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FORT FORT LOINTAIN A FERME SES PORTES.
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if there's nothing here, why are we still here ?


FORT FORT LOINTAIN

Marie Lopaline
LADY, LADY OSCAR

Marie Lopaline

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⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : jessica de gouw
⊱ crédits : caf-pow. (ava)
⊱ arrivé(e) le : 13/09/2014
⊱ manuscrits : 474

⊱ tes licornes : princesse shéhérazade, beasthélemy, cúchulainn le maudit.
⊱ schillings : 438

⊱ ton conte : le prince casse-noisette et le roi souris
⊱ ta race : humaine, dieu merci.
⊱ métier : capitaine dans la garde royale, à fort fort lointain.
⊱ tes armes : une épée à la taille, une arbalète à la main. plus récemment, une arme à feu.
⊱ allégeance : pour, bien entendu.

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if there's nothing here, why are we still here ? EmptyLun 15 Sep - 22:49



   
marie, niki

Il doit être facile de penser, en particulier pour des enfants, qu'un membre de la garde royale a une vie palpitante. Qu'il pourchasse les méchants, qu'il peut leur mettre un coup de lame dans la jambe sans problème, qu'il est au courant des choses importantes et côtoie les plus hauts placés de la société. Il est facile d'imaginer qu'il faut chaque jour plus de courage que la veille, que les combats sont sans merci, que les chevaliers risquent leur vie chaque jour comme on le raconte aux gosses avant de les laisser s'endormir.
Ça n'est pas entièrement faux, quand on y pense. Il est vrai que la seule pensée d'un combat demande du courage, il est vrai que la seule idée de devoir voler une vie pour sauver celle qui nous a engagé peut déranger. Aucun ennemi, que ce soient des rebelles ou de simples voleurs inexpérimentés, n'attendra que nous soyons reposés et en pleine forme, personne ne nous demandera si ça va, si on peut continuer. Ce n'est pas qu'on peut ou ne peut pas, c'est qu'on doit, point final. En un sens, chaque membre assigné à la garde royale risque sa vie chaque jour : il pourrait y avoir un soulèvement du peuple, une folie d'un dirigeant des régions voisines, une attaque au sein même des membres de la cour de la reine. Il pourrait y avoir n'importe quoi, et il faut s'y préparer. C'est compliqué, de se préparer à on ne sait même pas quoi. On peut toujours faire des théories, mais elles collent rarement à la pratique. Mais quand bien même il faut être sur le qui-vive, prêter attention à tout ce qui pourrait arriver, ça n'arrive pas souvent. Une révolution, on en voit qu'une dans une vie, au pire on laisse la prochaine à la génération suivante. Les tentatives d'assassinat tiennent si rarement la route qu'il n'y a pas besoin de s'affoler, et même les plus convaincantes, personne n'en entendrait parler hors du château. La gloire, le mérite, la reconnaissance, ça n'arrive réellement que devant les gamins qui savent pas trop. Pour les autres, faut au moins les sauver, eux, pour s'attirer leur admiration. Sauver les autres, ça suffit pas. Seulement c'est ça, ce qu'on attend de la garde royale : sauver ceux qui n'ont pas le temps de remercier, quitte à piétiner ceux qui n'attendaient qu'une raison plus personnelle pour le faire.
Marie, elle se dit que son heure de gloire, elle ne la connaîtra peut-être jamais, elle se dit que si son nom commence à se connaître dans les différentes unités de la garde, personne en dehors de ces équipes ne saura qui elle est. Une de plus, c'est comme ça qu'ils sont appelés, tous. Garde !, Aidez-moi !, c'est ça leur nom pour le grand public. Membre à la garde royale, ça n'est que pour attendre le soulèvement. On est là pour l'éviter, mais on attend que ça. Personne ne s'entraîne aussi durement pour rester les bras croisés devant de grandes portes ou à faire les rondes dans les rues de la ville. C'est plaisant, ne serait-ce que porter l'uniforme, ne serait-ce que de savoir que l'élite, c'est soi-même. C'est agréable, ne serait-ce qu'être convoqué aux banquets et aux bals officiels pour assurer la sécurité de la royauté. C'est attirant, ne serait-ce que se mesurer aux autres dans l'arrière-cour, les battre ou être battu, recommencer sans se lasser. C'est excitant, même pour la garde royale, de partir en inspection, d'arrêter ceux qui n'ont pas leur charnel, de croiser un voleur par hasard et lui faire regretter ce qu'il a fait, mais aujourd'hui...
Aujourd'hui, Marie n'a rien à faire, littéralement. Les roulements font que son unité ne fait pas partie de celles assignées au château jusqu'à demain. Aujourd'hui, ils renforcent les autres divisions dans les rues principales et jusqu'aux alentours. Les rues fréquentées sont le plus souvent laissées au moins gradés, en cas de problème ils ont plus de chance de pouvoir suivre un brigand, ils y sont plus concentrés pour s'aider et même certains des habitants de Fort Fort Lointain leur prêtent main forte si besoin. La forêt, le marais, le fleuve sont laissés aux officiers, capitaines et sergents de chaque unité car bien plus compliqués à parcourir, car il est bien plus difficile de s'y repérer et d'être efficace, parce que les plus jeunes des unités, les simples chevaliers n'ont pas assez d'expérience pour tout ça. Et quand on voit que leurs supérieurs les effraient, personne n'ose imaginer ce que les pauvre deviendraient aux alentours de la Pomme Empoisonnée – tués ou harponnés par la propriétaire, choisissez votre file.
Marie, elle, faisait le tour des habitations. Sans laisser aucun secret aux habitants des maisons, elle et ceux assignés à la même tâche qu'elle passaient quand ils le pouvaient dans les jardins, faisaient le tour des bâtisses – à pied, c'est plus discret. Elle passait par chez les Fiersbras, la roulotte de Tracassin et la ferme de Jack et Jill, mais laissait à ses collègues le soin d'inspecter ces lieux-là plus en profondeur. Elle ne leur adressait qu'un signe de tête avant de partir vers l'habitation la plus proche, qu'elle n'avait jamais eu l'occasion d'aller voir de plus près. Avec toute la grâce qu'on lui connaît, Marie sautait de son cheval et l'attachait à une barrière. Elle s'apprêtait à détacher son arbalète pour aller voir la cour à l'arrière de la maison, qui avait l'air bien plus spacieuses que la moyenne, mais un cheval attira son attention, plus loin, sur sa gauche. Les chevaux de la garde royale avaient tous le même type de selle, et même s'ils n'étaient pas sellés, les décorations autour de leurs pattes et dans leur crinière permettaient de les reconnaître sans aucun problème ; celui-ci n'en faisait pas partie. Il avait l'air bien moins domestiqué que ceux sur-entraînés que l'on réserve à la garde royale, bien plus fougueux et plus sauvage. C'était néanmoins une bête magnifique qu'elle ne pouvait qu'approcher un sourire au lèvres. Ses pas se faisaient lents et ses foulées agrandies, elle gardait ses deux mains en l'air et évitait tout bruit surprenant ou mouvement brusque. L'animal fit quelques pas en retrait, mais sembla se raviser en voyant que Marie ne capitulait pas. Elle l'approcha sans trop de mal, passant doucement ses mains sur le haut de sa tête puis le long de son flanc. Il n'était pas aussi sauvage qu'elle l'aurait cru, finalement, et même plutôt docile. Quiconque l'avait éduqué avait fait un boulot de maître, c'était certain, et elle n'aurait pas hésité à revenir le féliciter s'il n'avait pas laissé s'enfuir un cheval au beau milieu de nulle part. Attendant que la bête se baisse pour arracher quelques brins d'herbe, Marie prit un peu d'élan pour le monter à cru, sans être brusque pour autant – ce serait dommage de l'effrayer et qu'il parte au galop, la faisant tomber et lui cassant quelque chose au passage. Elle s'arrêta un moment de caresser l'animal pour lui faire faire demi-tour et l'aider à rentrer à ce qu'elle supposait être chez lui, sans se presser.
La cour était bien plus grande encore que ce qu'elle avait pensé, mais en voyant quelques autres chevaux, elle était au moins sûre de ne pas se tromper. Un homme était également là, torse nu et probablement en train de mourir de chaud – elle connaît ça, coincée sous les trois épaisseurs de son uniforme – sous le soleil, dos à elle. Marie fit entrer l'animal par la même porte qui l'avait laissé sortir, avant de descendre de son dos et d'aller refermer derrière elle. Pour une fois, son sourire ne semblait pas vouloir partir. Elle se tourna une nouvelle fois, en direction du dresseur cette fois-ci, qu'elle admirait déjà autant pour son talent que son physique – faut dire que c'est pas  avec les hommes de son unité qu'elle trouve souvent de quoi mater. Ces bêtes sont magnifiques, mais celle-ci – elle se rapprochait du cheval qu'elle venait de ramener et passait une main sur sa crinière – était prête à partir explorer la forêt. Déposant un baiser sur l'animal, elle s'avança davantage vers l'homme à qui elle s'adressait. Maintenant qu'elle est là je ne vais rien dire, mais si ç'avait été un de mes collègues ou que l'animal s'était enfuie à la ville, vous auriez eu des ennuis. Un pas ou deux plus tard, elle n'avait pas besoin d'arriver au niveau de l'homme pour reconnaître les ondulations de ses cheveux, la teinte de sa peau ou même la manière que ses muscles avaient de se crisper de temps en temps. Ses dents se serraient en même temps que ses poings – combien de chance avait-elle pour tomber sur lui ici, alors même qu'elle y avait mit quatre ans en le cherchant sans relâche ? Il était là, le con, le traître, le menteur, le faux, le déguisé, celui qu'elle voulait détester et haïr et ne pas oublier mais déchirer comme une vieille photo. Il était là, partout autour comme il avait l'habitude d'être, et quand bien même elle n'aurait pas voulu y croire, c'était bien lui.
L'imposteur.
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FORT FORT LOINTAIN

Invité
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if there's nothing here, why are we still here ? EmptyVen 19 Sep - 22:54




Marie et Niki
Le temps file, le temps n’attend personne.

Ses mains. Voilà ce que Niki regarde chaque matin lorsqu'il se lève, ses mains. Il peut pas vraiment voir sa dégaine de face, alors il zieute sans vergogne les drôles d'extrémités qui lui permettent d'attraper des objets comme des pinces. Qu'il est doux d'en avoir à nouveau, qu'il est agréable de sentir cette sensation du sang qui frappe contre la peau lorsque le travail donné est un peu plus dur de prévu. Il est beau d'être humain. Il est superbe d'être sous une forme qui plaît bien mieux. Affalé sur une chaise dans ce qui semble être une cuisine, c'est avec les rayons du soleil qu'il joue pour capter les nuances étranges qui se trouvent à l'intérieur de lui. Un coup c'est orange, après c'est brun, il voit un peu de jaune lorsqu'il est au bout du bout. Sourire aux lèvres, il pourrait se sentir crétin d'agir ainsi, néanmoins il remercie chaque heure qu'il lui est possible cette reine ayant rendu son calvaire invisible. Juste un charme, un bijou qu'il porte autour du cou avec fierté. Niki est redevenu Niki. Niki, il a des mains, des pieds, un estomac, des organes qui fonctionnent et une figure qui change selon les émotions qui traversent son âme. Il se dit que la surface de bois n'est qu'un long périple ayant fait partie des chapitres de sa vie, il est toujours là pourtant le casse-noisette qui le fait grimacer, à l'intérieur, toquant contre ses os pour le faire redevenir un jouet minable. Pinçant sa lèvre inférieure, il vient à se redresser d'un coup, laissant un petit bazar sur la table en bois grinçante. Une porte, l'extérieur, tout ceci se fait bien vite, y compris ses canassons qui râlent plus loin. La vie ne pourrait pas être plus belle à priori. Cependant, il lui manque quelque chose. Comme une présence, un dégoût dans la gorge qui pourrait le faire vomir, cette sensation d'échec qui perdure même s'il se butte à se dire qu'au jour d'aujourd'hui il n'a besoin de rien de plus pour nager en plein bonheur. Ce machin précisément, c'est relatif, c'est éphémère, de la joie il en aura jamais vraiment dans sa totalité, ça signifierait qu'il répondrait à tous ses rêves - et encore même si ceux-là se réaliseraient, son coeur ne serait pas complètement comblé. Il s'y fait, se butte à croire qu'il est impossible d'échapper au destin qui à son plus grand dam se veut bien plus vicieux. Il lui aura tout arraché, y compris sa dignité qu'il camoufle derrière un charnel. Secouant un peu sa tête à cette pensée, trop dévoré par les idées offertes par l'astre chaud, il n'a même pas remarqué qu'un des boxes est ouvert et que l'un de ses bestiaux s'est improvisé une escapade pour qui sait, ne peut-être jamais revenir. Un haussement de sourcils est donné pour un cheval à la robe brune basique, au crin beige et à l'envie folle de bouger un peu des sabots. Ce que Niki comprend, alors il le sort, le tire un peu en lui donnant des petits coups sur le flanc, l'amenant directement dans la cour refermée par des barrières en bois conséquentes, une corde est accrochée à la bride de la bête qui sans surprise, va entamer une course ronde autour de celui qui la dirige. Le temps peut passer sous le soleil qui tape, pour lui il n'a plus de sens, selon Cassenoisette tout se relativise, le temps n'est qu'une manière de faire peur aux gens, leur annonçant une morte imminente. Parce que pour tout avouer, pour dire ce qui est, ce n'est pas complètement faux. Le temps c'est l'âge, c'est la vieillesse, c'est le pas dans la tombe. A partir du moment où quelqu'un se demande quelle heure il est, il cesse d'exister dans sa totalité. Alors que les heures passent, défilent, que la nuit tombe sans qu'il s'en rende compte, au moins il n'aura pas à regretter d'avoir passé une seconde à douter. Si encore il avait besoin de lui pour exister. Pas du tout, personne n'a besoin d'un prince déchu à sa botte, certainement d'un dresseur, toutefois du reste ce n'est pas le plus important. Petit à petit, la chaleur se fait plus pesante, le poussant à jeter sa chemise sur la clôture commençant à prendre la poussière à cause des mouvements du cheval qui n'est pas décidé à fatiguer. Un animal peut être facilement, non seulement par sa stature mais aussi par cette confiance aveugle qu'il a en celui qui le dirige. Au départ s'ils sont sauvages, il en faut peu pour qu'il se laisse amadouer par un sourire, une impression de confiance. C'est à peu près similaire dans le cas du bouclé brun qui ayant perdu une certaine estime pour l'homme, préfère se rabattre sur des entités qui elles ne jugent que par l'amour, la survie, même si dans des cas il se trouve qu'il est dans l'idée de faire tomber un roi, peu lui importe. Ils apportent quelque chose à Niki qu'il ne trouve pas chez les autres, la paix, un peu de niaiserie gamine possiblement. Le grincement du portail le sort de sa concentration, ce n'est pourtant pas pour autant qu'il se retourne, bien au contraire, fermement décidé à terminer son exercice avant de s'attarder sur quiconque a eu la vaillance de le déranger, il ne pipe mot. « Ces bêtes sont magnifiques, mais celle-ci était prête à partir explorer la forêt. » Coup de couteau dans le dos, sueur froide qui traverse l'échine. Cette voix, ce timbre, ce ton, il connaît.
Bien, très bien.
Trop bien.
Il n'a pas la force de se retourner sur l'instant. Pour tout dire, il redoute de voir le visage de l'inconnue qui a posé les pieds dans son antre. Il sait quel visage dessiner, bien qu'ils soient un peu flous, il saurait retaper ses yeux s'il avait un marteau et un burin, sculpter ses lèvres, retracer ses formes. N'est-il donc pas possible de trouver un endroit où le passé revient frapper à la porte ? Un étrange noeud se forme en lui, le poussant à se crisper un peu, le cheval quant à lui le ressent, ralentissant un peu la cadence. Il se met lui aussi contre lui. Pourtant, il n'arrive pas à y croire le Niki, ça ne peut pas être elle qu'il se dit, elle l'aurait tué, lui aurait enfoncé son couteau dans la gorge pour mieux ramener son cadavre auprès d'Alexandr son oncle. La solitude doit lui jouer des tours, ce doit être ça, il ne voit pas d'autres explications. « Maintenant qu'elle est là je ne vais rien dire, mais si ç'avait été un de mes collègues ou que l'animal s'était enfuie à la ville, vous auriez eu des ennuis. » Non seulement c'est très réaliste, mais en plus aucun cerveau malade ne serait capable de lui fournir telles émotions. Inspirant longuement, c'est d'un geste de corde que le dresseur arrête la belle bête dans son élan de course, elle en vient à se rapprocher de lui, à quoi il répond un mouvement de main affectueux sur son front. Tout ce qu'il redoute lui revient en pleine figure, quand enfin il croise du regard ce personnage à l'apparence masculine. Vêtue d'une tenue traditionnelle de la garde royale, Niki ne saurait pas dire si le vêtement la sublime ou si c'est l'inverse qui se produit. Une masse impressionnante de cheveux tombe avec grâce sur ses épaules, ses lèvres sont justement rosées et ses prunelles témoignent d'une froideur commune sur les terres de Yasen. Il reconnaîtrait cette dégaine entre mille, y compris ce changement radical d'expression. L'effet d'une bombe, d'un troll qui vient fracasser une bicoque la nuit, ça le fait hausser ses sourcils sous la surprise, laissant sa bouche à peine ouverte. Voilà où elle était passée durant ces quatre dernières années. Marie Lopaline, c'est pas n'importe qui, ni n'importe quoi. Vraisemblablement capitaine des gardes de la capitale, il passait son enfance à lui cracher à la figure qu'elle n'allait arriver à rien dans la vie. Il la taquinait, lui faisait du mal sans s'en rendre compte. Dieu qu'il avait tort, elle était devenue quelqu'un tout en restant fidèle à ce qu'elle est. La gamine pleureuse, inquiète pour son cabot doit être encore quelque part sous cette coquille dure, où ? Il n'en a pas la moindre idée. L'équidé ne bouge pas d'un pouce même si son maître se rapproche des deux êtres qui lui font dorénavant face. De un, ce fameux étalon qui a filé à l'anglaise ne sera pas récompensé pour sa fuite. De deux, il ne sait pas par où commencer. « Je vois que tu as réussi à le ramener sans trop d'encombres, c'est étonnant, généralement il ne se laisse pas faire aussi facilement. » Si encore il lui avait donné un nom. Faudra qu'il y pense. Pas tout de suite, tout se brouille à l'intérieur, c'est une première prise de parole assez pitoyable qu'il lui offre tout en la détaillant du mieux qu'il peut. En quatre ans elle n'a pas autant changé, à la rigueur les couleurs de son rang, mais rien de plus. Marie elle fait tanguer son coeur comme un bateau en pleine tempête, ça fait peur, ça rend malade, ça fascine à la fois. Je suis content de te voir. Non ça ne passerait pas, surtout qu'elle le scinde de manière à lui faire comprendre que ce n'est pas forcément l'évènement le plus glorieux de l'année de croiser un fantôme. Elle n'a pas la bonne image de Niki. Pour elle il n'est pas Cassenoisette, plutôt Dragibus. Il n'a pas été un riche enfant dont on a voulu se débarrasser, plutôt un marmot à qui on avait coupé la langue jadis. Son histoire avait été façonnée par de fausses rumeurs, de faux soupçons, rien que du faux parce qu'il est ce qu'il est, un sorte d'imposteur qui s'occupe avec des masques. Pour qui passerait-il en lui avouant qu'il est l'héritier légitime à la régence de Yasen ? Un attardé, sans aucun doute. « Je... te remercie, Marie. » C'est tout ? « Ou devrais-je dire Capitaine ? Je t'avouerais que je ne sais pas dans quelle position me mettre. » Une courbette ne serait pas de trop. Le respect ça se gagne, le respect ça se donne aussi. Face à une telle figure, Niki il se sent un petit peu penaud, ne sachant comment lui expliquer de manière concrète qu'il est désolé, qu'il ne lui a jamais voulu de mal, qu'il n'est pas ce qu'elle croit qu'il est. Que Niki est resté Niki, qu'il n'a pas été forgé selon les dires d'un vieil esprit nocturne. « Cependant sache que... je suis honoré par ta présence. Et hm. » Grincement de dents, lèvres déformées qui lui donnent une mine grimaçante. « Tudieu ça pour être une surprise. » Un cadeau empoisonné pour l'un comme pour l'autre. Il passe du coq à l'âne, du grand respect à la familiarité, elle le perturbe au point qu'il ne sait plus comment se qualifier. Qui est-il pour elle ? Seulement un traître ? Un ami ? Une connaissance ? Plus ? Moins ? Même du côté de Niki ça s'affirme pas. Marie, elle se définit pas, elle se vit, se croque comme la pomme de Blanche-Neige. C'est la bêtise, c'est le piège.
C'est le cadenas autour de son coeur.
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Marie Lopaline
LADY, LADY OSCAR

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⊱ schillings : 438

⊱ ton conte : le prince casse-noisette et le roi souris
⊱ ta race : humaine, dieu merci.
⊱ métier : capitaine dans la garde royale, à fort fort lointain.
⊱ tes armes : une épée à la taille, une arbalète à la main. plus récemment, une arme à feu.
⊱ allégeance : pour, bien entendu.

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if there's nothing here, why are we still here ? EmptyMer 24 Sep - 1:26



marie, niki

Marie, elle se souvient de quand ils étaient petits. Elle se souvient de la nuit pluvieuse et de Niki qui lui accordait même pas un regard en soignant son chien. Marie, elle était rien, Marie, elle était personne. Pas même une amie, tout juste une voisine, Marie c'était rien d'autre qu'une fille et à peine une connaissance, pas vraiment digne d'intérêt et pourtant elle était toujours là. D'un jour à l'autre, c'est comme une hallucination qui apparaît et qui reste toujours là, qui s'accroche sans partir et pourtant on y pense pas toujours. Sur le chemin de l'école elle était là, sur celui du retour elle était là, invitée à manger avec ses parents c'était elle, derrière lui dans le parc encore elle, la cible des boules de neiges et celle pour laquelle il arrivait qu'on se dispute, c'était Marie. Marie c'était tellement tout que c'était rien, elle était partout comme l'air sans qu'on y fasse trop attention par habitude. Marie, elle parlait pas, elle bougeait pas, elle courrait après Niki dans le parc pour qu'il l'attende quand il lui disait que les filles, c'est trop lent. Elle attendait sur la branche la plus basse de l'arbre quand Niki il montait tout en haut, celle qui lui disait de faire attention c'était elle. Celle qui ramenait les oisillons tombés du nid et les chats mal en point pour qu'il les soigne, c'était encore et toujours elle. Marie elle reste et elle s'accroche, comme un fantôme, un souvenir, un truc pas très palpable, comme l'espoir d'un oasis dans le désert. Un peu comme une maladie incurable, comme une peste qui s'installe, qui donne la fièvre mais ça fait chaud au cœur quand ça fait pas tousser de mal devant ses larmes.
Elle en a fait du chemin, Marie, depuis la nuit pluvieuse et puis son chien. C'est à se demander si Marie est encore Marie. Marie n'est plus avec Niki. Sur le chemin de la ville à chez lui, elle n'est pas là, ni dans l'enclos à l'aider avec les chevaux. Pour le mettre en garde quand il sort les cheveux mouillés, y a peut-être quelqu'un mais y a pas Marie. Marie, elle bouge, Marie, elle parle. On a remit ses ficelles à la marionnette et elle hurle et elle danse, mais Marie elle est pas là et Niki il est parti. Il est parti tout seul, il a emporté sa tête et ses problèmes, ses mystères et son passé. Marie, elle était assez bonne pour qu'on lui dise qu'elle sert à rien, et la voilà assez bonne pour qu'on lui dire que ça fait plaisir de la voir, mais elle a pas encore le droit de savoir. De savoir tout, de savoir pourquoi elle devrait pas croire ce qu'on lui raconte, ce qui se dit par chez eux. C'est peut-être sa faute d'y croire sans fouiller, c'est peut-être sa faute de pas être digne du secret d'une vie, et puis peut-être qu'elle y peut rien. Elle aurait pu, le jour où elle l'a recroisé en forêt son pantin, lui demander. Lui demander où il était. Ce qu'il faisait. Pourquoi – pourquoi il avait fui, pourquoi il était pas revenu, pourquoi alors que le seul souhait de ses parents était de le revoir, pourquoi il n'a rien dit, pourquoi alors qu'elle se serait coupé un bras pour savoir. Et en écho à ses pensées, elle se souvient un peu.
Marie, c'est rien, Marie, c'est personne.
Et si elle avait pu ne plus être là, disparaître et qu'il ne la voit pas comme avant, elle l'aurait fait Marie. Les mèches qui descendent en ondulant sur sa nuque, les muscles de son dos qui se contractent, ce truc qu'il dégage au contact des animaux, elle aurait prié pour ne plus les voir. Elle aurait voulu ne plus sentir son parfum enneigé, ne plus voir les veines sur ses bras quand il force trop, ni même sa peau trop claire. Elle aurait voulu enfermer son accent et ses r roulés comme à Yasen, les cadenasser dans une boîte en acier et les foutre au fond de la mer la plus lointaine, en espérant que le monde est plat et qu'elle finira par en tomber. Mais elle était là. Toujours. Ils s'attirent comme on s'attire la guigne, à croire que s'ils s'éloignent et se déchirent ça n'est que pour mieux se rapprocher et se recoudre, comme deux poupées en chiffon. C'est un peu ce qu'ils ont toujours été, au fond.
Les questions, Marie se les pose encore mais refuse de les entendre comme un roi ignore les pleurs des enfermés aux cachots. Il n'y a aucun intérêt après tout à se questionner sur ce qu'on ne saura jamais. Elle a rangé les pourquoi, elle préfère se dire que si Niki est parti, c'est que c'est mieux comme ça. Que de toute façon, elle n'a pas besoin d'un menteur à ses côtés. Que ses années de mutisme, c'est bien du à quelque chose – probablement tout ce qu'elle ne veut pas savoir. Les questions ça fatigue, les questions ça épuise, mais il faut s'y faire un jour ou l'autre : il n'est pas bon de répondre à toutes.

Et puis Niki s'est retourné et c'est comme une tempête de neige dans sa gueule. Il a l'air bien moins à l'aise qu'auparavant, il a plus l'air prêt à lui cracher quelconque inutilité. Niki, il la détaille du regard comme si c'était la première fois. Comme si ç'allait être la dernière fois. Marie ne bouge pas d'un poil, elle, et se contente de serrer la mâchoire, suffisamment fort pour ne pas avoir à la faire avec ses poings. Elle a peut-être l'air calme, mais elle bouillonne de rage à l'intérieur. Ça pète de partout, ça se secoue et se retourne, mais il vient un stade même dans la haine où plus rien n'arrive à sortir, pas de suite, pas comme ça. Elle a le regard froid, elle a l'air à peu près tout sauf heureuse de le voir – pourtant, une partie d'elle l'est, de savoir qu'elle n'a pas failli à une mission en vain – et rirait presque en pensant qu'il y a un an encore, elle n'aurait rien voulu d'autre que lui trancher la gorge et lui percer les poumons.
Je vois que tu as réussi à le ramener sans trop d'encombres, c'est étonnant, généralement il ne se laisse pas faire aussi facilement. Marie fronce les sourcils. La conversation, c'est elle qui l'a lancée, mais elle ne savait pas. Elle l'aurait bien laissé le cheval, et serait revenue avec un motif d'arrestation si elle l'avait su. Mais elle ne savait pas, quand elle a parlé. Le temps de la réflexion, Marie passe sa langue sur ses dents, détourne son regard de Niki vers l'animal. Est-ce qu'il comptait réellement lui parler de chevaux et de dressage ? Il la voulait sa flèche dans le palpitant, faut croire. Je... te remercie, Marie. Ou devrais-je dire Capitaine ? Je t'avouerais que je ne sais pas dans quelle position me mettre. Y a pas de quoi la remercier, si elle avait su elle n'aurait rien fait pour l'aider. Ni lui, ni l'animal. Elle aurait aussi voulu rajouter de ne rien dire, mais elle préférait le laisser finir, le temps de digérer ce qu'il pourrait avoir à dire de cassant ou de déplaisant. Cependant sache que... je suis honoré par ta présence. Et hm. Tudieu ça pour être une surprise.
Elle laissa à sa surprise s'échapper un rire à la fois nerveux et ironique, pas tout à fait sûre de si ça serait pas mieux de tourner les talons et s'en aller de suite. Le transperçant à nouveau dans les yeux, Marie prit enfin la paroles. Toutes les surprises ne sont pas bonnes à vivre. Elle aurait préféré une piqûre de guêpe en plein dans la gorge. Il ne m'a posé aucun problème pourtant. J'ai rencontré quelqu'un petite que j'ai longtemps observé pour savoir comment agir avec les animaux, c'est sûrement ça. À nouveau, sa mâchoire se serre, tout comme sa main sur le manche de son arbalète. Il ne me semble pas que tu aies jamais été honoré de ma présence jusqu'ici, j'ose espérer que ça n'est pas un simple passage de grade qui te fais te sentir obligé. Elle hausse ses sourcils, sans le quitter des yeux. Même après être passé au bois, Niki n'a pas tant changé. Il a toujours les mêmes étincelles dans le regard, il a seulement la barbe qui a poussé, la peau qui fait défaut hors de Yasen et son assurance de gamin qui laisse place à l'inquiétude et au malaise des adultes. Comme je disais, j'espère que ça n'arrivera plus, ton cheval aurait pu blesser n'importe qui. Je n'aimerais pas avoir à revenir (tout court) et à te le rappeler. Marie bougea d'un pas puis deux en arrière, déjà prête à repartir. Niki, c'est un fantôme du passé. L'aide qu'elle avait fournie, ça n'était qu'une vieille dette à payer. Et pourtant, elle entendait une voix lui hurler de se jeter dans ses bras et de lui faire promettre de ne plus jamais disparaître, qui qu'il soit, quoi qu'il soit. Cette fois, sa voix était plus serrée, plus hésitante, presque tremblotante. Marie n'attendait rien de la part de Niki, même pas qu'il la retienne – une surprise vaut mieux qu'un regret, et elle préférait ne pas hésiter en vain. Je suppose que c'est tout. Je suppose que c'est tout, que ça sera tout à jamais, qu'il n'y aura plus rien. À comprendre : traite-moi d'idiote, force-moi à rester, parle à la gamine, pas à ce que je suis devenue. N'écoute pas la haineuse, rappelle-toi juste de la gamine qui te suivait partout.
Et si c'est comme ça que ça doit finir, j'aimerais que tu ne garde rien d'autre que cette image-là.
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if there's nothing here, why are we still here ? EmptySam 27 Sep - 19:28




Marie et Niki
Le temps file, le temps n’attend personne.

Il y a de ces journées comme ça qui ne commencent pas comme on voudrait, ou pire qui se terminent de pire manière existante. Y'a de ces heures qui se transforment en jours, de ces secondes qui s'étalent en minutes et le temps qui s'étire jusqu'à exploser en mille cristaux flamboyants. Y'a de ces instants qui ne s'expliquent juste pas, qui font naître des tas de sensations dans l'estomac, des papillons qui fricotent avec des barres en fer, du sel contre du sang. C'est marrant, parce que ça fait autant de bien que de mal, ça fait plaisir comme ça pousse au dégoût. Marie c'est un peu une déferlante de sentiments que Niki se prend en pleine figure, sans percuter ce qui lui arrive concrètement, des images lui traversent le crâne pour seulement l'enfoncer un peu plus dans son désarroi. Il se souvient de tellement de choses, même avec précision les injures lancées à l'égard de cette petite fille aux yeux clairs. Il la détestait autant qu'il l'appréciait, il était un garçon, elle une fille, ils ne pouvaient pas vraiment s'entendre sur la longueur, même que sa mère Dragibus lui disait que agir ainsi prouvait qu'il était plus attaché à elle qu'il ne le voulait, ce qui faisait qu'il était contrarié et donc lui en voulait. Elle avait pas tort la maman rondelette aux fossettes bien creusées, elle avait même tout juste. Sauf que Niki il avait pris du temps à le remarquer, jusqu'à ce qu'il parte de Yasen, qu'elle à son tour fasse sa vie et que leurs chemins s'étiolent sous le reflet du soleil. Il eut pourtant la chance de la revoir durant ce bal fatidique, jusqu'au dernier instant, qu'elle le voit en casse-noisette, qu'il soit accusé de traîtrise, de meurtre envers sa propre personne. Est-elle donc aussi niaise que jadis ? C'est ce qu'il se dit le Niki, parce que tout bonnement elle était comme ça la jolie brunette. Un peu naïve, assez curieuse, du genre à se griffer contre les arbres pour pouvoir le suivre dans sa cachette secrète avec sa bande de copains, peu importe si sa robe bleue tirait la tête, elle voulait juste avoir une main dans celle du Cassenoisette. Elle était toute mignonne avec ses joues rougies par le froid, ses mains miniatures et son sourire de croissant, elle sentait la cannelle. Actuellement, elle est d'une beauté glacée à couper le souffle, d'une force à en reculer de plusieurs pas. Le prince déchu le sait, la gamine n'a pas disparu, la dernière fois qu'il a pu la voir yeux dans les yeux, c'était durant cette fameuse danse avant que tout ne bascule. Il avait ses mains sur son corps, elle son regard happé par le sien. Ils ne formaient plus deux personnes distinctes, mais une seule entité reliée par les affres d'une romance inavouée. Ils savent pas dire les choses, ou s'ils parlent, c'est pour mieux se cracher dessus. Marie, elle est sur la défensive avec lui, ce qui est parfaitement compréhensible, après tout sa tête est fichée sur les troncs blanchis par la neige, ne répondant qu'à son devoir, elle devrait le jeter dans des cachots jusqu'à ce que peine de mort vienne taper à sa porte. Forcément, lui il s'attend à se prendre une gifle, voire même un poing, ça ne l'étonnerait pas, peut-être serait-ce même carrément mérité dans l'optique où personne le croira quand il hurlera que c'est lui le légitime. Peu importe, maintenant lui-même ne veut plus en entendre parler, il veut qu'on lui lâche la grappe ne serait-ce qu'un instant pour qu'il puisse respirer. Adieu les responsabilités, d'autant plus qu'il devrait en ce moment s'il n'y avait pas eu ce complot, parler politique avec des hommes hypocrites. Oui, ça lui convient, ou du moins il relativise comme il peut, ce doit être cette sensation de trahison qui le rend malade, celle d'une famille déchirée qui reporte toute sa haine sur un seul enfant, Niki. « Toutes les surprises ne sont pas bonnes à vivre. Il ne m'a posé aucun problème pourtant. J'ai rencontré quelqu'un petite que j'ai longtemps observé pour savoir comment agir avec les animaux, c'est sûrement ça. » Bien, un premier coup de couteau, elle ne mâche pas ses mots. Faut dire que des années auparavant, elle n'était pas très tendre non plus, à priori plus modérée, néanmoins, petite Marie ne connaissait pas le mensonge. Elle courait après la franchise, boudait son voisin des jours durant lorsqu'il inventait une petite fourberie pour la faire tourner en bourrique. Les sourcils du dresseur se froncent, se soulèvent la seconde d'après, sous la surprise il ne contrôle pas ses expressions, encore moins quand son coeur a du mal à suivre la cadence. Il est plus aussi stoïque qu'il l'était à l'époque, il avait eu beaucoup à emmagasiner en peu de temps. Le fait de s'être presque fait tuer par son oncle en premier cas, d'autre part il avait dû se faire à sa nouvelle vie de famille avec les Dragibus et surtout au fait qu'il ne reverrait jamais sa génitrice. Elle doit être morte depuis, de maladie, de chagrin, il ne saurait le dire. A cette idée, il pince sa lèvre inférieure comme par automatisme pour ne pas penser à des sujets fâcheux qui poussent Niki à ressasser le passé. « Il ne me semble pas que tu aies jamais été honoré de ma présence jusqu'ici, j'ose espérer que ça n'est pas un simple passage de grade qui te fais te sentir obligé. » En plus il a le droit à une leçon de morale, bigre. C'est que ça commence mal ces retrouvailles, c'est que ça pue les représailles à plus de dix kilomètres. En plus de ça, elle doit se retenir intérieurement de lui arracher la tête, de le lancer jusqu'à la frontière de Yasen pour qu'il se fasse enfermer tel un animal. Il dit rien, il reste le silence parce qu'il a jamais rien eu de plus pour se défendre. Le silence. Y'a rien de pire, y'a rien de plus superbe aussi parce que ça laisse le temps à la réflexion, de choisir les termes qui conviennent. Avec elle, Niki il veut pas dire de bêtises, ni la blesser parce que ce serait se blesser seul aussi. Quelque part, il sait qu'il est intimement en phase avec Lopaline, il saurait pas dire pourquoi, au fond de lui c'est comme une évidence, pas assez pour qu'il se jette dans ses bras pourtant. Timidité ? Pas son genre. Gêne ? Encore moins. Regrets ? Là on s'approche un peu plus du but. Déglutissant à peine difficilement, l'équidé crème tape des sabots un peu plus loin pendant que l'autre reste calme, un peu trop, il doit sentir la tempête. Yasen est loin d'ici, à plusieurs jours à calèche, cependant, il a cette sensation de n'avoir jamais été aussi proche des monts mornes qu'en ce moment.
Marie c'est le double d'une avalanche.
Marie c'est un tremblement de terre à elle toute seule. Elle a cette douceur qui fascine, qui pousse à s'intéresser à son cas, même si elle peut dégager qui elle veut d'un mouvement de jambe justement placé. Marie on s'y intéresse comme on peut la laisser de côté, elle aime pas l'indifférence, faut qu'elle se fasse remarquer, que dans l'histoire enfin on parle d'elle comme d'une héroïne qui contredirait les dires anciens de Niki. Non elle est pas inutile, non elle est pas bête comme ses pieds, non elle est pas laide. Elle est tout l'inverse. Que de contradictions dans les paroles d'un marmot qui pense qu'il pourra vivre en solitaire sur des îles exotiques. Foutaises. « Comme je disais, j'espère que ça n'arrivera plus, ton cheval aurait pu blesser n'importe qui. Je n'aimerais pas avoir à revenir et à te le rappeler. » D'accord maman, soit maman, je ne ferais plus la même connerie maman, excuse maman je vais te préparer un joli gâteau pour me faire pardonner. Elle joue à quoi exactement ? A rien, ce doit être Cassenoisette qui se monte la tête. Ils s'envoient à l'autre bout du monde comme des aimants, s'apprécient comme des amants et ne pourront peut-être pas un jour parler à coeur ouvert. C'est vrai que trouer la poitrine pour laisser transparaître un organe bien vivant, lui permettre de taper causette à un autre, c'est plutôt douloureux, dans bien des cas ça peut louper lamentablement et le bout de chair s'avère suicidaire la minute d'après. Un passage de tristesse qui ne laisse personne de marbre, même les hommes, même les femmes, même les fées, ogres et autres animaux. Aimer ça fait mal. Aimer ça rend aveugle et sourd. Aimer c'est pour les barbares à ce qu'on dit. Aimer c'est un bout du sens de la vie. « Je suppose que c'est tout. » Sans surprise elle s'éloigne, recule d'un pas, de deux sans pour autant se tirer en courant à l'instar de Niki le jour où il a été jeté hors du château de Dragée. Qu'est-ce qu'il peut faire lui ? Se la jouer comme dans Amour, gloire et royauté ? C'est pas de la fiction, c'est de la réalité, contrairement à la manipulation offerte par les acteurs, eux c'est leurs âmes qui sont en jeu. Son souffle panique tout juste, ses neurones s'activent, s'effritent et lui offrent un beau spectacle de grand n'importe quoi. La rattraper, d'accord, dire quoi ? C'est encore un fait qu'il ne prévoit pas, il prévoit jamais rien Niki. Vivre au jour le jour dit-on, celui qu'a dit ça a même pas idée à quel point ça peut être vrai. « Tu supposes mal. » Outch. Premier coup envoyé et pas forcément le bon, c'est une mine grimaçante qui trahit son geste à vue d'oeil noble. A son tour de se dégourdir les bottes, il approche d'un pas, de deux, les rendant à la même distance qu'ils étaient quelques minutes plus tôt. Plus impressionnante encore, la blancheur de sa tenue pourrait lui exploser les rétines en temps normal. Elle illumine tout ce qui peut l'approcher, fait peur à la fois. Par la barbe de Merlin, Marie a diablement changé, pour lui déplaire il ne saurait trop dire exactement, cependant, qu'elle ait un caractère cassant ou pas, il sature déjà de cette conversation trop violente pour lui. Pourquoi tout résoudre par le mal quand il est possible de parler ? Bavasser autour d'un thé contenant des feuilles de Saay ? Parce que l'homme ne peut s'empêcher de mêler ceci avec diverses émotions, y compris la rancoeur qui dévore la carcasse de la capitaine de la garde royale. « Tu aurais été couturière ma chère que je t'aurais baragouiné la même chose. » Profonde inspiration, petit sourire sur le visage à peine crédule. « Sommes-nous obligés d'en arriver là ? Je ne crois pas, ce malaise il est possible de l'effacer, malgré tout je ne peux pas m'en occuper seul. » C'est un travail à deux, comme un couple, sauf que dans ce cas, ça demande encore plus de travail, d'acharnement et surtout de bon vouloir. Il doit être carrément pompeux, limite arriviste de dire ça devant cette donzelle qui veut croire qu'elle n'a plus rien en commun avec le jouet miteux. Il y a plus. Ils se voilent juste mutuellement la face. Quel duo de crétins. On pourrait s'prendre main dans la main, on veut pas, on pourrait s'poser sur une parcelle d'herbes pour rigoler un coup, on veut pas. On veut rien. On veut juste se faire du mal à outrance. « Je sais bien que je ne suis pas irréprochable. » Pire encore, aux yeux de la loi, il est un assassin. « Mais, maintenant qu'il est possible de se revoir, j'aimerais de tout coeur ne plus te perdre à cause d'un coup de théâtre. » Et encore, même dans les pièces ils se tolèrent plus que ça. Il rajoute rien de plus parce qu'il a déjà perdu le fil de ses propres pensées. Elle le perturbe à cause de l'océan de ses iris, elle lui rappelle à quel point tout ne peut pas forcément s'oublier. On peut complètement laisser de côté des passages d'une vie, la première fois qu'on marche, qu'on parle, si tant il est possible de s'en souvenir, la première bestiole de compagnie, la sixième bougie de soufflée. Pourtant, y'a de ces gens qu'il est pas possible de jeter contre du marbre pour qu'ils se fracassent, loin de là, bien au contraire, plus le temps passe et plus ils prennent de la place. Au bout de quatre longues années, Marie a su se faire une place de choix, dans ses rêves, ses cauchemars, ses plus beaux instants comme les mauvais. Marie, elle est toujours là.
Gravée sur sa surface en bois.
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FORT FORT LOINTAIN

Marie Lopaline
LADY, LADY OSCAR

Marie Lopaline

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⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : jessica de gouw
⊱ crédits : caf-pow. (ava)
⊱ arrivé(e) le : 13/09/2014
⊱ manuscrits : 474

⊱ tes licornes : princesse shéhérazade, beasthélemy, cúchulainn le maudit.
⊱ schillings : 438

⊱ ton conte : le prince casse-noisette et le roi souris
⊱ ta race : humaine, dieu merci.
⊱ métier : capitaine dans la garde royale, à fort fort lointain.
⊱ tes armes : une épée à la taille, une arbalète à la main. plus récemment, une arme à feu.
⊱ allégeance : pour, bien entendu.

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if there's nothing here, why are we still here ? EmptyDim 5 Oct - 21:44



 
marie, niki

La tornade à l'intérieur de Marie prend de l'ampleur. Ça lui bouffe les muscles et lui prend tout son air au point qu'elle se sent suffoquer sans raison. Niki c'est comme une mort en plus doux, ça paralyse et puis ça glace, ça coupe le souffle puis ça réchauffe, Niki c'est une mort qu'a pas choisi sa forme. Niki il peut assassiner avec les mots, Niki il peut brûler d'un simple contact, Niki il peut geler d'une absence et poignarder d'un regard. Niki c'est une faucheuse en gris clair, une qui tue avec le sourire et une caresse sur la joue. Il est toujours là, il guette toujours le moment. Niki il parle pas pour rien dire, Niki il a une courbe fendue au bout du sourire et des sourcils qu'il fronce souvent. Niki il est même pas méchant, Niki il est même pas violent, Niki il se contente de balayer tout ce qui se trouve autour de lui d'un battement de cils. Niki la tornade, Niki la tempête. Niki le pince, le petit jouet. Le panier à émotions, celui qu'on ouvre pour y jeter l'amour et la haine et les regrets. Les souvenirs de deux enfants et les désillusions de deux danseurs. Niki c'est un homme-orchestre-à-sentiments, avec ses grands violons de tristesse et ses pianos de non-dits mal accordés. Il est juste là, il a même pas besoin de parler pour qu'en fermant les yeux Marie se sente partir, bousculée par une tempête de poudreuse. Le genre froide mais pas assez dure, le genre dans laquelle on s'enfonce et se blottit, le genre qu'on se ramasse sur les joues et le bout des mains et dans lequel on va faire des jolis dessins. Le genre au contact de laquelle on aime avoir les doigts qui rougissent de froid, parce que ça veut toujours dire qu'y aura un chocolat chaud après. Marie elle se voit voler et dégager jusqu'à Yasen en un regard, elle se verrait en vomir des années et des certitudes pas digérées juste pour l'océan de ses iris. Pourtant quand elle les rouvre elle est toujours là à quelques pas de son fantôme bien aimé, et rien n'a réussi à changer. Marie est en duel avec elle-même, sa haine en course avec ses sentiments bien plus anciens, et elle se sent piégée. Il serait mal vu qu'elle lui tombe dans les bras et se jette à son cou, mais la noirceur de ses paupières n'arrive pas à lui offrir d'autres spectacles. Elle en a rêvé de ses grands bras depuis qu'ils l'ont guidé en une danse, elle en a cauchemardé de ses mains qui s'éloignaient jusqu'à en disparaître, des cris jetés au visage du prince jouet – même le sien. Elle en a cauchemardé de ses yeux en bois qui se tournaient vers elle juste un instant, qui n'y trouvaient même pas le réconfort qu'elle avait trouvé dans les siens, le soir où elle avait son chien dans les bras. Quand Marie y repense, il lui arrive d'avoir envie de se frapper pour n'avoir pas même songé à l'aider, pour n'avoir même pas regretté de voir partir les bouclettes dans sa nuque et son sourire qu'elle pensait ne plus revoir. Marie s'en veut parfois de n'être personne plus que les autres, personne plus que ceux qu'elle aurait appelé idiots s'ils s'étaient trompés sur elle. D'autres fois, il lui arrive de penser que si un millier de soldats ne peuvent pas se tromper quant à leur dirigeant, une centaine d'invités et deux parents ne peuvent pas se tromper quant à Niki. Niki il a le don de déchirer en deux jusqu'à une personne entière, jusqu'à déchirer un cœur en deux et en piétiner une partie. Niki c'est une boîte aux trésors dont on ne connaît rien de plus que l'extérieur, Niki c'est un bateau fantôme dont on connaît la légende et rien de plus.
Tu supposes mal. Les yeux de Marie s'ouvrent plus grand sous la surprise. Elle avait oublié en chemin combien son camarade de jeux aimait lui tenir tête et la contredire. Malheureusement pour eux, plus rien ne s'apparentait à un jeu. Il s'approche d'un pas puis de deux, l'éloignement ne leur va pas. Tu aurais été couturière ma chère que je t'aurais baragouiné la même chose. Sommes-nous obligés d'en arriver là ? Je ne crois pas, ce malaise il est possible de l'effacer, malgré tout je ne peux pas m'en occuper seul. Marie se mord doucement la lèvre inférieure. Elle en sourirait presque du simple fait d'entendre sa voix à nouveau, de le sentir là tout près, mais la situation ne lui permet pas une telle fantaisie. Je sais bien que je ne suis pas irréprochable. Mais, maintenant qu'il est possible de se revoir, j'aimerais de tout cœur ne plus te perdre à cause d'un coup de théâtre. La capitaine déglutit avec difficulté, se sent plonger au fond tout au fond d'un gouffre de pensées. Son prince de bois n'a pas tant changé que ça au final, et elle aurait aimé lui assurer qu'il la retrouvait telle qu'il l'avait laissée. Pour la première fois depuis leurs retrouvailles Marie baisse le regard à terre, comme si elle avait l'espoir d'y trouver un souffleur et de simples lignes à déclamer. À son grand malheur, elle n'y trouvait que quelques insultes qu'elle se lançait à elle-même, et quatre années de rage enfouie. Marie essayait tant bien que mal de se reprendre, de n'être personne d'autre que celle qui faisait face à Cassenoisette depuis quelques minutes. Obligés d'en arriver là ? À quoi t'attendais-tu ? J'espère que tu as eu le temps de te faire à l'idée que je ne te sauterai pas au cou, sinon tu vas être déçu. Comme une princesse de glace, Marie reportait à nouveau son attention sur celui qui a été son plus proche ami pendant bien des années. J'aimerais que tu répondes à une question, Niki. Elle prit une grande inspiration, allant même jusqu'à tenter un pas en avant. Elle avait entendu dans un documentaire que les gros plans accentuaient l'émotion. Si deux personnes sont amis un temps, combien de temps leur faut-il, tu crois, pour ne plus être que deux étrangers qui se connaissent bien ? Elle se cherchait des réponses au fond de ses yeux, quitte à ne plus cligner des yeux. Et s'il ne leur en faut pas beaucoup, alors que seraient ces deux personnes, quatre ans plus tard ? Dis-moi, Niki, que sommes-nous aujourd'hui sinon deux flocons pris dans des vents contraires ?
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if there's nothing here, why are we still here ? EmptySam 11 Oct - 21:55




Marie et Niki
Le temps file, le temps n’attend personne.

Le changement il a du bon. Du mauvais aussi. L'évolution fait partie des hommes, des fées, des ogres, de tout être étant capable de la moindre pensée plus ou moins logique, et ayant la capacité d'éprouver des émotions à outrance. Les expériences changent, forgent l'âme jusqu'à ce que celle-ci mette au point des moyens divers et variés pour l'empêcher de souffrir à nouveau la même agonie, on se protège, on se cache derrière un bouclier trop grand pour nous, rien que pour survivre mentalement à toute cette folie qui prend les apparences d'une habitude qui nous transperce. Et finalement, la douceur se transforme en brutalité, la gentillesse en méchanceté, la confiance en méfiance, jusqu'à ce que la plus petite once de bonté disparaisse. C'est comme ça le changement, cette bête noire qui s'occupe clairement aussi du cas du Niki, même s'il ne veut pas se l'avouer. Il n'est plus le même de jadis, le jour précis où la calèche a été attaquée par des pillards envoyés par son oncle, il ne perçoit plus les choses de la même manière, se voit beaucoup moins crédule - ce qui lui manque, même s'il se refuse à se le dire. La naïveté, le fait d'être candide, ça a quelque chose de si reposant qu'il regrette d'être un adulte ayant déjà découvert les plaisirs et les méfaits qui en résultent. Des années auparavant il se posait pas tant de questions. Des années auparavant il pensait que son futur serait auréolé d'une douce lumière, accompagnée d'un tapis en or. Il s'était planté, lourdement, il l'avait pourtant trouvé sa bougie le guidant sans l'obscurité, et il passait tout son temps à la renier, vouloir la souffler pour qu'elle lui foute la paix, le laissant dans un complet désarroi. Sa petite flamme, elle a toujours été là. Certes, à ces jours elle est plus que glaciale, s'avère aussi terrifiante que la reine des neiges, néanmoins ce passage si violent, il ne peut y croire. Faut creuser lui disait le père Dragibus quand il causait pas, faut creuser quand tu veux savoir quelque chose, pousser le bouchon jusqu'à ce que celui-ci s'envole dans le ciel, faut savoir faire la part des choses aussi. En tirer un enseignement ? Niki il a jamais été très doué pour ouvrir un torse et y chercher quelconque de mortel à l'intérieur. Il sait pas, il veut bien apprendre, rien que pour avoir droit au rire cristallin de la gamine qu'avait passé des heures chez lui, son chien entre les pattes, pauvre bestiau qu'était blessé et chouinait. A chaque fois qu'il recroisait Marie, c'était sous une pluie généralement délicate, dernièrement il en avait été de flocons et d'un torrent de froid en pleine figure. Le plus amusant dans cette histoire, c'est que le soleil se veut présent quand leur relation se veut tout sauf magnifique. Ah douce ironie, la vie doit d'une certaine manière vouloir lui faire comprendre qu'il est touché d'une malédiction sans nom, celle d'être né avec du sang bleu, d'avoir le nom de Cassenoisette caché derrière un immense Dragibus. Comme les autres, la capitaine Lopaline n'est pas au courant de ce qu'il est avec exactitude, ce doit être mieux ainsi, il ne pourrait courir le risque de la mettre en danger par sa faute, maintenant que personne ne toque plus à sa porte, il peut s'estimer heureux de dormir sur ses deux oreilles. « Obligés d'en arriver là ? À quoi t'attendais-tu ? J'espère que tu as eu le temps de te faire à l'idée que je ne te sauterai pas au cou, sinon tu vas être déçu. » Le plus étrange, c'est que si, Niki s'attendait à une réaction bien plus joviale que celle qui lui est donnée actuellement. Il a eu la bêtise d'espérer un instant qu'ils se retrouveraient un sourire sur le visage, des yeux pétillants, se jetant dans les bras l'un de l'autre, se jurant qu'ils ne se quitteront plus. Il a eu l'audace, effectivement. Pinçant sa lèvre inférieure sur l'instant et serrant ses poings sans même s'en rendre compte, elle a raison. Il est bête, voire carrément ridicule le dresseur qui a les pétoches. L'espoir c'est pour qui ? Pour ceux qui n'ont pas encore totalement tiré un trait sur l'enfance. Peut-être que devant elle, il se sent redevenir marmot de quatorze ans avec des traits durs et un manque complet de discernement. Il se sent pas pareil avec Marie, il se sent profondément bien, en revanche, ça, elle le sait pas et le saura jamais, c'est pas le moment pour se mettre à genoux, pour supplier de tout recommencer en arrachant des pages déjà amochées. « J'aimerais que tu répondes à une question, Niki. » Venant d'elle y'a comme une odeur de piège à plus de dix kilomètres, s'il en était capable, si elle était si dangereuse, le gringalet prendrait ses jambes à son cou pour mieux fuir dans sa bicoque chaleureuse, attendant que l'orage passe caché sous ses couettes. Il doit l'affronter. S'il le fait pas maintenant, il le fera pas les jours suivants. « Si deux personnes sont amis un temps, combien de temps leur faut-il, tu crois, pour ne plus être que deux étrangers qui se connaissent bien ? » Des millénaires ? Une éternité ? Naturellement Niki pourrait répondre ça. Parce que pour cette demoiselle vêtue de blanc, il ne peut songer à l'éventualité qu'ils puissent se détailler comme étant de véritables étrangers. Il peut pas. Y'a toujours quelque chose qui se mêle à l'histoire, comme une avalanche en pleine figure.
La déferlante des sentiments.
Elle, elle ne ment pas contrairement au visage de Marie qui se déforme au fur et à mesure que ses paroles lui arrachent un ton de voix bien pire que mauvais. Si la langue de la donzelle était fait de couteaux, le prince déchu serait mort sans aucun doute sous la pertinence des termes qui lui lacèrent les tympans. Elle fait mal Marie, elle soigne comme qui dirait la souffrance par sa soeur nommée elle aussi souffrance. Revancharde sur les bords, ceci ne l'étonne presque même pas qu'il accepte autant d'injures, de sous-entendus, venant de telles lèvres, si harmonieuses. A priori, du rôle d'une lady on en retient que les bons côtés qui sont la bienséance, la grâce exacerbée avec une bonne dose d'impossibilité à hurler contre autrui. A la vérité, son amie d'enfance correspond plus à l'inverse complet de ce que l'on pense d'une femme bourgeoise, ou même, elle pourrait être un savant mélange des deux, si justement dosé qu'on en reste fasciné par le personnage. Elle a la démence des hommes sur un champ de bataille et la beauté d'une reine. Finalement, elle est de ces femmes qui ne peuvent s'avoir en un claquement de doigts, ce serait trop facile, y compris pour Niki qui malgré les connaissances qu'il a à son sujet, ne peut se vanter de lui avoir volé un baiser furtif. « Et s'il ne leur en faut pas beaucoup, alors que seraient ces deux personnes, quatre ans plus tard ? » Elle lui pose une colle si bien que ses prunelles s'écarquillent. Que sont-ils ? Pas même des amis, bien que le futur trentenaire la considère en tout point comme tel si ce n'est plus. Comment la définir ? Qu'est-il pour elle ? Qu'est-elle pour lui ? S'il avait le temps, il se serait probablement couché pour perdre son attention sur le plafond, tournant dans bien des sens ce questionnement qui le rendrait fou au fil du temps. Tournant un peu sa tête d'un côté, puis d'un autre, il cherche un point d'accroche, comme si un miracle pouvait avoir lieu comme ça, lui donnant la réponse ultime poussant Marie à se la boucler une fois pour toutes, elle a pas réponse à tout, elle se donne juste l'impression pour que son auditoire baisse l'échine. C'est pas le cas de son interlocuteur, elle lui fait pas peur, parce qu'il sait qu'elle peut pleurer comme le reste de la populace, qu'elle est capable de tomber sans crier gare parce qu'elle est au bout du rouleau. Elle s'donne des airs de guerrière intouchable, alors qu'y'a rien de pire pour se faire dézinguer la mécanique complexe cachée dans le palpitant. « Je l'ignore. » Qu'il rétorque avec un petit sourire qui lui appartient, s'avançant un peu plus vers sa dulcinée. Plus il s'en rapproche, plus il peut zieuter de haut - ou presque, étant capable jusqu'ici de sentir son parfum - il lui reste donc une part de féminité, c'en est rassurant. « Déjà qu'avant je ne pouvais mettre le mot juste sur ce qui définit notre relation, dorénavant je suis toujours au même point. Je n'en ai pas la moindre idée, et je ne pense pas que les années pourront m'aider à trouver la réponse à ta question. » Connaissances ? Amants qui ne s'avouent pas ou encore ennemis qui ne peuvent se tuer ? Tant de termes, tant de possibilités, s'il était muet, les choses seraient peut-être plus simples ou du moins l'évidence plus facile à trouver que quand il faut s'étaler des heures durant sur le pourquoi du comment. Haussant un peu les épaules et passant sa main droite sur sa propre nuque, celle-ci vient à glisser le long de sa chaîne argentée pour atterrir sur le pendentif qui orne royalement son torse. « La fillette et son jouet ? » Un pas de plus, ses doigts libres frôlent à peine la joue de Marie, un frisson lui électrise le corps. « La justice et le traître ? » En murmurant ceci, une peine toute autre pousse ses prunelles à se baisser sur le sol quelques secondes. Traître qu'il n'est pas, étiquette qu'on lui a imposée sans lui laisser le choix. Le traître, le bafoué, le meurtrier contre la sublime, la vaillante, la brave. A eux deux que forment-ils ? Un problème, une erreur.
Une tâche dans ce monde trop parfait.
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⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : jessica de gouw
⊱ crédits : caf-pow. (ava)
⊱ arrivé(e) le : 13/09/2014
⊱ manuscrits : 474

⊱ tes licornes : princesse shéhérazade, beasthélemy, cúchulainn le maudit.
⊱ schillings : 438

⊱ ton conte : le prince casse-noisette et le roi souris
⊱ ta race : humaine, dieu merci.
⊱ métier : capitaine dans la garde royale, à fort fort lointain.
⊱ tes armes : une épée à la taille, une arbalète à la main. plus récemment, une arme à feu.
⊱ allégeance : pour, bien entendu.

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marie, niki

Oh Niki, ne fais pas ça. Oh, Niki, je t'en supplie. Si les yeux de Marie se contentent d'être embués, son cœur se retrouve prit dans la houle. Elle a des bourdonnements dans les oreilles, le cœur qui avance trop vite pour sa tête. Oh, Niki, si seulement tu t'arrêtais. Mais il ne s'arrête pas. Il est là, toujours là. Elle a déjà pensé à partir sur d'autres planètes, des schémas restent dans un coin de sa tête – elle rêverait de construire une machine pour partir dans les étoiles qu'ils ont un jour contemplées, mais elle en est sûre, il trouverait une échelle assez grande pour l'y rejoindre. Marie dégueule un silence amoureux, les yeux perdus le long des bras de Cassenoisette. Elle n'aurait pas du s'accrocher à ses réponses, Marie aurait du repartir, remonter sur son cheval et partir au grand galop – Marie aurait dû arrêter le massacre là. Elle aurait pu et l'aurait voulu, mais il y a bien trop de choses entre Niki et elle pour qu'elle puisse s'enfuir. Marie ne s'enfuit pas – Marie ne s'enfuit plus. Elle reste, écoute, encaisse, riposte si elle le peut. Plutôt que de s'enfuir, Marie reste là à sentir une brise qui fouetter le visage, à sentir ses poumons se décomposer et son cœur fondre avec ça. Si on lui avait dit, que c'était si dur ; si on lui avait dit, que ça faisait si mal, elle n'y serait jamais allé. Marie aurait prié pour ne plus jamais le revoir, seulement par peur que leurs joies ne soient pas aussi puissantes que leurs peines. Et pourtant elle reste là, et plutôt que de se barrer en courant, elle essaie – de le faire réagir, lui faire dire quelque chose qu'elle voudrait entendre, peut-être quelque chose qui lui donnerait envie de se jeter dans ses bras trop rapidement pour y réfléchir avant et laisser tomber l'idée. Elle essaie de le blesser, probablement. Marie ne veut plus qu'on lui marche dessus c'est une chose, mais Niki est un cas à part. Niki c'est la lumière dans son ombre, Niki c'est pas comme les autres, quand bien même ça serait en pire. Elle peut pas être la même avec Niki et avec les autres. Niki c'est différent, parce que Niki il sait. Il sait ce qui va pas, il sait quand ça va pas. Niki il a toujours les bons mots, mais aujourd'hui il les a laissé en chemin. Niki c'est son sablier à elle, et elle se jetterait corps et âme dans la première croyance religieuse qui passe pourvu qu'on lui promette que ça le fasse partir. Marie reste là, essaie de trouver les tournures les plus vicieuses et offensives. Elle sait qu'elle ne pourrait rien faire à Niki. Ni le toucher ni le tuer. La seule chose qu'elle peut faire c'est le provoquer, jouer sur la corde au-dessus du vide jusqu'à ce que ça casse sous son poids, en espérant qu'il attrape sa main au vol comme il l'a toujours fait jusque là, comme il le faisait toujours avant. Niki il lui donne envie de pleurer quand elle était certaine de ne plus savoir comment faire, quand elle se l'interdisait au quotidien pour garder l'image qu'elle voudrait avoir d'elle-même. Le problème, c'est que même elle n'y croit pas. Face à Niki, Marie n'est rien de plus qu'une gamine. Perdue et apeurée, trempée jusqu'aux os de trop de réflexions et trop de rancœur. Marie se noie en elle-même, mais elle ouvre pas encore les vannes. Elle préfère s'arrêter de respirer et bloquer toutes les issues, c'est plus définitif mais elle ne veut pas tout gâcher. Si elle peut faire quelque chose, elle aimerait voir des émotions passer dans un regard de jouet, elle aimerait savoir qu'il s'y passe encore des choses dans ce cœur, que le bois ne l'a pas euthanasié. Même si ça n'est que de la peur, que de la peine. Marie ne veut pas qu'on l'ignore, Marie ne veut pas qu'il l'ignore – s'il savait, elle pourrait bien en mourir.
Elle ravale difficilement, attendant que la sentence tombe, se refusant encore autant qu'elle le peut à pleurer. Je l'ignore. Son regard à elle se perd dans le néant, dans le grand Rien. Elle fixe un point face à elle, n'importe lequel pourvu que ça ne soit pas Niki. Déjà qu'avant je ne pouvais mettre le mot juste sur ce qui définit notre relation, dorénavant je suis toujours au même point. Je n'en ai pas la moindre idée, et je ne pense pas que les années pourront m'aider à trouver la réponse à ta question. Sa mâchoire se serre un peu plus. De toutes les réponses possibles et imaginables, Marie hésite encore à savoir si elle aurait préféré se prendre une claque dans la gueule en un « Plus grand chose », ou ce semblant de réponse qui lui donnait encore un espoir qu'elle aimerait ne plus avoir. La fillette et son jouet ? La capitaine dévie son regard vers la chaîne qu'il touche du bout des doigts, l'observe en détail. Ça n'est rien de plus qu'une conversation, pas même une déclaration enflammée ou larmoyante, mais elle sait qu'à la moindre faille, elle explosera. Marie pourrait gâcher dix années à s'être changé pour ses beaux yeux – sans même savoir laquelle de l'ancienne Marie ou celle qu'elle aime être lui ressemble le plus. Au fond, Marie a bien plus de sensibilité que de force en elle. La justice et le traître ? Les doigts de Niki l'effleurent à peine et ses océans de glace remontent jusqu'à son visage, le sondent autant que c'est possible. Si ces retrouvailles finissent mal, elle préfère mémoriser son visage et ne pas l'oublier pour plus tard. Sa tête se tourne à peine, s'appuyant si légèrement sur la main du petit prince que c'est presque imperceptible – mais pourtant c'est là, sans qu'elle s'en rende compte. Le regard de Niki se brise comme en mille éclats, et elle entend leurs cœurs tomber au sol à l'unisson. C'est comme ça qu'ils ont toujours été, de toute façon. Faits l'un pour l'autre. Une larme échappe au contrôle de la capitaine qui ne sait même plus quoi faire pour la cacher. Elle déglutit une nouvelle fois, leur vie est dure à avaler d'un seul coup mais elle fait de son mieux pour réussir sans trop faillir. Elle inspire un grand coup, compte jusqu'à trois. Toutes ces dénominations qu'il lui donne lui filent le tournis en plus de la gerbe, ça sonne faux jusqu'à Afshin. Il est vrai que le néant n'est pas définissable, j'avais oublié, excuse-moi. Elle essaie tant bien que mal de cacher sa peine, elle aussi, celle qu'elle voit se refléter en Niki, mais même les plus grands efforts du monde ne lui enlèveront pas l'éclat cassé qu'elle a dans l’œil. Son regard fuit vite celui de l'autre, elle le retourne vers l'animal le plus proches d'eux et s'éloigne vite de Niki, lui tournant même le dos pour aller caresser le flanc de la bête. Tu es peut-être un jouet, Niki – un traître, un imposteur, ce que tu veux, mais je ne veux plus être ni une petite fille ni ta justice. Elle ravale difficilement ses sentiments, mais ça coince dans sa gorge et ça s'entend. Je voudrais ne plus être rien, pour toi. Quatre ans plus tard, ça ne doit pas être beaucoup demandé – pas pour un grand garçon comme toi. C'est trop dur pour elle, alors elle ne lui adresse même pas un regard. Elle sait parfaitement qu'au moindre contact, elle s'effondrera. Niki la connaît trop bien pour ne pas le savoir, Niki la connaît par cœur et ça lui fait peur. Ses mains se crispent un peu sur la robe du cheval, elle s'entraîne à sourire tant qu'il ne la voit pas, juste au cas où, juste des fois que. Elle prie aussi fort qu'elle le peut pour ne pas qu'il l'écoute, s'insulte presque de sortir de telles énormités et de se pousser à un tel suicide sentimental. Je t'en supplie, ne m'écoute pas. Marie lui hurle presque de partir et l'oublier, Marie en a marre que ça tire en longueur, que ça soit toujours trop compliqué – mais si c'était simple, serait-ce vraiment de l'amour ? Elle redoute déjà les secondes et les minutes à venir, voudrait mourir avant qu'elles arrivent si c'était possible – et pourtant, elle ne bouge pas.
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if there's nothing here, why are we still here ? EmptyVen 31 Oct - 23:16




Marie et Niki
Le temps file, le temps n’attend personne.

De l'amour à la haine, il n'y a qu'un pas disait l'autre sage. De l'amour à la haine. De l'amitié à la colère. Et de beaucoup de choses à beaucoup d'autres finalement. Parfois il suffit d'un manque de réponse à un baiser pour briser une personne, une parole en l'air trop vite jetée qui n'était même pas pensée, un geste malhabile qui ne signifiait rien et qui pourtant, a cassé l'autre si bien qu'il ne retrouve plus les morceaux de son corps. Si encore il n'était que question de querelles infantiles autour d'injures bien placées, d'un chat qui veut attraper sa souris ou de deux chiens galeux qui s'arrachent un os, ils n'en auraient pas été là. Pourtant, le destin en a voulu autrement. Peut-être qu'à cette soirée, il aurait pu lui voler un baiser, probablement lui aurait-il avoué le fond de sa pensée dans une déclaration enflammée digne des princesses attendant leurs princes. Si Marie n'a jamais été une demoiselle de la cour, il n'empêche que sa carrure peut troubler quiconque la regardera. Sa peau diaphane, ses yeux clairs comme de l'eau, ses lèvres finement tracées comme si un sculpteur avait passé des heures dessus. Une dégaine royale, vêtue de la même manière, l'on pourrait se dire que son sang est bleu comme la mer, pourtant il n'en est rien. Fille de parents modestes, en rien elle ne pourrait convenir à un homme haut gradé. A la réalité, il ne saurait dire s'il regrette amèrement son passé révolu bordé d'or et de richesses. Parce que grâce à cet accident, il a pu la voir, l'apprécier, même sentir son coeur s'emballer à la vue de ses courbes délicates. Sans son oncle, il serait sur le trône de Yasen, à diriger cette contrée d'une main juste et d'une voix claire, étant forcément du côté de cette reine usurpatrice aux idées farfelues. S'il suit la logique des évènements, peut-être l'aurait-il vue dans sa garde royale, déjà marié à une femme fortunée, il n'aurait pu s'attarder sur elle plus longtemps. Le regret se mêle à la satisfaction, c'est bon de la revoir, de l'admirer tout sauf dans l'ombre, d'entendre son timbre cristallin, même d'apercevoir des émotions dans ses iris morts au moment de son maléfique. Qui est-il pour elle ? Il ne l'a jamais su, ne le saura probablement qu'à l'instant où son dernier souffle passera ses lèvres. Il se rejoue la scène, se revoit le bal, s'imagine qu'il aurait pu lui voler tout son amour pour le chérir hors d'atteinte du froid, loin de la souffrance et proche du sien, pour qu'enfin il puisse croquer à pleines dents dans le bonheur, le vrai. Il se voilait pourtant la face à son sujet durant l'adolescence, se disant que ses escapades en l'imaginant à son bras n'étaient que fioritures. C'est qu'aujourd'hui qu'il voit, se rend compte et cache derrière un large sourire un palpitant qui crève de ne pas avoir sa dose, ne pas trouver son âme soeur dans le noir. Il a éteint la bougie, depuis maintes années, voulant le préserver de toute déception imaginable. Même de Marie. Pour qui il donnerait absolument tout ce qu'il a, sauf son secret qui pourrait pourrir jusqu'à la racine de ce qu'ils sont. Niki paraît calme, jusqu'à ce qu'il croise le regard d'une larme sincère. Elle qui n'avait guère pleuré depuis qu'ils s'étaient séparés, quand lui voulait partir à la capitale et qu'elle souhaitait rentrer dans l'ordre des protecteurs des nobles de ce royaume. « Il est vrai que le néant n'est pas définissable, j'avais oublié, excuse-moi. » De celui qui se glisse entre leurs deux squelettes ? C'est bien de cela dont elle parle ? Quelle cesse avec son sarcasme mauvais. S'il l'a bien cherché durant l'enfance, souhaitant qu'elle éclate de sa coquille adorable pour faire naître un personnage plus proche d'un garçon qu'autre chose. Actuellement, il pourrait se mettre à ses pieds, lui demandant où est passé ce poupon aux joues rosies, au sourire sincère et au pétillement éternel dans les yeux. La petite fille n'est-elle donc plus présente ? Celle pour qui il avait soigné son animal ? Celle pour qui il était tombé même sans se l'avouer parce qu'il était trop têtu ? Bien sûr qu'elle est là, dans la goutte d'eau qui se fraie un chemin sur sa peau, se terminant sur le bout des doigts du dresseur de chevaux qui tient toute son innocence en une ridicule entité liquide. « Tu es peut-être un jouet, Niki – un traître, un imposteur, ce que tu veux, mais je ne veux plus être ni une petite fille ni ta justice. » Qui est-elle ? Qui sont-ils finalement ? Lui est un prince déchu qui ne pourra plus se prélasser dans son palais, et Marie un mélange de deux personnalités bien distinctes qui ne savent plus où elles vont. L'une veut castagner du pillard, l'autre se voit dame à la cour au bras d'un joli garçon. C'est difficile, complexe, dire qu'en plus il pouvait fut un temps lire dans son regard comme un livre ouvert. Pour la première fois de sa vie - et certainement pas la dernière - il ne sait plus quoi penser face aux élucubrations réalistes de son interlocutrice. Si d'autres hommes de la garde étaient là, ils seraient sans aucun doute plus que choqués de voir qu'elle est propice à toute émotion passant par son corps. C'est juste qu'ils se donnent pas la peine de bien remarquer, ils sont pas comme Niki qui rien qu'en frôlant son cocon charnel peut rouvrir des plaies tout juste cicatrisées.
Marie est sa faiblesse.
Tout comme il est la sienne. Deux allumettes qui ne peuvent se prouver leur amour, qui, si elles se frôlent brûlent ensemble. Un amour suicidaire. Une histoire qui ne peut se finir que dans les larmes. Ils sont un peu pareils, sauf qu'elle ne flambe pas de l'extérieur, tout se passe entre les organes qui se connectent, les nerfs qui lâchent, explosent du jour au lendemain. Elle est sa plus grosse peur, son plus bel espoir, sa grande erreur, son mirifique cadeau, son immense fardeau. C'est fou comme une seule personne peut faire pencher la balance, basculer un monde qui n'est pas le sien et rendre les idées aussi floues qu'elles sont mauvaises. Marie, elle est néfaste, capable de causer la perte du petit prince de dix ans qui s'est réveillé dans une mare de sang. « Je voudrais ne plus être rien, pour toi. Quatre ans plus tard, ça ne doit pas être beaucoup demandé – pas pour un grand garçon comme toi. » C'en est déjà trop pour Niki qui sent son souffle se couper, peu importe le cheval qui a côté s'impatiente de retrouver son box. Il n'a d'yeux pour elle, celle qui fait marcher sa mécanique branlante, rouillée. C'est bon de la revoir. C'est bon de lui parler. C'est bon de la toucher. Déglutissant presque difficilement, laissant de côté ses occupations premières, c'est sans réfléchir plus longtemps que ses bras se mettent à entourer la capitaine, la serrant à l'instar de leurs adieux loupés au moment de cette soirée de malheur. Et il serre, il serre délicatement à l'instar d'une poupée trop fragile qu'il pourrait fracasser en ne prenant plus conscience de sa force. Il se blottit peut-être un peu, ça lui refile des frissons alors qu'on crève de chaud sur cette parcelle de terre, elle pourrait lui foutre un poing ce serait bien mérité. Peu lui importe, il a cessé toute pensée logique et véridique, déposant un baiser sur le sommet de son crâne, c'est l'interdit qu'il brave pour un fantôme du passé. « Je vais certainement te décevoir à nouveau, à dire vrai une fois de plus ou de moins, à t'entendre cela ne changera pas grand-chose. » Inspiration longue, paupières closes, son parfum s'évapore, ses paroles deviennent murmures. Une promesse entre deux bambins qui rêvent un peu trop. « Tu as toujours été quelqu'un pour moi, quoi que tu puisses en penser, et souvent je regrette d'avoir agi comme un mufle envers toi durant notre enfance. Je ne te méritais pas, je le savais, peut-être voulais-je me débarrasser de toi tout bonnement pour ne pas trop souffrir. » Un rire sec, un vague silence qui se suspend au-dessus de leurs têtes. « J'ai été stupide. Le temps soigne les blessures dit-on, je n'y crois que très peu, néanmoins en ce qui te concerne, j'ose espérer que c'est bel et bien le cas. » Il se perd, soliloque, se demande à qui il parle, si ce n'est pas à un mur ou à quelqu'un qui a les oreilles bien tendues. Dorénavant, avec Lopaline, son comportement vient à prendre des gestes pour jouer d'un instrument, si c'est mal fait, ça fait grimacer, parfois pleurer ou hurler en demandant d'arrêter. C'est pareil avec les phrases. C'est tout un art qui rend l'homme encore plus monstrueux qu'il ne l'est déjà. « Si ça ne l'est pas, alors je m'excuse, du plus profond de mon coeur, avec toute la sincérité dont je suis capable. » S'il était capable de lui décrocher la lune, il le ferait. S'il pouvait lui faire un seau rempli d'étoiles, il le ferait. Pour Marie il serait capable de tout, surtout de n'importe quoi pour avoir la chance de contempler sur son visage une mine réjouie, celle d'une donzelle à l'esprit comblé de joie à la vue d'un cadeau qui en vaut la peine. Parce que c'est ça qui tourne autour de cette amie d'enfance, c'est pas tant qu'elle compte pas, c'est plutôt qu'elle compte trop. Reculant d'un léger pas pour espacer leur étreinte, sa tête se baisse vaguement pour admirer ses traits. « Je ne veux plus te perdre. » Qu'il susurre tellement peu sûr de lui qu'il redoute un mouvement de genoux bien placé entre ses deux jambes. Peu importe, il chasse derechef cette pensée violente, au moins elle n'aura pas eu d'autres choix que de l'écouter, au moins Marie pour une fois ne se sera pas fiée aux dires d'un dirigeant vicieux. Parce que pour ce coup, ils sont tous les deux.
Rien qu'eux.
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Marie Lopaline
LADY, LADY OSCAR

Marie Lopaline

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⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : jessica de gouw
⊱ crédits : caf-pow. (ava)
⊱ arrivé(e) le : 13/09/2014
⊱ manuscrits : 474

⊱ tes licornes : princesse shéhérazade, beasthélemy, cúchulainn le maudit.
⊱ schillings : 438

⊱ ton conte : le prince casse-noisette et le roi souris
⊱ ta race : humaine, dieu merci.
⊱ métier : capitaine dans la garde royale, à fort fort lointain.
⊱ tes armes : une épée à la taille, une arbalète à la main. plus récemment, une arme à feu.
⊱ allégeance : pour, bien entendu.

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if there's nothing here, why are we still here ? EmptyVen 21 Nov - 3:19



Marie, Niki

Si le destin avait un nom, il s'appellerait Niki. Ce qui est drôle, c'est qu'il aurait le même nom que la passion, l'amour, la haine, les regrets, le passé, l'incertitude, la peine, la douleur et l'infini. Niki c'est un pot pourri qu'on a balancé contre un mur et qui dégueule peu à peu un peu trop de sentiments qui se glissent en Marie. Elle a beau l'ouvrir en grand pour cracher son venin, Marie se dit et se répète que leur rencontre a été la chose la plus fabuleuse qui lui soit jamais arrivée. Elle a beau hurler contre le monde et taper fort du pied, Marie sait pertinemment qu'on ne se met pas dans de tels états pour quelqu'un de pas important. On peut bien haïr et pleurer, ça n'est jamais finit tant qu'on ressent quelque chose. Parfois, elle voudrait qu'on lui aspire les pensées, parfois, elle préférerait ne plus être capable d'éprouver quoi que ce soit. Elle aurait voulu rembobiner sa vie, rester bloquée dans cette valse pour l'éternité quitte à mourir en ayant le tournis. Elle repensait à lui mais c'était eux qui lui venait à l'esprit, quand ils sont pas ensemble y a comme un truc qui déconne. C'est une calèche sans les roues ou un soleil sans l'étincelle, ils ont jamais été parfaits et quand ils s'apprêtaient à l'être on leur a brûlé les doigts, mais ils sont tellement imparfaits que c'est beau. C'est comme un ballet en cours d'écriture, c'est comme un chant avec la voix écorchée. C'est un essai, Marie et Niki, c'est qu'un croquis mais c'est bien de ça que naissent les symphonies. Niki, c'est son plus joli concerto, il a toujours eu les yeux qui jouaient du violon en posant le regard sur Marie. Il avait beau dire qu'il l'aimait pas, il était toujours là. Quand elle est tombé de l'arbre, qu'elle s'en est tordu la cheville. Ça lui arrive de penser qu'il a toujours été là quand elle se blessait, toujours, et elle tenterait bien de se jeter d'une falaise pour qu'il vienne la rattraper. Pas sûr qu'elle puisse sauter de grand chose avec une corde autour du cœur et son passé qui tire dessus sans arrêt. Niki, il a toujours été là en lui hurlant qu'il l'aimait pas, et puis il a failli lui dire qu'il l'aimait. Elle a jamais eu aussi mal depuis, c'est comme être tombé d'un arbre et s'y être cassé le cœur, Niki il l'aime mais il est pas là. Niki il aime, mais elle sait pas. Le problème d'être bloquée dans son passé, c'est qu'elle en est resté au gamin qui la détestait, Marie elle fait la forte mais elle l'est pas assez pour évoluer. Parce que qu'il l'aime pas c'est mieux que rien du tout, qu'il l'aime pas ça veut toujours dire qu'il en pense quelque chose, et qu'il le lui hurle ça veut au moins dire qu'il est là. Et maintenant elle est paumée, parce qu'il est plus là, ni lui ni sa haine et elle a un cratère dans le cœur, elle a le palpitant qui tient plus qu'à un fil et chaque sanglot menace de le casser. C'est douloureux, de pas savoir. On peut pas tourner la page, c'est pas possible. On peut pas se résigner, parce qu'y a toujours une possibilité, y a toujours une éventualité. Il pourrait trois petits poings dans sa gueule. Alors Marie agonise – lui aussi, probablement, si ça a encore de l'importance à ses yeux.
Son poing se ferme lentement alors qu'elle peine à respirer. Son oxygène c'est Niki, c'est déjà difficile de lui tourner le dos qu'elle a trop peur de mourir en s'éloignant. Elle a pas le temps de trouver le courage nécessaire avant qu'il l'enlace, doucement, parce qu'elle menace de se casser. Marie elle est pas fort face à lui, c'est qu'un chiffon et rien de plus, elle a la peau qui s'effiloche au moindre de ses contacts et ses coutures et ses boutons qui pètent un à un. Ses bras la serrent, elle a l'impression que ça fait une éternité qu'elle attend ça mais ça doit bien en faire trois. Elle déglutit difficilement, clôt ses yeux et sent un frisson la parcourir. C'est ça, le toucher de la vie, elle le sait – qu'est-ce que ça pourrait bien être d'autre que Niki, de toute façon, sa vie ? Le soleil les fait fondre mais Marie est glacée à l'intérieur. Elle a froid en dedans, là où c'est l'hiver perpétuel. Elle voudrait se tourner et s'accrocher à lui, qu'il la soulève et qu'ils s'en aillent, quelque part, peu importe, tant qu'il ne la lâche pas. Mais plutôt que ça elle laisse retomber sa main, le regard perdu le long du cheval qu'elle caressait. Niki il balaie tout comme un tempête, mais ça fait des fissures dans les murs, et Marie elle sait refaire ni les murs ni les charpentes. Un baiser s'écrase sur le haut de son crâne, elle avait oublié comme elle était petites dans les bras de Niki, comme elle restait une gamine à protéger quand elle était tout contre lui. Je vais certainement te décevoir à nouveau, à dire vrai une fois de plus ou de moins, à t'entendre cela ne changera pas grand-chose. Elle secouerait presque la tête – elle veut pas entendre, elle veut pas savoir parce qu'elle va s'en vouloir. Tu as toujours été quelqu'un pour moi, quoi que tu puisses en penser, et souvent je regrette d'avoir agi comme un mufle envers toi durant notre enfance. Je ne te méritais pas, je le savais, peut-être voulais-je me débarrasser de toi tout bonnement pour ne pas trop souffrir. Un sanglot lui échappe sans qu'elle trouve le moyen de l'étouffer, et sa main vient immédiatement sur sa bouche pour l'empêcher d'en dire plus. J'ai été stupide. Le temps soigne les blessures dit-on, je n'y crois que très peu, néanmoins en ce qui te concerne, j'ose espérer que c'est bel et bien le cas. Le temps, ça soigne rien se dit Marie. Le temps ça passe et ça repasse en permanence sur les mêmes choses, le temps ça sert rien qu'à écarter les fissures pour en faire des fossés, et Marie elle a des falaises dans le cœur. Si ça ne l'est pas, alors je m'excuse, du plus profond de mon coeur, avec toute la sincérité dont je suis capable. Le pire dans tout ça, c'est qu'elle le sait, qu'il est sincère. Ça a beau faire longtemps, elle connaît personne mieux que Niki, elle connaît ses vérités et ses mensonges, les tons de sa voix quand il ment ou qu'il s'excuse plus par obligation qu'autre chose après avoir fait une connerie. Elle l'a jamais entendu aussi sincère, elle l'a jamais trouvé aussi parfait. Je ne veux plus te perdre. Il s'est reculé doucement, et elle voudrait le suivre dans son mouvement pour ne plus jamais s'en séparer mais elle se retrouve vissée au sol, incapable de bouger. Entre deux sanglots, tout ce qu'elle réussit à murmurer tremble, c'est plus fragile que du cristal. Pourquoi tu veux pas me laisser te haïr, Niki ? C'est presque une supplication qu'elle lui envoie. Pourquoi ? Quand elle pleure elle fait comme les gamines, elle a le bout du nez qui rougit et toute la peine du monde dans les yeux, elle est bruyante parce qu'elle a jamais su la fermer, mais elle a un truc de touchant qu'ont les vieilles boîte de musiques aux bords écorchés, à la mélodie mal foutue. Elle baisse la tête parce que ses pensées pèsent trop lourd. Elle voudrait pouvoir hurler et le frapper, mais elle peut pas. Elle prend un moment avant de réussir à se tourner face à lui, une éternité de plus avant de plonger un regard plein de peine et de regrets dégoulinants dans les forêts de ses yeux à lui. Elle a l'impression qu'elle s'en remettra jamais, c'est trop violent même pour elle. Elle reporte son attention sur les bras qui l'entouraient peu avant, priant pour qu'il recommence et oublie de la lâcher. Elle a honte, honte d'être aussi faible, honte d'être peinée, honte d'avoir des sentiments trop puissants, honte de lui montrer ça à lui. Honte de lui montrer les conséquences de ce qu'ils ont été, parce que c'est rien de poétique. J'ai mal, Niki.. Elle renifle un coup puis deux, ravale en vitesse sa fierté et tout ce qu'elle aimerait qui ressorte à ce moment. Tellement mal.. Une de ses mains s'accroche désespérément à son bras, comme si c'était tout ce à quoi elle pouvait se retenir. Elle s'avance d'un pas, pose son front contre son torse et ne quitte pas le sol des yeux jusqu'à les fermer pour essayer de calmer les sanglots.
Honteuse, mais amoureuse.
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if there's nothing here, why are we still here ? EmptyDim 30 Nov - 0:14




Marie et Niki
Le temps file, le temps n’attend personne.

C'est la loi du plus fort. C'est la cause à effet. C'est un peu des dominos aussi. Une réaction en chaîne qui ne se laisse pas attendre, ni même contrer, il y a des choses qu'il faut parfois savoir subir peu importe l'envie ou non de l'avoir en pleine figure. C'est comme ce sort qui a changé son existence, il n'en voulait pas, n'avait jamais souhaité devenir un ridicule petit jouet en bois. Et pourtant, il avait dû courber l'échine, se faisant presque une raison. Jusqu'au mot, jusqu'au charnel, jusqu'à ce qu'en fin de compte, le destin ait voulu qu'il retrouve la petite fille perdue avec son chien ici, en ce lieu, au bord des larmes et le coeur non loin de ses lèvres - menaçant de le dégobiller sur le sol à chaque seconde. Il s'est senti bien à la serrer dans ses bras, sentant sa chaleur se propager dans son corps à une vitesse folle, durant un instant, bêtement heureux, une chose que Niki n'a pu concrètement goûter depuis longtemps. Toutefois, c'est encore une fois de sa faute si des larmes perlent sur le doux visage de cette poupée porcelaine bien plus forte qu'en apparence. A la voir ainsi, on pourrait se dire que le capitaine de la garde n'est qu'une donzelle se donnant un genre seulement pour effrayer les nouvelles recrues, c'est un peu faux, c'est un peu vrai aussi. C'est une carapace qui au fil du temps s'est frigorifiée, ne permettant pas à n'importe qui d'y rentrer, il faut un passeport, qui est sa confiance, il faut un test pour se rendre compte que la personne voulant y aller n'est pas un total inconnu, il faut beaucoup d'étapes pour arriver à frôler son coeur du bout des doigts. Il y est arrivé, malgré lui, en laissant sa sincérité parler à la place de sa rancoeur qui le dévore, il a fait comme toujours, laissant place à des émotions harmonieuses qui à son plus grand regret, ont fait plus de mal qu'autre chose. S'il s'en veut ? Seulement à moitié. Certes, il aurait pu lui hurler dessus tel un chien galeux voulant se débarrasser d'un chat trop curieux, il aurait pu aussi lui rabâcher en pleine figure qu'elle n'est pas digne d'avoir sa compassion - c'est sa noirceur qui le pousserait à affirmer ceci, pas le véritable Niki. Alors, préférant s'enfoncer dans son silence un temps, il se décide toujours à ouvrir ce torse vide en apparence, néanmoins, en son intérieur se trouve quelque chose qui bat, lui fait du bien, se donne la peine de faire battre son sang agréablement. Niki, il agit à l'émotionnel, Niki il peut pas vivre sans se nourrir des sentiments des autres, y compris ceux de la douce Lopaline. Elle hoquette la toute belle, se fracasse lamentablement contre une surface bien trop dure pour elle. Bon sang, elle n'a radicalement pas tant changé que cela, si ce n'est que maintenant elle peut frapper sans avoir le moindre remords, qu'elle impose le respect peu importe la situation, qu'elle est présente pour dévorer l'espace de toute sa splendeur. Là c'est plutôt le néant qui la dévore, elle s'engouffre dans un vide sans retour. En cet instant précisément, il s'imagine telle qu'elle se conduit quand elle se retrouve avec des comparses. Elle doit gueuler, énormément, si bien que sa voix cristalline fait résonance dans les couloirs du palais fait de marbre, toujours à faire tomber celui qui cherchera à lui planter un couteau dans le dos, demandant à ce qu'ils se tiennent droit, qu'ils fassent passer l'honneur avant tout. Il jurerait voir sa dignité filer par le biais des prunelles claires de Marie, y discernant une once de honte ainsi que de la tristesse - si grande qu'elle pourrait remplir une rivière. « Pourquoi tu veux pas me laisser te haïr, Niki ? Pourquoi ? » Parce que c'est comme ça, parce qu'il ne veut pas la perdre encore une fois, ça le tuerait sans aucun doute. Non pas qu'elle ait été son obsession durant ces dernières années, elle n'était pas tout le temps présente dans sa tête, toutefois elle avait une place et encore maintenant, elle se glisse parfois dans ses souvenirs, ses soupirs ainsi que ses espoirs perdus. Elle est là, quoi qu'il veuille en faire. Marie fait partie de lui, même si aucun baiser n'a pu se faire entre ces deux êtres, même si leur amour n'a pas été prononcé sous un immense chêne, même s'il n'y a pas eu d'alliance, elle reste présente. Le pire, ce doit être le fait qu'il ne puisse pas l'oublier en un claquement de doigts. Ce n'est pas faute d'avoir essayé de s'en débarrasser, d'avoir hurlé intérieurement qu'il voulait dégager de ses pensées les traits bien dessinés de cette femme au teint blafard, au moins, s'il ne peut pas se vanter de l'avoir fait, il peut se dire qu'il a eu le courage de tenter - sans succès. C'est qu'une certaine amertume est restée malgré tout, se disant qu'il ne pourra se défaire de cette étonnante destruction progressive - même une bombe citrouille ne pourrait pas autant l'amocher. « J'ai mal, Niki..  » Seconde phase d'un plan en trois étapes qui ne peut pas bien se finir. La première partie consiste à essayer de trouver la faille, qui une fois trouvée peut s'agrandir jusqu'à briser en mille morceaux l'armure en argent faite pour empêcher ce genre de choses. La deuxième partie, quant à elle bien que simple s'avère difficile à regarder. Parce qu'il faut admirer les dégâts, se faire à ce paysage de carnage qui s'étale en long, en large et en travers. La troisième et de fait la dernière partie, est probablement la plus agréable, la plus doucereuse qui puisse exister.
C'est le moment de soigner.
C'est l'instant où il faut lever les yeux vers un futur qui n'existe pas encore mais qui sait, pourra un jour être flamboyant. C'est l'instant où il faut passer une main sur l'épaule, sécher les larmes et afficher un sourire si solaire, qu'il peut frayer un chemin inattendu dans les ténèbres. « Tellement mal.. » Un contact comme un autre, il glisse une main libre dans son dos pour le caresser du bout de ses doigts. Il laisse un silence planer, poussant Marie à effacer quelque peu les plaintes qui s'échappent de ses lèvres rosées. Il inspire profondément, pose son attention sur un point invisible plus loin. Il doit essayer d'éviter le contact avec ses larmes, c'est pire que de se prendre un coup d'épée dans la gorge. Il ne sait qu'ajouter de plus. Que peut-il faire de toute manière ? Si ce n'est continuer sa caresse sur sa colonne vertébrale, de manière linéaire tout en réfléchissant à comment aborder un sujet aussi complexe que la souffrance. Ils connaissent ça ces deux-là, pas depuis une éternité mais pas loin de faire plus d'une dizaine d'années. Ils sont comme ça. Ils marchent aux coups durs, aux bavures et aux crachats en pleine figure. Si elle, elle a mal, lui ce n'est certainement pas mieux. S'il n'a pas la force de caractère d'un dragon cherchant sa victime, il a une force qui lui appartient, étant celle de faire face, de relativiser, de positiver, sans quoi il serait déjà au fond du trou. « Je ne sais pas quoi te dire de plus, outre le fait que je suis sincèrement désolé. » C'est vrai qu'elle n'est pas très claire que ses envies vis-à-vis du dresseur de chevaux. Que veut-elle exactement la belle soldate ? Qu'il la demande en mariage ? Qu'il lui fasse un lavage de cerveau pour qu'elle puisse enfin rencontrer un autre Niki ? Il ne sait pas, elle n'est pas assez concise, bien qu'il ait compris qu'elle le hait jusqu'à la moelle - elle pourrait l'empoisonner qu'il comprendrait. Le mensonge après tout a fait son boulot, bien avant l'heure, même si elle ne sait pas encore ce qu'il est, que ce Cassenoisette là, sans nom de famille aux yeux de tous, est le prince héritier, celui qui doit monter sur le trône et par extension, son supérieur hiérarchique. Il pourrait le lui balancer de but en blanc, cependant et il s'en doute grandement, elle ne le croira jamais. Tantôt traitre, tantôt victime, les deux identités se confondent parfois. « Je me doute que ta douleur est encore très vive, qu'elle ne partira pas d'ici quelques minutes, mais, tu verras Marie, elle disparaît au bout d'un moment, sans même qu'on le remarque. Un matin on se lève, et ce poids n'est plus, il faut juste savoir regarder l'horizon d'une manière différente, aborder un autre avis sur un sujet et surtout... se relever. Oui, c'est ça, si tu tombes, tu te relèves, toujours. » Les paroles d'un enfant mêlées à celles d'un homme mature. Un sourire affiché sur son visage poupon, il se permet de redresser son visage en passant une main sur son menton. Ses doigts viennent à glisser délicatement sur ses joues, et ses pouces se débarrassent de toute cette eau salée ayant eu la mauvaise idée de souiller son beau visage. Il la scinde, l'analyse, détaille tout ce qu'il peut, se disant que qui sait, après une telle parole elle voudra l'envoyer dans les roses d'un coup de pied bien mérité. Haussant un sourcil sur deux, ses mains calleuses restent là où elles sont, sur cette peau gelée des terres de Yasen. « Ce devrait être ta devise. Tu n'es plus vraiment cette petite fille que j'ai laissée derrière moi, tu as changé en quelqu'un qui te plaît et si tu es mieux ainsi, alors j'en suis heureux, vraiment. » Pincement de sa lèvre inférieure, il la torture jusqu'à ce que celle-ci devienne rouge. « Tu es Marie Lopaline après tout. Si tu as pu en arriver là, alors tu sauras surmonter tout ce chagrin, comme moi je le fais. De toute manière, à moins de vouloir continuer à nous égorger l'un comme l'autre... » Une inspiration, un temps de suspens, il reprend en penchant sa tête du côté droit. « ... nous n'avons pas vraiment le choix. En tout cas, c'est ce que je souhaite, essayer de faire fi de nos mésaventures pour n'en garder que le meilleur, même s'il n'y en a pas eu tant que cela. » Il se recule à nouveau d'un petit pas, laissant glisser ses mains le long des bras de la demoiselle en costume militaire. Mains dans les mains, comme jadis - dans les rares instants où ils voulaient bien se tolérer. « Et qui sait ? Un jour pourrais-je peut-être te faire danser à nouveau ? » Il y croit Niki, il y croit aussi fort que possible.
C'est tout ce qu'il lui reste de toute manière.
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FORT FORT LOINTAIN

Marie Lopaline
LADY, LADY OSCAR

Marie Lopaline

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⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : jessica de gouw
⊱ crédits : caf-pow. (ava)
⊱ arrivé(e) le : 13/09/2014
⊱ manuscrits : 474

⊱ tes licornes : princesse shéhérazade, beasthélemy, cúchulainn le maudit.
⊱ schillings : 438

⊱ ton conte : le prince casse-noisette et le roi souris
⊱ ta race : humaine, dieu merci.
⊱ métier : capitaine dans la garde royale, à fort fort lointain.
⊱ tes armes : une épée à la taille, une arbalète à la main. plus récemment, une arme à feu.
⊱ allégeance : pour, bien entendu.

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if there's nothing here, why are we still here ? EmptyDim 7 Déc - 22:05



Marie, Niki

Marie elle voudrait pas, mais elle a peur d'avoir abandonné, y a longtemps. Elle a peur d'avoir tout abandonné, un peu d'elle et de Niki aussi. Est-ce que c'est ce qui s'est passé, quand elle est partie s'installer à la capitale ? Est-ce que c'est eux qu'elle a abandonné en un regard haineux lors de ce bal ? Dieu qu'elle aimerait y revenir, elle se jetterait sur lui et l'empêcherait d'être ensorcelée, elle l'empêcherait d'y aller et se contenterait de danser sur les marches du palais sur les quelques notes qu'ils pourraient entendre s'échapper dans le froid extérieur. Elle ferait volontiers une croix sur ces quatre années bon dieu, récupérerait bien ce qu'elle a laissé d'elle-même dans ce maudit château. Au diable les cérémonies, au diable les accusations, au diable Dragée même s'il le faut, elle donnerait littéralement tout ce qui est en sa possession si ça pouvait la ramener à des temps plus doux, où la neige ne lui lacérait pas la peau à l'évocation d'une simple soirée. Elle a peur d'avoir abandonné Niki, leurs chances à eux. Elle a peur de s'être trompé. Des fois, elle se dit qu'elle aurait pas du partir à la capitale – parce que c'est lui, tout son pays. Et ses plages et ses montagnes, l'infinité du ciel elle peut la trouver que dans ses yeux, même le soleil brille moins que ses sourires. Elle se dit qu'elle aurait pas du partir, parce qu'ils en seraient pas là, parce qu'elle aurait pas eu à choisir entre lui et le souverain de leur pays. Elle aurait pu lui courir après, et s'il fallait le recueillir dans ses bras pour l'amener chez elle. Elle l'aurait gardé ces quatre ans s'il le fallait, se serait privé de la cheminé si voir des brindilles s'enflammer le mettait ma à l'aise. Tout, elle aurait tout fait. Et à la place, elle n'a rien fait. Et c'est comme tomber dans un puits sans fond de remords, depuis quatre ans. Elle s'écorche sur les bords en vieille pierre. Un jour, il a même commencé à pleuvoir, mais marie tombait aussi vite que les gouttes, ça fait quatre ans qu'elle est gelée jusqu'aux os.
Elle a peur d'avoir abandonné, parce qu'elle réussit à se convaincre depuis des années que c'est faible. Abandonner, c'est pas pour elle. Mais elle sait plus trop ce qui est pour elle. Niki, il était pour elle – maintenant, elle en est plus sûre. Elle est plus vraiment son amie, même pas non plus son amoureuse. Elle est, c'est déjà ça, mais même lui saurait pas lui assurer quoi. Un long frisson lui traverse l'échine. Elle a peut-être raison. Rien, c'est peut-être la réponse, c'est peut-être eux tout entiers. Comme les quatre dernières années – c'est là qu'elle a enfin trouvé sa place, après tout, c'est ces quatre ans là qui la confortent dans l'idée que la vie qu'elle a choisi est celle à laquelle elle était destinée. C'est peut-être ces quatre ans qui leur correspondent vraiment, aussi. Maintenant qu'ils savent ou croient savoir ce qu'ils sont, ce qu'ils doivent être.
La main de Niki dans son dos la fait frissonner à nouveau, à tel point qu'un nouveau sanglot lui échappe. Le plus dur dans une rupture, c'est d'oublier comment c'était, avant. Comment c'était, d'être aimé. Comment c'était, d'être dans ses bras. Oh bien sûr aucun d'eux n'a jamais rien officialisé, mais ils crèveraient les yeux à un aveugle. Si Niki n'existait pas, il faudrait le créer ou laisser Marie finir sa vie seule. La rupture, elle était silencieuse, presque honteuse – comment pourrait-il en être autrement alors que ces idiots faisaient mine de se détester ? Et maintenant qu'ils le voudraient, ils n'ont qu'une infinie tendresse qui s'échappe à la pensée de l'autre. Les sentiments c'est trop compliqué pour eux. C'est probablement pour ça qu'ils ont jamais rien dit. Ils sont pas fait pour que ça soit aussi élaboré, ils sont plus simples que ça, ils s'aiment et puis c'est tout. Elle soupire après avoir difficilement calmé un autre sanglot, à présent apaisée parles caresses dans son dos. Marie tente de se concentrer, gardant les yeux fermés. Elle ne veut rien oublier de ça, de ces contacts éphémères, du son de sa voix, du goût sucré de son propre prénom dans la bouche du petit soldat de bois. Elle ne veut pas oublier son parfum qui les entoure et le monde qui semble fait de coton. Sa main se resserre un peu sur son bras comme dans un dernier espoir de pouvoir se reprendre, la pauvre n'est pas loin de se paumer complètement. Elle repasse en boucle sous ses grandes paupières chacune des articulations de ses lèvres, chacun des clignements de ses yeux. Oh Niki, pourquoi es-tu empoisonné ? C'est comme si chacun de ses membres se bloquaient, comme si t'avais piqué l'huile pour la faire marcher. Niki tu la répares pas, Niki tu la pètes en deux, puis en trois, puis en mille. Elle aura plus qu'à aller poser son cœur devant la cheminée ce soir, en espérant le sécher et le réchauffer un peu. Elle revoit l'infini de ses prunelles à bonheur, les ondulations de ses cheveux dans lesquels elle passait ses mains pendant des heures. Elle s'arrête même un instant sur son grand torse musclé, mais chasse ces pensées en un murmure. Si elle ne doit plus le revoir pendant quatre autres années, la voilà parée. Elle pourra se souvenir de tout, du moins elle l'espère, jusqu'au courant électrique qu'elle reçoit à chaque rencontre de leurs corps.
Je ne sais pas quoi te dire de plus, outre le fait que je suis sincèrement désolé. Les yeux de Marie se rouvrent, sans qu'elle puisse se résoudre à regarder autre chose que leurs pieds. Elle s'en fout pas mal, qu'il soit désolé. Elle voudrait juste rester là dans ses bras, et s'il faut repartir elle préférerait y crever. Elle veut pas tant des mots que sa présence, il lui faudrait rien d'autre pour être plus heureuse que la plus riche des princesses. Je me doute que ta douleur est encore très vive, qu'elle ne partira pas d'ici quelques minutes, mais, tu verras Marie, elle disparaît au bout d'un moment, sans même qu'on le remarque. Un matin on se lève, et ce poids n'est plus, il faut juste savoir regarder l'horizon d'une manière différente, aborder un autre avis sur un sujet et surtout... se relever. Oui, c'est ça, si tu tombes, tu te relèves, toujours. Ses ongles manucurés entrent doucement dans la peau de Niki, sans même qu'elle l'ait voulu. Son mal ne s'en va pas en une nuit ou il serait parti il y a bien longtemps. Il ne part pas parce qu'elle pourrait bien perdre la tête qu'elle garderait encore Niki en mémoire. Elle pourrait bien oublier son propre nom ou comment manger et respirer si ça lui permettait de garder Niki en tête une demi seconde de plus. Non seulement elle ne guérit pas, mais elle ne le veut pas, pas si ça signe leur fin. Pas si c'est pas lui qui lui tend la main pour se relever. Elle pourra dire ce qu'elle veut, une gamine a toujours besoin de son jouet pour affronter la nuit et le noir qui lui font peur. Marie elle est terrifiée, et Niki il s'est barré. Elle pourra pas faire un pas de plus si c'est pas avec sa main dans la sienne. Mais au bout de quatre ans, elle a fait un feu de camp dans l'obscurité de sa chambre, et s'est résigné. L'obscurité dans laquelle elle n'ose pas aller ne lui rendra pas son jouet préféré. C'est peut-être ça le pire, qu'elle se soit fait une raison. Niki ne sera pas avec elle. Plus avec elle.
Pas dans cette vie.
La grande main du dresseur se glisse sous son menton jusqu'à ce que leurs regards se croisent, avant qu'elle ne sente ses larmes s'enfuir de ses joues. Son sourire lui fait peu à peu cesser ses sanglots, la ranime un peu plus comme une femme qu'une enfant. Elle voudrait le lui rendre, mais ses lèvres se tordent au mieux en un rictus insensé, si bien qu'elle l'ôte de son visage dans les quelques secondes qui suivent. Si un sorcier doit revenir pour l'abattre, qu'il le fasse maintenant et avec elle, par pitié. Ce devrait être ta devise. Tu n'es plus vraiment cette petite fille que j'ai laissée derrière moi, tu as changé en quelqu'un qui te plaît et si tu es mieux ainsi, alors j'en suis heureux, vraiment. Un petit rire lui échappe, alors qu'elle l'observe se mordiller la lèvre. Certaines choses ne changent pas. Tu es Marie Lopaline après tout. Si tu as pu en arriver là, alors tu sauras surmonter tout ce chagrin, comme moi je le fais. De toute manière, à moins de vouloir continuer à nous égorger l'un comme l'autre... nous n'avons pas vraiment le choix. En tout cas, c'est ce que je souhaite, essayer de faire fi de nos mésaventures pour n'en garder que le meilleur, même s'il n'y en a pas eu tant que cela. Marie retient son souffle, juste un instant. Des questions ne peuvent s'empêcher de fuser çà et là, ça tourne et ça s'agite, elle remet difficilement de l'ordre dans ses pensées. Elle ne veut plus jouer à chien et chat, ni au policier et au voleur. Marie veut juste être accueillie par ses sourires plutôt que par ses absences. Un sourire naît sur le visage de Niki, les mains de la capitaine se retrouvent dans les siennes. Elle les serre, doucement, un peu apeurée que ce doive être un adieu. Et qui sait ? Un jour pourrais-je peut-être te faire danser à nouveau ? La brise qu'elle avait presque oublié lui refroidit un peu la tête, elle arrive presque à sourire et faire abstraction des quelques larmes qui persistent à dévaler ses joues. Ses longs cils battent l'air. Le grand bal annuel aura lieu dans quelques mois, après tout, ce sera peut-être leur chance de se rattraper et de tout recommencer. Ce serait merveilleux. Elle plonge une énième fois dans les yeux de Niki et le brouillard s'éclaire. J'attendrai que tu viennes m'aider à me relever, dans ce cas. Un léger rire fait écho entre eux deux. J'attendrai patiemment, sur un air de valse. Elle en rêverait, se perdrait presque dans ses songes, mais une question brille parmi les autres. Elle prend le temps d'être sûre que sa voix ne tremblera plus, qu'elle pourra bien se faire comprendre, les mots à venir sont les plus importants qu'elle ait eu à prononcer depuis longtemps. Ce n'est pas le genre de question que l'on répète. Niki.. Les scènes de leur rencontre jusqu'aux chemins opposés qu'ils ont prit lui reviennent en tête. Toutes ces critiques qu'il lui a lancé, même s'il ne les pensait pas, elle ne peut se les enlever de l'esprit. Elle se souvient de quelques fois où il lui disait qu'elle était bonne à rien. De quelques fois où il lui disait que ça n'était pas bien quand elle essayait de faire comme lui et ses copains. Elle se souvient du vide qui habitait en elle, même jeune, quand elle comprenait que non, ça n'était jamais assez bien. Qu'elle ne savait que le décevoir. Est-ce que tu es fier de moi, maintenant ? Elle sait qu'il pourrait bien lui mentir, elle ne chercherait même pas à le savoir. Elle veut seulement l'entendre, juste une fois. Une seule dernière fois, avant de se séparer à nouveau.
C'est comme un dernier appel au secours.
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if there's nothing here, why are we still here ? EmptySam 13 Déc - 16:17




Marie et Niki
Le temps file, le temps n’attend personne.

Tout se termine pour le mieux. Il n'y a pas de belle princesse rousse tenue en otage par un dragon exterminateur, il n'y a pas de beau et preux chevalier, mais il y a des pardons et c'est tout ce qui compte. Bien sûr, Niki ne se voile pas encore totalement la face. Il se doute qu'il y a encore une part de rancoeur dans cette âme meurtrie par la trahison. Cependant, il préfère et ce envers et contre tout, le mensonge à la vérité qui peut tuer tout sur son passage. Qu'en serait-il de Marie ? Si elle ne le croirait pas les premiers instants, c'est en lui prouvant qu'il est le prince légitime au trône de Yasen qu'elle prendra son parti. Mais pour quel prix exactement ? Il ne doute pas de sa capacité à courir après des truands, ou encore à savoir se battre, néanmoins, quand il s'agit d'Alexandr Lerat, son oncle bien-aimé, la dimension devient peu à peu bien plus complexe. Il pourrait la refroidir d'un coup de sceptre magique, la transformer en une chose encore plus risible qu'il ne l'était avant l'arrivée du charnel. Briser son existence entière, il ne pourrait se le pardonner. A la place, il préfère taper avec une certaine délicatesse contre ce coeur trop mou pour accueillir qu'une seule personne à la fois dedans. Le pire, c'est que ça lui déplaît au possible, mais entre la vie ou la mort, il préfère lourdement qu'elle le déteste un tant soit peu plutôt qu'elle ne puisse plus jamais parler. Quand bien même il ne doute pas qu'elle hanterait ses pensées jusqu'à la fin de ses jours, il ne survivrait pas à une énième déception. Déjà que le décès de sa véritable mère lui reste lourdement sur la conscience, il ne voudrait pas perdre le peu d'humanité qu'il lui reste en ce monde pour des envies de pouvoir. Celui-ci est fort pratique, c'est vrai, quel enfant ne voudrait pas diriger des armées ou faire le bonheur d'un peuple ? Durant un temps, et lorsqu'il était dans sa belle petite cage dorée, il ne dérogeait pas à cette règle. Il se voyait déjà, ses petites fesses posées sur le coussin rembourré du trône argenté et rouge, il s'imaginait avec une couronne à peine trop grande pour lui sur sa ridicule tête surmontée d'une touffe de cheveux impressionnante, donnant des ordres à gauche, à droite, se goinfrant de bonbons et en bon marmot qu'il était, il ne se voyait pas disparaître un jour. Jusqu'à l'accident, jusqu'à ce que les Dragibus lui offrent le bénéfice du doute et surtout une existence loin des richesses tant convoitées. Il est allé au plus simple, il est resté dans une optique que d'autres choses peuvent être bien plus conséquentes pour lui, à commencer par des êtres faits de chair et de sang, leur protection est ce qui lui permet encore de se dire que le revers de pièce n'est pas loin. C'est niais de vouloir encore y croire, mais quand il n'y a plus que ça pour permettre à quelqu'un d'avancer, il faut juste s'y contenter, sans quoi il faudrait tout bêtement se passer la corde au cou. « Ce serait merveilleux. J'attendrai que tu viennes m'aider à me relever, dans ce cas. J'attendrai patiemment, sur un air de valse. » Surplombé d'un rire rayonnant. Toute la pression qu'il s'était mise sur ses épaules vient à retomber, d'une telle force qu'un soupir d'aise lui échappe, à semi-inconscient de cette situation qui lui a déjà pompé trop d'énergie. Au moins, il sera sûr de bien dormir cette nuit - c'est le bon côté à faire des retrouvailles douteuses. Il pourrait peut-être lui improviser une danse maintenant qui sait ? Là, sous le soleil, elle vêtue comme une militaire, lui tel le gueux qu'il est devenu, entre les chevaux qui ne feront rien d'autre que taper des sabots pour se faire entendre. Néanmoins, sans musique, la magie n'y est pas, et sans les belles parures non plus. Avec une robe bleue rehaussant ses yeux clairs, nul doute qu'elle attirerait toute la foule, et d'ici quelques mois, quand l'immense bal de noël pointera le bout de son nez, il sera présent. Sûrement plus pour la regarder que pour l'inviter à se joindre à lui sur la piste de danse, malgré tout il sera là, mains jointes à sourire pour lui assurer que son tour viendra. Qui sait réellement ? Il n'est même plus sûr d'être digne de lui tenir la main. « Niki... » C'était trop beau pour être vrai, c'est ça ? Elle va lui mettre son poing dans la figure pour lui affirmer qu'elle lui en veut encore ?
C'est surréaliste.
Mais pas totalement impossible. Retenant une petite grimace de doute, ses prunelles ne peuvent s'empêcher de la questionner dans un élan de curiosité soudain. Tenant toujours ses mains, sa tête se penche sur le côté, et ses cheveux tombent agréablement sur son épaule vaguement chatouillée par ceux-là. Il prend une profonde inspiration. Il en serait d'une demande en épousailles qu'il serait dans le même état. Est-ce que dans un cas miraculeux elle se jetterait dans ses bras et par extension sur ses lèvres ? Non, non, beaucoup trop saugrenu. Il devrait cesser de prendre exemple sur les émissions qui passent dans petit miroir qu'il a dans sa pièce à vivre, ça n'arrive qu'à Rollywood ces idioties, certainement pas dans cette réalité qui les dépasse plus qu'autre chose. Vite, allez, comme un pansement qui se déchire, que ça se fasse rapidement, comme ça il pourra hurler un coup et souffrir quelques minutes, plutôt qu'agoniser plusieurs heures durant. « Est-ce que tu es fier de moi, maintenant ? » Toute cette attente pour l'ultime question qui pique les yeux. Caressant le dos de ses mains par le biais de ses pouces, il les relâche en ayant un sourire aussi grand que possible, digne d'un croissant de lune, il est attendri par cette importance qu'il aura su imposer à sa douce capitaine de la garde. Donc, il n'est pas si futile que cela, il est bien plus intégré dans sa peau qu'il n'osait le croire. Touché au plus profond de son âme, il voudrait hausser les épaules, voire pourquoi pas la prendre dans ses bras à nouveau. Malgré tout, c'est en entendant des bruits lointains qu'il se retient un tel geste. Ce doit être de ses sous-officiers qui viennent voir où est passée leur supérieur aux bottes cirées. Il prend une profonde inspiration, se délecte de l'air frais qui le fait frémir puis hoche la tête avec une lenteur déconcertante. « Bien sûr, la question ne devrait même pas t'avoir effleuré l'esprit. » La seule personne que Niki déçoit, c'est Niki lui-même. Il n'a pas pire chimère que sa propre personne. En oubliant l'horrible fée hypocrite accolée au bras de son oncle pédant. Il devrait songer à faire un stage de remise en forme, quelque part dans la Forêt Sucrée de Yasen, ou retourner à Ciéleste pour retrouver sa famille d'adoption, qui elle saura lui faire récupérer cette confiance qu'il a égarée en chemin. Jetant un bref coup d'oeil derrière son amour perdu, son sixième sens ne lui a pas fait du tort encore une fois. Sans surprise, il découvre deux hommes de la garde, en blanc comme pour leur donner une dégaine pure qui ne va pas avec leurs visages idiots. Ils se rapprochent un peu plus, leurs bijoux honorifiques cliquettent contre le tissu et ils doutent. Ils ne savent pas comment aborder cette femme qui pourrait les mettre à terre - même hors du château si elle fait passer le mot à une Duchesse ou à la reine elle-même. Ils se regardent, se posent des questions en silence jusqu'à ce que le courage daigne leur donner le coup de pied dont ils ont besoin. « Capitaine, nous sommes désolés de vous déranger en pleine entrevue, mais nous avons besoin de votre présence au château. » Ils remarquent Niki, lui accordent à peine un mouvement de tête comme toute milice se doit de le faire face à un civil. « Sur demande de la Duchesse Plumosucre, elle souhaite un entretien avec vous. » Un frisson glacial lui traverse les doigts, hérisse ses poils jusqu'à la moindre parcelle d'épiderme dans son cou. Est-elle de mèche avec cette sorcière cachée derrière un visage angélique ? Marie paraît lui demander si oui ou non elle peut s'en aller, ce à quoi il répond un vague sourire, plus aussi sincère qu'au départ. Dragée pourrait l'empoisonner, Dragée pourrait la faire courir à sa perte, Dragée pourrait faire tout contre lui, histoire juste d'enlever la seule chose qui tient à coeur à ce Cassenoisette. Secouant sa tignasse indomptable, il passe une main délicate sur le cou de son cheval, et c'est dans une dernière courbette, main libre sur le torse qu'il lui souhaite une bonne fin de journée. L'un comme l'autre ils se séparent. Elle retournant entre les quatre murs de marbre du château, lui avec ses bêtes. Quand bien même ils sont voués à prendre des différents chemins, ils sont maudits à se retrouver un jour ou un autre. Ils se retrouveront, oui.
Toujours.

RP terminé
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