouvelle eau de Cologne « Mystère et Séduction ». Moue boudeuse sur le visage, il observait la salle de bal se remplir petit à petit, dans un camaïeu de blanc et de violet. Laisser entière carte blanche à Dragée avait été la meilleure idée qu'il n'ait jamais eue ces derniers jours. La duchesse fit justement son entrée au moment même, aux bras d'un cavalier au regard de braise.
« Dragée est exquise, ce soir, ne trouves-tu pas, mon petit sucre d'orge ? » Il répondit à sa mère par un « mmmh » lointain, trop pris dans le fil de ses pensées –oui il pense, ça lui arrive- jouant de ses doigts, accoudé au trône. « Mais, qui est ce jeune chiot qui l'accompagne ? On dirait qu'il a une pomme de pin sur le sommet de la tête. » Charmant se crispa alors. Il le sentait, elle allait bientôt embrayer sur un sujet plus doucereux et subtil, l'interrogeant comme une chevalière-flic d'excellence sur le pourquoi du comment il n'était pas celui qui mènerait lady Plumosucre au cœur de la salle, tout pimpants et classieux qu'ils étaient. Il lui fallait changer de sujet. « Mère, c'est la nouvelle coiffure tendance au royaume, ces derniers jours. Oh mon dieu, quelle horreur, j'aurais dû interdire la violine, cette teinte est atroce. » Désignant d'un mouvement de la tête une vieille lady aux pommettes recouvertes de rose et au corset vif assorti à son déambulateur, il ne put s'empêcher de couler un regard vers sa mère. « Ne m'en parle pas, petit ange, on devrait doubler le salaire de Cristina si elle parvient à nous accorder la ville entière dans des tons acceptables à l'œil. » Il soupira, feignant l'ennui, mais soulagé. Il se prit alors lui-même à détailler la foule, offrant quelques sourires aux groupies qui piaillaient timidement près du sapin, quelques hochements de tête polis, et même un clin d'œil à un inconnu qui s'empiffrait comme un troll de petits gâteaux pastel. Et à faire plus attention, il y avait bien quelques isolés mal apprêtés qui lui brûlaient la rétine. Vraiment, on devrait enseigner l'art de bien porter les couleurs dans les écoles. Il en parlerait le lendemain même, lors du dernier conseil de l'année. Il ajusta sa position sur le trône, paré d'une délicieuse teinte d'ivoire en harmonie avec le jeu de colombin et de liseré argenté de son ensemble. Si l'orchestre flottant n'y mettait pas un peu plus de rythme, ses jambes finiraient par s'endormir, déjà qu'elles le démangeaient. Il jeta alors un bref coup d'œil à la grande porte ; les invités affluaient toujours. Il lui faudrait faire preuve d'encore un peu de patience avant de pouvoir s'élancer sur la piste et démontrer à tous à quel point il était talentueux et diablement sexy sur une piste de danse.

Bal de Snowel

And there were stars in her eyes, so much it blinded the night sky

Je vous ai déjà dit que j’adorais Vassilissa et pas seulement pour sa bonté de cœur ? A sa remarque murmurée – après tout, il ne m’étonnerait pas que les murs aient des oreilles…De VRAIES oreilles, ici – je lui lançai un regard amusé et un sourire à la fois fier et amusé prit place sur mon visage. Elle non plus n’aimait pas Marraine, ce qui m’arrangeait dans un sens. Imaginez un peu de devoir cacher vos avis politique H24 parce que votre logeuse (ou logeur selon les cas hein) n’est pas du même avis que vous et risquerait bien de vous dénoncer à la moindre erreur. Alors, pour le coup, avoir Vassi du même camp politique que moi était un plus non négligeable. En plus de cela, elle avait un esprit tout à fait charmant et taquin juste ce qu’il fallait, ce qui ne gâchait rien. Autant dire que j’ai eu une chance phénoménale pour le coup.

J’arrêtai prestement toute tentative de réajustement de mon pantalon dès que ma charmante cavalière m’eut repris. Roh, mais pas la peine de me menacer, je ne faisais que tenter de rendre le tout plus agréable pour tout le monde. C’est comme si je lui demandais de porter quelque chose qui lui compressait de manière fort inconfortable les seins. Non, je ne parle pas des corsets, enfin, pas spécialement, mais passons. J’osai même un « Tu n’oserais pas » mais son regard me fit vite comprendre qu’elle ne hésiterait pas à mettre sa menace à exécution si besoin était. Je m’éclairci la gorge et fit un dernier ajustement de ma tenue avant de me tenir tranquille. Pourquoi j’ai même pensé qu’elle hésiterait ? Je commence à la connaître ma Vassilissa.

J’observais un peu le bal et qui entrait tandis qu’elle en faisait de même avec la salle et l’ambiance générale. Je vis Perceval et allait proposer à mon amie d’aller le rencontrer, mais en le voyant en charmante compagnie, je me dis que j’allais le laisser tranquille, pour une fois. Puis d’autres personnes, rien de bien connu de mon petit cerveau, jusqu’à ce que je vois Gretel. Ma nouvelle patronne qui est une vraie bonne âme. Comme quoi, dans la vie quand on croit un peu au culot, on a parfois droit à de jolis coups de pouces. Pour le coup, j’allais trainer Vassilissa voir ma patronne, parce que, en plus, je suis sûr qu’elles s’entendraient bien. Ce fut à ce moment qu’elle me donna le choix entre aller danser ou aller manger un peu. Mon choix était tout fait !

Ou presque. Je voulais bien présenter Vassilissa à ma patronne, mais s’il y avait quarante mille personnes qui se trouvaient devant le buffet, discuter cinq minutes allait être compliqué. Et dire que moi je prenais du bon temps alors que Gretel travaillait…Si j’étais venu seul...Si j’étais venu seul, je ne serais pas au bal pour commencer donc pas la peine de se prendre la tête avec ça maintenant. Me retournant vers Vassi, je lui dis, une moue peu convaincue au visage.

"On peut toujours espérer qu’ils passent quelque chose d’un peu plus…motivant, mais allons danser. Que je te prouve que oui, je sais danser !" je ris et lui proposa une main avec une mimique de révérence "M’accorderiez vous cette danse Milady ? Hey, si ça se trouve, il passeront un air classique de Yasen !" sous entendu, on pourra danser comme des pros ; ou presque.

Il serait bien temps d’aller voir tout le monde plus tard…

Le bal de Snowël

winter waltz

Les flocons s'étalaient déjà un peu partout dans le pays avant que la calèche de Barthélemy n'arrive devant chez Rouge. Un instant, il osa se demander si cette neige était réelle ou simple manipulation magique, mais préféra croire à la réalité, lui rappelant Yasen avec une certaine nostalgie dont il ne se souvenait pas jusque là. Il ouvrit la porte, délicatement, du bout des doigts recouverts par une paire de gants blancs de la plus grande finesse. Pour l'occasion, il avait choisi avec précaution ses habits – il n'avait plus connu l'honneur d'avoir une femme à son bras depuis ce qui semblait être une éternité –, d'un pourpre profond aux liserés blanc. Sa main alla frapper à la porte d'entrée de la maisonnée, son autre griffe s'assurant que son chignon restait bien en place à l'arrière de son crâne. Puis la porte s'ouvrit, sur la grand-mère de Rouge. Il ne l'avait jamais vue, ne raffolant pas spécialement des pâtisseries de sa boutique, mais esquissa un sourire poli à la vue de la dame. Un simple signe de tête pour dire bonsoir. Madame. Je viens chercher Rouge, pour le grand bal de ce soir ? Mère-Grand l'observa de haut en bas, silencieuse un long moment avant de soupirer le prénom de sa petite-fille presque à contre-cœur. Barthélemy attendait là dans le froid hivernal, mains jointes devant lui en espérant les réchauffer un peu – les plonger dans le fond de ses poches aurait été trop impoli. La porte se referma le temps que sa cavalière arrive, et il n'était pas le moins du monde déçu d'avoir attendu si longtemps. Les cheveux délicatement ondulés, ses yeux bleus renfermaient l'immensité d'un ciel d'été, balayé par une allée de cils interminables. La couleur de ses lèvres rehaussée par un rouge profond et le pourpre de sa robe, il ne put s'empêcher de la contempler un sourire aux lèvres, avant de se saisir de sa main pour déposer un baiser sur le dos de celle-ci. Comme si c'était une remarque interdite, sa voix était aussi douce que faible. Vous êtes somptueuse. Les fils d'or çà et là sur le tissu de sa robe étincelaient à tout moment, qu'importe le sens dans lequel elle était tournée. Une améthyste, c'est une améthyste qu'il retrouvait à son bras, avec une certaine appréhension – une améthyste, ça se casse, une améthyste, ça se vole. Il lui tendit délicatement son bras, attendant qu'elle le prenne avant d'avancer vers la calèche. Il adressa un regard et un simple Bonne soirée. à Blanche avant de faire monter Rouge, la suivant à l'intérieur, s'asseyant face à elle. Ainsi vêtue, j'ai peur que toute l'attention se porte sur vous ce soir. Un rire mielleux lui échappa rapidement. Espérons qu'il me reste suffisamment de souvenir de danse pour ne pas vous faire honte ce soir. Un sourire tordit le bout de ses lèvres fines, avant qu'il n'observe l'extérieur blanchi, jusqu'à leur arrivée. Le cocher ouvrit la porte, observant successivement Barthélemy et Rouge descendre, repartant aussitôt. Le musicien tendit à nouveau son bras à la demoiselle, avant d'entamer leur route le long des tapis de velours. Leur démarche presque royale les mena jusqu'à l'entrée de la salle de bal, où il murmura leurs noms à l'oreille du garde chargé de les annoncer. Demoiselle Rouge Chaperonlong et son cavalier, Barthélemy Lacoulée ! Ah, son mystère était brisé mais il osa espérer que les merveilles promises par cette soirée brouillent sa mémoire encore un temps. Il entraîna la demoiselle devant les trônes, gratifier Marraine et Charmant d'une révérence, avant de se rabattre en direction de Dragée et Poucet. Il gratifia la première d'un baise-main des plus respectueux, avant de se tourner vers son protecteur et de répéter le même geste. Oh, il risquait de le prendre mal, mais la tentation était trop forte. Il se redressa un sourire fier aux lèvres. Milady, vous êtes superbe. Adressant un regard silencieux à Poucet, le complimentant presque du regard sur sa tenue, il finit par se tourner légèrement vers Rouge. Duchesse, j'aimerais vous présenter ma cavalière, Rouge Chaperonlong. Il se retint de rajouter un commentaire du genre n'est-elle pas magnifique ?, ne souhaitant pas la présenter comme plus belle que Dragée – un rien peut créer une catastrophe, chez les hauts placés. Quelques mèches échappées de son chignon ondulaient sur sa nuque, parfois son épaule, sa main y montant régulièrement pour tenter d'arranger sa crinière, en vain. Il se stoppa en un mouvement au début d'un nouveau morceau, souriant tendrement à Rouge. M'accorderiez-vous cette danse, Rouge ?

Le bal de Snowël

pyroxene of the heart

Les flocons qui s'écrasent. Qui se déposent ? S'écrasent. Dans un fracas silencieux, poudreuse plus légère qu'une étoffe en soie, plus froide que les barreaux d'une prison, plus douce que le frôlement d'une aile d'oiseau sur le cœur. La neige, meilleure indication pour les fêtes hivernales. Les fêtes familiales ou encore les banquets de la haute société dont Blanche raffole. Et que Rouge déteste avec joie. Mais ce soir, la réception est toute autre. Un bal de noël ; quel admirable et mièvre petit cliché, scène principale dans bon nombre de contes et histoires. Mais elle s'était pomponnée, coquette comme toute dame devrait l'être, ses fils d'or bouclés, ses lèvres empourprées, ses cils recourbés, son corps empaqueté dans une robe qui se voulait plus élégante que provocante malgré sa teinte écarlate. Quelques bijoux, quelques babioles futiles. Elle avait fait cet effort qui ne lui coûtait rien parce qu'elle était invitée au bras d'un homme ce soir. Barthélemy, l'accident musical, le silence doucereux. Le sourire d'ange. Le nephilim aux yeux d'enfant. Le grand méchant loup aux intentions moins gloutonnes. Elle avait hésité, malgré ses charmants baises-main, malgré sa beauté d'éphèbe et son minois à en faire pâlir toute jeune demoiselle. Elle avait hésité, quelques secondes, et elle avait accepté. Pour une raison inconnue. Curiosité, sympathie. Ses boucles brunes ou ses yeux océans, sa peau d'enfant-lune ou ses manières princières. Quelque chose avait eu raison de sa raison-même. Et ce fut une surprise agréable de le voir en bas de chez elle, pas pour Blanche certes, et ce fut agréable de le voir aussi bien vêtu, de ce pourpre qui la faisait sourire tout simplement. Il y avait bien longtemps qu'elle n'avait pas tenu le bras d'un homme dans une occasion comme celle-ci. Avant de partir elle avait chuchoté à sa mère-grand qu'elles se verraient sans doute là-bas, bien que l'envie de la croiser au sein de la foule n'était guère présente. Elle avait également complimenté Barthélemy pour sa toilette des plus ravissantes. Dans un murmure, délivré comme un secret aux oreilles de son cavalier d'un soir - il ne fallait pas se montrer trop démonstrative, surtout pas Rouge. Barthélemy l'inconnu au nom encore brumeux jusqu'à leur arrivée au château. Sublime demeure scintillante, bijou d'architecture dont peut se vanter Marraine. Lacoulée. Barthélemy Lacoulée. Cocasse pour un homme au regard sans fond. Lacoulée. Un homme galant et aux manières nobles, dont le passé semble avoir pincé Rouge sans qu'elle ne puisse se le remémorer clairement. Dans sa chevelure corbeau et ses mains de flûtiste se cachait quelque chose. Mais ce n'est sans doute pas un cadeau de noël. La salle est somptueuse bien qu'un peu trop clinquante, Marraine et son fils trônent avec élégance et Rouge avait fait l'effort d'une révérence lorsque son cavalier les avait mené jusqu'à eux. Quant à Dragée et son cavalier, aaah... Dragée, cette femme que Blanche ne pouvait s'empêcher d'interpeller à chaque réception et dont Rouge se méfier comme de la peste. Une peste sucrée et bien douce, une peste aux allures étoilées dans sa parure des plus somptueuses, si elle ne s'en méfiait pas autant elle aurait été ravie d'être touchée par ce poison. Une simple révérence. Forcée. Mais l'hypocrisie est ce qui règne la plupart du temps en ces lieux charmants. « Oh, mais nous avons déjà eu l'occasion de nous croiser de nombreuses fois et comme l'a si bien dit Barthélemy vous êtes comme toujours... superbe. » Un sourire de faussaire sur ses lèvres carmines. Mais un léger sourire - en est-ce réellement un ? - sincère pour l'homme accompagnant la duchesse « Votre cavalier est également splendide. » Les courtoisies habituelles la lassent déjà. « M'accorderiez-vous cette danse, Rouge ? » Les ourlets de chair de la blonde s'étirent malgré eux en un sourire timide, en un sourire qui ne lui ressemble pas « Avec plaisir Barthélemy. » Et elle l'accompagne sur la piste de danse, glisse sa main sur son épaule, son autre encrée dans la sienne. Leurs peaux se frôlent, leurs yeux se croisent et la valse débute. Leurs pas se suivent, la robe de Rouge virevolte, son nephilim mène la danse. « Vous qui aviez peur que j'attire les regards, votre allure et vos souvenirs de danse doivent en époustoufler plus d'une, croyez-moi. » Elle n'admettrait pas qu'il l'émerveille à la faire s'envoler ainsi tout en restant au sol. Non, pas encore du moins. Elle n'avouerait rien. Même sa propre mémoire ne semble rien vouloir lâcher. « Mais dites-moi, est-ce simplement pour rembourser notre accident que je suis présente dans vos bras ? » Elle n'est pas naïve. Elle est bien trop sur ses gardes pour imaginer le croquemitaine avoir des intentions purement louables et innocentes. Doux sourires ou non, quelque chose se cache derrière le nom de Lacoulée. Un sourire en coin se dessine lentement tandis que leurs corps se rapprochent pour s'écarter à nouveau. N'y avait-il pas plus cliché qu'une belle danse à un beau bal ? Mais même Rouge, elle aime les clichés parfois. Et puis c'est un beau cliché. « Navrée si j'ai volé la place d'une autre pour que vous puissiez payer votre dette. » Elle ne l'était pas, navrée. Jamais. Pas à cet instant où la musique s'emballe autant que les couples sur la piste. Autant que son cœur, plus tard, s'emballera face au regard de Barthélemy. Face au regard sans fond.

Bal de noël

winter's tale

« Evidemment, il faut que tous les yeux soient sur nous chéri. Cela incitera les invités à se lancer sur la piste. Mais chaque chose en son temps, il faut d’abord saluer quelques personnes. » Qu'il est bête, c'est sûr que venant de Dragée plus rien ne l'étonne et certainement pas d'aller lécher les bottes bien cirées du prince ainsi que de la reine. Ah quelle belle chose que l'hypocrisie, il suffit de peu pour mettre quelqu'un dans sa poche, en l'occurrence d'un joli sourire de façade ainsi que des yeux qui pétillent - d'autres choses que de joie, assurément. Poucet reste sans bouger, regardant seulement les passants défiler devant la Duchesse avec une sincérité qui le sidère. Elle est réellement appréciée, il ne fabule pas totalement et ça a le mérite de le rassurer quant à sa protection, s'il est au courant qu'elle a fait du zèle à certaines personnes, il n'est jamais trop prudent en ce qui concerne sa marraine la bonne fée. Restant raide comme un mat, il n'ajoute rien, écoutant seulement les paroles qui fusent, usant parfois d'un mouvement de tête pour saluer pendant que la musique bat de l'aile. Et ça danse, et ça mange, ça rigole parfois aussi tout comme ça s'ennuie à en mourir. Pinçant sa lèvre inférieure, il sent la libération lorsque l'illustre capitaine de la garde file accompagnée de son cavalier. Serait-ce le temps de se mettre dans un coin ? Foutre non, un autre se ramène devant le couple huppé et pas n'importe lequel. Barthelémy Lacoulée assorti à la petite fille au chaperon rouge. Ils sont charmants, et ils viennent vers eux. Alors que les politesses s'annoncent, l'homme au teint maladif attrape sa main sans lui laisser le temps de la retirer et y dépose un baiser. Le maître d'armes fronce un sourcil, dégageant ce qui lui appartient presque sèchement ne comprenant certainement pas là le but de son geste. Le traiter comme une femme ? Est-ce cela ? Ou plus vicieux encore ? Oh, un compliment lui est offert par la bouche rougie de la jeune livreuse. Qu'elle est adorable. Inspirant profondément en signe de recherche d'un calme intérieur, son coeur tambourine lourdement contre son torse et durant quelques secondes, il n'arrive pas à lâcher des yeux ce fichu flûtiste qui avait failli causer sa perte. Se reprenant derechef pour ne pas paraître idiot, il jette un regard hasardeux vers Charmant qui paraît grandement dépité là-haut, posé sur son trône à côté de sa très chère mère qui semble dans son élément. Au moins des êtres s'amusent parmi ces fantômes ennuyés - et ennuyeux. « Au moins cette soirée me permettra de découvrir tes connaissances, je ne savais guère que tu étais en lien avec le joueur de flûte maudit. » Qu'il ponctue d'un petit rire à peu près sincère. Qu'est-ce qu'elle a à voir exactement avec cet homme ? Il ne saurait le dire, certainement un fait funeste qu'elle veut lui cacher - alors que les secrets ça empoisonne plus qu'autre chose. Secouant un peu sa tête pour passer à autre chose, il glisse sa main libre sur la joue de sa cavalière, admirant son maquillage porté exclusivement pour cette soirée. Elle rayonne la Duchesse, encore plus qu'un soleil de plomb. « Je pense que nous aurons encore assez de temps pour saluer ceux qui te tiennent à coeur, en ce qui me concerne je n'attendrais pas minuit pour te faire danser - tu sais à quel point la patience n'est pas ma plus grande qualité. » Il laisse tomber sa main pour la glisser dans son propre dos, il se baisse pour une petite courbette - et en jouer pour rendre encore plus ridicule la situation qu'elle ne l'est déjà, il redresse un regard vers elle pétillant d'une malice ancienne. Après sa mascarade faite, il passe son autre main sur sa hanche pour la ramener un peu vers lui, il ajoute l'air de rien. « Veux-tu bien m'accorder cette danse ? Et pour t'aider dans ton choix, je préfère te prévenir qu'un refus ne sera pas très bien apprécié. » En grimaçant le plus délicatement du monde. Il n'arrive pourtant pas à oublier ce geste déposé sur sa peau, ça lui refile des frissons et ça joue avec tout son être jusqu'à ce que celui-ci éclate. Il inspire profondément. Ce n'est rien, il est parti après tout, loin, avec Rouge de surcroît, il ne reviendra pas taper sur ses nerfs - ou peut-être que ? Tout ira bien, comme toujours, après tout un évènement pareil signé par la fée usurpatrice ne peut qu'être une réussite.

Bal de Snowel

the weather outside is frightful but the fire is so delightful

Le temps lui paraissait horriblement long. Accoudé au trône, le visage reposant sur son poing, Charmant ne put réprimer un énième soupir, trop heureux au fond, d’afficher une mine si désagréable et désinvolte. Mais à son grand damne, il y avait très peu d’action affriolante, si ce n’est les tours de danse, qui se mettaient en place petit à petit. Il savait qu’il aurait dû implorer Dragée plus ardument afin qu’elle engage quelque bouffon bon acteur qui serait prêt à lui chanter des odes  à la gloire de sa majesté, le bel âtre qu’il était. A défaut, il avait une assise qui était plus coûteuse que n’importe laquelle des robes de ces dames se pavanant comme des félines en mal d’affection, et un buffet aussi long que l’était la salle de bal, et qui lui faisait de l’œil depuis un moment déjà. Ses pupilles parcoururent alors la salle d’un jet, et ses iris rencontrèrent celle du champion de sa fiancée, qu’il gratifia d’un hochement de tête poli et d’un demi-sourire en coin. Il coula ensuite un regard en direction de sa chère mère, trop occupée à sourire poliment et à gazouiller avec des invités prestigieux. Elle était tout bonnement radieuse ; et au spectacle de son expression si réjouie, Charmant ne put que ressentir sa propre joie. La régence lui allait si bien au teint. Constatant qu’elle ne lui prêtait pas une attention particulière outre-mesure –et qu’au pire des cas, elle ne risquait pas véritablement de le perdre, même dans une assemblée pareille- le blond quitta son siège d’or et de purpurine pour se diriger d’un pas nonchalant vers l’immense dépôt de nourriture sucrée et aux tons harmonieux. Il salua au passage quelques donzelles gloussantes d’un sourire enjôleur qui repartirent de plus belle dans leurs imitations de dindons.
Le buffet, victime de son succès, était encombré de monde. Néanmoins, grâce à sa prestance naturelle –et surtout à son air farouche du « touche pas, à moua »- Charmant réussi à se frayer un chemin jusqu’à un monticule de petit gâteaux aux tons pastels. Il salivait d’avance, rien qu’à observer les petits cadeaux de sucres qu’on lui présentait. Et toutes ces couleurs, toutes ces odeurs qui venaient lui chatouiller les narines. Chocolat, vanille, banane, myrtille, fraise, tous les parfums, concentrés, mielleux, entêtants, inimaginables. Ne sachant que choisir, il prit un cupcake au hasard et fondit littéralement dès la première bouchée. Quoi ? Vous n’avez jamais vu Marraine la Fée se délecter d’un fondant au chocolat ? Les chiens ne font pas des chats, j’vous rappelle. Il accusa un sourire à celle qu’il reconnu comme étant la gérante de tout ce paradis duveteux et calorique et, après avoir avalé une autre bouchée, « Ils sont délicieux, très savoureux, félicitations, milady. » Il en piqua un second, tout autant au hasard, qu’il goba aussi rapidement que le premier, son petit (c’est beau les euphémismes) estomac, heureux de commencer à se remplir peu à peu. Il s’avança dès plus profondément dans la salle, immédiatement plus enclin à saluer de lui-même d’autres invités et à échanger quelques politesses quand un petit corps surmontée d’une chevelure d’or lui rentre dedans. Charmant était trop enthousiaste pour faire une quelconque remarque condescendante, d’autant plus qu’il s’agitssait d’une jeune demoiselle au joli minois. Puis bon, fallait-il réellement ajouter qu’elle est accompagnée d’un apollon qui le domine d’une bonne tête ? « Il n’est rien, très chère, c’est l’effusion et l’esprit de fête, elle atteint chacun à sa façon. »  Il lui offrit un sourire sincère avant de le reporter sur son accompagnateur, qu’il reconnut immédiatement, comme un des meilleurs bretteurs –encore vivant s’entend. « Bonsoir, messire Perceval. » Autour d’eux, l’orchestre entamait une symphonie plus enjouée et les couples s’avançaient davantage sur la piste, montrant à qui voulait le voir, leurs talents –ou non- de danseurs. « J’espère que la soirée est à votre convenance, j’ai, personnellement, toujours apprécié les fêtes de fin d’années. »

le bal de snoël

frozen

Les présentations courtoises, les futilités, l’inertie de la bourgeoisie. Je connais tout cela depuis si longtemps maintenant, ayant été bercée dedans, que j’en suis presque lasse. Même mes sourires faux et mielleux me dépassent. J’en suis rendue désabusée. Toujours les mêmes mots, les mêmes gestes. Des poèmes exemplaires, des danses parfaites. L’excellence poussée. L’ennui, parfois. Pourtant, j’aime tant cela. Me montrer, être considérée, reconnue. Toucher du bout des doigts ce que d’autres rêveraient tant d’effleurer. Je ne m’en séparerais pour rien au monde, puisque, comme on le dit si bien, c’est lorsqu’on perd ce petit quelque chose  qu’on ne chérit pas assez, qu’on réalise alors sa valeur. Je m’empresse de saluer Marie et son cavalier haut placé Nemo en les gratifiant d’un sourire poli lorsqu’ils s’éloignent de nous, avant de me tourner de nouveau vers le trône. Charmant semble n’écouter sa mère qu’à moitié, quant à celle-ci, elle lève deux doigts discrètement de son accoudoir tout en m’adressant un sourire des plus approbateurs et satisfaits. Une moue sur mes lèvres et une petite révérence envers eux, que nous sommes déjà abordés par un nouveau couple d’invités. « Milady, vous êtes superbe. » Je reconnais mes interlocuteurs et offre un sourire encourageant. Je n’avais pas vu mon joueur de flûte depuis bien longtemps, et sa présence ici parait si naturelle que c’en est presque effrayant. Barthélémy dépose élégamment sa bouche contre ma main, et n’oublie pas celle de Poucet, avant d’insister son regard envers lui un peu trop longtemps pour que ça passe inaperçu. Il porte à son bras la jolie garce aux lèvres sang. J’entends ses os craquer de raideur et de résignation lorsque nous marquons nos révérences. « Barthélémy mon cher, je vous remercie. » dis-je dans un sourire calme et un regard bienveillant. « En effet j’ai déjà eu la chance de côtoyer votre charmante cavalière et sa grand-mère. C’est toujours un immense plaisir de vous voir. Laissez-moi vous présenter mon champion et fidèle ami, Poucet Cailloublanc. » Je presse mon bras pour que mon filleul avance de quelques pas, tout en scrutant les visages des deux convives face à moi, une simple curiosité pour le Chaperonlong, quand à Lacoulée, un intérêt certain. Peut-être a-t-il remarqué mon intrigue, car il invite sa cavalière à danser, s’éloignant alors de nous.

« Au moins cette soirée me permettra de découvrir tes connaissances, je ne savais guère que tu étais en lien avec le joueur de flûte maudit. » Tu m’en diras tant. Et toi, Poucet, que me caches-tu pour attirer ainsi le flûtiste tel un appât ? Je pensais que nous n’avions aucun secret. Il semblerait que nous ayons tous deux fait abstraction en ce qui concerne Lacoulée. « C’est professionnel. » J’utilise mon plus beau sourire innocent et fait papillonner mes yeux un peu partout afin qu’il n’y voit rien de notable. Ce n’est pas chose aisée de mentir à mon adoré. Surtout lorsqu’il me porte une attention toute particulière et physique, chose rare ces derniers temps. Sa main glisse sur ma joue, avant qu’il ne m’amuse avec sa révérence qui me rappelle notre jeunesse. J’esquisse un gloussement discret, portant ma main à mes lèvres, avant qu’il ne me l’arrache pour m’enlacer et m’inviter à danser. « Je ne pourrais refuser une telle demande. » La valse s’ensuit, et je sens pourtant mon Poucet s’éloigner, s’évader dans ses pensées. Serait-ce à cause du joueur de flûte ? La question me gratte, me démange les lèvres. Mais je préfère faire silence, après tout je ne suis pas en meilleure position pour bifurquer la conversation sur Barthélémy. Aussi, je me permets quelques pas légers d’un ballet de Yasen, tournoyant dans ses bras puissants, en laissant aller les mouvements. Mes yeux flânent dans la salle et aperçoivent Charmant qui s’est approché du buffet de Gretel. Il semble en grande conversation avec les cupcakes, mais aussi et surtout avec une petite chose aux cheveux de feu et d’or. Une délicate enfant aux gestes étonnamment gracieux, pour être si banals. Une peau diaphane reflétant une âme pure et innocente. Si élégante, qu’elle ne peut me passer sous le nez. Mais mon dit fiancé pourra bien me la présenter un peu plus tard. La musique m’emporte toujours. Je me sens partir dans mes souvenirs, dans des notes de musique, des flocons divins, des sucreries glacées. Je me sens légère, bien, simplement. Comme si rien ne pouvait m’atteindre, ce soir. « Monsieur Niki Dragibus ! » La voix du chambellan résonne à mes tympans, et je me sens alors défaillir, et crouler sous le poids d’un vent glacial et amer. Casse Noisette. Mes doigts tremblent, crispés sur les vêtements de mon cavalier. « Il est là, Poucet ! Il est là. Je veux qu’il nous voit. » Je pousse mon corps encore chaud contre celui de mon champion et regarde dans le peu de blanc qu'il reste à ses yeux si noirs, tout en le guidant avec moi vers le buffet. La vraie danse peut commencer.

Le bal de Gnowël

Goûtons voir si le vin est bon

Perceval fronça des sourcils en apprenant que la jeune femme s'était vu refuser le droit d'entrer au bal. Il avait cru comprendre que l'ensemble du peuple de Fort Fort Lointain avait été invité à la réception, pourquoi donc cette inconnue n'y aurait-elle pas accès ?

Mais avant qu'il n'ait pu lui demander plus de renseignements, la jeune femme s'excusa - encore - et tourna les talons comme si elle cherchait à s'éloigner au plus vite de la foule. Pour bousculer une autre personne. Perceval pinça les lèvres, espérant cacher son sourire. La dernière chose qu'il souhaitait c'était de rendre l'inconnue plus mal à l'aise encore si elle pensait qu'il se moquait de lui.

Toute trace d'amusement s'évanouit néanmoins lorsque le chevalier reconnut le nouvel arrivant. Il s'inclina respectueusement face au Prince et écouta la jeune femme répondre à leur hôte.

Perceval inclina à nouveau la tête avec un sourire sincère lorsque la jeune femme se tourna pour se présenter (tout en s'excusant à nouveau). Le chevalier ouvrit la bouche, prêt à répondre, mais déjà Svetlana parlait à nouveau au Prince.

Le chevalier en profita pour jeter quelques coups d’œil discrets autour de lui. La présence de Charmant avait attiré les regards, et Perceval serra la main nerveusement sur le bas de son veston. Il avait toujours apprécié les fêtes et adorait rencontrer du monde, mais il y avait quelque chose de spécifique à la vie de cour qu'il n'aurait pu définir qui lui déplaisait. Ce n'était pas sans raison qu'il avait décidé de quitter les chevaliers de Fort Fort Lointain pour partir à l'aventure de son côté.

Profitant d'un moment de silence dans la conversation, Perceval se permit de répondre finalement au Prince.

" Ça fait bien longtemps que je n'ai pas assisté à une réception royale, et c'est encore plus éblouissant que dans mes souvenirs, déclara-t-il avec un sourire poli. "

Sa mère serait fier de lui ! songea-t-il. Elle avait toujours veillé à ce que Perceval connaisse toutes les règles de politesses, bien que le garçon, à l'époque, préférait nettement aller jouer dans la forêt environnante.

L'exclamation de Svetlana tira Perceval de sa nostalgie et il tourna la tête, regardant dans la même direction que la jeune femme. Celle qu'elle désignait n'était pas inconnue à Perceval mais il avait rencontré tellement de monde au cours de ses voyages, il ne parvenait jamais à se rappeler du nom de tout le monde.

" Il me semble bien, tenta-t-il, jetant un regard mal assuré à Charmant. "

Le Prince saurait probablement l'identité de chacun de ses invités.

Bal de Snowel

And there were stars in her eyes, so much it blinded the night sky

Quand je disais que j'espérais qu'ils passeraient quelque chose de plus motivant, je parlais de la musique. Pas qu'une foutue explosion ne s'invite à la fête!!! Rien ne l'avait laisser présager; pas un seul signe avant coureur, pas de présage ou de sécurité renforcée...rien. Bon, pour aller faire le tour des têtes connues, ça devrait attendre. Voire ça ne se ferait pas vu l'état de panique dans lequel se trouvait les invités (enfin...quand ils n'étaient pas dans le gaz), mais ça me passait dix mille lieues au dessus de la tête. Une question tournait dans ma tête: pourquoi? Les rebelles...j'aurais dû me méfier et pousser Vassilissa à ne pas aller à ce bal. Cependant, je n'imaginais pas que leur essai de rebellion puisse prendre une telle ampleur, et je ne peux rien refuser à ma logeuse quand elle me fait un de ses immenses et trop rares sourires...En parlant de Vassilissa, quand l'explosion a montré le bout de son nez j'ai agi par pur instinct et me suis tourné vers elle, la serrant contre moi avec une main à l'arrière de sa blonde tête pour tenter de la protéger un maximum. Pour ce que ça valait, j'espérais quand même qu'elle n'ait rien de grave comme cela. J'ai moi-même baisser la tête et fermé les yeux, tentant de me protéger du mieux que je pouvais.

Ce furent quelques secondes qui parurent durer une éternité; j'entendai les cris, les objets qui tombent, sentit le souffle de l'explosion qui me mit à terre. Quand enfin ce fut terminé, je me relevais, aidant Vassi à faire de même. L'adrénaline de l'événement me faisait oublier les objets que, pourtant, j'ai senti tomber autour de moi, sur moi. Je ne m'en rendis réellement compte que quand je pris compte de la situation. Je jetais un oeil autour de moi, les sourcils froncés, ce qui s'avéra être un mauvais plan: une arcade ouverte, déjà, ça saigne bien, mais alors si vous foncez les sourcils bonjour! Je passai une main vers la blessure et les effet analgésiques de l'adrénaline s'effacèrent en même temps. Aie. Ça fait mal! Je gardais une main plaquée sur mon arcade droite pour eviter de md retrouver avec trop de sang dans l'oeil et observa, vraiment, autour de moi. Mes yeux se posèrent naturellement sur ma cavalière.

"Ça va? Rien de cassé?!"

Je l'écoutais, tout en continuant mon tour d'horizon pour les quelques personnes que j'avais reconnue plus tôt. Je ne m'inquiétais pas pour Perceval, cet homme était un roc, il avait probablement connu pire bataille...en revanche je ne voyais plus Gretel, et vu l'état du buffet je n'osais pas imaginer l'état de la personne qui s'en occupait derrière.

J'étais tiraillé entre accompagner Vassilissa jusqu'à l'extérieur, m'assurer qu'il ne lui arriverait rien de plus, qu'elle soit sauve, et aller voir derrière le buffet, chercher pour Gretel. Je tournais la tête dans tous les sens, à tenter de me décider. Au final, malgré les diverses coupures sur mes mains et mon cou (oui, en plus de mon arcade), ainsi que mes vêtements, bon sang Vassilissa allait hurler quand le choc serait passé, ce fut mon côté adrénaline junkie qui prit le dessus.

"Vassi, sors d'ici; mets-toi à l'abri, moi je vais juste m'assurer que des gens vont bien et je te rejoins très vite."

Pour le coup, je n'attendis même pas sa réponse que j'avais déjà déposé un rapide baiser sur son front (qu'est-ce qu'il te prend cerveau au juste, expliques-moi...) et partis vers le buffet aussi vite que je le pus à travers la foule afin d'atteindre le buffet et tenter de trouver Gretel, voir si elle avait besoin d'aide  ou non. Ce que je vis ne me rassura pas, loin de là...

"GRETEL! Attends je vais venir t'aider!"

Aussitôt  que j'aurais  pu co tourner ce buffet absolument GIGANTESQUE et renversé...

Bal de noël

winter's tale

Tout se passe vite, trop vite. Poucet ne se serait jamais douté qu'en quelques secondes, un tournant de vie peut se prendre ainsi. Pourtant, la danse avec Dragée n'était pas si désagréable que cela, quand bien même la présence du musicien maudit l’insupportait, il se faisait à cette idée que de toute façon il le retrouverait toujours quelque part. Il avait décidé de garder le sourire malgré les gloussements hypocrites, peu importaient aussi les regards envers eux, il restait à ses côtés parce qu'il l'avait juré à cette bonne fée. Il aurait tout donné pour la zieuter avec une mine réjouie, ce qui aurait pu finalement être une mission réussie s'il n'y avait pas eu tout cela. Il a tout juste le temps de se remettre de cet amusement qu'un fait macabre prend place sous eux. Le sol tremble, des cris désespérés de femmes et d'hommes se font entendre, des oeillades paniquées se lancent tant à gauche qu'à droite, sous la force du royaume qui s'écroule, il n'arrive pas à se tenir debout, s'effondrant tout en prenant soin de lâcher sa dulcinée. Les yeux rivés vers le plafond, la poussière danse ainsi que des morceaux des murs qui éclatent un peu partout dans la salle de bal, un trou se forme, certains tombent dedans et lui, le maître d'armes pousse un hurlement de chien galeux lorsqu'une douleur violente le prend au niveau du mollet. Tout son être se crispe, son dos cambré, ses mains serrées il se fond dans cette masse qui court un peu partout, souhaitant plus que n'importe qui et n'importe quoi la sortie. En laissant ses prunelles vagabonder sur l'immense hauteur, il se rend compte qu'il revient des années auparavant, pauvre marmot à qui on a voulu couper les ailes. Sauf que c'est sa jambe qui agonise, saigne à ne même plus lui laisser le temps de se plaindre. Il retient des injures alors que son palpitant claque à tout rompre contre son torse, il a cessé de respirer, toute force ayant quitté sa carcasse sous le coup de cette explosion venant de... De qui d'ailleurs ? L'heure n'est pas à la réflexion. Il ne comprend plus rien, il ne sait même plus qui il est, dans sa tête ça résonne, dans ses yeux il n'y a plus que du flou, des ombres dansent, est-ce qu'il va trépasser ? Ce n'est pas son heure. Il le refuse. Déglutissant difficilement, une profonde inspiration lui permet de gonfler ses poumons ainsi que de réveiller sa plaie ouverte à cause d'une roche bien trop grosse, ayant été partie intégrante des fondations du château quelques minutes plus tôt. Où est Dragée ? Où est son frère lorsqu'il a besoin de lui ? Où sont-ils tous ? En papillonnant des cils il peut apercevoir un jeune garçon qui se dirige vers la donzelle s'occupant du buffet, le bras écorché, la tétanie visible par les tremblements de ses bras. Lui, allongé n'arrive plus à se mouvoir sans retenir un grognement mêlé à un gémissement dépité. Lourde, trop lourde, il s'enfonce dans le sol souillé de la pièce, se sent divaguer, partir avec les battements de son coeur qui se font bien entendre dans le creux de ses tympans. C'est horrible. Ce n'est pas de la musique, c'est une pure torture. Ses lèvres asséchées s'ouvrent un peu, il tousse, rejetant toute la saleté qui veut s'incruster dans sa gorge et après coup, se décide enfin à parler. « DRAGÉE ! » Unique attention portée vers celle qu'il ne supporterait à perdre, tout comme son aîné qui de toute façon n'est pas présent. Prenant appui sur ses avant-bras pour réussir à se redresser, il ne peut qu'admirer le paysage de carnage qui s'étale sous son regard impuissant - Plumosucre ne doit pas en faire partie, pitié qu'elle ne soit pas de ceux qui ne se relèveront plus.

Bal de Snowel

Souris, une soirée ne dure pas si longtemps

Les invités défilent, dansent, rient, mangent... Non, ils se goinfrent même. Le début de la soirée n'a pas été fructifiant pour mes affaires, mais il a suffit qu'un groupe ou deux s'attarde au buffet pour qu'il soit assaillit de toute part maintenant. Je ne sais plus réellement où donner de la tête, tout le monde se sert à pleine main, je crains de manquer de muffins avant la fin de la soirée. Je viens d'en remettre une bonne vingtaine, et lorsque je jette un coup d'oeil au plat il n'en reste plus que deux qui se battent en duel. Quelle idée d'avoir dit oui à Dragée pour m'occuper du buffet ! Il est évident que je suis débordée. Plus que d'habitude.
Une voix familière me distrait quelques secondes de mon travail. Le Capitaine Nemo est venu me saluer, seul. « Je ne suis pas parti en expédition depuis notre dernière rencontre, mais j'en ai une de prévue après les fêtes, si vous êtes toujours intéressée. » Je n'ai pas le temps de m'étonner qu'il veuille toujours de moi qu'il est déjà parti avec un cupcake à la main, d'autres invités ayant déjà pris sa place.

Je suis réellement débordée. Heureusement, un moment de calme s'installe dans ma partie de la salle, l'autre partie semblant avoir été prise d'assaut par tous les danseurs effrénés, l'estomac bien rempli, enivrés pour certains. Il est temps de remettre un peu d'ordre là-dedans. « Est-ce vous qui avez fait tout cela ? C'est somptueux, vraiment, je n'ose imaginer le temps que vous avez pris pour avoir un tel résultat. » Un homme que je ne connais pas me regarde avec un gentil sourire, près du buffet apparemment seul. "Je vous remercie beaucoup, monsieur. Je crois pouvoir affirmer que tout cela est mon oeuvre, mais uniquement parce que c'est mon métier. Si ce que je fais vous plait, passez-donc me voir un jour ! Je tiens une boutique sur Roméo Drive, Miel&Epices, si vous aimez les bonbons je serai ravie de vous en faire goûter !" J'aurai beaucoup aimé discuter avec lui, me détendre un peu, mais le buffet est dans un état... Pire qu'un dépotoir. Je lui adresse un sourire gêné avant de prendre congé de lui afin de me remettre au travail.

Deuxième vague énorme d'invités. Cela ne cessera donc jamais ? Parmi les invités empressés, je reconnais le Prince Charmant à la crinière de lionceau parfaitement brossée qu'il porte comme un diadème sur sa tête de princesse. Je ne l'avais jamais vu avant, mais la foule qui s'écarte en deux rangs parfaits pour le laisser passer me donne à penser que cela ne peut être que lui. « Ils sont délicieux, très savoureux, félicitations, milady. » Pompeux, niais et pompeux. Je t'en foutrais, moi, du milady. Mais au moins, il aime ce que je fais, et je suppose que c'est un bon point pour moi. "Je vous remercie Votre Altesse." je répond avec un léger hochement de tête. Non, parce que pour la révérence il peut aller se brosser, c'est ça ou j'entraîne tout le buffet avec moi dans mes mauvaises manières et ma maladresse.

La pyramide de verres de sirop de grenade est presque terminée, il ne me reste que quelques éléments à placer, quand elle commence à vibrer sous mes doigts, puis à s'effondrer d'un coup, renversant tout le liquide écarlate sur la nappe immaculée. Les invités commencent à crier, à s'agiter un peu partout, tout le monde se marche dessus. Le château tremble dans sa totalité, tout se renverse, tout se bouscule, tout devient confus. J'essaye tant bien que mal de sortir de derrière mon buffet dans le sang-froid le plus total. L'instinct de chasseuse. Je sais qu'il va se produire quelque chose d'horrible, de dangereux et d'irréparable. Les invités courant dans tous les sens me barrent la route. Dans un ultime tremblement, le buffet devient ma prison en se retournant d'un seul coup. Je suis bloquée contre le mur, le bois massif de la table bloque ma respiration et m'empêche de bouger. Je vois, impuissante, des morceaux de la salle, du plafond, des colonnes, emporter tour à tour des morceaux de l'architecture et des invités. Je n'ai pas peur. Je sais que je ne peux rien faire. Je sais que je ne peux rien faire contre la volonté de Potté, lui qui a conduit les rebelles, lui qui es l'instigateur de cette bombe. Je le sens, je ne saurai pas dire pourquoi, mais je sens qu'il est là, et je sens que tout le dépasse. Il ne sait pas que je suis là. Et s'il l'avait su, aurait-il renoncé ? Bien sûr que non.

Le bruit, la peur, les hurlements, la panique, tout se déroule devant mes yeux, et puis plus rien. Je suis sourde, je suis muette, je suis aveugle, je ne suis plus qu'un décombres parmi tant d'autres, une victime de l'anarchie qui ne souhaite pas survivre. J'ai mal, cette douleur qui me paraissait si douce auparavant car elle me maintenait en vie, aujourd'hui je veux qu'elle me tue et qu'on en finisse. Je ne lutte pas, je ne vois plus. Je ferme les yeux et j'espère que cela va se finir rapidement. Non, tu ne mérites pas une mort rapide. Tu mérites d'agoniser, de ressentir chaque longue seconde de la fin de ta vie, d'avoir aussi mal que tu as fait mal tout au long de ta vie. Si j'avais suivi Potté, je n'en serai pas là. Je serai avec lui, je ne l'aurai pas quitté. J'aurai su s'il est vivant à ce moment, s'il a survécut. Peut-être que lui aussi se meurt, quelque part, sous des dépôts de magnificence régie autrefois par un dictateur qui se voulait lumineux. Aujourd'hui, la souffrance, mais demain, qu'en sera-t-il de ce royaume ?

Non, il ne perd pas la vie quelque part. Il est la vie. Il s'échappe toujours, est toujours indissociable de l'existence, est éternel. Comme une idée. Potté est une idée. Et une idée ne meure jamais.
"GRETEL! Attends je vais venir t'aider!" Un dernier bourdonnement, et tout devient froid, tout devient noir. Tout devient comme tout ce que tu as mérité pour tes forfaits et ta lâcheté.