Dans les couloirs du château les cris d’un bébé retentirent enfin. Le seigneur des lieux pressa le pas et poussa les portes de la chambre de Maître. Dans les bras de sa femme reposait un bébé souriant. Embrassant sa femme, le nouveau né reçut le prénom d’Adam, comme tous les premiers né masculin de la famille Rosevermeille. Adorable bambin, Adam était devenu la plus grande merveille de sa famille qui n’en finissait pas d’admirer sa beauté. Les années passèrent et la fascination des parents pour leur enfant unique ne tarit pas. Élevé telle une merveille, Adam n’eut pas la notion de l’humilité et en grandissant son attitude s’en fit ressentir. Adam était beau et ne manquait jamais de le signifier aux autres, si bien qu’il n’attirait que peu la sympathie. A l’adolescence il rencontra au village une jeune fille qu’il prit plaisir à fréquenter, rapidement celle-ci tomba amoureux de lui. Mais Adam n’avait que faire d’elle et ne se gênait pas pour la rabaisser et la manipuler. Couchant avec elle il préféra la quitter après avoir obtenu ce qu’il désirait d’elle. Mais telle fut sa plus grande erreur. La jeune fille prit un tout autre visage après cette trahison. En pleure son visage changea et s’assombrit autant que le ciel au dessus du château où se trouvait Adam. Une voix de stentor se fit alors entendre dans tous le château, résonnant dans les couloirs comme dans les esprits de chacun. L’ensorceleuse trahit maudit Adam Rosevermeille .A partir de ce jour, il revêtira l’apparence d'une bête hideuse, aussi affreuse que la noirceur de son cœur.  Seul un baiser d’amour véritable pourrait un jour lui redonner un jour son apparence humaine. L’ensorceleuse s’assurait ainsi d’avoir été la dernière femme qui ne l’aimerait jamais. La transformation en bête fut plus que douloureuse pour Adam, mais plus encore fut sa douleur en s’observant dans un miroir. Il entra alors dans une fureur sans nom qui eut tôt fait de faire disparaître parents et domestique du château. Seul, condamné à vivre reclus pour sa vanité, de longues années passèrent refermant peu à peu le cœur de la bête.

Un soir d’automne, la bête eut une singulière visite. Un homme, trempé et glacé jusqu'au sang, affamé et assoiffé lui réclama l’hospitalité. Si la bête essaya de le reconduire celui-ci insista tant qu’il fut bien obliger de le recevoir. La bête fit alors tout le nécessaire pour qu'il reparte le plus vite possible. Profitant de l’obscurité du château pour masquer son apparence hideuse, il servit le repas et offrit le gîte pour la nuit. Pour ne pas avoir à souffrir d’avantage de la compagnie de l’homme il alla même jusqu'à offrir à celui-ci  les présents que l’homme était parti quérir pour sa famille. L’homme repartit surpris de l’étrange et singulière rencontre qu’il venait de faire, mais il lui manquait un présent qu’il devait rapporter et qui n’était pas présent sur sa liste. Sauvé de l’humiliation, la bête traqua l’homme pour s’assurer qu’il quitta son domaine, alors qu'il suivait l'ombre de l'homme repartant vers la forêt; ce dernier déroba une superbe rose rouge dans sa précieuse roseraie. La fureur de la bête se réveilla alors, ne pouvant réprimer sa colère il s’empara de l’homme. Offrant ainsi au regard de celui-ci sa véritable nature. Il imposa alors à cet homme un dilemme cornélien tandis qu'il terminait de bafouiller de peur: sa vie à lui ou celle de sa fille adorée dont il avait tant entendu parler en bien la veille à table. Une rose contre une vie, peut importe laquelle; et la dette serait payée. Le père apeuré accepta.

La semaine suivante, une femme se rendit au château. Répondant au nom de belle, la bête fit en sorte alors qu’elle n’entende que sa voix sans avoir à subir son hideuse apparence. Et si secrètement il espérait qu’elle tombe amoureux de lui, il fut forcé d’admettre que c’est son cœur qui succomba devant l’intelligence et la beauté de la jeune femme qui restait pourtant simple et humble. Véritable leçon pour lui il avait devant lui l’être parfait à ses yeux de fauve. Un rituel naquit alors entre les murs du château. Durant plusieurs mois, il ne rendit visite à Belle qu'à l'heure du dîner durant laquelle il lui posa toujours la même questions...

" Voulez vous m’épouser ? "

Et à chaque fois, bien que touchée par la tristesse qu'elle lui infligeait, la jeune femme répondait par la négative. Ce petit jeu durant jusqu'au jour où, dans le miroir magique de sa chambre, Belle vit l'état de santé déplorable de son père et, toujours très inquiète pour ce père adoré, elle demanda à la Bête de la laisser rendre visite à sa famille. Huit jours. Par amour et par compassion,  il lui accorda ce temps. Mais si par malheur elle ne revenait pas à lui, il ne pourrait souffrir son absence et sa vie n’ayant plus de raison sans elle, il se laisserait mourir...

Les jours passèrent et le temps que la bête avait offert s’écoula. Hurlant à la lune comme un damné il s’écroula dans la neige attendant là sa mort… Alors que sa vie lui échappait, un doux contact vint effleurer son hideux visage. Se pouvait il qu’il importe pour quelqu’un ? Ses yeux s’ouvrir pour y voir sa bien aimée, revenue pour lui… Consciente de son erreur de ne pas avoir respecté son engagement. Le cœur de la bête se mit à battre plus que de raison, redonnant vie à son corps que le froid avait endormi. Mais alors qu’il se croyait déjà trop chanceux de vivre cet instant. Belle laissa entendre qu’un avenir entre eux était possible ! Et qu’elle l’aimait autant qu’il pouvait l’aimer… Une larme de joie perla dans la fourrure de la bête qui se détourna la cacher. Et à cet instant précis l’hiver sembla se réchauffer, le château se mit à scintiller brillant de mille feu tandis que la bête s’entoura d’un halo lumineux. La bête laissa place à Adam redevenu humain par amour et pour l’amour de sa bien aimée.

Et c'est ainsi que la bête et la belle vécurent ensemble à Fort fort lointain; abandonnant leur domaine à l'enchanteresse. Tenant désormais la boutique Books&Noble. Très prisée des habitants, Belle laissa libre choix à Adam de faire ce qu'il désirait de sa vie; aussi assoiffé de vivre et de simplicité il se délaissa de son fier statut de noble pour se consacrer à l'art d'un travail manuel, lui qui jadis chassait dans les bois se tourna tout naturellement vers le tannage. Donner une utilité aux peaux habituellement encombrantes des animaux utilisés par les autres artisans, était pour lui comme une évidence au vue de ce qu'il avait lui même traversé. Belle réussit à voir au travers de sa peau bestiale, aussi ferait-il de ses peaux des œuvres d'art insoupçonnées ! Très habile de ses mains; il tanna, travailla, transforma, cousu et réalisa toutes ses pièces de A à Z et n'hésita pas à reprendre et redonner une seconde jeunesse à d'autres articles que ses clients lui apportaient, même si ils n'étaient pas de sa manufacture. Très rapidement connu à son tour, il dut au final embaucher quelques petites mains supplémentaires pour l'aider dans son entreprise dont il est le patron grandement apprécié.

Mais depuis plusieurs jours Adam se questionna, il s’inquiétait de l'état de santé de sa jeune compagne. Tantôt absente, elle sembla ailleurs et perdue dans ses pensées lointaine; tantôt fragile, il la retrouva plusieurs fois prostrée de douleur. Il remarqua aussi ses maux de tête à répétition et ses nausées fréquentes le matin, sans pour autant pouvoir poser un réel mot sur ce qui ravage ainsi sa fiancée; mais, bien conscient de l'esprit libre de Belle, il n’osa la questionner ouvertement. Se pourrait il que le bonheur ne soit pas fait pour lui, sa malédiction ne se serait pas dissipée après sa métamorphose ?
La réponse ne tarda pas à venir en un malheur qu’il se voulait de ne pas avoir vu venir. L'attentat au Bal de Snowël fit la lumière sur toute cette affaire. Belle recherchée par les autorités pour acte de rébellion. Adam su maintenant officiellement et pour son plus grand malheur que sa fiancée est membre de l'ordre des «Lames de Cendres» et qu'elle participa à l’événement du côté sombre de la fête... S'il apprit qu'elle n'aurait jamais souhaité voir un tel fiasco se produire, il savait qu’aucune opération de se genre n'était sans risque. Blessé par l’attitude de sa femme qui ne lui fit pas assez confiance pour lui parler… Ces découvertes le blessèrent profondément et le laissèrent dans l’incompréhension. Depuis lors, il cacha la jeune femme dans la succursale de la boutique, dont seuls les rebelles étaient au courant de l’existence. Il s’inquiéta alors plus que jamais pour Belle, tandis que la jeune femme ne pensait qu'au sort de Potté et d'Olga, ses deux comparses de mésaventures bien incapables de voir la souffrance d’Adam. Il savait maintenant quel mal rongeait sa compagne, un mal qui maintenant à rongeait leur couple.