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Le calme après la tempête n'est qu'un mythe de matelot


FORT FORT LOINTAIN

Gretel Denougatine
J'L'AI BOUFFE TA MAISON EN PAIN D'EPICE

Gretel Denougatine

Le calme après la tempête n'est qu'un mythe de matelot  Tumblr_m0bl3amXfb1r5tdn1

⊱ pseudonyme : Chameau
⊱ tête mise à prix : Natalie Portman
⊱ crédits : bazzart
⊱ arrivé(e) le : 24/09/2014
⊱ manuscrits : 994

⊱ tes licornes : Nina Têtedure, Odette Plumedeneige & Eleazar Coeurfané
⊱ schillings : 1174

⊱ ton conte : Hansel et Gretel
⊱ ta race : Humain
⊱ métier : Gérante de la confiserie "Miel & Epices"
⊱ tes armes : Aerien, son arc chéri, toujours là pour calmer ses nerfs ou botter les fesses des indésirables.
⊱ allégeance : Elle pose son cul où elle veut, même sur le trône je m'en fiche

Le calme après la tempête n'est qu'un mythe de matelot  51164-Christmas-Colored-Lights



Le calme après la tempête n'est qu'un mythe de matelot  EmptyMer 1 Oct - 20:58




Hansel et Gretel
le sel de la mer - le sucre de la ville


Je ne suis sûre de rien.
Je sais que j'ai les jambes qui me tirent comme jamais. Je sais que j'ai le souffle court et saccadé. Je sais que je ne vois rien d'autre que l'intérieur de mes paupières, et ce depuis un moment déjà. J'ai peur d'ouvrir les yeux. J'ai peur de tant de choses.

Je les ouvre pourtant, bien obligée de savoir où j'ai atterrit. Je connais cette ville comme personne. Mes jambes sont indépendantes de mon corps. Elles ont une âme, une conscience propre. Elles me portent, m'amènent inconsciemment là où tout au fond de moi je veux être.

J'ouvre les yeux. J'ouvre les yeux et je crois avoir atteint l'enfer. Ou le paradis. Je ne sais plus vraiment ce que je crois de toute manière.
Je regarde devant moi. D'abord, la clarté des rayons du soleil couchant attaquent mes yeux. Je ne peux que les plisser pour avoir moins mal. Les yeux ainsi plissés, le paysage qui m'entoure est flou. Mon corps se livre à un jeu de devinettes avec moi.

Je sens le vent sur mon visage. Je le sens qui soulève mes cheveux, qui caresse ma peau. Je décèle une odeur de sel, de large, de liberté.
Les odeurs se mêlent et s'entremêlent pour me compliquer la tâche. Des odeurs âcres, plus ou moins fortes ou ténues. Rien à voir avec les odeurs douces et sucrées qui flottent dans la boutique toute la journée. Des odeurs brutes, des odeurs sans saveur, des odeurs inconnues. Je ne vais pas souvent dans cet endroit.

Le sol me paraît meuble. Je m'enfonce doucement dans ce qui semble être un tapis de mousse. Chaque pas que je fais donne lieu à crissement doux et paisible, comme un soupir de soulagement.

J'entends un bruit de froissement continu, d'abord doux, puis se rapprochant de plus en plus de moi pour échouer dans un chuchotement laborieux. J'entends des cris d'oiseaux qui semblent mécontents. J'entends des chants d'hommes ivres, j'entends des ordres criés par des voix cassées de personnages plus tous jeunes.

La lumière devient plus douce. Une étendue bleue et brillante happe mon regard tout entier. Je suis hypnotisée par les va-et-viens de cet horizon semblable à la couleur du ciel.

Je suis sur la plage.
Cela fait des mois que je n'avais plus remis les pieds ici. Plus depuis le départ de l'Ecorchée, bien des semaines plus tôt. Je me souviens m'être cachée derrière un chargement de barriques diverses pour voir monter ce que j'ai de plus cher à bord d'un navire sans destination précise, sinon la mort, les pillages et la douleur. Je me souviens avoir fait mes adieux silencieux à mon frère, partant pour une durée indéterminée loin de moi, sans aucun scrupule.

Je me souviens que nous nous étions quittés sur une dispute. Une violente dispute. Une de celles où les mots franchissent mes lèvres avant que je ne puisse les retenir. Des mots piquants, crus, acerbes, que je voulais à tout prix éviter. Mais la colère aime me créer des problèmes. S'il savait comme je m'en voulais. Comme je lui en voulais.

Mais aujourd'hui c'est à la terre entière que j'en veux. J'en veux à ceux qui entretiennent le danger et l'amertume de ce monde. J'en veux à ceux qui pensent que des idées révolutionnaires et des morts au nom de ces idées feront bouger les choses. Mais ils ne font qu'ajouter des croix dans nos cimetières.

Je veux qu'il revienne. Mais je ne le lui demanderai jamais.
Je sais qu'il ne veut plus me voir. Je sais qu'il ne me pardonnera pas d'avoir tant changer. Ni de ne pas l'avoir laisser avoir sa revanche sur la vie. Aujourd'hui, il l'a obtenue, sa vengeance. Mais une rancœur en vaut-elle à ce point la peine si la vie même est en danger ?

Je marche sur la plage, prenant conscience que l'immobilité me lance dans les jambes.
Je passe devant des barques que je regarde à peine, devant des marins déjà ivres qui s'échouent encore dans les bras des filles de joies déjà au travail. Je passe devant des navires de toute sorte, devant des ponts emplis de caisses et de barriques prêtes à être chargées ou qui viennent tout juste d'être déchargées. Je passe devant des hommes qui s'échangent des dernières blagues, des derniers conseils, des dernières boutades ou des derniers récits de voyages déjà cent fois racontés. Et je me pétrifie.

Je connais cette voix. Cette voix qui approche à pas lents tout en rigolant avec une autre voix que je ne connais pas. Cette voix qui s'approche lentement de mon oreille gauche, sans que je puisse bouger d'une pouce. Mes oreilles bourdonnent. Mon ventre se tord comme jamais. Mes membres se font lourds et je sens des picotements dans mes doigts. Je ne sais par quel miracle je trouve la force de tourner la tête. Il est là. Devant moi.

Hansel.
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Le calme après la tempête n'est qu'un mythe de matelot  EmptySam 4 Oct - 23:29




Hansel et Gretel

ce n'est plus une sauce piquante notre histoire, mais une soupe aux hérissons


L’histoire d’Hansel et Gretel n’était pas bien longue, en soit. Tous la connaissaient, les pages cornées et défraichies qui expliquaient comment deux enfants perdus s’étaient défaits de la sorcière qui voulait les dévorer. Mais peu de gens savaient ce qui s’était réellement passé. Eux-mêmes ignoraient ce qu’il se passerait. Parce qu’Hansel et Gretel, c’était des débuts difficiles. La faim, l’abandon, la mort de leur mère, les ténèbres qui s’implantent sous les paupières pour ne plus jamais repartir. Et puis c’était le succès à Fort fort lointain, et les phalanges qui se brisent, le cœur qui se déchire pour former deux être alors qu’auparavant, il n’y en avait qu’un seul.  Hansel et Gretel, c’était l’avenir incertain, les eaux troubles et les larmes qui vous montaient aux yeux pour essayer de vous noyer.
Hansel et Gretel, c’était terminé. Et c’était cela le pire. Ne pas pouvoir continuer l’histoire. La rallonger de quelques chapitres, l’agrémenter de sourire et puis un peu de réussite. Non. Plus maintenant. C’était juste le passé, l’odeur de quelque chose dont on aurait oublié le nom, mais qui rappellerait des sensations enfouies au plus profond du cœur.
En sautant de manière habile sur la terre ferme, Hansel ne pensa pas à toutes ces saveurs ternies. Il avait fait son choix. Il y avait des choses qui devaient se terminés, pour que d’autres puissent débuter. Il ne regrettait pas. Il avait du agir ainsi pour son propre bien, pour penser un peu à ce qu’il voulait, et non ce que les autres prévoyaient pour son cas. Ce n’était peut-être pas vrai. Comme la ville de Fort fort lointain, sa sœur lui manquait. Ou non. Sa sœur lui manquait simplement. C’était elle. Juste elle. Du reste il pouvait parfaitement s’en passer, comme il l’avait fait pendant ces quelques semaines sur le navire, à apprendre à être quelqu’un, à s’écrire une nouvelle vie. Il avait cru pendant un instant que cette nouvelle vie pouvait se faire sans Gretel. Après tout, il n’avait plus rien à voir avec elle. Certes, elle était sa sœur, ils avaient vécu ensemble tout une enfance, et l’équivalent d’une ou deux existences mais par la suite, tout s’était cassé la figure pour ne faire qu’un amas de cellules isolées, qui peinaient à survivre sous ces gravats de souvenirs complètement dépassés. Ils n’étaient plus les mêmes. Gretel avait changé, et pas en bien d’après son frère, qui lui aussi s’était transformé pour devenir l’esquisse de cette chose trop différente du petit garçon sage qu’il avait été, il y a fort longtemps. Ils n’étaient plus faits l’un pour l’autre. Ils n’aimaient même plus les mêmes choses. Quand sa sœur passait ses journées à confectionner des pâtisseries à la pelle, Hansel lui traînait en ville en se cherchant, talonné de près par son ombre. Il avait soif d’aventure, Gretel cherchait la normalité.
Il avait donc fait de l’aventure sa normalité.
Elle avait fait de la normalité une aventure sur laquelle elle glissait chaque jour, souriante.
Jusqu’à la rupture. Jusqu’à la dispute. Aux mots de trop, au rêve qui déborde de la tête, tellement qu’il en vient à prendre toute la place. Hansel ignorait comment sa grande sœur avait vécu son départ, mais il se doutait bien que si elle ne l’avait pas cautionné au début, elle n’allait pas de but en blanc changé d’avis lorsqu’il reviendrait pour quelques jours. Il savait tout cela. Comme il savait qu’il n’était manifestement pas fait pour la terre, puisque ses journées passées sur l’étendue bleutée avaient été les meilleures de sa piteuse existence. Il le savait, alors il avait décidé de ne pas la croiser. Un plan simple à comprendre et à mettre en exécution. Ne pas s’approcher de Miel et épices, et des piques au sucre glace de sa sœur adorée. La soirée, il l’avait donc prévu passée avec les autres marins qui n’avaient pas non plus de famille à allé s’occuper, ce qui n’était pas rare pour les marins de l’Ecorchée. Certes, une grande partie avait des enfants, des femmes à aimer, mais d’autres, plus jeunes, moins chanceux n’avaient que la joyeuse compagnie de Sinbad Septmers. Hansel en était maintenant membre. A son plus grand bonheur.
Il était prêt à y croire jusqu’à ce que le drame survienne. C’était de tout Fort fort lointain qu’il aurait fallu se méfier. Pas simplement des rues colorées. Les rivages n’étaient pas sûrs. Le plein large beaucoup plus. Et même entourés de ses nouveaux amis, Hansel n’était pas protégé.
Parce qu’où qu’il aille, il s’emmenait toujours avec lui.
Il s’arrêta en plein dans son élan pour accuser le coup. Un des marins avec lequel il discutait continua son chemin en ne cessant pas de lui parler des sirènes qu’ils avaient entre-aperçus. Mais lui resta cloué au sol, comme si la terre ferme s’était transformée en sables mouvants. Il n’écarta pas les yeux, ne s’exclama pas, ne l’insulta pas, ni ne se jeta à son cou.
Il en avait pourtant tellement envie.  
Parce qu’elle était là, et qu’elle lui avait tant manqué. Même la famille de Sinbad ne pourrait jamais la remplacer. Gretel. Gretel et ses cheveux bruns. Gretel et son parfum sucré. Gretel et son arc et ses flèches acérées. Gretel et ses mots caustiques. Gretel l’autre moitié de l’histoire. Le cœur déchiré.
Il lâcha la corde qui pendait sur son épaule. Il était déjà trop alourdi comme cela. Et puis si quelqu’un pouvait lui venir en aide. Comme si une quelconque personne le pouvait. C’était lui, qui le devait. C’était sa faute. Leur faute. Hansel et Gretel.  
"Salut." ne trouva-t-il rien de mieux à dire, après quelques secondes d’un silence pesant. Car oui, la plage était en effervescence depuis l’arrivée de l’Ecorchée, ainsi que d’autres navires rentrant au port. Mais le temps se stoppait net. Il voulait voir ce qui allait se dérouler sous ses yeux vicieux. Il voulait voir ce qu’il avait détruit.
Quelque chose de beau.
Pour ne laisser la place à rien d’autre qu’à de l’incompréhension et de la gêne, qui ne rendait Hansel que plus risible. Et il regardait partout ailleurs que dans ses yeux.
Il avait appris que certaines tempêtes ne pouvaient être vaincues.
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Gretel Denougatine
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⊱ pseudonyme : Chameau
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⊱ crédits : bazzart
⊱ arrivé(e) le : 24/09/2014
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⊱ schillings : 1174

⊱ ton conte : Hansel et Gretel
⊱ ta race : Humain
⊱ métier : Gérante de la confiserie "Miel & Epices"
⊱ tes armes : Aerien, son arc chéri, toujours là pour calmer ses nerfs ou botter les fesses des indésirables.
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Le calme après la tempête n'est qu'un mythe de matelot  EmptyDim 5 Oct - 0:03




Hansel et Gretel
le sel de la mer - le sucre de la ville


Je veux être en plein rêve.
Je veux me réveiller d'un coup dans mon lit, bien au chaud sous mes draps, en me disant que la réalité n'est pas celle que je suis en train de vivre. Tout serait plus facile si ce n'était qu'un rêve. Je n'aurai aucune autre décision à prendre que de me réveiller ou de regarder ce qu'il allait se passer. Parce qu'on est spectateur de son rêve, mais acteur de sa vie.

Être acteur de sa vie.
C'est ce qu'Hansel avait choisi d'être aujourd'hui. Mon petit frère avait choisi de m'abandonner pour vivre des aventures, goûter à ce piment de la vie qui lui donne un sens, selon ses dires. Pour moi, cette décision n'a été que la grille qui se refermait à jamais devant moi, emprisonnant mon bonheur à jamais dans une geôle inaccessible. Et puis son venus les mots durs, les mots tranchants de la colère qui nous a à jamais séparés.

"Tu as tout gâché, Gretel, j'espère que tu es contente de toi."
Ma conscience me jauge. Ma bouche a parlé trop vite. Elle a prononcé les mots qui ont décidé Hansel à partir loin de moi, et à ne jamais revenir me voir, afin d'éviter la gêne et la souffrance que cela nous infligerait. J'ai tout gâché avec mes paroles meurtrières, mes mots trop acerbes. Ceux qui ont transformé Hansel et Gretel en un souvenir de plus en plus lointain de jour en jour.

Qu'est-ce qui a tout changé ?
La vie, je dirais. Nous étions une entité unique. Les épreuves de la vie nous ayant conduits à être plus soudés que les racines au tronc de l'arbre. J'étais le tronc, il était mes racines. Mais le tronc a trop vieilli, a pris un chemin différent des racines qui se sont glissées vers un autre chemin, trop loin du tronc vieillissant et démesurément entêté. Nous avons changé. Nous sommes devenus trop différents. Nous nous sommes déchirés. Mais il reste la partie de mon cœur qui fait de moi un tout, et la pire des querelles ou même la mort ne pourra jamais rien y changer.

Je regrette, Hansel.
C'est de ma faute si aujourd'hui tu me détestes. Si je n'étais pas venue au port, je suis certaine que tu m'aurais évitée pendant ton séjour sur terre. Dieu merci, tu as l'air en bonne santé et en forme. Quelque peu amaigri, certes, et un peu sale. Les cheveux trop longs, une barbe que je ne te connaissais pas. Une voix aussi plus grave, mais pas plus assurée.

"Salut."

Je n'aurai pas mieux dit moi même. A vrai dire, je suis soulagée qu'il ait ouvert la bouche le premier, plutôt que de me passer devant comme on passe devant un étranger avant de continuer son chemin. Son regard néanmoins est fuyant, et me laisse effleurer la pensée que j'ai pu peut-être, lui manquer ? Lui aussi m'a beaucoup manqué. Et je ne fais rien que remercier Dieu pour m'avoir maintenu en vie, alors qu'il ne sait pas se battre... Il a sûrement dû apprendre.
Les secondes passent, et il n'esquisse pas le moindre geste. Je cherche ses yeux, il évite les miens avec soin. Il veut que je m'en aille. Il voulait m'éviter.

Je sais qu'il attend ma réaction. Mais moi même je ne sais pas comment réagir. Mon soulagement prend bien sûr le pas sur ma colère, mais je ne veux pas le laisser penser que je lui ai pardonné de m'avoir laissée, et que je suis d'accord avec sa "nouvelle vie".

Lentement, mes jambes trouvent la force d'avancer vers lui. Je ne contrôle rien du tout. Toutes les émotions du monde se mêlent et s'entremêlent dans ma tête, mon cœur est noyé sous la peine et l'indécision. Je m'arrête quelques pas avant d'arriver à sa hauteur. Je cherche ses yeux pour planter les miens dedans. Mais je n'arrive toujours pas à les trouver. Je ne suis pas prête à ce qu'il me dise en face qu'il me déteste.

"Je suis désolée, Hansel."

Ma voix se brise sur son prénom. Avant qu'il ne voit les larmes qui se bousculent à l'orée de mes yeux, je fais volte-face et m'éloigne de lui avant qu'il ne soit trop tard, et qu'il ne me chasse lui-même.
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Le calme après la tempête n'est qu'un mythe de matelot  EmptyVen 10 Oct - 23:20




Hansel et Gretel

ce n'est plus une sauce piquante notre histoire, mais une soupe aux hérissons


Salut. C’était tout ce qu’il avait trouvé à dire. Salut. Rien d’autre à offrir. Après des semaines à partir en mer, après une dispute qui aurait mérité certains éclaircissements que le jeune matelot ne possédait pas. Il revenait sur terre avec des souvenirs pleins la tête, mais un salut murmuré sciemment, avec le reste de la phrase coincé en travers de la gorge. C’était risible. Il était risible. Et c’était tout ce qui subsistait d’Hansel et Gretel. La légende perdue au fin fond des rêves-cauchemars, les frères et sœurs incompris, et incompréhensibles. Jadis, ils avaient été soudé, envers et contre tous. C’était eux contre le monde. Eux à jamais, et l’un n’aurait survécu sans l’autre auprès de lui. Mais les temps avaient changé, le vent tourné. Et lorsqu’Hansel lâcha son pitoyable salut, en même temps que ses cordes qui ne servirent à rien, il regretta presque tout ce qui s’était passé. Après tout, toujours il avait détesté voir Gretel dans un état aussi piteux. Car si tous les autres ignoraient bien que cette jeune femme sucrée renfermait en elle un mal-être causée par sa propre famille, Hansel n’était pas dupe : Elle n’allait pas bien. Alors que lui, si. Et ça ne devait pas fonctionner ainsi. Il n’avait pas le droit de se rendre heureux au détriment du bonheur de sa sœur. Ainsi, il s’en voulut derechef. Les remords l’accablèrent rapidement, comme s’ils avaient été chassé par le mistral durant tout le voyage, et qu’arrivé au port, ils en avaient profité pour revenir avec des renforts. Il songea un instant que ce n’était peut-être pas plus mal, finalement, qu’il la croise directement au lieu de se malmener pour se décider à aller la voir un peu plus tard, car les regrets auraient eu le temps de se faire des alliés, et Hansel n’en voulait pas. Il en avait déjà assez sûr le cœur pour en rajouter. Et ce n’était plus là une question de vouloir, mais de pouvoir, car toujours à un moment l’esprit nous fait comprendre que non, décidément, c’est trop pour une seule personne. Et de se retrouver là, ensemble, immobiles et échoués sur le rivage, le monde en marche, eux à l’arrêt était trop. Même Gretel, d’habitude si forte, ne le supporta pas. Les légendes ne se trouvaient donc là que pour endormir les enfants, même si les histoires racontées parlaient de meurtre et d’abandon. Mais derrière les légendes on trouvait les hommes. Faibles, fourbes, égoïstes. Meurtriers. Et même le plus beau happy end cachait une rangée de tombes bien alignées.
La rangée de tombes, c’était aujourd’hui les yeux de Gretel. Avec les souvenirs qui s’y reflétaient, et le désespoir des condamnés déjà punis, mais qui attendent encore une sentence. Derrière elle il entendit son compagnon marin l’interpellé, et lui dire de le suivre au lieu de rester là planté comme un piquet. Mais Hansel n’en fit rien. Planté devant leur propres tombes. Promesses, souvenirs, rêves d’avenirs déterrés, entrailles découvertes. Tombeaux blasphémés. Il aurait préféré que tout ceci reste bien enfoui dans la terre, et repartir en mer car là-bas on ne le trouvait pas. Mais de son regard sa sœur avait tous remis sur le tapis. Et ce n’était même pas de sa faute.
"Je suis désolée, Hansel."
Mais elle s’excusa. Et ce goût amer revint à la bouche d’Hansel. Ce n’était plus à elle de se faire pardonner. Mais à la fois, son frère était soulagé à l’écoute de ces mots murmurés difficilement. Il n’eut pourtant pas le temps de les savourer, car déjà elle repartait. Parce que quand ce n’était pas un, c’était l’autre. C’était ainsi que ça fonctionnait, à présent. Des opposés. Fini la même voie arpentée à deux. Tant de termes maintes fois ressassées pour ne laisser qu’une conclusion définitive, que détestait Hansel : C’était terminé. Irrémédiablement. Du moins c’est ce qu’il avait cru durant des jours entiers, alors qu’il avait tourné et retourné le problème dans tous les sens. Il ne voulait pas que ça cesse, mais tout les empêchait de continuer à être Hansel et Gretel. Tout, ou juste Hansel lui-même, qui ne pouvait pas être le frère et le marin en même temps.
Il s’élança vers elle, et l’attrapa par l’épaule avant qu’elle ne s’enfuît pour toujours.
"Attends." Mais attendre quoi ? Même le matelot n’en savait rien, lui qui avait pourtant à l’habitude assez de réflexion pour prendre des décisions. Il n’y en avait peut-être pas ici. Aucun verdict pouvant convenir à l’un comme à l’autre. Il était loin, le temps où les deux pouvaient être d’accord. Et c’était si horrifiant que ça en devenait presque fascinant. A le voir se malmener pour trouver ses mots en essayant de la retenir, comme elle ne l’avait pas fait, on pouvait se laisser tenter à les observer un instant, en tout cas. Aux risques d’apercevoir des larmes aux coins des yeux, parce que toutes les histoires ne finissaient pas toujours biens. "Ce n’est pas bon de s’enfuir. Pour personne." finit-il par dire, pour ensuite serrer les dents si forts qu’il en eut mal. Tant pis. Cette douleur était éphémère, contrairement à celle de l’abandon, qui vous rongeait le cœur comme des vers un cadavre. Surtout quand on se trouvait être le bourreau, de cela Hansel l’avait au moins compris, après tout ce temps. Etre l’abandonné n’était pas le pire, il se retrouvait maintenant tortionnaire, et cela avait le mérite de surpasser la perte même de leurs parents. Parce qu’il reproduisait les mêmes erreurs. L’égoïsme. Et que Gretel allait en pâtir, encore et toujours. On ne changeait définitivement pas.
"Que fais-tu ici ?" Le ton froid, le masque-qui-ne-va pas renfilé en vitesse, comme s’il ne pouvait pas s’en empêcher avec elle, parce qu’être le boucher de l’amour d’une sœur revenait à se créer de nouvelles habitudes sanglantes. Non, on ne changeait définitivement pas.

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Hansel et Gretel
le sel de la mer - le sucre de la ville


Il faut que je m'en aille.
Je n'ai rien à faire ici, je ne devrais pas me retrouver devant lui aujourd'hui. Je ne sais pas par quel miracle je suis tombée sur lui. Ce que je sais, c'est que je ne suis pas prête. Je ne suis pas prête à affronter l'abandon une fois de plus, ni sa colère. Encore moins son désamour. "C'est terminé Gretel." Voilà exactement ce que je ne veux pas entendre. Parce que je ne le comprendrais pas, je me demanderais pourquoi alors que je sais pertinemment que j'ai tout gâché. Je sais que j'ai mis un point final au conte d'Hansel et Gretel, et que tout est de ma faute. Je sais que nous avons atteint un point de non retour, que nos chemins doivent se séparer, que nous n'avons plus rien en commun. Je sais que nous est mort, qu'il ne reste plus que toi, moi. Pas de "et". Pas de toi "et" moi. Juste Hansel. Gretel. Dans deux mondes différents.
Il n'y a pas de séparation faite clairement devant nous, mais ma culpabilité a tracé une ligne qui s'étend devant nos pieds. Que le destin n'attends qu'un pas de trop de notre part pour rompre définitivement le lien qui nous lie et savourer sa revanche sur l'amour, l'amitié, la vie.

Je suis désolée Hansel.
Désolée de ne pas pouvoir être ce que tu attends que je sois. Désolée de ne pouvoir être que la grande soeur qui a peur pour son petit frère. Désolée de n'être que la faible fille qui n'est rien sans sa famille. Désolée d'être Gretel, la Gretel d'aujourd'hui, celle qui a peur et qui se cache dans la facilité parce que la difficulté a des allures de Faucheuse à ses yeux.
Je suis désolée de ne pas avoir pu comprendre que tu étais destiné à me laisser. Désolée de ne pas avoir compris plus tôt ton caractère. Désolée de n'avoir vu en toi que ce que j'espérais que tu deviennes. Désolée de ne pas avoir vu que tu es devenu toi, un Hansel accompli et tellement épanoui. Désolée d'être aujourd'hui un fardeau pour toi. Désolée d'être la cause de cette querelle qui t'empêche d'accéder à un bonheur entier et tellement mérité. Désolée de tout gâcher, encore une fois.
Je suis désolée de te décevoir, Hansel.

Comme j'aimerai te dire tout cela. Comme j'aimerai que tous ces mots sortent de ma bouche, bousculent mes lèvres et se déversent dans un flot de paroles inconscientes. Comme j'aimerai ne pas avoir besoin d'un certain courage pour me lancer et te dire ce que mon coeur brûle que tu saches, ce que mon ventre me pousse à te dire en me faisant mal, toujours plus mal, chaque seconde.
Mais je ne peux pas. Mes lèvres restent closes, mes yeux n'arrivent même pas à faire couler les larmes naissantes au creux de mes paupières. Ma bouche est sèche, je respire mal. Tu es ma maladie, Hansel, mon poison, mon coup fatal. Mais tu restes mon elixir de vie, mon souffle, mon oxygène. Tu me tues et tu me fais vivre à la fois. Ma vie et ma mort dépendent de toi. Rien que de toi. Rien que de ton sort.

"Attends. "

Ne me retiens pas Hansel. Je n'en sortirai pas indemne. Pas cette fois.

"Ce n’est pas bon de s’enfuir. Pour personne."

S'enfuir. Partir. Ce n'est pas bon ? Alors aurais-tu fait un mauvais choix ? C'est toi qui est parti, toi qui est fait de la même chaire que moi, du même sang, et qui est devenu la moitié de mon coeur. Tu t'es enfui. Aujourd'hui, j'ai le droit d'en faire autant.

Mais cela ne résoudra rien.
Ma conscience, une fois de plus, s'est réveillée, et ma culpabilité avec. A elles deux, elles bloquent mes jambes, mes pieds, mes articulations. Je frissonne. La main d'Hansel est toujours sur mon épaule. Je ne peux pas survivre sans son contact. Ce toucher, il m'affirme qu'il est bien là, qu'il est réel, qu'il est avec moi. Je me retourne, malgré mon mutisme. Parle Hansel. Par pitié, parle.

"Que fais-tu ici ?"

Tes mots ne cesseront jamais de me poignarder.
J'ai mal. Et j'aurai toujours mal. Mais j'aime cette souffrance. Je la chérie. Grâce à elle, je sais que je suis vivante, que tu es là, que tout cela n'est pas un cauchemar. Grâce à cette souffrance, je suis certaine que tu es ici et qu'il ne t'arrivera rien, que tu n'es plus en danger. Persécute-moi, Hansel, par pitié. Continue à me faire mal, et je continuerai à sentir que tu es près de moi. Si c'est le prix à payer pour te savoir vivant, je subirai ce mal chaque seconde de ma vie. J'essuierai ta haine, ton dégoût, ta rancœur. Je les saurai toutes à mon égard. Je garderai en mémoire que je suis celle qui te dégoûte le plus sur cette terre. Fais moi ressentir ta haine, blesse moi de dédain et mutile moi de mots plus affûtés que des lames, et je saurai que nous sommes vivants. Que nous sommes réunis.
Si je dois t'aimer dans la souffrance, je t'aimerai ainsi.

"Je n'en sais rien. J'ai entendu que ton navire rentrait au port. Je voulais voir si tu étais encore en vie. Si je pouvais te voir une dernière fois et peut-être, avec un peu de chance, te dire que je suis désolée. Je n'en ai pas eu le temps avant ton départ. Tu es si maigre..."

Je ne reconnais pas ma voix, déformée par la peur.
J'ai l'impression de bouger mes lèvres engourdies, mais que le son ne sort pas de ma gorge. De n'être qu'une marionnette faite de bois et qui ne sent rien d'autre que sa propre peur.

Je ne sais pas ce que je fais ici.
J'ignore pourquoi je suis ici. Une ignorance empreinte d'une peur nouvelle. Tu te souviens quand nous étions dans la chaumière en pain d'épice ? Nous avions peur, mais nous ne savions pas par quoi nous étions effrayés. La peur nous dévorait le ventre, nous rendait muet. Nous n'avions pas réussi à mettre des mots sur l'objet de notre peur. Aujourd'hui, j'ai réussi. Je sais que nous avions peur de mourir. Que nous avions peur du destin. Parce que les cartes de notre avenir n'étaient plus dans nos mains, mais dans celles de la sorcière. Elle tirait nos ficelles et était seule maîtresse de notre vie et de notre mort.
Le jour où elle t'as donné à manger du poulet, elle t'as glissé sans le vouloir une carte de ton jeu. Elle t'a donné l'idée de lui faire tâter le bout d'os lorsqu'elle voulait voir si tu étais assez dodu pour te dévorer. Tu as saisi ton occasion. Tu as réussi à retourner le jeu en ta faveur avec cette seule et unique carte.
Le jour où la sorcière a décidé de me demander d'allumer le four, elle nous a donné la paire de cartes gagnante. Elle a laissé échapper son jeu de sa manche et nous l'avons retourné contre elle. Alors nous avons repris possession des cartes de notre destin, et nous avons remis le paquet bien au chaud dans notre poche, tes cartes mélangées aux miennes, entremêlées, sans que personne ne puisse faire une distinction entre les cartes.

Et puis un jour, le destin a remis sous ton nez le jeu de carte enfoui dans notre passé. Tu as pris les tiennes, et tu as déchiré les miennes. Tu as pris en main ton avenir, mais tu as brûlé le mien. Je suis hors jeu, je ne peux plus jouer. Dans ton paquet, tu as emporté la carte de ma vie.
Aujourd'hui, tu joues avec la Mort, et toi seul peut décider qui de nous deux mourra le premier, ou bien si nous vivrons longtemps. Le jeu est encore entre tes mains, tu es maître de la partie. Mais la Mort peut encore sortir la main gagnante et tu nous perdra tous les deux, au nom d'un caprice.

"Tu as tellement changé. J'ai cru ne pas te reconnaître. Ta barbe... je n'en ai jamais eu l'habitude. Tes cheveux sont plus longs aussi. Et tes cicatrices..."

Ma voix chuchote le dernier mot et se perd doucement. Je ne sais pas comment j'ai la force de parler. Je ne me suis même pas rendue compte que ces paroles étaient sorties de mes lèvres. J'ai d'abord pensé qu'elles s'étaient mêlées au flot de pensées qui ne me laisse pas tranquille.
Tes yeux fuient toujours les miens. Je lève une main hésitante vers les blessures à peines refermées visibles sur ton corps. J'ai mal pour chacune d'elle. Et je me souviens. Je me souviens que ton ton était froid. Je me souviens que tu es mécontent. Je laisse tomber mon bras le long de mon corps. Je suis navrée que notre conversation ne prenne pas un tournant plus constructif. Mais je n'y arriverai qu'en me forçant.

Je me forcerai pour toi, Hansel. Même si tu sauras que ma voix est fausse. Que chaque mot retient un sanglot qui éclate dans ma poitrine.

"Alors, vous restez combien de temps ?"

Le mensonge. La dissimulation. Nous y sommes condamnés.
Mon cœur est un cimetière, mais la franchise ne le ravivera pas.
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Le calme après la tempête n'est qu'un mythe de matelot  EmptyMer 15 Oct - 16:33




Hansel et Gretel

ce n'est plus une sauce piquante notre histoire, mais une soupe aux hérissons


Il avait essayé de lui pardonner. Puis n’y arrivant pas, de la détester tout simplement. Mais cela non plus il ne pouvait s’y résoudre. La vérité, c’était qu’Hansel ne savait plus du tout comment se comporter avec sa sœur. L’éloignement avait brisé leurs liens. Et s’il voulait de tout son cœur les renouer, il n’y pouvait maintenant plus grand chose, du moins à ce qu'il croyait : Sous la pression, les chaînes s’étaient dispersées dans tous les recoins de leur cœur battant, et même avec toute la bonne volonté du monde, le matelot n’était pas un surhomme, il s’y résignait à présent : Il était simplement Hansel, et il n’arriverait jamais à courir assez vite pour les rattraper tous. Relation éssoufflée.  C’était ça, mourir à petit feu, en détruisant tout sur son passage. Il en blêmit, et perdit ses moyens.  L’esprit arrive parfois à un stade où c’en est définitivement trop. Où il faut céder, au lieu de se contredire dans ses paroles comme dans ses gestes. Une décision difficile à prendre quand, comme le jeune mousse, on avait pris le chemin de la honte et des faux semblants, car c’était bien ce qu’il était en train de faire : mentir. A qui exactement, il l’ignorait complètement. Mais cela lui importait peu pour le moment, même s’il avait sa petite idée sur le sujet. Il n’était juste pas Hansel. Et de ceci il se sentait impardonnable. L’attitude froide, l’immobilité constante, le sourire absent et les mots austères, ce n’était pas lui. Et même s’il avait beaucoup changé ces derniers temps, cela ne le serait jamais. Et surtout pas avec sa sœur, même s’il ne la comprenait pas, et qu’elle non plus, bien sûrement. Ainsi le voilà qui soupira, tandis que Gretel essayait de s’extirper d’une situation où il l’avait lui-même mise, avec pour seule excuse le fait qu’il « n’avait pas fait exprès ». Quelle blague. Il avait l’impression d’être l’enfant qui venait de casser un vase précieux et qui, les morceaux brisés répandus sur le sol, le sourire désolé aux lèvres, essayait de se racheter auprès de sa mère qui l’avait pris la main dans le sac. Et il n’allait pas commencé à faire des comparatifs idiots sur le vase et le cœur de Gretel. Ce n’était pas un vulgaire objet qu’il avait cassé là. Et il aurait préféré brisé jusqu’au dernier des souvenirs de voyage de Sinbad que d’être le bourreau de sa sœur, même sans l’avoir désiré.
" "Je n'en sais rien. J'ai entendu que ton navire rentrait au port. Je voulais voir si tu étais encore en vie. Si je pouvais te voir une dernière fois et peut-être, avec un peu de chance, te dire que je suis désolée. Je n'en ai pas eu le temps avant ton départ. Tu es si maigre..." Ce fut des paroles qui le prirent de court. Il s’était attendu à un autre départ non préméditée, des insultes, de la colère. Mais pas à cela. Parce qu’à la place de ce qu’il aurait dû avoir, il eu des excuses murmurées rapidement, et des remords qui auraient dû être les siens, au lieu de s’accrocher à sa grande sœur pour ne plus la lâcher. Ce n’était pas juste.  Rien ne l’était. Mais il fallait faire avec, et essayer de rétablir l’ordre, même s’il ne semblait ne plus en avoir ici. "Tu as tellement changé. J'ai cru ne pas te reconnaître. Ta barbe... je n'en ai jamais eu l'habitude. Tes cheveux sont plus longs aussi. Et tes cicatrices..." Ses yeux se mirent à regarder ses chaussures abîmées, à l’instar de son corps détaillé par une Gretel inquiète, qui le blessait à chacun de ses mots comme l’aurait si bien fait une lame aiguisée. C’était une balle qu’on se redonnait. Celle de la parole, qui arrivait dans notre camp, pour repartir dans celui adverse après quelques décisions rapides. Cette maudite balle, Hansel l’avait lancé sur sa sœur de nombreuses fois, en la touchant toujours, mais en se faisant toucher en retour. C’était un jeu dont lequel on ne ressortait pas vivant. Du moins aux connaissances du matelot, qui s’était fait tant de fois fait frapper qu’il en connaissait jusqu’au goût de la poussière. Après quelques parties comme celle-ci, on commençait à connaître les  faiblesses de l’autre, mais aussi les siennes. Et c’était ces dernières qui nous achevaient. Parce qu’à trop jouer ensemble, on se faisait toujours atteindre aux mêmes endroits. Et Hansel et Gretel qui se côtoyaient depuis la naissance ne se faisait pas de cadeau à ce jeu-là. Plus maintenant en tout cas.
Le plus jeune se laissa tout de même achevé. Parce qu’il l’avait mérité. Parce que tout cela avait pris des proportions si sérieuses qu’il était temps d’arrêter une bonne fois pour toute. Ils étaient frère et sœur. Rien n’aurait dû être sérieux. Aucune dispute. Mais ici, que s’était-il passé ? Qu’avaient-ils fait pour que cela dérape autant ? Le matelot s’en rendit compte soudainement. Cela lui fit l’effet d’une claque. Mais il eut l’ombre d’un sourire, son masque tombant en même temps que la main si douce de sa sœur. Elle observait ses blessures, alors qu’elle était l’instigatrice d’autres, bien plus graves, et si bien cachées qu’elles en devenaient les plus vicieuses. Tant pis. Lui aussi faisait des erreurs. Et il allait peut-être en faire une après qu’elle eut posé sa question qui lui fit plisser les yeux, comme pour pouvoir la distinguée tant sa voix était si faible, mais il ne regretterait pas.
Il en avait assez, de regretter. Tout ce qu’il avait fait était fait, et il décida de ne plus y revenir dessus. Il était un adulte, pas un gamin pleurnicheur, même pas un bourreau pour sa sœur. Il décidait de qui il était. Et il serait Hansel.
Ainsi ses mains attrapèrent celle de Gretel, plus bas que terre. Il l’observa un instant, elle et son cœur au bord des lèvres, et pensa un instant qu’elle blaguait quand elle avait dit qu’il avait maigri. Ce n’était pas son frère, le plus à plaindre. Ce n’était pas lui qui s’était fait un sang d’encre, et qui était resté au port dans l’espoir d’un retour en arrière.
Il irait de l’avant.
Il fallait se racheter. Il fallait se racheter ou périr. Et rien que pour cela, il aurait aimé pouvoir dire qu’il pouvait rester le temps qu’il faudra. Mais ce n’était pas vrai. Et le mensonge avait trop longtemps duré pour pouvoir persister dans l’esprit d’un Hansel dont la nature revenait aussi vite qu’un marin à la taverne. Alors il serra doucement sa main, et ses yeux décidèrent enfin de rencontrer les siens. Parce que c’était ça qu’il jugeait bon de faire : courir après les morceaux de verre en essayant de ne pas se blesser avec, afin d’en recoller le plus possible, d’y faire cette fois attention. Et même si ce n’était pas la tâche la plus simple qu’on lui avait donné à faire, Hansel se sentait capable de s’y atteler. De tenter, du moins. "Bien entendu, que je suis en vie, on ne me maltraite pas sur le navire Gretel, il faut que je te le prouves comment ? Ces cicatrices sont insignifiantes, et… Heureusement que je n'ai pas essayé de me raser, je m’en serais fait moi-même sinon. " Sa carcasse de sourire se métamorphosa en un petit sourire amusé, qui contrastait avec ses yeux graves, et son ton qui se voulait décontracté. Il aurait menti ouvertement en disant que ce n’était pas compliqué de se comporter ainsi avec elle, mais au moins en avait-il le courage, après  tant de temps passé en lâche.
Il l’avait dit, ce n’était pas bon de fuir.
Pour personne.
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Gretel Denougatine
J'L'AI BOUFFE TA MAISON EN PAIN D'EPICE

Gretel Denougatine

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⊱ pseudonyme : Chameau
⊱ tête mise à prix : Natalie Portman
⊱ crédits : bazzart
⊱ arrivé(e) le : 24/09/2014
⊱ manuscrits : 994

⊱ tes licornes : Nina Têtedure, Odette Plumedeneige & Eleazar Coeurfané
⊱ schillings : 1174

⊱ ton conte : Hansel et Gretel
⊱ ta race : Humain
⊱ métier : Gérante de la confiserie "Miel & Epices"
⊱ tes armes : Aerien, son arc chéri, toujours là pour calmer ses nerfs ou botter les fesses des indésirables.
⊱ allégeance : Elle pose son cul où elle veut, même sur le trône je m'en fiche

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Le calme après la tempête n'est qu'un mythe de matelot  EmptyJeu 23 Oct - 21:59




Hansel et Gretel
le sel de la mer - le sucre de la ville


Ils sont loin, bien loin les deux petites figures souriantes des enfants que nous étions. Ils sont partis pour une contrée trop lointaine pour que nous puissions les suivre. En partant, ils ont emporté avec eux nos sourires, nos souvenirs, notre franchise, notre complicité. Rien de moins que ce qui faisait de nous Hansel et Gretel.
Nous ne sommes plus ce que nous étions. Et même si depuis le départ d'Hansel je prie ardemment pour revenir en arrière, aujourd'hui je sais que c'est une chose impossible. Il faudra continuer dans l'état actuel des choses. Nous pouvons essayer d'améliorer les conditions de vie, évidemment. Mais la vie a tué Gretel et a balayé Hansel au loin, un petit amas de cendres soufflé doucement par la brise mais qui ne pourra plus jamais redevenir braise.
Je m'en rends compte aujourd'hui plus que jamais. Nous ne pouvons pas effacer le passé. Mais je suis convaincue que nous pouvons panser les cicatrices. Nous sommes déchirés aujourd'hui, Hansel, et je ne pourrais pas vivre en sachant que tout est fini. J'aimerai que tu acceptes ce que je suis, tout comme je parviendrai à accepter ta décision. Si tu es d'accord, cela ne sera pas facile. Mais au nom de notre amour, j'abandonnerai toutes mes convictions pour que tu restes présent dans ma vie, plutôt que tu ne deviennes qu'un souvenir d'une silhouette de dos qui s'éloigne sur la proue d'un bateau sans promesse d'un au revoir.

Cette certitude s'est ancrée en moi au moment où Hansel s'est saisit de mes mains minuscules, qui disparaissent étonnement sous sa poigne d'homme. Je ne me ferai jamais à l'idée que mon petit frère n'est plus, que seul persiste un jeune homme au regard fier et dur et au sourire malicieux. Ce cher sourire... Certainement la seule chose sur terre qui me redonne envie d'être où je suis.

"Bien entendu, que je suis en vie, on ne me maltraite pas sur le navire Gretel, il faut que je te le prouves comment ? Ces cicatrices sont insignifiantes, et… Heureusement que je n'ai pas essayé de me raser, je m’en serais fait moi-même sinon. "

Je retrouve tes yeux malicieux et ton sourire en coin, sourire narquois qui me faisait te gifler cent fois parce qu'il me froissait tant je pensais que tu te moquais de moi. Je vois toujours en toi le petit garçon intelligent et tellement futé qui nous a sauvé tant de fois. Oui, je vois qu'il est là, qu'il n'a pas disparu. Il a simplement évolué.
Tu as réussi à gagner ton pari sur la vie Hansel. Tu as évolué et tu es devenu toi. Moi, je me suis perdue dans l'amertume et la médiocrité, j'ai enfermé la petite Gretel farouche et joyeuse dans un coin de mon être et j'ai jeté la clé au loin. Trop loin. J'espère inconsciemment que tu pourrais la délivrer, briser ses liens et l'emporter avec toi. Et même si c'est mon vœu le plus cher de te soutenir, je fais simplement ce pour quoi je suis née : j'ai peur pour toi. Je ne fais que mon boulot de grande sœur trop inquiète, et toi ton travail de jeune homme courageux et aventureux qui n'en fait qu'à sa tête. Mais tu as un avantage sur moi, jeune écervelé. Toi, tu as décidé de vivre. Moi, je me suis résolue à attendre que les jours s'écoulent lentement en essayant d'entrevoir la fin.
Le courageux ne vie peut-être pas longtemps, mais le prudent, lui, ne vie jamais.
A ce jour, il n'est plus en mon pouvoir de t'interdire quoi que ce soit. Tu as brisé tes liens, tu es loin de moi, trop loin pour que j'ai une quelconque influence pour te faire revenir. Je t'ai trop materné, je le sais. Tu t'es envolé de force, mais j'ai refusé de laisser la porte de la cage ouverte. Aujourd'hui, je veux la rouvrir et te dire que je ne t'en veux pas. Je trouverai comment te pardonner, et je me rachèterai une conduite auprès de ton cœur.

J'ai essayé de te détester, de t'effacer de ma mémoire. Mais on n'efface pas ainsi une montagne bien ancrée dans le paysage. Plus je te détestais, plus je savais que je ne vivrai pas dans un monde où tu n'es pas là. L'amour fraternel est doux et cruel, et il est inexplicable. Un jour, il vous rapproche si fort que rien ne peux vous briser, le lendemain il vous fait subir des épreuves qui changent tout. Nous avions appris à faire face au monde ensemble, et pourtant, à l'épreuve suivante nous avons failli. Je veux avancer en sachant que ta main sera là pour me relever si je tombe. Je veux vivre en sachant que tu viendras me voir si tu as besoin de moi.

« Tu dois sûrement être mort de fatigue. Je voulais simplement te dire que... la boutique reste la tienne également, et que tes affaires n'ont pas bougé de place. Si le cœur t'en dis, j'y serai certainement – où ailleurs pourrais-je être de toute manière ? »

Je sens ma voix faire un raté. C'est vrai, dans quel autre endroit pourrais-je me trouver ? Dire cela était complètement stupide. Maladroit. Inutile. Je prends conscience de l'absurdité de mes paroles, mais je ne sais plus comment lui parler. La simplicité m'échappe, je réalise que je ne suis plus à l'aise avec lui. Comme j'aimerai être en accord parfait avec ses choix... Je ne peux pas tout approuver, mais je ne veux pas tout réprouver non plus. Et je veux le lui faire comprendre. Je dois mettre carte sur table. Ces derniers mois ont prouvé que nous ne savions pas nous parler à demi-mots. Et je ne veux plus de dialogues de sourd.

« Ce que je veux dire, c'est que si tu as besoin de quoi que ce soit, tu sais où me trouver. Je suis sérieuse Hansel, tu... »
Je sens que mes lèvres vont encore trop vite pour mes pensées, mais je sais que je dois dire ce que je m'apprête à dire. Je prends une profonde inspiration. Ce que je vais dire ne me ressemble pas. Pas à la Gretel d'aujourd'hui.
« Tu m'as manqué. »

Nous sommes le stricte opposé de ce que nous projetions d'être, Hansel, mais le fait est que nous sommes et demeurerons ensemble. Comme il n'y a pas de terre sans mer, il n'y aura pas de Gretel sans Hansel. Le monde a besoin de contraires pour garder son équilibre. Moi, j'ai besoin de toi pour ne pas oublier comment respirer.
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Le calme après la tempête n'est qu'un mythe de matelot  EmptyVen 31 Oct - 17:02




Hansel et Gretel

ce n'est plus une sauce piquante notre histoire, mais une soupe aux hérissons


Le plus difficile, c’était de réapprendre à l’aimer, en se rappelant tout ce qu’ils avaient déjà vécus ensembles. Tout ce qui avait fait ce qu’ils étaient, à présent, tout ce qui resterait gravé dans la mémoire de l’enfant, à jamais, parce qu’on n’oublie pas ces choses-là – qu’il avait détruites, presque entièrement. Elles vous hantent, jour et nuit, et vous fait toujours ressentir une émotion, quelle qu’elle soit. La honte, ou la nostalgie, les remords ou la colère. L’amour. L’espoir de recommencer. Ou tout cela en même temps, méli-mélo de pensées toutes contradictoires, pelote de laine faite à partir de minuscules bouts noués, tous différents les uns des autres et pourtant solides quand on les rattachait ensembles, quoi qu’on pourrait en dire aux premiers abords. Car si Hansel avait détissé petit à petit l’amour qu’il portait à sa sœur, et qu’à présent, ce dernier à ses pieds avait des allures qui inspirait la pitié, rien ne l’empêchait de recréer autre chose. Recoudre les morceaux, aller de l’avant. Même s’ils étaient de piètres couturiers du cœur, et que toutes leurs aiguilles avaient finies par se tordre sous l’assaut des mots meurtriers. Au final, rien n’était perdu. Lui-même, après presque trente ans d’existence, avait réussi à remettre les compteurs à zéro. Il leur faudrait simplement de l’aide. Et du temps. Et une bonne dose de courage. Après tout, ils demeuraient Hansel et Gretel, pas vrai ? Ceux qui ont tellement soufferts, mais toujours ont continués. Il n’y aurait pas d’adieu. Pas même après la tombe. Hansel aurait aimé promettre tout cela à son aînée, lui dire que ça irait. Il aurait du le faire en partant, au lieu de ne rien dire du tout. Mais il ne l’avait pas fait. Parce qu’il ignorait que le silence pouvait être aussi assassin, semblable à la plus violente des tempêtes. Maintenant, il était plus qu’un petit garçon. Maintenant, il comprenait.
Il était un petit garçon qui voulait agir. Sans savoir réellement comment faire, parce qu’il n’y avait ni consignes de sécurité, ni instruction précises pour ne pas se brûler encore une fois. Et que oui, c’était dur d’aimer quelqu’un avec les mots, quand on avait réussi à désirer ne plus jamais le revoir. C’était dur, et douloureux. La malédiction d’être un idiot qui réfléchissait trop pour aller jusqu’au bout du tunnel de la haine sans un regard en arrière. Idiot ou humain. Hansel l’ignorait, au fond. Et peut-être qu’à présent, il se sentait un peu soulagé de ne pas l’avoir fait, en entendant Gretel lui parler. A lui. Rien qu’à son petit frère. Et sentir son propre sourire revenir en croisant son regard. Et la mécanique de son palpitant se remettre en marche pour elle, après avoir tourné à l’envers durant des semaines.
Non, en réalité, il n’était pas un peu soulagé. Il l’était beaucoup. Passionnément. A la folie. Jusqu’au soleil qui les regardait d’un œil impérieux, avec un air de « je devrais les éblouir pour les obliger à se prendre dans les bras l’un et l’autre afin d’y voir quelque chose, comme avant ». Avant. Rien ne pourrait plus jamais l’être. Mais ce n’était pas la peine d’en pleurer. Il fallait juste continuer de marcher, en prenant soin de ne pas oublier. "Tu dois sûrement être mort de fatigue. Je voulais simplement te dire que... la boutique reste la tienne également, et que tes affaires n'ont pas bougé de place. Si le cœur t'en dis, j'y serai certainement – où ailleurs pourrais-je être de toute manière ?" Il l’était. Un peu. Mort de fatigue, mais pas mort tout court. C’était ce qu’il aurait aimé lui faire comprendre plus vite, avec de plus jolis mots, des mots qu’elle pourrait comprendre et qui lui rendrait son sourire. Deux choses incompatibles, à priori – ils l’avaient faite, l’expérience, après tout, et avaient goûté aux conséquences – mais c’était bon. Bon d’entendre sa voix. Ça faisait presque peur, puisqu’il se rendit compte qu’il l’avait presque oublié, son timbre un peu chantant, un peu sucré, avec ses pointes aigus affolées, et ses sonorités graves quand il le fallait – ou non. C’était peut-être mieux que le murmure des vagues. Et ça redevenait une nouveauté. A réapprendre à apprécier. Le matelot pris grand soin de s’y faire, et toute la cacophonie joyeuse qui les environnait tous les deux n’aurait pu rivaliser contre ce moment qui fit battre son palpitant malmené, puisqu’il réalisait à mesure que le temps s’écoulait ce qu’elle lui proposait. Il avait encore une place chez elle. Dans la boutique comme dans ses songes.
Il ne cessa pas de sourire. Aussi sérieux qu’elle.  
Il savait où la trouver, oui. Et s’il ne voulait pas remettre les pieds dans la boutique à l’heure qu’il était, peut-être franchirait-il le pas de la porte, un jour. Après tout, il leur en restait, du temps. Ils l’avaient pour eux, rien que tous les deux.
Ils l’auraient.
"Tu m’as manqué."
Dire l’amour avec des mots. Hansel ne savait pas comment faire. Plus ici. Même quand Gretel faisait l’effort, même s’il l’avait, cet amour qui le prenait aux tripes et dont il ne pourrait jamais se défaire, parce que ça tenait chaud, et ça protégeait contre tout, celui d’une sœur. Et surtout de la sienne. Pourtant il essaya. Parce que lui aussi voulait lui donner cette force qu’il lui avait retiré égoïstement. Alors ses mains passèrent instinctivement derrière la nuque de la jeune femme, tout doucement. Après tout il l’avait déjà assez brisé pour en rajouter une couche. Et puis il voulait juste lui montrer. Avec des gestes. Les gestes d’avant qui revenaient au goût du jour. "Je suis désolé." Murmura-t-il dans son oreille en fermant les yeux pour ne pas les voir, ces gens qui déambulaient et qui eux-mêmes ne remarquaient pas ce frère et cette sœur qui faisaient tout pour ne pleurer. Hansel et Gretel. Ceux qui avaient pu échapper à une sorcière, mais pas au temps. Il était désolé d’être parti comme un voleur doublé d’un meurtrier. Et d’un sombre idiot. "Et-" "Hansel ?" Le marin s’était enfin retourné en ayant remarqué que son interlocuteur ne l’avait pas suivi. "Le capitaine nous attend, Hansel, bouge !" Il resta immobile, coupé dans son élan, des mots coincés dans sa gorge, et d’autres dans son esprit, repassés en boucle comme un vocable incessant et pratiquement incompréhensible. Désolé. Tu m’as manqué. Si le cœur t’en dit. Tu sais où me trouver. Le capitaine nous attend. Je suis désolé. Désolé. Désolé. Désol- Ses dents vinrent mordiller sa lèvre inférieure, et il se redressa finalement en rouvrant les yeux. Il ignorait bien pourquoi le capitaine voulait le voir. Et pourquoi la confiserie l’attendait, Gretel devant la porte d’entrée. Et pourquoi il pensait à tout cela. Et des tas d’autres choses, qui lui serrèrent le cœur, mais lui rendirent sa détermination. "Je dois y allé." Grimace. Petit sourire. Pelote de sentiments. Eléments personnifiés qui l’écartèlent.  "Mais… Je passerais oui." Un dernier baiser sur le front, un sorte de défi lancé à lui-même, ou une promesse qui n’en était pas une, parce qu’Hansel n’en faisait plus, des promesses. Elles ne réussissaient qu’à l’embourber dans ses mensonges et y emmener ses proches les plus chers. "Je viendrais." Il hocha légèrement la tête, et finit par se reculer afin de s’en aller, parce qu’après tout, le capitaine l’attendait. Et qu’il était temps pour Gretel d’arrêter de l’attendre, elle. Encore une chose à comprendre. Encore une chose à apprendre.  
Cette fois-ci, il lui fit un au revoir de la main, et regarda en arrière, une énième fois. Une dernière fois. Une nouvelle fois. Et cela ne le dérangeait plus.
Oui, il reviendrait, comme les vagues revenaient s’échouer sur le rivage, comme un marin repassait la porte de sa maison, comme une famille se retrouvait toujours, malgré les coups. Comme une âme regagnait sa sœur.
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⊱ ton conte : Hansel et Gretel
⊱ ta race : Humain
⊱ métier : Gérante de la confiserie "Miel & Epices"
⊱ tes armes : Aerien, son arc chéri, toujours là pour calmer ses nerfs ou botter les fesses des indésirables.
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