AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
FORT FORT LOINTAIN A FERME SES PORTES.
Le Deal du moment : -39%
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
Voir le deal
399 €

barthélemy ☾ wish i could make you see this brightness.


FORT FORT LOINTAIN

Invité
Invité

Anonymous




barthélemy ☾ wish i could make you see this brightness.  EmptyDim 26 Oct - 22:34




Barthélemy et Poucet
Tu n’as pas d’âme. Comment comprendrais-tu la nécessité d’avoir une âme sœur ?

Les ténèbres, le noir. L'esprit de Poucet flotte, quelque part entre le monde des trépassés et celui des vivants. Il est là sans être là. Son corps coincé dans l'eau s'enfonce progressivement vers une fin qui lui était destinée. Est-ce qu'il a peur ? Il n'a même pas conscience de la situation, que quelqu'un là-haut l'enchante pour que l'eau se propage dans ses poumons jusqu'à ce que ceux-ci éclatent. Il ne sait pas Poucet. Il n'a rien vu, rien entendu et ne se souvient même pas des circonstances qui ont fait qu'une telle punition lui arrive en pleine figure. Il se perd. Il se paume. Est-ce qu'il s'en doutait ? Est-ce qu'il culpabilise ? C'est le néant dans son crâne, le vide dans son squelette qui à l'instar d'une marionnette se disloque en plusieurs morceaux bien distincts. Les bulles d'air cessent de germer à la surface, ses paupières sont closes, ses bras le long de son corps, l'on pourrait croire qu'il a fait ce geste pour le bien de l'humanité. Le suicide caché sous un meurtre peu laborieux. Son palpitant devient de plus en plus mou, sa respiration se saccade jusqu'à ce que plus rien ne passe. Il crève à petit feu par un élément qui ne lui ressemble pas, l'eau dévastatrice, l'eau salvatrice, l'eau dans toute sa splendeur qui est tout autre pour une personne omniprésente en son for intérieur. Sauf que le maître d'armes, il croit qu'il est seul, ou plutôt il ne pense plus à rien parce qu'il n'en est plus dans la possibilité. Même ses regrets ne peuvent se frayer un chemin dans ses pensées inexistantes. S'il en était capable, il offrirait ses derniers songes à son frère, à Dragée, ceux qui n'ont jamais cessé de croire en lui peu importe la situation. Il pleurerait sans aucun doute de l'intérieur, brisant encore plus la mécanique maladroite qui s'est installée au niveau de son torse. Poucet aurait enfin sa dose d'émotions tant désirée. Il l'avait dit un jour cet idiot, que l'on se sentait plus vivant face à la mort. Actuellement, il ne saurait dire si oui ou non. Il a vraisemblablement tort parce que quand on est face à elle, on est rien de plus que décédé, on ressent rien de bien mirobolant si ce n'est un apaisement complet du cocon charnel, et le silence, ce foutu silence. Est-ce le charme qui lui a fait perdre tout bon sens ? Est-ce la musique enchanteresse restée sur terre qui l'aurait privé de son humanité ? Mais, ce cher Cailloublanc, n'est-ce pas aussi ce qu'il cherchait ? A partir la tête la première dans la gueule du loup ? Si celui-ci a un nom bien défini autant qu'un visage, il n'empêche que ce n'était pas dans ses projets de se barrer de façon si singulière. C'est comme ça, on prévoit pas. A trop la défier on se retrouve idiot quand elle toque à la porte. C'est ce que tu voulais, non ? C'est que tu souhaitais, non ? Que quelqu'un arrête ton coeur en un claquement de doigts ? Pas vrai Poucet ? C'est tout ce qu'il te manquait, ton ultime affront, défi, celui de braver une entité qui te dépasse. T'as pas pu, t'as pas résisté, elle t'a foutu à terre dès le premier round. Et voilà que maintenant tu dépéris. Néanmoins, c'est que tu cherchais, pas vrai ? Pas vrai ?
Pas vrai Poucet ?

Tout son être se contracte, ses muscles se redressent en un spasme incontrôlé alors que tout le liquide emmagasiné dans ses organes se voit recraché par le biais de ses lèvres en un bruit plus que dégoûtant. Ses yeux s'ouvrent sous le choc, l'herbe serrée par ses doigts paraît plus douce, ses cinq sens s'activent en un rame-dam disproportionnée, le son dans ses oreilles est semblable à un cri aigu. Poucet est vivant. Il sait pas comment, toutefois le voilà sur la rive de ce lac à l'histoire morbide, il respire, difficilement, mais il amasse de l'air pour retrouver ses repères. Sa tête tourne, son ventre menace de dégobiller autre chose qu'une quantité surprenante de cristalline. Papillonnant des cils pour percevoir avec plus de netteté l'horizon qui lui fait face, c'est avec étonnement qu'il découvre un être placé juste au-dessus de lui, les cheveux trempés tombant délicatement sur son visage diaphane, une inquiétude conséquente visible dans ses prunelles claires. Qui est-ce déjà ? Il voudrait hurler à l'inconnu, au sauveur, sauf qu'il ne le peut pas. Ce personnage il le connaît bien, ayant dépassé le stade de simples connaissances, il sait son nom, son âge, une partie de son passé sans pour autant pouvoir en écrire un roman. Barthélemy, que fait-il ici ? Lentement mais sûrement, la fatigue ayant pris le dessus sur son âme entière, elle arrive malgré tout à reprendre un rythme à peu près normal. Plus de panique. Plus de terreur. Apaisé, il le fixe bêta sans oser lui poser la question qui s'impose. C'est qu'il lui en faut du temps au Poucet pour se remettre d'une telle mésaventure, d'ailleurs, celle-ci fait office d'un immense trou noir dans sa mémoire. Il se souvient vaguement du reste de sa journée, cependant, qu'est-ce qu'il a bien pu se passer en cette fin d'après-midi pour qu'il se retrouve aidé par un homme qui l’exècre autant qu'il fascine ? C'est pas faute de vouloir se rappeler en jetant un vague coup d'oeil à gauche, puis à droite, ce ne sont pas les arbres, les bruits des insectes qui vont s'avérer utiles pour ce coup. Paupières lourdes, une bataille intérieure commence entre lui et sa pulsion irrévocable de repartir pour le pays des rêves. Il y a trop de zones ombrées, il n'a pas le droit de se permettre une sieste. Bouche à moitié ouverte, sourcils froncés, de son "héros" il n'entend qu'un soupir de soulagement alors qu'il s'écrase à côté de lui, étalé en une étoile de mer, pour ce qui est des autres membres de Poucet, ils sont figés, le bout de ses doigts pianote distraitement sur le sol pour se faire une raison : oui il est encore debout, non ce n'était pas le bon moment pour clamser. Toussant légèrement pour évacuer les dernières gouttes ayant élu domicile dans son diaphragme, il ne se redresse pas pour autant. Il prendra un temps avant de récupérer toute son énergie, il paraît vidé de son essence, encore plus vulnérable qu'à l'accoutumée. Ses prunelles témoignent d'une incompréhension totale, sa tête quant à elle décide de se tourner vers Barthélemy qui soulagé semble propice à un sommeil plus que mérité. Le joueur de flûte de Hamelin à la dégaine aussi particulière qu'au coeur plongé dans une tristesse infinie. Assassin, tueur, tyran, meurtrier, criminel, tant de titres qui pourraient lui pendre au cou. Le combattant n'a jamais voulu se prononcer à son sujet, préférant juger de lui-même plutôt que de se cacher derrière des aprioris qui ne veulent plus rien dire. Cependant, peut-on lui en vouloir d'avoir eu une pensée répugnée à son égard sans même en prendre conscience ? Il n'est qu'un homme, ne vaut pas mieux que lui sur un point, tous deux ont enlevé le souffle d'enfants. Si chez le cadet de la grosse fratrie Cailloublanc l'on dit que ceci était légitime, le décès des sept fillettes lui reste encore sur la conscience, jusqu'à pourrir la plus petite parcelle de lumière qu'il reste en lui. Chez Barthélemy, dit-on qu'il en était fier, qu'au moment où son morceau s'est terminé un sourire de rapace s'était dessiné sur son masque de froideur. Déglutissant difficilement, cette pensée lui refile des frissons. Pourquoi est-ce qu'il y pense ? Pinçant vaguement sa lèvre inférieure, laissant toute son attention pour l'homme bourgeois, dans un murmure à peine audible il cherche à se l'accaparer. « ... Que s'est-il passé ? » Ce qui semble être élixir se retrouve poison et naïvement, comme toute personne normalement constituée, il conclut qu'un drame a presque eu lieu, que le musicien a été présent pour le sortir du trépas. Et derrière ce décor coloré, se cache bien trop de secrets qui ne peuvent être contés.
Double-face, double-je.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Barthélemy Lacoulée
A L'EAU, A L'HUILE

Barthélemy Lacoulée

barthélemy ☾ wish i could make you see this brightness.  Tumblr_inline_ngr0uv96hp1swj1mx

⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : aneurin barnard
⊱ crédits : Insuline, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 19/10/2014
⊱ manuscrits : 361

⊱ tes licornes : shéhérazade la mytho, marie la catin, cúchulainn le sauvage
⊱ schillings : 640

⊱ ton conte : le joueur de flûte d'hamelin
⊱ ta race : humain
⊱ métier : flûtiste à la cour de marraine, assassin personnel du tsar de yasen au passage, mais ça a jamais été génial sur les cv.
⊱ tes armes : une flûte enchantée et un sourire ravageur. poucet tous les troisièmes mercredi du mois quand charmant porte des chaussettes roses.
⊱ allégeance : si elle servait à quelque chose de bien, ça se saurait, mais on n'y peut pas grand chose.

barthélemy ☾ wish i could make you see this brightness.  Tumblr_inline_ngr0resfnT1swj1mx



barthélemy ☾ wish i could make you see this brightness.  EmptyLun 27 Oct - 16:32




Poucet, Barthélemy
il y a un adage qui dit qu'on fait du mal à ceux qu'on aime, mais il oublie de dire qu'on aime ceux qui nous font du mal.

Barthélemy ne savait vivre qu'à travers ses regrets et ses pertes. Il avait plus qu'une moitié de cœur qui battait trop fort pour compenser, des poumons qui marchaient aussi bien qu'une locomotive et un passé qui lui revenait en pleine gueule à heures fixes comme un coucou bien réglé. Barthélemy il a les rouages qui grincent à chaque pas, parfois il en a un ou deux qui claquent et aucun diplôme d'horloger pour savoir les remettre. Il y va à la force, il se les fout au petit bonheur la chance et se secoue un peu en espérant que ça les remette en place. C'est presque qu'une carcasse vide, juste des os t un peu de peau, deux yeux qui savent même pas se vider et une bouche trop peu ouverte. Il vit plus vraiment, sans être mort pour autant – c'est un entre-deux diabolique, bien pire encore que de rester au fond d'une boîte en bois six pieds sous terre. Il les envie ceux-là. Ceux qui ne peuvent plus penser ni se torturer, ceux qui peuvent plus rien sentir, ni la peur ni la peine ni la douleur ni la mort. Il les envie et leur en veut, parce que lui il sent. Ses organes se déchirer et ses doigts gratter sa peau à chaque fois qu'il voit un cadavre de souvenir sous ses paupières closes. Il voudrait en crever, mais c'est ça qui le laisse vivre un peu plus. Barthélemy est fier de sa vie, fier de ce qu'il a fait des mocreaux qu'il compose au meutre de gosses. Il ne regrette aucune de ses actions, ça n'est pas vraiment à lui-même qu'il en veut. Il en veut aux autres, à tous les autres, au monde même. Il en veut à sa femme qui l'a laissé l'apercevoir crevée dans la neige, il en veut à son fils qui viendra probablement dans vingt ans le haïr en un regard et l'assassiner en quelques mots. Barthélemy soupire – c'est son grand discours à lui. Sa grande cause perdue dans un souffle froid. Éteinte comme un vieux feu, balayé.
Et puis la lumière dans l'ombre, le remède à sa tumeur amoureuse. Pour une seconde, juste une seconde, Barthélemy s'arrête de crever. Il se sent plus pourrir, il a la peau qui revient sur ses os, un papillon dans l'estomac, un peu de magie dans le cœur qui lui donne envie de repartir. Barthélemy sait pas Barthélemy sait plus, sa seconde de vie s'éternise agréablement, il sent comme une chaleur qui l'envahit. C'est pas elle mais putain ça y ressemble. Il s'approche doucement, il écoute même plus le silence de la forêt ni l'eau qui ruisselle, Barthélemy il s'en fout, il a trouvé sa perle de vie au fond de deux prunelles. Il déglutit, un sourire aux lèvres, la conversation avance, se fait.
Puis tout se brise.
Les fils noués autour de son cœur se pètent la gueule et ça retombe en lambeaux, il sent un trou dans ses poumons et son âme qui se barre une nouvelle fois. Ça fait mal parce que c'est lui l'assassiné à chaque fois, celui dont on a trop pitié pour l'achever. Il a la rage qui monte aux yeux, parce qu'y a des choses qu'il peut pas entendre. Il supporte les surnoms, qu'on le traite de monstre ou de moins qu'homme, qu'on l'insulte de tous les noms, le batte et le traîne parterre, qu'on l'enchaîne et lui crache à la gueule, mais c'est bien pire encore. Il sent le froid du monde s'abattre sur lui, les épaules qui lui tombent, sa bouche entrouverte. Il a envie de gerber partout, il a envie de hurler jusqu'à Yasen. Il sait pas quoi faire, il sait plus quoi faire et pour tout dire il sait même plus ce qu'il fait. C'est comme s'il était absent, sa propre hypnose qui se retourne contre lui. Y a plus aucun vieux rire qui traine dans sa tête, il a tout balayé avec un vieux balai à haine, il a juste quelques cris trop hauts, perdus au plafond. Ses mains se crispent à en faire blanchir ses jointures, il a la poitrine qui se soulève trop fort et trop vite. Rester calme et respectueux, tu parles. Il ferme les yeux pour ne pas plonger une fois de plus dans les iris noir de geai, parce que tout ce qu'il entend c'est qu'il aurait pas du. Il entend le son qui monte, une voix masculine qu'il arrive quand même à associer au passé. Il entend les reproches, il entend ses remords qui le frappent jusqu'à le mettre à terre. Une bonne fois pour toute il pousse un soupir, les sourcils froncés. Il a gâché sa vie pour ça. Ses doigts cherchent sa flûte à l'intérieur de son manteau. Il a tout détruit pour ça. Ses mains tremblent, mais il s'efforce d'y arriver. Tué pour ça. Brisé pour ça. Barthélemy se remémore les cris qui s'effacent au fond d'un lac enneigé, un vague sourire aux lèvres et une tempête dans la gueule.
Il supportera pas qu'elle lui dise ça. N'importe qui mais pas elle. Et il le sait, Barthélemy – il le voit. Y a qu'elle pour avoir des yeux comme ça, y a qu'elle, c'est ça, c'est obligé. Elle est là, elle a vu, elle a tout vu, tout lu. Elle sait, mais elle peut pas. Elle comprend pas. Il a niqué sa vie, l'a sacrifié pour la venger. Pour les venger. Et il la retrouve au fond du regard le plus gelé du monde à lui cracher qu'il a fait une connerie. C'est comme se prendre de l'acide dans les yeux. Ses doigts se mettent en place sur l'instrument et sa bouche commence à souffler. Il laisse passer quelques notes avant de rouvrir les paupières, trop friand du spectacle face à lui pour le laisser lui échapper. Il regarde ses pupilles noircies à la craie se vider d'absolument tout, le regarde se jeter dans l'eau dans la note la plus délectable qui soit. Il s'enivre de ses boucles qui flottent, son corps qui disparaît tout entier, se fait avaler jusqu'au bout de ses doigts. La musique l'apaise étrangement, au flûtiste, il doit y être un peu sensible aussi. Il cligne des yeux plus longtemps qu'il ne l'aurait pensé, son morceau loin d'être terminé et les dernières bulles d'oxygène qu'il regarde mourir à la surface de l'eau. Cette fois aucune fierté ni satisfaction, personne pour hurler et le faire sortir de sa transe. Il a le cœur lourd comme une pierre qui coule avec Poucet. Dans l'horreur de la réalisation, il loupe une note et l'instrument tombe à terre. Il regarde avec effroi le lac, essaie de sonder l'eau trop sombre pour qu'il puisse y voir quoi que ce soit.
Il voulait pas.
À elle ou pas, il peut pas laisser disparaître au fond d'un lac les deux dernières part d'humanité qu'il lui reste. Barthélemy s'avance, s'enfonce lentement dans l'eau en espérant le voir remonter assez vite pour qu'il n'ait pas à aller plus profond, mais rien ne vient. Un frisson lui parcourt l'échine, ses mains se plongent sous l'eau et il cherche à tatons, espérant le trouver mais Dieu que c'est profond. Sa respiration est de plus en plus saccadée, il étouffe alors qu'il est le seul à vivre. Il titube un peu, se casse la gueule en sentant ses bottes s'enfoncer dans la vase, mais continue d'avancer. Sa voix brise le silence avec horreur. Poucet ? Sa tête plonge sous l'eau avant qu'il ne prenne peur de ses propres mots. Il s'enfonce du mieux qu'il peut, essaie d'ouvrir les yeux dans la pénombre humide qui lui fait mal. Il nage au hasard, tend les bras comme il peut, il essaie même pas de regarder vers le haut parce qu'il remontera pas, pas tout seul. Et puis comme le miracle de sa vie, il accroche une main inerte et tire dessus sans réfléchir. Il se sert de tout ce qu'il peut pour se propulser et sortir de là plus vite, des corps doit y en avoir tellement là-dessous qu'il aurait peur qu'un se réveille pour les bouffer. Arrivé à la surface il réalise combien c'est bon de respirer, s'échoue au bord du lac et traine le maître d'armes derrière lui. Trempe, blanc comme Yasen, mort comme sa femme. Il déglutit avant que la panique ne s'empare à nouveau de lui, passe sur Poucet pour le secouer du mieux qu'il peut, prêt à gueuler s'il le faut. Sa main s'écrase sur la joue pâle une fois, deux, trois avant qu'il n'essaie d'appuyer sur son torse jusqu'à trente, quarante, cinquante fois. Il ferme les yeux, c'est presque une prière de dernier espoir. Puis Poucet dégueule toute l'eau qu'il avait, ça prend du temps mais y a du mieux, il prend une inspiration et Barthélemy sent sa poitrine jusque là sans vie se soulever sans son aide. Il pour un soupir de soulagement, à nouveau, et se laisse tomber sur le côté. Il s'est laissé emporter et Poucet a failli se laisser crever. Il endosserait les morts de tous les gosses s'il le fallait, mais pas cette mort-là – pas lui, pas ces yeux-là. Le flûtiste étend ses bras et ses jambes douloureux, jette un regard à la flûte qui a roulé jusqu'à un arbre. La bonne nouvelle s'il y en a une, c'est que le récussité ne le saura pas, qu'il est réssucité. Il ne se souviendra de rien, à vrai dire. ... Que s'est-il passé ? Sa voix est atrocement faible, Barthélemy baisse un peu son regard et sent la peau de sa main se creuser sous l'effet de ses ongles. Dans un élan suicidaire il se tente à croiser le regard perdu de Poucet, laisse planer un silence pour quelques minutes. J'ai perdu le contrôle. Sa voix se veut plus dure et assurée qu'il ne l'est vraiment, mais c'est peut-être pour le mieux. Il se redresse avec précaution, se décale pour s'éloigner un peu de Poucet et ramène une jambe contre son torse, y pose son menton. C'est donc ça, sa vie. Répéter en boucle les mêmes choses encore et toujours, que le passé lui revienne à la gueule en permanence et qu'il se crève. Il soupire doucement, ferme ses yeux pour plus de repos.
L'avenir est un long passé.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Invité
Invité

Anonymous




barthélemy ☾ wish i could make you see this brightness.  EmptyLun 27 Oct - 21:13




Barthélemy et Poucet
Tu n’as pas d’âme. Comment comprendrais-tu la nécessité d’avoir une âme sœur ?

Alors, finalement, y passer ça veut dire quoi exactement ? Il l'a frôlé, la faucheuse, l'a même presque aperçue de ses deux yeux et pourtant, il n'en a rien ressenti. Poucet il se disait que quand l'âme sortait du corps, ça donnait comme une impression de voler, une sensation dans l'estomac qui fait que l'on ne regrette pas de s'être barré les pieds devant. Qu'est-ce qu'il en a retiré de tout ce foutoir ? Rien, si ce n'est que l'on s'endort, que le grand tunnel dans le noir contenant le ciel à son bout n'est qu'une bêtise. Elle est où sa lumière ? Il est où son fameux adieu qui lui doit des frissons ? Nulle part. Il est juste simplement trempé jusqu'aux os, ayant même droit à de désagréables coups de vent qui sans aucun doute, vont le faire tomber dans la maladie - probablement une petite fièvre bien carabinée. Le plus frustrant ne doit même pas être le principe de se demander si oui ou non il y a une vie après le déclin, c'est plutôt de prendre en considération le fait qu'il ne se souvienne de rien. C'est pas faute d'hausser les sourcils, d'activer sa matière grise harassée de tant d'émotions fortes en une journée. Si avec une certaine clarté il peut reparler de son début de journée, il ne saurait dire ce qu'il en a été de sa soirée. Juste avant que les ténèbres ne s'emparent de ses prunelles, il était avec le flûtiste à lui parler, ils riaient pas des masses, ne souriaient pas plus cependant ils communiquaient, partageant des expériences propres sans pour autant aller dans le passé morbide. Il se souvient de sa voix qui est montée dans des extrêmes dont il aurait bien voulu se passer. Puis rien. Puis si en fait, l'eau et son goût désagréable ayant une place de choix dans sa gorge qui toussote encore. Ils ont l'air bien beaux ainsi ces deux idiots, affalés à l'instar de chevaliers ayant trop combattu pour une guerre qui ne veut rien dire. Pour autant qu'il ait frôlé la fin, le maître d'armes se sent incroyablement calme, bien plus que d'habitude, voire presque apaisé de cette scène risible à souhait. Aurait-il été victime de l'alcool ? Non, il touche pas. Aurait-il donc été agressé ? Non, il y croit pas. Aurait-il complètement perdu la raison ? Oui, là ça devient bien plus probable. Son esprit malade lui en fait voir des vertes, surtout des pas mûres lorsque la lune vient l'effrayer à travers la fenêtre. Il revoit tout. Les couronnes, les bonnets, le sourire carnassier de cet ogre ventru à la barbe longue. Sur le coup, il a envie de se marrer en songeant au fait qu'effectivement, le cadet Cailloublanc qu'il est a totalement perdu pied allant sauter dans ce lac pour se rafraîchir les idées. De là à se noyer ? Ses iris s’assombrissent un peu. Frustré à souhait, s'il y a un fait qu'il déteste le plus dans sa minable existence, ce doit bien être ça. Ne pas être sûr. Ne pas avoir le contrôle sur ce qu'il peut faire, ne pas gérer une situation aussi bien qu'il le voudrait. Le pire doit être le fait que Barthélemy en soit témoin. La faiblesse son pire démon, lui qui avait pris possession de son corps étant enfant, lui qui l'avait empêché de se défendre face aux railleries de ses aînés, lui qui pourrissait son esprit de pensées sombres, macabres et dépassant tout entendement. Il s'en était débarrassé des années après, à l'adolescence, lorsque enfin il avait décidé qu'il ne se ferait plus marcher dessus tel un moins que rien. Elle restait là, la faiblesse. Aujourd'hui toujours présente, elle s’immisce sous sa peau, lui arrachant jusqu'à une grimace. Poucet ne se le permet pas de craquer, Poucet ne peut pas s'effondrer, encore moins pour des souvenirs qui veulent pas marcher en sa faveur. Son unique aide se trouve dans un piteux état, à ne pas en douter ses poumons n'ont pas été touchés par la vase. Toutefois, étant plus pâle que le martyr, des deux il est possible de se demander qui allait pousser son dernier souffle. Il se surprend à détailler ses traits, oui, sans même trop se torturer. Sa chevelure charbon tombe avec lassitude sur son visage, ses cernes creusées laissent à imaginer une fatigue jamais rassasiée, quant à la couleur de sa peau, il est clair qu'il fait partie de la communauté la plus froide du royaume, Yasen. Laissant enfin tranquille sa lèvre inférieure pour inspirer longuement, il se rend compte à quel point ça peut être bon de sentir l'air lui brûler la langue. Paupières closes pour profiter de cet instant, son squelette ne souhaite définitivement pas se détacher de l'herbe. « J'ai perdu le contrôle. » Caverneuse quoique mystique, Barthélemy Lacoulée est la preuve vivante que l'adage main de fer dans un gant de soie existe. Sous cette couverture humaine loin d'être désagréable à l'oeil se cache un coeur meurtri par la vie, un esprit tabassé à outrance - à un tel point que Poucet se demande généralement comment il arrive à se donner la peine de se lever le matin. Si son histoire reste un véritable mystère, les faits ne sont pas glorieux. Assassin, tueur d'enfants ayant usé des charmes de sa flûte pour les pousser dans un lac gelé. L'on dit de lui qu'il n'a aucune humanité, qu'il n'y a que pourriture et pestilence, qu'il n'y a rien de bon - que du mauvais. Cependant, le combattant ne s'est jamais radicalement donné la peine de lui mettre une étiquette sur le front, préférant juger de lui-même s'il est ce que l'on murmure : un monstre à l'état pur.
Une bête qui aurait perdu le contrôle.
Fronçant les sourcils à cette parole qui résonne en son crâne telle une mélodie du bonheur - niaise à souhait. Il aurait perdu le contrôle. Bien. Soit, mais ça n'explique en rien ses vêtements collants et ce paysage aux allures d'une entrevue entre amants. Fixant un point invisible sur l'horizon, il arrive à se redresser quelque peu grâce à ses avant-bras, sa tête retombe mollement en arrière. Bon sang. Il ne se serait jamais douté qu'un élément aussi incapable de nuire d'apparence le rendrait inoffensif. Ne jamais sous-estimer son adversaire lui disait-on quand il apprenait à tenir une épée entre les mains. Pas même ce que la terre leur offre. Leçon à retenir donc, il y repensera quand il sera plus apte à la réflexion intense. Reposant son attention sur son sauveur, le silence plane entre eux, presque une habitude à laquelle Poucet a fini par se faire - ou plutôt qu'il impose à chaque être qu'il croise. C'est pas tant qu'il le fait exprès, c'est juste qu'il essaie de trouver les mots justes, ou que des fois il n'a rien à ajouter de plus intelligent - lorsque tu n'as rien de plus beau à dire que le silence tais-toi lui beuglait sa mère. Phrase anodine qui aura su le marquer au fer rouge. « Je ne suis pas sûr de bien comprendre. » N'est-il pas sûr ou alors, au contraire, l'est-il mais se voile la face royalement ? Si les preuves ne sont pas concluantes, selon les dires du musicien il aurait dépassé les limites, crevé l'abcès, frôlé l'autre monde. Comment ? Bien sûr, sa flûte enchantée qui ne laisse personne de marbre lorsqu'il le décide. Ils sont complémentaires, l'objet obéit à son maître autant que lui peut se faire influencer par ses notes délicates. Qui dirige l'un ? Qui dirige l'autre ? Parfois la différence se fait tellement petite que Poucet s'étonne à croire qu'une entité sombre mène la danse. Maladroitement il se redresse pour s'assoir, ses doigts toujours posés sur la terre, les gouttes font office d'un rythme malheureux à suivre. « Vous auriez ?... » Sa voix se veut aussi basse que possible, tel un aveu honteux à faire partager à sa famille. Et ça se mêle encore plus qu'avant, une brume se forme en son être tiraillé par des hypothèses qui ne tiennent pas la route. Qu'aurait-il donc fait pour mériter un tel sort ? Et surtout, pourquoi est-ce qu'il n'a pas mis le point final qui aurait pu l'emporter ailleurs ? Déglutissant difficilement, tout tourne, ce petit bain nocturne ne lui aura pas fait que du bien. Secouant lentement sa tignasse bouclée, il ose défier le regard de Barthélemy qui se veut aussi imperturbable que possible. C'est ça qui est aussi étrange chez lui. Ces grands yeux bleus qui vous scindent l'esprit, à croire qu'avec lui, il n'est guère utile de parler, il lit dans vos pensées tel un ouvrage qu'il aurait feuilleté des millions de fois. Il perturbe. Il déboussole. « Mais, dans ce cas, pourquoi m'avoir sauvé ? » La rage ne grimpe pas, pas encore, ni même la colère. Pour l'instant il se veut aussi futile qu'un cerf cherchant de quoi sustenter son estomac, ne se doutant de rien, même pas du chasseur qui l'arc tendu se prépare à lui tirer une flèche en plein coeur. Tel un rappel en arrière, il ne se sent pas totalement vivant, comme si cet instant avait pris la forme d'un rêve mêlé à un autre cauchemar qui divague, fait des apparitions effrayantes, de quoi se réveiller en sueur. Il affirme rien, ne veut pas se dire qu'il a voulu le noyer par bon plaisir. Il peut pas y croire. Il saurait pas dire pourquoi exactement, un espoir naissant qu'il vaut mieux qu'un pillard de grands chemins à priori. Et Poucet se met à chercher dans son regard une once de culpabilité, une vérité toute autre. Pourquoi lui faire croire qu'il a perdu le contrôle si c'est pour mentir ? C'est que ça doit être vrai. C'est qu'il a voulu commettre l'irréparable. Mais ça, pour le moment, Cailloublanc ne peut se permettre une énième trahison.
Surtout que tout lui échappe.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Barthélemy Lacoulée
A L'EAU, A L'HUILE

Barthélemy Lacoulée

barthélemy ☾ wish i could make you see this brightness.  Tumblr_inline_ngr0uv96hp1swj1mx

⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : aneurin barnard
⊱ crédits : Insuline, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 19/10/2014
⊱ manuscrits : 361

⊱ tes licornes : shéhérazade la mytho, marie la catin, cúchulainn le sauvage
⊱ schillings : 640

⊱ ton conte : le joueur de flûte d'hamelin
⊱ ta race : humain
⊱ métier : flûtiste à la cour de marraine, assassin personnel du tsar de yasen au passage, mais ça a jamais été génial sur les cv.
⊱ tes armes : une flûte enchantée et un sourire ravageur. poucet tous les troisièmes mercredi du mois quand charmant porte des chaussettes roses.
⊱ allégeance : si elle servait à quelque chose de bien, ça se saurait, mais on n'y peut pas grand chose.

barthélemy ☾ wish i could make you see this brightness.  Tumblr_inline_ngr0resfnT1swj1mx



barthélemy ☾ wish i could make you see this brightness.  EmptyMer 12 Nov - 23:15




Poucet, Barthélemy
il y a un adage qui dit qu'on fait du mal à ceux qu'on aime, mais il oublie de dire qu'on aime ceux qui nous font du mal.

L'herbe lui semblait sèche sous leurs corps trempés, mais il semblait à Barthélemy que c'était à son tour de couler. Il avait fait ça progressivement, parce que s'il a peur au milieu il veut pouvoir dompter ce sentiment. Il avait entré une jambe dans l'eau à la mort de Luba, son ventre et ses bras à la disparition brutale d'Evige. Un torse et des épaules c'était pour sa vengeance et la prison, qui lui semblait être une bien belle maison comparée à la cellule que pouvait être son esprit. Pour chaque action qu'ordonnait Dragée, il vendait une mèche de ses cheveux à Poséidon. Ça n'était pas vendre son âme au Diable, c'était peut-être pire encore. Et aujourd'hui, il se tenait sur la pointe des pieds, le menton relevé à faire ce qu'il peut. C'est pas comme s'il avait apprit à nager dans un océan de vie, Barthélemy. On lui avait pas apprit à nager dans grand chose, faut dire. On l'a préparé à être heureux, on lui a jamais apprit le pire de ce monde. On lui disait pas que tout ce qu'on aimait finissait par crever, on lui disait pas que les jolies fleurs ça fanait ou que les oiseaux un jour ça s'arrêterait de chanter. On lui disait pas que les roses de son jardin éclateraient les unes après les autres, jusqu'à ce qu'il en arrive à un point où il préfère les écraser sauvagement plutôt que de les voir s'éteindre petit à petit. Ça fait des années qu'il s'y perd, dans son Eden, et il est pas loin de s'arrêter de respirer dans le fond de la fontaine.
Ses yeux passent avec attention sur la surface de l'eau, lisse comme si rien n'était arrivé. C'est peut-être pour ça, qu'il les amène tous là. L'eau ça laisse oublier. Ça fait pas de traces sur les bords, ça pue pas à des kilomètres. Il la regarde, parfois la devine aspirer les corps, et puis plus rien. C'est ça, qui l'apaise. Le silence, le rien, le néant. Rien qui fasse mal, plus rien qui puisse blesser. Tout ce qu'il ne sera jamais. Ni lui, ni les autres. Il y tremperait bien le bout des doigts, s'il n'avait pas peur de sentir une décharge lui parcourir l'échine. Il se sent débutant, sur ce coup-là. Il tente un coup d’œil en direction de Poucet, se ravise aussitôt. C'est lui, qui l'a mené là. Lui, parce qu'il a le malheur d'avoir un goût bien connu, d'avoir les senteurs du passé. Quand Barthélemy était quelqu'un, pas quelque chose, quand personne ne connaissait son nom mais qu'il était tranquille. Quand il n'était pas tout à fait un Homme, pas encore aussi pourri que pouvait l'être son espèce. Leur espèce. S'il recroisait se regard trop rapidement, il deviendrait fou. Fou de ne pas savoir. Fou de savoir qu'il dérape. Il perd la tête. C'est peut-être sa fin, à lui aussi. C'est peut-être son truc, tuer des gens ; s'il peut plus faire ça, alors il fait plus rien. Poucet, c'est peut-être la fin de Barthélemy. Ou le commencement d'un truc tout nouveau.
Le sang bat encore assez fort pour qu'il le sente jusque dans ses mains. Il voudrait crier, hurler, frapper – à vrai dire, il préférerait que Poucet s'en charge – mais rien n'arrive. Les deux sont trop calmes. Il peut entendre le vent soulever les ondulation de leurs cheveux en harmonie, il peut l'entendre fouetter leur visage et même entendre le silence heureux du maître d'armes qui réapprend à respirer. Ses doigts le démangent d'aller chercher la flûte et d'égorger ce silence trop peu adapté, mais sa tête reste bien vissée sur son genou, ses bras enlacés autour. Son cœur reprend une cadence normale après quelques instants de plus à fixer la berge sans même cligner des yeux. Il en est presque sûr – il s'est remit à vivre un instant. Et ça fait mal.
Les mouvements de Poucet à quelques pas font un peu de bruit, à frotter les brins d'herbe et décoller ses habits de sa peau. Je ne suis pas sûr de bien comprendre. C'est peut-être maintenant, qu'il se casse la gueule et se noie. Il a jamais été doué pour les explications, Barthélemy. Ses longs discours, il les fait en musique, ses guerres il les mène en symphonies. Et jusque là il n'a jamais eu à parler à ceux qui étaient là pour succomber à ses accords. Mais Poucet n'est pas le seul à se perdre. À vrai dire, Barthélemy n'est pas sûr de ce qu'il se passe quand il ose croiser son regard. Il revit autant qu'il crève, ça lui donne envie de sauter partout comme de gerber. C'est presque trop excessif pour être vrai, trop intense c'en est indécent. Luba, c'est ce qu'il entend à chaque battement de son cœur, mais il l'entend ralentir dangereusement par moments au point de croire qu'il pourrait l'oublier. Ça crie, ça hurle là-dedans et ça lui déchire les veines. Luba, Luba, Luba. Il sent du sable et du verre lui passer dans le sang, se réchauffer vers le palpitant et repartir, parfois calciné, parfois encore en feu. Luba, Luba, Luba. La mélodie incessante qui dérape et qui se rate, c'est tout son monde qui se jette du plongeoir dans un puits sans fond et trouve le moyen de se manger les rebords. Luba, Luba, Luba. Il rate les notes les plus mélodieuses, il défonce toute sa plus belle composition. Luba, Luba. C'est comme un compte à rebours qui menace de lui péter à la gueule, il entend les premières étincelles et voit la mèche de la bombe repousser, c'est magique et infini. Luba. Ça lui arracherait presque un sourire s'il était pas occupé à vomir tout son cœur et ce qu'il reste de son âme avec. De l'humanité il en a un peu trop dans le mauvais sens, il peut bien en enterrer un peu pour les jours où il manquera d'horreur et de bêtise. Presque comme si sa tête était montée sur ressort, il ne peut pas résister et se tourne vers Poucet. Poucet. Poucet. Poucet. C'est pas les plus beaux des morceaux, mais il sent son sang qui repart et qui s'éclaircit. Il sent ses yeux reprendre de la couleur, un peu ses joues aussi. Ils ont l'air bien vivants, pour des cadavres. Vous auriez ?... Il déglutit difficilement. Il a. Barthélemy se laisse ensorceler une nouvelle fois par ses deux clous de fer calciné. Luba, Luba, Poucet. Il se risquerait presque à rayer la mention inutile s'il était sûre de laquelle c'est. Son cœur hurle à qui veut l'entendre, mais ça fait pas grand monde.
C'était pour toi, Luba. Pour toi que je l'ai fait. Pour vous. Tu peux m'demander c'que tu veux et même la Lune et tout ce qu'y a derrière mais pas d'accepter que tu m'en veuilles. C'est même pas Luba. J'peux vivre avec des morts sur la conscience, pas avec tes accusations et tes regrets. Les morts ne peuvent plus t'en vouloir. Je t'en supplie, Luba, si seulement tu m'aimes encore. Si seulement quelqu'un t'aimait.
Les sourcils du flûtiste de froncent tristement. Mais, dans ce cas, pourquoi m'avoir sauvé ? Parce que vous êtes tout ce qu'il me reste de vie, qu'il voudrait hurler. Parce que plus rien ne compte quand il peut fixer ces prunelles plus sombres que son ombre. Parce qu'il se foutrait bien de mourir si c'était en le regardant dans les yeux, parce qu'il ne pourrait pas survivre de perdre ces prunelles une autre fois. Il prend son temps, encore une fois. Le silence leur va si bien. Son regard se détache de toute émotion à mesure que le temps passe et ses pensées avec. Auriez-vous préféré rester nager avec les autres ? Il ne savait pas vraiment si d'autres exploraient les fonds marins en dessous d'eux, à vrai dire. Il supposait. Peut-être, bientôt, qui sait. Je me suis laissé emporter. Un soupir lui échappe à nouveau. Sa main passe dans ses cheveux, les ébouriffe rapidement pour séparer quelques mèches qui prenaient plaisir à s'écraser sur son visage bien trop pâle. Il est des choses qu'on fait sans réfléchir, par impulsion. Ce n'est pas le genre de choses que j'aime faire. Son regard joue les aventuriers des yeux aux chevilles de Poucet, sans pouvoir s'arrêter entre les deux. Je préfère revenir en arrière, quand c'est le cas. Les remords ne sont pas mes meilleurs amis, en général. Il ferme les yeux, un dernier coup. Si cette conversation pouvait se terminer, il ne s'en sentirait que mieux, mais il sentait que ça n'était que le début. Il aurait peut-être du le laisser couler, en fin de compte.
Si seulement il avait pu.
Luba. Luba. Poucet.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Invité
Invité

Anonymous




barthélemy ☾ wish i could make you see this brightness.  EmptyJeu 13 Nov - 18:10




Barthélemy et Poucet
Tu n’as pas d’âme. Comment comprendrais-tu la nécessité d’avoir une âme sœur ?

On les appelle monstres parce qu'on ne peut concevoir qu'un être humain ait pu commettre de telles horreurs. On les appelle monstres parce qu'à partir du moment où un crime est fait, il n'y a plus de qualificatif possible. Ils sont monstres alors qu'ils sont humains, ils sont humains parce qu'ils sont des cauchemars sur pattes. Le meurtre peut arriver de n'importe quelle manière, un coup d'épée bien placé ou encore un empoisonnement justement mené, souvent les raisons sont justifiées, d'autres fois pas du tout. Le cas de Barthélemy a toujours été plus ou moins intéressant, tout bonnement parce que personne n'a jamais su pourquoi, personne ne s'est même posé la question concernant le meurtre de la bonne tripotée de marmots qui ne demandait certainement pas à mourir aussi jeune, elle voulait vivre, elle voulait exister, respirer, pouvoir aimer, avoir des enfants à son tour ou même disparaître subitement. Aucun des gosses n'avait demandé à tomber sous la flûte enchanteresse du musicien au regard trop clair. La noyade. Fait indéniable que le travail est beaucoup moins sale, que les souvenirs sont plus troubles et que les bulles nous enlèvent le doute qu'ils peuvent encore cligner là-dessous, sous ce tas de vase et de poissons divers. En ce qui concerne Poucet, il a préféré le décès par procuration, par protection, ce qui pourtant a le mérite de l'empêcher de correctement dormir la nuit. Il revoit les sept petites ogresses, il revoit leurs visages boursouflés et le sang coulant sur le parquet, jusqu'à le narguer dans la couche où les frères avaient élu domicile. Il avait tué, malgré lui. Il avait fait du mal, sans le vouloir. Il l'avait fait pour eux, pour que lui puisse se vanter un de ces quatre matins d'avoir une épouse à son bras. Résultat de la mésaventure, il n'en a résulté rien, si ce n'est de la désolation, des larmes, des regrets et une bulle d'acier se formant autour de son corps pour l'empêcher de trop toucher les obstacles qui veulent le mettre à terre. Il ne veut plus retomber. Il ne veut plus s'écrouler. Pas pour une famille ingrate, encore moins pour quelqu'un qui fait battre son coeur. Peut-être est-il finalement un peu trop idéaliste de croire que dépérir au combat est le plus bel adieu existant. C'est parce qu'il y connaît pas grand-chose Poucet, c'est pas tant qu'il est idiot, c'est juste que ses compatriotes ne l'intéressent que trop peu. Jusqu'à ce qu'il trouve des failles, et son interlocuteur aux bouclettes trempées en est une à lui tout seul. Y'a comme une souffrance infinie dans son regard, avec un instinct animal qui persiste à vouloir ressortir, le rendant aussi instable et gracieux que possible. Il a pas pu naître comme ça, il est devenu ainsi à cause de blessures qui s'enfoncent en lui, traversant son dos, ses os, son palpitant en particulier. Et le cadet Cailloublanc aura beau tendre les oreilles vers lui, il n'entendra jamais de battement délicat. Uniquement la mélodie démoniaque d'une flûte possédée. Il attire son attention, accapare sa curiosité qui jusqu'à maintenant s'était débrouillée pour ne pas succomber aux niaiseries qui lui traversent parfois l'esprit. Il voudrait savoir. Il voudrait connaître. Toutefois, il ne souhaite pas agrandir cette immense plaie bien visible sur le squelette de Barthélemy. Il sait pas comment s'y prendre. Et lui qui d'habitude fonce tête baissée, se retrouve pris sur le fait, totalement perdu entre deux voies qui s'offrent à lui - même plus, y'a pas de perfections dans les décisions, que des erreurs. « Auriez-vous préféré rester nager avec les autres ? » Que de beaux mots pour un sous-entendu qui l'est beaucoup moins. Il ne devrait pas se plaindre, après tout il lui a sauvé la vie, tout en le poussant irrémédiablement vers le fond qui aurait pu causer sa seule et unique perte. On dit souvent que l'eau est réparatrice, qu'elle signifie la renaissance. Du côté du maître d'armes, c'est plutôt synonyme d'une pression dans le crâne qui le pousse encore une fois à grimacer. Le vent froid traverse ses vêtements, lui refile des frissons. Il n'a pas choisi la bonne heure pour commettre son délit. Il aurait dû faire ceci en plein jour, ou en fin d'après-midi, pas quand la lune pointe le bout de son nez, encore moins lorsque les dimensions agréables deviennent terribles. Finalement, Barthélemy Lacoulée n'est pas un si bon assassin que cela, il est capable de culpabilité - ou ce qui semble l'être - ce qui le sort petit à petit de cette case dans laquelle toute la populace a voulu le coincer.  « Je me suis laissé emporter. » Dans toute sa froideur, il a la sensation de voir son reflet dans un miroir, changé malgré tout, dégageant une aura princière qui le qualifie si bien. Peu importe le cas, peu importe la situation, chez le joueur de flûte il y aura toujours la bienséance avant tout - bien qu'il brise clairement les codes, et ce rien qu'en se laissant avoir par la colère -, rien pour perturber ce regard ténébreux sur ce royaume qui sombre dans la folie à cause d'une reine obsédée de la définition même de la beauté. Pendant que l'un est vulnérable, l'autre reste impassible. C'est étrange. Désagréable sans aucun doute, et de plus en plus prenant. Ce personnage, il ne le comprendra probablement jamais. Le pire étant qu'on lui a toujours répété quand il se battait, qu'il devait connaître son ennemi comme sa poche, qu'il devait prévoir à l'avance ses coups. Avec Barthélemy, il se fait avoir, il prévoit rien. Il connaît pas.
Il fait que découvrir.
Peut-être que ça lui plaît, peut-être que ça lui déplaît, sa conscience valdingue entre deux pôles extrêmes qui cherchent une explication à ce paysage de cauchemar que l'homme au teint cadavérique a peint seul. Pourquoi s'embêter plus longtemps ? Il devrait partir, filer comme le vent et le dénoncer à la garde, voire l'achever sans même qu'il puisse se rendre compte de ses pensées vengeresses. Néanmoins, toute once de rancoeur s'en est évaporée ou presque, devrait-il certainement le remercier d'avoir voulu apaiser ses agonies muettes. Sauf qu'il l'a sauvé. Alors il lui en veut. Inspirant profondément, ses poings se serrent sur l'herbe, des petits couteaux tailladent sa peau, la rendant plus fragile qu'à l'accoutumée. Même le temps se moque de lui - ou souhaite qu'il retourne nager avec les algues. « Il est des choses qu'on fait sans réfléchir, par impulsion. Ce n'est pas le genre de choses que j'aime faire. Les remords ne sont pas mes meilleurs amis, en général. » Un fantôme de plus ou de moins, que cela pourrait-il exactement chez lui ? Est-il seulement doté d'une quelconque âme ? Parce que Poucet a beau fixer les iris bleutés qui trônent royalement sur son visage, il n'en voit rien, si ce n'est un frisson maladroit, le poussant à déglutir. Tout tourne, se mélange, ça fait mal, ça le pousse à passer une main dans sa tignasse en foutoir, qu'il serre vaguement pour calmer les maux qui tirent sa matière grise dans bien des sens. Son coeur repart, tire, attaque son torse qui fait pulser son sang de manière abusive. La chaleur grimpe, monte pas forcément dans le bon sens. Un rire sec lui échappe, s'il n'était pas aussi contenu il se serait transformé en un fou rire dégénéré. Il réfléchit à la fois. Pourquoi mériter un tel sort ? Qu'est-ce qu'il a bien pu faire de si improbable ? Il fronce les sourcils, il pense, balance, quelques bribes sortent de leurs cachettes puis s'effacent aussitôt. Si les remords ne sont pas monnaie courante pour le tueur de mouflets, c'est une chose constante chez le combattant qui ne supporte guère de se retrouver dans une telle position. Il souffle, un petit murmure tout juste perceptible. « Je ne me souviens pas... » Qu'il répète une seconde fois sans même s'en rendre compte. C'est ça le plus laid, le plus ignoble et insupportable. Il ne se souvient pas. A la rigueur pourrait-il entendre quelques paroles trop fortes, malgré tout, elles sont si lointaines qu'elles ne signifient rien. C'est un bourdonnement qui tapote tout son être, paupières closes, ça cogite, ça enfle, ça gonfle pour retomber par la suite. C'est inutile. Le seul ayant la clef de cette énigme se trouve face à lui, aussi imperturbable que possible. Les doigts de sa main droite se glissent autour du manche de son épée. Une seconde de trop et il le transpercerait contre cet arbre pour lui faire subir un tel affront. Inspirant profondément à nouveau, il doit calmer tout ce tintamarre sujet à la panique. Il relâche, laisse tomber sans oser faire un geste de trop, repose son regard sur un Barthélemy recroquevillé de toute sa personne contre lui-même. Il le fixe, sans rien dire les premières secondes tout bonnement parce qu'il ne sait par quoi commencer. Poucet fait plus attention, il est vide, son âme se fait la malle de son enveloppe charnelle. « Et les autres ? Vous êtes-vous aussi laissé emporter ? » Un reproche qui tout juste envolé, vient à prendre la mine d'une supplication à son autre questionnement. « Pourquoi ? » Même lui n'est pas totalement sûr pour qui ce pourquoi est lancé. Pour lui ? Pour cette macabre nouvelle qui a fait la une du journal de Fort Fort Lointain pendant plusieurs semaines ? Il cherche, il ne trouve pas, pas tout seul, il a besoin de son aide pour une fois, souhaite lui tendre la main tout en ayant dans l'autre une lame tranchante pour se défendre. Il le sait, redoute énormément son adversaire qui en plus d'avoir le dessus sur lui, peut s'estimer joyeux de le détailler en si pitoyable posture. Pestant un peu, le champion se met à dévorer sa lèvre inférieure sous la nervosité naissante. Il déteste ça. Il s'énerve encore plus contre ce qu'il est. Ce n'est pas l'instant pour craquer, encore moins pour laisser l'inconscience passer le pas de la porte. A la place de lui dire de n'avoir cure des paroles qui traversent ses lèvres, c'est un soupir qui s'échappe, se redressant quelque peu, il prend appuie sur un arbre voisin pour se hisser en hauteur sur ses deux jambes tremblantes. Adossé au tronc acajou, tête tournée vers l'horizon, c'est le lac qui se jette à sa gueule. Un élément si paisible qui cache bien son jeu, c'est la respiration ciselée, grinçante qu'il rajoute. « Bon sang. » Parce qu'il n'y a rien de plus à dire, le silence leur va si bien au teint que ça lui refile une peine grandissante de tout briser à coup d'une langue qui claque dans sa bouche. Bon sang. Bon eau. Bonne flotte ou encore coule bien. Il veut en rajouter une, il se retient, se dévore machinalement ce bout de chair qui se met à saigner peu de temps après. On les appelle monstres parce que c'est ce qu'ils ont à l'intérieur d'eux. On les appelle monstres parce qu'il faut bien les nommer. Cependant, au-dessus de la tête du joueur de flûte, petit à petit s'efface cette injure en son nom, se faisant remplacer par de la brume. Allons bon, lui qui pensait être en paix.
C'est loupé.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Barthélemy Lacoulée
A L'EAU, A L'HUILE

Barthélemy Lacoulée

barthélemy ☾ wish i could make you see this brightness.  Tumblr_inline_ngr0uv96hp1swj1mx

⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : aneurin barnard
⊱ crédits : Insuline, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 19/10/2014
⊱ manuscrits : 361

⊱ tes licornes : shéhérazade la mytho, marie la catin, cúchulainn le sauvage
⊱ schillings : 640

⊱ ton conte : le joueur de flûte d'hamelin
⊱ ta race : humain
⊱ métier : flûtiste à la cour de marraine, assassin personnel du tsar de yasen au passage, mais ça a jamais été génial sur les cv.
⊱ tes armes : une flûte enchantée et un sourire ravageur. poucet tous les troisièmes mercredi du mois quand charmant porte des chaussettes roses.
⊱ allégeance : si elle servait à quelque chose de bien, ça se saurait, mais on n'y peut pas grand chose.

barthélemy ☾ wish i could make you see this brightness.  Tumblr_inline_ngr0resfnT1swj1mx



barthélemy ☾ wish i could make you see this brightness.  EmptyMar 2 Déc - 0:00




Poucet, Barthélemy
il y a un adage qui dit qu'on fait du mal à ceux qu'on aime, mais il oublie de dire qu'on aime ceux qui nous font du mal.

Une de ses mains s'écrase sur son bras opposé, crée des sillons bien organisés. Il observe sa peau blanchir puis rougir avec un certain intérêt, continue jusqu'à discerner avec certitude quelques gouttes s'échapper. Oh, si lui aussi pouvait s'enfuir. Loin de lui-même, ce serait le meilleur des exodes. Barthélemy n'a rien en lui-même qui mériterait qu'on le fuie, il n'a fait qu'être aux mauvais endroits, il n'a connu que les mauvaises personnes. Sans Luba et sans Evige, il serait probablement un homme tout autre. Respecté, qui sait ? Oh, si lui aussi pouvait s'enfuir. Loin de son cœur mal foutu qui rate ses battements un coup sur deux, qui feinte des arrêts toutes les deux minutes à lui en faire perdre la tête. Si il en avait un entier, un vrai un qui marche, il serait probablement un homme tout autre. Aimé, qui sait ? Oh, si lui aussi pouvait s'enfuir. S'enfuir loin, courir jusqu'à ce que ses jambes le lâchent, des heures après ne plus les avoir senties. Oh, s'il pouvait.
Mais il ne peut pas.
Les sensations de ses premières fois lui reviennent peu à peu. Les frissons qui parcouraient son échine à la vue de ces mains qui s'engouffraient dans leurs démons, l'excitation qui montait en lui au fur et à mesure que justice se faisait. Oh, il avait vu grand, Barthélemy, c'était une cérémonie qu'il ne fallait pas oublier. Ses pupilles dilatées par le bonheur grandissant, la fin du tunnel qui se montrait enfin, il la voyait. Son cœur qui s'emballait, son sang bouillonnant qui lui en faisait presque mal aux bras, il revoyait tout ça, mais comme un simple souvenir. Rien de tout cela ne lui était venu aujourd'hui, et à vrai dire il ne savait s'il devait en être soulagé ou non. Poucet était peut-être sa thérapie pour guérir ce mal qui le ronge, Poucet était peut-être la clef de ses malheurs. Mais Barthélemy n'est déjà plus un homme, quand bien même il aurait du mal à l'oublier – un monstre, c'est ça son nom. C'est ce qu'on murmure dans les rues, c'est ce qu'ils ont écrit dans les journaux. Ils. Eux. Les autres, les vivants, les beaux, les grands, les forts, les sans faute. Ses démons à lui. Il soupire. Que peut bien être un monstre qui ne sait plus jubiler de ses crimes ? Un homme, lui répond sa conscience en écho. Allons bon, il ne saurait pas dire ce qu'il préfère de la condition d'homme et celle de monstre. Les hommes créent les monstres comme ils ont créé ce qu'est devenu Barthélemy, et c'est peut-être en ça qu'il est plus dangereux encore. Les monstres savent ce que c'est que d'être un homme. Les hommes, eux, ne savent rien. Rien du tout – oh, comme il aimerait ne rien savoir, être un idiot fini, ce doit être reposant, mais c'est si loin dans ses mémoires qu'il ne se souvient pas. Je ne me souviens pas... Tu parles, comme si c'était assez exceptionnel pour qu'on en fasse tout un flan. Il est bien chanceux, ce Poucet qui n'a aucune idée, il ne sait pas encore à quel point Barthélemy est atteint – de la maladie d'amour, d'un cancer du cœur qui l'a gangrené il y a déjà des années. Reste con, garçon, c'est la meilleure des solutions pour s'en sortir face à la vie. Et les autres ? Vous êtes-vous aussi laissé emporter ? Pourquoi ? Pourquoi pas ? Barthélemy sent ses dents se serrer si fort qu'il n'est pas loin de sentir sa bouche imploser. Un sourire prend place sur son visage. Il s'est laissé emporter cette fois et cette fois seulement, et il se jure muettement à lui-même qu'il ne reviendra pas en arrière les prochaines fois. D'un coup d’œil en arrière, le flûtiste l'observe se redresser faiblement. Bon sang. Il se redresse à son tour, avec bien plus de grâce et de délicatesse – faut dire que c'est pas lui qui a manqué crever. Son instrument argenté tournoie entre ses doigts, c'est tout un art que d'être artiste. Il attend patiemment de voir une de ces minuscules vies passer devant ses yeux. Un papillon de nuit s'approche, et Barthélemy ne le lâche pas du regard. Il sort la pointe de sa langue pour humidifier ses lippes, porte la flûte à sa bouche et ne joue que quelques notes avant que le papillon ne se mouve dans les directions que décident son regard glacé. En haut, en bas, il le fait voleter vers Poucet, manque de le poser sur le bout de son nez mais prend pitié pour l'animal qui n'a rien demandé – les enfants avaient-ils seulement demandé quelque chose ? Barthélemy sonne la dernière note quand l'insecte se pose sur sa propre épaule, et il redresse son regard vers le maître d'armes, ses bras retombant le long de son corps. Quelques secondes s'écoulent avant que le papillon ne s'envole à nouveau, reprenant la route qu'il avait entrepris de parcourir. Il ne se souvient pas non plus. Un soupir s'empare de tout son être, alors qu'il fait quelques pas pour dégourdir ses jambes, entourant Poucet, ses mains jointes autour de son instrument, dans son dos. Croyez-vous que j'aurais besoin de magie pour tuer ces enfants ? Oh, non. Un homme n'a besoin que de détermination. La beauté du geste réside en ce fait précis : vous ne savez pas. Vous ne saurez peut-être jamais, bien que je sois curieux d'entendre vos suppositions. Il n'arrête pas ses pas mais change de sens, disparaissant à la gauche du noyé pour réapparaître à sa droite, juste comme une montre mal montée. Que faites-vous, dites-moi, quand on vous arrache la plus belle chose que vous ayez ? N'essayez-vous pas de la récupérer ? Et si c'est impossible, de vous venger ? Il s'éclaircit la gorge d'un toussotement. N'essayeriez-vous pas de sauver votre peau en sauvant tout ce qui vous raccroche à la vie ? Ses sourcils se froncent. Dites-moi, Poucet, que seriez-vous prêt à faire pour que la seule personne à laquelle vous tenez connaisse votre existence ? N'est-ce pas le moins que vous mériteriez pour faire preuve d'un tel amour ? Un rire lui échappe macabrement. Être ignoré est bien pire qu'être détesté, vous savez. Et je ne recule pas devant si peu, pas même s'il faut faire peur aux enfants. – ce mot lui était arraché avec un dégoût trop important pour qu'il puisse le contrôler. Oh non, être détesté n'était pas le pire des scénarios, mais il refusait que son fils ne le connaisse pas. Il prendrait le nom de monstre ou pourriture s'il le faut. Prenez mon fils et je prendrai les vôtres, les menaces les plus claires sont toujours celles que l'on ne prend pas au sérieux. Il lance un dernier regard à Poucet, prend le risque se plonger une seconde dans ses prunelles mais la gerbe de sa rancœur l'accapare trop pour qu'il se laisse avoir. Sa poitrine se soulève plus fortement qu'à l'accoutumée – c'est à croire que la colère réveille les morts. Il finit par se rapprocher de l'eau et s'y accroupir un instant pour se mouiller le visage et reprendre un calme qui lui sied mieux. Puis il se relève et se perd dans une contemplation du ciel, d'où il est sûr que Luba l'observe, si ce n'est pas par les yeux de son noyé. Vous êtes le premier à vous intéresser à mes motivations. Le premier à ne pas le traiter de monstre comme le font les autres. C'est peut-être parce que eux ne se traitent pas d'hommes en se voyant.
Et qu'on ne fait pas de distinctions entre monstres.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Invité
Invité

Anonymous




barthélemy ☾ wish i could make you see this brightness.  EmptyDim 7 Déc - 21:30




Barthélemy et Poucet
Tu n’as pas d’âme. Comment comprendrais-tu la nécessité d’avoir une âme sœur ?

Si seulement quelqu'un là-haut faisait le tri. Si seulement les devins existaient vraiment. Si seulement ils n'étaient pas si rares. Si seulement on pouvait séparer le monde, un côté bon, et un côté mauvais. C'est une idée qui pourrait se faire, se développer quand on y songe plus longtemps, à dire vrai, Poucet pourrait même être un des premiers instigateurs à proposer cette idée à la reine. Toutefois, ils seraient tous découpés en deux, parce que c'est ainsi chez l'homme. Y'a pas trop de positif, y'a pas trop de négatif non plus, ça se mélange si bien que la limite est floutée. Toutefois, les actes définissent l'être - ou du moins, c'est ce que racontent les légendes, qui a déjà vu un héros faire des infamies ? Ce n'est jamais arrivé, seuls les vilains finissent par commettre une grosse erreur -, alors, en ce cas, est-ce que les enfants noyés montrent avec exactitude qui est ce joueur de flûte au regard perdu sur l'horizon ? Le maître d'armes ne saurait le dire, ses jambes craquellent, ses os claquent entre eux à cause du froid, faut croire que la flotte a du mal à filer - surtout quand elle s'est incrustée dans les crevasses du coeur. Dans cette histoire, le cadet Cailloublanc serait la victime, et lui le vil tentateur qui dans un dernier espoir désespéré, a souhaité le tuer. Cependant, il a tourné sa veste, changé d'avis tellement violemment que ce n'est à plus rien en comprendre. Qui est-il pour mériter un tel bénéfice ? Au contraire, il devrait être assassiné sur-le-champ. La guillotine ou encore écartelé pourquoi pas, ça le irait, il s'en sortirait avec des morceaux découpés, malgré tout il serait mort et c'est peut-être ce qu'il cherche dans son existence trop paisible. Serait-il donc un suicidaire ? Un genre de fou des bas-quartiers qui souhaitant se rendre intéressant, préfère se passer la corde au cou ? Il ne s'étonne même plus à s'affirmer ça, y'a une part de vérité, comme de mensonge. Maintenant encore capable de respirer, serait-il assez courageux pour lui demander de faire disparaître son corps dans la vase ? Il n'en est plus sûr. Il vient de se rendre compte de ce qui vaut le coup dans son présent douteux. La présence d'un frère lorsque celui-ci tape là où ça fait mal, le sourire d'une amie lorsqu'elle tente de rassurer autrui, et qui sait encore quoi d'autre ? C'est marrant comme frôler la faux de la mort s'avère bénéfique. On se rend compte. Et se rendre compte, ça vaut tout l'or du monde. C'est comme redonner la vue à un aveugle, et même s'il n'a pas encore eu la définition exacte de ce qui fait qu'il est ici, il n'empêche que c'est un début à tout. Tremblant, encore décadent, la chaleur de son corps grimpe progressivement en ne lâchant pas du regard ce tueur à gages de pacotille. Même pas capable de crever plus fort que lui, allons bon, il ne se fait qu'aux enfants ? Secouant un peu ses bouclettes trempées, il inspire profondément - en profitant pour renifler par la même occasion. Et puis son attention est accaparée par autre chose, un morceau s'élève dans le vent, le transporte dans un frisson désagréable qui lui électrise l'échine. Un papillon voulant seulement continuer son chemin se fait avoir par le sortilège. Il bouge, se pose, virevolte avec une délicatesse digne d'une danseuse de la cour royale, le fait grimacer lorsqu'il est trop proche, jusqu'à ce qu'il daigne lui offrir sa liberté volée. Levé, le faux prince dégage ses lèvres de la flûte argentée, il rajoute l'air de rien. « Il ne se souvient pas non plus. » Il pourrait lui faire faire n'importe quoi. Il n'est que marionnette lorsque la musique crève ses tympans. C'est presque flippant, si bien que son coeur en rate un bond maladroit qui le pousse à glisser une main fébrile sur son torse caché par ses vêtements usés. Il n'ajoute rien, parce que de toute manière il n'y a rien à dire - et il redoute que Barthélemy n'ait pas fini sa tirade. Bien sûr que non, ce serait mal le connaître, ainsi que de ne pas faire attention aux attitudes bourgeoises. Derrière sa tenue bleu nuit, il le sait, il y a un pauvre en guenilles qui se contente des apparences pour se donner un genre - ou plutôt de la crédibilité. Le pire, c'est que ça marche. Le pire, c'est que ça fait son effet, et ça estomaque le combattant qui se sent d'un seul coup bien inférieur. Il dégage cette idée derechef, ne souhaitant devenir aussi idiot qu'une jouvencelle en fleur. Ils sont pareils. Ils se cachent, ils fuient ce qu'ils sont pour ne pas montrer au monde l'affreuse vérité qui les entoure. L'un a tué, l'autre l'a fait aussi, pour d'autres raisons bien sûr. Toutefois, ils ont du sang qui coulent sur leurs visages blafards. Attentif - probablement trop au vu des circonstances - il fronce un peu plus les sourcils en prenant en considération sa voix grave qui rebondit sur les flots paisibles. « N'essayeriez-vous pas de sauver votre peau en sauvant tout ce qui vous raccroche à la vie ? » Trop de questions, trop de philosophie douloureuse. Trop de tout. Il en a mal au crâne, ne fait attention qu'à moitié à la suite des paroles qu'il balance à l'instar d'une joute verbale qu'il s'éternise. Paupières closes l'espace de quelques secondes, histoire d'écouter avec attention ses organes qui se reprennent d'un tel coup du sort, sa tête se baisse et c'est le cliquetis des gouttes qui s'écrasent sur l'herbe qui lui font rendre compte qu'il n'a pas grand-chose qui le raccroche à aujourd'hui. C'est vrai, quand on y pense. Outre son épée qui l'aide à se défendre, qu'est-ce qui peut bien lui rester ? Elis, sans aucun doute. Malgré tout, lorsque celui-ci aura trouvé l'amour de sa vie, est-ce qu'il sera encore en mesure de revenir vers lui pour lui filer son aide sans même qu'il la murmure ? Il ne sait pas. Il doute.
Y'a rien de pire qu'un distributeur de doutes.
C'est que ça commence à l'énerver. C'est que ça commence à faire tournoyer son sang dans ses veines, même s'il écoute ce qu'il lui dit. Un regard lui est offert quand il se donne la peine de revoir son horizon flou, un Barthélemy en plein naufrage qui est en recherche de quelque chose. Il saurait pas dire quoi. Paix ou vengeance ? C'est tellement facile de se planter quand des mauvais gestes sont réalisés. Déglutissant quelque peu, il mordille son lambeau de chair rosé pour s'occuper, tout en passant sa main droite sur son épaule gauche qu'il frotte frénétiquement. « Être ignoré est bien pire qu'être détesté, vous savez. Et je ne recule pas devant si peu, pas même s'il faut faire peur aux enfants. » Oh oui, ça il le remarque dorénavant. Il est têtu, borné tel un âne qui ne s'arrêterait plus de causer. Pourquoi reculer ? Pourquoi avoir fait ceci ? Dans les ténèbres, il a encore trop de mal à discerner le moindre petit rayon de soleil. De surcroît, le pariât ne semble pas décidé à l'y aider. Tant pis. Se débrouiller seul devient une doctrine de plus en plus banalisée, à un tel point qu'il pourrait en soupirer bruyamment. « Prenez mon fils et je prendrai les vôtres, les menaces les plus claires sont toujours celles que l'on ne prend pas au sérieux. » Cette menace n'avait pas été précisée dans le journal de Fort Fort Lointain. Les journalistes font toujours leur possible pour omettre des détails qui ne devraient être murmurés. Quand il y a possibilité de cracher sur une personne toute la haine du royaume, autant ne pas le faire de main morte. Comment est-il vu ? Un homme doté d'une pierre à la place du coeur, qui ne connaît pas la définition de la culpabilité, et surtout qui n'a jamais pu aimer. Toutefois, après son long monologue sur l'amour, il vient à en douter. C'est dans la douleur que ce verbe prend tout son sens, c'est ce qui est dit dans les livres du moins. Le peu de fois où Poucet a ne serait-ce que senti son palpitant picoter, il a préféré la fuite de peur de souffrir - il considère qu'il en a assez bavé comme ça, pas besoin d'en rajouter une couche. Il en conclut qu'il avait un fils - ou a toujours ? - que suite à un drame, il a souhaité se débarrasser des marmots traînant trop autour de lui. Bon. Est-ce comme cela alors ? Non, ce serait trop facile. Au moins c'est une piste à explorer - quand il aura du temps à perdre, ou plutôt quand Barthélemy aura le chic de sortir de son esprit débridé. « Vous êtes le premier à vous intéresser à mes motivations. » Et forcément, ce n'est pas la bonne personne qui devrait trouver un intérêt particulier pour ce personnage aussi sombre que froid. Il a trouvé pire que lui. Roulant des yeux tout en regardant son interlocuteur faire, son impression d'impuissance reprend le dessus, restant debout malgré tout, c'est le bout de ses doigts qui tremble, c'est sa carcasse qui démissionne d'une telle expérience. Lui qui pourtant frappe à longueur de journée, apprend à des débutants comment tenir une épée, lui qui se se bat tel un tigre dans l'arène lorsqu'il s'agit de dorer le blason de Dragée. Il vient de se faire avoir, et bon sang qu'il se sent idiot. Pourquoi lui ? Pourquoi pas un autre ? Il en sait rien. L'arrière de son crâne butte contre le tronc, sa respiration sifflante finit par s'apaiser alors qu'un rire sec reprend le dessus signifiant qu'il en a déjà marre de toute cette mascarade. « Il faut bien que quelqu'un le fasse. » Comme on pourrait avoir pitié d'un enfant au bord de l'agonie à cause de la faim, comme on pourrait faire la moue devant un chat aussi maigre qu'un clou. Non, il n'y a pas que de la pitié. Il y a aussi de l'effroi mélangé à une fascination morbide qui le traite d'étrange. C'est presque dépitant de remarquer à quel point un seul élément peut faire pencher la balance, et chez ce cher Lacoulée en l'occurrence, c'est le lien considérable qu'il a avec la terre des morts, celle qui se trouve sous la masse liquide et cristalline. « De toute manière, la vérité se modifie autant qu'on le veut, jusqu'à ce qu'elle devienne un mensonge aussi gros que le soleil. Je ne crois pas ce que disent les papiers usés, je préfère ce qui sort de la bouche de l'accusé. » Il fixe inlassablement les branches, comme si quelque part il allait assister à une pluie d'étoiles filantes. Dans la galère, il n'y a que la galère pour l'accompagner, sa jumelle pour sûr. Y'a jamais de fantaisie ou encore de beauté, faut mettre tout ça de côté, histoire de pas s'illusionner de trop. Et ça, Poucet a cessé de le faire depuis qu'il a croisé les dents aiguisées d'un géant dépeceur. « Qui plus est, je ne pense pas être en mesure de vous jeter la pierre. » Outre quand il le sort de ses gonds. « Mon passé n'est lui aussi, pas bien glorieux. Je n'ai pas mérité la prison, néanmoins bien pire se veut à persister. » Il déglutit, se détache de son cher ami fait de bois pour s'avancer à peine plus du musicien maudit. Il cherche son regard, tout en sachant pertinemment que c'est ce qu'il évite le plus. Il a mal partout, il redécouvre les sensations horribles ressenties lorsque le monstre a dévoré ses filles devant lui. Il les a tué. Alors que c'est lui qui aurait dû être bouffé. Il pousse un soupir, et c'est sûrement à cause de ça qu'il en vient à attraper son potentiel assassin par le col, le cognant directement à un autre arbre plus loin, beaucoup plus grand. Le choc est tel que quelques feuilles se décrochent, tombant délicatement à côté d'eux. Poucet ne peut pas échapper à ce qu'il est : un éternel gueulard incapable de déclarer sa flamme à quiconque. « La prochaine fois, veillez malgré tout à ne pas vous rater Barthélemy. Comme vous le dites, ou du moins, le sous-entendez, la vengeance est pire puisque bien plus pensée - ou au contraire, plus brutale. » A ne pas en douter, il pourrait sortir Aquilon maintenant et lui transpercer l'estomac, visant l'éventrement histoire qu'il se vide de son sang dans une mare de tripes. Il ne s'abaisse pas à telle barbarie, il vaut mieux que cela - ou bien aurait-il peur de voir une âme sortir d'un corps à nouveau ? Son visage proche du sien, il peut sentir son souffle cogner, dans un calme qui lui appartient et qu'il pourrait même envier en temps normal. « Peu m'importe si votre agissement a été noble ou non, quitte à avoir sali votre nom de famille, essayez de le faire renaître - ne serait-ce qu'un minimum - et n'essayez plus de m'avoir par le biais de votre musique des enfers. » Mélangée aussi au paradis. « Parce que je peux vous assurer que ma patience a des limites. Surtout si vous ne voulez pas me dire pourquoi j'ai eu droit à un tel traitement. » Ton cassant, brisant, aussi fort qu'il peut le lui permettre, sans pour autant aller dans le hurlement, son estomac se tord dans bien des sens ainsi que son coeur qui menace de se décocher à chaque instant. La proximité le trouble, et c'est en laissant un énième blanc se glisser entre eux qu'il le relâche avec la même violence qu'au départ. L'un est l'eau, l'autre est terre. Est-il déçu ? Disons que de la part d'un inconnu, il n'attendait pas à se faire aussi vite haïr. Soupirant, harassé, il reprend peu à peu contrôle de tout ce qu'il est, même si sa fougue est encore présente, il se recule, lui fait dos et commence à marcher, tant bien que mal, sans pour autant traîner la patte. Il traîne plutôt son squelette à travers les quelques branchages qui passent sous ses pieds, il fuit, lentement. Parce que de toute façon, le musicien pourrait revenir sur son avis et décider de lui tordre le cou. Il le fuit, il le suit. Il sait pas, il sait plus. Il est perdu.
Et il a même pas de cailloux blancs pour le guider.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Barthélemy Lacoulée
A L'EAU, A L'HUILE

Barthélemy Lacoulée

barthélemy ☾ wish i could make you see this brightness.  Tumblr_inline_ngr0uv96hp1swj1mx

⊱ pseudonyme : songbird
⊱ tête mise à prix : aneurin barnard
⊱ crédits : Insuline, tumblr.
⊱ arrivé(e) le : 19/10/2014
⊱ manuscrits : 361

⊱ tes licornes : shéhérazade la mytho, marie la catin, cúchulainn le sauvage
⊱ schillings : 640

⊱ ton conte : le joueur de flûte d'hamelin
⊱ ta race : humain
⊱ métier : flûtiste à la cour de marraine, assassin personnel du tsar de yasen au passage, mais ça a jamais été génial sur les cv.
⊱ tes armes : une flûte enchantée et un sourire ravageur. poucet tous les troisièmes mercredi du mois quand charmant porte des chaussettes roses.
⊱ allégeance : si elle servait à quelque chose de bien, ça se saurait, mais on n'y peut pas grand chose.

barthélemy ☾ wish i could make you see this brightness.  Tumblr_inline_ngr0resfnT1swj1mx



barthélemy ☾ wish i could make you see this brightness.  EmptySam 3 Jan - 22:24




Poucet, Barthélemy
il y a un adage qui dit qu'on fait du mal à ceux qu'on aime, mais il oublie de dire qu'on aime ceux qui nous font du mal.

Le plus douloureux dans un cœur brisé, c'est de ne pas se souvenir comment on se sentait avant. Barthélemy en a des bribes, des rires en échos et des silhouettes en mirages qui lui semblent trop lointains pour qu'il ait encore l'impression que c'était sa vie. Rien qui ait l'air assez vrai. C'est comme ça que c'est fait, les souvenirs. Ça s'efface. On a beau promettre de se souvenir, on a beau jurer de ne pas oublier, ça finit par arriver. C'est comme regarder une femme d'un peu trop loin. Les lignes s'estompent, les nuances s'effacent. Les lignes se floutent, plus rien n'est clair comme avant. C'est peut-être ça, vieillir, c'est quand les lignes de nos souvenirs se font maltraiter à en disparaître. Il n'en reste vite plus que quelques tâches de couleurs, un peu passées, un peu fanées. C'est triste une mémoire, c'est comme une toile déchirée, on peut toujours la recoller mais ça ne sera jamais pareil. On peut toujours la regarder, essayer de la revivre en fermant les yeux, mais ça n'est jamais ça. C'est moche une mémoire, c'est comme une sculpture trop abîmée, c'était beau avant, et puis ça devient laid. On se souvient des malheurs avec les gens qu'on aime et des bonheurs avec les gens qu'on hait. Ça se fout de vos gueules, les mémoires, ça joue à faire Monsieur Loyal mais ça vaut pas beaucoup plus qu'un clown triste. Ça se déforme à l'infini, ça se transforme sans limites, juste pour faire souffrir quand on croit se rappeler, et faire hurler quand on ne sait plus ce qui a été, ce qui ne sera jamais. Bienvenue dans vos mémoires, c'est un peu le bordel mais vous réussirez bien à trier vous-même. Quand bien même vous oublieriez quelqu'un, quelque chose, probablement que personne ne sera là pour s'en souvenir avec vous. Est-ce que ça peut avoir une importance, à ce stade-là ? Quand on est le seul témoin. Quand on est le seul à se rappeler. Une mémoire ça se partage, mais quand on a plus personne ça se maltraite. C'est rien de plus qu'un chien galeux qu'on laisse crever de faim dans un coin, à ne plus vouloir l'alimenter. À cesser d'y penser et de vouloir y penser. Parce qu'on sait que ça finira par nous bouffer, nous engloutir tout entier et nous digérer comme on boufferait un ver. C'est dégueulasse et ça fait vomir. D'un coup d’œil, il s'interroge. Regarde en l'air, vers les étoiles. Luba, es-tu là ? Bien sûr que non. Elle n'est pas là. Elle aussi s'estompe, déjà. C'est long cinq ans à se torturer, trop pour ne pas qu'on en oublie un peu en route. Elle fait partie des dommages collatéraux. Elle est sa tragédie. Son désastre à la grecque, sa peste noire trop douloureuse. Elle s'éloigne, elle aussi. Il en reste un teint blanc, des yeux noirs, des cheveux assortis à croire qu'on lui avait fait un prix pour le lot. Elle devait être née défunte pour hériter de cette monochromie, il aurait bien du s'en douter au fond. Et quand son regard se repose sur Poucet, c'est comme un électrochoc qui le traverse. Un truc trop dangereux pour être réel. Il a plus l'air du fossoyeur que du défunt, mais l'envie de lui présenter ses condoléances lui viendrait presque naturellement. Il avait les prunelles sombres, du même ébène rare et précieux que ceux de sa fleuriste, le même air abattu sans qu'une lueur de force ou d'espoir puisse s'en défaire. C'est comme ça qu'ils sont, les abattus. Donneurs d'espoir. Ils n'ont plus rien à perdre si ce n'est la vie, et on s'y accroche parce qu'on ne pourra pas en être déçu. On ne peut pas être déçu par quelqu'un qui n'a rien. Au mieux il gagnera tout, au pire il restera comme il est. Il avait ce quelque chose qui lui donnait envie de pleurer autant que de sourire, un mélange d'émotions trop marqué pour qu'il puisse en faire quoi que ce soit. Il lui inspirait un feu d'artifices de choses tout à la fois, ça explosait en son ventre mais son visage ne savait jamais traduire. Pas même son cerveau. Il avait cette touche du passé. Cette goutte de tout ce qu'il a jamais aimé. Le zeste de ce qui l'a raccroché à la vie, désormais perdu. Ça n'est qu'un substitut, un édulcorant, un sirop trop dilué mais oh il s'en taillerait les veines pour y goûter jusqu'à la fin. Son rire s'élève comme un oiseau mort, avec l'impression de s'être fait déplumer en vol. Il faut bien que quelqu'un le fasse. De toute manière, la vérité se modifie autant qu'on le veut, jusqu'à ce qu'elle devienne un mensonge aussi gros que le soleil. Je ne crois pas ce que disent les papiers usés, je préfère ce qui sort de la bouche de l'accusé. L'accusé. C'est ce qu'il était, maintenant, l'accusé. Trimballé de nom en nom, de meurtrier à monstre et accusé. Barthélemy se baladait probablement la nuit au fond d'un grand sac à surnoms, et le diable lui en tirait un nouveau au petit matin. Lui espérait n'être que Barthélemy, un jour, juste un jour. Qui plus est, je ne pense pas être en mesure de vous jeter la pierre. Mon passé n'est lui aussi, pas bien glorieux. Je n'ai pas mérité la prison, néanmoins bien pire se veut à persister. Il a bien entendu parler de l'histoire de ce gamin. Sept filles dont il a volé la vie avant de s'enfuir à toutes jambes. Il avait causé leur perte, mais n'était que celui qui tirait les ficelles. Un gamin bien malin, c'est comme ça qu'il l'entendait se faire appeler, dans les villages, après les Avez-vous entendu l'histoire de ?, suivi de Oh ! et de Ah ! Poucet se défendait, Barthélemy en réalité était le seul à se donner la mort. Il se faisait cuire à petit feu – il n'avait jamais aimé sa viande crue – et se regardait crever en s'enfonçant un peu plus encore dans la marmite. Il n'était qu'un monstre, un meurtrier, celui qui ôtait la vie à plus petit quand d'autres s'en tiraient en héros puis en victimes pour avoir sauvé ce fils d'un père assassin, pour avoir perdu tant d'enfants de ses mains. Lui ne se voyait que comme un vengeur, justicier de sa propre histoire. Poucet lui se voyait comme le monstre que personne n'avouait voir. Ils étaient aussi opposés que la nuit et le jour mais ne pouvaient faire autrement qu'en se complétant. En cherchant ce qu'il y a de plus derrière ce que l'on raconte. Et il y a matière à faire. Poucet réduit la distance les séparant, c'est l'aube qui approche et finit par plaquer le crépuscule contre un arbre. Il entend un bruit choc en cognant sa tête mais se contente de déglutir, abaissant son regard des feuilles tombantes jusqu'à son agresseur. La prochaine fois, veillez malgré tout à ne pas vous rater Barthélemy. Comme vous le dites, ou du moins, le sous-entendez, la vengeance est pire puisque bien plus pensée - ou au contraire, plus brutale. Pour être honnête, il n'était pas bien sûr de savoir si ce serait une tragédie ou bien une délivrance. Qu'il le brutalise s'il le veut, qu'il le piétine et le passe à tabac, il ne s'en défendra pas. Qu'importe ce qu'il ressent pourvu qu'il ressente quelque chose, ça ne lui est pas arrivé depuis si longtemps qu'il pourrait peut-être s'en réveiller et sortir de sa mort. Qu'il le batte à l'empêcher de parler, Poucet deviendrait peut-être son lever de rideau tant attendu. Peu m'importe si votre agissement a été noble ou non, quitte à avoir sali votre nom de famille, essayez de le faire renaître - ne serait-ce qu'un minimum - et n'essayez plus de m'avoir par le biais de votre musique des enfers. Parce que je peux vous assurer que ma patience a des limites. Surtout si vous ne voulez pas me dire pourquoi j'ai eu droit à un tel traitement. Il ne lui semble pas avoir parlé de noblesse, mais c'est un mot qui fit sourire Barthélemy, juste un instant, juste une seconde, comme un soupir qui naît et qui s'envole avant d'avoir même d'avoir vécu. Mais il n'a plus de blason à redorer, aucun nom de famille à faire reluire – pour ça, il faudrait encore qu'il ait une famille. Comme s'il était détaché de tout, Barthélemy se contente d'effleurer la joue de Poucet du bout des doigts, si doucement que c'en est à peine perceptible, avant de le voir s'en aller. Il le rattraperait volontiers, mais son ventre s'en retourne d'une peur. Pas de celle de prendre des coups, mais de celle de perdre la raison, une nouvelle fois. Poucet n'est pas un étranger. Poucet n'est plus un inconnu. Un fantôme oui, mais ça vaut toujours mieux qu'un grand néant. Ce que craint le musicien, c'est de voir tout ce qui finirait de l'achever en ces yeux. La déception. La rancœur. La haine. Il n'est pas son amour c'est un fait, mais il le lui rappelle tant qu'il en mourrait d'être détesté. Ses pas se hâtent malgré tout, le suivant le long d'un sentier recouvert par la terre retournée et les feuilles humides de fin de soirée. Je n'ai jamais rien fait de noble. Quelques foulées de plus et il atteint son niveau, la gorge encore un peu serrée mais l'apparence sereine. J'ai essayé de faire ce qui me semblait.. juste. Sa main s'accroche à la manche de Poucet presque désespérément, jusqu'à ce qu'il stoppe ses pas, avant de se placer face à lui. Juste assez proche pour que ça ait l'air d'un secret. La mort a prit ma femme et peu après ça, sa famille m'a enlevé notre fils. Les larmes lui montent doucement, mais il tente de les retenir, sa voix commençant à s'éparpiller en quelques tremblements contrôlés. Je n'ai plus rien si ce n'est quelques mémoires qui s'effacent. Je les ai tué, oui, et si vous me demandez j'en suis fier. Parce que je ne peux pas faire renaître un nom de famille quand je n'en ai plus, mais.. Il prend le temps de se poser, et leurs regards se croisent aussi vite qu'un feu grandit. Je pouvais revendiquer mon nom de père. S'ils lui apprennent à me haïr, qu'il ait au moins une raison. Mais il ne pourra pas ignorer mon nom. Que je sois monstre ou saint m'importe peu, tant que je peux être. Un sourire nostalgique prend place un instant sur son visage, avant que sa tête ne se secoue, ses cheveux suivant en rythme. C'est peut-être ce que je suis après tout, un monstre, mais ce sont eux qui sont venus voler ma vie. Son regard est un appel à l'aide, appel en détresse à celui qui pourrait être le seul à ne pas le vouloir mort pour ce qu'il a fait. Il soupira un instant comme il l'aurait fait après l'aveu le plus douloureux de sa vie – ça l'était peut-être après tout – et laisse s'installer un long silence. Poucet.. Sa voix ne tremble plus, mais c'est en dedans que ça s'agite. Me haïssez-vous ? Il n'a l'air de rien de plus qu'un gamin un peu perdu, avec des mains trop grandes et une peine trop lourde.
Ne me demandez pas pourquoi, mais je crois que si vous me haïssez, j'en mourrais.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Invité
Invité

Anonymous




barthélemy ☾ wish i could make you see this brightness.  EmptyDim 18 Jan - 14:30




Barthélemy et Poucet
Tu n’as pas d’âme. Comment comprendrais-tu la nécessité d’avoir une âme sœur ?

Un mystère laisse toujours des questions derrière lui. Un mystère ça fascine autant que ça dérange, un mystère comme son nom l'indique ne donne pas de réponses aussi facilement, c'est tout ce qui fait son charme sans aucun doute. Il peut prendre des tas de formes, tant une situation peu cocasse qu'une parole sous-entendue, un mystère peut apparaître lorsque la personne décide de s'attarder dessus plus que convenu au départ. Finalement il est possible de s'étaler sur tout et n'importe quoi, pourquoi le ciel est bleu ou encore l'herbe verte ? Ils sont un peu partout, ils font froncer les sourcils aux hommes qui veulent bien s'arrêter sur le cas - oui définitivement, un mystère peut rendre fou quiconque le souhaitera. En l'occurrence il semblerait que le champion ait eu la mauvaise idée de s'intéresser de trop près à celui qui a eu la pulsion meurtrière la plus horrible connue à Fort Fort Lointain. Pourquoi faut-il toujours qu'il tombe sur les mauvaises personnes ? Qu'il s'amourache presque des esprits brisés ? Probablement pour se chercher lui aussi dans la pénombre. La plupart d'entre eux, de cette populace qui s'est cassée la figure est arrivée à se relever peu importe le vent violent leur soufflant en pleine face. Ils ont réussi là où Poucet a lamentablement échoué en s'enfonçant un peu plus à chaque fois, préférant lourdement se pelotonner derrière une armure de glace et de sang plutôt que de laisser son coeur à la vue de tous. Ils pourraient lui faire du mal, ils pourraient le casser, en jouer, le piétiner avec une telle brutalité qu'il ne s'en remettrait certainement jamais. Déjà qu'il est complexe de jeter par la fenêtre sa culpabilité constante, il l'est encore plus de voir le ciel lorsque l'on met un voile de souffrance dessus. Peut-être qu'il a besoin qu'on lui réponde, peut-être qu'il souhaite mettre une lueur divine là où tout semble perdu, quitte à se noyer les poumons dans un lac glacial rempli d'une vase répugnante. Des deux qui est vraiment le plus attardé ? C'est en accélérant le pas maladroitement qu'il se rend compte que ce doit bien être lui, si Elis était mort il s'en retournerait dans sa tombe de le voir agir d'une telle manière, de façon si inconsidérée qu'il est semblable maintenant à un enfant qui voudrait s'amuser avec une épée en argent trop tranchante. Il en perdra la main si ce n'est son âme. Cependant son aîné toujours bien portant s'occuperait du cas de Barthélemy s'il venait à apprendre cet acte odieux qu'il vient de commettre avec sa flûte enchantée. Il ne doit pas le savoir. Personne ne le doit. Si un jour il lui vient à nouveau l'idée de jouer à ce pari dangereux, peut-être que là il ouvrira sa grande gueule pour lui cracher à la figure, néanmoins nul doute qu'il l'aura déjà envoyé nager avec la poiscaille douteuse de l'océan ou autre point d'eau assez profond. Il n'aura le temps de rien, et le plus frustrant dans cette histoire c'est que le cadet Cailloublanc ne supporte pas n'avoir aucun contrôle sur la situation. Il ne veut pas qu'on le dirige, ni que l'on prenne les décisions à sa place, il ne manquerait plus que cela tiens ! C'est son futur incertain, son présent douteux qu'il manie à sa guise et même un musicien magicien ne saura y changer grand-chose. Il le rattrape, il ne lâche pas tout de suite le coche bien au contraire, ses pas se rapprochent, le combattant quant à lui cherche seulement la fuite, en quoi est-ce compliqué de s'évader d'une prison invisible ? Rien à première vue, il faut croire cependant que les chiens sont lâchés derrière lui et souhaitent le dévorer. « Je n'ai jamais rien fait de noble. J'ai essayé de faire ce qui me semblait.. juste. » Il le stoppe radicalement dans son élan, l'attrape par la manche pour avoir un quelconque contact plus que futile puis apparaît dans son horizon. Pour cette fois-ci il semble totalement dépaysé, déboussolé à l'instar d'un mouflet laissé dans les bois. Qu'est-ce qu'il lui veut ? Se donner une bonne raison ? Consistance pour qu'il lui offre le pardon ? Son palpitant rate un bond, plus nerveux qu'autre chose il inspire profondément pour s'obliger à être calme bien qu'il ne souhaite qu'une chose : lui coller son poing dans la joue. Humectant ses lippes du bout de sa langue pour peu il s'obligerait à ne pas l'écouter, néanmoins il reste planté dans le sol, dans ce petit sentier qui le mènera d'ici peu sur une grande route qui saura elle faire toute la lumière sur la ville, là où il sera réellement en sécurité. S'ensuit un conte de la part de l'assassin qui ouvrant ses barrières ne se rend pas compte de l'impact que tout cela peut avoir sur sa victime, il n'en sait trop rien lui-même.

Il n'arrive pas à être touché plus que de raison, faisant preuve d'une indifférence à faire froid dans le dos, il y voit juste là des faits qui expliquent le pourquoi du comment il serait venu à refroidir une bande de gosses qui ne demandaient rien. Il y discerne une certaine logique, non pas de l'émotionnel dépassant tout entendement. Fort bien, sa femme décédée, son enfant volé, il a agi selon les règles d'une loi de la jungle invraisemblable, mettant en avant le plus fort et s'étant imposé comme le roi de tous, il n'a pas laissé la chance à autrui de se sortir de ce désordre. Le mystère s'évanouit presque dans la nature ne laissant derrière lui qu'une coulée de cendres encore fraîches, et juste au moment où le champion se prépare à le contourner pour reprendre sa route, il se fait couper les ailes en plein vol. « Poucet.. Me haïssez-vous ? » Il n'est pas sûr de comprendre. Non, en fait, il ne comprend pas du tout où il veut en venir. La stupeur peut se lire dans ses prunelles foncées, il en fronce les sourcils pour renforcer cette incompréhension. « Ne me demandez pas pourquoi, mais je crois que si vous me haïssez, j'en mourrais. » Pour un pauvre gueux sorti de sa sylve profonde pour devenir un bon guerrier ? Il n'en croit pas un mot, quoiqu'il arrive malgré tout à insérer la graine du doute en son esprit à cause de ses grands iris bleutés qui pourraient hypnotiser n'importe qui. Il ne sait plus réellement où donner de la tête, là où il semblait avoir tout compris du personnage il s'est vraisemblablement planté sur toute la ligne. Il continue d'attiser le feu de curiosité qui nourrit le centre du corps de Poucet. Celui-ci baisse les yeux vers la terre nourricière qui n'est pas prête de s'écrouler sous lui, pouvant par extension lui offrir le repos éternel. C'est parfois dans ces instants perdus qu'il souhaiterait n'être qu'un cadavre, qu'on lui foute la paix une bonne fois pour toutes, que parfois on vienne sur sa tombe pour lui taper causette mais qu'on ne lui demande pas pourquoi ceci ou cela. Nom d'un chien. Pinçant sa lèvre inférieure il pourrait l'arracher s'il en avait la force ainsi que le courage. « Je ne vous plaindrais pas, je ne vous adulerais pas, je ne vous aimerais pas Barthélemy. » Au moins tout est clair comme de l'eau de roche dans sa petite tête trop pleine. Reprenant consistance, il est à nouveau raide comme un pique bien qu'un vent conséquent le fasse frémir de tout son être. « Vos raisons ne sont certes pas louables, néanmoins elles sont vos raisons et non pas les miennes, chacun se préoccupe comme il le peut de ses spectres et autres monstres. Vous avez choisi le passage menant directement à notre chère dame la Mort, fort bien, mais n'y voyez pas là une manière de m'attendrir. Tout en dégageant son bras des doigts fins du flûtiste. Vous restez ce que vous êtes, un homme parmi tant d'autres qui a perdu pied pour des raisons qui ne concernent que lui, au moins vous en avez contrairement à bien d'autres qui pillent, violent et assassinent seulement par plaisir. Après tout, peut-être en avez-vous pris à sentir ce pouvoir entre vos mains, toutefois peu m'importe. » Il ment seulement à moitié, cependant tout le reste il y croit aussi fort que lorsqu'il priait envers l'étoile du soir avant que sa mésaventure ait lieu. Peut-être un peu dédaigneux, certainement trop galeux un univers les sépare. Quand l'un a préféré la bourgeoisie et ses étoffes précieuses, l'autre se débat dans la boue pour ne pas succomber aux chants des rapaces qui volent au-dessus de lui. Mais qui survivra ? Le maigrichon au bord du gouffre ou le bienséant qui se goinfre à toute heure ? Secouant ses bouclettes encore mouillées, il bifurque pour le dépasser reprenant la même allure qu'à l'origine, étonnamment posée pour quelqu'un qui vient de se prendre des immondices de plein fouet. « Et mourez en silence dans ce cas, les larmes ne m'atteignent plus. » Elles appartiennent aux crocodiles, elles sont là pour rendre empathique. Il n'en a plus Poucet, il est incapable de pouvoir se sentir à la place d'autrui, il sait plus comment on fait et pourtant c'était son frère qui lui avait appris lorsqu'ils avaient à peine appris à marcher. On cesse de se rendre malade pour une personne qui n'en vaut pas la peine, on arrête de s'embrumer encore plus par des problèmes qui ne nous touchent pas. Il faut arrêter. Se centrer sur sa propre existence, ce qu'il a toujours souhaité faire le plus au monde, faisant peut-être preuve d'un certain égoïsme. Petit à petit il s'enfonce et se retrouve loin de sa voix cristalline similaire à son instrument maudit. Il rentre pour oublier, il rentre pour se demander comment ils ont pu en arriver là. Et lentement sous la lune son organisme entier s'évertue à se crisper, encore rageant de ne pas avoir vu le danger qui se présentait sous son nez. Soupirant une dernière fois il retrouve au bout d'un moment les bougies rassurantes qui éclairent les pavés de Fort Fort Lointain. Il a voulu s'en débarrasser, mais à la réalité tous deux se noient sous une autre étendue infinie, sous de l'air qui les étouffe, sous des actes qui résonnent dans le temps.
Revenir en haut Aller en bas

FORT FORT LOINTAIN

Contenu sponsorisé





barthélemy ☾ wish i could make you see this brightness.  Empty

Revenir en haut Aller en bas

barthélemy ☾ wish i could make you see this brightness.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Sujets similaires

-
» last hope [pv Barthélémy]
» barthélemy Ω i awoke suddenly in the path of a lightning bolt
» Iseut ⊱ When life gives you lemons, make lemonade




Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
⊱ il était une fin :: Les RPs :: Chapitre 1-