D’abord avant tout, je suis écrivain.

En tant que tel, j’ai acquis la conviction que les mots devraient toujours être rédigés avec le sang de leurs auteurs, afin que celui-ci les choisisse avec le plus grand soir. Qui oserait gaspiller son précieux fluide vital en élucubration et autres fables ? Donc, j’écris ce récit avec une encre bon marché qui bave comme la salive d’un mourant, laissez-moi imaginer que c’est mon sang qui court ce parchemin. Après tout, je vous rapporte un récit pas si éloigné de la réalité. Je vais vous raconter l’histoire d’Esmeralda. Jeune enfant maudite par le pire des vices : la beauté.  Elle n’était qu’une enfant d’une famille moyenne, seule avec un père et une mère, aussi aimant qu’ils le pouvaient. Mais après tout, comme beaucoup de famille moyenne, une fille n’était que perçue comme un poids. Moins forte, moins utile, destiné à de basses besognes.
Petite, elle aimait chanter. Mais c’était une chose qu’on lui demandait de réprimer. Douce mélodie qui n’était la que pour crée la jalousie. Esmeralda n’était pas une enfant triste non, mais elle n’était pas heureuse. Puis il disparut, le père qui était un marchand, parti sur la route pour apporter des nouveautés dans sa contrée. Disparu. Certains murmurants disent qu’il avait une autre vie, qu’il avait une autre famille et que finalement il a préféré oublier Esmeralda et sa mère. Ce fut le début, l’arrivée de Notre-Dame, dans la vie d’Esmeralda. Elle n’y voyait pas réellement le mal. Sa mère avait besoin de quelque chose, pour supporter son statut de veuve. Mais, le temps renforçait sa foi.
Adolescente, elle aimait danser. Mais c'était quelque chose qu'on lui demandait d'oublier. Les allusions devenaient des propos pensés et intrusifs. Notre-Dame. Notre-Dame. Notre-Dame. Esmeralda n’en pouvait plus. Elle se sentir étouffer par les mots de sa mère, qui cherchait à lui voler les ailes à peine naissantes de sa liberté. Ton visage est un pêché, répétait-elle si souvent. Ton corps est un outil du Malin, commençait-elle à ajouter lorsqu’elle commençait à avoir son corps de femme. Notre-Dame te pardonnera. Notre-Dame t’acceptera. Mais tu ne dois vivre que pour elle. Tu dois l’accepter et ne faire qu’un avec elle. Tu seras à elle et elle sera là pour toi.Accepte Notre-Dame, fais-moi honneur. Esmeralda ne pouvait plus chanter, ni danser, elle était simplement destinée à perdre sa liberté. Sa mère voulait lui bruler ses ailes, faire d’elle un oiseau en cage. Mais la jeune femme voulait simplement pouvoir vivre. Respirer. Être libre de ses choix, de ses actions. Rêver et avoir de l’espoir. L’acceptation aurait été fatale à la vie. La croyance n’est qu’une vile maladie pour les esprits qui n’ont rien. Esmeralda avait quelque chose. Elle avait ses envies. Elle avait sa liberté. Sans regret, elle partit. En plein milieu d’une nuit d’hiver. Lasse de sa mère et de Notre-Dame. Elle prit la route, préférant ne vie d’errance et être sans foyer, plutôt que privée de ses choix.
Jeune femme, elle faisait les deux pour vivre. Il est impossible de réellement savoir où elle est allée, combien de temps elle est restée en place. Mais on entend toujours un peu parler d’elle, jeune femme qui fait tourner les têtes alors qu’elle reste intouchable. Esmeralda ne se laisse approcher que rarement, elle ne veut appartenir à rien ni a personne.  

Mais qui sait ce que le destin lui réserve ?